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 I will follow you into the dark - Virani & Elyas

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Reed Emerson
DISTRICT 11
Reed Emerson
△ correspondances : 1464
△ points : 11
△ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas)
△ à Panem depuis le : 09/01/2013
△ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion.
△ âge du personnage : Vingt-six ans
△ occupation : Sniper dans l'armée du Treize


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MessageSujet: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeDim 6 Avr - 15:43

A travers la fenêtre, je devine enfin, après trois interminables journées de voyage, les grillages de notre District se profiler à l’horizon. Je suis bientôt chez moi, mais je ne me sens pas apaisé pour autant. D’habitude, j’éprouve toujours une pointe de soulagement à l’idée de retrouver le calme de ma maison, et par extension, du Neuf tout entier, qui contraste agréablement avec l’effervescence perpétuelle qui règne au Capitole. Mais pas cette fois. Aujourd’hui, rentrer au bercail me semble être le pire de tous les supplices. La boule logée au creux de mon estomac prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure que le train se rapproche du Neuf. J’ai peur à l’idée de ce que je vais trouver là-bas. Ou plutôt, de ce que je ne vais pas trouver. J’ai la nausée à la seule pensée qu’on m’annonce le décès de ma sœur, mais c’est une éventualité à laquelle je dois me préparer. Depuis notre séance de torture dans les geôles du Capitole, je n’ai plus eu de nouvelle. Je ne sais rien de ce que ces salauds lui ont fait endurer, je ne sais même pas si elle est toujours en vie, ou si elle a suivi mes parents dans la tombe. Et cette ignorance me tue, mais je ne suis pas certain que connaitre le sort qu’ils lui ont réservé m’aidera à me sentir mieux. Au contraire. Si elle est morte, son absence me déchirera de l’intérieur, et si elle est toujours en vie, je n’oserai plus jamais la regarder dans les yeux. Parce que je n’ai pas été capable de la protéger de la férocité de Snow, je songe en passant mes mains sur mon visage, dépité par mon impuissance chronique à sauver la vie de mes proches.

Le train commence à ralentir, puis finit par s’arrêter complètement. Je souffle pour me donner le courage pour sortir du wagon. En pure perte. J’ai dû mal à contrôler les tremblements frénétiques qui secouent mes mains. Je me lève du canapé où j’étais assis, mais mes jambes sont si molles que j’ai l’impression qu’elles vont céder d’une minute à l’autre sous mon poids. Je descends du train, la gare, comme à son habitude, est complètement déserte. Je n’ai même pas pris la peine d’emporter une valise, j’ai tout ce qu’il faut chez moi. Par réflexe, je rabats correctement le col de mon manteau avant de m’élancer d’une démarche hésitante. Tout ici sur mon chemin me rappelle la terrible scène qui s’est jouée il y a quelques semaines à peine. Je ne crois pas âme qui vive dans les rues que j’emprunte, mais le couvre-feu va bientôt tomber, et les gens se doivent d’être chez eux quand ce moment arrivera. Quand je foule les pavés de la Grande Place, je m’efforce de ne pas jeter le moindre regard à la potence qui trône fièrement au centre de la place, et qui me semble me narguer. Alors je tourne la tête pour ne pas avoir à la regarder, et je croise le regard d’une vieille femme que je reconnais aussitôt. C’est la couturière dont mes parents s’offraient souvent les services. Elle connait bien ma famille, ma sœur. Elle l’a vu grandir. Je m’approche donc vers elle, mais son regard triste me cloue sur place. « Ma sœur ? », je demande d’une voix nouée par l’angoisse. Elle ne m’offre que son silence ; je voudrais poser mes mains sur ses épaules et la secouer comme un prunier pour qu’elle me parle, qu’elle me dise ce qu’elle sait au sujet de ma sœur. Et contre toute attente, sans ajouter le moindre mot, elle hoche la tête de haut en bas, mais je comprends tout de même le message. Virani est rentrée au Neuf. Vivante, elle est vivante ! J’exulte intérieurement, et j’ai l’impression que l’on vient d’ôter un énorme poids de mes poumons, je respire enfin. « Merci ! », je lui réponds, soulagé, et pris d’une impulsion soudaine, je partage ma joie avec elle en la prenant dans mes bras. « Prends soin d’elle, Elyas. » me lance-t-elle avant de disparaître dans la nuit qui commence à tomber. Je lui en fais silencieusement la promesse.

Je ne vois qu’un endroit où elle peut se trouver : la maison de nos parents. Jamais elle ne serait retournée vivre dans ma maison. Aussitôt, c’est dans cette direction que je m’élance en courant. Quand je pousse la porte de la maison qui m’a vu grandir, je constate que tout est resté dans l’état dans lequel nous l’avions laissé avant de partir. Déçu, je comprends que je me suis trompé. Elle n’est pas ici. Dans ce cas, peut-être s’est-elle installée chez moi, finalement ? Un bruit dans mon dos me fait me retourner, et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Elle est là, comme un ange tombé du ciel, dans l’encadrement de la porte. Je me précipite vers elle pour la prendre dans mes bras mais je m’interromps brusquement dans mon geste quand les marques qui zèbrent son visage me sautent aux yeux. Les séquelles de sa détention m’horrifient et me rappellent à quel point tout ce cauchemar est bien réel. Et à côté d’elle, je me sens gêné d’arborer sur mon visage une peau aussi lisse que celle d’un bébé, la médecine du Capitole fait vraiment des miracles. Furieux, ivre de rage, j’attrape sans aucune délicatesse son menton entre mes mains et lui fait tourner la tête pour l’examiner sous toutes les coutures. Et dans un coup de sang, je lui arrache sa chemise, faisant sauter ses boutons – pas grave, je lui en achèterais une autre, beaucoup plus jolie que ce vieux bout de tissu – et je me fiche complètement qu’elle puisse être mal à l’aise de se retrouver en sous-vêtements, surtout devant moi. Je veux juste constater l’ampleur des dégâts. Son dos est couvert de plaies, semblables à des coups de fouets ; certaines ont d’ailleurs mal cicatrisé, et se sont mêmes infectées. Je dois soigner ça avant qu’elle ne me fasse une septicémie. Je place mes mains sur ses épaules et la retourne vers moi, inconscient du fait que je suis sûrement en train de la bouleverser encore un peu plus.

« Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Ils t’ont relâché quand ? Comment tu t’es débrouillée ici ? » Tant de questions se bousculent dans mon esprit et je n’arrive pas à faire le tri dans mes pensées, elles sortent toutes en même temps, accablant la pauvre Virani qui ne comprend peut-être pas ce qu’il se passe.
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MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeDim 6 Avr - 17:12

Les temps ont changé, au Neuf.
J'accélère le pas. La nuit ne va pas tarder, et je ne devrais même pas être là. Dehors, au milieu des rues, à courir discrètement dans l'ombre. Si jamais je finis par tomber sur un Pacificateur...
Une goutte de sueur froide roule sur mon dos. J'essaye de garder une bonne vitesse et une discrétion, surtout. Cela fait tellement longtemps que je n'y suis pas retournée. Depuis mon départ du Neuf, à vrai dire.
Je ne sais pas ce que je compte y trouver. Mais il fallait que j'y retourne, que je revienne où tout a commencé. Le déclic fut le petit écran de télévision chez les Brightcourt, qui affichait un Elyas en pleine forme, au bras d'une jolie  rousse, vainqueur des Jeux de l'année dernière, lors de sa dernière fête avant de retourner chez lui.
Chez lui. J'ai fini par comprendre. Elyas rentrait au Neuf. Il était vivant. Je pouvais courir dans les rues, me montrer à tous les habitants, quitter le foyer des Brigthcourt, et le retrouver.
Mais il y avait quelque chose, quelque chose d'autre de tros gros, pour être enfouit sous ma raison qui me dictait tout cela. Quelque chose qui m'écrasait le cœur, me serrait la gorge et le ventre. Quelque chose de bien trop fort pour être enterré sous ses mots, qu'il allait devoir m'expliquer.
Un. Elyas, sûrement grâce à ses styliste, semblait bien remit. Et tant mieux pour lui.
Deux. J'avais l'impression d'avoir été abandonnée, pourquoi ne revenait-il que maintenant ? Et la réponse qui me hantait étais aussi violente que si je la lui avait craché à la figure. J'aurais dû être morte, j'étais morte, c'est pour cela qu'il s'attardait au Capitole. Il ne voulait pas affronter ce que j'avais dû affronter en revenant ici. Le silence. L'acceptation des choses telles qu'elles étaient, et enfin, L'ignorance des habitants, ou plutôt la peur de me parler et donc de risquer leur vie, ou bien juste de croiser mon regard.
Mon regard était le bon pour un aller-simple au Capitole.
Trois. La fille. La rousse. La vainqueur. Il préférait passer son temps avec elle, à être le petit couple parfait. Car, oui, j'avais sûrement loupé un épisode, ils étaient en couple. À tout cela, je pensais ressentir une jalousie profonde à l'égard de cette vainqueur, Prudence. Et aussi une colère, une colère noire, dévastatrice. J'étais persuadée que le souvenir de Kathleen aurait dû l'arrêter. Kathleen était décédée, certes, mais Elyas aimait Kathleen, et tout avait été toujours ainsi. Quoi qu'il en dise.
J'appréhendais leur relation, le fait qu'ils soient en couple. Je ne trouvais pas cela juste, je ne comprenais pas.

Arrivée devant la porte, j'eus un moment d'immobilisation. J'avais peur de rentrer dans cette maison qui avait toujours été la mienne, peur de toucher le contact glacé de la porte qui me rappellerait encore une fois que mes parents avaient disparus. J'inspirais longuement. Déjà, les violents souvenirs affluaient ma mémoire.
Je finis par tendre la main, pour ouvrir la porte, et rentrer dans l'ombre angoissante de ces lieux.

Pas d'histoire d'ombre, je m'arrêtais sur le cadre de l'entrée, découvrant une pièce éclairée, et devant moi... Elyas.
Un haut-le-cœur vint tordre ma gorge, j'étais choquée qu'il fut présent ici.
Ses yeux s'écarquillèrent,  et, rapidement, il scruta mon visage de tous les angles.
Mes cicatrices n'avaient pas encore disparu, je me mordis la lèvre pour éviter de lui dire que mes joues étaient encore sensibles aux effleurements.
Il arracha ma chemise d'un coup sec, en l'ayant, au passage, déchirée. Je me retrouvait en sous-vêtements, devant des marques ineffaçables que je m'efforçais d'oublier chaque jour.
Peine perdue, je finis par baisser la tête. Le sang, qui venait du haut de mon corps, dégoulinait sur mon ventre. Malgré les soins de Lou, certaines blessures n'étaient pas encore totalement soignées, d'autres venaient de se réouvrir. Voilà la cause du sang. Je relevais la tête et fermais les yeux, en essayant de chasser l'image rougeoyante de mon nombril. Je ne supportais pas la vue du sang. Je palissait rien qu'à en prononcer le nom. Je me rappelait de trop de choses, du temps où mon père était médecin et en vie.

«Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Ils t’ont relâché quand ? Comment tu t’es débrouillée ici ?»
Qu'est-ce qu'ils m'ont fait ? Tu ne peux le voir que maintenant, Elyas. Tu n'as peut-être plus toutes ces cicatrices et ces bleus, mais ils ont envahi mon corps, pour ma part, et ne sont pas reparti.

"On m'a relâchée il y a quelques jours...Trois ou quatre semaines, je crois... Je lui dis ça en regardant dans le vide, fuyant son regard.
-J'étais seule, en arrivant à la gare, je continue, c'est Lou Brightcourt qui m'est venue en aide. Elle a fini par m'héberger. Je ne pouvais pas retourner à la maison, je ne devait pas me faire remarquer par les habitants, je reste au fond de la boulangerie, à faire les pains pour éviter de leurs faire peur...je...je..." J'arrêtais de balbutier.
J'étais seule, perdue, désemparée, je ne savais pas comment faire, tous mes repères avaient été détruits. Il fallait que je me cache, que je me fasse discrète, ne pas parler, et baisser le regard.
La peur ne me permettais rien, je ne voulais surtout pas retourner dans les geôles du Capitole, ni mettre quiconque en danger. Lou et son frère connaissaient la vérité. Lou plus que son frère. Son frère savait juste qu'ils devraient m'héberger pendant quelque temps, il l'avait compris, sans qu'on eut été obligées de lui expliquer.
Leur parents savaient juste que j'avais besoin d'être hébergée.
Mais je les exposaient déjà bien assez au danger.
Et je le regrettais tous les jours, toutes les nuits. Je m'efforçais de les aider au mieux dans leur boulangerie, pour que cela ait pu, de quelque façon, me faire pardonner de moi, et le risque qui s'y courait si on m'adressait la parole. Mais je ne savais que trop bien que tout cela ne changerai en rien la dette qui s'allongeait, et que je leur devais.

Des larmes roulaient sur mes joues.
Oh, Elyas ! J'étais si heureuse de le revoir.
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Reed Emerson
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MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeDim 13 Avr - 0:11

Je m’en veux. Je m’en veux tellement, les remords m’assaillent de toute part, jusqu’à m’en donner la nausée. Ils ont osé la frapper, battre son petit corps jusqu’au sang pour lui arracher des aveux dont elle ignorait tout ; ces monstres n’ont aucun état d’âme, pas le moindre. J’imagine sans peine la détresse, le désarroi et le désespoir qu’elle a dû ressentir tour à tour, prisonnière de sa cellule, seule, elle qui ne l’a jamais été de toute sa vie. Mon cœur se serre douloureusement à la pensée des sévices que ces ordures lui ont fait endurer. Ce n’est encore qu’une enfant ! Et voyant qu’elle n’avouait rien, ont-ils continué de la torturer pour me punir, moi ? Est-ce la sinistre façon qu’a Snow de m’inciter à me tenir à carreau, à ne plus faire un seul faux pas ? Message reçu, cher Président.

