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 † if the compass breaks then follow your heart — billie.

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† if the compass breaks then follow your heart — billie. Vide
MessageSujet: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 19:02


billie dahlia sweenage
❝ WE LIVE OUR LIVES LIKE WE’RE READY TO DIE ❞
La rumeur gronde, simple étincelle ; le feu se propage, jusqu’à ce que la révolte explose dans les flammes. Clic. Le cliquetis de ton briquet usé brise le silence presque malsain dans lequel tu t’es prostrée, accoudée là, sur la ferraille du balcon, ta cigarette plantée entre tes lèvres fades, tout en désinvolture. Tes yeux vagabondent sur le paysage enneigé ; seule la brise glissant entre tes cheveux blonds te maintient connectée à cette réalité sordide. Un rictus tord ta lippe. Clac. Tu refermes le briquet et là, tes yeux absinthes détaillent l’inscription gravée sur le métal rouillé de ton Zippo. BILLIE.

À qui appartiens-tu, Billie ? C’est Coin qui a posé cette question par la voix du messager, et ces mots résonnent dans ta tête. Tu te rends compte que t’es incapable d’y répondre. À qui appartiens-tu ? Au Neuf, pour lequel tu t’es férocement battue durant les JEUX alors que tu ne le voulais pas ? Ou au Treize dont tu portes l’uniforme, désormais ? À qui ? La question te tourmente jusqu’à te faire vaciller. Tu t’accroches un peu plus à la rambarde devant toi. Il faut chasser tout cela de ton esprit. Tu fais un geste de la main, comme si ces images étaient des mouches qui tournaient autour de toi. Tu veux disperser les questions de Coin aux quatre coins du vent. Tu veux oublier ton trouble et ta douleur. Il te semble maintenant que la Présidente est devant toi. T’entends ce qu’elle ne dit pas, ce qu’elle n’a pas besoin de dire mais qui est contenu dans la question posée : elle te reproche ta foi vacillante. Elle te reproche ta volonté de quitter les sous-terrains quand ta place est à l’hôpital, à soigner les blessés. Tu l’entends, et tu espères que le vent chasse tout. À qui appartiens-tu, Billie ? Elle te reproche tes hurlements et tes larmes, ta colère et ta rancune. Elle te reproche ton regard polaire qui l’a transcendée, poignardée, la dernière fois où tu t’es tenue face à elle. Il faut qu’une bourrasque vienne et couvre tout, tu t’accroches encore plus fort au balcon, et tu les sens, ces larmes amères. La brise gifle ton visage, te gèle jusqu'aux os. À qui appartiens-tu, Billie ? Tu réponds là, pour toi seule, avec les lèvres tremblantes : à la liberté. À la justice. À eux, ceux qui te sont chers.

Du haut de tes VINGT-ET-UN ANS, t’as les yeux bleus de Rumer imprimés sous tes paupières et le sourire d’Avalon tatoué à l’âme. Tes oreilles bourdonnent des échos du rire de Kathleen, et tes doigts se referment sur le poignet fantomatique d’Aiden. Tu ne veux que les protéger. De tout. De toi. Et tu portes ton nom, comme on supporte un fardeau trop lourd, qui nous fait courber l’échine, et s’affaissent les épaules sous le poids. Billie, à l’origine WILHELMINA, composé de will, signifiant « volonté », et helm, « protection ». Littéralement, protectrice résolue ; et c’est ce que t’es. Tu n’es qu’abnégation, Billie, et tu les encercles de tes bras jusqu’à ne présenter que ton propre dos à la Tragédie qui menace de s’abattre sur vous. Et, au-delà de la signification, presque prophétique, il y a les sonorités ; Wilhelmina n’inspire que douceur et tendresse. Wilhelmina, ces lettres qui glissent sur la langue, qui se fondent et qui glissent, puissantes, tendres et savoureuses. Ce prénom si poétique, soudain avorté en deux syllabes : Billie. La délicatesse s’envole, la candeur n’est plus ; ne restent que la force et la détermination farouche. Et puis, encore, lorsque les accents chauds du nom glissent sur la bouche, arrachant le soleil froid du NEUF au palais : SWEENAGE. Et t’es là, tremblante, le regard vitreux, alors que ton esprit redessine de mémoire les plaines de ton enfance. Ta cigarette agonise lentement, en de longues volutes de fumée, sur la rambarde. Le fantôme d’un sourire de traviole se dessine sur tes lèvres, tu songes que tu n’as qu’à tendre les doigts pour les refermer sur tes souvenirs. Au lieu de quoi, ton pouce joue avec ton Zippo. Clic. Et on se rappelle étrangement de ce nom, de cette histoire, un peu tragique, un peu macabre. C’est un goût de déjà-vu, un goût âpre et bafoué. Une enfance volée, une vie arrachée. Une histoire qu’on ne raconte plus ; qui n’en vaut peut-être pas la peine, finalement. Alors, on secoue la tête, on esquisse un sourire désolé : impossible. Impossible qu’une môme de treize ans ait survécu aux terribles Hunger Games.

Le vent, encore, ramène les échos de ta tourmente. À qui appartiens-tu, Billie ? Toi, tu te voyais là, puissante et fougueuse, tel un feu libre. Mais tu le sais, n’est-ce pas ? Tu le sais, que tu es loin d’être libre ; on n’échappe pas à ses responsabilités après tout, tu ne fais pas tout à fait ce qui te plait, même si tu te plais à choisir tes actes par toi-même. Tu te plais à n’être sous l’influence de personne, à vivre comme tu l’entends. Et souvent, on désapprouve tes méthodes, on fronce les sourcils de désapprobation, même si on apprécie ton indépendance, alors que tu remplis impeccablement tes tâches sans rien demander à personne. Mais on sait que, désormais, tu feras comme tu l’entends, ou tu ne feras rien. Gamine soudain capricieuse, tu exiges tout, tout de suite, et que ce soit entier ; ou alors, rien du tout. C’est comme votre salvation, votre putain de salut qu’on rechigne tant à vous offrir ; tu le jures, tu t’en empareras tout entier, sans faire la moindre concession. Elle est bien loin, la jolie médecin du TREIZE, qui pansait les blessures d’un sourire ; cette fille qui se laissait encore bercer de douces illusions, gamine ivre de liberté, amoureuse de la vie. T’as finalement compris. Ce n’est que poudre aux yeux. T’es là, maintenant, loin du Treize, morte au milieu des macchabées dans ce District fantôme. T’en as juste assez d’attendre là, terrée sous la terre, tendant nerveusement l’oreille alors que l’écho des coups de canon résonne encore dans ton crâne. T’es là, dans la pénombre, à crever de peur qu’on vienne te dire que l’un d’eux ne s’en est pas sorti ; que t’aurais pu les sauver, mais que t’étais pas là. Qu’ils sont morts, les yeux tournés vers le ciel, attendant que la faucheuse les prenne parce qu’il n’y avait rien à faire. Aujourd’hui, t’es là, en première ligne, MÉDECIN-SOLDAT, à pleurer sur les corps décimés et entassés, sacrifiés sur l’autel d’idéaux en lesquels tu ne peux plus prétendre croire aussi fermement qu’autrefois. Et parfois, tu te demandes si tu n’as pas été simplement mise au monde pour pleurer. Pleurer un monde englouti qui n’a de cesse d’engloutir les hommes. Tu prends tout trop à cœur. À qui appartiens-tu, Billie ? À eux, à vous.

about games and relative.
À vrai dire, à force de la côtoyer, tu as cessé d’y penser. Tout le monde meurt autour de toi, faucheuse cruelle et implacable qui ôte la vie sur son passage, sauf toi, l’épargnée, la miraculée. Ça te donne vaguement la dangereuse impression d’être invincible. Immortelle. On dit de toi que ça fait longtemps que t’as fini ta vie ; mais que tu ne sais pas mourir. T’es une guerrière, vrai de vrai ; pas l’une de ces stupides marionnettes du Treize, officiant sous le nom de « soldat » ; pas un de ces toutous du Capitole qu’on surnomme, un éclair de crainte ou de fureur dans la voix, « Pacificateurs ». Et pourtant, t’as envie de répondre que ta mort, tu la vois brutale, un brin grandiloquente, tragique et héroïque. Tu te vois, périr dans les flammes de la révolte, démembrant le Capitole dans un dernier sursaut de vie. Tu t’imagines, hissée sur le balcon de Snow, contemplant l’assemblée droit devant, les bras hissés vers le ciel en signe de victoire puis, soudain, transpercé d’une balle. Tu pourrais mourir d’une crise cardiaque, assassinée d’une manière quelconque par le Capitole, dans l’ombre du secret ; tu demeures encore une anonyme, un nom inscrit dans la stèle des victimes des Jeux, encore tâché de sang. Mais tu es aussi la promesse d’un avenir meilleur, la preuve que même les Hunger Games ne sont pas infaillibles, l’étincelle qui pourrait propager l’incendie de la révolution ; et, à cet instant, tu pourrais devenir dangereuse. L’idée même de mourir ne t’effraie plus depuis des années, tu n’y penses même plus, à vrai dire ; tu penses surtout aux morts que tu as semé, et celles que ta colère récoltera encore. Toi, tu es celle qui tue, et plus celle qui meurt. On le souffle, longuement ; on le sait, depuis longtemps. Tu as échappé aux Jeux de la Faim, à quelques revanchards qui ont tenté de te planter un couteau dans le dos. Au final, tu demandes simplement à mourir dans ton ardeur du combat, hurlant une ultime fois un cri guerrier, alors que Panem sera bombardé par le Capitole et que les rebelles continueront d’avancer jusqu’à conquérir ce monde qui vous revient de droit. En vérité, tu te vois simplement mourir pour tes idéaux, sans avoir la chance de contempler le résultat de ton dur labeur.    

