Il avait voulu rester seul pendant le trajet en train. Trajet sur lequel j’ai pu rencontrer amicalement Gargaria. Très amicalement. Avec les poings et les mots qui fâchent, en fait, surtout. Une grande passion entre nous, je le sens. Et puis Ambre. J’étais passé la voir rapidement pour lui expliquer deux ou trois choses. En premier temps que même si elle n’était pas le tribut que je devais coacher jusqu’au bout, un œil resterait un minimum sur elle. Si je dois compter sur Gargaria pour faire quoi que ce soit, la pauvre gamine est déjà morte.
Je me lève de table et finit de boire salement le fond de mon verre avant de le faire glisser sur le meuble et partir pour les chambres. Pas la mienne, la sienne. J’ai beau être son mentor, je ne lui ai pas adressé la parole depuis notre départ. Je n’ai pas l’habitude, quel cuisant échec dès le début. Je devrais sans doute appeler la morgue ou le mec qui construit les pierres tombales. Il va avoir du boulot avec vingt-trois corps alors autant lui téléphoner le plus vite possible pour une réservation – et ça se trouve en appelant tôt on aurait même un prix voire une place plus importante et mieux caché de la plus au cimetière, c’est toujours ça de pris.

Je m’arrête devant la porte, secouant la tête, prenant de la hauteur, me supprimant toutes ces idées atroces de la tête, serrant la poche que je tiens de la main gauche. Je frappe. Je n’attends pas. Et j’ouvre. Fermant devant moi, j’avance vers la fenêtre, scrutant le Capitole depuis la hauteur du sixième étage. Cette ville est terriblement horrible. De la technologie partout, des prostituées aussi belles qu’un poulailler auquel on n’aurait pas nettoyé la fiente du mois dernier, et j’en passe…

Nash « Après l’entraînement ils te feront passer un test où une note te sera attribuée. Essaye d’avoir au minimum un cinq, c’est tout ce que je te demande. Sinon t’es un homme mort dès le bain de sang. »

Je me retourne et cette fois-ci je me concentre sur la direction du bureau, prenant un cube de verre de décoration dans les mains et m’amusant à le tourner dans tous les sens, essayant de remarquer une faille sur le minéral. Finalement, j’ose le regarde dans les yeux. Je jette la poche plastifiée sur le lit, celle que je tiens depuis tout à l’heure. Sous le choc, il en sort quatre boîtes différentes.

Nash « Nash Fawks-Williams, les idiots préfèrent Ethan. Je serais ton mentor pour ces jeux. Mon but c’est qu’ils soient tes derniers à vivre, mais pas les derniers à voir.  Mais pour le moment ce qui pourrait t’intéresser c’est ça ! »

Je m’avance de nouveau vers le pied du lit et me courbe, attrapant la première boîte, puis je l’ouvre, je lui montre ce qu’il y a dedans, fini par la fermer puis la jeter, et je continue avec les suivantes. Forcément, c’est quelque chose de très peu doué qui émane de moi. Je n’ai jamais su comment perdre cette asociabilité, donc pour ces derniers supposés jours, il assumera et gardera cette image pourrie de moi.

Nash « Cette vidéo c’est celle des derniers jeux de l’expiation. Pas besoin de regarder à mon avis, il y aura aucun rapport cette année, mais si t’as du temps à perdre… Ceux-là c’est les jeux de l’année dernière. Etant donné que c’est ceux où Gargaria à un minimum fait son boulot de mentor c’est une perle, va falloir me rendre le disque après ! Ceux-là c’est justement ses jeux à elle. Si tu lui dis que j’ai l’enregistrement elle me tue – j’ai peur qu’elle garde encore une hache sous son lit. Et cette boîte, c’est les miens. Tu peux la garder, j’en ai plusieurs, j’en ai reçu pas mal, façon de me dire « t’as survécu et bah tiens, bouffe les horreurs que t’as pu faire salaud ».
Plus sérieusement, je ne sais pas si t’as vu la tête des tributs cette année mais bizarrement, le district sept à ses chances. Alors si tu veux survivre, fais ce qu’on te dit. »