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 strange birds. (elyas)

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strange birds. (elyas)  Vide
MessageSujet: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeMar 26 Aoû - 18:27

Strange Birds ∞
La tournée des vainqueurs. Ce moment censé être réjouissant où le vainqueur des Hunger Games passe dans chaque district déblatérer un discours que le capitole à écrit. En vérité, j'en sais rien, mais je suppose que c'est comme ça que ça se passe. Le capitole a toujours mis un point d'honneur à tout contrôler. Il suffisait de voir toutes les caméra qui - pour l'occasion - avaient envahi la grand place. Tout ça en l'honneur de la petite rouquine de l'an dernier, Prudence Thornfield. Dis comme ça, on dirait presque que je suis condescendante ... Blasée. Ce serait plus exacte. Je suis blasée. Peut-être la faute au froid qui engourdit mes doigts ? Non, cela je le remarque  à peine. Petite, mes parents n'avaient de cesse de me dire que j'étais une fille du froid. La neige, la glace, les températures basses, rien de tout ça ne m'avait jamais dérangé. Au contraire, j'avais dû apprendre à supporter la chaleur. Cela n'empêchait que la tournée des vainqueurs figurait dans mes moments préférés de l'année. Pourquoi alors que j'en semble pourtant si blasée ? Déjà, parce qu'elle se déroule en hiver. Puis, parce que ça amène quelques braves capitoliens au district, ceux qui accompagnent le vainqueur des jeux. Ce n'est pas une espèce que j'affectionne tout particulièrement, ce serait même l'inverse, mais la plupart ne sont franchement pas très malins. Ou plus exactement, ils vivent tellement éloignés des réalités des districts que c'en est presque risible. Surtout pour une fille comme moi. L'année dernier - ou celle encore avant, à force je finis par les mélanger -, j'étais tombée sur une espèce de styliste un peu allumé qui avait cru judicieux de s'aventurer seul dans les rues de la ville. Quand il m'avait vue, il s'était mis à me plaindre à cause de mes joues creusées, et de mes cheveux emmêlés. Pas de "pauvre enfant, tu as l'air affamée" non ... juste une réflexion comme quoi je serais plus jolie correctement coiffée. Merci monsieur, c'est sûr que ça va me sauver la vie d'avoir des plumes d'oie coincées dans un chignon. J'avoue avoir mis un certain temps de réaliser l'origine de sa désolation, avant d'éclater de rire. C'était tout ce que j'avais trouvé à faire. Ç'avait été à son tour de ne pas comprendre. Parfois je me dis que ces drôles d'oiseaux seraient à eux seuls une bonne raison d'aller au capitole.

Pour l'occasion, j'avais décidé de traîner autour de la gare. Le froid piquait mes joues, les rendant rouges, me donnant l'air plus jeune. Pourtant, sur le moment, mon regard ne tromperait personne. Je suis telle un animal, tous les sens en alerte. Aujourd'hui, je suis plus fébrile que les autres jours. C'est souvent le cas en hiver. Le désavantage de cette saison, la mort de mes parents. C'est souvent la période choisie par mes cauchemars pour refaire surface, pour me rappeler que onze ans plus tôt, le sang avait coulé sur mon gâteau d'anniversaire. Comme si cela était nécessaire. En général, j'essaie d'échapper à ces rêves en restant éveillée, en pensant à toutes sortes de choses de telle manière à ne pas entendre les cris de ma mère résonner dans ma tête. Rien que d'y penser, une vague de fatigue me submerge, et je me permets de m'appuyer contre un mur, mains dans les poches, la tête rejetée en arrière. Mes cheveux blonds coincés dans mon col garde ma gorge au chaud, alors que la veste que j'ai "emprunté" à l'horrible sorcière qui gère le foyer est la plus chaude que j'ai jamais eu. Elle est un peu grande pour moi, c'est vrai, mais la harpie ne rentre de toute façon plus dedans. J'observe un instant le ciel cotonneux, luttant contre l'envie de me rouler en boule dans un coin et de m'endormir. Pas sûre que ce soit fondamentalement une bonne idée. Et si je rentre à cette heure, je vais devoir supporter les gosses qui braillent. Je suis l'une des plus âgées, c'est normalement à moi de m'occuper des plus jeunes. Comme je rapporte de l'argent, de la nourriture, et d'autres babioles au foyer - dont personne ne me demande jamais l'origine - on me fout la paix. Le foyer est l'un des seuls endroits où je ne joue pas la comédie de la pauvre orpheline esseulée. En même temps, j'y suis entourée de cas similaires, parfois même pire. Des gamins courageux qui prennent la vie avec le sourire malgré tout. J'attends de voir le jour où tous leurs espoirs s'effondreront. Enfin, si je suis encore là pour le voir.

