clover gipsy yzernay

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

C’est difficile de penser à ma mort aujourd’hui. J’étais tellement persuadée de mourir dans l’arène des soixante-dixième jeux que je ne sais plus du tout à quoi m’attendre. On vit plutôt bien dans le District 3 et donc l’espérance de vie y est plus élevée que dans certains autres districts très pauvres où avoir les cheveux blancs et gris tiennent plus de la légende que du quotidien, donc, si on passe par-dessus nos chances d’être pigé lors des moissons et qu’on se rend à l’âge de dix-neuf ans, on est tout en droit de penser qu’on va vivre plutôt heureux et assez vieux. Je croyais que ma vie serait paisible après mon retour des jeux, ça n’a pas été le cas. Je suis devenue un objet pour les gens du Capitole avec qui il est bon pour son image d’être vu en sa compagnie et, malgré les apparences, ma vie est sur la corde raide à chaque seconde. Chaque fois que je refuse de jouer à la poupée pour les plaisirs des messieurs, je risque d’être tuée ou, pire, de faire du mal à des gens que j’aime et qui sont restés à la maison, au district 3.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Personne. C’est ce que j’aimerais répondre en ayant l’air totalement honnête. Bien sûr que je ne veux que protéger ceux que j’aime, mais c’est en les aimant que je les mets en danger. Afin de m’atteindre, de me contrôler, on a mis un fusil contre leur tempe et dès que je déroge du ‘plan’ établi pour moi par le Capitole, je fais souffrir une personne qui m’est chère. J’ai déjà perdu mon frère dans les jeux et même si ce n’est pas Snow et son Capitole qui l’ont tué directement, c’est tout de même de leur faute s’il a dû mourir dès le départ. C’est de leur faute si ma sœur a été transformée en Avox, si on lui a coupé la parole pour l’éternité, uniquement parce qu’elle est ma sœur et que je l’aime. Pour me rappeler qu’ils peuvent tuer qui tient les reines. Eux.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Je viens du District 3. Le district de la technologie et des armes à feux. Les armes à feux qui ne sont pratiquement jamais présente dans la corne d’abondance des Jeux – c’est bien plus amusant de mettre des armes blanches qui forcent les tributs à s’entre-tuer de leurs mains, se sauter dessus et se battre à mort que de les voir viser et tirer – et la technologie qui n’existe que lorsqu’il s’agit des pièges tendus par les Gamemakers ou les projections des visages des tributs décédés dans le ciel. Visiblement, je n’avais en moi aucune aptitude spéciale acquise de par mon district. Pas dans l’arène. Dans la vie, c’est une autre histoire. J’ai des capacités assez fortes dans le domaine de la technologie, parce que mon père est haut placé dans les bureaux informatiques du District. Il était même convoqué au Capitole parfois, pour expliquer et faire les démonstrations de nouvelles technologies et inventions. Pour l’avoir assisté depuis que je suis haute comme trois pommes, j’ai beaucoup appris et j’ai des compétences non niables dans le domaine. Dans l'arène, mon plus grand atout a été mon frère, évidemment, et aussi mon habileté à être discrète. Je parvenais à me cacher et espionner les autres campements.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

C’est le moins qu’on puisse dire. J’ai moi-même été pigée lors de la moisson précédant la 70ième édition des Hunger Games. Je suis montée sur la scène où attendaient le maire, la responsable du District envoyée par le Capitole et le jeune mentor, Kerian Whitaker, afin d’accueillir les deux futurs morts du district, et à peine m’étais-je assise sur la chaise, bougeant mon corps avec raideur, comme un robot. Mon esprit n’avait pas encore analysé ou bien refusait de réaliser que j’allais droit vers ma mort qui serait probablement douloureuse. Personne ne meurt paisiblement dans les jeux. Puis, la femme aux cheveux noirs et aux tatous au visage annonça le nom du tribut garçon. Le seul nom que je ne voulais absolument pas entendre. Jude Yzernay. Mon frère. Alors que j’essayais de digérer la nouvelle de mon propre envoi dans l’arène, j’avais complètement oublié que lui aussi était éligible… A quel point le sort peut nous être défavorable?

➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ?

Quel genre d’être humain ayant toute sa tête peut apprécier de visionner une poignée d’enfants et d’adolescents commettre des meurtres jusqu’il n’y ait plus qu’un seul survivant ? Oh oui, c’est vrai. Les habitants du Capitole. Ils sont dans cette bulle isolée, une bulle d’égocentrisme. Ceux qui ont eut la malchance de naître dans les districts y seront pris toute leur vie, c’est une fatalité. Il y a bien quelques exemples, j’en suis une, mais est-ce vraiment mieux? On travaille pour leur fournir tout ce dont ils ont besoin et ils nous remercient en nous forçant à nous entre-tuer pour le simple plaisir de nous rappeler qu’ils peuvent nous forcer à le faire, qu’ils nous contrôlent. Bien sûr que je déteste de devoir les regarder, de regarder deux visages que j’ai déjà croisés. Des enfants à qui j’ai pu parler quand j’habitais encore chez moi. C’est horrible et inhumain.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Je croyais qu’un soulèvement de ce genre était impossible. Que nous étions trop faibles et minoritaires – les districts ont dû mal à communiquer entre eux et ce n’est pas quelques centaines de rebelles assumés qui réussissent à voyager des jours et des semaines entre les districts qui réussiront à rassembler suffisamment de gens pour que de façon simultanée, nous atteignons le Capitole droit au cœur – droit sur Snow. Puis la soixante-quatorzième édition des Jeux a été lancée… « Le treize est là, battez-vous. » Mon cœur s’est resserré dans ma poitrine, palpitant si fort qu’on aurait que je pouvais l’entendre. Est-ce possible? Le moment est-il venu de recommencer ce que nos ancêtres ont essayé de faire il y a soixante-quinze ans? Je dois absolument en apprendre plus sur le treize, y aller même… J'ai dû commencer par m’échapper de ma prison d’or et cristaux ici au Capitole. Grâce à mes compétences en technologies, j'ai pu imiter le procédéer des rebelles pour accéder au réseau du Capitole et après du travail acharné j'ai trouvé une minuscule faille dans leur système et j'ai donc pu entrer en contact avec eux. Les Rebels m'ont aidé à m'échapper.

JE ME SUIS ENFUIE D'UN MILIEU favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE était abondante à condition d'être docile et de livrer ce qu'on attendait de moi. DU COUP, MON NOM N'A plus aucune chance d'être tiré au sort, mais, lorsqu'il l'a été, il ne se retrouvait que deux fois dans le bol. J'EXERÇAIS LE MÉTIER DE courtisane ET POUR TOUT VOUS DIRE, JEle détestait et il m'amenait à me détester moi-même. JE SUIS ORIGINAIRE DU 3ÈME DISTRICT. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

tell us your story.

