tell us your fucking story.

« Il y a bien longtemps, un immense groupe de tyran, éparpillé au sein de tous les districts voulant s’emparer du pouvoir en place. Un pouvoir stable, altruiste, qui partageait, et aider même les plus démunis. Mais le Capitole, par sa force et sa puissance majestueuse, est parvenu à maintenir la paix, en détruisant le district treize. Tu comprends, il n'avait pas le choix, car le treize était composé uniquement de rebelles, d'individus qui veulent du mal à notre pays, qui cherchent à répandre le chaos quand le gouvernement se bat pour la paix. Mais aujourd'hui tu peux être rassurée, car nous les pacificateurs te protégeons contre ces rebelles, pour un pays en paix et fortune. »

Je le dévisage, les yeux brillants d'admiration pour ce qu'il me raconte. Son visage, à demi camouflé derrière le casque blanc de son uniforme, affiche un sourire bienveillant. Je lui souris. Ce pacificateur est mon ami. Il prend le temps de me parler, alors que je n'ai que dix ans. Je suis une gamine aux yeux de tous, surtout de mes parents, qui m'ignorent, et pire encore qui me rendent la vie invivable, préférant ma sœur, Azalea, qui a deux années de moins que moi. Le pacificateur m'achète une friandise et me l'offre. Je l'apprécie vraiment, j'aurais aimé l'avoir comme père. Mais il faut se rendre à l'évidence, mes parents ne m'aiment pas, ils ne m'aimeront jamais. Je suis comme le vilain petit canard de la famille. Plusieurs fois, comme aujourd'hui, je m'enfuis de chez moi pour me promener dans mon district, le Un, puis pour rejoindre ce pacificateur. Quand je rentre chez moi, je ne me fais pas incendier car je suis partie mais parce que je suis rentrée.

Une fois, j'ai demandé au pacificateur comment pouvait-on reconnaitre un rebelle. Ils sont méchants, méfiants et odieux. Ils cherchent toujours à réaliser des plans afin de pouvoir faire s'écrouler le système actuelle, si parfait par ses méthodes. Dès ce moment, j'ai su que mes parents étaient des membres de la rébellion. Je les surprends régulièrement à critiquer le Capitole, à parler de personnes étranges, qui seraient impliquées dans des opérations floues.
J'ai toujours voulu protéger ma sœur de tout ça, qu'elle ne soit pas endoctrinée par mes parents. Nous nous sommes toujours bien entendu. Je suis rancunière dans l'âme, je le sais, mais je ne peux pas en vouloir à une sœur qui représente l'unique personne avec laquelle je m'entends merveilleusement bien, sans compter le pacificateur, et qui a toujours tenté de me faire valoir devant mes parents. Mais en vain. Elle aussi semble être du coté rebelle. Je lui ai ordonné autoritairement de cesser de prendre ma défense devant eux, puisque ça ne fonctionne pas. J'ai peur pour elle, qu'elle aussi soit renier par ses géniteurs.
La rébellion n'est qu'un monde de cruauté qui cherche à détruire les fondements de notre pays, à écraser Panem, sa paix et sa prospérité, pour instaurer un gouvernement tyrannique. J'ai toujours associé la rébellion au mal, car j'ai toujours associé le mal à mes parents rebelles.
Il y a quelques mois, j'ai décidé du sort de mes parents. Ce terrible pouvoir que je détenais entre mes mains. J'ai rejoins le pacificateur qui s'occupait de moi depuis ma plus tendre enfance, et je lui ai posé une question qui me brulait les lèvres depuis un certain temps, même si je me doutais déjà vaguement de la réponse.
« Que feriez-vous si je dénonçais sur le champ des rebelles ? »
La peine capitale, la mise à mort, le châtiment, la punition, la correction ultime contre les traitres de Panem. Une balle dans la tête, une exécution banale pour des personnes qui ne valent pas grand chose, si ce n'est rien. Je m'approche de lui, et lui chuchote à l'oreille les noms de mes parents.
Dans la même journée, ils furent tous deux exécutés. Un grand soulagement a subitement envahi mon corps entier. L'odeur, le gout de la liberté. Jamais je n'aurais pu dénoncer ma sœur, je l'aime tant. Nous nous sommes retrouvées seules, à vivre juste à deux. Azalea ne savait pas la vérité sur nos parents, selon laquelle c'était moi le coupable de cette tragique affaire. Un coupable froid, sans remord, sans crainte, sans hésitation, et qui n'aurait pas une seule seconde hésité à appuyer sur la gâchette si ça avait été à moi de les mettre à mort.
Mais un jour j'ai ressenti en moi un soupçon de culpabilité. Non pas envers mes géniteurs mais envers ma sœur. Je devais lui dire, tout lui dire, même si je savais parfaitement qu'après cela elle ne m'aurait plus jamais adressé la parole.
Elle ne m'en a pas voulu, elle s'est appuyée sur mon épaule et n'a cessé de me répéter : « Je t'aime Is, je t'aimerai toujours quoi que tu fasses, et un jour je te sauverai ». Elle me caressait délicatement les cheveux, car malgré mon âge plus avancé qu'elle et de mon air froid et arrogant, c'est toujours elle qui me protège et pas l'inverse. Je n'ai pas compris ce qu'elle a voulu me dire ce jour-là, mais je sais qu'il faudra toujours garder un œil sur elle, car elle a été endoctrinée par mes parents désormais morts et qui ne peuvent plus l'atteindre. Elle est devenue rebelle comme eux. Mais elle est simplement égarée, et un jour elle comprendra et elle ouvrira les yeux sur le Capitole et ses grandes offrandes aux autres districts. Ses bras ouverts sur le monde avenant.
Mais tout n'a pas fonctionné comme je l'imaginai. Un soir je suis rentrée chez moi d'une promenade furtive, et j'ai trouvé un papier où ma sœur avait griffonné quelques lignes. Elle est partie dans un endroit indéfini, rejoindre un camp composé d'autres rebelles qui à mon regard ne lui causeront que du mal, comme mes parents l'ont fait avec elle dès son plus jeune âge. Il faut que je la sauve de là. Puis elle a conclut en écrivant d'un trait appliqué : « Je continue de te protéger, je parle de toi ici, tu n'es pas notre ennemie, nous nous reverrons bientôt, là où je suis j'espère. Je veille sur toi. »