Je finis par me reprendre, après avoir secoué légèrement la tête, tentant d'échapper au sommeil. Il y avait bien mieux d'intéressant à faire que dormir quand un bout du capitole s'invitait au district. Ma deuxième activité préférée - après rire des plus grotesques d'entre eux - était de leur dérober quelques biens. Comme ça, discrètement, ni vu ni connu. De toutes façon, ils en avaient suffisamment, alors ils pouvaient bien faire preuve d'un peu de générosité non-consentie. Je jette un regard autour de moi, observant les cibles éventuelles. Il s'agit de d'abord reconnaître ceux du capitole. J'ai une mémoire horrible en matière de noms, mais je n'oublie jamais un visage, ce qui me facilite considérablement la tâche. Je passe derrière les gens, me faufile, m'excuse, dérobe au passage bracelet, boutons de manchettes, bagues de phalange parfois. Tout ça, je le ramènerai à la sorcière du foyer. J'ignore ce qu'elle en fait, mais c'est la condition pour être tranquille. J'entasse mon butin dans ma besace, à moitié dissimulée sous mon blouson. Je repère alors une montre, qui m'a tout l'air en cuir, au tour d'un poignet musclé. La personne est de dos. C'est un homme, assez grand, suffisamment pour me cacher toute entière. Je me glisse, et tente de défaire le fermoir sans me faire prendre. Soudain, le poignet - et le bras tout entier en vérité - se met à bouger. La fuite c'est par où ? Droite ? Non, pacificateurs. Gauche ? Non, noyau de capitoliens cancanant. Et me mettre à courir sans raison sans une foule relativement dense, ça ferait suspect. L'envie de me faire fouiller me manque, je l'avais, surtout avec tous mes bijoux sur moi. On dirait bien que j'ai merdé.
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Reed Emerson
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Reed Emerson
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△ à Panem depuis le : 09/01/2013
△ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion.
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeSam 13 Sep - 15:58

La Tournée du Vainqueur n’était rien de plus qu’une mauvaise blague. Pas de celles qui, malgré leur médiocrité, vous donnaient quand même envie de rire, mais plutôt de celles qui vous faisaient monter les larmes aux yeux de dépit. A mi-chemin entre les Jeux précédents et ceux à venir, elle était un rappel constant et cruel de la toute Puissance du Capitole, et de son inexhaustible rancune. A cette époque de l’année, cela faisait tout juste six mois qu’un adolescent sorti de nulle part avait été couronné, acclamé par les foules et élevé au rang de divinité vivante, parce qu’il était le seul survivant d’un massacre télévisuel mis en scène pour la distraction des élites de ce pays. Souvent, il avait tué pour s’en sortir, il avait frappé à mort des tributs qui méritaient de vivre autant que lui, sinon plus. Puisque nous le savions tous au fond de nous-mêmes, le tribut qui remportait ces Jeux n’était jamais le plus recommandable. Au Neuf, le meurtre d’enfants était puni de la peine capitale, et j’imagine qu’il en allait de même dans les autres Districts, sauf au Capitole, où assassiner des gamins innocents vous rendait riche et célèbre jusqu’à la fin de votre vie.

Six mois, c’était à peine le temps qu’il nous fallait pour surmonter les atrocités que nous avions tous vécues dans l’Arène. Nous commencions tout juste à réapprendre à vivre que déjà, on nous replongeait brutalement dans un passé que l’on s’efforçait d’oublier par tous les moyens. District après District, on saluait et on souriait jusqu’à en choper des crampes, sous les applaudissements forcés d’une foule secrètement hostile. On faisait semblant d’être heureux de nous trouver sous les feux des projecteurs, tandis que le public faisait semblant de nous aimer ; tout ici était feint, il n’y avait que le Capitole pour ne pas s’en apercevoir. A moins qu’il ne s’en accommode parfaitement.

Quand Prudence m’avait demandé de l’accompagner dans cette épreuve, je n’avais pas hésité un seul instant, conscient qu’elle aurait plus que jamais besoin de mon soutien. Deux semaines durant, on ne manquerait pas de lui rappeler qu’elle avait survécu aux Jeux au détriment de son jumeau, qui avait poussé son dernier soupir dans ses bras. Quand je l’avais rencontré quelques temps après sa Victoire, elle tentait de faire bonne figure, mais je savais que la perte de son frère – pire encore, de sa moitié – l’avait beaucoup plus dévastée qu’elle voulait bien le montrer. Le Capitole lui avait tout volé, jusqu’au droit le plus élémentaire de pleurer son frère. Ca m’avait pris des mois pour la remettre sur pieds et aujourd’hui, tous mes efforts allaient voler en éclats et j’allais devoir à nouveau la ramasser à la petite cuillère. Prudence était forte, plus forte qu’elle ne le pensait elle-même, mais quiconque à sa place s’effondrerait pour moins que ça. Ces salauds prenaient un malin plaisir à la briser toujours un peu plus, juste pour lui rappeler qu’elle leur appartenait. Qu’elle n’était qu’une marionnette entre leurs mains, et que c’était eux qui tiraient les ficelles. Il en allait de même pour chacun d’entre nous.  