➺ AGILITÉ&RAPIDITÉ : C’était pas toi, la fille que votre père entrainait à sa suite, se frayant un chemin jusqu’à la forêt, malgré les barbelés, pour chasser ; c’était pas toi qu’il avait initié à la chasse, à qui il avait appris à tirer à l’arc, et à pister ses proies. Pourtant, si tu ne le suivais jamais dans ses escapades hors-la-loi, tu les franchissais, toi aussi, ces limites. Avec Kathleen, Elyas ou Aiden. Et puis, enivrée par cette liberté, bien qu’éphémère et factice, tu finissais par courir, courir vite, courir comme le vent, les bras en croix, riant à gorge déployée en affrontant la bourrasque qui se levait en contre-sens et tentait de te renverser. Pendant que les trois autres tentaient d’attraper quelques proies, toi, tu t’amusais à grimper aux arbres, observant en silence la forêt. T’accoutumant au chant des geais moqueurs, au bruissement des feuilles, à la fraicheur ; et puis, tu redescendais dans un saut, souple et élégant. Tu leur souriais, et tu repartais déjà. Tu les voyais, ventre à terre, guettant de leurs yeux attentifs un lapin alors, tu t’éloignais un peu, tes pieds frôlant à peine le sol et tu semblais danser, virevolter dans les airs, agile et rapide. Vive, l’air de rien, t’avais de bons réflexes, notamment quand l’un de tes amis tentaient de t’envoyer une pomme de pin à la figure, après que tu aies malencontreusement fait fuir leur proie ; t’arrivais à esquiver, en général. Tu te croyais capable de tout éviter, même la mort. Les Jeux ont été un brusque retour à la réalité ; brutal, même.

➺ CONNAISSANCES EN MÉDECINE : C’est ta vocation depuis petite. Depuis que t’as vu un des guérisseurs du Neuf soigner Avalon d’une mauvaise grippe, lorsque vous étiez toutes petites. Tu t’es dis que c’était ce que tu voulais faire, plus tard. Soigner. Faire des miracles. Être applaudie par la vie. Jouer à Dieu lorsque celui-ci semblait vous avoir définitivement tourné le dos. Alors, à force de suppliques incessantes de ta petite voix fluette, à la mesure de tes yeux brillants et implorant qu’il te cède, il avait cédé. Abdiqué. Il avait accepté de t’initier à l’art délicat de la médecine, et t’avait appris comment appliquer un baume confectionné par tes propres soins, comment bander une plaie, en recoudre une autre. T’étais douée, Billie ; et il ne te le disait pas pour te faire plaisir, non. Il le pensait vraiment. Tous le pensaient vraiment. Même au Capitole, alors qu’on s’extasiait devant tes connaissances déjà aiguisées, s’en étonnant silencieusement tandis que tu t’attelais à soigner un autre tribut là où le concept des Jeux voulaient que tu le tues. Mais tes mains n’ont jamais été faites pour tuer, Billie ; seulement pour sauver des vies. Et tu l’as sauvé, ce tribut du Deux, soudant votre alliance et t’attirant les faveurs de quelques sponsors, subitement séduits par cette blondinette au regard paumé mais aux mains guérisseuses. Et, avec le temps, t’as jamais fait que t’améliorer ; au Treize, tu t’es trouvée un mentor et puis, t’as finalement appris à battre de tes propres ailes. En dépit de ton jeune âge, t’es un médecin aguerri. Un médecin guerrier, aujourd’hui. Médecin militaire, à l’armée, sur le champ de bataille. Tu vas sauver des vies là où on les dissémine à l’origine. Et, chaque jour, t’en apprends un peu plus, tu t’améliores encore, impressionnant ton entourage comme tu te satisfais de tous ces nouveaux acquis même si tu aurais préféré que cela se passe dans d’autres circonstances.

➺ CONNAISSANCE DES PLANTES : On dira que l’un n’allait pas sans l’autre. T’avais commencé à étudier les plantes médicinales et, de fil en aiguille, t’as appris à distinguer les comestibles des toxiques. Tu jurerais reconnaître une plante vénéneuse les yeux fermés. En tout cas, ça t’a sauvée la mise à plusieurs reprises, dans l’arène, lorsqu’il s’agissait de bouffer de l’herbe pour survivre, incapable que tu étais d’attraper la moindre proie. Enfin, t’as réchappé à la mort une fois, en reconnaissant des baies mortelles de celles qui ont l’habitude de pousser à la lisière du Neuf. Ça aura au moins eu le mérite de te donner un sursis de quelques jours lorsque t’aurais pu crever aussi sec par inadvertance, affamée que t’étais dés le lendemain du commencement des Jeux. Et puis, c’est – encore – le tribut du Deux, Uriah, qui aura pu t’en être reconnaissant quand, mal en point, il avait été bien incapable de vous chasser du gibier. Enfin, ça n’a pas changé grand chose, au final.

➺ LANCER DE COUTEAUX : Ton père façonnait une véritable chasseuse à partir de Rumer. Toi, il te considérait beaucoup trop jeune, te demandait de rester sagement à la maison avec ta petite sœur, Avalon, pour veiller sur elle, qu’il disait. Ta cadette n’était pourtant pas du genre survoltée, à collectionner les conneries comme d’autres collectionnent les timbres ; elle s’asseyait tranquillement sur votre sofa de fortune et attendait, lisait parfois. Toi, t’en profitais pour aller préparer à manger ; ton père était un piètre cuisinier et Rumer en faisait déjà assez. Parfois, le couteau que tu tenais pour émincer les quelques légumes que vous possédiez te glissait entre les doigts et, un soir, en entendant des chuchotements dehors, sans en reconnaître les auteurs – ce qui était sans doute de mauvais augure, tu avais saisi ton arme de fortune, et l’avait lancée. La lame s’était plantée entre deux lattes de la porte, déjà bien abîmée. Il y avait eu un cri, puis des bruits de pas de course partant dans la direction opposée. Aussitôt, t’es allée chaparder un des couteaux de chasse appartenant à ton père et, dés lors, chaque jour où ta sœur ainée et lui partaient affronter le froid et déjouer en silence l’autorité, t’en profitais pour sortir à ton tour ; deux, trois, voire quatre couteaux entre les mains, t’exerçant à les lancer silencieusement, te découvrant un certain talent à ce jeu et t’en étonnant sincèrement. C’était un peu ta botte cachée, le talent auquel on ne s’attendait pas venant de toi, pauvre petite gamine du Neuf. Mais tu les avais étonnés, impressionnés, tous autant qu’ils étaient, de te voir capable de viser, tirer, sans jamais rater ta cible, ou presque. Certains fous commençaient même à songer que tu avais tes chances. Si ça n’a pas été le cas, ça ne t’a pas empêchée de devenir une véritable experte dans ce domaine.