Je sers sa lettre entre mes doigts fins. Je l'ai conservée. Aujourd'hui, ma vie n'est pas beaucoup plus appréciable. Je me suis engagée au sein des pacificateurs, pour différente raisons. J'ai toujours admiré le peacekeeper qui a pris soin de moi face à des parents qui m'ont toujours laissée me débrouiller seule. C'est aussi et surtout pour faire face à la rébellion et protéger Panem et le Capitole, et dans un dernier affront face à mes parents, qui ne cessaient de me rabâcher que je ne représentais à leur égard qu'une enfant attardée, une bonne à rien, incapable de gérer sa propre vie. Je sais qu'ils sont morts, que je les ai vaincus, que j'ai remporté l'ultime combat après tant d'années de souffrance, mais je continuerais toujours le combat. Pas d'échec, pas d'abandon, pas de pitié. Toutes ces années de soumission et de lutte acharnée pour la liberté m'ont d'ailleurs bien servis lors de mon entrainement intensif au district deux. Le plus difficile au cours de ma formation a été de supporter l'autorité. Je ne l'ai jamais supportée, sauf peut-être celle de ma sœur. Personne n'a le droit de commander l'autre. J'ai fini par devenir une soldate, mais il s'est dit sur mon dos que je n'obtiendrais jamais de poste à haute importance, étant prétendument trop imprévisible, et ayant un gout trop prononcé pour la violence. On m'a donc assigné au district un, dans la protection de la population. S'agissant de mon district d'origine, je le connais mieux que quiconque parmi les autres pacificateurs. Je passe donc mes journées à traquer les rebelles camouflés. Je n'ai plus jamais revu le peacekeeper de mon enfance depuis que j'ai atteint le même rang que lui. Il a surement été dirigé vers un autre district. Mais aujourd'hui, qu'importe tout ce que je vis. J'ai un seul objectif : retrouver Azalea, ma sœur, et la sortir des filets de la rébellion, même si pour obtenir des renseignements, je devrais fréquenter des autres rebelles, et même si bien évidement je devrais être contrainte de les exécuter par la suite, non sans plaisir. Bien au contraire. J’en meurs d’envie. J’ai soif de morts de lâches.