« On m’a relâchée il y a quelques jours… Trois ou quatre semaines, je crois. J’étais seule, en arrivant à la gare. C’est Lou Brightcourt qui m’est venue en aide. Elle a fini par m’héberger. » La famille Brightcourt, les boulangers. Je leur serai éternellement reconnaissant de s’être ainsi occupés de ma sœur. Et pour les remercier d’avoir pris soin de Virani, je leur ferai parvenir une grosse somme d’argent, c’est le moins que je puisse faire pour eux en retour. « Je ne pouvais pas retourner à la maison, je ne devais pas me faire remarquer par les habitants, je reste au fond de la boulangerie, à faire les pains pour éviter de leur faire peur… je… je… » Elle s’interrompt net dans son récit, me privant de ses dernières paroles, mais j'en ai suffisamment appris pour saisir la situation. Et devant l’air désemparé et perdu qu’affiche son visage, j’ai l’impression de recevoir un coup de poing dans l’estomac. J’ai mal de la voir dans un tel état. En touchant à ma sœur, Snow m’a déclaré une guerre personnelle, et je jure devant Dieu de me venger de la barbarie dont il a fait preuve. Il pouvait m’infliger les pires tortures, me soumettre à sa prostitution immonde, pisser sur ma dignité, faire assassiner mes parents et me passer à tabac, mais toucher à ma sœur avait été l’erreur à ne pas commettre. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Des larmes s’échappent silencieusement de ses yeux pour venir mourir sur ses joues. Je prends son visage entre mes mains et essuie ses larmes d’un geste du pouce. « Shhh, shhh, c’est fini. Tout est fini. Tu es en sécurité maintenant », j’ajoute en la serrant enfin dans mes bras avec mille précautions, par peur de lui faire mal. La sentir au creux de mes bras me fait un bien fou. Vivante, elle est vivante ! Vous n’imaginez même pas l'intensité du soulagement que je ressens en cet instant. « Oh Vinnie, je t’ai cru morte. » Vinnie. Un surnom que j’avais l’habitude de lui donner quand nous étions petits, et que, je crois, elle n’a jamais particulièrement aimé. «Mais tu es là, tu es bien là. », je répète comme pour me convaincre moi-même que je ne rêve pas. Je dépose doucement un baiser sur sa joue, que ses larmes ont teinté d’un goût salé. « Ils paieront, je te le promets. Ils paieront pour tout ce qu’ils nous ont fait. », je lui murmure au creux de l’oreille d’une voix déterminée, et ce ne sont pas des paroles en l’air, j’en fais le serment solennel. Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre, mais je ne les laisserai pas menacer la vie de ma soeur, leur acte de cruauté ne restera pas impuni.

Puis je m’écarte légèrement d’elle, les mains toujours sur ses épaules, pour l’examiner une fois de plus d’un œil expert. « Mais pour le moment, il faut s’occuper de tes blessures. Lou fait du bon pain, mais soigner les plaies, c’est pas encore ça. » Après avoir déposé un dernier baiser sur son front, je me relève, je l’entraine dans le salon et la fait s’asseoir sur le canapé en lui demandant de m’attendre ici. Puis je me dirige dans le cabinet médical de notre père, là où je suis certain de trouver le matériel nécessaire pour désinfecter et recoudre les plaies qui se sont ouvertes et désengorger les autres. Ca me tue de remettre les pieds ici en sachant qu’il est parti, et qu’il ne reviendra plus jamais. Je ne sais pas quoi faire, ni comment le faire, je suis complètement perdu sans lui et ses conseils toujours avisés. Il me manque. Il me manque tellement. Tout comme les bras aimants de ma mère dans lesquels j’aimais me blottir. En secret, bien évidemment. Je ne voulais pas qu’on me traite de fille. Ses souvenirs autrefois heureux m’apparaissent à présent comme les pires. Je m’empresse de rassembler le matériel  - désinfectant, compresses, scalpel, sutures – pour quitter cette pièce le plus rapidement possible. Je retourne auprès de ma sœur, et entreprends de désinfecter les plaies qui se sont rouvertes – « Attention, ça va piquer. Voilà, serre les dents maintenant, je vais refermer, et ne bouge pas, surtout. » – avant de les recoudre à vif, sans anesthésie. Une fois la sale besogne accomplie, je la laisse souffler un peu et reprendre ses esprits, avant de m’attaquer à ses cicatrices suppurantes. Un petit coup de scalpel suffit à évacuer le pus que j’éponge ensuite avec les compresses, en songeant que de telles plaies, si mal cicatrisées, ont dû lui faire souffrir le martyr.« Tu devrais te sentir beaucoup mieux maintenant. », je lui annonce en passant une pommade antibiotique sur ses balafres. « Les marques vont finir par disparaitre, ne t’en fais pas. Celle que je t’ai recousue te laissera une petite cicatrice, mais rien de bien méchant. » Je suis sûr qu’elle s’en fiche de garder quelques séquelles quand elle aurait pu y laisser la vie, mais je parle machinalement pour combler les silences qui flottent entre nous. Je l’enroule ensuite dans une couverture pour ne pas qu’elle attrape froid, ainsi dévêtue. Mes lèvres s’étirent tandis que je passe une main dans ses longs cheveux blonds, heureux d’être là avec elle, mais il y a une ombre dans son regard qui me fait aussitôt perdre mon sourire. Je crois qu’elle m’en veut ; peut-être me juge-t-elle responsable de tous nos malheurs, et je ne peux pas franchement la blâmer de penser ça. « Qu’est-ce qu’il y a Virani ? », je lui demande patiemment. Autant crever l'abcès une bonne fois pour toutes.
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MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeVen 18 Avr - 21:37

