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 IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.

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Adonis Nightsprings
DISTRICT 8
Adonis Nightsprings
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IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Vide
MessageSujet: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeDim 29 Juin - 22:51

IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  983497tumblrmjekb62CjO1rcoq72o1500 IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  814796kris9
Every roomate kept awake
By every silent scream we make
All the feelings that I get
But I still dont missed you yet
Only when I stop to think about it


    Ses yeux restèrent rivés sur l'écran. La retransmission était pourtant terminée depuis un moment mais il était incapable de détourner le regard. Les lèvres grandes ouvertes, il clignait des yeux, subjugué. C'était incroyable, complètement impensable. Bordel de merde. Adonis s'enfonça dans son siège ; son cœur battait si fort qu'il n'arrivait même pas à se lever. Il ne savait pas si le monde était en train de tourner à l'envers ou si Yorell Moon avait un réel potentiel. Il pouvait gagner, vraiment ? Il déglutit alors qu'il baissa enfin les yeux, fixant le sol. Il n'en revenait pas. Yorell Moon était l'un des rares gamins du District 8 à avoir affiché un tel score. C'était impressionnant. Adonis pouvait bien imaginer la tête des mentors, de toutes les personnes du District 8, de toutes les personnes du Capitole. Il se surprit à sourire. Il souriait. Parce qu'il était content. Content pour un tribu, une sale petite vermine qui lui avait donné du fil à retordre ? Ouais, il était content pour lui. Il était aussi sûr d'une chose désormais : il allait sponsoriser le tribu du District 8. Enfin, il trouva la force de se lever. Après tout ce qui avait été dit, après tout ce qui avait été fait, Adonis Nightsprings allait donner son fric pour aider un gamin qu'il avait détesté jusqu'à cette fameuse note. Cela ne voulait pas forcément dire qu'il allait embrasser les joues de Yorell, le féliciter d'une poignet de main et d'une tape amicale dans le dos. Il n'en était rien. Il n'en serait rien. Jamais. Mais le pacificateur devait l'avouer ; ce gamin méritait largement d'être sauvé. Plus que les autres ? Peut-être pas, mais il avait prouvé qu'il pouvait se battre et continuer. Mais d'un autre côté...

    Adonis se mordit les lèvres alors que sa main se posa sur la poignet de la porte d'entrée de sa chambre. Le sauver pour devenir ce qu'il avait vu des vainqueurs ? Jove avait été correct avec lui, cependant, il était une vieille loque alcoolique d'une perversité et d'une cruauté sans pareille. Wyoming était devenue encore plus cruche qu'elle ne l'était avec ses petites mimiques, se la jouant courageuse et dure alors qu'elle était toujours une gamine effrayée et obsolète, dans son coin. Et Silk... Le fait même d'y penser, il en eut le cœur serré. Il était le mieux placer pour savoir ce que les Jeux avaient fait d'elle, de la gamine terrifiée. Et ils continuaient à la changer, à la détruire à petit feu, comme du poison. Son front se posa contre la porte et il ferma les yeux. Il avait passé sa vie à parier sur les Jeux, les attendait chaque année avec impatience et se réjouissait lorsque le compte à rebours commençait. Il était surexcité à chaque goutte de sang versée. Sa main trembla sur la poignet. Yorell n'était qu'un gamin parmi tant d'autres, un tribu avec le numéro 9 affiché sur son front. Il était le garçon du District 8 avec la note de 9. Il avait perdu son identité et en avait gagné une autre, glorieuse sur le moment mais qui pouvait lui être fatale dans l'arène.

    L'homme rouvrit les yeux et se détacha de la porte pour finalement l'ouvrir. Il ne voulait pas que Yorell meurt. C'était égoïste, purement égoïste. Il connaissait Yorell, il l'avait vu, chaque jour durant, avait appris certaines de ses habitudes, avait affronté sa sœur et même vu sa mère. Il connaissait Yorell. Les autres, il ne les connaissait pas. Les autres, il s'en foutait. Les Jeux l'avaient rarement touché d'aussi près. C'était ça alors, ce sentiment d'impuissance ? C'était ça que ressentait les familles, les amants, les amis lorsqu'ils voyaient ceux qu'ils aimaient s'en aller ? C'était ça, ce que ressentait Silk à chaque fois que deux enfants étaient moissonnés ? Il s'était affaibli. Il s'était attendri. Cela ne lui plaisait pas du tout mais il devrait faire avec pour la suite. Ce qu'il pouvait détester ce cœur qui battait dans sa poitrine. Il traina du pied jusqu'à trouver la chambre de Yorell et y toqua. Connaissant le bridé, il avait dû préférer rejoindre ses quartiers plutôt que de se jeter des fleurs ou entendre toute l'équipe s'extasier de son score. Adonis secoua la tête en ricanant ; personne ne s'extasiait dans l'équipe du District 8, à part l'hôte et la styliste. Silk devait être contente aussi, même si elle ne devait pas le montrer. Elle boira à sa santé lorsqu'elle sera seule.