Parmi tes ancêtres, tu ne saurais en nommer un au passé glorieux, ayant remporté les Jeux de son époque ; peut-être que d’autres malchanceux ont péri sous les coups des autres tributs. Tu n’en sais foutrement rien et, au final, ça t’importe peu. Tu sais juste que tes sœurs, Rumer et Avalon, y ont échappé. Tu sais que d’autres n’ont pas pu se vanter de cette chance. Il y a eu Elyas, et puis Kathleen, et son petit frère avant elle. Et tu sais que, cette année-là, si t’avais pu, si t’avais encore été au Neuf, tu n’aurais jamais laissé ta meilleure amie aller crever dans l’arène sous les yeux acérés du Capitole ; tu n’aurais jamais pu laisser faire ça, alors, t’aurais pris sa place. Sauf que toi, cette même place, tu l’as occupée des années avant elle. Tu te souviens, de ton nom qui avait résonné sur la place, comme une sentence. Tu te rappelles, de tes jambes, qui avançaient d’elles-mêmes ; c’est comme si tu savais que t’allais foncer droit dans le mur, mais que t’avais quand même accéléré la cadence. C’était les portes de l’Enfer qui s’ouvraient grand devant toi, et qui t’ont soudain engloutie. Quelque part, tu te dis que t’en es jamais vraiment revenue ; que les grands discours du Capitole sont forcément mensongers, et qu’il n’y a jamais de vainqueur. Juste vingt-quatre pauvres victimes, et l’une d’entre elles qui fait toujours partie de ce monde pour en témoigner à l’issue de leurs Jeux sordides. Et tu pensais que ça, c’était l’Enfer, hein, Billie ? Mais il y a eu l’après. Il y a eu les nuits, chaotiques, qui se sont succédées ; et les journées, passées à te retourner, alors que t’étais inlassablement poursuivie par les fantômes de ton passé. Des rares tributs ramenés à la vie, tu es la première à être revenue de l’autre côté. Pourtant, c’est comme s’ils t’avaient arrachée ton âme et jetée dans ces flammes infernales qui n’en finissent toujours pas de te consumer. Parfois, t’as l’impression de n’être qu’un corps, qu’une marionnette que Coin agite du bout de ses doigts arachnéens. Tu le sais, n’est-ce pas ? Tu n’avais que de maigres chances de t’en sortir. Pourtant, la bouffée d’espoir qui t’avait prise à la gorge, tu n’arrives pas à l’oublier. Cette pensée qui avait tôt fait de parasiter tout ton esprit. Peut-être. Et maintenant, t’en crèves un peu plus alors que tu t’éveilles en sursaut, en sueur, ton palpitant venant se suicider contre ta cage thoracique, te rappelant douloureusement que, malgré tout, il bat encore. Alors, tu te souviens du sourire des habitants du Treize. Elle, au moins, ils ne l’auront pas eue, se disaient-ils. Mais si. Si, ils t’ont prise. Ils t’ont tout pris. Et, dans leur sillage, ils ne t’ont laissée que ta rage à ruminer, et tes envies de tout mettre à feu et à sang. Que le sort leur soit favorable. Parce que toi, tu ne comptes pas te montrer clémente.

Autrefois, tu t’y sentais bien, vraiment. Tu ne pouvais pas te montrer ingrate alors qu’ils t’avaient offert une seconde chance – un concept étranger, à Panem – et t’avaient rendue ta vie, si brutalement et cruellement arrachée. T’en aurais pleuré sous l’émotion si, du haut de tes treize années, t’avais juste pas la haine à l’encontre du Capitole et un désespoir latent qui venait serrer ton myocarde – dont tu te surprenais encore des battements – lorsque tu songeais à tout ce que t’avais dû abandonner derrière toi. D’abord, les hurlements ; cette époque où t’avais des airs de folle furieuse, où tu gueulais pour un oui ou pour un non, et que t’exigeais soudainement qu’on te ramène chez toi, à ton vrai chez toi. Et puis, quand ils ont jugé que tu ne représentais plus un danger, ni pour les autres, ni pour toi-même, t’as été confrontée à la découverte de ce monde souterrain. T’en avais entendu parler, de ce District disparu, qui avait mené une révolte, des décennies plus tôt, et t’avais du mal à y croire que, pendant tout ce temps, il continuait d’exister juste sous vos yeux. Et, lentement, la colère et la peine, tout ça, tous ces sentiments néfastes qui t’assaillaient et te transperçaient de part en part ; eh bien, ils avaient été bridés par la gratitude, et la volonté de bien faire. De rembourser cette dette – même si tu savais bien que tu ne pourrais jamais rien faire pour les remercier – et t’as enfin commencé à véritablement t’intégrer, à chercher à t’y plaire et à faire des rencontres. Tu grinçais parfois des dents face à leurs méthodes orthodoxes mais tu fermais souvent les yeux, parce que tu ne pouvais pas cracher sur cette main qui t’avait déjà tant donnée. Et puis, les années ont passé ; et si t’as pas eu la chance d’un jour sortir pour retrouver le soleil et l’air frais de l’extérieur, tous ceux qui ont un jour compté pour toi sont descendus à tes côtés ; tes sœurs et tes amis, tous étaient là, et c’était tout ce que t’avais jamais demandé. T’as jamais été aussi reconnaissante envers le Treize. Jusqu’à la disparition de Kathleen. Brutale décadence ; des mois à errer, sans vie, à te maudire en silence de ne pas être capable de surmonter ça, au moins pour tes proches, mais t’en étais incapable, t’avais l’impression de crever, soudain. T’as fermé les yeux, encore, résolument. Tu voulais pas voir ce qui se passait sous tes yeux ; jusqu’à y être confrontée de force. Et quand ta meilleure amie est revenue et que t’as compris que le District l’avait toujours su mais n’en avait rien fait, quand ils t’ont maintenue dans l’ignorance et la douleur, t’as compris, enfin, que t’étais jamais rien d’autre qu’un pion. Et puis, la désillusion. Et ça fait mal, c’est comme un goût encore amer qui se propage dans ta bouche, rêche sur ta langue. Et t’as envie de dégueuler, soudain, toutes ces belles paroles, toutes ces promesses que ne dictait que ta loyauté. Aujourd’hui, t’étouffes dans les souterrains ; et si tu t’es enrôlée dans l’armée, c’est simplement dans l’espoir d’enfin retrouver le soleil. Et, un jour, tu le jures, tu partiras.

Oui. Non. Tu ne sais pas. Tu n’sais plus. C’est quoi, déjà, le bonheur ? Pour toi, c’est le rire contagieux de Kathleen. Le sourire timide d’Avalon. Le regard tendrement maternel de Rumer. Aiden qui hésite entre les larmes et l’hilarité. Les lèvres d’Alix contre les tiennes. C’est le soleil sur ta peau, le vent qui bat dans ta crinière blonde. Le souvenir de ton père, l’idéalisation de ta mère. C’est ton enfance, érigée sur l’autel de l’innocence ; ces jours à contempler le coucher de soleil et les teintes orangées du ciel, dévorant peu à peu le teint doré des astres. C’est l’espoir de la chute du Capitole, un jour. Oui, l’espoir. Simplement ça. L’espoir de pouvoir retrouver tout ce que t’as perdu ; d’un jour récupérer ce qu’on t’a si brusquement arrachée. L’espoir d’un avenir meilleur, aussi ; d’un monde qui ne sera pas régi par la peur et où les femmes pourront enfanter sans vouloir ravaler leurs enfants, par crainte qu’ils ne soient sacrifiés pour la gloire du gouvernement. L’espoir qu’un jour, tu donneras plus souvent la vie que tu ne la sauveras in extremis dans ton travail. L’espoir de ne plus te réveiller en sursaut pendant la nuit, portant une main tremblante à ta poitrine, t’assurant que ton myocarde est bel et bien en train de battre. Et pourtant, tu sais ; désillusionnée bien malgré toi, t’en as désormais conscience, hein, Billie ? T’as beau faire preuve d’un optimisme à toute épreuve et de te plaire à te laisser bercer de tes rêves d’utopie, tu le sais, que le bonheur n’est pas encore à portée de mains. Avant ça, il y aura tant d’effusion de sang, tant d’hurlements encore, tant de morts. Tu pourras rien y faire, tu le sais, et qu’importe si ça fait mal d’y songer. Combien faudra-t-il sacrifier de gens pour ton petit bonheur, hein ? Chaque fois que tu poseras les yeux sur eux, tu te demanderas s’ils ne devront pas mourir pour ça, pour que tu sois heureuse un jour. Parce que ton bonheur à toi, aujourd’hui, c’est la paix et la prospérité. Si vis pacem, param bellum. Et tu le sais, que ça ne te mènera nulle part ailleurs que là, sur le champ de bataille, à pleurer sur ses cadavres, t’endeuillant en silence pour chaque macchabé décédé au nom d’un bonheur commun qu’il ne pourra même pas survoler de ses yeux brillants d’espoir. Et, d’abord, pourquoi le pourrais-tu, toi, hein, Billie ? T’as quoi de plus que les autres pour avoir le droit à ce bonheur pour lequel tant devront mourir, hm ? Rien, tu l’sais très bien. Mais tu dis rien. Parce qu’au-delà d’y croire, t’en as besoin de ce foutu espoir. Parce que c’est tout ce qui vous reste et que, sans ça, t’aurais mieux fait de crever dans l’arène.

