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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| Two years gone by | Pv Cléo | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Two years gone by | Pv Cléo Mer 23 Mai - 12:51 | |
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Le paysage défile, dans la lueur tranquille de cette fin d'après-midi. Titi se perd dans la contemplation des grands lacs que longent les rails, dans les reflets des champs sur leur surface lisse. L'air s'est nettement rafraîchi depuis le 2 qu'il a quitté tôt ce matin, mais d'une agréable fraîcheur printanière. À l'intérieur, près de la chaleur des machines, il est encore en T-shirt, mais une veste accrochée à la taille. À ses pieds, son éternel bagage, rempli de change, de son nécessaire d'hygiène, de ses outils surtout. Il ne rentrera au 6 que dans trois jours. Pas qu'il ait hâte.
Les lacs disparaissent, remplacés par des étendues de blés seulement coupées à l'horizon par la silhouette sombre des forêts.
La journée pour les travailleurs du train se terminera plus tôt aujourd'hui : l'isolement particulier du district 9 ne permet pas de rejoindre les autres assez rapidement. Et puis charger la quantité de céréales nécessaire pour nourrir tout Panem – ironie – prend du temps. Timothy ne s'en plaint pas. Ces temps-ci, il est plus exténué que de coutume : l'angoisse sourde de ces Jeux où s'est faite engloutir une tête connue empire ses insomnies.
Comme la gare approche, il quitte son observation des paysages, surveille que le ralentissement s'effectue sans problème. Sans trop y penser à vrai dire : il a l'esprit ailleurs. Il songe à son frère, à son air d'aller bien. À ce qu'il cache, derrière. La veille encore il l'a observé faire son chemin jusqu'à l'école, saluer les gens avec sa facilité habituelle. Le soir d'avant, alors qu'il rentrait au district après plusieurs jours d'absence, ils n'ont pas échangé un mot, sinon les salutations d'usage. Non que ce soit inhabituel en soi ; mais le silence, cette fois, avait une lourdeur particulière. Il essaie de ne pas penser à Gemma.
Le train entre en gare : district 9, terminus. Les rares passagers descendent, puis on vide les chargements, majoritairement du bois. Timothy reste encore un peu, pour vérifier les derniers détails, s'assurer que quelque plaisantin ne pourra pas démarrer le train de lui-même pendant la nuit, et autres révisions d'usage. Enfin tout est terminé.
Il enfile sa veste, jette son sac sur l'épaule. En descendant, il songe à ce qu'il va faire de sa soirée – et de sa nuit, si les insomnies persistent. Le district 9 est un des sites qu'il préfère de tout Panem : ses champs, à perte de vue, où il peut se perdre, loin de l'agitation de la ville, s'allonger à l'abri des hautes herbes et ne plus penser à rien. Il arrive même à y trouver le sommeil, parfois. C'est qu'il n'a aucune envie de rester dans la gare, où il passe en général ses soirées sans bouger, dans les petites chambres réservées au personnel. Les mêmes dans toutes les gares de tous les districts.
Non, aujourd'hui il a besoin d'un changement d'air.
Il ferme derrière lui la porte du wagon, quitte le quai et pénètre dans le hall principal. Après quelques pas à fixer le sol de son air songeur, il relève les yeux – pour les retrouver plantés, à quelques mètres de là, dans le dernier regard qu'il s'attendait à croiser.
De surprise, il s'arrête.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Jeu 24 Mai - 21:56 | |
| De la poussière. Sur ses escarpins, sur sa robe, dans ses cheveux. Elle savait cependant que celle-ci partirait au premier lavage ou au prochain bain. Celle présente dans chaque rue de ce district, elle, ne s'en allait jamais. Elle s'insinuait partout, aussi bien dans les rues qu'à l'intérieur des bâtiments. Chez les gens eux-mêmes, elle semblait s'être également établie. Les visages étaient sales, les expressions, amères. Mais la poussière ne devait sans doute pas être responsable de tout.
Sur son passage, les gens se retournaient. Certains la connaissaient de vue, pour l'avoir déjà croisée au sein du district. D'autres ne suspectaient pas son identité, ou n'en avaient rien à faire. Sa tenue parlait pour elle. Pour eux, elle n'était qu'une capitolienne. Celle dont la venue était synonyme de malheur. Et pourtant, Ocleore se montrait la plus courtoise possible, saluant poliment les personnes qu'elle croisait, adressant des remerciements aux commerçants. Souvent en vain. L'attention dont elle faisait l'objet n'était pas chose nouvelle, après avoir traversé Panem de long en large, garder un sourire avenant en ignorant l'antipathie de la population était devenu un réflexe.
Néanmoins, alors que le soleil semblait prêt à chatouiller l'horizon, la fatigue, elle, commençait à poindre. Elle avait congédié son équipe de tournage plus tôt que d'ordinaire, prétextant une grande journée de travail pour le lendemain. Elle avait menti. Le programme du lendemain serait sensiblement le même, à base de repérages et de recherches des lieux les plus à même de susciter l'intérêt du public pour ce district oublié. Ces séquences seraient ensuite combinées avec les exploits aux Jeux d'anciens vainqueurs du district, et le tour serait joué pour le district neuf.
Le Village des Vainqueurs n'étaient plus très loin désormais. On l'y avait placée à la dernière minute, quand il s'était avéré que l'hôtel de ville ne pouvait pas recevoir tout le matériel qu'ils avaient apportés avec eux du Capitole. La maison qu'on lui avait assignée servait donc à la fois de logement et de studio, si jamais les circonstances le demandaient. Elle se situait en périphérie, à quelques centaines de mètres de la gare. Tandis qu'elle atteignait celle-ci, un détail attira son attention : un train était arrêté. Ce n'était pas foncièrement surprenant, juste curieux. La journée se terminait, mais de ce qu'elle avait cru comprendre, les trains s'arrêtaient souvent une fois la nuit tombée.
Elle continua d'avancer et arriva devant la porte, laissée grande ouverte. A l'intérieur régnait la même impression d'abandon que dans le reste du district, à peine mieux cachée. Les passagers devaient avoir quitté le train depuis quelques temps déjà, à moins qu'il ne s'agisse cette fois que d'un simple convoi de marchandises. Ses talons résonnèrent contre les murs nus, alors qu'elle pénétrait à l'intérieur du bâtiment. Elle n'avait pas fait trois pas lorsqu'une silhouette se détacha à contre-jour à l'autre bout de la pièce, du côté du quai. Quelque chose dans cette démarche lui semblait familier. Elle eut la curieuse intuition de connaître cette personne. Intuition qui se mua rapidement en conviction quand celle-ci se fut assez rapprochée pour que le soleil ne constitue plus une gêne. Son nom... Elle s'en rappelait.
« Coldbeck... ? Timothy Coldbeck ? » demanda-t-elle d'un ton hésitant, quand bien même elle eût été sure d'elle-même.
Ocleore se rapprocha lentement, comme si ses souvenirs avaient du mal à se recouper. Ce qui était bien sûr loin d'être le cas, elle se rappelait chaque détail de cette journée, il y a deux ans, où leur train avait été la cible d'une attaque rebelle. Elle se souvenait de l'attitude étrange de cet homme, inappropriée dans de telles circonstances. Attitude qu'elle avait cherché à comprendre en l'interrogeant sur un sujet sans intérêt, le lendemain. Tentative avortée par un appel de sa mère, qui l'avait poussée à reporter l'entretien. Ils ne s'étaient plus revus. Peut-être le destin lui offrait-il une seconde chance ? Cette fois, pas question de la laisser passer. Il lui fallait jouer son rôle à la perfection.
« Si je m'attendais à vous recroiser ici..., » commença-t-elle, avec un petit sourire aux lèvres. Puis, haussant légèrement les sourcils, elle reprit en riant doucement : « Mais, peut-être ne vous souvenez-vous plus de moi : Ocleore Desvance. » Elle inclina la tête en guise de salutation, puis attendit. |
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Ven 25 Mai - 21:29 | |
| Son nom lui saute au visage, manquant le faire sursauter. Il se sent saisi, cligne une ou deux fois des yeux, comme discrètement ébloui. Puis il acquiesce lentement, sans timidité mais avec une incertitude qu'il cache – pour changer – sous un froncement de sourcils.
La jeune femme n'a pas changé. Elle épouse parfaitement le souvenir qu'il a gardé d'elle : cette vivacité typiquement capitolienne mais où le regard perce d'une lueur aiguë, signalant quelque chose qui vous scrute, en dessous. Il se rend compte néanmoins qu'il ne sait plus son nom, et ne peut donc lui répondre. Alors il reste silencieux. Il la laisse s'approcher, sans bouger lui même ; remet juste son sac mieux en place sur l'épaule.
Au fond, il se demande quoi faire. Il n'est plus en fonction et, si les convenances veulent que les habitants des districts fassent toujours preuve de déférence devant ceux du Capitole, rien en soi ne l'y force. Il prend même un certain plaisir, dès qu'il est sur la terre ferme, sinon à se montrer excessivement désagréable, du moins à ne rien épargner aux Capitoliens de son acerbité habituelle. À un quelconque individu coloré, qui l'aurait par exemple arrêté pour lui demander son chemin, il n'aurait pas hésité à ne répondre que par des grognements expéditifs avant de le planter là. Rien d'exagéré, toutefois, car on ne sait jamais sur qui l'on tombe ; mais il ne serait en tous cas pas resté là, presque à attendre de savoir ce qu'on veut de lui.
