IV,1. la moisson du district neuf

La moisson
“ district 9 ”

(c) peacekeepers
« La Moisson approche. La tension dans les districts est à son comble, et chacun fait de son mieux pour paraître détaché. Parmi les plus jeunes, il y a ceux qui sont terrifiés à l'idée d'entendre leur nom appelé, et il y a ceux qui trépignent d'impatience de pouvoir participer à ces Jeux. Les habitants sont invités à rejoindre l'hôtel de ville de leur district. Les préparatifs sont déjà terminés, et l'endroit grouille de Pacificateurs, prêts à intervenir au moindre débordement. D'un côté, les adultes, ceux qui ne sont plus éligibles se rassemblent, anxieux à l'idée de voir leurs enfants partir. De l'autre, il y a les potentiels tributs. Au centre de la grand place, une estrade se tient, prête à accueillir l'hôte Iron Flickerman. Sont déjà présents, le maire Miles Easton (pnj), ainsi que le mentor Elyas Aeden Chesterfield. »

Vous pouvez déjà poster après ce message, des rp courts de préférence. Tous les habitants des districts sont invités à participer. La suite arrivera dans l'après-midi, avec l'annonce des tributs féminins. Soyez patients, et puisse le sort vous être favorable.

Invité

Nous y sommes.
La Moisson.
L'événement tant attendu sur tout Panem. Surtout au Capitole.
Je me suis réveillée ce matin, en pensant à mes parents. Que diraient-ils d'Elyas et moi, aujourd'hui ?
Auraient-ils fini par nous avouer, avant aujourd'hui, qu'ils étaient rebelles, ou auraient-ils gardé ce secret jusqu'au bout ?
Quand je suis arrivée, seule, car Elyas est mentor encore une fois cette année, j'ai regardé la foule séparée en deux. Là où tous ceux qui ont passé l'âge, attendent en silence, en ne s'inquiétant plus pour eux, désormais, mais pour tous leurs proches encore éligibles.
Je ne savais pas à quoi je m'attendais, au final, en scrutant cette foule. Mes parents n'étaient plus là. Et ne seraient plus jamais dans cette foule.
Ils n'avaient plus à s'inquiéter, après tout, que je partes ou non maintenant.
Ils vont bientôt annoncer les noms. Autours de moi, je reconnais quelques visages, et puis, j'ai vu Lou dans la file des adultes, elle doit sûrement s'inquiéter pour son frère, elle avait l'air nerveuse.
Je le suis aussi. Je crois. Curieusement, ces jours là, je ne sais pas ce que je ressent vraiment, je n'en fais le bilan que lorsque je suis encore au Neuf, le lendemain. La peur qui vous prend le ventre. Le cœur qui bat trop vite. Une goutte froide qui vous dégouline dans le dos.
C'est ça, La Moisson.
Elyas est arrivé bien avant tout le monde.
Je scrute son visage, en quête d'émotions. Il a l'air calme.
De l'extérieur.
J'inspire une dernière fois, avant d'entendre la voix de l'hôte.

Invité

C’est sale. C’est poussiéreux. Mais son maquilleur n’a pas mentit : la lumière est superbe. Iron a opté pour un ensemble d’un blanc immaculé avec lequel contraste quelques touches sanguines. Des rainures rouges strient en effet sa cuisse droite, son épaule gauche et deux lignes plus épaisses marque chacun de ses flans. Il porte des gants et chaussures d’un noir d’encre et ses cheveux, de même couleur, ont été teintés de rouge aux extrémités également. Une couleur fort appropriée pour la journée de la Moisson, non ?

Il est arrivé sur la place avec son escorte alors que les premiers potentiels tributs commençaient à affluer sur la grand-place, face à l’estrade installée pour l’occasion. Rien de bien classieux, à son grand regret, mais peut-on attendre quoi que ce soit d’un tant soit peu distingué de la part des habitants de ce trou, si éloigné du Capitole ? Ca le change du district où il officiait précédemment, mais il ne peut pas se plaindre et ne doit rien laisser paraître de son agacement ou de sa déception. Et puis après tout : peu importe le décor. C’est sa prestation et celle de ses tributs qui va compter. Et Iron se sent largement à la hauteur pour relever ce défi et éblouir le Capitole. Reste à espérer qu’il ne tombe pas sur des pleurnichards…

Il grimpe quelques marches avec désinvolture et ne prend pas la peine de saluer la foule. Personne ne lui accorde la moindre attention de toute manière… C’est une honte mais il ne s’en formalise pas. Il sait qui il est et ce qu’il représente pour les gens d’ici, inutile de se bercer d’illusion. Si on l’admire au Capitole, ici, on le méprise. On le hait. Il s’en fout royalement.
Elyas est déjà présent sur l’estrade et un sourire mesquin étire les lèvres de l’hôte du district neuf dès l’instant où leurs regards se croisent. Il ignore ce que le mentor sait de sa petite sauterie avec Prudence et à quel point il le déteste. Iron espère évidemment qu’il sait tout, qu’il a eu droit à un récit détaillé, mais il en doute. Il le saura certainement bien assez tôt de toute manière !
Il va en tout cas à sa rencontre pour échanger quelques politesses empoisonnées, avant d’aller s’entretenir des derniers préparatifs avec son équipe puis d’aller saluer le maire, Miles Easton.

Le temps le séparant de son discours et du début des festivités lui paraît infernalement long.. C’est ce qui arrive quand on attend quelque chose avec autant d’excitation, Iron le sait. Il prend son mal en patience, en attendant que les caméras soient prête à enregistrer, et s’amuse à glisser quelques remarques à propos des enfants qui leur font face à Elyas qui n’a pas d’autre choix que de serrer les dents et de le supporter.
Et puis tout à coup : MIRACLE ! un des membres de l’équipe journalistique lui fait signe qu’ils vont commencer. Iron s’arme donc de son plus beau sourire et attend qu’on lui donne le signal pour faire (ou en l’occurrence refaire) sa grande entrée.
Trois, deux, un : c’est à lui. Son premier discours en tant qu’hôte du district neuf… Il n’a évidemment aucune pression, il fait ça depuis des années.

