Je n'ai eu le temps de ne faire qu'un atelier pour l'instant, mais puisqu'il n'est pas encore midi, je dois avoir le temps de m'essayer à un second. Après la survie, peut-être devrais-je continuer à m'exercer sur des ateliers calmes. De toute façon, je ne suis pas d'humeur pour aller jouer du poing ou avec des armes, et encore moins pour courir comme un dératé, surtout que ce genre d'ateliers sont déjà occupé par d'autres tributs et ce sont, pour la plupart, des carrières dont je n'ai pas particulièrement envie de faire la connaissance. Et puis je préfère éviter de trop montrer ce que je sais faire sur ces activités en particulier, si j'avais quelques habitudes en la matière ça pourrait me valoir d'atterrir en tête de liste des tributs à tuer rapidement. Sauf que si je dois mourir, je préférerais que ce soit vers la fin des Jeux, parce que je veux avoir pu combattre un peu dans l'arène avant de me faire trancher la gorge, ou transpercer par une épée ou que sais-je encore. Ce qui est sûr, c'est que je ne tiens pas particulièrement à gagner, d'autres l'aimerais bien et je pense qu'il vaut mieux leur laisser leur chance. Moi, qu'est-ce que je ferais d'une victoire ? Qu'est-ce que ça veut dire gagner les Jeux de la faim ? C'est être une marionnette du Capitole jusqu'à la fin de notre vie. Ce n'est pas une vie. Alors je mon plus grand souhait, dans l'arène, ne sera pas de gagner, mais simplement de me battre, le mieux possible, pour rendre mon père et mon district fier de moi. C'est tout ce qui compte à mes yeux, à présent. Mais en attendant, il faut que je mette toutes les chances de mon côté d'aller le plus loin que je le peux en apprenant un maximum de choses. Et puisque j'ai décidé de bouder les ateliers de dur à cuire pour l'instant, je vais me rabattre sur les connaissances. Il n'y a qu'un seul tribut présent. Une fille, blonde. Je m'approche d'elle et du professeur qui se met immédiatement à m'expliquer un tas de choses une fois que je suis arrivé à sa hauteur. Il parle longtemps, vraiment très longtemps, trop même, puis s'arrête et me dit de commencer, mais comme je n'ai pas retenu la moitié de ce qu'il m'a raconté, je ne sais absolument pas ce que je suis censé faire. « Pff, il parle vraiment trop celui-là. » Que je lance assez bas pour ne pas qu'il m'entende, et peut-être que même la blonde ne m'aura pas entendu. C'est que je n'ai pas l'habitude d'être face à un tel moulin à paroles. Mon père ne me disait jamais plus que bonjour, passe moi le pain s'il te plait, merci et bonne nuit, et à la boucherie, je n'échange avec les clients que des formules de politesse. Je dois bien avoir un ou deux amis avec qui discuter, mais là encore, je ne suis pas ami avec de grands bavards. Alors forcément, me retrouver avec Ina qui parle tout le temps de sa voix aiguë ou ce professeur qui croit que j'ai réussi à comprendre tout ce qu'il a dit alors qu'il a mangé la moitié des syllabes de chaque mot, ça me fait un peu bizarre. Je m'essaye néanmoins à un petit exercice de reconnaissance des plantes toxiques ou non. Je ne suis pas vraiment doué, mais c'est parce que je manque d'entraînement, j'imagine. Ce n'est pas vraiment le genre d'activité que je fais habituellement chez moi, mais à force de le refaire encore et encore, ça devrait rentrer. Ou peut-être que je suis vraiment un crétin et que je vais mourir d'empoisonnement. En tout cas, la blonde semble ne pas s'en sortir trop mal avec son exercice, mais je n'ose pas lui en faire la remarque, elle pourrait croire que je suis gentil, et même si on m'a dit d'essayer de me faire des amis, voire des alliés, je ne suis pas sûr que me montrer amical soit une vraiment bonne idée ici. Hm, je viens de me tromper. Là, techniquement, je viens de m'empoisonner, et je crèverais dans la minute si j'étais dans l'arène. Pauvre de moi.