Il faut dire aussi qu'il est surpris. Certes il a déjà rencontré la jeune femme, mais très brièvement et il y a maintenant un certain temps de ça – plusieurs années, sans doute, il n'est pas encore certain. Elle avait voulu son analyse d'agent de maintenance sur quelque sujet lié aux trains, mais n'en avait probablement rien tiré d'intéressant. Elle n'avait en tous cas pas cherché à le recontacter, ayant dû abandonner l'article ou décider de tenter une autre approche. Qu'elle se souvienne de lui et de son nom l'étonne. Et puis surtout, les habitants des districts ne sont-ils pas un peu tous les mêmes aux yeux du Capitole, comme vermines tirées d'une même masse ?
À peine a-t-il formulé cette pensée qu'il se rend compte de la mauvaise foi dont elle témoigne. Les habitants de la grande ville aussi ont tous l'air semblable pour le reste de Panem, trop marqués qu'ils sont par l'extravagance de leurs corps et de leurs tenues. Lui parvient malgré tout à les différencier sans peine ; il doit en être de même de leur côté. Et il a beau prétendre s'étonner que la journaliste se souvienne de lui, il ne l'a pas oubliée non plus. Les circonstances, certainement, avaient été trop exceptionnelles.
Il se rappelle soudainement des détails de leur rencontre, avant l'interview : son comportement à lui, son silence à elle. D'une certaine manière, il lui est redevable. Ce n'est pourtant pas la gêne d'un homme en dette qui le fait se redresser et éclairer un instant son visage d'un air plus ouvert à défaut de souriant. Plutôt une curiosité pour cette Capitolienne atypique, qui ne l'avait pas dénoncé alors, qui prend la peine de le saluer aujourd'hui.
— Je me souviens, répond-il calmement. Il est tenté de s'arrêter là, comme c'est dans sa nature, mais il sait que les gens n'apprécient pas le minimalisme de sa conversation. Comme il ne veut pas la faire fuir tout de suite, il ajoute, badin :
— Vous enquêtiez sur quelques incidents ferroviaires. Votre article a-t-il eu du succès ?
Dernière édition par Timothy Coldbeck le Lun 28 Mai - 14:56, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Sam 26 Mai - 22:16 | |
| Le mystère faisait partie de ces choses qu'Ocleore affectionnait particulièrement. Au vu de sa profession ce n'était pas un fait étonnant, mais même bien avant de commencer à travailler, elle ne pouvait s'empêcher de trouver les secrets fascinants. Ils constituaient ce qu'une personne possédait de plus beau, car ils révélaient une partie de sa personnalité inconnue de quiconque, ou d'une minorité. Un mystère était comme un riche trésor enfoui. Moins on le partageait, plus exquis il en devenait.
Alors, en se trouvant face à cet homme qui faisait tant d'effort pour ne rien révéler de lui-même, Ocleore se sentait presque euphorique. Néanmoins, elle devait se contenir, garder son masque et glaner le plus d'indices possibles sans éveiller la méfiance de son interlocuteur. De façon générale, peu importait le secret. C'était ce qu'il représentait pour son propriétaire qui lui donnait de la valeur. Le seul fait de le connaître conférait un pouvoir énorme. Dans le cas de Timothy, cependant, les choses étaient différentes. Son ardeur à ne rien laisser filtrer de lui-même méritait déjà l'intérêt d'Ocleore. Mais ce qu'elle avait entrevu il y a deux ans suggérait une énigme particulièrement intéressante. Elle était donc doublement motivée à arracher ses secrets au jeune homme.
A sa réponse, un simple : « Je me souviens », Ocleore grinça des dents mentalement. Timothy Coldbeck n'avait décidément pas changé, ses réponses ne s'étaient pas étoffées avec le temps. Elle se souvenait très bien avec quelle application il l'avait tournée en ridicule lors de son interview, répondant toujours à côté à la moindre de ses questions. Quant à savoir s'il l'avait fait exprès ou pas, c'était autre chose, mais elle ne pouvait s'empêcher de croire que oui. Une partie d'elle l'espérait assez futé pour avoir cerné ses intentions.
Heureusement, il reprit rapidement la parole, lui tendant une perche sans en avoir conscience : « Vous enquêtiez sur quelques incidents ferroviaires. Votre article a-t-il eu du succès ? » La réponse était non, elle avait abandonné l'article à l'instant même où il avait quitté son wagon. Les choses n'auraient pas du se passer comme ça, même s'ils avaient ramé, elle aurait du avancer suffisamment pour clore cet article inintéressant tout en perçant à jour le jeune homme. Au lieu de quoi, elle avait du le renvoyer pour répondre à un appel de sa mère, lui apprenant le départ de son frère. Ou plutôt sa disparition... En effet, deux ans après, elle n'avait toujours rien trouvé qui puisse confirmer ou démentir le fait que Célion ait rejoint les Pacificateurs. Mais elle ne voulait pas répondre ainsi, ou pas entièrement. Déjà parce que les détails sur sa vie ne concernaient en aucun cas M. Coldbeck, ensuite parce qu'il lui fallait absolument garder le contact. Qui savait dans combien de temps ils se reverraient ? Non elle devait le garder auprès d'elle, au moins pour ce soir. Ensuite elle aviserait.
« Pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le terminer. J'ai été assez occupée à mon retour, avec la finale des Jeux notamment. » expliqua-t-elle, renonçant à mentionner les "soucis familiaux". Il ne devait de toute façon pas se souvenir des détails concernant le coup de téléphone, au vu du peu qu'il avait entendu. Puis une idée lui vint. Ils ne pouvaient pas rester éternellement dans cette gare, debout, où la précarité de leur relation pouvait les faire se séparer à tout moment. Au moment même où elle pensait à cela, deux hommes – qu'elle suspectait d'appartenir au personnel du train – les dépassèrent, une expression curieuse sur le visage. Elle devait se dépêcher. « Néanmoins, l'avantage de ce genre d'article, c'est qu'on peut le reprendre plusieurs années plus tard sans que l'information ne soit périmée... l'étant déjà à la base. » reprit-elle, accompagnant la fin de sa phrase d'un soupir las. Ce qu'elle s'apprêtait à faire était stupide, très stupide. Si elle avait eu le temps, elle aurait pu réfléchir, prévoir une meilleure approche... Sauf que cette rencontre lui était tombée dessus. Et elle devrait faire avec les moyens du bord. « D'ailleurs, hum... ». Elle leva sa main et se tint le cou, comme pour se détendre les cervicales. « … Si jamais vous n'avez rien de mieux à faire, je peux vous inviter à dîner. Avant que vous ne me preniez pour une folle, » Léger ricanement. « c'est parce que mon éditeur m'a demandé de travailler un sujet pour l'après-Jeux, quand la folie retombera et que l'ennui se fera sentir en attendant la Tournée de la Victoire. Et en tombant sur vous aujourd'hui, je me dis que ce serait peut-être intéressant de ressortir cet article du placard... D'après mes souvenirs, nous étions sur la bonne voie. » Elle finit son monologue par un sourire gêné de celle qui a peur d'être prise pour une cinglée. Elle ne savait pas elle-même d'où cette excuse sortait. Il était cependant trop tard pour faire machine arrière. « Alors, vous êtes d'accord ? Je n'habite qu'à deux pas d'ici, dans une maison du Village des Vainqueurs qu'on m'a prêtée pour ce séjour. Elle n'est pas très grande mais on peut y rentrer à deux, c'est l'essentiel. » Elle recula de quelques pas et se tourna vers l'entrée, prête à lui montrer le chemin. - Spoiler:
Oh punaise j'ai trop honte comme c'est nul
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Lun 28 Mai - 15:08 | |
| Timothy accueille presque avec plaisir, ou plutôt avec un contentement satisfait, les premiers indices des intentions de la journaliste à son égard. Il aurait été déçu, sans doute, quoique sans l'admettre, si elle s'était avérée ne le saluer que par respect pour une quelconque coutume du Capitole, mais n'attendant au fond qu'une excuse pour le laisser là, dans sa crasse de travailleur moyen. Qu'elle veuille poursuivre ces instants laissés comme en suspens depuis deux années, et qui le démangent maintenant que le souvenir lui en revient, ne peut que le soulager.
Il détache vivement ses yeux des deux hommes qui les dépassent – des collègues, à n'en pas douter en train de se demander ce qu'un simple agent comme lui peut bien avoir à faire avec une Capitolienne – pour les ramener sur la jeune femme. Il attend qu'elle formule clairement sa demande, même s'il l'a déjà devinée ; malgré son embarras, il n'intervient pas, alors qu'il lui aurait été si simple de se proposer de lui-même. Mais il n'en fait rien, parce que ça n'est pas dans son caractère, parce qu'en tant qu'habitant des districts, s'il convient de se prétendre à la disposition des 'maîtres', devancer leurs attentes serait d'une obséquiosité à ses yeux insupportable. Et puis en partie aussi, autant l'admettre, parce que ce serait trop révéler sa propre curiosité, et par là perdre le peu d'avantage que lui donne cette situation où il est, lui, celui dont on a besoin, qui n'a, en apparence, rien à y gagner.