Le voilà en direct. Son visage souriant et grimé de deux traits rouge sur sa joue droite, apparaît sur les grands écran installés de chaque côté. Il se trouve absolument parfait. Evidemment…
D’une démarche assurée, il s’approche donc du micro qui a été placé au centre de la scène, rien que pour ses beaux yeux, afin de débuter son monologue…

Premier tirage
tribut féminin

(c) avalon
« La population du District Neuf est enfin rassemblée devant l'hôtel de justice, prête à entendre la Moisson. Et le moment que certains redoutent, et d'autres attendent avec impatience débute. L'hôte, Iron Flickerman, apparaît et salue la foule. Après quelques banalités d'usage, il laisse place aux écrans géants présentant avec passion et dévouement le Capitole. Cette ville qui épargne chaque année un tribut pour le couvrir de richesse, cette ville qui a sauvé douze districts d'une révolte. Alors que la projection prend fin, le symbole de Panem apparaît et l'hymne retentit. A peine est-il terminé que l'hôte déclame la phrase incontournable du début de la Moisson. “ Joyeux Hunger Games ! Et puisse le sort vous être favorable ! ” Et comme le veut la tradition, c'est le tribut féminin qui est choisi en premier. “ Commençons par les dames! ” L'hôte s'approche de la bulle de verre, et sort sa main avec un petit papier où se trouve le nom du tout premier tribut de cette nouvelle édition des jeux.

“ Virania Chesterfield! ” »

Aucun volontaire n'est possible puisque Virani souhaitait participer (et que Sky a changé de district). Postez à la suite tout comme précédemment.

Invité

« Chers habitants et habitantes du neuvième district, grands et petits, je tenais avant toute choses à vous remercier pour le chaleureux accueil que vous m’avez réservé » entame-t-il, en arborant une attitude humble, portant ses deux mains à son cœur de pierre.
Evidemment, il n’a eu à côtoyer aucun de ces bâtards souillons et a été accueilli par des Pacificateurs et le maire, mais inutile de s’attarder sur ce genre de détails. Il ne prend pas non plus la peine de se présenter davantage, estimant que tous ici le connaissent. D’ailleurs, les remercier pour leur accueil et puis se présenter à eux serait tout à fait contradictoire, pour ne pas dire ridicule…
« C’est un plaisir pour moi de découvrir ce district et de le défendre cette année. Je puis d’ores et déjà vous assurer que je compte prendre le plus grand soin des tributs qui me seront confiés sous peu ! Car comme vous devez le savoir et ne jamais l’oublier : le Capitole que je représente humblement, se souci de leur intérêt et, à travers eux, du vôtre. C’est le maintien de la paix que vos tributs défendent au péril de leur existence ! C’est l’équilibre qu’ils préservent ! Et ces mots prennent d’autant plus de sens que la paix de Panem a été menacée il y a peu… Mais notre dévoué Président, Coriolanus Snow, l’exprimera bien que moi au travers de cette vidéo ! »
Là-dessus, il désigne l’un des écrans géants installés, croisant les bras devant lui et baissant la tête, comme s’il soulait faire pénitence.

Il se risque pourtant à détourner un instant la tête, le temps de chercher à croiser le regard d’Elyas pour lui adresser un sourire et un clin d’œil entendu. Avant de le quitter pour rejoindre le micro, il lui a sous-entendu qu’il espérait avoir la main chanceuse et piocher le nom de sa sœur cadette dans l’urne. Il y a peu de chance pour que ça arrive, mais l’espoir fait vivre.
Ce serait trop beau !

La vidéo se termine sur l’hymne de Panem et, sans perdre une seconde, Iron reprend la parole, attirant les caméras à nouveau sur son visage.
« Joyeux Hunger Games ! Et puisse le sort vous être favorable ! » tonne-t-il avec un plaisir non dissimulé. « Et comme le veut la tradition : commençons par les dames ! »
Iron se déplace avec une lenteur calculée jusqu’à la bulle transparent bourrée de papiers. Il sait que la vie de centaines de petites filles est entre ses mains à cette seconde et est au comble de l’excitation. Les parents ont l’estomac noué, le cœur au bord des lèvres. Ils veulent savoir. Ils redoutent le résultat mais ils veulent tous savoir au plus vite. C’est drôle, non ?
Une fois placé face à l’urne, il lève sa main droite et l’immobilise pour ôter lentement le gant noir qu’il porte, sans cesser de sourire avec suffisance. A présent débarrassé de son gant, il agite un instant ses longs doigts fins dans l’air, et puis plonge délicatement son bras dans le cercle. Il fait remuer le papier, il prend son temps, comme s’il cherchait un papier précis là-dedans… Et après un interminable moment (pas plus d’une douzaine de secondes en réalité, le temps d’antenne étant compté), il tire enfin un morceau de papier scellé par un morceau de papier collant noir. Il retourne ensuite se placer devant le micro, pour que chacun puisse l’entendre distinctement sur la grand-place.
Iron prend encore le temps de venir caler le gant qu’il a ôté sous son bras, pour avoir ses deux mains libres et déplier le morceau de papier.

Il manque d’éclater de rire. C’est absolument parfait ! C’est un des plus beaux jours de sa vie ! Le capitolien croit à une mauvaise blague, ou en l’occurrence, une délicieuse blague pour ses oreilles !
Il jette un petit coup d’œil à Elyas qui a l’air sur le point de vomir. Et puis il redonne son attention à la foule et prend enfin la parole : « Virani Chesterfield ! »
Bouffe ça, vainqueur de mes deux !

Ne demande jamais pour qui sonne le glas ; il sonne pour toi.