Cela faisait à présent neuf jours que cette mascarade battait honteusement son plein. Je m’étais glissé dans son équipe de préparation et passait inaperçu depuis le début de cette Tournée, parce qu’il aurait été malvenu de m’afficher avec elle sur le devant de la scène et de lui voler la vedette. J’avais déjà eu mon instant de gloire, par le passé. Chacun son tour. A notre sortie du train, Prudence avait été entraînée par son équipe de préparation jusqu’ l’hôtel de ville, et comme à chaque fois, j’en profitais pour visiter un peu le District qui nous recevait, puisque je n’avais pas eu l’occasion de le faire lors de ma propre Tournée, trop occupé à obéir au doigt et à l’œil à leurs moindres directives. Je rabats le col de ma veste contre mon cou pour me protéger de ce vent glacé qui soufflait sans discontinuité depuis notre arrivée, mais qui n’était rien en comparaison des températures hivernales du Neuf, qui tuait plus efficacement que la faim et les Pacificateurs réunis. Le Neuf me manque. Et puis,  une petite voix me souffle insidieusement que ce n’est pas de mon District natal que je me languis, mais du Capitole, et je ressens une bouffée de honte m’envahir quand je comprends qu’elle ne se trompe pas. Mais je n’ai pas le temps de m’épancher davantage sur la question, car je sens une pression sur mon poignet, légère mais vive, suffisamment pour réveiller mes instincts de survie d’ancien tribut. Je me retourne aussitôt pour attraper à mon tour, fermement mais sans brutalité, le poignet de mon agresseur. Une jeune fille, d’à peine dix-huit ans. A son allure, je comprends rapidement qu’elle dépouille les gens de leur bien au milieu de la foule et qu’elle a tenté de me voler ma montre ; à son air surpris, je devine qu’elle n’a pas l’habitude de se faire prendre la main dans le sac. Je ressers ma prise autour de son poignet délicat, et pose ma main libre sur son épaule, comme deux amis qui se retrouvent. Avec le temps, je suis passé maître dans l’art de sauver les apparences.  

« Donne-moi une bonne raison de ne pas te livrer au Pacificateur. », je menace la jeune fille qui a eu la très mauvaise idée de me prendre pour cible de ses larcins.
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeSam 20 Sep - 22:31

Je ne suis pas assez prudente, c’est l’un de mes défauts. Ou plus exactement, je suis trop confiante, trop sûre de moi. Évidemment, il fallait bien que ça me retombe dessus un jour. J’observe le visage de l’homme, restant interdite face à lui. Ses traits me sont familiers, mais sans plus. Néanmoins, il n’est pas du capitole, je pourrais le jurer. Pas assez extravagant, pas assez maquillé, pas assez physiquement modifié comme ces clowns de la capitale. Je me mets à réfléchir, j’essaie de faire ça rapidement. Je pourrais essayer de m’échapper, mais ce serait inutile, sa poigne est bien trop ferme. Je suis tentée de jouer les malheureuses, et c’est probablement ce que j’aurais fait s’il n’avait pas réussi à sauver les apparences d’une façon tout à fait remarquable. Pourrais-je réellement lui faire gober que je n’ai rien d’une criminelle ? Sérieusement, je n’avais aucune chance. Je laisse s’échapper un léger grognement en m’en rendant compte, comme un animal mis en cage. C’était bien de cela dont il s’agissait, je n’avais aucune issue. Mes sourcils se froncent légèrement sous la pression. « Donne-moi une bonne raison de ne pas te livrer au Pacificateur. » C’est bien simple : il n’y en a aucune. Et il en a très probablement conscience. Pourtant, il était encore là à maintenir mon poignet en place. J’essaie de m’extirper de sa prise, pur réflexe totalement stupide. Une bonne raison, il me faut seulement une bonne raison. Mais je n’en ai aucune. « Tu livrerais réellement une gamine à des pacificateurs en sachant le sort qu’ils lui réservent ? » Ok, c’est de ma faute si j’en suis là, mais il faut reconnaître que les sanctions prodiguées pour des larcins même d’importance tout à fait mineure sont tout à fait exagérées. Après, il se trouve au milieu de capitoliens, donc il partage probablement leurs idées. Auquel cas ça ne fait pas mes affaires. Mais ça a toujours été comme ça dans le deux, j’ai toujours dû me confronter à des gens aux idéologies contraires à la mienne. C’est notamment à cause de ce genre d’idées que sont morts mes parents, alors qu’ils n’avaient rien demandé à personne. Si je hais autant le capitole et tout ce qu’il représente, c’est sans doute car je n’ai de cesse de l’associer aux souvenirs que je garde de mon cinquième anniversaire. Au sang. Aux larmes. À la peur que j’ai ressentie en voyant les hommes en armure blanche m’enlever tout ce que j’avais. Néanmoins, rares sont les personnes totalement insensibles, il suffit de trouver leur point faible, et c’est là-dessus que j’essaie de me concentrer. Enfin, là tout de suite, j’essaie surtout de garder mon calme, ce qui est loin d’être évident quand on sait le sort qui m’est potentiellement réservé.