C'est donc d'un air neutre qu'il écoute ses justifications, avec seulement un léger haussement de sourcils lorsqu'elle parle de "bonne voie". Lui se rappelle plutôt qu'ils avaient été interrompus justement avant que ne s'ouvre ladite "bonne voie"... Mais là non plus il ne dit rien, et retient le léger sourire qui lui titille les lèvres. Il change juste la balance de son corps, le pouce toujours coincé sous son sac, le front penché en avant, comme s'apprêtant déjà à acquiescer.
Il ne s'étonne pas qu'elle l'invite au Village des Vainqueurs, même s'il imaginait que les capitoliens étaient hébergés à l'Hôtel de Ville. Après tout il ne connaît pas en précision les mœurs des districts autres que le sien, ni moins encore les détails de la vie touristique de Panem. Sa curiosité en revanche s'en trouve décuplée : comme la plupart des gens, il n'a jamais mis les pieds dans une de ces maisons à la fois si proches et si isolées du reste des districts. Il sait seulement que c'est luxueux, autant peut-être que les plus beaux wagons qu'il a eu la chance d'apercevoir, mais le luxe l'attire moins que ce qu'impliquent ces endroits. Il cache cependant cet intérêt renouvelé derrière un court silence, comme un temps de réflexion, avant de répondre :
Il ne lui emboîte pourtant pas tout de suite le pas, hésitant soudain à aller poser ses affaires dans la petite chambre de la gare, proche d'ici mais dans la direction opposée au Village des Vainqueurs. Il y renonce néanmoins rapidement, trouvant dans la présence de son sac une contenance qu'il n'explique pas mais dont il ne veut pas se défaire.
Il pense aussi aux champs où il n'ira pas, à la soirée de solitude paisible qu'il s'était prévue, à écouter le bruit du vent se faufilant entre les herbes hautes du district 9, à s'appliquer à oublier sa vie sur les rails et dans les odeurs de gasoil. À la place il la passera avec une Capitolienne à l'égal de ceux qu'il côtoie de loin chaque fois qu'il s'en trouve à bord, à parler de trains et d'accidents sans importance qu'il devra justifier, ou suspects qu'il devra déguiser.
Il ne regrette rien, pourtant, quand il commence enfin à la suivre. Peut-être ainsi n'aura-t-il pas l'occasion de penser à ce qui hante son esprit, les Jeux et ce qu'ils impliquent. Un paradoxe avec une Capitolienne... Mais c'est qu'il ne la voit déjà plus comme un éclat anonyme de cette masse. Peut-être, songe-t-il, parce qu'elle est la première à lui avoir donné son nom. Ocleore. Cette fois il ne l'oubliera pas.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Lun 28 Mai - 19:00 | |
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Un soulagement intense l'envahit lorsque Timothy exprima son accord : « Je vous suis. » Avec son explication plus que bancale, elle doutait de sa réponse. D'autant plus s'il se méfiait d'elle. Enfin, si... Il se méfiait d'elle, forcément. On ne pouvait tout simplement pas faire confiance à quelqu'un qui vous a épié et surpris à faire semblant de vous battre contre des rebelles. La question qui taraudait Ocleore alors qu'ils quittaient ensemble la gare était donc : pourquoi ? Que pouvait-il bien gagner à passer la soirée à analyser des accidents ferroviaires avec une Capitolienne soupçonneuse ? Sa méfiance ne s'en trouvait que renforcée.
Malgré tout, elle faisait son possible pour garder une expression avenante, un air dégagé. Alors qu'ils contournaient le bâtiment pour rallier un réseau de rues désertes, elle lui indiqua l'itinéraire qu'ils allaient suivre. « A partir de là, il suffit de longer cette avenue en gardant les champs face à soi. Quand vous verrez un parterre de fleurs jaunes sur le côté droit, c'est qu'il faudra tourner à la prochaine à gauche. » Elle tenait à ce qu'il retienne ces informations, pas pour qu'il fuît en douce lorsqu'elle aurait le dos tourné, mais pour qu'il ait la certitude de pouvoir le faire. Vieille technique de communication destinée à mettre en confiance son interlocuteur. Ce qui était justement le but de toute cette mise en scène, à partir du moment où elle avait joué la jeune femme embarrassée.
Ils atteignirent bientôt le fameux parterre, puis, quelques dizaines de mètres plus loin, pénétrèrent dans le lotissement à proprement parler. Des pavillons identiques les entouraient de chaque côte. Identiques et immaculés. Les gagnants du district neuf se comptaient sur les doigts d'une main... Dans cet environnement à la fois clôt et vide, Ocleore ne se sentait pas tout à fait à son aise. Elle avait l'habitude des lieux spectaculaires, des foules bigarrées, des architectures complexes ; ici, tout semblait... nu. Brut. Sans volonté derrière. Sans âme ni passé. Et surement sans futur. Ces derniers jours, elle essayait le plus possible de se focaliser sur sa maison, et non sur ses voisines. La précipitation était devenue sa meilleure alliée pour parer son malaise. Malaise qui, en cet instant, ne paraissait pas aussi fort qu'à l'accoutumée. Aussi prit-elle son temps pour rejoindre son pavillon, Timothy à ses côtés.
D'une main experte elle fouilla sa besace et en ressortit une clef étiquetée au numéro de son domicile, qu'elle inséra et fit pivoter dans sa serrure. Actionnant la porte d'entrée, elle se positionna perpendiculairement au seuil pour laisser passer Timothy avant elle, puis entra à son tour et ferma. Ils se trouvaient directement dans la salle de séjour, dont elle s'était jusqu'à présent peu servi. Cette pièce aux murs blancs aurait pu paraître triste si une demi-douzaine de pots de fleurs n'avaient pas été déposés dans les coins ou sur les étagères, apportant un souffle bucolique à cet espace. Une table ronde en bois massif trônait au centre de celui-ci, mise en valeur par un tapis beige. Sans accorder la moindre attention à la décoration, Ocleore contourna Timothy et déposa besace et par-dessus sur l'une des quatre chaises présentes. Retournant auprès du jeune homme, elle lui prit sa veste et son sac des mains et lui fit signe de la suivre dans un couloir sur la droite. « Venez, je vais ranger vos affaires dans ce qui me sert de bureau. » Tandis qu'ils progressaient dans ce long couloir, elle énumérait les quelques pièces qu'ils dépassaient : « Ici vous avez la salle d'eau, là une chambre d'amis dont je n'ai pas la clef... » Le deuxième porte sur leur gauche fut la bonne. Du coude elle repoussa le battant qui n'était pas fermé puis pénétra dans ledit bureau. A la dernière seconde, elle posa la main contre le chambranle, interdisant le passage à Timothy. « Désolée, je préfère que vous n'entriez pas. C'est là où je range beaucoup de dossiers importants et... enfin voilà. » La pièce contenait en effet une dizaine d'étagères sur lesquelles elle avait entreposé tous ses dossiers "lourds", ceux qu'elle n'aimait pas laisser derrière elle quand elle quittait le Capitole. Une fois le sac et la veste déposés, elle se hâta de revenir dans le couloir. « Si jamais vous avez besoin de venir chercher quelque chose, je vous accompagnerais. Et pour votre veste, si vous avez froid, j'ai quelques caisses de vêtements masculins là-haut "au cas où"... » Elle retraversa le couloir vers le séjour, Timothy sur les talons, prenant – cette fois – bien garde à fermer derrière elle.
Se cloisonnant au rez-de-chaussée, Ocleore lui fit rapidement faire le tour de la maison. La visite se termina dans la cuisine, adjacente au séjour. « Installez vous à la table près de l'entrée, je vous rejoins bientôt. » Il lui restait deux trois broutilles à vérifier, et, pendant qu'elle s’exécutait, elle haussa la voix pour se faire entendre de Timothy. « Que désirez-vous, thé, café, chocolat chaud ? Je crois bien qu'il me reste quelques muffins du panier de bienvenue... » Une fois les affaires réunies, elle les apporta précautionneusement à table sur un plateau en verre. « Servez-vous, je vais chercher des fournitures. » Ocleore se redirigea vers le bureau. Manquant trébucher sur le sac qu'elle avait oublié, elle se saisit du dossier qu'elle pensait être le bon, ainsi que de quelques feuilles et crayons. « Prenez un sous-verre s'il vous plait, pour votre boisson. La caution n'est pas très élevée, mais ça me fera un soucis en moins. » lui demanda-t-elle, une fois de retour.
Elle plaça tout ce qu'elle avait amené entre eux deux puis prit place au côté de Timothy. « Une chance que je n'ai jamais retiré ces documents de mes affaires, nous aurions été bien embêtés sinon... » Ocleore attrapa une petite assiette dans laquelle elle posa un muffins recouvert de crème bleue fluo. Croquant dedans avec appétit, elle avala puis demanda d'un ton motivé : « Alors, où en étions-nous ? »
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Mar 29 Mai - 16:05 | |
| Timothy ne retient pas les indications sur l'emplacement de la maison, trop occupé à scruter l'expression de la jeune femme pendant qu'elle les lui donne. A-t-elle une raison particulière pour le renseigner à ce point, alors qu'il lui aurait suffit de dire « par là » et de le précéder ? Ou cherche-t-elle juste des choses à dire pour se donner contenance, comme ceux que les silences gênent ? Il n'arrive à rien lire sur ses traits, juste l'amabilité que son ton suppose. Sans doute se pose-t-il trop de questions.
