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| every sky is blue, but not for me and you. (dana) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: every sky is blue, but not for me and you. (dana) Mer 7 Jan - 17:07 | |
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Stuck between the do or die, I feel emaciated Hard to breathe I try and try, I’ll get asphyxiated Swinging from the tallest height, with nothing left to hold on to.
Every sky is blue, but not for me and you. (placebo)
Je marche dans ces ruelles du quatre, à la fois si familières et si hostiles... Je suis parfois revenu dans mon district lors de mes nombreuses missions en temps que pacificateur, mais c'est la première fois en dix ans que je m'y promène sans mon uniforme. Et c'est ce qui me permet de réaliser que je suis bel et bien de retour. Pas simplement pour canaliser le peuple lors d'une moisson, ni pour protéger un vainqueur lors de sa tournée. Non, cette fois ci je suis là pour de bon. Et c'est une sensation aussi rassurante que douloureuse. Rassurante, car je rentre chez moi. Douloureuse parce que c'est la première fois que je parcours la ville seul, sans personne à mes cotés. Plus de Caleb. Plus de Bleuenn. Juste moi. J'observe les habitants au fur et à mesure de ma progression, et aucun ne me semble familier. Juste des visages sans noms.
On est en pleine journée et la ville est en effervescence. Les gens se pressent dans la rue, des pacificateurs font leur patrouille. Etant arrivé le matin même, j'ai eu la chance d'échapper à mon devoir, et je profite de cette occasion, qui probablement ne se représentera pas avant un certain temps pour me familiariser avec le quatre.
Et au fil de mes pas, je finis par déboucher sur la grand-place. Dès que je réalise où je viens d'atterrir, mon visage se crispe d'un rictus. Je déteste cet endroit. Ici, comme dans les autres districts, il est synonyme d'horreur. Chaque année, perché sur l'estrade, je dois affronter le regard de ces gosses qui prient pour que leur nom ne soit pas tiré pour la moisson. Chaque année, je dois forcer deux malheureux à monter les marches qui les mènent vers la célébrité, mais surtout vers la mort. Chaque année, je me souviens non seulement de ma peur quand je n'étais moi même qu'un gamin cauchemardant dès que la moisson approchait, mais surtout chaque année, je revois ce regard de fierté que m'avait lancé mon frère, Caleb, lorsqu'il s'était porté volontaire pour les jeux de la faim. Lui, n'avait pas peur, dans sa grande naïveté. Et il l'avait payé le prix cher.
Je m'avance lentement vers le centre de la place. Je ne pensais pas que revenir me ferait un tel effet. Je pensais être débarrassé de ces mauvais souvenirs. Je pensais que le temps avait effacé ma douleur. Je me suis visiblement trompé.
Je secoue la tête et commenceà tourner les talons. A quoi bon se torturer ? De toute façon, je reviendrai sur cette place bien assez tôt, ne serait-ce que pour la tournée du vainqueur, qui allait avoir lieu très prochainement. Bien décidé à quitter au plus vite cet endroit, je me retourne et croise un visage. Un visage, non pas familier, mais dont les traits me rappellent vaguement quelque chose. Mais impossible de me rappeler quoi... Une jeune femme, la vingtaine, petite, qui semble tellement... fragile. Bien qu'elle ne lui ressemble en rien, elle me fait penser à Bleuenn.
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| Sujet: Re: every sky is blue, but not for me and you. (dana) Jeu 8 Jan - 21:13 | |
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Stuck between the do or die, I feel emaciated Hard to breathe I try and try, I’ll get asphyxiated Swinging from the tallest height, with nothing left to hold on to.
Every sky is blue, but not for me and you. (placebo)
« Jamais je ne t'abandonnerai, Dana. Je te protégerai au prix de ma vie. » Je l'ai cru du haut de mes douze ans, c'était lors de ma première moisson, sur la place du district. Et pourtant au fond de moi, je pense que j'ai toujours su que mon frère avait un côté... rebelle. Il n'a jamais été dans le moule. Il n'aurait jamais suivi les traces de mon père qui aurait voulu qu'il devienne un bon pacificateur du district quatre, digne fils de son père ! Mais ça n'aurait jamais la chance d'arriver. Puisque c'est sur cette place, morbide et glaciale pour moi, qu'il a été exécuté de sang froid par un pacificateur. Et depuis, même si je n'ai pas vu mon frère s'écrouler, j'ai croisé le regard de son bourreau et je ne peux plus l'oublier.
Il apparaît dans mes plus sordides cauchemars, ce regard froid et pourtant empli de dégoût. Que j'ai interprété comme un dégoût vis-à-vis des rebelles, je ne pense pas qu'un pacificateur puisse détester les exécutions. S'il a choisi ce métier là, il doit bien y avoir une raison. Je n'ai jamais pu oublier la réaction de mon père le soir après l'exécution. Il n'est plus mon fils, une phrase lancée avec une froideur extrême à table.
Alors aujourd'hui, j'ai fermé le commerce. Au moins pour aujourd'hui, je n'ai pas envie de passer la journée là-bas, c'était une idée de mon frère avant tout. Alors j'ai décidé que cette fois, j'allais prendre le temps de vivre un peu, de prendre le temps de penser, de voir la vérité de ma vie. J'ai décidé de ne plus voir mon père, je vis seule et passe parfois pour rendre visite à ma mère, elle m'a toujours soutenue. Et quand j'ai peur, quand je revois ce regard dans mes cauchemars et que je hurle, je peux me confier à elle. Elle qui n'a pas vu l'exécution, elle a préféré baisser la tête, comme moi. Elle n'a pas vu le pacificateur pointé l'arme sur la tête de son fils, alors que moi je l'ai vu. Mais je n'aurais pu supporter de voir le corps de mon frère s'effondrer dans un bruit sourd.