    " - Moon, je dois te parler. ".

    Il toqua à nouveau, il n'ouvrait pas. Qui ouvrirait à l'homme qui l'avait torturé. Il leva les yeux au ciel en soufflant. Oui, autrefois, il avait été un monstre avec le garçon et l'assumait entièrement. Cependant, il aurait pu être plus cruel et le lui avait dit. Il le lui avait dit...

    " - Merde, Yorell, ouvre-moi, c'est pour les Jeux, abruti. ".


Dernière édition par Adonis Nightsprings le Lun 30 Juin - 1:51, édité 1 fois
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Yorell T. Moon
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IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Vide
MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeLun 30 Juin - 0:16

I hate everything about you

Je n'arrivais pas à décoller mes yeux du plafond que je scrutais intensément depuis que je m'étais isolé dans ma chambre, allongé au fond de mon lit. Les autres devaient être en train de festoyer après avoir visionné les résultats des évaluations. La fête, ce n'était pas mon truc. Surtout quand c'était en mon honneur. Je n'en avais aucun à cet instant précis. J'avais préféré me réfugier dans mon repère, ma chambre, mon intimité. Là où je pouvais être certain que la précieuse solitude me parviendrait sans encombre. Je me souvenais parfaitement des commentaires de Caesar Flickerman, le présentateur vedette du Capitole. Lorsque chaque tribut se voyait attribuer une notre, il ne pouvait s'empêcher d'y ajouter son grain de sel qui faisait de lui une véritable coqueluche lors des jeux de la faim. Lorsque je vis ce splendide neuf en-dessous de mon portrait, mon cœur s'était arrêté de battre. Je l'avais donc fait. Correctement. Dans les règles de l'art. Et apparemment, j'avais réussi à plaire aux juges de ces foutus jeux. Bien que deux filles avaient brillé de par leur inoubliable dix, je m'en sortais vraiment bien au détriment de ma partenaire, Brooke, qui s'était vue attribuer un cinq. Un maigre cinq, bien vite effacé par ma prestation des plus étonnantes. Je pouvais encore discerner la voix stridente d'Iris qui avait tournoyé autour du canapé, apparemment rayonnante de bonheur. J'avais reçu quelques félicitations, évidemment, mais mon visage s'était encore plus renfermé lorsque mon regard avait croisé celui de la rouquine qui m'accompagnait dans ce périple. Le sort ne lui serait peut-être pas favorable, après tout. Je m'étais levé par la suite, arrachant un soupir froid, avant de partir m'isoler dans ma chambre. J'avais même tourné le dos à ma mère, Diana Moon, qui semblait tout aussi ravie par la note que j'avais obtenu. Bizarrement, personne n'était venu me chercher depuis la retransmission des résultats. J'en concluais donc qu'ils avaient fini par me connaître suffisamment pour se dire que ma nature avait pris le dessus sur la situation. Etre seul. C'était ce que je préférais dans la vie. Même quand celle-ci semblait me sourire.

J'avais assez profité du silence pendant ces longues minutes où mon esprit se perdait dans les dernières nouvelles. J'avais trop réfléchi, et j'allais finir par avoir un mal de tête atroce si je continuais dans cette voie. Je clignai plusieurs fois des yeux pour ainsi me déconcentrer, avant de me redresser sur mon lit. Je fit basculer ma tête légèrement sur le côté pour ainsi dégager mes cheveux de mon visage, observant les alentours. Le silence était pesant. Même dans mon cœur. Je ne pus m'empêcher d'avoir une brève pensée pour Keira. Puis, une voix s'éleva derrière la porte de ma chambre que j'avais soigneusement verrouillé, par principe. Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille. Cette voix, elle m'avait hanté des jours durant le printemps dernier, lorsque je connus les fausses joies de la torture. Adonis Nightsprings. Il était là, derrière cette porte, mon ultime rempart contre l'enflure qu'il était. Je me levai vivement de mon lit, le sang en ébullition. Je n'avais pas besoin de le voir. Je n'avais pas besoin de lui parler. Je n'avais pas besoin de lui, en tous points. Je m'approchai discrètement de la porte, une main sur la poignée que le chef pacificateur essayait de tourner en vain, l'autre glissant lentement le long du bois rare qui ornementait la porte. Je collai lentement ma joue contre le bois, près de ma main, pour essayer d'écouter ce qu'il pouvait bien faire outre déverser des flots d'insanité. Des mots que je ne pouvais qu’exécrer. Il voulait me parler des jeux. Allons bon. Je poussai un petit soupir, me reculant d'un pas avant de descendre ma main sur la clé enfoncée dans la serrure. J'hésitai. Pouvais-je réellement ouvrir cette porte à cet homme ? Pouvais-je réellement mettre de côté la haine que j'éprouvais à son égard, pour qu'il me parle d'un avenir incertain, où la mort semblait être l'issue obligatoire ? Je tournai la clé. Au diable les pensées noires. Je venais de me récolter une des plus belles notes de cette année, hors de question de faire de l'ombre à cette belle prouesse. Une prouesse dont je n'étais pas si fier que cela. Je tournai la poignée, ouvrant lentement la porte et glissant ma tête pour lever mes yeux en amande sur mon pire ennemi. « ... Ne te fatigue pas à me féliciter, je n'en ai pas besoin. » Voyant qu'il ne bougeait pas de sa position, je finis par ouvrir complètement la porte, poussant un soupir, avant de l'inviter à entrer d'un mouvement bref de la tête. Une fois qu'Adonis pénétra dans mon antre, je claquai vivement la porte pour signifier mon irritation. Le savoir ici, si proche de moi... Je voulais le frapper. Je voulais le faire disparaître de ma vue. Mais je gardai aisément mon calme, remontant les manches de mon chandail au-dessus de mes coudes avant de croiser les bras. « Tu as deux minutes. Après, tu dégages. »