Quatorze ans. Plutôt grande pour son âge, mais aussi mince. Née dans un district où ce sont les industries de la technologie et la création d'armes à feu qui priment... Un district où ses habitants ne sont pas tellement forts physiquement, où l'esprit, la logique et l'ingéniosité se développent davantage. Un district qui ne contient pas un très large bassin de gagnants des Jeux, un district où chaque année on dit adieu à deux enfants. La journée de la moisson, tout le monde était étrangement silencieux. L'angoisse générale. Est-ce que notre enfant serait pigé? Et la fillette qui vit en face? Le fils unique de mon collègue de travail serait-il encore chanceux cette année? Clover, elle, avait passé la matinée avec sa mère. Sa soeur avait enfin franchit le cap des dix-neuf ans et n'était donc plus éligible pour les jeux. C'était comme si le tiers du poids du monde s'était soulevé des épaules de la famille Yzernay. Le tiers parce que sur les trois enfants, deux étaient toujours éligibles. Jude à dix-sept ans avait le minimum d'inscriptions possible et Clover avec ses quatorze ans n'en avait que deux. Les chances étaient donc de leur côté. Et comme le Capitole le voulait, la moisson devait être une journée remplie de festivités - allant des plus beaux habits jusqu'au 'festin' pour fêter l'arrivée de la nouvelle édition des Jeux - Clover et sa mère avaient fait les courses afin de s'offrir leur meilleur repas de l'année. Chacun trouverait son aliment préféré, comme le voulait leur tradition. Les Yzernay ne fêteraient pas la nouvelle édition, bien sûr. Comme les autres habitants des douze Districts, ils fêteraient le fait d'être encore tous saufs pour une autre année. Superstitieuse, Madame Yzernay croyait qu'agir comme si aucun de ses enfants ne risquait d'être pigé leur apportait de la chance supplémentaire.

En début d'après-midi, elles étaient retournées à la maison et tous les cinq avaient commencé à se préparer. Ses longs cheveux bruns attachés par un ruban blanc qui tombaient en cascade de boucles sur son dos, sa plus belle jupe et son plus beau chemisier sur le dos. Au centre du village, son frère et elle avaient dû se séparer du reste de leur famille. Jude du côté des garçons, son âge le mettant aux premiers rangs et Clover du côté des filles et vers le fond, avec les autres fillettes de quatorze ans. Le maire se mit alors à faire le même discours qu'à chaque an. L'histoire de Panem, la même qu'on enseignait dans les cours d'histoire, en prenant soin de souligner à quel point le Capitole est bon et généreux et merveilleux. Puis la chargée du district se lève alors que le maire va s'asseoir aux côtés de Kieran Whitaker, le gagnant l'édition de l'année précédente. Elle parle, mais Clover n'entend pas. N'écoute pas. Tout ce qu'elle entend c'est les battements de cœur affolé. Les siens, mais aussi des filles autour d'elle. Les garçons, les parents... Le cœur de tous les habitants du district 3. Puis on la poussa. C'est à ce moment qu'elle sortit de ses pensées, poussée par les filles derrière elle. Devant elle, tout le monde s'était entassé sur les côtés afin de lui faire un chemin. Elle n'arrivait pas à analyser ce qui venait de se passer, mais elle pouvait vaguement lire sur les lèvres de la femme 'Allez, viens nous rejoindre!'. Clover comprit. Un de ses deux billets avait été pigé. Elle était une tribut. Elle ne sentait plus ses jambes, ne parvenait pas à formuler un mot quand la femme du Capitole voulu lui faire déclarer quelques mots pour les caméras et termina sa course assise sur une des deux chaises réservées aux heureux élus.

« Sans plus attendre, nous allons dévoiler qui sera le tribut masculin du district pour les Jeux de cette année. » Elle plongea sa main dans le gros bol de verre rempli de centaines de coupons identiques, remuant sa main en se frayant un chemin jusqu’au fond. La tension montait et Clover pouvait entendre les sanglots de sa mère et de sa sœur un peu plus loin, impuissantes. « Le tribut masculin sera donc … » Elle tira un billet du bol et le déplia. Un large sourire s’affichait sur ses lèvres. « Jude Yzernay. » A quel point le sort peut-il nous être défavorable?