Il n'y pense plus quand se dresse devant lui le Village des Vainqueurs, mais observe les maisons posées là comme des cubes de sucre sur les tables du wagon-restaurant. Trop parfaites, trop propres ; rien à voir avec les taudis qui constituent le reste des districts, ces constructions grisâtres qui semblent des prolongements du sol, noyées sous sa crasse.
Il n'est pas encore trop surpris : ce n'est pas la première fois qu'il aperçoit un Village, pas depuis l'extérieur du moins. Il connaît celui du district 6, qui ne lui paraît pas bien différent, même si là-bas quelque chose dans l'air de moins pur que les vents champêtres du 9 a teinté les murs d'une nuance plus sombre. L'impression de prospérité qui s'en dégage reste la même, avec collée derrière la même sale sensation, due sans doute au vide de ces rues-là. Et puis tout ce qu'implique de Village stagne toujours, lourdeur au-dessus des jolis bosquets, et même le luxe du lieu respire le faux quand on se rappelle, non loin de là, la réalité de Panem. Reste à voir l'intérieur.
Il pénètre dans la maison à l'invitation d'Ocleore, tâchant de cacher la sensation d'étrangeté que lui procure le fait, pourtant idiot, qu'on le laisse entrer en premier. Une de ces courtoisies auxquelles il n'est pas habitué, et qui l'intriguent chez la jeune femme.
Le séjour l'impressionne davantage. Le soin porté à tout, la présence d'autant de fleurs – il croit bien que dans certains districts, en cueillir est considéré comme une offense –, la qualité des meubles. Ces derniers surtout le marquent : en train, le mobilier, quoique luxueux, se doit toujours d'être le plus léger possible, et chez lui la moindre chaise est bancale. Mais il s'y attendait, tout de même, aussi parvient-il à ne presque rien laisser transparaître de son éblouissement. C'est même avec stoïcisme qu'il suit son hôte dans les couloirs, quoique sans pouvoir s'empêcher de tout regarder autour de lui.
Le bureau et ses « dossiers importants » l'intéressent particulièrement. Dès le moment où sa poitrine heurte le bras d'Ocleore, tendu là comme une interdiction, il sent monter en lui une de ces curiosités qui sont presque des pulsions. Il acquiesce et se recule néanmoins, pour faire signe qu'il a compris – mais retient avec précision, et presque inconsciemment, son emplacement.
À la cuisine il s'assied où on l'y convie, et demande :
— De l'eau seulement. Merci. Avec les insomnies qui le taraudent plus durement que jamais, la caféine n'est pas envisageable. Il est tenté un court instant de demander du chocolat, ce mythe dont il a déjà entendu parler et qu'il n'a pu sentir qu'une fois, en croisant un serveur qui en portait à quelques Capitoliens importants. Mais il se méfie, il ne sait trop pourquoi ; ou peut-être craint de subir trop de bouleversements à la fois s'il devait tremper ses lèvres dans ce qu'il perçoit comme un nectar aux vertus inconnues, le luxe fait liquide. De l'eau semble en tous cas un choix plus prudent.
Une fois la journaliste disparue, un grand calme retombe sur la cuisine. Timothy ne peut s'empêcher de rapprocher cette agitation qui semble la caractériser de la perpétuelle excitation capitolienne, même s'il ne retrouve pas chez elle les attitudes extatiques de ceux qu'il croise ou observe à la télévision, et qui lui paraissent toujours si ridicule à se gonfler d'importance pour les moindres bêtises. Elle est des leurs, pourtant, comme en témoigne la richesse et la taille de cette maison, surtout comparée aux couchettes ou minuscules chambres de gare où il passe la majorité de sa vie, et comme le lui crient les gâteaux, dont l'intensité du glaçage donne le vertige. Lui est heureux de se contenter du pain qui, quoique dur, ne lui manque presque jamais.
Comme il attend qu'elle revienne, il ne peut s'empêcher de se sentir mal à l'aise dans cette grande pièce, qui regorge probablement dans chaque tiroir de friandises et d'aliments tels que n'en verront jamais la plupart des habitants de Panem. La taille n'aide pas : la solitude, dans laquelle il aime pourtant à s'enrouler, doit ici s'étendre et s'alourdir.
C'est presque avec soulagement qu'il accueille le retour d'Ocleore, qui lui semble comme une bourrasque de vie, si bien qu'il ne se choque même pas de sa petite manie des sous-verres et obtempère de bonne grâce.
— Alors, où en étions-nous ? Il la regarde avaler sa bouchée de muffin avec cette insouciance que seule permet la certitude d'en avoir toujours à disposition. Il ne la juge pas pourtant ; mais se permet même une ombre de sourire devant son enthousiasme. Puis son air éternellement sérieux retombe, et il repousse son verre d'eau pour se pencher sur le dossier.
À mesure qu'il feuillette les documents, les souvenirs de leur entretien lui reviennent plus précisément. Ils n'en étaient arrivés nulle part, tant il s'était appliqué à ne rien répondre d'intéressant. L'enquête n'avait à vrai dire pas dû avancer d'un pouce, et il se demande même si la journaliste avait à l'époque rajouté le moindre coup de crayon. Il n'en a pas l'impression. Mais alors pourquoi insister pour reprendre une discussion si inutile, pourquoi prendre la peine de le faire venir là, chez elle, l'installer dans sa cuisine, quand il aurait été tellement simple de l'ignorer à la gare, ou de tourner les talons après une brève salutation ?
Timothy sent grimper en lui une sourde paranoïa : la Capitolienne le prend pour un rebelle, elle se rend compte qu'il cache leurs traces, elle croit qu'il a couvert directement tous ces "accidents" sur lesquels elle l'interrogeait, peut-être même qu'il a participé à plusieurs attaques, comme une aide depuis l'intérieur du train. Sans s'en rendre compte il se crispe, l'échine tendue, la mâchoire serrée.
Mais pourquoi alors a-t-elle attendu tout ce temps sans reprendre contact ? Pourquoi le laisser deux années entières en liberté, et avec la même position sur les trains, si elle le soupçonnait d'y être utile aux rebelles ? Seule cette incertitude calme la rage paniquée qui commence à gronder au fond de lui.
Il ne sait quoi faire. Il ne peut pas reprendre son attitude de la dernière fois, ce petit jeu qui ne mène à rien et qui ne manquera pas de raviver tous les soupçons à son égard. Il pourrait répondre sincèrement, donner toutes les indications qu'on attend de lui – mais il refuse de s'abaisser ainsi, admettre sa défaite.
Après un silence un peu trop long, il relève enfin les yeux de sur les documents, qu'il n'a pourtant très clairement observé que lors des premières secondes. Son expression s'est encore durcie quand il se tourne vers Ocleore, mais c'est d'une voix posée, presque calme – presque – qu'il l'interroge.
— Dites-moi. Qu'est-ce que vous voulez... vraiment ?
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Ven 1 Juin - 22:01 | |
| D'un regard expert, Ocleore s'attaque elle aussi aux documents. Voilà deux ans qu'elle n'a pas touché à ces papiers, observé ces données, manipulé ces chiffres. Une étrange nostalgie la saisit alors qu'elle se remémore cette époque lointaine où elle débutait tout juste dans le journalisme. Elle ne peut s'empêcher de sourire en se rappelant que la dernière fois que son regard a parcouru ces pages, elle était en route pour sa première Moisson en solitaire. Déjà deux ans... Elle aurait parié le double.
Ses doigts parcourent les caractères, son regard les suit, pourtant, son attention est ailleurs. Focalisée sur Timothy. Lui semble absorbé par sa lecture, une expression sérieuse peinte sur le visage. Quelques minutes auparavant, elle aurait pourtant juré y entrevoir un sourire. Si c'était le cas, les pensées qui l'habitaient ont du être déviée vers des préoccupations plus graves. Ce qu'elle comprend. Ce qu'elle attend. Leur jeu de la dernière fois ne peut décemment pas recommencer, il y a dans l'air trop de méfiance pour prendre le risque de s'engager là-dedans. Ocleore sait qu'elle ne pourra continuer son manège très longtemps, arrivera bientôt le moment d'arrêter les faux-semblants. D'ailleurs, c'est elle qui imagine des choses ou bien le jeune homme paraît... crispé ? Non pas qu'il ait été particulièrement relax et guilleret jusqu'à présent, seulement, cette fois, les choses ont l'air différentes. Ocleore s'apprête à ouvrir la bouche, lorsqu'il se redresse enfin et la fixe dans le blanc des yeux.
« Dites-moi. Qu'est-ce que vous voulez... vraiment ? »
Si elle s'attendait à ce que la situation évolue, le ton employé la surprend quelque peu. C'est comme s'il se retenait, qu'il contenait... de la colère ? Il semblait si serein il y a quelques minutes, a-t-elle fait quelque chose de mal ? A part le manipuler pour essayer de gagner son confiance et percer son secret, bien sur... Mais ça, il ne le sait pas, et ne peut donc que supposer. Elle n'a pas l'impression d'avoir été offensante d'une quelconque façon. Il doit peut-être penser... Oh non, pas lui. Non. Il n'est tout de même pas en train de se méfier d'elle à cause de tous les préjugés sur les gens du Capitole ? Elle rit. D'un rire presque naturel pour elle, mais qui paraitrait extravagant à toute personne des districts. Après un vague mouvement de la main pour s'excuser, elle réagit d'un ton faussement offensé : « Je vous demande pardon ? » Elle n'avait pas prévu de se moquer, et ce n'est toujours pas dans son intention, mais elle ne peut s'empêcher de dévisager Timothy en souriant d'un air consterné. « Cette méfiance... ça me dépasse. Tout ça parce que je viens du Capitole, n'est-ce pas ? » Pour souligner l'absurdité de la chose, elle lève les yeux au ciel et recule sa chaise.