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MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeLun 30 Juin - 1:46

    L'homme serra de plus en plus la poignée dans la paume de sa main. Il pouvait très bien sentir que de l'autre côté, le garçon exerçait la même pression que lui sur cette pauvre poignée. Si elle aurait pu se briser sous le poids de leur haine mutuelle, elle l'aurait fait. Il respirait bruyamment, l'estomac noué, le cœur au bord des lèvres. Il regrettait d'être venu. C'était stupide et pourtant... Il était là, bel et bien là, prêt à lui offrir son aide. Il finit par lâcher la poignée, prêt à reculer et rebrousser chemin. Yorell Moon ne lui ouvrirait jamais, ne l'écouterait jamais. Il ne l'avait pas fait jusqu'ici, pourquoi changerait-il d'avis subitement ? Au mieux, il lui ouvrirait et lui cracherait dessus, le pourrirait de tout un tas d'insultes ou le frapperait. Dans tous les cas, s'il ouvrait, Adonis aurait le droit à son regard noir haineux, comme à son habitude. Et son visage figé. Ce que ce gamin pouvait être stoïque. Blasé. Si encore il avait connu la misère, Adonis aurait pu le comprendre, sauf que ce sale bridé été né avec une petite cuillère en argent dans le bec. Non, non, non. Le pacificateur secoua vivement la tête ; voilà que l'enfant gâté l'irritait à nouveau. Ses mains se levèrent, comme s'il était excédé par la situation et tourna les talons. Il s'était résolu à partir lorsque la porte se déverrouilla. Il s'arrêta net, la tête relevée, prêt à lui faire face.

    La porte se mit à grincer, il soupira après s'être humidifié les lèvres. Yorell Moon avait sûrement fait un effort démesuré pour ouvrir cette porte, c'était à son tour d'en faire un, celui de se retourner. Son regard croisa celui de garçon et l'un de ses sourcils se releva. Etait-il sérieux ? Il ne devait pas sérieusement penser qu'il était là pour le féliciter ? Enfin, si. Normalement. Dans une autre vie. Celle où ils auraient potentiellement pu être amis ou quelque chose qui s'y rapproche. Il secoua brièvement la tête, las, sans bouger d'un cil. Il n'avait pas l'intention d'entrer. Ce n'était pas chez lui, ce n'était pas à lui et envers lui, Adonis n'avait plus aucun droit. Plus depuis qu'il avait été tiré au sort. Il lui parlerait donc dans le couloir. Du moins, il le crut.

    Yorell ouvrit un peu plus la porte, lui laissant même de la place pour passer, hochant la tête pour lui signifier d'entrer. Il allait de surprise en surprise avec ce petit. Adonis affichait une mine complètement abasourdie. La note puis ça, ce geste. De plus, il ne l'avait pas insulté, frappé ou quoi que ce soit d'autre. Il haussa les épaules dans une grimace et le remercia d'un signe de tête en entrant. C'était étrange, de se retrouver dans la même pièce que lui, seul. Surtout après ce qu'il s'était passé au poste entre eux. Surtout après ça. Il y avait une drôle d'atmosphère dans cette pièce. Même s'il avait été invité, Adonis sentait clairement qu'il n'était pas le bienvenu. Ouais, c'était carrément étrange. Les rôles étaient drôlement inversés. Bizarrement, il se sentait gêné, presque intimidé de se retrouver là. Ils étaient bien loin de ce qu'ils étaient, au printemps dernier. L'homme se massa la nuque, observant la pièce dans laquelle il se trouvait. C'était si impersonnel. Elle ressemblait presque à sa chambre, au District 8. Rien sur les murs, aucun objet personnel, seulement une penderie, un lit, une table de chevet. Bien sûr, cette chambre-ci possédait tout le confort que pouvait offrir le Capitole à ses petits tributs chéris. Mais malgré la technologie, il n'y avait rien, pas d'âme. Adonis leva les yeux vers Yorell, vers son visage fatigué, blasé : c'était comme si lui aussi n'avait plus d'âme.