Troublée. Ce doit être ce mot. Il m'a prise dans ses bras, en me jurant que le Capitole le paierait. Mais tout ce que je veux, maintenant, c'est que tout cela se termine enfin.
Je voudrais juste redevenir celle que j'étais , il y a quelques semaines, avant que tout cela commence, avant la mort de nos parents, l'embarquement au Capitole et tout le reste. Si j'écoutais ce que me dis mon frère, je croirais enfin en cette fin de problèmes, et de tout ce qui nous as entourés jusqu'à présent. Mais je n'y crois pas. Et c'est sûrement cela, le seul vrai problème, la seule vérité.
Nos parents sont morts, Elyas.
Le Capitole nous as torturé.
Tu m'a prise pour morte, Elyas.
Et maintenant, nous savons que rien n'est terminé. Qu'il faudra affronter les regards des habitants et  les pacificateurs. Puis les futurs jours de moisson.
Et le fait qu'ils ne soient plus là, et que, de la chaleureuse famille Chesterfield, il ne reste que nous deux, un vainqueur, et une gamine, brisés par le drame.
Il m'amène dans le salon. Notre salon, où nos parents s'asseyaient sur leur fauteuils spécifiques, en fin de journée. Le salon où devant l'écran de télévision, nous avons assisté à la victoire d'Elyas, à la mort de Jeremiah et celle de Kathleen. En restant paralysés sur nos canapés, ne ratant aucune seconde de la moindre parole de chaque être, chaque personne, pour assister, comme tant d'autres, à leurs derniers mots.
Pendant qu'Elyas essaye tant bien que mal de nettoyer mes plaies, j'évite de croiser son regard, même si nous sommes tous deux heureux de voir l'autre vivant.
J'évite aussi de regarder ce qu'il fait, à cause du sang, et je pivote légèrement ma tête pour regarder ailleurs. Un tableau sur un mur. Il représente une forêt, dans tout ce qu'il y a de plus naturel et vert.
Je promène mon regard sur les motifs fleuris des murs, qui semble me narguer, tant ils n'ont pas changé et ne semblent même pas abîmés par le temps, l'oubli et l'absence de la présence de nos parents. La maison, pourtant remplie de meubles, donne cette même impression de vide que quand nous l'avions quittée.
Reste l'odeur, qui nous ramène inlassablement à eux, et tout ces petits objets qu'ils allaient prendre avant de partir ou travailler qui restent bien en place, comme s'ils attendaient encore quelque chose de leurs tuteurs.
Il a enfin fini de recoudre mes plaies et de les désinfecter, je hoche la tête pour lui dire que j'ai compris ce qu'il venait de me dire, et le remercier sans ouvrir ma bouche, restée close jusque là.
J'inspire lentement. Elyas qui semble le remarquer, finit par prendre la parole, pour briser ce silence et enfin combler les vides.

"-Qu'est-ce qu'il y a Virani ?
Je me lève, peu être un peu trop brutalement. La colère revient et monte rapidement en moi, je me dirige vers la fenêtre du salon, qui donne sur la rue silencieuse et calme de la maison. Dos à Elyas, j'hésite un instant des mots qui sortiront de mes lèvres bientôt.
Oui, je suis heureuse de le retrouver. Mais cela n'a en rien effacé ce que j'ai ressenti, en le découvrant vivant sur un petit écran de télévision, aux bras de la vainqueur de cette année, tout sourire.

Je finis par me jeter à l'eau, un peu perdue dans mes propos, puis tout s'éclaircit et je sais ce qu'il me reste à faire.
"-J'ai appris que tu étais vivant...grâce à ce que diffusaient les écrans de télévision aujourd'hui..." Je ravale lentement ma salive, fait claquer ma langue et reprend calmement.
"Aux bras de...la vainqueur, Prudence. Je finis par le fixer. Il me dévisage, et j'ai comme l'impression un instant de le voir blêmir, puis il reprend contrôle de lui même et semble imperturbable, en ne me répondant toujours rien.
Vous êtes ensembles, n'est-ce pas ?"
Phrase paraissant anodine et pourtant simple, mais révélant bien plus que ce que l'on pourrait croire. En gros, je crois que c'est clair et qu'il comprend le "Et Kathleen ?" caché derrière.
Je ne dis plus rien et j'attends, mon cœur bat à tout allure.
Je ne cesse de me passer en boucle la phrase "Pour lui, j'étais morte. J'étais morte." dans ma tête.
Je finis par bouger, enfin, mes muscles étant un peu engourdis. Je finis par lui jeter un "Je monte en haut trouver un tee-shirt. Je reviens", et dès que je quitte son angle de vue, je me rue sur l'escalier et ses marches épaisses, pour m'enfermer dans ma chambre.
J'ai décidé de lui laisser du temps pour me  trouver une réponse censée, aussi, après avoir fermé ma porte, je retombe en glissant sur son bois froid, au sol. Je soupire une dernière fois, attend un peu, puis fini par me relever, et prend un tee-shirt rapidement, avant de rouvrir la porte. Elyas est en bas de l'escalier, et m'attend.
Je prend mon temps pour descendre une par une les marches, en me préparant de plus en plus à la situation qui risque de suivre, faite d'explications et de désillusions, qu'on ne pouvait éviter en ce jour.
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Reed Emerson
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MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeDim 20 Avr - 22:54

Hj : ton poste I will follow you into the dark  - Virani & Elyas 1682311168

Virani saute presque d’un bond du canapé pour venir se placer devant la fenêtre du salon, et je comprends que les reproches ne vont pas tarder à fuser. Je tente tant bien que mal de m’y préparer, mais comment réagir quand la personne la plus chère à votre cœur vous déteste ? Je devrais pourtant y être habitué avec le temps, étant donné la haine viscérale que m’a longtemps vouée Kathleen, mais rien n’y fait. C’est toujours aussi dur à encaisser. Et c’est encore pire de devoir vivre avec.

« J’ai appris que tu étais vivant… grâce à ce que diffusaient les écrans de télévision aujourd’hui… »
Je sais. Je sais que je ne suis pas le frère idéal, loin s’en faut. A la minute même où ils m’ont libéré, j’aurais dû me précipiter au Neuf pour guetter impatiemment le retour de ma sœur. A la place, quand elle est rentrée chez elle, il n’y avait personne pour l’attendre. Personne. Et elle s’est retrouvée seule. J’ai merdé, je le sais. Et rien ne pourra jamais racheter ce comportement inadmissible, mais j’imagine que ça fait bien longtemps que Virani a cessé de se faire toute illusion à mon sujet. Comme Kathleen avant elle, elle me voit tel que je suis vraiment. Un monstre. Un égoïste. L’homme que les Jeux ont fait de moi. Mais j’avais peur, ok ? Mort de trouille de devoir retourner vivre dans un District où ma sœur ne serait plus, où son fantôme me hanterait jusqu’à ce que j’en devienne fou, et où le souvenir des mes erreurs me briserait chaque jour un peu plus. Terrifié d’apprendre qu’ils l’avaient tué. Alors j’ai préféré vivre dans le doute, dans l’incertitude, là où le « peut-être » avait encore sa place. Vous pouvez ajouter « véritable lâche » à la liste déjà bien conséquente de mes défauts.