Cependant, malgré cette opportunité d'esquiver la question, elle a envie de répondre. De jouer franc-jeu – du moins en partie. Il y a dans cette interrogation quelque chose de légitime, une curiosité réelle. Pas une haine farouche, ni une volonté de vengeance, qui sont la plupart du temps la source des questions qu'on lui pose dans les districts.. « Etes-vous fière de couvrir tous ces meurtres ? » « Comment se porte votre conscience ? » Ocleore a l'habitude de ces armes déguisées, dont le seul but est de provoquer une souffrance chez ceux qui la leur font subir au quotidien. Ici, Timothy attend une réponse, une justification de ce qui a pu lui paraître illogique, à lui, durant cette soirée. Tout, surement, ou presque. Ne pas répondre reviendrait à s'enfoncer dans une situation étrange, instable. Et puis, une vérité partielle n'est pas très dangereuse. « Bon, puisque vous semblez déterminé... » Soupir. « Il se trouve que j'exerce ce métier pour de multiples raisons et... » Elle ressent comme une gêne, soudain. Ne pouvant plus rester assise, là comme ça, immobile, elle se lève, tentant de faire paraître le mouvement le moins brusque possible. Elle fait quelque pas autour de la table, le regard scrutateur de Timothy la suit toujours. « … parmi elles, se trouve un certain intérêt pour les gens, ce qui fait la particularité d'une personne, ce genre de chose. » Elle fait une pause le temps de trouver les bons mots, puis décide d'aller au plus simple. « Et je dois avouer que vous m'intriguez. » Ses yeux plongent dans ceux du jeune homme, tentant d'y lire ce qu'il pense, ce qu'il cache. Elle se penche en avant, ses coudes appuyés contre le bois, les bras croisés. Jusque là, sa vérité partielle s'avère n'être pas si partielle que cela, mais elle ne s'en préoccupe guère. Elle hésite à poursuivre, puis se résout finalement à s'arrêter là. A la base, elle n'était déjà pas censée en avouer autant. Il lui faut bien garder quelques atouts en manche, Timothy n'a pas l'air du genre à se contenter de si peu. |
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Sam 2 Juin - 21:57 | |
| Plus qu'un sursaut, c'est un frisson nerveux que lui tire le rire si inattendu d'Ocleore. Il tâche de demeurer impassible malgré tout, serre le poing sur sa cuisse. Il n'arrive pas bien à comprendre si elle admet par là ses intentions cachées, s'il doit y voir quelque nature sardonique, ou si elle est réellement surprise par ses accusations et veut jouer la carte de l'innocence amusée. Tout tend à renforcer cette dernière hypothèse, de ce rire qui claironne avec trop d'emphase, comme il imagine bien les rires du Capitole, au reste de ses attitudes. Mais Timothy a trop appris à se méfier des excentriques de la capitale, eux qui maîtrisent les apparences comme un art de vivre, et ne laisse aucun doute dissiper sur son visage l'air soupçonneux qu'il y a collé.
Seule le trouble l'accusation qui suit : parce qu'elle vise juste.
— Cette méfiance... ça me dépasse. Tout ça parce que je viens du Capitole, n'est-ce pas ? Il ne peut la contredire ; et de fait demeure silencieux. Une part de lui est tentée de rejeter cette accusation comme une absurdité, de la même manière que celle dont la journaliste écarte la sienne, et c'est cette façade qu'il présente, ce froncement de sourcils réprobateur que rien n'ébranle. Mais au fond, il s'interroge, sans trop en avoir l'air. Aurait-il réagi autrement si elle avait été originaire des districts ? Depuis le début c'est l'inverse qu'il croit voir : elle le jugeant et le dédaignant derrière ses sourires, parce qu'il n'est qu'un travailleur du six. Or le fait même qu'il ait pensé cela témoigne de ses propres préjugés... Mais il a beau en avoir désormais conscience, il ne peut se défaire de ces derniers. Pas avec son expérience, ce qu'il a vécu de mépris et vu d'injustices, pas dans cette cuisine où chaque couvert vaut le mobilier de toute une pièce des quartiers pauvres.
Ocleore, qu'il n'a pas un instant quitté des yeux, semble tout à coup prête, malgré sa première réaction, à admettre tout ce que sa démarche avait de caché. Il l'écoute attentivement, la suit du regard lorsqu'elle se lève. Sa réponse le laisse encore silencieux un moment.
— Et je dois avouer que vous m'intriguez. Elle n'a rien contredit ; rien affirmé non plus. Intriguée, elle pourrait l'être à cause des soupçons qu'il lui prêtait plus tôt, parce qu'elle le suppose allié des rebelles, parce qu'elle devine ce que ses convictions ont de louche. Quoi d'autre pourrait intéresser dans un simple citoyen comme lui une journaliste du Capitole ? Que cherchent donc ces yeux clairs, enfouis trop profond en lui ? Lui aussi sent sa curiosité bouillonner sous l'insistance de leur regard, qu'il soutient inflexiblement.
Monte aussi de la confusion. C'est qu'il y a dans toute cette situation comme un décalage sur lequel il ne parvient pas à mettre le doigt, et qui lui fait perdre ses repères.
Finalement il se relâche un peu, quoique sans abandonner tout à fait sa crispation, et s'appuie au fond de son siège. Il a envie d'avoir confiance en cette jeune femme, il ne sait pas pourquoi. Quelque chose au fond de ce regard pétille trop pour avoir réellement de mauvaises intentions... Mais justement, justement parce que la confiance est si tentante, il se méfie davantage : après tout, ces gens-là sont entraînés à influencer autrui.
"Ces gens-là", a-t-il encore pensé. Décidément, il y a trop qui pèse au-dessus d'eux, le fossé est trop grand que creusent leurs différences de classes. Pourtant il décide à cet instant, en toute conscience, de laisser un répit à cette défiance entre leurs mondes, entre eux – ou de son côté, du moins – et de faire comme si. Pour l'instant, le temps d'y voir plus clair, et au cas où effectivement rien de sinistre ne se dissimulait dans l'ombre des motivations de la journaliste. Il n'arrive pas à être entièrement convaincu, après tout, qu'elle n'a en tête que la détection d'un rebelle. Elle lui semble en tous cas mériter le bénéfice du doute.
Après un temps de réflexion, il finit donc par se redresser sur son siège, les traits à présent plus détendus. Et lui répond enfin :
— Nous sommes deux, alors. Il le dit sans sourire, l'air sérieux.
Pendant un moment il semble ne rien vouloir ajouter, se contente de placer à son tour un avant-bras sur la table, l'autre encore sur ses cuisses. Puis, comme il la fixe toujours, sans qu'aucun d'eux ne cille, il repense à cet autre échange de regards, deux ans plus tôt. Le silence a beau l'envelopper confortablement, il décide de ne pas le laisser s'installer : autant tout déverser sur cette table qui les sépare, maintenant que les non-dits, à l'image du dossier toujours ouvert devant lui, commencent à s'y étaler.
— Pourquoi n'avez-vous rien dit ? À l'époque.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Dim 3 Juin - 23:04 | |
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A son aveu succède le silence. Un silence particulier, presque perturbant pour elle. Timothy reste impassible. S'est-elle trompée ? Était-il trop tôt pour se dévoiler ainsi ? Ou bien le jeune homme est-il plus suspicieux qu'elle ne l'a cru ? Le doute subsiste dans son esprit. Et l'expression trop lisse du visage qu'elle a en face d'elle refuse de la renseigner. Les choses seraient nettement plus simples s'il se laissait aller comme tous les gens qu'elle a l'habitude de croiser dans les districts, ces gens dont les émotions se devinent au premier coup d’œil. Mais non. Il a fallu qu'elle tombe sur le plus inexpressifs de tous.
Et puis soudain, il se détend. C'est du moins l'impression qu'elle a. Il n'est tout de même pas capable de faire mentir son langage corporel, quand même ? Le silence persiste cependant, tandis qu'Ocleore se met à espérer. Son discours a eu l'effet escompté. Elle n'a pas gagné sa confiance, c'est évident, mais celle-ci s'est faite plus accessible. Elle aura donc davantage avancé en trente secondes par la sincérité qu'en une heure en paraissant ouverte et modeste. Intéressant.
« Nous sommes deux, alors. »
Voilà quelque chose auquel elle ne s'attendait pas. Elle tente de camoufler sa surprise derrière un léger haussement de sourcil. Le but de cette discussion est d'en apprendre davantage sur lui. Son petit discours sur ses motivations en temps que journaliste n'avait pour but que de dévier la conversation, d'offrir une réponse vague qui paradoxalement ne réponde pas à la question posée. Alors l'entendre avouer qu'elle-même l'intrigue a le don de la surprendre. Qu'a-t-elle fait pour mériter ce traitement ? Depuis le début elle agit avec une amabilité excédante, presque ridicule. Son speech aurait-il... Non... Ou alors, dès le début il sait qu'elle joue. Il l'aurait démasquée et aurait fait semblant de... Non, encore une fois impossible. Elle ne comprend pas ce qu'il peut vouloir dire par là. Un instant, elle craint que tout ne s'arrête maintenant. Le silence s'installe entre eux, dangereusement. Ocleore ne peut se permettre de laisser faire. Si leur conversation s'achève sur cet échange obscur et cette dernière réplique curieuse, elle aura échoué. Heureusement, Timothy semble prêt à reprendre la parole.