« Ta sœur est là n’est-ce pas ? J’espère vraiment avoir la main chanceuse Chesterfield. » J’ai l’impression de recevoir un magistral coup de poing dans l’estomac, l’air devient subitement oppressant, trop lourd pour se frayer un chemin jusqu’à mes poumons qui réclament désespérément un peu d’oxygène. Mon cœur s’est arrêté de battre, comme mort dans ma poitrine, et je n’arrive plus à respirer, je suffoque, j’étouffe, je panique à l’idée d’affronter mon pire cauchemar. Malgré tout, je tente de garder sur le visage cet air impassible qui ne me quitte jamais, pour ne pas que cette petite merde d’Iron s’enorgueillisse d’être parvenu à me déstabiliser. Sa voix désagréable bourdonne encore au creux de mon oreille, et ses mots sonnent comme un mauvais présage. Une sinistre prophétie. La boule au ventre, l’estomac noué par la terreur, je scrute la foule des yeux à la recherche de ma jeune sœur, qui, à l’instar de ses voisines, attend son sort, comme résignée. Les Jeux n’ont rien à voir avec le hasard, bien au contraire. Je suis persuadé que les dés sont pipés, que le tirage au sort est truqué, que le Capitole se sert allégrement de ce prétexte pour se débarrasser des éléments perturbateurs. Sinon, comment expliquer le « malheureux hasard » qui s’est abattu sur la famille Harper après que le père se soit fait exécuter sur la place publique pour des faits de rébellion ? Parce qu’ils ne voulaient tout simplement pas que la descendance fomente le projet de se venger, c’est pourquoi ils ont envoyé les deux enfants dans l’Arène à une année d’intervalle pour qu’ils s’y fassent massacrer. Jeremiah. Kathleen. Mon cœur se serre douloureusement au souvenir de leur nom scandé ici-même, sur cette estrade, quelques années auparavant. Iron essayerait-il de me faire passer un message, de me faire comprendre que le sort de ma sœur avait d’ores et déjà été scellé le jour où l’on avait appris que mes parents étaient membres actifs d’un réseau de résistance ? Ou n’était-ce que de l’intimidation ? Pitié, non, pas ça. J’ai fait tout ce qu’ils m’ont demandé, j’ai agi comme ils le souhaitaient, jusque dans les moindres détails, je suis devenu le toutou bien dressé qu’ils ont voulu que je sois, en échange de quoi la vie de ma sœur devait être épargnée. Ils ne pouvaient pas me l’arracher de mes bras, de ma vie ; pas ici, pas maintenant, pas comme ça !

La vision d’Iron paradant comme un prince, minaudant au micro, me flanque la nausée à m’en tordre les boyaux. Cette raclure d’Iron, le pire des salopards qui pullulent au Capitole. Je ne peux plus le regarder sans m’imaginer Prudence tremblante dans ses bras et cette image me hante, m’obsède, me détruit. Avait-elle imploré sa pitié ? Mais cet homme n’en avait aucune. Pas la moindre. Il n’y avait qu’à l’observer se réjouir d’envoyer deux enfants à l’abattoir pour comprendre qu’il était dénué de toute humanité. Certains Capitoliens manifestaient un enthousiasme déplacé pour les Jeux, plus par ignorance qu’autre chose, mais lui… lui se délectait de ces mises à mort en direct. Je songe à nouveau à Prudence, prisonnière de ses bras, apeurée, et l’imaginer verser des larmes en le suppliant d’arrêter me rend fou de chagrin. Je serre les poings pour réfréner la rage incontrôlable qui bouillonne dans mes veines ; si je cédais à mes pulsions, je serai capable de le massacrer, là, devant le District réuni et les caméras, mais ce serait signer mon arrêt de mort, et pire encore, celui de ma soeur. Mais tu ne perds rien pour attendre. Je te tuerai, tu m’entends ? Je te tuerai de mes propres mains, j’en fais la promesse.

Le moment que je redoute tellement arrive enfin : le tirage au sort du tribut féminin qui aura « l’honneur » de représenter son District aux Jeux. Iron, sadique jusqu’au bout, prend un temps infini pour s’emparer d’un petit bout de papier, qui scellera définitivement le sort de l’une des gamines qui attendent impatiemment, scotchées à ses lèvres. Et scotché à ses lèvres, je le suis également.

« Virani Chesterfield ! » Le nom qui résonne sur la Grande Place silencieuse m’assomme comme un coup de massue. J’espère que j’aurai la main chanceuse Chesterfield. Le sol semble s’ouvrir sous mes pieds, je ne comprends pas, je ne comprends plus… Ai-je bien entendu le nom de ma sœur ? Peut-être que… peut-être que ce n’était que le fruit de mon imagination, tout droit issue de mon cerveau malade et tourmenté. Peut-être que… « NON ! », je hurle bien malgré moi, désemparé par un tel verdict. J’ai alors l’impression que quelque chose dans mon cerveau vient de s’éteindre, que mon corps ne répond plus qu’à mes plus bas instincts. Ne répondant plus de moi, je m’approche rapidement d’Iron, renverse furieusement d’un mouvement de bras l’urne en verre d’où est sorti le nom de ma sœur, et l'agrippe violemment par le col de son hideux costume avec l’envie folle de lui faire ravaler son sourire arrogant, les yeux animés d’une rage frénétique. « J’vais te crever, enfoiré ! », j’ai juste le temps de lui hurler ces mots avant que des Pacificateurs m’empêchent de mettre mes menaces à exécution. Ils m’attrapent sans ménagement par les bras, me forçant à reculer. « Ils n'ont pas le droit ! J’ai fait tout ce qu’ils demandaient ! Tout ! Laissez ma sœur vivre ! », je crie en me débattant, perdant totalement le contrôle de moi-même. Je ne me rends pas encore compte que je suis en train de lui faire une bien mauvaise pub, anéantissant peut-être ses maigres chances de trouver un sponsor.

Quand ma sœur monte enfin sur l’estrade, je parviens par la force à me libérer de l’étau de mes agresseurs pour la prendre dans mes bras. « Ça va aller, ne t’en fais pas. C’est une erreur. Juste une erreur. » Mais voilà que déjà les Pacificateurs sont à nouveau sur moi, bien déterminés à m’empêcher de faire une nouvelle esclandre.