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« Eh, regardez... Il y a des traces de boues qui forment un chemin… Ça pourrait être une piste. » En se fiant à la voix, Clover pouvait identifier le garçon du Six. Qu’est-ce qu’il faisait avec les Carrières? Au nombre de voix et à leur bruyance, elle savait qu’il s’agissait de l’attroupement des Carrières. Forts, nombreux, armés jusqu’aux dents… Ils n’avaient pas besoin d’être silencieux lors de leurs déplacements. Ils auraient le dessus sur quiconque croiserait leur chemin. Elle était sur leur chemin. Cachée dans le tronc creux d’un grand arbre et protégée par des buissons fournis, elle était complètement camouflée, mais si elle faisait le moindre son… Puis, un froissement de feuillage suivi d’un craquement de branche. Ce n’était pas elle qui avait bougé. Elle allait être repérée par cet idiot qui faisait un vacarme. Poussée par son adrénaline, Clover s’extirpa de son nid de sécurité et se faufila entre les buissons de baies et d’épines à la manière d’un animal, en subtilité. Elle n’avait pas d’arme, pas d’arme digne de ce nom. Un pieu qu’elle s’était fabriqué avec le couteau qu’avait ramassé son frère, mais il était bien pointu. Il pourrait la défendre… contre un tribut non armé ou malhabile avec son arme.

Elle arriva à la bordure de cette zone de végétation. Devant elle s’étalait une plaine, un sol plat à l’herbe basse. Un terrain à découvert. Où elle serait vulnérable. Elle observa quelques instants, cherchant dans la noirceur totale. Une fois ses yeux habitués, elle parvint à distinguer la source de ses ennuis. Un tribut probablement assoiffé ou blessé qui avait perdu toute son agilité, qui se promenait avec lourdeur et bruyamment. Un tribut qui n’avait aucune chance… Un tribut pas si différent d’elle, au fond. Les craquements de branche et la lueur, au loin, de torches la firent paniquer. La meute avait dû l’entendre et suivre sa trace… Elle avait deux choix : attendre et se faire tuer lorsqu’ils l’auraient trouvée ou aller sur la plaine et survivre à l’autre tribut. Elle aurait plus de chance de s’en tirer contre une seule personne. Clover franchit les dernières branches feuillues qui la camouflaient et s’avança lentement, silencieusement, vers la silhouette. Le tribut avait dû entendre les Carrières aussi, il se leva et trouva refuge derrière un épais buisson. Clover le traqua. Rapidement, elle fut devant le buisson, à moins d’un mètre de son rival… Puis à ses côtés. Comme une ombre, elle ne faisait aucun bruit. Complètement ignorée, elle était comme invisible. Ou était-ce uniquement ce qu’elle croyait? Le bras du tribut s’étira afin d’attraper ce que Clover croyait être une arme. Son instinct de survit prit le dessus, son humanité la quitta momentanément. Elle se jeta sur la silhouette, son pieu devant elle, sa protection. Le gémissement qui s’échappa des lèvres de sa victime l’informa qu’il s’agissait d’une fille. Clover ne pouvait déterminer laquelle, elle ne voyait plus rien. Elle lâcha prise et le corps retomba lentement, le pieu dans la poitrine, sur l’herbe. Tremblant comme une feuille, Clover disparut dans le prochain étendu de forêt, aussi silencieusement qu’elle était arrivée. Le canon résonna dans sa tête, dans ses cauchemars des nuits suivantes et elle dû attendre le lendemain à la tombée de la nuit pour déduire qu’elle avait tué la fille du Neuf : Billie Sweenage.