Je sens un regard sur moi, je suis sur la place, presque au même endroit qu'il y a un lors de la mort de ma moitié. Je relève la tête et croise le regard d'un homme, il a une trentaine d'années et je sens son regard me brûler. Comme s'il voulait voir au plus profond de mon âme. Je lâche le pot de verre que j'ai promis de ramener à ma mère. Ce regard, je ne l'ai jamais oublié et il me hante toutes les nuits. Ce regard, c'est celui de l'homme qui a enfoncé une balle dans la tête de Misha, mon frère, mon conseiller, mon protecteur. Mon tout.
« Non. Non... Ce n'est pas possible. »
Je respire rapidement, je suis prise de bouffées de chaleur et c'est la haine qui envahit mon être.
« Il est là... Celui qui a tué Misha. »
Je suis tétanisée, mes poings se serrent.
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| Sujet: Re: every sky is blue, but not for me and you. (dana) Dim 11 Jan - 21:38 | |
| J'ai beau scruter le visage de cette jeune femme -ou peut être devrais-je dire jeune fille, tant elle semble jeune et fragile- je suis incapable de me rappeler les circonstances exactes de notre rencontre. Elle se tient à seulement quelques mètres de moi, et la brise qui souffle sur la place fait danser ses cheveux bruns le long de son visage blafard. Elle ressemble à une poupée, à une enfant vulnérable, qu'une simple caresse pourrait briser en milles morceaux. Je sais que c'est mon cœur tellement avide d'une âme à protéger qui parle, que je cherche simplement à reproduire ce que j'ai toujours connu : je veux simplement quelqu'un à protéger, quelqu'un qui à besoin de moi, quelqu'un qui pourrait donner un sens à ma vie. Mais ça ne change rien à ce que je ressens, debout au milieu de la place, dans le vent froid. Je veux qu'elle devienne cette personne. Instantanément, sans même y réfléchir. Je veux oublier toutes ces fois où j'ai dû appuyer sur la détente de mon arme pour abattre des innocents, je veux oublier tous ces gosses que j'ai vu quitter leur district, pour la plupart à tout jamais. Je veux oublier cette vie absurde, cette identité de pacificateur qui me dégoûte, cette identité d'homme tellement lâche qu'il n'a même pas le courage de respecter ses valeurs, d'agir pour ses convictions. Je veux simplement devenir ce protecteur, que j'ai toujours cherché à être sans jamais vraiment y parvenir.
Je fais un pas vers l'inconnue, et comme si elle avait senti l'attention que je lui porte, elle tourne le visage vers moi. Mais ce que je vois alors dans ces yeux n'a rien à voir avec l'image de jeune femme innocente que je pensais qu'elle était. Dans ses pupilles, je ne vois que du dégoût, que de la colère. Pire, de la haine.
Et alors, je me souviens. Je me souviens que j'ai déjà vu ce regard. Lors de mon dernier passage au district quatre, à peine un an auparavant. Ces yeux, ce regard, ils m'ont hanté de nombreuses nuit après le jour de l'exécution. Un rebelle. Un rebelle que j'admirai secrètement pour son courage, pour son dévouement à sa cause. Et moi, en lâche que j'étais, j'avais simplement suivi les ordres et logé une balle dans sa tête, devant son district entier, devant sa famille. Devant la femme qui me regardait présentement avec les yeux remplis de rage.
« Non. Non... Ce n'est pas possible. Il est là... Celui qui a tué Misha. » En entendant ces mots, mon cœur se met à battre à toutes vitesse. J'aurai aimé ne jamais les entendre. J'aurai aimé partir avant qu'elle ne prononce ces phrases. J'aurai aimé ne rien savoir, rester dans le doute, pouvoir me dire que ce n'était qu'un sosie, que ce n'était pas elle, que mon esprit m'avait simplement joué un tour. Mais à présent qu'elle avait prononcé ces paroles, il n'y avait plus aucune ambiguïté possible.
Une bouffée d'adrénaline déferle en moi. Mon souffle se coupe. Je vois des larmes briller dans ses yeux, prêtes à couler sur ses joues rosies par le froid, et ça m'est insupportable. Tout ce que je trouve à faire, c'est tourner les talons. Courir, courir loin de cette réalité.
Je fais à peine quelques foulées, quand mes jambes s'arrêtent net. Je ne peux pas fuir, une nouvelle fois. Tout en moi me crie de le faire, mais je sais qu'il est temps que je prenne mes responsabilités. Que je fasse des excuses. N'importe quoi pour tenter de réparer toute la souffrance que j'ai causé. Je baisse la tête vers mes pieds, prend une grande respiration, et mobilise toutes mes forces pour me retourner vers ce regard de braise qui m'assassine. Je fais quelques pas vers elle, vers celle dont je semble avoir bouleversé l'univers.
« Je... je suis désolé. » J'aimerai pouvoir dire autre chose, mais aucun son ne veux quitter mes lèvres. De toute façon, quels mots pourraient bien réparer ce que j'ai fait ? « Je ne faisais que mon boulot. Qu'obéir aux ordres. Je suis désolé... » J'ai envie de répéter cette phrase des centaines de fois. Je suis désolé. Comme si le répéter suffisamment suffirait à me repentir, comme si elle finirait par me croire. |
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| Sujet: Re: every sky is blue, but not for me and you. (dana) | |
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| | | | every sky is blue, but not for me and you. (dana) | |
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