Invité

Un nom.
Un nom que je connais si bien. Un nom, qui m'a été approprié. Le mien.
Virani Chesterfield.
Je sens brusquement mes jambes s'effondrer. Mais je suis toujours debout.
Je ne comprend pas.
L'hôte a dit ces mots lentement, profitant de cet instant, j'ai pourtant l'impression que tout s'est passé trop vite.
Je sens des pressions autours de moi. Comme si on me poussait à m'avancer.
La foule dans laquelle j'étais englobée s'écarte pour me céder le passage.
Tous sont silencieux.
Tous me regardent.
Je m'avance vers l'estrade.

Quand l'hôte a prononcé mon nom, tous me connaissaient. Ils ont tourné la tête en même temps, pour me dévisager. Il n'y a qu'une Virani. Chesterfield.
Eux qui, hier encore, n'auraient jamais croisé mon regard, ni même adressé la parole, ni pris conscience de mon existence, et ce, depuis mon retour au Neuf.
Tandis que je m'avance vers l'estrade, dégagée spécialement pour mon passage, je suis prise d'un haut-le-cœur.
Jeremiah.
Qu'a-t-il ressenti, au moment de monter les marches ?
J'ai l'impression d'être vidée, de ne rien ressentir. Ma gorge s'est resserrée, sous l'état du choc, je suis restée muette.
Peut-être que je suis soulagée, au fond. Je n'aurais pas à attendre le retour d'Elyas au District, je vais rester avec lui.
Je pense que je n'aurais pas pu supporter de me retrouver une nouvelle fois seule, au Neuf.
Je reste droite, et lève la tête. Peut-être que j'arriverais même à sourire. À ravaler mes larmes, sûrement, et à me montrer fière, pour le peu de fierté qu'il me reste. Je pourrais me dire aussi, que les autres filles éligibles resteront tranquilles encore une fois, cette année, et que c'est tant mieux pour elles. Mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à réaliser que c'est moi. Et seulement moi.
C'est à ce moment que je croise le regard d'Elyas.
Il a hurlé un 'non', puis a balancé le bocal d'où est sorti mon nom.
Il s'est jeté sur l'hôte, rageusement.

« J’vais te crever, enfoiré ! »

Des Pacificateurs finissent par intervenir, et retiennent tant bien que mal Elyas.

« Ils n'ont pas le droit ! J’ai fait tout ce qu’ils demandaient ! Tout ! Laissez ma sœur vivre ! »

Je ferme les yeux, puis fini par accélérer le pas et me rend aux côtés d'Elyas.
Mis à part les Pacificateurs, et l'hôte, avec son air amusé par la situation, personne n'est intervenu. Ils sont tous resté de marbre, à nous contempler, comme si nous représentions une pièce de théâtre.

« Ça va aller, ne t’en fais pas. C’est une erreur. Juste une erreur. »

Une erreur. Les Pacificateurs m'arrache à lui, et le retiennent, tandis que l'un d'eux me pousse un peu plus vers l'hôte. Et son micro. Sur le sol sont tombés les petits papiers blans renfermant les autres noms. Des autres filles.
Et tandis que je regarde la foule devant moi, en restant calme, je réalise enfin.
Que je ne suis pas dans un rêve.
Virani Chesterfield.
C'est mon nom.
Mon nom.

Invité

C’est merveilleux ! S’il avait réellement voulu le faire exprès, Iron n’y serait sans doute pas parvenu ! A moins de truquer le tirage, ce qu’il n’a pas fait. Il a dû mal à croire que ce morceau de papier soit dans sa main, pourtant c’est le cas. Il va le garder en souvenir, c’est certain. Il sait déjà de quelle manière il va utiliser ce précieux petit et innocent bout de papier…
Il est tellement aveuglé par son plaisir et subjugué par sa chance insolente, qu’il en oublie Elyas. Il pense à le torturer, il est ravi de pouvoir le faire, mais l’ancien vainqueur n’est plus qu’un vague concept dans son esprit et Iron oublie qu’il se trouve en chair, en os et en rage à ses côtés. Le grand blond se rappelle très vite à lui, renversant l’urne contenant les autres noms des potentiels tributs féminins non fauchés aujourd’hui.
Il sursaute et son sourire s’efface immédiatement. Il tente d’échapper à l’emprise d’Elyas mais n’y parvient pas. Il n’a pas réagit assez vite. Mais c’est une bonne chose. S’il s’était laissé aller à sourire, voire à rire face à la détresse du mentor, il aurait renvoyé une très mauvaise image.
L’image d’un abominable salopard se réjouissant du malheur des autres. Il est censé être le protecteur des tributs, leur guide, leur allié… Il n’a pas droit de se réjouir trop ouvertement. Paraître enjoué pour la journée est tolérable, tout ceci est après tout un jeu, mais rire à la face d’un frère désespéré ne serait pas acceptable et il le sait.
Iron se laisse donc malmener par le gros bras fou de colère et de chagrin qui le secoue par le col de son costume impeccable. Et la seule chose à laquelle il peut penser à cette seconde, ce n’est pas : va-t-il me faire mal ? Ce à quoi il pense c’est : es-tu en train d’espérer qu’il me tue sur cette foutue estrade, papa-chéri ? Est-ce que c’est pour ça que j’ai miraculeusement tiré le nom de sa sœur ? Est-ce que tout ça est une mascarade comme beaucoup le soupçonne ? Est-ce que tu viens de me livrer en pâture à ce chien, papounet ?

Mais les choses ne vont pas aussi loin. Elyas est écarté de lui par les pacificateurs présents. Iron titube en arrière et sent la main du maire se refermer sur son bras pour s’empresser de s’enquérir de son état. Il espère certainement un peu de reconnaissance.
Si ça ne tenait qu’à lui, Iron s’arracherait sur le champ de son emprise en lui envoyant son propre poing dans la figure pour avoir osé le toucher avec ses sales pattes dégoutantes, mais il n’en fait rien. A la place, il affiche un air déboussolé et porte sa main à sa gorge. Ce n’est pas là qu’Elyas l’a saisit mais ça donne un petit côté dramatique à tout ça ! Il espère que les caméras font un gros plan sur lui…
Mais il se doute qu’elles ont été coupées. Le Capitole diffuse les images avec quelques instants de décalage pour éviter que ce genre d’imprévus soient diffusés justement. Ils prétexteront sans doute une perte de connexion momentanée et ils reprendront dans un instant, comme si de rien était…
Iron fait porter son regard vers Elyas qui s’époumone comme un imbécile, pendant que des pacificateurs escorte sa sœurette.