« Au bras de… la vainqueur, Prudence. » L’attaque me coupe le souffle aussi efficacement qu’un coup de poing dans l’estomac, pourtant, je m’attendais à ce que le sujet s’immisce dans la conversation. « Vous êtes ensembles, n’est-ce pas ? », renchérit-elle, et je devine sans peine l’anathème sous-jacent. Tu as oublié Kathleen, me hurlent ses yeux. Je n’arrive plus à soutenir son regard alors, avec le courage que l’on me connait, je baisse la tête comme un enfant pris en faute, mais je continue à le sentir braqué sur moi. Comment lui vouloir de me jeter le blâme ? Virani adorait Kathleen et je crois que, petite, elle espérait nous voir mariés. Son rêve se serait sûrement exaucé s’il n’y avait pas eu ces maudits Jeux. Quel gâchis, je songe en soupirant, une boule à l’estomac. Nous étions faits l’un pour l’autre, et le Sort s’est acharné à nous séparer. Hier comme aujourd’hui. Virani doit me haïr d’être resté batifoler au Capitole pendant qu’elle s’efforçait de surmonter la mort de nos parents et le cauchemar de sa séance de torture, seule. Sans personne pour qui l’épauler dans cette terrible épreuve. Je lui ai fais vivre l’enfer. Mais j’étais obligé d’agir ainsi, Virani ! Je l’ai fait pour toi, pour préserver ta sécurité. Pour épargner ta vie. A qui tu essayes de faire croire ça ?, me souffle une voix dans ma tête. Tout ce que tu as toujours fait, tu l’as fait pour toi, et pour personne d’autre. Je serre les poings jusqu’à me labourer la paume de mes ongles, luttant contre la crise de violence que je sens naitre au creux de mes reins. Reprends-toi, Chesterfield, ce n’est pas le moment. Pas devant ta sœur.

« Je monte en haut trouver un t-shirt. Je reviens. » Je l’entends se ruer dans les escaliers et claquer la porte de sa chambre. Je souffle un bon coup, comme pour expulser tout l’air de mes poumons, en tentant de refréner mes pulsions. Ce n’est bien sûr absolument pas après ma sœur que j’en ai, elle est en droit de se poser ce genre de questions, mais quand je me laisse déborder par cette colère qui surgit de nulle part et balaye tout sur son passage, je suis incapable de me contrôler, et j’ai peur de lever la main sur elle. Plutôt crever que de lui faire du mal. Les battements frénétiques de mon cœur s’apaisent peu à peu, le pire est évité. Je soupire en enfouissant mon visage au creux de mes mains, puis finis par me lever du canapé pour la rejoindre dans sa chambre, mais alors que je me trouve en bas des escaliers, Virani fait sa réapparition.

« Kathleen est morte, Virani. Morte. » Ok, ce n’était peut-être pas la meilleure façon d’aborder le sujet, mais le tact n’avait jamais vraiment été mon point fort. Et pour couronner le tout, c’était un mensonge. Kathleen était toujours en vie, mais pour des raisons que j’ignorais, elle refusait catégoriquement que cela se sache, alors le moins que je pouvais faire, en souvenir de l’affection mutuelle que nous nous étions un jour portés, c’était de respecter son choix, même sans le comprendre. Et puis Virani ne me pardonnerait jamais de m’afficher avec Prudence si elle savait que Kathleen était toujours de ce monde. « Que veux-tu que je fasse ? Que je vive éternellement dans son souvenir ? Que j’arrête de vivre, hm ? », je lance, furieux du jugement que porte ma sœur sur mes relations, parce que, quelque part, je sais pertinemment qu’elle a raison. C’est à elle que je m’en prends alors que c’est moi qui mériterais un bon coup de pied au cul. « Prudence est une fille bien, elle m’a beaucoup aidé ces derniers temps. Elle était là quand je n’avais plus personne. Elle sait ce que je ressens. » C’est faux. Il y avait toujours ma sœur, et c’est vers elle que j’aurai dû me tourner en priorité, plutôt que de me réfugier dans les bras de Prudence. « J’ai vécu des horreurs moi aussi, vous semblez tous l’avoir bien oublié. » C’est une accusation odieuse, j’en ai bien conscience, mais c’est ce qu’une part de moi a toujours pensé. Oui, j’ai remporté ces Jeux, je suis rentré en vie, mais à quel prix ? Aux yeux de tous, je suis devenu le privilégié, le toutou du Capitole, celui qu’on envie un peu, qu’on méprise surtout. Kathleen, mes parents, Virani… Se sont-ils rendus compte des atrocités que j’ai vécues, des épreuves que j’ai dû traverser au sein même du Capitole, des sacrifices que j’ai dû faire pour les préserver de la déchéance de ma nouvelle vie, ou étaient-ils trop occupés à me jeter le blâme ? Je suis devenu le coupable désigné pour toutes les mauvaises choses qui arrivaient, et j’ai volontiers accepté d’endosser ce rôle si cela pouvait les aider de me rendre responsable de tous les malheurs. Je leur ai tourné le dos pour leur bien, et aucun d’entre eux ne s’est aperçu du mal-être qui m’habitait constamment. Qui m’habite encore et qui ne me lâchera jamais, je le crains. « Tout ce que j’ai fais, je l’ai fait pour vous, et tout ce que j’ai récolté, c’est du mépris et de la haine. Mets-toi à ma place cinq minutes. » Attendez… La conversation avait brusquement dévié là, non ?
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I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Vide
MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeMar 29 Avr - 15:14

"Kathleen est morte Virani,
morte.
"
Je me fige sur place. Il ne me restait que quatre marches, avant d'arriver à son niveau. Mais je ne veux plus franchir cette limite, depuis l'instant même où il a balancé ces mots, en me regardant en face, l'air sûr de lui.
J'ai juste envie de lui sauter au coup, et de lui faire regretter ce qu'il vient de dire. De lui cracher des phrases, comme des insultes, pour ce qu'il vient de dire.
Il n'a pas le droit de dire ça, pas le droit.
Comment peut-il paraître si insensible, à ses propres mots, alors qu'il se serait effondré en les prononçant il y a peu de temps ?
Kathleen. Morte. Jeremiah. Mort. Papa, maman. Morts.

"Non..." Je lui souffle. Plus pour essayer de me persuader moi-même qu'autre chose.
Je lui en veux. Et encore plus maintenant.

« Que veux-tu que je fasse ? Que je vive éternellement dans son souvenir ? Que j’arrête de vivre, hm ? »

Que tu ne l'oublie pas ?

"Non..." Je redis, sans motivation, d'un ton presque las, parce que je sais que ce qui va suivre va être remit en cause, et ce sera de ma faute.

« Prudence est une fille bien, elle m’a beaucoup aidé ces derniers temps. Elle était là quand je n’avais plus personne. Elle sait ce que je ressens. »
Hahaha. Une vainqueure ? Une rumeur de futur mariage qui s'annonce chez les Capitoliens ? Elle est tellement bien que tu as tardé à la montrer à ta sœur-peu-être-vivante. D'ailleurs tu as tout simplement tardé à revenir. Parce que ta sœur, que tu as en face de toi, qui respire, parle, pense et marche, est morte, n'est-ce-pas ?
Je décide de garder toute cette colère encore un peu intérieurement, et mes joues commencent à rougir d'impatience.

« J’ai vécu des horreurs moi aussi, vous semblez tous l’avoir bien oublié. »
C'est faux. Et il le sait. Mais il veut juste essayer d'oublier ce qu'il a pu apprendre, sinon il ne me dirait pas cela aujourd'hui.

