Trempée, elle était complétement trempée. Sa chute l’avait fait atterrir dans l’eau. Par bonheur, il y’avait assez de profondeur dans le lit de la rivière pour avoir amorti le choc. Pas de séquelles donc et elle avait finalement atteint son objectif ; à savoir trouver comment descendre. Une fois de plus, cela ne s’était pas déroulé selon ses plans mais l’essentiel était là. Elle s’était attendue à une eau fraiche. Ce ne fut pas le cas. Enfin quoi, ça les aurait tué d’en baisser la température de quelques degrés ? Elle s’autorisa cinq minutes de repos afin de récupérer et entreprit de sortir de l’eau. La chose fut moins aisée qu’elle ne le paraissait : le débit de l’eau était plus fort à certains endroits et Ambre dût s’y prendre à plusieurs reprises avant d’atteindre la rive. La première chose qu’elle fit fut de vérifier qu’elle avait toujours son arme sur elle. Son lot de consolation. Il n’empêche qu’elle était bien contente de l’avoir, car il lui en aurait fallu un de toute manière. En zippant à nouveau sa poche –le couteau bel et bien à l’intérieur-, elle aperçut une tâche brune sur le dos de sa main. Elle frotta distraitement dessus tout en observant les alentours. La jungle l’inquiétait de plus en plus, et elle n’y était même pas encore. Vue de plus près, l’eau ne lui inspirait guère confiance. Une eau pareille la rendrait sûrement malade, l’instructrice avait bien signalé qu’une eau sale était la porte ouverte aux bactéries et infections en tout genre. Cela semblait logique. Cependant, elle avait également appris qu’elle serait d’autant plus déshydratée. Il était inutile d’en prendre le risque, pas aussi tôt dans le jeu. A contrecœur, elle se força à ignorer cette étendue qui lui tendait les bras pour la seconde fois consécutive.
En se relevant, elle senti une faiblesse au niveau de la cheville. Rien qui ne l’empêcherait d’avancer, mais elle se sentie à nouveau vulnérable et sorti le couteau de sa poche. Elle ne serait pas d’attaque contre un garçon, mais elle pourrait toujours intimider une fille avec. La tâche brune était toujours là. En y regardant de plus près, elle s’aperçut que ce n’était pas une tâche mais une sorte de ver. Elle tira dessus pour s’en débarrasser, arrachant un bruit de succion : Ambre constata avec horreur qu’il y’avait du sang sur sa main droite. Ce qui la fit crier. Elle inspecta tout ce qui pouvait être visible, allant même jusqu’à passer ses mains dans le dos. Elle essaya de se souvenir de ce qu’elle avait vu en entrainement. Elle était restée une éternité aux ateliers de survie et de plantes. A vrai dire elle n’avait fait que ça. Des plantes qui permettaient de cicatriser plus vite. Celles qui contenaient de l’eau, celles qui se bouffaient. Elle n’était plus chez elle, et sa mémoire lui jouait des tours. A présent tout se confondait dans sa tête. Mais avant de pénétrer la jungle, il lui fallait se protéger contre les insectes. Plongeant les mains dans l’eau, elle se tartina une épaisse couche de boue sur le visage en tentant d’éviter de toucher la plaie de sa joue. Bientôt, sa chevelure dorée eut le droit au même traitement. Trop repérable. Tant qu’elle serait seule, elle ne voulait pas être repérée. Elle se chargerait de trouver les autres et non l’inverse. Un mouvement en contrehaut attira son attention. Le tribut du district dix. Reconnaissable entre mille. Sûr qu’il n’était pas mort, celui-là. Il devenait urgent de déguerpir d’ici.