Une fois encore, le vainqueur échappe à la vigilance de ses gardiens, ce qui lui permet d’aller étreindre sa sœur chérie. Iron doit se mordre l’intérieur de la bouche pour ne pas faire un commentaire désobligeant. Il doit également s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ce n’est pas évident mais il a l’habitude de se contenir en société. Porter un masque est devenu presque plus évident pour lui que de se montrer sous son véritable jour.
« S'il bouge ne serait-ce qu'un foutu cil pendant la suite : amenez-moi ce merdeux hors d'ici » chuchote-t-il simplement à l’oreille du chef des Pacificateurs du district neuf qui est venu s’assurer à son tour de son état et s’excuser pour l’incident.
Iron remet ensuite un peu d’ordre à sa tenue et se rapproche de Virani. Il passe un bras protecteur autour de ses épaules et se penche vers elle.
« Je suis navré que les choses se passent de cette manière mais il faut que le show continue. Ton frère va s’attirer des ennuis s’il ne se calme pas dans la seconde, tu comprends ? Je sais que c’est beaucoup te demander, là tout de suite, mais c’est à toi que revient la tâche de reprendre la situation en mains et d’apaiser les tensions, d'une manière ou d'une autre » lui glisse-t-il à l’oreille d’un ton entendu.
Garde ton calme où ton frère est mort et tu ne bénéficieras d'aucune aide de ma part dans l'Arène, voilà une autre manière de le dire…

Et sans attendre de réponse de sa part, après une dernière pression sur son épaule, il l’abandonne là pour se rapprocher du micro qu’il a été contraint d’abandonner.
« Désolé pour ce contretemps. Nous pouvons tous compatir à l'émotion de Monsieur Chesterfield, mais le sort en a décidé ainsi » lâche Iron d’un ton emprunté, avant de faire porter son regard sur l’assemblée. « A moins qu’une volontaire ne se manifeste, bien entendu… »
Mais personne ne se portera volontaire, il en est certain. Ils ont beau être émus par la réaction d’Elyas, ils sont tous encore plus soulagés que le nom de leur gamine n’ait pas été appelé.

Invité

Je sens son bras passer autour de mes épaules.
Et avant même qu'il puisse me parler, je suis prise d'un malaise. Je me crispe à son contact, comme à celui des Pacificateurs, quand ils m'ont repoussée vers l'hôte.
Il est censé nous aider, tributs du Neuf, avant les Jeux. Nous épauler.
Pourtant.
Je ne fais confiance qu'à Elyas, pour l'instant.
Sa voix me glace le sang. Je sens son souffle chaud frapper ma joue, dès qu'il prononce ses mots.

« Je suis navré que les choses se passent de cette manière mais il faut que le show continue. Ton frère va s’attirer des ennuis s’il ne se calme pas dans la seconde, tu comprends ? Je sais que c’est beaucoup te demander, là tout de suite, mais c’est à toi que revient la tâche de reprendre la situation en mains et d’apaiser les tensions, d'une manière ou d'une autre »

Il faut que le show continue.
Je ne lui adresse aucun regard, mais fini par me tourner doucement vers mon frère.
Il est en danger.
Je pensais n'émettre aucun son, ma voix me surprend, lorsqu'elle parvient à mes lèvres, presque inaudible.

"Elyas..." Même si je chuchote presque, je sais qu'il m'entend et qu'il reste aux aguets, à la recherche du moindre son émanant de ma bouche.
Je fini par rester muette, mais je forme les lettres avec ma bouche.

"Tout ira bien."

Je ne sais plus si j'essaye de rassurer Elyas ou moi, maintenant, tant ce que représente la situation.

Calme toi. Je t'en prie. Reprend ton calme. Tout ira bien. S'il-te-plait. Je ne veux pas avoir à te perdre à cause de moi.

J'essaye de lui faire passer le plus de messages possibles avec mon regard.

« Désolé pour ce contretemps. Nous pouvons tous compatir à l'émotion de Monsieur Chesterfield, mais le sort en a décidé ainsi. A moins qu’une volontaire ne se manifeste, bien entendu… »

Personne. Bien entendu.

Ma sœur va se faire massacrer dans l’Arène. Dans quelques secondes, le nom du tribut masculin retentira parmi l’assistance silencieuse, profondément choquée par ma réaction, eux qui ne m’ont jamais connu autrement que calme et indifférent. Son identité ? Je m’en contrefous. Plus rien n’a d’importance, désormais. Ma sœur va se faire massacrer dans l’Arène. C’est l’unique pensée qui me traverse l’esprit et qu’importe mes efforts, je ne parviens pas à m’en défaire. Ma sœur va mourir dans cette Arène, et je ne pourrais rien faire pour lui venir en aide ; pas plus que je ne suis parvenu à sauver Jeremiah, ou encore Kathleen. Et tous les autres tributs. Le Capitole prend véritablement un malin plaisir à s’acharner sur mon sort, à me priver de tous les êtres qui me sont chers, à les tuer les uns après les autres en m’obligeant à assister au spectacle. Billie, terrassée par un coup d’épieu en pleine poitrine. Jeremiah, massacré alors qu’il était parvenu à se hisser parmi les huit derniers tributs encore en lice. Kathleen, tuée le troisième jour, réduisant à néant mes espoirs de la voir l’emporter – elle en avait les capacités. Mon père, exécuté d’une balle dans la tête. Et ma mère… qui sait le sort qu’ils lui avaient réservé ? J’ignorais même si elle était encore en vie, à trembler pour ses enfants, ou si elle-aussi, ils l’avaient assassinée sans pitié. Quelle fin terrible attendait donc ma sœur ? Vivrait-elle une mort rapide ou une longue agonie ? Combien de jours pourrait-elle survivre ? Et si, contre toute attente, elle remportait les Jeux, comme moi des années auparavant ? Elle reviendrait alors changée à tout jamais, profondément traumatisée par les horreurs qu’elle aurait vécues là-bas, destinée peu enviable qui n’était guère préférable à la mort, j’étais particulièrement bien placé pour le savoir.