Je le détaille un instant du regard, il doit avoir la vingtaine d’années, mais pas beaucoup plus. Grand, plutôt musclé, le genre que je pourrais trouver séduisant si seulement il n’était pas en train de me causer un bleu sur le poignet. Puis, je dois bien l’admettre, le fait de m’être fait prendre n’a pas tendance à me mettre dans de bonnes dispositions. Pourtant, me refrogner et me mettre sur la défensive ne me parait pas approprié. Surtout qu’au final, il n’a rien fait de mal. Enfin, plus facile à dire qu’à faire. Bizarrement, je n’ai plus froid, et je pourrais même sentir la sueur perler dans mon dos. Et si je le suppliais ? Non, hors de question que je m’abaisse à cela. À l’inverse, quand bien même tout mon cœur me hurle de m’éloigner, je me rapproche afin d’être sûre que personne ne me voie sur la défensive, ni même ne m’entende « On peut probablement s’arranger ? Il n’y a pas mort d’hommes après tout … » Je penche la tête sur le côté, laissant s’échapper quelques mèches de mon col qui viennent encadrer mon visage avec délicatesse. Je plante mon regard dans le sien, tâchant de paraître le plus naturelle possible. J’ignorais quel genre de spectacle j’étais en train d’offrir, mais toute ma vie n’avait jamais été qu’un jeu de rôle, et voilà que j’ajoutais un personnage à mon éventail. Essayer d’avoir l’air d’une femme plutôt que d’une petite fille me change, bien que ça ne soit pas fondamentalement désagréable. Je finis par rajouter avec un petit sourire « Par contre, si tu pouvais me lâcher … je ne sens quasi plus mes doigts. Et je ne risque pas de m’enfuir, ne t’en fais pas. » Comment le pourrais-je de toute façon ? C’était impossible, il y avait bien trop de monde, trop de pacificateurs à l’affût. Et il devait probablement le réaliser, à moins qu’il ne soit idiot. Ce qu’il n’était pas, j’en suis à peu près certaine.

La survie a toujours été mon objectif principal, et présentement je suis tout bonnement prête à tout pour échapper au bordel que j’ai créé. Mentir, tricher, jouer, qu’importe du moment que demain, je puisse contempler le lever du soleil, et goûter ses rayons sur ma peau. C’est mon seul plaisir, le seul instant de la journée où je parviens réellement à déconnecter de la réalité. Or, je ne crois pas que c’est une faveur que me feront les pacificateurs si le petit futé que j’ai sous les yeux – enfin, petit … tout est relatif – me livre pour mes crimes. Mon crime même. Pour une montre. Dont il n’en a certainement que faire. Mince quoi, c’est la tournée des vainqueurs, il sera quand même au un dans quelques jours !
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeDim 12 Oct - 0:43

La fille n’essaye même pas de se débattre ; peut-être est-ce la peur qui la paralyse, ou peut-être a-t-elle compris que cela ne servirait à rien. L’étau qui lui enserre le poignet lui interdit tout mouvement de recul, et s’agiter ne ferait qu’attirer l’attention des nombreux Pacificateurs présents pour l’occasion. Prise au piège, elle darde sur moi ses iris azurés, et nous sommes si proches l’un de l’autre que je peux sans peine deviner dans ses grands yeux clairs toutes sortes d’émotions se succéder. La stupeur, d’abord, de s’être fait prendre la main dans le sac, l’inquiétude, ensuite, de savoir ce qui allait lui arriver et enfin la panique, quand elle comprend qu’elle ne va sûrement pas s’en tirer à si bon compte.

« Tu livrerais réellement une gamine à des Pacificateurs en sachant le sort qu’ils lui réservent ? », me demande-t-elle d’une voix plus calme qu’elle ne doit l’être en réalité. J’hausse les épaules avec cette nonchalance qui m’est propre, avant de lui répondre : « Crois-moi, j’ai déjà fait bien pire. » Tuer de sang-froid des gamins dans une Arène, oui, ça c’était considérablement plus horrible et plus immoral que de dénoncer une voleuse aux autorités compétentes. Qu’y avait-il de mal à cela ? J’étais pleinement dans mon bon droit. Je suis à peu près certain qu’elle n’a pas reconnu en moi le Vainqueur des 71ème Jeux de la Faim, et qu’elle doit probablement me prendre pour un simple Capitolien en vadrouille. J’en profite pour la détailler un peu plus attentivement ; jeune mais débrouillarde pour son âge (à en juger par sa besace pleine de ses rapines), c’est probablement une fille des quartiers pauvres, qui n’a d’autre choix que de voler pour subvenir à ses besoins. Est-ce que son histoire me touche ? Non. J’ai cessé de me préoccuper de la misère du monde il y a déjà bien longtemps. Ceci dit, il y a un petit quelque chose chez elle qui me rappelle Kathleen, même si je ne saurai pas exactement dire quoi. Peut-être cette petite lueur de défi dans son regard,  à moins que ce ne soit son allure volontaire, ou peut-être tout simplement son refus de s’apitoyer, de s’abaisser à quémander ma pitié. Allez savoir, mais cette fille me plaisait bien.