JE VIENS D'UN MILIEU MILITAIRE, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE M’EST DONNÉE DANS LES PROPORTIONS RÉGLEMENTAIRES. DU COUP, MON NOM N’A PLUS AUCUN RISQUE D'ÊTRE TIRÉ AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER DE MÉDECIN MILITAIRE ET POUR TOUT VOUS DIRE, JE SUIS MA VOCATION DE TOUJOURS. JE SUIS DANS LE TREIZIÈME DISTRICT. AYANT VINGT-ET-UN ANS J’AI DÉJÀ PARTICIPÉ AUX HUNGER GAMES ET J’VEUX PAS EN PARLER. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

joe, (bientôt) dix-neuf ans, toutes mes dents, & le syndrôme de peter pan. :kathleen:

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Dernière édition par Billie D. Sweenage le Ven 6 Juin - 22:23, édité 1 fois
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† if the compass breaks then follow your heart — billie. Vide
MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 19:02


tell us your story.

(septembre, 2305)
BILLIE — « Il y a la mer, le chant des mouettes, les vagues qui vont et qui viennent. Les galets ripent contre ta peau. Encore un pas, encore un espoir, il faut y arriver, il faut espérer. Les pieds dans l’eau, le soleil tape, le vent mord. La vie bat tes tempes, plus vite, plus fort, plus vertigineuse. T’as peur, ça résonne au fond de toi, ça te tue, t’as mal. Putain, t’as mal, mal de cette trouille qui te foudroie et te transporte à des kilomètres, loin du carnage, loin de la mer de sang. La difficulté à respirer, la difficulté à bouger te semble dérisoire face à elle, face au reste. Et tu bouges, une main sur une plaie ridicule qui pourtant trempe le tissu de ton tee-shirt, ton bandeau s’est échoué sur les flots, tes cheveux en bataille, tu luttes. Tu as toujours lutté. Et sur ta langue, un goût de cendre, un goût de sel, un goût de souffrance muette. Tes non-dits te lacèrent, tu grondes, tout est lourd, tout te fait défaut et tu t’écrases sur le sable dans un bruit de métal, dans un bruit de fracas. Tes couteaux se sont éparpillés tout autour de toi. Tu y es presque. Elle est là, la Victoire, avec ses bras grands ouverts, ses grands yeux lumineux. Tu pourras te reposer, une fois auprès d’elle, une fois en sécurité. Et tu l’appelles sans saisir le moindre son, sans connaître ton propre nom, un cri, une pression, tu te sens t’envoler vers elle, mais déjà des ombres te retiennent, loin d’elle, loin de tout. Un dernier cri et ton visage se fracasse contre le sol, poupée désarticulée, poupée de son. Tu hurles et l’eau emplit tes poumons. Tu suffoques, tu crèves. Tu n’es plus. Dans un chaos de dilemme, tu luttes, tu luttes et tu sombres. »
LUI — « Cela se déroule-t-il toujours ainsi ? »
BILLIE — « Oui. »
LUI — « Pourquoi parler à la deuxième personne ? »
BILLIE — « Parce que ce n’est pas moi, mais ça l’est aussi. Je suis spectatrice impuissante, et actrice soumise, condamnée à revivre la même chose, la même mort sans rien pouvoir y faire. Sans rien y comprendre. »
LUI — « Tu sais pourtant ce qui t’est arrivée, n’est-ce pas, Billie ? »
BILLIE — « C’est impossible. Les morts ne reviennent pas à la vie. Ou bien tout est faux, ou bien je ne suis pas Billie. »
(enregistrement numéro sept, patiente billie sweenage, cauchemars post-traumatiques.)


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(juin, 2305)
« Wilhelmina Sweenage. » T’esquisses comme un pas de danse. Une petite glissade, à peine un entrechat, léger mouvement, comme si t’avais voulu t’envoler. Tu laisses tomber la main d’Avalon que tu tenais jusqu’alors si fermement dans la tienne. Comme si ton simple contact pouvait provoquait sa décadence. Toi qui t’es tant battue pour ne pas l’entraîner dans ta chute. Qui te battait. À présent, tes pieds ne battent plus que le rythme d’une valse à deux temps. Un pour elle, et un pour elle. T’aurais mieux fait de prendre le tien, de temps, dans la salle de bain. Est-ce que tu aurais dû te faire belle pour la mort ? Oui, tu aurais peut-être dû. Mais t’as toujours eu un dédain foudroyant pour toute forme de règlement, de règle. Maintenant, tes devoirs, ce sera au Capitole que tu devras les rendre. Là-bas, ils ne s’en ficheront pas de tes mains burinées, des cicatrices qui jouent sur ta nuque et tes côtes, des bleus qui maculent ta peau d’opale, de tes lèvres blanches grisées des baisers donnés au garçon sous le pommier, quand ton père, Rumer et Kathleen avaient le dos tourné, du nez un peu de travers que t’a laissée ta dernière escapade en terrain miné ; eux, ils ne s’en foutront jamais de ta gueule cassée de petite aventurière, de foutue guerrière. De toute manière, c’est la guerre qui va te casser ta jolie gueule.

Avalon te regarde, les yeux grands ouverts. Silencieuse. Vicieuse, l’hôtesse répète ton nom, le déformant dans son horrible accent made in Capitole. Vicieuse, cette façon que le Capitole a de vous amener à lui. D’amener la mort à vous. À vous. Avouez. Toi, pourtant, t’es cette fille qui ne cache rien, trop occupée à vivre, ta vie est un éternel aveu, heureux et non malencontreux. T’as mal contre eux. Pour eux. Rumer et ses beaux yeux bleus. Avalon et vos jeux. Papa et son vœu d’amour pieux. Les Sweenage. Tout le monde sait que vous n’avez jamais arrêté de vous débattre, vous protégeant les uns les autres, jusqu’à ne présenter que votre propre dos à la Tragédie qui semble vouloir s’acharner sur vous. Mais c’est fini. Billie-jolie, la jolie Billie, bientôt morte. C’est insensé. Un non-sens de plus dans cette existence qui n’en a jamais eu. Et qui ne sera bientôt plus. Morte avec toi, Billie. Billie morte. Tout à l’heure, il y a un instant, ce n’est pas qu’une vie que le Capitole a volé, c’est la vie. Tu voudrais qu’on écrive sur ta tombe « cadavre récalcitrant » parce que, même si la vie aura disparu, tu ne seras jamais déchue. T’as deux sœurs, tu as eu deux sœurs, et puis un père. Tu voudrais leur dire. Que tu n’es pas morte. Que tu ne peux pas mourir. Et si les Jeux voleront ton visage, la fin n’aura pas celui des Sweenage. Tu ne laisseras pas cette fin devenir des âmes esseulées et apitoyées. Tu iras leur dire. Tout à l’heure. Maintenant, tu veux danser. Et t’envoler. T’échapper. Et oublier.

Mais pour l’instant, c’est ton corps qui oublie de bouger. Et l’hôtesse qui oublie de te laisser. Et la vie qui oublie de rester. Tu sens les doigts tremblants d’Avalon sur ton poignet et, brûlants, les yeux larmoyants de Rumer sur ta nuque. Tu prends ta petite sœur dans tes bras, et la berces, tout doucement, le mouvement deviendrait presque illusoire. Et tu ne cesses de te bercer, doucement, de douces illusions. Dans ta tête, il y a les mots d’amour de Papa, la berceuse de tes nuits agitées, lorsque tes mauvais rêves venaient te tourmenter. Billie, ma petite, tu seras une grande dame. Ou une toute petite. Tu seras. Je ne te laisserai pas. Jamais. Papa sera toujours là. Je ne te laisserai pas. Viens là, plus proche. Viens tout près de moi, viens à moi. Je suis avec toi. Toujours. Pour toujours. À jamais. Jamais je ne saurai te laisser. Tu seras quelqu’un de bien, de meilleur. Tu ne seras pas supérieure, tu auras du cœur. Tu seras un génie. Tu ne comprendras rien à tes plus simples leçons de géométrie. Je ne te ferai jamais la morale. Tous les jours, je te disputerai pour tes piètres résultats. Tous les jours, je serai là. Je ne serai pas un saint, je commettrai des erreurs. Il faudra me pardonner. De t’aimer. Et de ne pas savoir toujours comment faire. Il faudra m’aimer. Je serai toujours sain, là-dessus, pas d’erreur. Je ne prendrai jamais aucun risque. Tu es mon plus beau pari, mon premier amour. Je suis à toi. Jusqu’à la déraison. Tu es ma raison d’être. Je vais t’aimer. Toujours. Toujours. Toujours. Toujours, mais maintenant, il faut dormir, mon tout petit amour. Ferme tes yeux. Jusqu’à la fin, je serai là. Entends ma voix, endors-toi. Et demain, le soleil se réveillera au rythme de tes cils. Mais maintenant, il faut dormir, Billie. Mon tout petit amour.