« Pourquoi n'avez-vous rien dit ? À l'époque. »
Encore une fois, cette question l'étonne. Déjà, parce qu'il s'interroge à son sujet pour la deuxième fois, mais aussi parce que le point « deux ans auparavant » est censé être clôt. Tabou, même. Elle est là pour décortiquer les événements à son insu, le faire avouer involontairement. Et voilà qu'il amène le sujet de lui-même, comme s'il était naturel et dans l'ordre des choses de se mettre à converser autour d'une attaque rebelle. La surprise en vient à étouffer toute autre émotion pendant plusieurs secondes. Jusqu'à ce qu'Ocleore réalise enfin la portée de ces paroles. Il est en train de sous-entendre qu'elle aurait du parler de ce qu'elle a vu. Le dénoncer. Et si elle aurait du le dénoncer, c'est bien qu'il y avait matière à le faire. La satisfaction l'envahit. Elle a vu juste. Depuis le début, elle a eu raison de s'intéresser au cas Coldbeck. Bien qu'elle n'en ait jamais douté, il est toujours réconfortant voire excitant de se rendre compte qu'on a raison sur des affaires de ce type. Néanmoins, si ses soupçons sont fondés, reste à trouver vers où tout cela va converger. Et pour cela, la première chose à faire et de répondre à sa question. L'optique « je suis une journaliste pas un monstre » semble fournir de bons résultats, alors autant rester dans cette veine.
« Rien dit à propos de quoi ? » Oui, celle-là, elle ne pouvait tout simplement pas la laisser passer. Toutefois, le ton appuyé et légèrement las qu'elle a employé sous-entend qu'elle sait bien de ce quoi elle parle, que ceci n'est pas une bête question motivée par une fausse curiosité, stupide et naïve. « J'ai peur que vous vous trompiez complètement à mon sujet. » continue-t-elle, avant de soupirer et de détourner brièvement le regard. « Mon travail, commence-t-elle en le regardant de nouveau dans les yeux, consiste à étudier des faits, réunir des preuves, réfléchir aux enjeux mis en cause. Ce n'est pas une bête recherche au scoop, à l'évènement choc ; du moins pas pour moi. » Sans s'en rendre compte, elle s'est reculée, cherchant inconsciemment une posture plus confortable pour exprimer son point de vue sur sa profession, opinion qu'elle a rarement l'occasion de partager. Ses sourcils se sont froncés et ses lèvres pincées sous l'effet de la concentration alors qu'elle cherche les bons mots pour faire passer ce qu'elle ressent. « Quant à "dénoncer les gens", si les choses étaient aussi simples, cela se saurait. » En fait, si. Les choses sont simples. Mais pas pour elle. Les accusations n'échappent pas aux règles qu'elle a citées juste avant. Tout dépend de la faute, des preuves, des retombées. Mais là, elle est en train de s'engager sur une pente dangereuse. Elle le sait. Elle ne devrait pas aller plus loin. Pourtant, quelque chose la pousse à aller de l'avant et terminer ce qu'elle a envie de dire. « Être journaliste, ce n'est pas servir d'outil au gouvernement. »
Dernière édition par Ocleore D. Desvance le Dim 10 Juin - 12:00, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Mar 5 Juin - 13:32 | |
| — Être journaliste, ce n'est pas servir d'outil au gouvernement. Ses paroles le troublaient de plus en plus, de l'explication ambiguë de ses motivations à sa claire mention de 'dénonciation', mais il avait jusque là réussi à n'en rien montrer ; voilà qu'elles le surprennent cette fois tant qu'il ne peut retenir l'expression de choc qui fait un instant tomber toutes ses barrières. Il se reprend rapidement, mais la journaliste le fixait trop pour avoir manqué cette faiblesse momentanée. S'est-il trop dévoilé ? Sans doute, ses yeux pour une seconde écarquillés ne lui ont pas échappé. Il adopte néanmoins la même impassibilité que précédemment.
Il se demande d'abord si elle plaisante. Elle est Capitolienne, et journaliste avec ça : pour lui, habitant des districts, elle est quasiment le gouvernement, ou du moins sa représentation la plus directe. Pourtant elle affiche un air on-ne-peut-plus sérieux, semble attendre une réponse à ce qui ne peut être qu'une provocation. Elle n'a pas dit qu'elle était contre le gouvernement, pas vraiment, mais sa phrase résonne comme telle aux oreilles de Timothy. Lui qui n'a jamais eu ouvertement de discussion de cet ordre, pas même avec sa famille, encore moins avec des Capitoliens, assis dans la cuisine d'une maison du Village des Vainqueurs...
Tout ça va trop loin, trop vite. Toute sa conscience lui crie, comme une évidence, que c'est là un piège, pour le tester, le tenter ; que la main qui lui est tendue ne l'est qu'entre les crocs même du loup, que s'il l'attrape ils se refermeront sur lui. Rien de bien subtil là-dedans : après avoir gagné sa confiance, faire semblant d'en avoir une illimitée pour lui en lui offrant quelques pensées hors du droit chemin, mais seulement afin d'entraîner de sa part une confession plus incriminante encore. La technique est grossière et ne le trompe pas un instant. Mais justement... n'est-elle pas trop grossière ? Pour cela il n'y croit malgré tout qu'à moitié.
Et puis fait toujours rage, derrière son air fermé, la lutte entre cette part consciente de lui, dont la méfiance extrême frise la paranoïa, et une part plus obscure, qui lui vient des tripes, et qui n'admet pas un instant cette folle théorie de complot. Une part qui se fie à Ocleore, aveuglément peut-être, mais avec le soutient de tous ses instincts. Il a envie de la croire, de saisir cette main – au sens métaphorique toujours – et de sentir son confort dans la sienne.
Il hésite. C'est quelque chose qu'il fait beaucoup – beaucoup trop – ce soir. Or comme cette hésitation ne se traduit chez lui que par un silence qui peut être interprété de mille manière, et parce qu'il a peur de se laisser aller à des confidences qu'il regrettera plus tard, il décide d'en finir. Pas définitivement, ce qui serait trop suspicieux, mais d'établir une pause, se donner le temps de réfléchir.
Déjà, se tirer de ce mauvais pas, affirmer sa neutralité et s'excuser ; et tant pis si ça n'est pas très subtilement.
— Bien sûr, je ne doute pas que votre travail ait ses richesses propres et son indépendance. C'est comme le mien : je ne fais que faire marcher le train. La dernière phrase lui a échappé. Au temps pour la neutralité... Il continue pourtant, comme si de rien n'était, comme si ce qu'il venait de dire n'était pas lourd de sous-entendus et d'accusations non formulées.
— Je vous crois, fait-il avec toute la conviction qu'il peut y mettre. La croit qu'elle cherche à faire un reportage de fond et non de la sensation ou qu'elle ne soit pas "outil" du Capitole – il ne le précise pas. Je vais essayer de vous aider, ajoute-t-il en commençant à se lever, vraiment, cette fois. Si vous pouviez juste m'excuser un instant... Il fait un geste vers la porte, pour signifier qu'il se rend aux toilettes.
Comme il passe devant Ocleore en contournant la table, il se sent soudain comme un lâche : elle qui s'ouvre comme ça, se risque sur un terrain si dangereux, et lui qui ne trouve rien de mieux à faire que fuir. Elle peut très bien s'imaginer, comme il l'aurait fait à sa place, qu'il sort pour la dénoncer, aussi absurde que cela semble, qu'il va courir jusqu'à la gare et crier sous tous les toits qu'Ocleore Desvance a des velléités anti-Capitole. Il se sent alors presque obligé de rajouter, comme pour la rassurer, ou s'excuser encore – il ne sait trop pourquoi, lui qui se satisfait pourtant si aisément de se taire :
— Le gouvernement a déjà bien assez d'outils sans vous compter parmi les siens. Et il disparaît vite à travers la porte, pour ne pas avoir à se justifier davantage.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Dim 10 Juin - 12:01 | |
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Garder une expression neutre, ne pas se laisser perturber par ses propres mots. Elle n'aurait pas du dire ça. Elle n'aurait même jamais du l'envisager. Tout ce que ces mots peuvent cacher sonne faux. Une manipulation ? Médiocre. Lancer une telle phrase à ce stade de leur relation, avec tant de force, non, c'est juste puéril. De la sincérité alors ? Cette solution est surement la plus proche de la vérité, et pourtant... Non, elle n'est pas un outil du gouvernement, bien sûr. Mais de là à l'exprimer tout haut dans le contexte actuel... Tout bonnement inenvisageable. Car la première chose à laquelle on pense en entendant ces mots, c'est à la rébellion. Dans l'imaginaire collectif, admettre ne pas servir un camp revient s'avouer membre du camp adverse. Attitude déplorable. Il n'y a pas de parti idéal, de solution miracle aux problèmes qui secouent Panem, et il n'y en aura sans doute jamais. Ni du côté du Capitole, ni du côté des rebelles, contrairement à ce qui a tendance à circuler ces temps-ci. La naïveté de ces opinions fait pitié. Tout comme ce raccourci devenu systématique entre un capitolien et un pro-capitolien – quoique, même cette affirmation de "pro-Capitole" est risible. Elle n'aurait pas du dire ça. Peu importe comment elle peut être prise, cette phrase sera toujours mal interprétée. Oui, elle est sincère. Mais de la manière la plus plate qui soit...