« On peut probablement s’arranger ? Il n’y a pas mort d’hommes après tout… », continue-t-elle pour essayer de m’amadouer. Je rêve ou cette jeune fille à peine majeure est prête à me faire des avances pour sauver sa peau ? Hm, on dirait que cette petite conversation vient de prendre une tournure intéressante qui n’est pas pour me déplaire. Tu veux jouer, ma fille ? Alors on va jouer. « Par contre, si tu pouvais me lâcher… Je ne sens quasi plus mes doigts. Et je ne risque pas de m’enfuir, ne t’en fais pas. » « Oh ça non, tu ne risques pas, en effet. Allons faire un tour, ma chérie. », je lui propose, mais il est évident qu’elle n’a pas tellement le choix que celui de me suivre. Je passe mon bras autour de son épaule comme deux amants, et l’entraine à l’écart de la foule, en veillant  toutefois à ce qu’elle ne cherche pas à s’enfuir. Je serai plutôt frustré d’être ainsi privé de ma distraction du jour ! Je l’entraine ensuite dans une ruelle sombre, à l’abri des regards, qui se termine en cul-de-sac. Parfait, comme ça, elle ne pourra pas jouer les filles de l’air et m’échapper. « Alors, ce petit arrangement ? », je la questionne en m’approchant dangereusement d’elle, prêt à parer le moindre de ses coups. Bon ok, je voulais simplement lui faire un peu peur, lui faire croire qu’elle était tombée sur un détraqué sexuel et m’amuser avec elle comme le chat avec sa proie pour lui donner une bonne leçon. Elle avait essayé de me piquer ma montre, c’était de bonne guerre, non ? « Comment ça se fait que tu sois encore habillée ? », je fais mine de m’étonner, en lui attrapant de nouveau le poignet, mais l’autre, cette fois-ci. « Allez trésor, vire moi ces fringues, qu’est-ce que tu attends ? », je renchéris en tentant de garder mon sérieux. « Plus vite que ça, je suis pas très patient. »
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeDim 12 Oct - 21:50


Toutes sortes d'informations se bousculent dans ma tête. Je n'arrive pas réellement à les restituer. J'essaie de comprendre la situation, sans y parvenir complètement. Je ne fonctionne qu'à l'instinct de survie, tout semblant de réflexion a disparu. Tel un animal qui tenterait de sauver sa peau devant le chasseur. Si la vie avait suivi son cours, si j'avais eu une enfance normale, je n'aurais certainement pas été dans ce genre de situation. Non, ce n'était pas normal d'avoir à voler pour survivre. Aujourd'hui, cette technique risquait au contraire de me coûter la vie ... Etais-je réellement censée me laisser mourir de faim afin de contenter tout le monde ? Hors de question, j'allais me battre. C'est la seule chose que je savais, et après tout, au diable le reste. Il a déjà fait bien pire que de livrer une gamine à la mort alors qu'elle tâchait de survivre ? J'en doute. J'ignore pourquoi, mais je ne veux pas croire que l'homme qui se tient devant moi soit aussi fondamentalement mauvais ... s'il l'étais, je serais déjà morte. Néanmoins, mes lèvres se retroussent en une sorte de sourire « Tu commences à m'intéresser ... » Au pire, il se braque.