    La distance entre eux était correcte, trop peut-être pour la tension qu'il y avait entre eux. L'homme ne put s'empêcher de sourire. Il le voyait dans ses yeux, oui, il le voyait que s'il le pouvait, il l'aurait viré à grand coup de pied au cul de sa chambre :

    «  - Alors ? Pourquoi tu ne le fais pas ? Pourquoi tu me vires pas ? ».

    Il ricanait, se frottant le nez avec son pouce, d'un geste désinvolte. Là n'était pas la question et énerver son hôte n'était pas son but. Il se rembrunit, baissant la tête en cherchant une chaise sur laquelle s'asseoir. Non. Rester debout. Garder un minimum d'assurance et de prestance. Adonis le dépassait de peu et pouvait lever le menton pour le regarder de haut. Mais ce n'était pas ce qu'il ferait. Pas ce soir. Droit comme à son habitude, il inspira profondément avant de se passer une main sur le visage :

    «  - Je ne suis pas là pour te féliciter, tu sais très bien que ça ne me ressemble pas. Je vais donc prendre ces deux minutes pour qu'on fasse un deal tous les deux. ».


    Son regard croisa à nouveau celui de Yorell Moon, tandis qu'il imitait la position de ce dernier. Sa voix, étrangement, s'était adoucie :

    «  - Tu sais aussi que je n'ai pas de pitié, aucune compassion, encore moins pour toi. ».

    Mensonge. Il excellait de plus en plus à ce petit jeu, c'était terrible :

    «  - Mon deal, donc, est que je te sponsorise. Je t'enverrai armes, de quoi te nourrir, de quoi boire, de quoi t'en sortir à une seule condition : que tu reviennes en vie. ».
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Yorell T. Moon
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MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeLun 30 Juin - 15:03

I hate everything about you

Ouvrir cette porte à Adonis Nightsprings, c'était accepter qu'il fasse partie de ma vie. Et j'avais bien du mal à l'accepter, quand je savais tout ce qu'il était capable de faire. La torture, il en connaissait un rayon. Les menaces, il en était devenu un professionnel. Alors que de surprise en le voyant si calme, voire même "gentil" avec moi qui me crispais au fur et  à mesure que les secondes s'écoulaient dans cette chambre. J'avais instauré une distance plus que raisonnable entre lui et moi, car connaissant le passé que nous avions en commun, nous étions limite à deux doigts de nous entretuer alors que je devais garder mes forces pour l'arène où j'allais très probablement mourir. Je le dévisageais, et je ne prenais pas le soin de répondre à ses remarques. J'avais l'habitude, à force, de le laisser parler et cracher son venin sur moi et ma famille qui sortait du lot au district huit, il fallait l'avouer. Avec une sœur rebelle de surcroît, je ne pouvais être que dans la ligne de mire du chef pacificateur. Oui, il avait raison pour une fois. Il n'était pas du genre à féliciter, et encore moins à ME féliciter. Alors les deux minutes que je lui avais accordé, il allait s'en servir pour un...deal ? Je haussai la sourcils lorsque je l'entendis écorcher ce terme. Je gardai la bouche close, mon visage plus stupéfait que blasé désormais. Oui, je savais. Je savais ce qu'il ressentait pour moi. Ce n'était rien d'autre que de la haine, et très réciproque. Lui aussi le savait. Si l'occasion m'était donné de l'abattre, six pieds sous terre, je le ferais. Sans scrupule. Car ce que nous avions en commun n'avait rien d'un amour passionné.

Le deal était de me sponsoriser. Adonis Nightsprings allait contribuer à ma survie dans l'arène. Impensable. Moi qui aurais pensé qu'il voulait me voir mort, ridiculisé dans ces stupides jeux, j'étais tombé bien bas. Cet homme me surprenait de plus en plus. Non seulement il ne me menaçait pas, mais en plus il était prêt à vouloir me ramener vivant de cet enfer. Y avait-il une stratégie derrière tout ça ? Je fronçai les sourcils. Des armes. De la nourriture. De l'eau. De quoi survivre, en somme. Tout ce qu'un tribut pouvait espérer, les yeux rivés sur ce ciel artificiel. Ce parachute argenté qui sonnait mélodieusement. Ce petit cliquetis qui signifiait que la mort ne nous faucherait pas. Pas maintenant en tout cas. Je pris une profonde inspiration, les bras toujours croisés alors que je baissai ma tête pour observer nos chaussures. J'hésitais. J'hésitais parce que je ne savais pas pourquoi le grand brun avait changé de caractère. Était-ce juste grâce à ce neuf inespéré ? Je ne m'étais pas vu pousser des ailes, pourtant. Peut-être que lui, oui. Je n'en savais rien, et curieusement je ressentais le besoin de le savoir. « Je peux savoir pourquoi tu ferais ça ? » Je relevai vivement la tête, jetant mon regard glacial dans le sien. « Pour mieux me torturer ensuite ? » De plus en plus sur la défensive, je reculai d'un pas de sa stature, les souvenirs de cet événement au district huit me déchirant l'esprit. L'instant où j'avais laissé de côté ma fierté pour protéger Kallista du monstre qu'était Adonis Nightsprings. Je décroisai mes bras, mes poings serrés le long de ma taille. J'étais fatigué. Fatigué de devoir être constamment sur mes gardes avec ce type. « Je veux vivre, mais pas pour subir de nouveau tes coups... » Je fis dériver mon regard sur le côté dans ces quelques secondes de faiblesse où mon corps se secouait de frissons. Je voulais gagner, mais pas pour redécouvrir les souffrances de mon passé. Je voulais gagner pour ma famille. Je voulais gagner pour vivre.