« Bien sûr, je ne doute pas que votre travail ait ses richesses propres et son indépendance. C'est comme le mien : je ne fais que faire marcher le train. »
...Ce que Timothy n'a évidemment pas saisi. Pourquoi ? Pourquoi cette dernière phrase, pleine de sous-entendus ? Et ce ton aussi égal, comme si ses paroles n'étaient là que pour combler le silence ? Ce qui est surement le cas, après tout. La première phrase qu'il a prononcée était parfaite et exprimait d'une manière juste ce qu'Ocleore pense. Richesse, oui, elle l'a suffisamment fait comprendre en vantant ce qui lui plait dans sa profession. Mais l'important réside dans le mot "indépendance". Ce mot aux mille nuances. Non, elle ne possède pas spécialement d'inclinaison rebelle. Surprise. Ce qui n'empêche pas de reconnaître des défauts au régime actuel. C'est en ce sens qu'elle n'est pas un "outil". Elle a beau venir du Capitole, son rôle n'est pas de promouvoir le gouvernement. Ou du moins, pas de la manière dont on aime se l'imaginer.
Ocleore a du mal à saisir jusqu'à quel point Timothy Coldbeck s'est trompée sur le sens de ses paroles. Surtout, elle ne sait pas où son impétuosité va les mener, tous les deux.
« Je vous crois. Je vais essayer de vous aider, vraiment, cette fois. Si vous pouviez juste m'excuser un instant... »
Oh oh, mais en voilà une agréable surprise. Ce risque ne va peut-être pas s'avérer aussi inutile que cela, au final. Elle l'a perturbé il faut croire. Bonne ou mauvaise chose, la suite nous le dira. En tout cas, cette pause qu'il instaure dans leur confrontation semble être la bienvenue, les choses ne se sont pas déroulées de la manière qu'elle escomptait, ce soir, et un petit interlude pour reprendre des forces ne peut pas faire de mal. Ocleore s'apprête à se pousser pour laisser passer le jeune homme, lorsqu'il parle à nouveau.
« Le gouvernement a déjà bien assez d'outils sans vous compter parmi les siens. »
Sur le coup, elle hausse les sourcils, se demandant ce qu'il peut bien vouloir dire par là. C'est comme s'il essayait de... Non, elle doit se faire des idées. Son regard le suit alors qu'il s'engouffre dans le couloir, puis Ocleore soupire. Elle avance sa main vers le plateau et saisit un deuxième muffin qu'elle grignote alors qu'elle reprend le chemin de la cuisine. Se retrouver seule tout d'un coup lui laisse une impression étrange. Mine de rien, la présence de Timothy lui est presque devenue familière. Elle attend son retour avec une pointe d'impatience, curieuse de savoir où tout cette situation va les mener. D'ailleurs, c'est elle ou bien il en met du temps ? Cela fait déjà plus de dix minutes qu'il a quitté la pièce...
Refoulant un mauvais pressentiment, elle revient dans la salle de séjour puis s'approche lentement du couloir. La porte de la salle d'eau est fermée, contrairement au verrou, et aucun bruit ne s'en échappe. Soudain prise d'un doute, Ocleore actionne la poignée. Ses craintes s'en retrouvent confirmée : Timothy n'y est pas. Le doute laisse place à l'appréhension tandis qu'elle progresse dans le corridor. Bientôt, elle atteint le bureau, dont la porte est innocemment close, elle aussi. Inspirant profondément, elle l'ouvre à la volée, pour se retrouver face à celui qu'elle cherche.
« Je peux vous aider ? » lui lance-t-elle d'un ton sarcastique appuyé, essayant de cacher sa colère.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Lun 11 Juin - 17:14 | |
| L'instant même où il quitte la pièce, Timothy sait ce qu'il va faire de ces quelques minutes de répit. Pas aller aux toilettes, comme il en avait sincèrement eu l'intention en premier lieu, ni s'abandonner à ses pensées dans le couloir. Non, il va bien plutôt profiter de ces instants de trouble qui, s'ils le touchent, ne doivent pas épargner la Capitolienne. Lui n'a qu'une certitude : on le prend pour un rebelle, ou on le teste du moins dans ce sens. La dernière phrase qu'il a jetée doit avoir confirmé au moins en partie les soupçons à son égard ; et il ne doute pas qu'Ocleore doit à l'instant s'interroger à son sujet. Qu'elle s'interroge, ça ne lui laissera que plus de temps... Pour cela il ne regrette pas son imprudence, lui qui pourtant prend toujours garde à ne pas se dévoiler. Mais, encore une fois, la jeune femme ne l'avait pas dénoncé il y a deux ans ; pourquoi le ferait-elle aujourd'hui ?
Il se rend d'un pas égal jusqu'aux toilettes, dont il pense à claquer la porte, avant de rejoindre le bureau, cette fois le plus silencieusement possible. Il s'y glisse et referme précautionneusement derrière lui. Puis il se redresse et détaille d'un œil curieux les "dossiers importants" que la journaliste semble tenir à cacher.
Il y en a un nombre conséquent ; trop pour qu'il puisse tous les feuilleter. C'est donc au hasard qu'il en pioche un, placé en hauteur, et y fourre le nez sans attendre.
Tiens donc.
Il tourne les pages, pour vérifier. Puis il le referme, le repose, en prend un autre ; et un autre encore. Il en est à son quatrième dossier et toujours le même thème se dégage : chaque fois, disséminés çà et là dans les pages, bien mis en évidence par des traits insistants, les mêmes indices se révèlent quant à une implication supposée de la rébellion dans tel ou tel milieu, en lien avec tel ou tel événement. Comme ce sur quoi elle l'interrogeait. L'un d'eux est plus flou, mais il ne peut s'empêcher de l'interpréter dans ce sens à la lumière des autres.
Timothy ne sait trop à quoi s'en tenir. Il pourrait s'agir là d'enquêtes sur la rébellion, visant à en révéler les membres et les fonctionnements, dans l'optique d'aider à la démanteler. Selon cette hypothèse, Ocleore travaillerait directement pour le gouvernement, et lui aurait donc menti, tout à l'heure. Mais quelque chose ne colle pas : si c'était le cas, certains de ces dossiers auraient depuis longtemps été remis aux Pacificateurs qui se seraient chargés de vérifier les soupçons qui y sont si clairement exprimés. Et puis pourquoi les transporterait-elle dans les districts, où la rébellion pourrait si aisément mettre la main dessus ?
Il pourrait tout aussi bien s'agir de recherches purement journalistiques, sans but de dénonciation mais cherchant dans tous les événements qui y sont mentionnés la trace de quelque chose de plus grand, de plus général – par curiosité, par désir de trouver et de comprendre plus qu'autre chose.
Mais il pourrait aussi s'agir, et Titi penche plus vers cette hypothèse-là, d'un intérêt personnel, d'une attirance ou d'un besoin de se renseigner... avec tout ce que cela implique. Cette simple idée explique si bien tous le comportement d'Ocleore jusqu'ici qu'il a tôt fait de s'en convaincre.
Il en est là de ses réflexions, et en train de songer à retourner à la cuisine, imaginant même excuser son retard en prétextant s'être égaré, quand la porte s'ouvre brusquement.
Il hésite à prétendre qu'il est venu chercher ses affaires, juste pour la plaisanterie que ça impliquerait, mais n'en fait finalement rien. À la place, il se retourne, l'air serein, décidant de garder dans les mains le dossier qu'il était pourtant en train de ranger. Au point où il en est, autant jouer franc jeu ; tant mieux, même, voilà qui évite bien des détours.
Il se retient de sourire, ce qui, il s'en doute, risquerait d'être mal pris, mais tâche d'adopter un ton le moins agressif et le moins arrogant possible.
— Je ne suis pas un rebelle, fait-il simplement. Si jamais vous vous posiez la question. Il repose le dossier, tranquillement mais sans provocation.
— Je vous prie de m'excuser, reprend-il. La curiosité l'a emporté. Il faut dire aussi que vous semblez avoir un sujet de prédilection... particulier. Mais y aurait-il quelque chose de précis que vous chercheriez ? Le doute l'assaille soudain, tant l'hypothèse dans laquelle il plonge si aveuglément lui paraît bancale, et si facile à contredire. Mais tant pis, c'est dit ; il ne cille pas.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Mar 12 Juin - 22:09 | |
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Elle n'en revenait pas. Le voir debout, totalement détendu, un dossier censé rester secret à la main, dans cette pièce qu'elle pensait lui avoir interdit... Certes, l'indication n'avait pas été clairement formulée, mais tout de même ; saisir l'implicite était à la portée du premier provincial venu, non ? Surestimait-elle leurs capacités cognitives ?