T’as fini par fermer les paupières. Et c’est comme si l’obscurité avait pris possession de ton être. T’as froid. Tu pourrais jamais les rouvrir, t’es si petite. T’as déjà un peu peur, c’est vrai que tu seras morte tout à l’heure. Personne n’a encore tâté ton pouls, qui sait ? Tu lâches Avalon, le cœur en morceaux. Morcelée. Tu sens deux bras te serrer, te ramener. Kathleen. Tu l’avais oubliée. Non, c’est faux. Tu ne peux l’oublier. Quand tu regardes le ciel bleu, ce sont ces yeux que tu vois, comme si t’étais prisonnière de son regard. Tu tentes d’esquisser un sourire victorieux, un peu de traviole. T’as l’impression de reprendre ta danse, là où ton nom l’avait laissée. Tu n’oses pas te retourner. Et si tu mentais ? Et si tu n’étais pas encore morte ? Tu ne mens pas. Et tu ne peux contempler l’espoir se fracasser contre le désespoir dans leurs regards. Pourtant, tu vois bien dans les yeux de Kathleen que ce n’est pas encore fini, que t’as une chance, qu’elle veut y croire. T’es presque heureuse. Tu vas pleurer. De joie, de tristesse, d’amertume, de bonheur, mais pas de peur. Tu le jures. Ou ils te jugeraient. Tu vas pleurer. Parce que t’as toujours aimé Kathleen, avec ses sourires, ses cris, ses nerfs à fleur de peau, ses cheveux virevoltant, ses yeux d’azur. Tu vas pleurer parce que la mort va t’arracher les yeux de Kathleen. Et que les tiens se sont déjà refermés. Fermés sur un monde qui part à la dérive, qui veut t’engloutir avant de sombrer. Fermés pour ne rien emporter d’autre que le regard de Kathleen pour dernier souvenir.

Tu la serres fort, très fort. Vous êtes immobiles, mais ne touchez plus vraiment le sol. Alors, t’es heureuse, vraiment. Tu feras ce que t’as dit. Maintenant, tu vas oublier. Et tout à l’heure, tu iras dire à ta famille et tes amis, et tous les autres jours, t’iras leur dire, dans un souffle emporté par la brise, leur raconter les yeux bleus de Kathleen, et ta vie qui s’en est allée. Qui t’a désertée. Et puis, même si tu ne te réveilleras pas, tu les aimeras. Tu seras toujours là, demain. Même si la vie est finie.

Et si demain ne sera pas là, célébrons aujourd’hui.

Tu souris, à la vie.

Et t’offres à la tienne à l’autel de la cruauté du Capitole. Pauvre de toi, tu n’as encore rien compris.  

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(70èmes  hunger games, jour 6)
« Neuf, je vais te tuer ! » Les cris fusent, répétés en écho de toute part de la caverne. Les Carrières sont affalés au sol, la fille du Dix au bras. Noyés par l’éclat éblouissant du soleil qui peine à entrer, ils tentent de faire paravent de leurs mains avant d’être éblouis ; le feuillage des arbres, dehors, projette ses ombres vacillantes sur des visages coupés à la serpe par un barbier manchot. Une irritante fumée flotte au-dessus du sol, mêlée d’eucalyptus, et autres plantes médicinales qu’a obtenu un tribut de ses sponsors.

Tu slalomes entre les corps que tu distingues à peine. T’enjambes le cadavre du garçon du Trois, parvenu à rejoindre l’alliance des Carrières on ne sait comment, mais qui a tôt fait de se faire poignarder dans le dos, puis manques de glisser dans une flaque d’un liquide non-identifié – quoique, tu mettrais ta main à couper qu’il s’agit de sang – et tu ne préfères pas baisser les yeux pour te rendre compte que tes pieds en sont désormais couverts. Tu te saisis d’une bouteille à l’équilibre précaire sur le sol, et la tiens fermement entre tes doigts gourds, avant de tenter de l’enfourner à l’intérieur de ton sac dans ton élan. Tu virevoltes, insaisissable, en évitant les gestes saccadés des Carrières. « Hé, toi, si tu veux rester en vie, choppe-la, et vite ! » Tu contournes le gars du Quatre, colosse à qui étaient adressés les beuglements, soudain dressé juste devant l’entrée. Tu bifurques brusquement, croisant à l’occasion le regard de la blondasse du Deux, son visage conservant encore les vestiges de l’explosion du troisième jour. La moitié droite est plongée dans la pénombre de la caverne quand la gauche semble faite de chair boursoufflée et calcinée, prête à tomber en lambeaux. Elle est aussitôt masquée par l’imposante stature du gars du Un qui l’empoigne sans ménagement avant de la tirer violemment en arrière, jusqu’à ce qu’elle aille se fracasser le crâne contre les parois rocailleuses. Tu ne comprends rien de ce qui se trame, et ne penses qu’à courir.

D’un pas vif qui te donne l’impression de voler au-dessus de tout ça, tu contournes finalement le tribut du Quatre, et franchis le seuil de la caverne. Une main se referme sur le vide. T’es comme une brise éthérée. Tu sautilles, légère et inconsistante, tu volètes entre les silhouettes dangereusement égarées, tu files comme le vent. T’as ce petit quelque chose d’intouchable, qui te distingue des autres comme une comète au beau milieu de la nuit. T’es une étincelle, jaillissant de braises qui s’éteignent. Éphémère, et enviée sans le savoir. Tu brilles. Tu fuses. T’es différente. Ton secret est pourtant simple. L’enfance. Un brin de jeunesse et de nostalgie que t’envient sans le savoir ces gosses corrompus, métamorphosés en machines à tuer. Ton innocence déjà bien entravée te rend lumineuse comme un joyau de taille, mais toi-même, tu y es aveugle. Et…

Soudain, tu l’entends. Lorcan. Il hurle à s’en déchirer les cordes vocales alors que la fille du Un enfonce une lame dans la chair de son abdomen. Son cri. Bruit d’enfer. Tu commets l’erreur de te retourner, et tu discernes une silhouette dans la pénombre qui s’écroule soudain. Deux autres qui tressautent. Et puis, un coup de canon. Lorcan est mort. Tu ne comprends pas ce qui t’arrive mais tu dégaines brusquement l’un de tes couteaux, avant de t’élancer en sens inverse. C’est ironique, tu t’es tuée à venir jusque là pour en ressortir vivante, Lorcan en est mort, mais t’y retournes, la tête la première. Tu hurles à la manière d’un animal blessé et, à nouveau, tu t’élances, vive, fougueuse, légère. Tu sautes littéralement sur la tribut du Un, et tes ongles lacèrent profondément sa chair. Sous tes doigts, encerclant sa gorge, tu sens son pouls s’emballer, et le sang jaillir furieusement dans ses veines. Tu songes qu’il suffirait que ta lame glisse, juste là, sur sa gorge, qu’elle y laisse sa trace, et l’autre s’écroulerait aussi sec au sol, s’effondrerait vulgairement avant de se vider de son sang. Aussi simple que ça. Tu te rends compte de la fragilité de la vie humaine. Et t’en pleures. Ou bien, est-ce pour Lorcan, ces larmes amères ?

« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? » éructe soudain une voix, sur le seuil de la caverne. Tu remarques qu’il ne peut pas tomber plus juste. La fille, qui jusqu’alors se débattait sous ton emprise, a sursauté et s’est figée une seconde. Ça te ferait presque sourire, si ton visage n’était pas déformé dans cette expression de haine pure, disloqué en une expression féroce et animale alors que, sur ta rétine, s’impriment lentement des images de plus en plus sanguinaires. « Qu’est-ce que vous foutez, bande d’attardés ? » Tu sens une main agripper brusquement ton épaule, avant de te tirer brutalement en arrière, jusqu’à t’acculer à la paroi, à l’opposé. Tu grognes, et vocifères des insultes, furieuse, rendue folle par ta douleur. Par ta peur. Personne ne saurait interrompre un tel règlement de comptes, à moins de s’y joindre à son tour. L’arrivant a forcément du cran. Tu continues d’hurler jusqu’à ce que tes yeux s’ouvrent sur lui. Et tu le fixes d’un œil soudain méfiant.

Uriah toise le tas de chair informe que sont devenus Lorcan, la fille du Dix, et le garçon du Trois avec un mépris teinté de désapprobation. Il manque de crier au sabotage ennemi. Et puis, ses yeux d’acier s’enfoncent profondément dans les tiens ; et il semble te crucifier au mur par la simple force de son regard. Pour la première fois, il te regarde vraiment avant de faire claquer sa langue contre son palais, soudain méprisant. Toi, la fille du misérable District neuf, l’adversaire insoupçonnée qui s’est glissée jusqu’à la corne d’abondance, là où les Carrières ont élu domicile depuis le premier jour. Toi, Neuf, comme ils t’appellent, ou comment étaler à terre les illustres enfants des grands Districts jusqu’à ce que ça, leur titre, leur gloire passée, la crainte qu’ils inspirent, jusqu’à ce que tout ça ne veuille plus rien dire pour cette année. Du pain et des jeux, ont-ils promis. Des neurones en bouillie, as-tu constaté. Pitoyable, pense-t-il.