« Oh ça non, tu ne risques pas, en effet. Allons faire un tour, ma chérie. » Mon sang se glace. J'ai l'impression de sentir une baffe s'abattre sur mon visage tandis qu'il passe son bras autour de mes épaules. Je tente de ne rien laisser paraître de mon coeur qui s'affolle, mais il doit probablement me sentir crispée. Oh et puis zut, qu'il s'en rende compte tiens, ça me fait une belle jambe. Finalement, peut-être bien qu'il est totalement détraqué, et c'est bien ma veine. J'espèrais que de me voir prête à tout lui suffirait, mais non, il faut que ce goujat en profite. Bon, ça aussi je l'avais cherché, mais quand même. Je garde le silence, les dents bien trop serrées que pour laisser s'échapper le moindre bruit. « Alors, ce petit arrangement ? » Parce qu'il est sérieux en plus ? Il faut à tout prix que je gagne du temps, sauf que je ne suis absolument pas experte de ce genre de situation. Je regarde à gauche, et à droite : ruelle déserte, cul-de-sac, merde. Merde. Merde. Et re-merde. Voilà qui m'apprendra tiens. Hors de question que je me laisse avoir pour autant « Comment ça se fait que tu sois encore habillée ? » Parce qu'il fait froid tiens, idiot. « Allez trésor, vire moi ces fringues, qu’est-ce que tu attends ? » Cette fois-ci, mon deuxième poignet finit prisonnier. Chouette, au moins mes bleus seront symétriques. C'est gentil de sa part de s'en soucier. J'essaie de reprendre mon calme, de me détendre, de sourire même. Je ne sais pas comment je fais, mais j'y arrive. « Plus vite que ça, je suis pas très patient. » « Ssshhh » Je pose mon index sur ses lèvres, tout en me dandinant. « J'ai essayé de te voler ta montre ... » commencé-je à susurrer alors que mon doigt dessine le contour de sa mâchoire pour venir se perdre sur sa gorge « À toi d'essayer de me voler mes vêtements » C'était de bonne guerre après tout, non ? Il ne m'avait pas laissé prendre sa montre, pourquoi lui faciliterais-je la tâche ? En dehors du fait qu'il pouvait toujours me renvoyer aux pacificateurs. Néanmoins, je suis mineure, et on l'a vu m'emmener tel deux amants vers une ruelle, je doute que ça joue en sa faveur. Je me hisse sur la pointe des pieds et l'embrasse. Sans crier gare. Juste un baiser de rien du tout, qui n'a pour d'autre but que de le déstabiliser. Heureusement néanmoins que je n'accorde pas d'importance à ce genre de chose, sans quoi paie ton romantisme. Embrasser un gars qui vous presse pour vous foutre à poil ... alors qu'il fait un froid de canard ... Qu'est-ce que je n'aurai pas déjà fait pour sauver ma peau. Toujours est-il que,  dans un même mouvement, je libère mon poignet et fait quelques pas en arrière. D'une certaine façon, la situation finit par m'amuser. J'ai des chances d'y passer, mais ça a le mérite d'être amusant. M'aurait-il cogné à la tête sans que je m'en rende compte ? « Oh et, pas la peine de me plaquer à terre pour me violer, ou que sais-je, t'as bien choisi ta ruelle. » Trop bien, fichtre. Je me retourne vers le fond, m'étirant au passage. Je lui tourne délibéremment le dos (de toute façon, au point où j'en suis), mais je reste attentive au moindre bruit. Au moins, je suis loin des pacificateurs, ce qui est une bonne nouvelle. En partant sur la droite, y a surement moyen de pouvoir m'encourir sans éveiller les soupçons. Mais encore faudrait-il que j'arrive à duper mon cher camarade ... Note à moi-même : ne s'en prendre qu'à des femmes à perruque colorée la prochaine fois, au moins leurs haut-talons les empêche de courir.
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeJeu 18 Déc - 10:53

« Ssshhh » me souffle-t-elle en  posant son index sur mes lèvres pour m’empêcher de parler, avec une assurance qui me déstabilise.  J’hausse un sourcil, surpris par la tournure de la situation. N’était-elle pas censée être pétrifiée de peur à l’idée de se faire sauter dans une ruelle glauque par un parfait inconnu ? A mois que l’idée ne lui plaise ? Je voulais simplement m’amuser un peu avec elle, lui faire croire qu’elle était tombée sur un détraqué afin de lui donner une bonne leçon, mais de toute évidence, je me retrouve dans la position délicate de l’arroseur arrosé. Visiblement, c’était elle la détraquée. C’était bien ma veine. « J’ai essayé de te voler ta montre… A toi d’essayer de me voler mes vêtements. », me provoque-t-elle en laissant courir son doigt le long de ma mâchoire, avant de se perdre sur ma gorge, dans un geste d’une sensualité désarçonnante. Cherche-t-elle à gagner du temps ou suis-je vraiment à son goût ? Et quel âge pouvait-elle bien avoir ? J’étais certain qu’elle était à peine majeure, ce qui faisait de moi, n’ayons pas peur des mots, un pédophile. Et alors que je croyais être au bout de mes peines, sans me laisser le temps d’émettre une quelconque objection, là voilà qui m’arrache un baiser volé. J’en suis tellement stupéfait que je manque de m’étrangler, mais je me ressaisis aussitôt pour ne pas qu’elle s’aperçoive de mon embarras ; je n’allais tout de même pas lui laisser cet avantage.  Ceci dit, elle réussit à se libérer de mon étreinte et je comprends que son petit cinéma n’était qu’une simple diversion. Maligne, cette gamine. Prête à tout pour arriver à ses fins, et elle n’a vraiment pas froid aux yeux. Ni ailleurs, visiblement. Je ne peux m’empêcher de penser qu’elle aurait toutes ses chances dans l’Arène si elle venait à être moissonnée un jour. Oui, elle commence vraiment à me plaire.