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« Tu dois aller récolter plus de ces baies que tu as repérées il y a trois jours. » La voix de Jude était autoritaire, mais Clover ne manqua de détecter l’empressement. « Mais… C’est au moins à trois heures de marche d’ici… On ne sait plus où les Carrières campent et … » Sa gorge se noua, elle ne voulait pas pleurer, mais la peur s’emparait d’elle. Son frère se pencha vers l’avant, pour se mettre à son niveau, et posa ses mains sur ses joues creuses. « Vas-y, Clo. » Les larmes s’accumulaient devant ses yeux, mais elle s’efforça de ne pas pleurer, réalisant que quelque chose d’important se préparait. Il lui avait juré de prendre soin d’elle, il lui avait fait promettre de ne pas le remettre en question. Et elle l’avait écouté et n’avait pas protesté quand il avait décidé qu’ils s’arrêteraient dans un coin peu caché, au pied d’un grand arbre. Clover décida de lui faire confiance à nouveau. Elle acquiesça et parti avec leur petit bol de plastique et un couteau moins aiguisé depuis qu’ils avaient coupé du bois la veille. Ce qu’elle évaluait comme étant cinq heures plus tard, Clover était sur le chemin du retour. La route était difficile, à travers les arbres et les grosses racines dans lesquelles elle se prenait les pieds. Un grondement résonna jusqu’à elle, l’origine était loin… Les oiseaux s’envolèrent des arbres et partirent dans la direction opposée de sa destination et le sol vibra sous ses pieds. Le premier canon se fit entendre. Clover lâcha le pot de plastique et courut, sur le sol plat, à découvert. De toutes ses forces, elle courait, sans arrêter lorsque les branches lui fouettaient le visage. Un autre canon, quelques secondes passèrent et un troisième résonna dans l’air. Au loin, au-dessus de la cime des arbres, Clover pouvait voir une épaisse fumée noire et la lueur rougeâtre lui laisser présager des flemmes. Un quatrième coup de canon. Avant son départ, ils n’étaient plus que six… Quelques minutes passèrent et hormis les quelques bestioles qui fuyaient l’incendie, Clover ne croisa personne. Elle était complètement désarmée et ne savait pas ce qui se passait…

Elle arrêta au beau milieu de la forêt quand le cinquième coup retentit, accompagné de trompettes bruyantes. « Mesdames et Messieurs, je suis heureux de vous présenter la gagnante des 70ième Hunger Games, Clover Yzernay, tribut du District Trois! » La voix de Claudius Templesmith résonna dans la forêt et tout était terminé.

Assise au fond de sa petite cellule, Clover était assise de façon à faire dos à la porte qui était gardée par de nombreux employés. Les genoux remontés contre sa poitrine, les bras autour de ses jambes et la tête posée sur la tablette que formaient ses genoux, elle ne pouvait faire mieux qu’attendre que le temps passe. Près de la porte refroidissait le repas qu’elle boudait, comme à son habitude. Elle était enfermée depuis deux semaines. Quelques jours avant son dix-huitième anniversaire, Clover reçu une lettre – la première de sa vie – scellée par le sceau du Capitole. Elle était conviée dans la Ville pour la veille de son anniversaire, un train viendrait la rechercher. Aucune information sur l’endroit où elle devait se rendre une fois rendue, ni le motif de son invitation, mais, au creux de son cœur, elle avait la conviction que ce n’était pas négociable. Elle s’était donc rendue là-bas, seule et sans aucune information. Une fois arrivée à la gare du Capitole, des hommes envoyés par Snow l’escortèrent jusqu’à un banquet donné en son honneur, pour son anniversaire. Son styliste et l’équipe de préparation étaient là, dans la vaste pièce richement décorée qui lui servait de loge. La même équipe qu’elle avait eu durant la semaine de préparation avant les Jeux quatre ans plus tôt. Aucun d’eux ne savait ce qui se passait, ils savaient seulement que ce n’était pas dans les habitudes du Capitole d’organiser de grosses soirées pour l’anniversaire d’anciens tributs. Clover se regardait devant le miroir et elle pouvait sentir son rythme cardiaque accélérer. On l’avait habillée comme à son entrevue, avant les Jeux. Sa tête tournait, trop de mauvais souvenirs. Elle avait l’air d’avoir volé la robe d’une gamine, trop courte, trop serrée pour son corps de femme. Le banquet s’était en effet avéré être en son honneur. C’était le moins qu’on puisse dire. Après le repas copieux et le visionnement des moments forts des 70ième Jeux, l’enchère débuta. Au début, Clover ne comprenait sur quoi les gens misaient. Puis la réalité la frappa. C’était elle. Ils misaient sur elle. Pour l’acheter, la posséder… La gamine qu’ils avaient vu survivre dans l’arène allait devenir une femme aux douze coups de minuits et ils leur tardaient de la redécouvrir… Un militaire du Capitole avait été le plus offrant et Clover avait dû quitter avec lui, forcée et menacée par les hommes du Président.