Mon erreur n'en est qu'une de plus, et heureusement pour moi elle ne m'ait pas fatale puisque je ne suis pas encore dans l'arène en train de lutter pour rester en vie. Mais je ferais mieux de continuer à m'entraîner, et de rapidement trouver le moyen de contrer ce poison avant qu'il ne me tue parce qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, techniquement. En réalité, je pourrais laisser l'exercice en plan, ça ne changerait pas grand chose, mais une fois que tout cela sera réel, ce sera bien différent. Si j'avais bien écouté les explications de l'entraîneur depuis le début, je saurais comment m'en sortir avec cette satanée truc empoisonné, mais pour l'instant, je n'ai pas la moindre idée de ce que pourrait être l'antidote naturel qui me permettrait de survivre. C'est alors que la blonde entre en scène et décide de m'aider en posant une baie violette sur la case où je viens de me tromper. Elle dit que ça augmente le temps qu'il me reste. D'accord. Et je fais quoi ensuite ? Parce que là, concrètement ça ne fait que retarder ma mort, c'est tout, je finirais tout de même par y laisser la vie. Je fixe la baie violette un instant pendant lequel j'ai l'impression de sentir le regard de quelqu'un posé sur moi. C'est sans doute la blonde qui attend soit que je comprenne, soit que je me plante à nouveau, soit que je la remercie, mais pour l'instant, il n'y a pas vraiment de quoi, je vis juste un peu plus longtemps, mais la mort m'attend. Sauf si j'utilise un nombre assez important de baies, là, je distancerais l'issue fatale et annulerais peut-être l'effet du poison. « Et si j'en prends plusieurs ? » Que je demande à la tribut d'un air songeur avant que celle-ci ne me lâche un "de rien" froid. Je ne comprends pas tout de suite, ayant été submerger par ma tentative de compréhension. C'est que je n'ai pas l'habitude des plantes, je travaille plus généralement avec du bétail, de la viande, pas des herbes et des baies. « Oh, merci infiniment, maintenant j'ai une dette envers toi. » Que je lance sur un ton faussement mielleux. Ce n'est pas comme si elle m'avait sauvé la vie. Elle m'a certes aidé pendant cet exercice désastreux, mais une fois dans l'arène ce ne sera certainement pas pareil et elle n'hésitera sans doute pas à me laisser crever d'un empoisonnement. Ou peut-être que grâce à elle, je saurais reconnaître ces bonnes baies violettes et qu'elles me sauveront la vie, donc en fait, ce sera elle qui m'aura permis de m'en tirer. Tout compte fait, je pourrais donc bien lui montrer un peu plus de gratitude mais elle s'en retourne déjà à son propre exercice. « Non mais, merci, vraiment. » Est-ce que ça sonne déjà plus sincère là ? Je crois, et c'était le but. Disons que je prends en compte l'hypothèse qu'elle puisse éventuellement venir de me sauver la vie, et même si j'ai l'air d'avoir des penchants suicidaires en étant presque fier de participer aux Jeux, je tiens à ma dignité et ce serait relativement humiliant de mourir empoisonné par une mauvaise herbe. Alors oui, je lui suis reconnaissant de son aide, dans un sens. Je lui tends ma main droite. « Je suis Racaël. » Comme ça si elle veut mettre un nom sur le visage de celui qui s'est montré impoli et qui crèvera surement empoisonné, maintenant elle peut. N'empêche qu'il faudrait peut-être que j'essaye d'être plus sympathique si je ne veux pas me faire trop d'ennemis avant le début des Jeux, ça ne plairait pas à mon mentor de savoir que je ne fais en réalité aucun effort pour me trouver des alliés. Mais je ne vais pas forcer ma nature, hein. Tout comme je ne vais pas forcer la blonde à me serrer la main, à me donner son nom en retour, ou pire, à m'apprécier, ce serait vraiment trop idiot, voire hypocrite, étant donner que nous sommes tous deux voués à une mort certaine. Je préfère tout de même ne pas mettre d'huile sur le feu, alors promis je serais polie avec elle à l'avenir, jusqu'à ce qu'on se retrouve face à face dans l'arène et qu'on soit obligé de s'entre-tuer.