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MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeDim 6 Juil - 3:22

    Le silence qui s'était instauré dans la pièce après l'annonce d'Adonis devenait gênant. Pesant. Trop peut-être. Eux qui avaient l'habitude d'entendre les cris, les insultes, les pleurs... C'était tout ce qu'ils connaissaient, tout ce qu'ils avaient eu. Pourquoi espérer autre chose ? Pourquoi Yorell le croirait ? Pourquoi Adonis ferait-il ça ? Y avait-il réellement un but ? Le pacificateur ne pouvait pas se permettre de lui balancer tout simplement " parce que je te connais ". Je veux que tu reviennes parce que je te connais et que si tu ne revenais pas, cela me mettrait face à la mort. A nouveau. Et je m'y refuse. Et puis.. Ça ferait plaisir à Silk aussi. Parce qu'il lui fallait bien qu'un heureux évènement se produise dans sa vie. Qu'il lui arrive quelque chose dont elle pourrait se réjouir. Ce serait bien, oui. Ses yeux rivés au sol, il ne pouvait s'attendre qu'à ce que Yorell l'envoie chier. Adonis trouvait cette option plus que justifiée. Et dire que c'était la première fois qu'il faisait ce genre de deal énorme sans rien demander en retour. Enfin, si, il demandait quelque chose : qu'il revienne vivant des Jeux. Ce n'était pas trop demander de la part de Monsieur numéro 9. Avec cette note, il avait largement de quoi s'en sortir, peut-être même sans qu'Adonis n'aie à sortir les billets du porte-feuille. Après ce long silence qui lui donnait la nausée, le pacificateur releva la tête et rendit au gamin son regard. Un regard dur, glacial, méprisant. Ouais, tout ce qu'ils avaient connu jusque-là. Le garçon reculait, l'homme se permit d'avancer d'un pas, recherchant une proximité qui n'avait pas lieu d'être. Pourquoi ? Le visage de l'homme se déforma, afficha un rictus que le jeune tribut ne connaissait que trop bien :

    " - T'en as pas marre de poser des questions à la con ? ".

    Il lui fallait au moins quelque chose auquel se raccrocher, auquel tenir pour éviter de tomber dans le mélodramatique. Tout ce qu'il vivait en ce moment, tout ce qu'il ressentait, ça ne regardait que lui. Hors de question de s'exposer face à Yorell Moon. Hors de question de se montrer si vulnérable. Il garda la tête haute cette fois, relevant le menton comme il en avait l'habitude. Il secouant la tête, crachant à nouveau son venin :

    " - Bah, même si je voulais te torturer, je pourrais plus. Tu te souviens ? Les gagnants ont l'immunité. ".


    Les vainqueurs avaient cette chance que les autres n'avaient pas. Il l'aurait, cette chance, s'il s'en donnait les moyens. Et il se les donnerait, ces moyens. Adonis l'avait vu, la première fois qu'il avait eu affaire à lui. Cette flamme, ce feu, cette envie qui l'animait. Il voulait s'en sortir, par ses propres moyens, sans que maman ne soit là pour lui dicter ce qu'il aurait à faire. Pour cela, il n'avait pas changé. Adonis frissonna violemment ; il la sentait, cette flamme, en ce moment même :

    " - Survis à cette épreuve, c'est tout ce que je te demande. Tu seras intouchable ensuite. Plus rien ne t'atteindra... Du moins, plus les personnes comme moi. ".

    Sa voix se fit plus calme, presque trop douce, presque trop triste. Il ne put soutenir plus longtemps son regard et baissa à nouveau les yeux :

    " - Reviens gamin, okay... ?".