Les horreurs Elyas ? Personne ne les as oublié. Je n'ai rien oublié. Il continue.

« Tout ce que j’ai fais, je l’ai fait pour vous, et tout ce que j’ai récolté, c’est du mépris et de la haine. Mets-toi à ma place cinq minutes. »

C'en est trop. Dire qu'il n'avait personne passait encore tout-à-l'heure. Mais de me mettre à sa place, et le fait qu'il se victimise sans savoir vraiment de quoi il parle...
Je décide de parler. De lui dire enfin tout ce qui entraînait ma colère, tout-à-l'heure, de lui montrer toutes les raisons pour lui faire comprendre qu'il se trompe.
Que j'étais là, moi. Présente quand tout arrivait.
Peu-être sans savoir certains éléments, mais avec Ma vision des faits. Qu'il semble ignorer.

"L'Horreur était de te voir partir. L'Horreur était de te voir tuer, pour t'en sortir, de regarder, chaque jour ces Jeux, de prier et supplier la Terre pour que tu gagnes. L'Horreur était d'entendre les sanglots de maman, devant l'écran, de voir le visage détruit de papa, chaque soir, chaque matin. L'Horreur était de devoir attendre la fin de l'école, la fin du travail, pour allumer les écrans et voir si tu étais toujours vivant. Je marque une pause. Puis je reprend, entre deux hésitations, en essayant de ravaler ce qui me brûle la gorge.
D'entendre les rumeurs des habitants, qui étaient négatives à ton sujet. De m'oublier, oublier un tant soit peu ce qui nous entourer et notre propre identité, afin de vivre qu'à travers toi, dans l'Arène. Jusqu'à ce que tu gagnes, le temps était mis en pause au Disrict, comme si on s'était tous coupé la respiration, comme si on s'était tous tus jusqu'à ce que ça se termine enfin.
Et L'Horreur n'a jamais disparu. Les jeux ne se sont jamais effacés pour toi comme pour nous.
Et Kathleen est morte. Jeremiah est mort.
Et tu voudrais qu'on les oublie, qu'on passe à autre chose, pour retrouver ce simple petit confort existant avant que tu partes aux Hunger Games ? Mais on ne  peut plus faire marche arrière, Elyas. C'est fini.
"
Et je viens de le comprendre.

Je lui lance un regard méprisant, puisqu'apparemment, c'est lui la victime.

"Et tu me demandes de me mettre à ta place, Elyas ? Comme si je ne subissais pas aussi la mienne ? "

Je décide de descendre les marches, pour me mettre enfin à son niveau. Il est plus grand que moi, plus fort que moi, plus imposant et âgé que moi. Mais puisque ce qu'il peut rester de Kathleen au fond de lui ne le retiens pas, j'espère être la seule qui puisse lui faire ouvrir les yeux.

"La vérité, Elyas ? C'est qu'il n'y a ni vainqueur ni gagnant. Les seuls perdants ici, c'est nous. On souffre autant l'un que l'autre. Par nos versions des faits. "

Je suis pourtant sûre qu'il connaissait déjà cette vérité.

"Et Kathleen... Je croyais que c'était le seul souvenir qui pouvait t'éviter de t'eloigner encore plus, après tout. Je me trompais. Et tu as préféré restais avec Prudence au Capitole, plutôt que de me retrouver au Neuf. Parce que t'as pas osé affronter la réalité, Elyas. La vérité."
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Reed Emerson
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△ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas)
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△ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion.
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MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeLun 5 Mai - 0:14

Du haut de ses marches, Virani me domine et il me faut lever la tête pour pouvoir la regarder en face. Mais il m’est difficile de ne pas détourner les yeux tant la ressemblance avec notre mère est frappante. Je n’y avais guère prêté attention jusqu'à présent, mais en grandissant, Virani avait hérité de la grâce et de la beauté d’Alyané Chesterfield, jusqu’à en devenir son véritable portrait craché. Les mêmes longs cheveux blonds, couleur des blés de notre District, les mêmes magnifiques yeux bleus, légèrement en amande, et les mêmes pommettes saillantes qui donnaient encore à son visage un air enfantin. Seize ans. Elle n’avait que seize ans, elle n’était encore qu’une enfant. Une enfant qui avait déjà trop vécu, trop souffert, à qui la vie avait tout pris, sans la moindre pitié. Sa naissance dans une famille aisée aurait normalement dû la préserver de tous ces malheurs, et pourtant, qui aujourd’hui dans notre District pouvait sérieusement prétendre avoir plus perdu qu’elle ? Rien, il ne lui restait plus rien. Pas même son frère, celui-là même qui lui avait un jour promis d’être toujours là pour elle. J’avais brisé ma promesse, comme le pire des parjures. Je faisais honte au nom que je portais.

« L’Horreur était de te voir partir. L’Horreur était de te voir tuer, pour t’en sortir, de regarder chaque jour ces Jeux, de prier et supplier la Terre pour que tu gagnes. L’Horreur était d’entendre les sanglots de maman, devant l’écran, de voir le visage détruit de papa, chaque soir, chaque matin. L’Horreur était de devoir attendre la fin de l’école, la fin du travail, pour allumer les écrans et voir si tu étais toujours vivant. » « Tais-toi. », je souffle dans un murmure, en lui tournant le dos, comme si cela allait me préserver de la dure réalité. Je ne veux pas, je ne peux pas en entendre davantage. Je suis incapable de supporter les mots qui sortent de sa bouche, et qui me frappent de plein fouet, comme autant de coups de couteaux. Je me suis longtemps lamenté sur mon sort, me considérant comme l’unique victime du Capitole, sans réaliser à quel point cela avait été dur aussi pour mes parents, pour Virani. Comme toujours depuis ma Victoire aux Jeux, je n’ai pensé qu’à moi ; c’est ce que je fais de mieux. Où est passé ce garçon qui faisait toujours passer les intérêts de ses amis avant les siens ? Oh, je connais la réponse, je sais pertinemment où il se trouve. Mort et enterré dans cette Arène où on l’a envoyé se battre pour sa vie. On ne sort jamais indemne d’une épreuve comme celle-là, on fait juste semblant.