Non. Il n’y aucune issue, pas d’échappatoire possible. Ma sœur est condamnée, qu’elle survive à ces Jeux ou qu’elle y trouve la mort. La rage se dissipe peu à peu pour faire place à une vague de désespoir qui balaie tout sur son passage. Deux Pacificateurs me maintiennent toujours fermement, mais je n’ai même plus l’envie de lutter. Je relève la tête en direction de ma sœur et je croise son regard ; la résignation et le courage que je lis dans ses yeux me donnent la force de l’imiter. Tout va bien se passer. Oui, Virani ne pouvait, ne devait pas mourir dans cette Arène. Et c’était à moi de l’aider à l’en sortir. Peut-être pourrions-nous nous enfuir pour le Treize, où nous serions en sécurité à tout jamais. Penser au Treize me fait irrémédiablement penser à Kathleen, et à notre dernière rencontre. Il faut que Virani soit moissonnée pour que tu sois complètement vengée ? Je regrettais amèrement ces paroles, à présent. Jamais Kathleen n’aurait souhaité cela pour ma sœur, quand bien même je n’étais pas parvenu à sauver son frère. Kathleen… Si j’avais longtemps détesté la savoir prisonnière de ces souterrains, j’étais à présent heureux qu’elle soit là-bas, en sécurité. Loin d’ici, loin du Capitole, loin de tout. Personne ne pourrait plus jamais lui faire le moindre mal, et cette pensée avait le don de me réconforter. Mais juste un peu.

Et s’il nous était impossible de fuir, alors j’entrainerai Virani du mieux que je le pourrais, ne lui accordant pas le moindre répit. Je devais la préparer à affronter l’enfer de l’Arène ; Virani si douce, si gentille, Virani qui paniquait à la vue du sang quand notre père pratiquait ses opérations. Je suis farouchement déterminé à ce qu’elle vive. Personne ne me la prendra. Personne.

Je ne prends même pas la peine de suivre la suite des évènements. Je comprends quand même qu'en quelques mots, Iron me sauve la mise, et par là-même, la sienne, surtout J’entends vaguement notre hôte demander s’il y a des volontaires pour prendre la place de ma soeur, et ainsi épargner sa vie, mais personne ne se manifeste. Bien entendu. Le Neuf n’est pas un District de Carrière, ici personne n’a que faire de l’honneur. Pour me donner le courage de supporter ce terrible coup du sort, je reste concentré sur le visage de Virani, ne la quittant pas des yeux.

Second tirage
tribut masculin

(c) avalon
« Virani Chesterfield s'avance vers l'estrade. A son grand malheur, aucune jeune fille n'a le courage de prendre sa place pour lui sauver la vie. Après quelques problèmes de direct, l'hôte parvient à remettre les choses en ordre. Il accueille la nouvelle tribut et se retourne en direction de la foule. “ Notre tribut féminine est donc Virani Chesterfield! ” L'impatience se fait sentir dans les rangs, les personnes présentes souhaitant connaître l’identité du co-tribut de la jeune femme. “ Passons à ces messieurs! ” L'hôte se dirige cette fois-ci vers la bulle de verre contenant les papiers des jeunes hommes. Après quelques secondes, il sort un petit papier, qu'il déplie précieusement.

“ Nathael Brightcourt! ” »

Nathael a été désigné mais il se peut qu'il ne reste pas puisque c'est un scénario, cela dépendra de Lou mais aussi de l'activité de Nathael. Il faudra donc attendre de voir s'il donne des nouvelles avant la possibilité de volontariat (qui sera possible s'il ne donne pas de nouvelels avant la clôture de la Moisson le week-end prochain). Postez à la suite tout comme précédemment.

Invité

Oh, ça alors ! Pas de volontaire, comme c’est surprenant ! En même temps, ça arrange fortement les affaires d’Iron qui n’aurait pas apprécié du tout d’être privé de la chance inouïe d’avoir Virani Chesterfield pour tribut ! C’est une aubaine ! Est-ce que son père se doutait du cadeau qui lui serait fait en devenant hôte d’un des districts les plus pourri de tout Panem ? Est-ce que c’était un genre de lot de compensation qu’il lui servait sur un plateau d’argent ? OU bien devait-il remercier sa sœur pour cela ? Peu importe au fond. D’après la rumeur, c’est le sort, et lui uniquement, qui scelle le destin tragique des habitants mineurs des districts, ce qui fait qu’il n’a personne à remercier. Personne d’autre que lui-même qui a su attraper le bon papier, saisir sa chance au vol !
C’est une journée décidément splendide et la mauvaise humeur de son camarade, prochainement amputé d’une sœurette blondine, ne le perturbera pas. Il l’interdit.
C’est d’un frustrant de ne pas pouvoir se gausser de cette situation ! A la place, Iron doit serrer les dents, faire comme s’il n’est pas transcendé de bonheur à l’idée de voir la cadette d’Elyas se faire massacrer la tronche dans l’Arène qui sera érigé pour ces Jeux de la Faim.
« Notre tribut féminine est donc Virani Chesterfield, qu’on applaudit bien fort ! »
Personne n’applaudit, mais peu lui chaut là encore.