Ocleore se sentait idiote. Amener ses dossiers importants en mission avait toujours découlé de soi. Les ennuis – vols, espionnage, ou autres joyeusetés du genre – allaient de pair avec le Capitole, presque par définition. Après tout, les informations qu'elle possédait concernaient en grande partie des personnalités éminentes ou déjà intégrées à la classe dirigeante de Panem. C'était d'eux qu'elle devait se méfier, ces gens qui avaient vent de ses activités et dont la méfiance pouvait pousser à certaines extrémités. Alors malgré la rébellion et le climat actuellement tendu, elle préférait garder ses recherches sous le coude. Le risque de se faire intercepter par des rebelles était négligeable. Seulement, elle n'aurait jamais pu imaginer que le danger puisse venir, non pas de quelque notable inquiet ni d'un commando rebelle, mais d'un de ses invités. Que Timothy lui fausse compagnie pour s'en aller fouiller dans des documents confidentiels était véritablement quelque chose auquel elle ne s'attendait pas. Et surtout, qu'elle n'acceptait pas. « Je ne suis pas un rebelle. Si jamais vous vous posiez la question. » lui dit-il d'un ton égal, à la manière d'une phrase anodine glissée au milieu d'une conversation ordinaire. S'excuser, se justifier, non, bien sûr, il eût été beaucoup trop évident de s'abaisser à de telles pratiques. A la place, il préférait jouer la carte de la franchise, mettre les choses à plat d'une manière honorable... Avait-il seulement conscience qu'il détenait toujours le dossier soustrait entre ses mains ?
En écho à cette réflexion, il déposa pacifiquement les papiers à leur place d'origine. « Je vous prie de m'excuser. La curiosité l'a emporté. Il faut dire aussi que vous semblez avoir un sujet de prédilection... particulier. Mais y aurait-il quelque chose de précis que vous chercheriez ? »
Mais oui, pourquoi pas ? Après une entrée par effraction, l'intrusion dans la vie privée ne devait pas paraître bien gênante aux yeux du jeune homme. « Eh bien... Vous m'en voyez ravie.. » lança-t-elle ironiquement en réponse à sa première affirmation. De la mauvaise foi pure et dure, elle le savait, mais si Timothy tentait de racheter son geste par un nuage de pseudo-sincérité, il n'en était pas de même pour Ocleore. L'heure des confidences était terminée.
Néanmoins, elle hésitait à poursuivre. Plusieurs courants de pensées s'entrechoquaient dans sa tête. En première position se dressait la colère qui exigeait le départ pur et simple de Timothy pour l'affront qu'il venait de commettre. Juste derrière se tenait sa curiosité journalistique, cette même curiosité qui l'avait poussée plus tôt dans la soirée à accoster le jeune homme pour lui extorquer la vérité. Celle-ci allait de pair avec l'opportunisme. Elle n'avait pas oublié les mots prononcés quelques minutes auparavant, ceux qui laissaient sous-entendre qu'à son retour elle obtiendrait des informations croustillantes. Ces deux parts se livraient donc un duel sans merci, tandis que, encore plus loin, le doute tentait de se frayer un chemin. En effet, les dernières paroles de Timothy la faisaient tiquer : Mais y aurait-il quelque chose de précis que vous chercheriez ? A première vue, elle était tentée de penser que non. Si elle rassemblait tous ces soupçons sur la rébellion, ces enquêtes sur les Jeux et ces trafics au Capitole, c'était avant tout par devoir journalistique. Parce que c'était là sa passion et le gros de son métier. Pourtant... Il y avait autre chose. Un petit détail qui venait fortifier son besoin d'en apprendre toujours davantage. Enfin, plus qu'un détail, une personne. Célion. Son frère. Disparu depuis deux ans sans avoir laissé la moindre trace. Ocleore avait passé les six premiers mois suivant la nouvelle à analyser chaque lieu, chaque témoignage, chaque piste susceptible de la conduire jusqu'à lui. En vain, puisqu'à ce jour, l'enquête n'avait pas avancé d'un centimètre. Mais elle refusait de baisser les bras et continuait à chercher. Se pouvait-il que Timothy soit au courant de quelque chose ? Il avait beau affirmer ne pas être un rebelle, cela n'effaçait en rien les soupçons quant à son attitude étrange d'il y a deux ans... Maintenant qu'elle y repensait, était-il possible que ces deux événements – l'attaque du train et la disparition de Célion – soient liés ? Non, non... C'était impossible. On lui avait annoncé le départ de Célion le lendemain de l'attaque mais il était déjà parti depuis plusieurs jours à ce moment-là. Cependant, cela n'excluait pas la possibilité que Timothy y soit relié d'une manière ou d'une autre. Suspicieuse, Ocleore plissa les yeux et inclina la tête, prenant appui sur le chambranle de la porte. Les probabilités étaient infimes, il pouvait très bien avoir prononcé cette phrase exprès dans le but de la faire réagir ou en pensant à tout autre chose. Mais... Elle ne pouvait pas éliminer cette hypothèse uniquement pour cette raison.
« Que voulez-vous dire par là ? » reprit-elle, avant de se redresser brusquement et d'ajouter avec un grand sourire – non, sa rancoeur ne s'était pas encore dissipée : « Attendez, je préfèrerais reprendre cette discussion dans un endroit plus... adéquat. Revenons dans le séjour ; à moins qu'il n'y ait encore quelque chose que vous souhaitiez consulter par ici ? » Elle commença à pivoter vers le couloir mais s'arrêta en plein milieu de son mouvement pour préciser : « Oh et prenez ça – elle donna un léger coup du bout de l'escarpin sur les affaires de Timothy –, je me sentirais mal de vous imposer un troisième voyage jusqu'ici. »
- Spoiler:
Bon, repassage au passé simple, je me sens plus à l'aise mais je ne sais pas si c'est définitif Désolée si c'est gênant pour la lecture
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Ven 15 Juin - 11:46 | |
| Il se doutait qu'elle prendrait mal son attitude quelque peu insolente, malgré toutes les réserves qu'il y avait mêlées – et n'était-ce pas son but, au fond, de provoquer la jeune femme ? Tout son comportement jusqu'ici, qu'il ait été conscient ou non, volontaire ou non, n'a pas été autre chose qu'une suite d'attaques plus ou moins subtiles, de mise à plat de tout ce qu'il aurait été plus naturel et plus prudent de garder sous clé, derrière la politesse même creuse, même floue qui définissait jusque là leurs rapports. Mais sans doute était-il lassé à l'avance de ces rapports-là, trop en écho avec ceux de ces instants dans le train, qui lui avaient laissé, il peut bien l'admettre à présent, un sentiment de frustration.
Alors oui, il la provoque, il cherche, et le tout sans mauvaise intention, à faire tomber ce sourire trop tranquille qu'elle parvient à garder, semble-t-il, envers et contre tout, à dévoiler d'un coup ce qu'elle cache derrière, et qui lui paraît plus intriguant encore que les secrets de ses dossiers. Après tout, il n'a toujours pas compris ce qu'elle lui veut réellement.
Il est donc presque déçu quand il se rend compte que, malgré l'indignation et la colère qui se dégagent d'elle en ondes presque palpables, Ocleore ne cède pas. Elle ne crie pas, elle ne l'insulte pas, elle ne le met pas à la porte. Ce dernier point seulement le soulage, car c'est ce qu'il avait craint qu'elle ne fasse – et elle en aurait eu entièrement le droit. À la place elle le ramène où ils étaient, comme un enfant désobéissant qui aurait voulu s'esquiver de sa leçon.
Il la suit donc docilement, sans se vexer de sa sécheresse après tout bien justifiée, sans répondre à son ironie, après avoir récupéré ses affaires. Il ne dit plus rien pendant le trajet – n'a plus rien à dire depuis qu'elle a reporté leur discussion au séjour, et ne préfère pas se risquer à la provoquer encore, attendant plutôt ses réactions. Et il se demande, sincèrement curieux, ce qu'elle veut lui dire, sur quoi elle compte repartir. C'est même avec une certaine excitation qu'il anticipe ce qui, à n'en pas douter, sera une forme de confrontation. Du moins une part de lui l'espère. La conscience des dangers que peuvent représenter de telles tensions avec un habitant du Capitole ne rend que plus aiguë cette bouffée de vie et d'adrénaline.
Une fois revenus dans la pièce où tout a commencé, Timothy décide de ne pas s'asseoir. Il ne pose même pas ses affaires, qu'il garde accrochées à l'épaule. Non par défiance, ni à l'inverse par soucis de ne pas s'imposer, mais parce qu'il est réellement prêt à se lancer dans une sorte de conflit, même s'il n'en devine pas encore la nature, et que former ainsi un seul bloc, lui debout avec ses affaires contre lui, lui donne comme un support dans cette pièce trop riche et trop Capitolienne.
Finalement, il n'attend pas qu'elle l'y invite avant de reprendre.
— Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous attendiez de moi. Sa voix a été un peu trop dure, un peu trop soudaine. C'est plus doucement qu'il continue :
— Vous avez compris que je ne pouvais pas vous aider avec ça – il désigne du menton le dossier toujours ouvert sur la table – pas dans le sens où vous le voulez en tous cas. Il marque une pause, les yeux vagues, cherchant à formuler au mieux ses suppositions, sans néanmoins les dévoiler tout à fait. Il n'a jamais été doué avec les mots.
— Je crois deviner... ce qui vous préoccupe. Il relève les yeux, pour les planter à nouveau dans ceux d'Ocleore. Mais il fallait que je vérifie. Le doute, toujours lui, insidieux et acide, l'empêche de poursuivre. Et s'il avait interprété de travers l'intérêt de la journaliste pour la rébellion ?
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