Le sixième jour. Déjà … J’avais survécu autant de temps sans avoir aucune blessure graves. A présent, je boitillais presque plus et mes anciennes blessures s’étaient transformées en cicatrices. Seulement, je respirais avec de plus en plus de difficultés comme si l’air qui se trouvait dans l’arène était toxique. Mes poumons étaient en feu et je luttais pour garder la tête haute et les sens aux aguets. J’avais survécu à l’attaque de Zoé et avait passé le jour 5 sans encombres. Si je n’avais pas vu autant de monde, cela voulait dire que l’on n’était plus beaucoup en lices. Kathleen et Genesis étaient-elles encore vivantes ? Je n’en savais rien du tout car lors des coups de canons, je préférais baisser les yeux pour ne pas voir les visages dans le ciel lors de la nuit tombée.
Mais s’il l’une d’elle venait à mourir, ma vengeance serait sans limites. Tout les coups seront permis et tant pis si j’y laisse ma peau. J’ai regardé mon arc et mes deux armes à ma taille. J’espérais qu’elles seraient suffisantes pour pouvoir me défendre lors d’une attaque qui serait peut-être la dernière. J’ai levé les yeux au ciel, laissant quelques larmes couler sur ma peau bien crasseuse, parsemée de grains de sable mais aussi de terre. Le bain que j’avais lors de mon quatrième jour ne m’avait pas servi à grand-chose. Mes cheveux blonds semblaient ternes et les cernes qui s’étalaient sous mes yeux ressemblaient à un coquard. Valait mieux pas participer aux Hunger Games si vous voulez rester jolies. Un rire sarcastique m’échappa. Les Jeux n’étaient pas négociables et il fallait y aller.

D’un seul coup, un crépitement se fit entendre dans l’arène. Je me suis arrêtée, intriguée. Une voix résonna et un frisson parcourra mon échine. Qu’allait-il encore se passer ? Ah, un festin était prévue à la Corne et à mon avis, notre présence était obligatoire sinon, pourquoi l’annoncer ? J’ai haussé les épaules, restant maître de moi à l’extérieur alors qu’une affreuse peur monta à l’intérieur. Qu’allait-il se passer là-bas ? Des tueries comme lors du lancement ? Sûrement !
J’ai serré mon arc dans ma main droite et me suis dirigée à pas de loups vers la corne d’abondance. Je n’était pas très loin de son emplacement. Quelques feuilles craquaient sous mes pas mais c’est tout ce que l’on pouvait discerner de ma présence.
Quelques minutes plus tard, j’étais arrivée à destination. J’ai regardé autour de moi, découvrant une longue table avec des mets, des armes mais aussi des médicaments. Tout ceci était vraiment très bizarre. Plus loin, j’ai distingué deux femmes en train de parler ou de s’affronter verbalement ? Parmi l’une d’elle, j’ai remarqué qu’il y avait Alexiane, cette fille de je ne sais plus quel District qui était à ma table lors du Repas au Capitole. Sans savoir pourquoi, j’étais prête à la défendre s’il lui arrivait quelque chose. Après tout, elle partageait le même avis que moi sur notre Gouvernement.
Je les ai donc observé, prête à me jeter dans le combat s’il le fallait.

Tout autour n’était que confusion. Des éclats de voix, des combats presque engagés. Je n’avais pas envie d’être spectatrice de tout ceci. Tout ce sang commençait à m’écœurer, tous ces morts qui se comptaient par coup de canons me faisaient frissonner. Le sixième jour promettait encore une nouvelle utopie parmi les tributs encore vivants. Toute cette nourriture et ces médicaments exposés risquaient d’en faire succomber plus d’un sous des corps beaucoup plus fort que les leurs.
J’ai soupiré, ne voulant pas m’approcher de ce piège. Je me nourrirais en regardant cette si belle exposition qui me donnait l’eau à la bouche et me faisait rester immobile devant tant de splendeur. Quiconque arriverait derrière aurait pu me poignarder sans que je m’en rende compte. L’air se serait vidé de mes poumons et j’aurais quitté cette Terre pour toujours. Je n’aurais même pas eu le loisir de dire au revoir à Emeryc, de lui ire combien je l’aime et que je le respecte. De montrer à Hayden que malgré mon attirance pour son ennemi, je resterai à jamais sa sœur de cœur. Celle qui le protégera envers et contre tous. Une larme coula sur ma joue, traçant un sillon clair dans la crasse de mon visage. Une petite fenêtre ouverte sur la mélancolie de mon âme.

Reprenant le contrôle de mes esprits, j’ai tourné la tête à droit et à gauche, m’efforçant de reconnaître des personnes autre qu’Alexiane. Malheureusement, à par Zoé qui montrait les crocs à un autre tribut pour la nourriture, aucun visage familier ne se profilait à l’horizon. Qu’était devenu Skyler, cet adolescent à peine plus âgé que moi qui m’avait montré comment faire des nœuds et, avec sa gentillesse, m’avait confectionné une attelle ? Je m’étais promis de l’achever s’il devait par hasard mourir et si je me trouvais dans les parages. Au plus profond de moi, je sentis que j’avais failli à cette mission. Un pincement au cœur se fit sentir et j’essayais de ne pas montrer ma peine. Tout comme Kate, je sentais que c’était la fin. Mais je ne voulais pas y croire, pas encore.

D’un seul coup, un souffle de vent vint fouetter durement mon visage. J’ai joué à la petite fille en croyant que c’était un signe du destin et me suis retournée comme s’il devait guider mes pas. J’ai sûrement dû entendre trop souvent l’histoire de l’indienne Pocahontas étant petite. Et cette brise assez glacée me présenta ma jolie Genesis qui finissait de prononcer mon prénom. Pendant quelques instans, je ne voulais pas y croire. Ma plus grande amie était encore vivante. Celle que je voulais garder en vie. Celle pour qui je donnerais tout. Sans que je ne puisse les retenir, des larmes de joies se sont échappées de mes yeux, allant se perdre dans mon cou. J’ai ouvert la bouche, l’ai refermé puis l’ai rouverte pour enfin laisser échapper un son.

Ho mon Dieu, Gene !

Puis, sans crier gare et comme si mon cerveau faisait agir mes membres sans que je le veuille, je me suis jetée dans ses bras.

Dieu soit loué, tu es vivante !