    Trop de sang a déjà été versé au District 8. Nous avons déjà assez soufferts...
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Yorell T. Moon
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MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeDim 6 Juil - 16:21

I hate everything about you

Les gagnants étaient intouchables. Les gagnants avaient l'immunité. Était-ce là l'unique vérité sur Panem ? Je ne partageais pas l'avis d'Adonis. Les gagnants avaient peut-être plus de légitimité que d'autres, ils n'en étaient pas moins vulnérables. Vulnérables au Capitole. Ce même Capitole qui leur promettait richesse abondante et vie paisible pour l'éternité. Mais à quel prix ? Celui de tuer pour sortir de l'arène en vie. Survivre avec du sang sur les mains. Certains vainqueurs ressortaient transformés, faibles. Car ils avaient vécu l'impensable. Et c'était ce que j'allais vivre dans les prochains jours. Suivrais-je donc les pas de Silk et Wyoming, mes mentors ? Quelque part, au fond de moi, je ne voulais pas revenir de cette arène. Car je ne voulais pas me voir changer. Mais j'avais bien plus envie de réussir pour toutes les personnes qui croyaient en moi. Et Adonis en faisait partie, à ma plus grande surprise. Peut-être qu'inconsciemment, je ne le rejetais pas, et lui non plus. Pourtant, je ressentais une vive haine pour cet homme. Mais depuis l'annonce des scores et sa ferme intention de me sponsoriser, c'était comme si les tensions entre nous s'étaient apaisées. Une chose que j'avais du mal à réaliser, en fait. Alors je l'écoutais toujours, alors que mon corps se braquait davantage à ses paroles et ses gestes. Je m'étais bien reculé de lui, mais Adonis continuait inlassablement de se rapprocher, comme s'il refusait l'écart que je voulais imposer entre nous. Les images de cette torture me revinrent en mémoire, et j'en frissonnai de dégoût. Alors, si pour lui gagner me permettait de ne plus subir ses mauvais traitements, je reviendrais. J'en étais capable, je pouvais le faire. Je le ferais. Pour lui.

Si moi je me crispais davantage au fur et à mesure de notre conversation, Adonis lui présentait des signes de faiblesse. Le lion que je connaissais perdait peu à peu de sa prestance et de son envergure. Je n'avais limite presque plus peur de lui. Je me détendis progressivement alors que mon aîné courbait son dos et baissait la tête, de sa voix mielleuse voire mélancolique. Tenait-il tant que ça à moi ? Peut-être qu'il avait éprouvé un plaisir de domination au fin fond du district huit, lorsque la neige recouvrait encore les paysages tristes de nos origines. Pouvions-nous appeler cela de l'amour vache ? J'étais à présent droit, complètement détendu. Mais l'étonnement se lisait sur mon visage. Adonis Nightsprings paraissait tellement pathétique à cet instant précis. Je réprimais un soupir mêlé à un rire, amusé par la tournure de la situation. Puis, doucement, je comblai le fossé creusé entre nous en m'avançant de quelques pas, me retrouvant ainsi à quelques centimètres de lui. « Je ne peux pas te le promettre. » affirmai-je ensuite, glissant lentement une main dans ses cheveux sombres. Puis, je lui fis redresser sa tête en évitant de lui faire du mal, car ce n'était pas l'occasion rêvée pour cela. Non, j'étais animé par de la mélancolie. La même mélancolie qui avait frappé le chef pacificateur. Je collai mon front au sien, le forçant à poser son regard sur le mien aussi sombre que les ténèbres qui entouraient mon avenir incertain. « Mais je peux te promettre que je me battrai. Je le ferai. Pour pouvoir ensuite te casser la gueule en guise de vengeance. » Je lui offris un large sourire, sincère. J'apposai mes mains sur ses épaules afin de lui empêcher de m'échapper, de fuir ma réalité. Je serrai fermement mes doigts contre sa peau, décidant d'affronter la haine que j'éprouvais pour cet homme plutôt que de l'éviter, comme j'avais l'habitude de faire. L'amour était borgne, la haine était aveugle. La haine était l'amour qui avait sombré.

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Adonis Nightsprings
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Adonis Nightsprings
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IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Vide
MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeDim 6 Juil - 23:30

      For slavery fled,
      Oh, glorious dead,
      When you fell in the foggy dew.


    Se confronter à Yorell Moon, c'était un peu du masochisme. Il lui rappelait tout ce qu'il n'était pas, tout ce qu'il n'était plus. Quelques années en arrière, il aurait achevé le gamin sur la place public pour en faire un exemple, pour montrer que les rebelles ne pouvaient pas gagner. Peu importe qu'ils aient été actifs ou non, ils ne pouvaient pas gagner. Ils ne le pourront jamais. Le Capitole était puissant. Le Capitole était fort, en tout point. Il était partout ; dans l'eau qu'ils buvaient, la nourriture qu'ils mangeaient, l'air qu'ils respiraient. Les rebelles ne l'avaient pas compris et ne le comprendraient jamais : ils étaient impuissants, en sous-nombre face à ce géant. Tout ce qu'ils pouvaient récolter, c'était de la souffrance et de la misère en plus. Yorell n'était pas un rebelle, pas un actif du moins, mais le simple fait d'en avoir défendu une faisait de lui un complice qu'il fallait anéantir. Si les gens se mettaient, les uns après les autres, à s'insurger, à prendre la défense d'un opposant, cela se terminerait en émeute mortelle. Le peuple n'était jamais gagnant. Ils n'avaient pas encore compris... Si un dictateur tombait, un certainement bien pire prendrait sa place. Peut-être qu'un jour, les rebelles s'en rendront compte et arrêteront. Peut-être que, alors, Yorell lui pardonnera d'avoir été si cruel pour leur montrer, à Kallista et lui.