17H01

Cette fois, elle s’appliquait à retenir un chemin : il lui faudrait avoir un peu plus de jugeote que lors de la Corne, on avait vu le résultat, merci. Cela faisait maintenant plusieurs heures qu’elle bataillait contre des lianes. La boue s’était transformée en masque compact, et avait l’avantage indéniable de la camoufler à défaut de la protéger du soleil –faute de soleil-. Cependant, elle n’avait toujours pas bu. Ambre commençait à amèrement regretter de ne pas avoir bu l’eau de la rivière. Sa bouche était plus sèche que le masque. Si seulement on pouvait lui envoyer de l’eau ! Que fallait-il qu’elle fasse pour qu’on lui en envoie ? Régulièrement, elle mâchonna une feuille piochée au hasard mais à ce stade de la journée, elle n’avait même plus de salive à avaler. Elle en avait marre de marcher en vain. Horriblement marre, même. L’idée de passer la nuit dans une cage de lianes ne lui plaisait guère. Au-dessus d’elle, des oiseaux au plumage coloré jacassaient joyeusement. Le son incessant lui tapait sur les nerfs, et la fatigue la faisait trébucher plus que la normale. Ses efforts furent néanmoins récompensés lorsqu’elle atteint une sorte de clairière. Plus de lianes, plus de piaf. Le bonheur. Elle s’arrêta un moment, profitant du silence qu’elle chérissait tant. Ambre avait tellement envie de dormir. Mais il fallait qu’elle s’en empêche et qu’elle conserve son avance, si toutefois elle en avait une. Il fallait continuer d’avancer, quitte à bousiller ses jambes pour de bon. Au détour d’un arbre, elle eut une bonne raison de s’arrêter. Cette raison avait un nom et un prénom ; Virani Chesterfield.
Elle appréciait cette fille. Elle l’appréciait sincèrement, et pas uniquement parce qu’elle venait de dénicher la poule aux œufs d’or de ces jeux. Copiner avec Virani était assurément un bon moyen d’obtenir de l’eau, son frère devait se tuer à la tâche afin de centrer l’attention sur elle. Par réflexe, elle avait sorti son arme. Elle n’avait aucune idée de l’état d’esprit dans lequel Virani pouvait bien se trouver. Sortant de sa planque, elle se manifesta dans un murmure. « Je suis là, Virani »

Je suis là, et je compte le rester.

Sponsor pour Virani

Nature: Elyas Chesterfield, mentor du district neuf, lui fait parvenir une petite bouteille d'eau de 50cl qu'il a pu lui obtenir grâce aux sponsors.
Instructions: La réception du parachute se fait au moment souhaité par Virani tant que cela reste plausible dans les événements du sujet.

Puisse le sort vous être favorable!

Elle avait baissé son arme. Elle l’avait fait. Ambre en poussa un profond soupir de soulagement. Le temps s’était figé, et elles se regardaient l’une et l’autre sans oser bouger, de peur de rompre cette trêve. Cette trêve qui ne tenait pas à grand-chose. Il suffisait d’un geste mal placé, d’un ton plus haut que l’autre pour que tout bascule à nouveau. Ambre le savait. Virani le savait sûrement aussi. Et c’est pourquoi les deux filles se regardaient à présent en silence. A la voir comme ça avec un couteau presque trop grand pour elle, Virani n’avait rien de très effrayant. Il y’avait quelque chose dans son regard qui lui faisait de la peine. Ce n’était qu’une petite fille jetée dans la fosse aux lions. Ambre n’était pas une lionne, alors elle rangea son arme aussi sec. Elle espérait ne pas se tromper en accordant sa confiance à la jeune fille si vite. Mais elle faisait confiance dans le jugement d’Ethan, et son mentor lui avait expressément demandé de s’allier avec. Il ne lui avait pas expliqué les détails pour ne pas qu’elle fasse de gaffe au sein de l’Arène mais apparemment, il s’avérerait que le grand frère et lui avaient décidé d’une alliance pour elles. Le but d’Ethan était clair : m’associer avec le district 9 dans son langage égal vivre plus longtemps. Ambre ne voyait pas son co-tribut mais cela ne voulait rien dire, elle-même étant séparée d’Isaac par la force des choses. Faire aveuglément confiance à une totale inconnue n’était pas dans ses habitudes mais force est de constater qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Plus, elle n’avait aucune raison de blesser Virani. Ce n’était que le premier jour et la vie dans l’Arène n’était pas la plus reposante. Pouvoir compter sur quelqu’un était indispensable. Surtout lorsqu’on est seul. « As-tu trouvé quelque chose d’intéressant ? » lui demanda-t-elle. Elle ne savait pas quoi ajouter d’autre, peut-être parce qu’elle n’avait rien à lui dire en fin de compte. Que disait-on à une supposée alliée ? Merci de ne pas me tuer ? « Cette jungle, c’est vraiment quelque chose, hein ? » Il lui semblait qu’elle s’embourbait dans une conversation sans intérêt plutôt qu’autre chose. Dieu qu’elle détestait parler pour ne rien dire. Mais c’était le jeu, pas vrai ? Ici, elle n’aurait pas le droit à une deuxième chance  alors autant faire ressortir au premier abord les aspects les plus séduisants de sa personnalité, même s’ils étaient faux. Virani ayant toujours son arme bien visible, Ambre ne s’approcha pas. Elle laisserait la jeune fille la rejoindre pacifiquement de son plein gré. Et sinon, hé bien, un couteau, ça se sortait vite.