A présent, il doit s’approcher de la seconde urne (la première git toujours au sol et dégueule tout un tas de morceaux de papier) pour tirer le nom du second moissonné du jour pour le district 9.
« Passons à ces messieurs ! » entonne-t-il en retrouvant de sa superbe, agitant sa main qu’il s’apprête à glisser dans le globe transparent.
Il a perdu son gant dans la bataille tien… Elyas va le lui payer.
Iron se montre un peu plus empressé que la première fois. C’est que le grand moment du jour est déjà passé. Le nom de Virani a été pioché et à présent, il ne connaît plus grand monde à faire souffrir. Et puis la tension est un peu trop grande pour son goût. Il est un peu sournois, certes, mais pas suicidaire. Et il a hâte de s’entretenir en privé avec l’ancien vainqueur, histoire de lui faire comprendre quelle bourde il vient tout juste de faire avec son scandale ridicule !
« Nathael Brightcourt ! » lit Flickerman, un sourire ravi étalé sur son visage bariolé de rouge. Et puisqu’on ne vit qu’une fois, il se tourne vers Elyas et, s’éloignant un peu du micro, lui demande de son ton le plus suave : « Personne que tu connaisses j’espère ? Mon costume ne s'en remettrait pas, j'en ai peur... »
Qu'est-ce qu'il risque ? Le grand blond est cerné de Pacificateurs à présent...

Invité

Comme tout le monde dans ce district, je suis au rendez-vous. L'atmosphère est lourde de peur, de dégout et de révolte étouffée. Le silence est plein et mes yeux passent de tetes à d'autres. Puis ils se stabilisent. Ils tombent sur Lou. Lou, ma petite Lou. Bien qu'elle soit la plus grande, arrivé à un certain age, j'ai pris la place du protecteur. Après tout, elle est petite de carure. Et ne ferait pas de mal à une mouche. Bien qu'elle donnerait surement sa vie pour sauver la mienne, elle ne peut plus me protéger. Maintenant, c'est moi qui l'éloigne des coups de mon batard de père. Et lui, il n'ose plus rien dire. Il se tait. Les yeux furieux. Mais je m'en moque, tout ce qui compte pour moi, c'est ma soeur. Alors quand je la voie, debout, plus loin, tendue et les yeux fuyants, je crispe la machoire. J'aimerais la rassurer. Lui dire qu'il ne me reste plus que cette année. Qu'apres ces quelques minutes de craintes, tout se terminera. Mais elle ne me regarde pas. Je ne peux pas lui parler. Enfin, lui faire de signes. C'est bien le seul avantage pour ma soeur; voir ce que disent les gens de loin. Mais obtinément, elle ne me regarde pas. Une horrible envie de crier me prend à la gorge. Mais je n'ose briser le silence. Alors les veines de mon coup se tendent. Supplice silencieux. Je comprends maintenant un peu ce qu'elle vit chaque jour.

Je contemplais mes chaussures -enfin ce qu'il en reste- quand j'ai entendu son nom. Au debut, je n'ai pas réagis. Comme si le temps s'était arreté. Une, puis deux, puis trois jusqu'à dix secondes se sont écoulées. Et maintenant, je lève les yeux. Je la cherche du regard. En détresse. De mes mains, je commence à pousser les gens qui me bouchent la vue, malgré ma haute taille. Puis là, je la vois. Elle gravit les marches, et la vue de ses cheveux blonds me coupe le souffle. J'aimerais pouvoir dire que ce n'est qu'un reve. Que je vais me reveiller. Là. Maintenant. Comme chaque matin. Mais non, quelqu'un me pousse et je tombe sur le sol. Complètement paumé. Surpris.
Une femme me regarde, le regrad sevère. Un message dans les yeux.
<<Espèce d'idiot.>> dit elle. << Tu crois pouvoir changer quelque chose? Regarde son frère!>> crie-t-elle. <<C'est le sort...>> affirme-t-elle.
Elle a brisé la glace. Le silence. Tout le district l'écoute et boit ses paroles. J'aimerais lui dire de se la fermer. Qu'elle ne devrait pas etre aussi pessimiste. Qu'on a toujours le choix. On a toujours le choix... Mais à la place, je tourne le regard vers l'hote. Et je vois Elyas. Qui essaie quelque chose contre le prénomé Iron. Mais très vite, les pacificateurs l'emporte. Et mon coeur se serre. Se serre de douleur. De sentiments étouffés.
J'enfonce mes paumes dans mes yeux. Toujours à terre. La tete entre les genoux. Et j'attend. J'attend. J'attend. Jusqu'à me demander ce que j'attends. Peut etre un miracle? Peut etre que quand je relèverais les yeux, ce ne sera plus la meme fille sur l'estrade? Ou peut etre qu'on sera de nouveau ce matin? Que rien ne se sera passé?
Mais j'espère pour rien, car bientot, vient le tour des garcons.
Je repense à Virani. A cette fille si incroyable que j'avais appris à découvrir au fil des jours. Quand elle était dans la boulangerie, à l'arrière. Et je commence à trembler. Oui, c'est le sort qui s'acharne contre moi. D'abord Rory, mon meilleur ami... Puis Virani. Elle n'a aucune chance de gagner. Elle n'a. Aucune. Chance.
Les jeux me volent tout. Tout...
Puis je secoue la tete. Je ne suis pas le seul à perdre des etres chers. Et ce soir, tous fermeront leurs portes. Et ils dormiront tot. En esperant vite oublier cette journée. Le passé est passé... Comme on dit.
Mais c'est impossible. J'ai déjà essayé. Rory... Rory...
<<Nathael Brightcourt !>> que j'entend soudain.
Un étrange sourire me monte aux lèvres et des mots viennent éffleurer ma bouche.
<<Moi... MOI! On est au comble de l'ironie là. C'es pas possible... Pas possible... Le destin ne ferait pas un coup pareil. Pourquoi ne sommes nous pas des étrangers l'un pour l'autre? C'est pas possible, pas possible... >> Je chuchote dans mes jambes. Puis la lumière tombe sur mes cheveux. Et je me rend compte que tous se sont écartés. Il faut que je me lève. Je ne dois pas me montrer si pitoyable. Comme si j'avais peur des jeux... Mais je n'ai pas peur. Et je me vengerai. Je me vengerai.