    Adonis avait du mal à pardonner. Il ne pardonnerait jamais à ses parents leur indifférence, il ne pardonnerait jamais à sa sœur d'être partie si tôt et avant lui, il ne pardonnerait pas à Hawkins d'être parti et d'avoir laissé Preston, il ne pardonnerait pas à Candria et à tous les autres de l'avoir trahi. Et par-dessus, il ne pouvait pas se pardonner à lui-même. Sa stupidité. Le fait qu'il soit aussi borné. Sa faiblesse. Sa maladresse. Il n'y arrivait pas. C'était sûrement pour ça qu'il ne pouvait se regarder dans un miroir. Sûrement pour ça qu'il ne se supportait plus. Son propre reflet le dégoutait, l’écœurait certainement plus que Yorell ne pouvait le détester. Cela se voyait ; dans sa manière de se comporter, sur les traits qui se dessinaient sur son visage et ce rire exaspéré qui s'échappait de ses lèvres. Dans d'autres temps, d'autres lieux, Adonis l'aurait plaqué au mur avec rage, lui apprenant que personne n'avait le droit de se foutre de sa gueule et de lui rire au nez. Mais c'était il y a longtemps. Il était si risible, il ne pouvait que le comprendre. Ses yeux se levèrent vers le garçon, tandis que ce dernier approchait peu à peu, jusqu'à ce qu'il puisse sentir son souffle contre sa peau.

    Le pacificateur eut un léger rictus alors qu'il soutenait son regard. Yorell Moon ne pouvait pas promettre quelque chose de la sorte mais Adonis se confortait dans l'idée qu'il le pouvait :

    " - Si, tu le peux. ".


    Lentement, les doigts du garçon se glissèrent dans les cheveux d'Adonis. D'abord surpris, il plissa les sourcils en se laissant faire. C'était étrange. Rares avaient été les personnes à faire ce geste sans conséquence. Il se retint de fermer les yeux alors qu'un frisson lui parcourut l'échine. L'espace d'un instant, il crut sentir les doigts de Silk. Mais ce n'était pas elle. Forcé à relever complètement la tête, il fixait ses yeux, prêt à le repousser si besoin. Il recherchait la proximité, la voulait, en avait besoin comme de l'air qu'il respirait mais ne la supportait plus. Elle lui était bien trop douloureuse, bien trop difficile, lui rappelait tout ses faux pas, tout ce qu'il avait raté. Il eut un léger mouvement de recule, une peur presque animale. La peur de souffrir à nouveau de la chaleur humaine. Il n'eut pas le temps de trop bouger que le front du garçon se posa contre le sien. Le regard vague, les yeux exorbités, il était perdu. C'était trop près, bien trop près, il avait du mal à respirer et voulait le pousser, loin, très loin. Yorell lui rappelait à quel point il était faible et ses mots humiliants ne faisaient que l'en persuader. Ses mains qui s'enfonçaient dans ses épaules, ses yeux noirs avec leur flamme...

    " - Le contraire m'aurait étonné. ".

    Comme pour se donner un minimum de consistance, Adonis s'autorisa un sourire :

    " - J'espère bien qu'en sortant vainqueur des Jeux, tu puisses réaliser tous tes rêves. ".

    Spécialement celui de lui éclater la gueule. C'était peut-être ce qu'il attendait, après tout. Mourir sous les coups d'une personne qui lui accordait une once d'importance. Même si elle cette importance se trouvait être destructrice. Tant pis. C'était tout ce qu'il méritait. Et si au moins quelqu'un pouvait le tuer avec ne serait-ce qu'un peu d'amour, ça lui allait. Ça lui allait...

    " - N'oublie pas ça. Cette haine, qui t'anime. Ne l'oublie pas. Pense-y lorsque tu seras dans l'arène. Elle sera salvatrice. Nourris-toi de ça. Pense à tes doigts autour de mon cou et de ce que tu pourras me faire, lorsque tu t'en sortiras. ".

    A nouveau ce frisson qui lui brûlait le corps, il s'approcha un peu plus du garçon, penchant à peine la tête pour la nicher dans le creux de son cou :

    " - Pense à l'arène et au fait que ce ne sera qu'un échauffement pour ce que tu feras plus tard avec moi. ".