« D’entendre les rumeurs des habitants, qui étaient négatives à ton sujet. De m’oublier, oublier un tant soit peu ce qui nous entourait et notre propre identité, afin de vivre qu’à travers toi, dans l’Arène. Jusqu’à ce que tu gagnes, le temps était mis en pause au District, comme si on s’était tous coupé la respiration, comme si on s’était tous tus jusqu’à ce que ça se termine enfin. Et l’Horreur n’a jamais disparu. Les jeux ne se sont jamais effacés pour toi comme pour nous. Et Kathleen est morte. Jeremiah est mort. Et tu voudrais qu’on les oublie, qu’on passe à autre chose, pour retrouver ce simple petit confort existant avant que tu partes aux Hunger Games ? Mais on ne peut plus faire marche arrière, Elyas. C’est fini. » Je serre les poings, en proie à une rage intérieure qui menace de tout dévaster sur son passage. « Tais-toi ! », je lui répète en hurlant, tandis que je me retourne vers elle pour lui jeter un regard noir. Le mépris que je lis dans ses yeux me poignarde en plein cœur et la réalité s’impose brutalement dans mon esprit. Ma sœur me hait. Comme Kathleen me haïssait. Et comme, probablement, mes parents me haïssaient. D’un geste rageur du bras, j’envoie valser au sol un vase qui se brise sous l’impact, puis je prends ma tête entre mes mains pour ne plus entendre un seul de ses mots. Virani a raison, et c’est cela qui m’enrage le plus. Tout ce qu’elle dit est vrai. Et, cruelle, elle ne m’accorde aucun répit, comme si elle prenait un malin plaisir à me tourmenter. Au fond, c’est peut-être le cas.

 « Et tu me demandes de me mettre à ta place, Elyas ? Comme si je ne subissais pas aussi la mienne ? La vérité, Elyas ? C’est qu’il n’y a ni vainqueur, ni gagnant. Les seuls perdants ici, c’est nous. » « Je sais. » , j’admets dans un murmure. Personne ici n’est mieux placé que moi pour savoir qu’être Vainqueur ne signifie absolument rien. « On souffre autant l’un que l’autre. Par nos versions des faits. » Je relève la tête vers ma sœur, qui a enfin descendu ces foutues marches pour se poster devant moi. Quand est-elle devenue si mature ? Mon cœur se serre quand je songe que les Jeux l’ont injustement privée de l’innocence de son enfance. Elle a grandi trop vite, ce n’est pas ce que je voulais pour elle.

« Et Kathleen… Je croyais que c’était le seul souvenir qui pouvait t’éviter de t’éloigner encore plus, après tout. Je me trompais. » J’ai l’impression que mon cœur vient de lourdement chuter dans mon estomac, et je lutte pour réfréner une terrible envie de vomir. Kathleen… Je n’ai pensé qu’à elle jour et nuit pendant deux ans, convaincu d’être la cause de sa mort. J’aurai dû… tenter quelque chose. N’importe quoi. Nous aurions pu nous échapper, tous les deux. Juste elle et moi. Loin de la folie du  Capitole. C’était risqué, mais peut-être pas plus qu’aller combattre dans l’Arène pour y affronter une issue incertaine. « Et tu as préféré rester avec Prudence au Capitole, plutôt que de me retrouver au Neuf. Parce que t’as pas osé affronter la réalité, Elyas. La vérité. » Ses paroles me touchent, peut-être un peu trop. Mais comment rester insensible devant le portrait peu flatteur qu’elle dresse de moi ? Mais cette fois encore, elle ne se trompe pas. « Bingo, t’as gagné, je suis un lâche, ok ?! Un lâche. Oui, j’ai peur, je crève de trouille en permanence ! » je lui confirme d’une voix brisée. Brisé, comme tout mon être. « C’est ça que tu voulais entendre ? Tu es contente maintenant ? » Je me détourne d’elle et retourne m’asseoir sur le canapé, la tête entre les mains. « Oui, j’ai abandonné tout ceux que j’aimais, parce que j’avais peur, peur de ce que vous penseriez de ce garçon qui est revenu de l’Arène à ma place, de ces... ces choses que le Capitole m’oblige à faire, de ces idées bizarres que j’ai en tête. J’ai eu peur, j’ai pas trouvé le courage de me battre pour vous garder dans ma vie. Tous les jours, je tremble pour toi, parce que le moindre de mes faux pas t’enverrait aussitôt dans la tombe. Et je m’en veux, je m’en veux tellement, parce qu’en revenant vivant de cette Arène, je vous ai tous mis en danger. Tout aurait été tellement plus simple si je n’avais pas survécu… Et maintenant, papa et maman sont morts sans savoir que je les aimais. » Bien malgré moi, je laisse échapper un sanglot, incapable de refouler mes larmes plus longtemps. Bravo, voilà que maintenant le frère prodige se mettait à chialer comme une gonzesse !

« La vérité, Virani, c’est que Kathleen n’est pas morte. », j'ajoute après un long silence. Je n’ose pas la regarder en face en lui avouant ce secret que j’ai gardé trop longtemps, et que Kathleen elle-même m’avait demandé de ne jamais révéler. Cette nouvelle pour le moins inattendue va sûrement lui causer un énorme choc, mais j’estime que ma sœur a le droit de connaître la vérité, en espérant que lui apprendre la survie de son amie l’apaiserait un peu.   « Je ne sais pas comment ils ont fait ça, mais le Treize… ils l’ont sauvé de l’Arène. Je l’ai vu de mes yeux, comme je te vois en ce moment. Elle est vivante. Là-bas, je… je lui ai demandé une seconde chance, pour qu’on puisse repartir à zéro, elle et moi… » Je ricane amèrement à se souvenir ; j’avais été un idiot de croire qu’elle accepterait ma proposition. « Mais elle m’a envoyé chier, ok ? Alors oublie-la. Elle veut pas de moi, elle me déteste, comme toi, comme vous tous. Elle ne veut plus jamais me revoir. Parce que j’ai merdé, Virani, du début jusqu’à la fin. Tu crois que je le sais pas ?! J’en ai conscience, plus que tu ne le penses, et ça me tue.  »
J’essuie rageusement mes larmes, honteux de pleurer ainsi devant ma sœur. De pleurer tout court. Mais mes parents, Kathleen... Ils me manquent tous tellement. Plutôt paradoxal quand on songeait que je les avais rayé de ma vie des années auparavant, pas vrai ?


Dernière édition par Elyas Aedan Chesterfield le Mer 14 Mai - 16:31, édité 1 fois
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I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Vide
MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeMer 7 Mai - 9:57

« Bingo, t’as gagné, je suis un lâche, ok ?! Un lâche. Oui, j’ai peur, je crève de trouille en permanence ! »
Sous le choc, je coupe ma respiration. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde aussi brutalement et vite. Non. Je ne voulais surtout pas entendre ça. Mais après les horreurs que je venais de lui dire, je ne pouvais pas m'attendre à mieux. Je venais de le toucher. Au plus profond de son âme, j'avais trouvé son point sensible. Et maintenant ? Je voulais le lâcher. Je ne pouvait pas effacer ce que je venais de dire, mais je voulais en arrêter là. Je ne voulais pas entendre la suite, ni même prédire ce qu'il dirait. Je voulais tout arrêter.
Il a peur ?
« C’est ça que tu voulais entendre ? Tu es contente maintenant ? »
"Non..."
Et nous revoilà dans ce salon, que je me mets immédiatement à détester.
« Oui, j’ai abandonné tout ceux que j’aimais, parce que j’avais peur, peur de ce que vous penseriez de ce garçon qui est revenu de l’Arène à ma place, de ces... ces choses que le Capitole m’oblige à faire, de ces idées bizarres que j’ai en tête. J’ai eu peur, j’ai pas trouvé le courage de me battre pour vous garder dans ma vie. "
Il dit vrai. Mais nous n'avons peu être tous pas eu le courage de venir le voir.
Parce que tout le monde pensait qu'il ne reviendrait pas de l'Arène.
Sauf moi. J'avais gardé espoir, et il n'est jamais revenu.