Je sens que le sol quitte mon derrière. Ou plutot, que mon derrière quitte le sol. Et puis, un, deux pas. J'avance, et je me surprend moi meme.
Maintenant, c'est moi qui ne veux pas rencontrer le regard de Lou. Mais comme si ils étaient aimantés, nos yeux se croisent. Et le bleu rencontre le vert.
Je lui offre ma plus grande détermination. Parce qu'elle ne doit pas s'inquiéter. Je la connais. Elle est terrorisée. Mais je me dois de garder la tete sur les épaules. Pour elle. Alors je continue d'avancer, le coeur lourd. Puis je monte, et me mets à l'opposé de Virani. Evitant par tous les moyens de la regarder.
Je pourrais sourire, pour m'assurer des sponsors, mais je ne le fais pas.
Visage fermé, j'adresse un dernier adieu au district 9. Laissant mes yeux glissés et se poser sur ma vie. Une vie que je ne reverrais peut etre jamais.

Invité

La voix de l'hôte me surprend presque quand je l'entend passer au tour des garçons.
Mon cœur bat la chamade. Mon tour est passé. J'ai été appelée. Pourtant j'ai l'impression d'attendre encore quelque chose.
Un signe, peut être.
Un signe.
Quelque chose.

Mais il n'y a rien. À part son prénom. Qui résonne un instant. Avant de voir la foule se fendre en deux, pour lui céder la place. Parce qu'il n'y aura sûrement pas de volontaires encore une fois.
L'hôte relâche mollement le papier qu'il vient de tirer, et de faire parler. Puis, il se dirige glisser un mot à l'oreille d'Elyas. Pendant que je reste figée.
Alors qu'il gravit les marches.

Je sens mes jambes se dérober, et j'ai l'impression de tomber dans le vide. Comme si une main venait de me pousser d'une falaise.
Celle de l'hôte sûrement, qui l'avait portée à mon épaule tout à l'heure.
Non.
Ce n'est pas possible. Pas lui. Pas le frère de Lou.
Pas Nathael.
Je recule de quelques centimètres, du bord de l'estrade. Je n'ai pas rêve. Ou halluciné. Il est là, de l'autre côté de l'hôte.
Et je ne peux rien faire. J'ai envie de réagir, mais je n'arrive pas à émettre le moindre son. Ma gorge se resserre quand je fini par le dévisager. Il regarde la foule. Sûrement Lou.
Puis je me retourne vers Elyas, qui ne peut rien faire, et qui ne fera rien.
Je sens les sanglots que je retiens, depuis un moment déjà, me serrer la gorge. Mon cœur, mon ventre se serrent. J'ai du mal à respirer.
Je titube légèrement.
Je croise le regard de l'hôte.
Il faut que je tienne.

Dans un instant, nous ne serons plus sous les yeux du monde entier, dans un instant, j'aurais le droit de craquer. Mais pas avant.
Je dois rester calme.
Je serre les poings, puis regarde la foule.
Impassible.
Comme Nathael.
Calme. Elyas.

Invité

Il le connaît. C’est complètement…absurde, à ce stade. Elyas n’a même pas besoin de répondre à sa remarque, son regard parle pour lui, ses mâchoires crispées à l’extrême… Il donne l’impression d’avoir mal à l’estomac. Elyas Chesterfield nous prépare une bonne grosse chiasse, mesdames et messieurs !
C’est désopilant, mais Iron ne peut toujours pas se permettre de rire. Il le fera plus tard, autour d’un verre, avec Seetah et Owain peut-être. Il lui tarde tellement de retrouver ses amis, de retrouver le Capitole, son chez lui. Il n’en peut déjà plus de toutes ces couleurs ternes, de ces visages tristes et accusateurs, de cette ambiance suintante, de cette épouvantable odeur… N’empêche que pour une première visite au district neuf, il ne s’en sort pas trop mal. Le sort a été en sa faveur, comme presque toujours en somme.

Iron se détourne de la silhouette tendue du mentor pour donner son attention au tribut qui grimpe les marches pour les rejoindre, lui et Virani, au centre de l’estrade. Le capitolien est le seul à applaudir son approche mais ce n’est qu’un détail sans importance. De toute manière, ajouter un bruitage d’applaudissements ne demandera pas beaucoup d’effort à la régis…
Une fois le grand brun aux yeux clairs posté à ses côtés, Iron lui laisse quelques instants pour scanner la foule, certainement à la recherche d’un de ses proches à rassurer, et puis il se permet d’enrouler son bras autour de ses épaules et d’effectuer un petite pression. Courage mon vieux, ne flanche pas ! C’est certainement comme ça qu’on pourrait l’interpréter. Ce qu’il veut surtout, c’est que ce petit con ne créé par le scandale comme l’a fait sa co-tribut… Ce qu’Iron veut, c’est qu’on ne flingue pas ses chances de leur trouver des sponsors à ces deux abrutis crasseux.
Ceci dit, il y a de forte chances que le gamin, le dénommé Nathael, ne fasse pas le poids face à l’émotion que va susciter la moisson de Virani Chesterfield… Ce con est foutu, mais il faut qu’il garde la tête haute et fasse abstraction de tout ça. Et puis qui sait : Iron est doué, il pourrait peut-être lui venir en aide !

Son autre bras passe autour des épaules de la blondinette sur sa gauche. Il aimerait jeter un coup d’œil à Elyas, juste pour voir la tronche qu’il tire face à ce geste, mais s’en abstient. Il aura tout le loisir de le faire chier avec ça par la suite… Il a des semaines devant lui !
« Un volontaire pour prendre la place de Monsieur Brightcourt ? » demande-t-il à la foule qui lui fait face et se fait tout à coup toute petite…si c’est possible. Mais si un garçon avait réellement voulu se manifester : ne l’aurait-il pas déjà fait à cette heure ? « Si ce n’est pas le cas, alors nous tenons les deux tributs qui auront prochainement le privilège de fièrement représenter votre district lors des soixante-dix-huitième Hunger Games ! » scande-t-il en serrant un peu plus les deux adolescents contre lui, histoire de faire bonne figure et de faire croire à ces pouilleux (et à ses chers fans restés au Capitole) qu'il n'éprouve pas que du mépris à leur égard.

Contenu sponsorisé

» IV,1. la moisson du district six
» VI,2. la moisson du district neuf
» VI,3. Résidence du district Neuf
» III.6 - tournée du vainqueur (district neuf)
» II,1. la moisson du district dix

IV,1. la moisson du district neuf

IV,1. la moisson du district neuf

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