« Si tu te montrais plus … chaleureuse et docile, on pourrait te laisser sortir d’ici plus tôt. » Le garde était de retour. Chaque jour c’était la même histoire. Clover tourna la tête vers lui, l’air dégouté. Il lui souffla un baiser suivi d’un clin d’œil. Soit elle pourrissait en cellule, soit elle devenait l’objet de désir et de convoitise du Capitole au grand complet, achetable avec quelques liasses de billets. Quelqu’un devait payer pour l’audace de son frère. Lui qui avait utilisé les mines des Gamemakers sauver la vie de sa sœur, lui qui avait utilisé des armes qu’ils n’auraient pas dû savoir faire fonctionner. Clover se leva d’un bond, enragée comme une animal sauvage mis en cage, et saisit au passage le bol de soupe encore chaude. Croyant qu’elle se montrait coopérative, pour une fois, le garde s’approcha le visage des barreaux. Clover sourit angéliquement avant de fracasser le bol contre les tiges de fer, envoyant le liquide chaud au visage de son garde, faisant exploser le bol en morceaux qui lui coupèrent la paume, mais aussi le visage du gardien. « Tu vas voir ce que tu t’es mérité! » Le garde s’apprêtait à ouvrir la porte, sa matraque à la main, quand un second garde s’en mêla. « Laisse-la sortir, ordre du Patron. Son appartement est enfin prêt. Un avox vient d’arriver spécialement pour elle… »

Sa sœur. Transformée en Avox, forcée au mutisme. Snow savait qu’elle préfèrerait se laisser mourir dans une cellule que de se vendre., mais elle voudrait protéger ses proches. Tout comme son frère s’était sacrifié pour la protéger elle dans l’arène. Les Yzernay : des gens de cœur. Elle accepta, elle devint une courtisane. Achetée par les hommes riches du Capitole, invitée aux soirées mondaines. Toujours souriante et joviale, comme si elle vivait un rêve. Elle était coincée dans un cauchemar duquel elle ne pourrait jamais se réveiller. Jusqu’à cette nuit où se fut le tour du bras droit de Snow de vouloir goûter au produit du District 3. Il buvait, beaucoup trop et, par expérience, Clover savait que plus ils buvaient, plus vite son calvaire passait. Parfois, même, ils tombaient endormis avec d’avoir touché à une seule mèche de ses cheveux. Elle ne faisait que les encourager à remplir leur verre. Après une soirée dansante au Centre-ville, ils étaient rentrés chez lui. Il était déjà éméché, il avait titubé jusqu’à son lit et, lorsque Clover sortir de la salle de bain, il ronflait. Elle devait rester là, au cas où il se réveillait. Elle se mit alors à faire la seule chose qui lui procurait un brin de réconfort : fouiner. Partout. Chaque tiroir était ouvert, chaque penderie. Elle gardait la pièce de résistance pour la fin : les appareils électroniques. Qu’est-ce que les dossiers du fidèle bras droit du Président pouvaient bien cacher? Après quelques minutes à trafiquer les mots de passes et réseaux, tout était là. Si seulement elle avait une clé informatique sur laquelle copier les fichiers. Elle pourrait faire chanter ses oppresseurs, se délivrer. Ou les faire couler. Tranquillement, Clover s’équipa. Elle acheta un ordinateur, vola un fusil chez un militaire et s’équipa de pièces informatiques sophistiqués. Sa chambre à coucher transformée en laboratoire informatique, une pâle copie du bureau de son père dans le District 3, mais un laboratoire fonctionnel qui lui permettait de pénétrer, avec acharnement et persévérance, dans des réseaux bloqués et confidentiels du Capitole. Des informations qui ne devraient surtout pas tomber dans de mauvaises mains, par exemple : les siennes…

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