Tu reviens à toi. Tu sens soudain sa main, plaquée contre ta gorge, et la fille du Un qui exalte derrière lui. Il te touche, toi qui as fait tant d’efforts pour montrer aux attardés ici présents qu’on ne pouvait pas te toucher. Il te soulève. Tu te débats, tu laisses échapper un braillement puéril, mais il ne daigne pas desserrer sa poigne de fer. Alors, tu le mords. T’enfonces tes dents de toutes tes forces dans la peau blanche, comme si ta vie en dépendait, jusqu’à sentir le goût ferreux, rehaussé de sel, du sang. Il laisse échapper un grognement de douleur. Il secoue le bras en jurant avec un air de démon, mais tu tiens bon, décidée à ne pas lâcher la première. Et comme si tes dents t’étaient arrachées toutes en même temps, dans un horrible bruit de succion, il se libère. Et te bâillonne au plus vite. « Non, mais qu’est-ce que tu viens foutre là, toi aussi, au milieu de cette bande de sauvages ?! » tempête-t-il comme si tu n’avais pas essayé de le bouffer.  Tu ne lui fais pas remarquer que c’était ça, ou crever de faim si les Carrières ne s’étaient pas déjà chargés de te briser la nuque, ni que tu n’as aucunement besoin de son attention et encore moins que le plus sauvage et le plus dangereux de tous, c’est lui, et qu’il vient d’en donner la preuve public. Déjà, parce que tu préfèrerais courir plutôt que parlementer. Et ensuite, parce que t’es bâillonnée. Pas très pratique pour donner ton avis, qu’on ne demande pas, au passage. Ce genre de détail pourrait être pris en compte quand on pose une question. Ah, mais bien sûr. Rhétorique.

Uriah t’emporte à tour de bras, traverse la caverne sous le regard bovin de ses camarades carrières, il finit par te reposer sur tes pieds. T’attends le coup final, le moment fatal, où il passera ses doigts autour de ton cou gracile, et viendra à serrer jusqu’à attendre un clac sinistre. Au lieu de quoi, il y a ses yeux qui s’ancrent dans les tiens, et ses lèvres qui articulent soigneusement un mot muet. Et puis, ton regard qui s’écarquille. Bouge de là. Il te demande de t’enfuir. Est-ce qu’il veut rendre ta mort plus distrayante en entamant une traque forcenée à travers l’arène ? Tu l’ignores. Tu sursautes intérieurement. Tremblotes en le voyant soudain dégainer son arme. Et t’élances vers la sortie. Gémis. Dans ta course, t’entends comme les échos d’un millier de cris et l’acier contre l’acier. Tu cours et tu jures t’envoler loin de ce cauchemar alors qu’au bruit des épées qui s’entrechoquent, succède le silence calme et paisible de l’arène, tes pieds butent contre le sable blanc qui s’étend à perte de vue. Frénétiquement, tu fouilles dans le vieux sac en toile que t’as réussi à attraper le premier jour, et en ressort une bouteille d’eau. Tu bois avidement deux gorgées, pas plus, pour t’assurer d’en avoir pour le restant de la journée. Appuyant ta main contre ta poitrine, tu t’astreins au calme pour reprendre doucement ta respiration. Tu suffoques, alors que les images du corps inanimé de Lorcan flottent sous tes paupières entrecloses. Tu grimaces soudain avant de brusquement te redresser, le dos bien droit, le menton haut et volontaire, et les yeux brillant d’une fureur nouvelle. Dans le silence, tu avances à pas feutrés, calmement, jusqu’à te trouver une nouvelle planque pour cette nuit.

(70èmes  hunger games, jour 7)
Tes yeux le détaillent, la bouche ouverte sur un mot qui ne daigne pas sortir, et tes jambes, soudain, semblent de plomb. À voir pourtant la douleur qui déforme ses traits, tu songes que tu aurais toutes tes chances, si tu prenais la fuite, là, tout de suite. Tu n’aurais qu’à t’élancer pour te perdre dans cette forêt dense et étouffante, tu finirais par grimper à un arbre, et tu pourrais t’en sortir. Repousser l’échéance d’un jour supplémentaire. À travers ses paupières fermées, sa bouche distordue en une expression de pure souffrance, il parvient à croiser ton regard perdu. Un rire amer remonte sa gorge, s’avortant aussitôt en une quinte de toux, lui faisant recracher du sang. Ah, il est beau, le tribut du Deux, le fier et fort Uriah, le grand favori de votre édition, celui devant qui tous baissent les yeux et courbent l’échine, résignés, y compris les Carrières. Celui qui t’a laissée prendre la fuite. La pensée te frappe, te percute violemment jusqu’à manquer de te faire vaciller. T’aurais-t-il véritablement sauvé la vie ? C’est absurde, te morigènes-tu aussitôt. Ça n’aurait aucun sens, et il n’aurait rien à en tirer quand le seul objectif de ces Jeux sordides est de prendre la vie qu’il a épargné pas plus tard qu’hier. « Eh bien, qu’est-ce que t’attends, Neuf ? » Il dégage cette aura sombre et animale, ce charisme violent et brutal qui brûle la rétine, mais sa voix est chevrotante, et la sueur à son front ne saurait tromper personne. Il agonise. Le prochain coup de canon ne sera jamais que son propre requiem et, en croisant de nouveau son regard, tu te rends compte qu’il en a parfaitement conscience. Il sourit. Il a ce stupide sourire qui te fait frissonner depuis l’entraînement, lorsqu’il t’a survolée du regard, alors que tu t’entraînais au lancer de couteaux ; te sentant épiée, tu t’étais retournée, et il avait eu ce sourire de traviole. Comme si le monde était une vaste blague qu’il n’était pas encore prêt à partager. Comme si le monde entier avait décidé de se moquer de lui et qu’il avait donc pris le parti de se foutre de ta gueule. Tu détestes ce sourire, parce qu’il suinte d’arrogance et de confiance et que, même à moitié mort, tu ne peux t’empêcher de le redouter, Uriah. « T’as vu mon état ? Je suis une cible facile. Un obstacle en moins. T’as juste à tirer un de tes couteaux, et ça sera un pas supplémentaire vers la victoire. » Tu recules instinctivement, jusqu’à être acculée contre un arbre.

L’écorce pénètre ta chair, et de violents frissons parcourent ton échine alors que tes muscles se crispent subitement. Il est là, à moitié étendu sur le sable, adossé à un rocher rongé par la mer ; il n’a même pas cherché à se cacher, songes-tu brusquement. Serait-ce un piège ? Tes yeux virevoltent nerveusement, tu regardes tout autour de toi, essayant de discerner une ombre, un bruit, quelque chose trahissant l’endroit où se cachent ses coéquipiers. Il s’en rend compte. « Il n’y a personne. » énonce-t-il tranquillement, la voix de plus en plus faible, avant de manquer de s’étouffer à nouveau, crachant à nouveau du sang. Le dos recourbé, il parvient à redresser la tête, et t’adresses un sourire dans un piteux état. « Juste toi et moi… » Sa respiration se fait bruyante, presque sifflante, et t’es là, plantée comme une conne, à le regarder se vider de son sang – la plaie à son abdomen attire brusquement toute ton attention, immobile quand tu devrais prendre la fuite. Prendre la fuite, ou l’achever. Cette pensée, pourtant, te terrifie. Tu te souviens, du sourire suave de Caesar lorsque, durant l’interview, tu avais avoué que tu te sentais incapable de tuer qui que ce soit. Il t’avait demandée, d’un air badin, si tu étais sûre d’avoir compris le concept des Hunger Games quand, dans un sourire angélique pour masquer le fiel de ton cœur, la voix mielleuse, tu avais rétorqué que tu si en connaissais le but, les Jeux, eux, ne te connaissaient pas encore.