« Oh et, pas la peine de me plaquer à terre pour me violer, ou que sais-je, t’as bien choisi ta ruelle. », maugrée-t-elle, avant de s’éloigner en me tournant le dos. Je me rapproche d’elle, bien décidé à jouer encore un peu avec ses nerfs avant de lui dévoiler la supercherie. La dépassant d’une bonne tête, je viens me coller derrière elle et passe ma main dans ses longs cheveux blonds. « Tu joues à un jeu dangereux… Tu ne sais même pas à quel point. », je lui murmure au creux de l’oreille, tout en laissant glisser deux doigts le long de son dos. Mais cette proximité me trouble plus que de raison et je décide de mettre un terme à ce jeu ridicule. Je pose ma main sur son épaule et la force à se retourner vers moi, avant de reculer de quelques pas. Je fouille dans les poches de mon pantalon de costume impeccablement coupé, et en ressors une petite liasse de billets que je lui tends. Pour moi, ce n’est pas grand-chose, mais pour elle, c’est sûrement plus qu’elle n’en a jamais tenu entre ses mains. Peut-être même pourra-t-elle tenir des mois avec cet argent. « Prends-ça. T’y gagnes au change, ma montre n’a pas beaucoup de valeur, mais j’y tiens beaucoup. » C’était celle de mon père, je l’avais retrouvé dans ces affaires après sa mort. Autant dire qu’à mes yeux, elle n’avait pas de prix.

Je m’assois ensuite tranquillement sur une caisse en bois qui trainait dans la ruelle. « C’est dangereux ce que tu fais, tu sais. Tu pourrais tomber sur des fous furieux. Je sais que l’occasion était trop belle, mais évite de t’en prendre à des Capitoliens à l’avenir. », je lui conseille. « Ce sont des Dieux sur Terre, tu risques la mort si tu t’en prends à eux. Heureusement que je ne suis qu’un bouseux de District. Au fait, moi c’est Elyas. », je me présente, m’attendant à ce qu’elle en fasse de même.
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeLun 19 Jan - 22:25

Toutes ces pensées qui se bousculent dans ma tête commencent à me donner la migraine. Il fallait vraiment que je sorte de là rapidement, sinon je risquais de complètement perdre la boule. Mais les bruits de pas dans mon dos me font stopper net, pendant que je déglutis. Le corps de l'homme se place dans mon dos, diffusant une chaleur que je ne saurais pas réellement qualifier d'agréable. Que fallait-il donc que je fasse pour qu'il me laisse partir ? Oh, j'avais bien une petite idée, mais celle-ci me répugnait un peu trop pour que je l'admette sans ciller. « Tu joues à un jeu dangereux… Tu ne sais même pas à quel point. » Sans me retourner, je me surprend à susurrer avec une assurance que je ne me connaissais pas « C'est ce qui rend le jeu intéressant ... » Oui enfin, ça c'est juste pour la forme. Dans le fond, le danger je préfère l'éviter, histoire de prolonger mon espérance de vie. Mourir jeune, ça a quelque chose de triste, de romanesque, de dramatique, mais je préfère éviter le spectaculaire en la matière. Finalement, c'est un sentiment de soulagement, mêlé à de l'incompréhension lorsque l'homme recule de lui même, en me faisant pivoter sur moi-même. Au début, je le regarde, méfiante, sur mes gardes. Quel mauvaise surprise peut-il bien me réserver. Rien d'autre qu'une liasse d'argent ... pourquoi faire ? Pour me taire ? Comme si j'avais intérêt à parler... Les événements m'échappent de plus en plus, et Dieu sait à quel point je déteste ça. Finalement, ce sont ses mots qui me désarçonnent le plus. Tout ce petit jeu n'était donc qu'une grossière mascarade ? C'est ce qui en ressortait. Prudemment, j'attrape la liasse et la fourre dans ma besace, avec le reste, m'assurant ensuite de la camoufler sous mon pull et sous ma veste quand bien même le cuir frottait contre ma peau en dessous.

Mon regard suit son mouvement, tandis que je restais muette, réduite au silence d'un seul coup. Lui assis, je me sentais plus en sécurité, et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me renfrogner, jugeant la situation, quelques mèches blondes barrant mon visage. « C’est dangereux ce que tu fais, tu sais. Tu pourrais tomber sur des fous furieux. Je sais que l’occasion était trop belle, mais évite de t’en prendre à des Capitoliens à l’avenir. Ce sont des Dieux sur Terre, tu risques la mort si tu t’en prends à eux. Heureusement que je ne suis qu’un bouseux de District. Au fait, moi c’est Elyas. » Ses conseils sont des plus pertinents, et je commence à me détendre petit à petit, prenant néanmoins mon temps avant de lui répondre « Je risque la mort aussi, si je m'en prends pas à eux. J'ai besoin de vivre, et la plupart sont trop idiots que pour se méfier de moi. » Je me dirigeai ensuite vers le mur en face du dit Elyas, y prenant appui, mais toujours sur la défensive. « Je m'appelle Enora sinon. » Avant de courber légèrement les épaules, prenant une moue contrariée malgré tout. « Merci pour l'argent, même si j'ai cru mourir d'une crise cardiaque avant l'âge de par ta faute. » Moi, de mauvaise foi ? Si peu voyons. J'avais raison après tout, il m'avait fait angoissé à un point tel que mon cœur aurait pu bondir de ma poitrine.