    Ses lèvres proches de son oreille, il n'avait même pas remarqué à quel point sa voix s'était éteinte.
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Yorell T. Moon
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Yorell T. Moon
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△ âge du personnage : dix-sept ans pour l'éternité
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MessageSujet: Re: IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.    IV, 2 - I hate everything about you - Yorell.  Icon_minitimeJeu 10 Juil - 17:51

I hate everything about you

C'était probablement la dernière fois que je voyais Adonis Nightsprings. L'homme que je détestais le plus au monde. Lui et sa mine déconfite, lui qui n'était plus que l'ombre de lui-même. Je ne savais pas ce qu'il lui était arrivé pour ne devenir plus qu'un corps articulé. Son esprit semblait ailleurs. N'avait-il aucune fierté ? Oui, je l'avouais: il me faisait littéralement pitié. Et même avec ce désir de vengeance dans mes entrailles, je ne parvenais pas à me résoudre de le faire souffrir comme lui l'avait fait pour moi. Pas pour l'instant du moins. Voilà pourquoi cette entrevue restait des plus calmes, aussi surprenant que cela pouvait paraître. Ce qui était d'autant plus étonnant, c'était la proximité dont nous faisions preuve. Je pouvais clairement sentir son souffle sur mon cou, ce qui m'arrachait des légers frissons, comme si je redoutais un retournement de situation imprévu. L'instant où le chef pacificateur retrouverait son zèle et me plaquerait contre le mur pour me remettre dans le droit chemin. Parce que je m'étais clairement moqué de lui et de sa faiblesse. Mais au lieu de cela, il crachait son venin qui ne pouvait m'être que bénéfique. Car c'étaient des mots d'encouragements. Il voulait me voir gagner. Il voulait que Snow appose sa couronne sur le sommet de mon crâne. Il voulait que je survive à l'enfer qu'était l'arène. Et pour cela, il fallait que je me nourrisse de la haine profonde que j'éprouvais pour cet homme, lui. Adonis Nightsprings. Alors pour cette dernière discussion entre nous avant de me jeter dans la gueule du loup, je comptais bien enregistrer chaque regard, chaque mot et chaque geste que nous échangions. Je le savais, je m'en rendais bien compte: je devais avoir la rage de vaincre. Je pouvais compter sur la rancœur que j'éprouvais pour ce type pour garder les pieds sur terre. Alors imaginer tout ce que je voulais lui faire subir allait-il être suffisant pour survivre ?

Je détendais peu à peu mes mains sur ses épaules, ne lui empêchant plus à présent de vouloir s'écarter de moi. Je sentais ses lèvres à quelques centimètres de mon oreille, tandis qu'il me confortait dans l'idée que mon désir de vengeance allait me permettre de m'en sortir, du moins plus longtemps que les autres. Les autres tributs. Qui savait de quoi ils étaient capables. Là était bien le problème: je n'étais pas seul dans cette épreuve. Vingt-trois autres gamins voulaient absolument s'en sortir, tout comme moi. Survivre n'allait pas être facile, pas du tout facile même. Je détachai mes mains de ses épaules, décollant mon front du sien. Je réajustai mes cheveux, réinstaurant un minimum de distance entre nous. Le silence emplissait de nouveau ma chambre, tandis que mon regard confrontait aisément le sien. C'était bizarre, mais je me sentais moins intimidé par Adonis. En même temps, en éprouvant de la pitié pour lui, il m'était difficile de le craindre désormais. J'étais plus animé par la haine que par la peur. La peur, elle, m'avait quitté depuis bien longtemps désormais. J'avais encore le plus dur à affronter, et Adonis était si dérisoire à côté des dangers de la mort.

« Je t'ai accordé bien plus que deux minutes. Tu peux partir maintenant. » annonçai-je ensuite pour briser le silence. Je me décalai sur le côté, avançant d'un pas pour me retrouver à sa hauteur, le regard rivé sur la baie-vitrée de ma chambre, d'où je pouvais admirer la richesse débordante de la capitale. Je décidai de m'y rendre, dos à mon interlocuteur. Dos à mon passé de torturé sous les coups du diable assagi. Je glissai mes mains sur mes bras, posant ma tempe contre la vitre transparente. Je finis même par déposer tout mon corps sur cette vitre, le gilet débraillé par la pression que j'exerçais sur le verre. Je refis ainsi face à Adonis, ou plutôt au dos d'Adonis, soudain intéressé de nouveau par sa présence. « Merci. Merci de croire en moi. » confessai-je dans un sourire narquois dessiné sur le coin de mes lèvres. Quelque part, au fond de moi, je n'avais pas envie qu'il parte. Il était peut-être l'unique homme à me faire garder les pieds sur terre, pour la haine que j'éprouvais à son égard. C'était évident, j'avais besoin d'Adonis Nightsprings dans ma vie. Pas pour sa simple présence, mais pour l'effet qu'il me procurait: mon cœur qui s'assombrissait à chaque pensée violente que j'avais à son égard. Lui qui avait heurté ma fierté. Mais putain, qu'est-ce que j'avais besoin de lui dans ma vie. Allait-il prendre la porte, comme je le lui avais incité il y avait quelques secondes ? Je me devais de le regarder encore une fois. Rien qu'une fois. Imprimer son visage dans ma mémoire. Décalquer son corps dans mon esprit. Et m'imaginer tout ce que je ne serais jamais capable de lui faire.

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