Soudain, tu fais un pas en avant et dans ton crâne résonnent les voix de tous tes proches. Tue-le. Tue-le vite, et rentre à la maison. La maison. Tu n’as qu’à fermer les yeux pour jurer y être. Sentir les effluves d’un repas brûlé par les soins de Papa, entendre la démarche assurée de Rumer sur le parquet ; tu n’aurais alors qu’à tendre la main pour effleurer la crinière blonde d’Avalon, assise à côté de toi et penchée sur ses devoirs. Alors, on toquerait à la porte. Tu descendrais prestement de ta chaise pour ouvrir à Kathleen et Aiden et, aidée de ta meilleure amie, vous iriez amadouer ton père pour qu’il daigne te laisser sortir en attendant l’heure du déjeuner. Et, en refermant la porte, tu taquinerais le fils Bregstone, après avoir surpris le regard à la dérobée qu’il aurait auparavant jeté à ta cadette. En chemin, tu te disputerais innocemment avec Elyas, à celui qui aurait le privilège d’escorter Kathleen à sa prochaine escapade en dehors des limites du Neuf. Et alors, vous partiriez tous ensemble vers le lac ; et tout serait parfait. Tue-le, et rentre à la maison, répètent-ils tous, d’une seule et même voix. Car tel est le principe de ces Jeux sordides. C’est lui ou toi, la loi du plus fort, telles sont les règles qui régissent votre – courte – vie lorsque vous êtes cloitrés dans l’arène. Tue-le, Billie. Tu les imagines là, tous, devant l’immense écran du Neuf, sur la grande place, t’enjoignant à en finir au plus vite car une telle occasion ne se représenterait pas. Car tu sembles tout à coup si forte, presque invincible, à tenir la vie du plus redoutable tribut de cette année entre tes mains. Tu inspires longuement, puis expires, lentement. T’essaies de te donner une contenance, mais tu ne tromperas personne. Même Uriah a trouvé la force d’esquisser un nouveau sourire narquois. Tue-le. Et puis, c’est la voix du médecin du Neuf qui vient se répercuter contre les parois de ton crâne. Ça sera dur. Il te faudra sauver des vies pour qu’elles aillent mourir plus loin. Dans un monde tel que le vôtre, régi par aucune autre règle que celle de la cruauté, dans un monde où les enfants sont les premiers à mourir, il n’y a rien de véritablement étonnant. Sauver. Les médecins sauvent des vies. Alors toi, bêtement, quand on attend que tu dégaines une de tes lames pour lui trancher la gorge, tu vas sauver la sienne. Uriah en ravale son sourire, et c’est à ton tour de l’esquisser, presque fière d’être enfin parvenue à lui ôter ce satané rictus. Presque fière de demeurer fidèle à celle que tu as toujours été. Le Capitole t’a déjà tout pris. Ta famille, tes amis et ton avenir. Tu n’as plus de vie, sauf pour distraire celle, bien morne, des habitants de la capitale, le temps de quelques jours. Le Capitole t’a tout arrachée, mais toi, tu promets de ne rien leur laisser. De ne pas t’oublier en cours de route, de ne pas leur laisser le privilège de te changer avant de crever dans l’arène.

Tu forces Uriah à se redresser davantage alors que t’as fini de bander sa blessure avec ce que t’avais sous la main. Il te regarde, un peu ahuri, muet de stupéfaction surtout. Et toi, tu t’efforces de ne rien laisser paraître sur ton visage quand, le dos bien droit et le menton haut, tu te redresses avant de le darder de toute ta hauteur – quand il te domine habituellement de presque deux têtes. « Ça, c’est pour hier. Maintenant, on est quitte. Une alliance, ça te dirait ? » Sa réplique a avorté ton départ quand, drapée de toute la fierté dont t’étais capable, t’étais prête à faire demi-tour et retourner te planquer dans la forêt. Une alliance ? Avec un Carrière ? Tu te retournes et le dardes d’un œil méfiant, et il ne trouve rien d’autre que son stupide sourire – en plus de ce foutu rictus, il semble retrouver des couleurs. « Ne te méprends pas. C’est juste que ça sera plus simple de te tuer à la fin, toi, plutôt que ceux du Quatre. » Tu devrais t’insurger, ou lui expliquer avec une politesse des plus altruistes qu’on ne forge pas une alliance pour se garder sa dernière victime sous le coude ; ou, dans le cas contraire, on se garde bien de le dire à celle-ci. Pourtant, il y a quelque chose dans son sourire, une étincelle dans son regard, qui te fait inexplicablement accepter. Foutue pour foutue.

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(novembre, 2305)
BILLIE — « Ses grands yeux bleus te fixent et une lueur d’inquiétude les foudroie alors que, dans un éclair de lucidité, elle comprend ce que tu vas lui faire ; tu peux le lire dans son regard. Elle n’ose pas te tourner le dos, elle sait que ça ne servirait jamais qu’à précipiter sa propre chute, alors, elle marche à reculons, ses yeux toujours fixés sur toi, sur tes doigts, comme à l’affut du moindre mouvement suspect, la forçant à amorcer une fuite. Tu te sens puissante, vraiment. T’as la démarche féline et tu ne quittes pas ta proie des yeux, t’attends juste le faux pas qui sonnera comme un coup de départ. Tu es anormalement calme, le visage lisse de toute expression, la respiration paisible, comme si tu n’avais pas conscience de ce que tu t’apprêtais à faire. Et puis, soudain, elle trébuche. Toi, t’attendais juste ce signal pour t’élancer. Elle n’a pas encore touché le sol que, déjà, tes mains sont autour de son cou. Elle se débat. Tu lui murmures de se taire, que ce sera bientôt fini, tu lui promets. Elle ne t’écoute pas, et continue de s’agiter en tous sens, dans le futile espoir de t’échapper. Sauf que tes doigts sont des serres qui l’agrippent férocement, bien trop fort pour qu’elle puisse espérer se défaire de ta poigne de fer. Une voix dans ta tête te hurle de tout arrêter, de la relâcher. Cette voix te hurle qu’il ne faut pas la tuer. Ni elle, ni personne. Mais tu choisis de ne pas l’écouter. Ton corps est toujours au-dessus du sien, tu bloques ses jambes et l’empêchent de faire le moindre mouvement. Soudain, ses muscles se détendent alors qu’ils étaient crispés à l’extrême il y a encore un instant. Son regard bleu est vitreux, et sa tête finit de s’enfoncer dans le sol. Tu clignes des yeux et, soudain, tu songes qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Avalon. Elle a le même âge qu’elle, tu le sais. Alors, tu te demandes si, quelque part, quelqu’un l’attendait pour qu’elle rentre à la maison. Si cette gosse n’était pas l’Avalon de quelqu’un. Alors, tu te dis que c’est un peu comme si t’avais tué ta petite sœur. »
LUI — « Tu sais que ce n’est pas toi qui a tué cette fille, n’est-ce pas, Billie ? Tu m’as dit toi-même que tu as essayé d’empêcher Uriah de le faire. »
BILLIE — « Mais je n’ai pas réussi. Elle est morte. Je suis complice de ce meurtre. Je suis un monstre, n’est-ce pas ? »
L’enregistrement grésille, on entend quelque sanglots puis, plus rien.

(enregistrement numéro treize, patiente billie sweenage, suivi hebdomadaire.)


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(70èmes hunger games, jour 16)
Tu es en train de mourir.

Il n’y a aucune autre explication possible, face à l’horrible douleur qui te brûle la poitrine. C’est comme si tes organes se liquéfiaient, comme si tes os se fracturaient, comme si quelqu’un avait introduit de l’acide dans ta gorge. Un besoin primaire de bouger, de fuir. Courir loin. Mais courir alors qu’un puissant acide coule dans vos veines est impossible. Une douleur lancinante te déchire le bas ventre alors que tu te tords de douleur ; tu serres obstinément les dents pour ne pas hurler. Tu ne peux plus bouger, à la merci d’un mystérieux opposant qui va bientôt t’achever. De violents spasmes font vibrer ton corps de toute part. T’entends des pas s’approcher, et quelqu’un s’accroupir à tes côtés, te chuchotant quelques mots que tu ne comprends pas. Bien sûr, tu te doutes que ce sont des insultes qu’il te crache à la figure, qu’il jubile à l’idée de pouvoir éradiquer un obstacle aussi insignifiant que toi ; tu reconnais alors les traits épais et vulgaires du tribut d’Alcide, le tribut masculin du Quatre.