Je pris finalement le temps de le détailler plus attentivement. La peur de me faire tuer ou violer n'ayant pas aidé auparavant. Je décelai dans ses traits quelque chose de familier, comme si je les avais déjà vu par le passé. D'une certaine façon, son prénom l'était, mais faisait appel à un souvenir plus ancien. Ma curiosité prenant le dessus, je ne pus m'empêcher de lui demander « Qu'est-ce qu'un "bouseux de District" fait parmi tous ces clowns ? » Au pire, je passais pour une conne. On ne peut pas réellement dire que c'était le plus gros soucis de ma journée.
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Reed Emerson
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MessageSujet: Re: strange birds. (elyas)    strange birds. (elyas)  Icon_minitimeSam 4 Avr - 16:07

« Je risque la mort aussi si je ne m’en prends pas à eux. J’ai besoin de vivre, et la plupart sont trop idiots pour se méfier de moi. » Je secoue légèrement la tête de droite à gauche, désapprobateur. Voler les plus riches était une extrémité qu’elle n’était pas obligée d’atteindre. Il y avait une autre option, plus facile et moins dangereuse ; celle de trouver un travail. Un vrai. Et d’en cumuler plusieurs, s’il le fallait. Ce n’était sûrement pas les offres d’emploi qui devaient manquer, au Deux. Pas comme au Neuf, où les plus pauvres d’entre nous crevaient de faim et de froid dans les rues dans l’indifférence générale. Mais qu’est-ce que j’en savais après tout ? Fils d’un médecin et d’une secrétaire qui collaborait étroitement avec le Maire, je n’avais jamais manqué de rien. Ma famille était une des plus riches de tout le District et même si je n’avais pas gagné ces foutus Jeux, j’aurai repris les rennes et continué à exercer la médecine sans avoir à me préoccuper de la pauvreté qui touchait la majorité de mes concitoyens. J’avais des amis pauvres, certes, mais cela ne suffisait pas à comprendre ni à réaliser la misère et les épreuves qu’ils avaient endurées tout au long de cette année. Jusqu’à ce que la mort nous frappe les uns après les autres. Kath aurait été mieux placée pour lui parler, quoique la connaissant, elle n’aurait pas dissuadé la fille d’arrêter ses larcins et l’aurait même encouragé dans sa démarche en lui prodiguant des conseils, au vue de sa longue expérience dans le domaine. Kath… C’est dingue comme elle me manquait.

« Je m’appelle Enora sinon. », se présente la voleuse. « Enchanté Enora. », je lui réponds juste pour la forme. « Merci pour l’argent, même si j’ai cru mourir d’une crise cardiaque avant l’âge par ta faute. » Sa remarque m’arrache un rire amusé – mission accomplie. Je lui adresse un rapide signe de la tête pour accepter ses remerciements. De toute évidence, elle avait plus besoin de cet argent que moi, et puis même si cela représentait beaucoup pour elle, ce n’était pas grand-chose pour moi. « Fais-en bon usage. » était le seul conseil que je pouvais lui recommander, même si j’imaginais difficilement cette fille le dépenser en drogue ou en alcool. Mais bon, on n’était jamais sûr de rien.

« Qu’est-ce qu’un bouseux de District fait parmi tous ces clowns ? » J’hausse les épaules avec nonchalance. « Ces nazes sont loin d’être des clowns, crois-moi. » Passé leur apparence et leur horrible accent qui prêtaient effectivement à rire, leur comportement n’avait malheureusement plus rien de drôle. Je les détestais plus que n’importe qui d’autre sur cette Terre ; leurs dirigeants connaissaient parfaitement les buts et les aboutissements de leurs actions sordides mais eux se contentaient de cautionner cette violence sans vraiment en comprendre les enjeux. « La rouquine qu’on fête aujourd’hui ? Disons qu’on sort ensemble elle et moi. Je me mêle à la foule pour ne pas lui voler la vedette. », je lui explique dans un sourire qui se voulait arrogant. « Et puis, j’en profite pour visiter. C’est plus beau que chez moi, ici. Bien plus beau. », j’ajoute avec tristesse. Les choses auraient-elle différentes si Kath, Billie et moi étions nés au Deux plutôt qu’au Neuf ? Sûrement. Et elles seraient certainement toujours en « vie » à l’heure actuelle, et non pas obligée de se terrer dans les couloirs sordides du Treize.
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