Uriah t’a appris leurs noms au détour d’une conversation. Alcide et Nérée, les deux tributs du Quatre, les ultimes survivants de l’alliance des Carrière après que ton camarade les ait décimés lorsqu’il t’a laissée prendre la fuite. Un peu plus tôt, il t’avait avouée que sa co-tribut, la fille du Deux, avait succombé quelques heures avant que tu ne prennes d’assaut la corne d’abondance aux côtés de Lorcan. Des mutations génétiques reposaient au fond de la mer et avaient profité qu’elle remplisse sa gourde pour l’entraîner avec eux et la noyer, jusqu’à relâcher son corps qui avait alors flotté à la surface. Il t’avait alors parlée de sa volonté de la ramener sur la terre ferme, renvoyant les autres Carrières jusqu’à la corne d’abondance où ils avaient laissé le garçon du Trois seul – moment propice où Lorcan et toi aviez donc décidé d’attaquer – et s’était chargé d’elle jusqu’à ce qu’un hovercraft ne l’emmène loin de ce cauchemar. Il n’a rien dit d’autre mais, dans ses yeux, tu vois trop clairement cet éclair de regret à la mention de la mort d’Enyo. Alors, t’as humblement baissé les yeux et vous vous étiez plongés dans un silence presque religieux, en l’hommage de vos co-tributs disparus. Jusqu’à ce que la voix d’Uriah ne s’élève à nouveau, parlant des Carrières et de leur alliance stupide, qui consistait simplement à éradiquer au plus vite les gêneurs pour ensuite se livrer à un véritable bain de sang entre les six adversaires les plus redoutables de chaque édition. Il leur avait laissé penser qu’il les guiderait jusqu’aux portes de la victoire, avant d’annoncer officiellement, sur le cadavre du dernier tribut dont ils auraient la peau que, désormais, c’était chacun pour soi. Mais il avait préféré couper court à cette mascarade qui ne lui correspondait qu’à moitié. Toi, tu t’étais tout à coup montrée suspicieuse. « Dans ce cas, pourquoi m’avoir proposée une alliance ? » lui avais-tu alors demandé, le plus judicieusement du monde. Tu te souviens de son regard orageux qui s’était lentement tourné vers toi, de son foutu sourire, encore une fois, quand il t’avait soufflée qu’avoir une infirmière dans ses rangs pouvait toujours aider, comme il ne te considèrerait jamais comme une menace, au vu de ton incapacité à tuer. Qu’importe que t’aies éborgné Alcide, lors de retrouvailles impromptues au détour de l’arène, alors qu’il empoignait férocement la gorge d’Uriah. Tu lui avais sauvé la vie, oui, et alors ? Tu t’étais refusée de tuer votre adversaire pour autant, faisant bien attention de ne pas enfoncer ton couteau dans un quelconque point vital. Tu t’étais alors contentée de vous donner une échéance supplémentaire mais tu ne vous avais en rien rapproché de votre objectif : survivre. Et Uriah n’avait pas hésité quant à te le rappeler.

Tes secousses s’amplifient, tes doigts se crispent, se serrent et tu ne peux plus les desserer. Les ongles de ta main gauche se sont enfoncés si profondément dans ta peau qu’ils laissent couler un mince filet de sang. Tu sens quelque chose de chaud et poisseux couler le long de ton corps avant de venir maculer le sol. Es-tu réellement en train de te vider de ton sang ? Alors que tes tremblements semblent s’apaiser un instant, tu tentes de porter ta main à ton ventre pour inspecter la supposée blessure et, au moment où tu t’apprêtes à toucher la plaie, une autre secousse – encore plus violente que les précédentes – te soulève d’au moins une dizaine de centimètres du sol et te fait hurler. Ton cri résonne dans les environs, encourageant sans doute les rares survivants à ce stade, à rester au plus loin du rivage et à plutôt s’enfoncer dans les tréfonds de cette forêt amazonienne. Si t’avais plus ou moins réussi à contenir ce mal qui te ronge au niveau de l’abdomen, à présent, c’est insoutenable. Insurmontable. Insupportable. Tu te tords en deux, littéralement. Tu sens ton corps se cambrer dans des postures effroyables, ta colonne vertébrale craque, tu sens chacune de tes vertèbres se briser, une par une. Lentement. T’arrachant des cris de souffrance. Tu te mords férocement la langue pour t’empêcher de hurler plus que tu ne le fais déjà, ce qui te fit saigner ; le sang inonde ta bouche, le goût ferreux du sang t’écœure et te donne envie de vomir. Les jointures de tes doigts semblent se briser tellement tes mains sont crispées paralysées. Tes paupières, que tu n’as même pas pris conscience de fermer dans ta douleur, refusent désormais de s’ouvrir, te laissant seule, aveugle dans ton mal. Et t’en viens presque à espérer qu’elle arrive vite, cette mort, et qu’elle te tue immédiatement, cessant de te torturer. Ta nuque se plie violemment en arrière et tes lèvres se mettent à trembler, tes dents à claquer si bien que tu crois qu’elles vont se briser. T’as comme l’impression que quelqu’un s’amuse à te dépecer, lentement, déchirant ta chair en lambeaux à l’aide d’une lame effilée. Et ton ventre, juste au niveau de l’abdomen. Horrible. T’as l’impression qu’une force invisible pousse de l’intérieur, déterminée à défoncer les parois de ton corps jusqu’à te voir te déchirer. Littéralement.

T’as perdu toute notion du temps. Chaque seconde paraît durer une éternité. Et chaque tic tac incessant dans ta tête te promet une nouvelle éternité de souffrance, à retenir tes hurlements de douleur. Tu penses au pitoyable spectacle que tu offres à tes proches devant leur écran, à la maison. Soudain, la douleur semble cesser une seconde. Tu souris alors, d’un sourire pâle, comme une trouée de lumière un matin d’hiver, puis, visiblement apaisée quoique surtout épuisée, tu retombes mollement sur le sol, reprenant, en une seconde, ton masque de fièvre et tes yeux de mourante. Une voix, chaude et rauque, s’élève dans les airs et tu reconnais le timbre d’Uriah. « Billie, il va falloir que tu te lèves. Alcide et les autres vont revenir. Billie, debout ! » s’agace-t-il soudain, feulant à la manière d’un animal sauvage, manquant de t’effrayer et de faire battre un rythme endiablé à ton palpitant dont, lentement, les battements commencent à s’espacer. Tu parviens à entrouvrir les yeux pour le voir bouger imperceptiblement les lèvres, et ne sortent que des mots, décousus de sens, désordonnés et incompréhensibles, jusqu’à ce que, parfois, l’un d’entre eux ne parvienne à effleurer les méandres de ton esprit. Debout. Poison. Mutations. Vite. Alcide. Mourir. Tu aimerais croire qu’il ne s’agit que d’une illusion alors que tu te souviens avoir été mordue par un serpent, à la lisière de la forêt, à seulement quelques mètres de la plage de sable blanc. Sans doute l’œuvre du Capitole, une de leurs précieuses mutations génétiques. Tu voudrais croire alors que tu es capable de te relever quand, lentement, ta douleur s’estompe.

Jusqu’à redevenir aussi virulente quand tu ne fais qu’esquisser un geste pour te redresser.

Tu n’as plus mal. Excepté au ventre. Et, lorsque tes yeux tombent sur tes doigts, ceux-ci sont colorés de rouge. Tu as tout juste le temps d’esquisser une grimace et de croiser le regard – serait-ce de l’inquiétude dans ses yeux ? – d’Uriah que, déjà, les ténèbres t’accaparent.

Et soudain, le néant.



Dernière édition par Billie D. Sweenage le Ven 6 Juin - 21:52, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 19:02

plus deux, ocazoù.
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 19:18

Bienvenue belle demoiselle !
Tu m'en voudras pas mais j'ai la flemme de lire pour le moment xD
Mais ton personnage semble roxer du poney !
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 20:27

Bienvenue ^^
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 20:34

Bienvenue sur MJ Billie ! † if the compass breaks then follow your heart — billie. 2774444739
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 20:40

Bienvenue sur MJ, you bioutiful thing ! crac crac
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 20:52

Welcome I love you
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 21:07

Bienvenue à toi et bon courage pour le reste de ta fiche. fake angel 
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 22:13

merci à vous, bande de bégés. :kathleen:
   
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 22:20

Bienvenue sur MJ, ta fiche est une fiche de fifou! † if the compass breaks then follow your heart — billie. 2368156825
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 22:22

merci, sage. I love you (evaaan. † if the compass breaks then follow your heart — billie. 4209083858) j'avoue que je me suis laissée emporter par le flow. :kathleen:
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeVen 6 Juin - 22:41

What a long fiche :kathleen:

Bienvenue sur MJ, excellent choix de scénario !
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeSam 7 Juin - 8:44

welcome † if the compass breaks then follow your heart — billie. 1147778360 I love you
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MessageSujet: Re: † if the compass breaks then follow your heart — billie.   † if the compass breaks then follow your heart — billie. Icon_minitimeSam 7 Juin - 13:41

Eh bah, ça en fait de la lecture, faut que je me prépare un graaand thé pour lire en même temps limite † if the compass breaks then follow your heart — billie. 4083136502 Excellent choix de scénario en tout cas chou † if the compass breaks then follow your heart — billie. 173490454 & surtout bienvenue sur MJ † if the compass breaks then follow your heart — billie. 1147778360 † if the compass breaks then follow your heart — billie. 3686848491
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