"Tous les jours, je tremble pour toi, parce que le moindre de mes faux pas t’enverrait aussitôt dans la tombe. Et je m’en veux, je m’en veux tellement, parce qu’en revenant vivant de cette Arène, je vous ai tous mis en danger. Tout aurait été tellement plus simple si je n’avais pas survécu… Et maintenant, papa et maman sont morts sans savoir que je les aimais. »

"-Ils t'aimaient, Elyas. Et ils savaient que tu les aimaient.
Ils étaient tristes, c'est tout. Ils auraient voulu te voir, t'aider même. Mais on se sentaient tous impuissants à ton isolement."

Nous aussi on a merdé. On ne s'est pas battus assez longtemps.
« La vérité, Virani, c’est que Kathleen n’est pas morte. »
Quoi ? Passé les premières secondes, je réagit.
"-Dis pas n'importe quoi." Je lui lâche. Kathleen est morte, comme il me l'a affirmé tout à l'heure. Je ne veux pas y croire, je ne veux pas la revoir, elle comme Jeremiah avant elle, mourir dans l'Arene, mais c'est la vérité.
Elle est morte.
« Je ne sais pas comment ils ont fait ça, mais le Treize… ils l’ont sauvé de l’Arène. Je l’ai vu de mes yeux, comme je te vois en ce moment. Elle est vivante. Là-bas, je… je lui ai demandé une seconde chance, pour qu’on puisse repartir à zéro, elle et moi… »
Le Treize maintenant ?
Je commence à douter de l'état de mon frère. Peut-être qu'il est fou, et que je ne l'ai pas remarqué.
« Mais elle m’a envoyé chier, ok ? Alors oublie-la. Elle veut pas de moi, elle me déteste, comme toi, comme vous tous. Elle ne veut plus jamais me revoir. Parce que j’ai merdé, Virani, du début jusqu’à la fin. Tu crois que je le sais pas ?! J’en ai conscience, plus que tu ne le penses, et ça m’tue.  »

Elle nous déteste tous. Elle me déteste. Elle déteste Elyas.

Je suis prise d'une sorte de vertige, mais je réussi à rester debout, et je le regarde, amenant une main à mon front comme pour le masser. Je commence à avoir mal à la tête.
Non. Kathleen est morte.
Ça me fait mal au cœur, ça me déchire le ventre, mais elle est morte. Jeremiah est mort. Nos parents sont morts.

Des sanglots m'envahissent. Il pleure, et moi aussi.
"-Arrêtes.
Il lève ses yeux brillants de larmes vers moi.

Dis pas n'importe quoi.",  je répète, avec ma voix tremblante.

C'est fini. Tout est allé trop loin.
Je ne voulais pas entendre ses mots, et je n'avais pas à dire les miens, à l'inverse.
Puis je m'accroupie devant lui.
"On va s'en sortir, ok ?"
Je le fixe.
J'aimerais que ce soit lui qui me dise ça, parce que j'ai l'impression de me mentir. De lui mentir.
"Ça va aller. Tout ira bien.
C'est bien ce que tu me dis, à chaque fois, non ?"

Je lui sourit. Cette phrase, à chaque fois qu'il l'a prononcée, il ne nous ai rien arrivé de bon.
Mais mon frère m'aime et s'inquiète pour moi, il me l'a dit et je le croit. Alors je finis par lui laisser du répit, le rassurer, et arrêter de le hair. Parce que c'est mon frère. Et que je l'aime.

"On va s'en sortir. Ensemble"
En-sem-ble, cette fois-ci.
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I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Vide
MessageSujet: Re: I will follow you into the dark - Virani & Elyas   I will follow you into the dark  - Virani & Elyas Icon_minitimeMer 28 Mai - 23:09

Je refoule péniblement les larmes qui menacent de me submerger à tout instant. La mort de mes parents me parait soudainement bien réelle, me frappe de plein fouet. Morts, morts, ils sont tous morts. Et moi avec, il y a des années de cela. Cette grande maison me semble tellement vide maintenant qu’ils ne sont plus là. Je voudrais me lever et prendre mes jambes à mon cou, m’enfuir loin, très loin d’ici, dans un endroit où les remords cesseraient de me tourmenter, et où je n’aurai plus à lutter contre moi-même. Mais je reste là, assis dans ce canapé, incapable de me mouvoir ; je n’en ai ni la force, ni l’envie. Je veux y mourir, fermer les yeux pour ne plus jamais les rouvrir. Mais je ne dois pas me laisser tenter par ces idées noires – pourtant séduisantes ; Virani a besoin de moi, maintenant plus que jamais.

« Ils t’aimaient, Elyas. » Cent fois, mille fois j’ai rêvé d’entendre ces mots, alors pourquoi est-ce que ça fait aussi mal ? Les regrets, mes plus fidèles amis, toujours là au rendez-vous, m’assaillent de toute part, et je croule sous leur poids, qui n’a fait que s’accroître au fil des années. Et si je n’avais pas pris mes distances après ma Victoire ? Et si j’avais fait le premier pas pour renouer ces liens qui n’auraient jamais dû se délier ? Et si je leur avais ouvert ma porte et mon cœur ? Et si je n’avais pas été pigé pour les Jeux ? Et si… et si… Je dois cesser de me morfondre dans ces suppositions, cesser de me tourmenter l’esprit en imaginant un autre passé, d’autres issues. Mes si ne les ramèneront pas, ils ne font que me prouver à quel point j’ai merdé.  

« Et ils savaient que tu les aimais. Ils étaient tristes, c’est tout. Ils auraient voulu te voir, t’aider même. Mais on se sentait tous impuissants à ton isolement. » Je baisse la tête, accablé. Mes parents étaient tristes. A cause de moi. Je le savais, je l’ai toujours su, mais entendre ces mots rend les choses beaucoup plus réelles. Tout ce temps, je me suis enfermé dans une bulle, hermétique au monde extérieur, je portais des œillères à m’en rendre aveugle. J’ai fui, parce que je n’avais pas le courage d’agir autrement. Fuir était ma spécialité, et j’y venais toujours, invariablement, dès que les choses tournaient mal. Un lâche, voilà ce que je suis. Et c’est cela qui m’a valu d’être haï par mes plus proches amis et ma famille, eux que je n’ai jamais cessé d’aimer. Comme je les comprends. Moi aussi je déteste l’homme qui me fait face dans le miroir.

« J’aurai dû savoir qu’ils étaient rebelles. J’aurai dû… faire quelque chose. N’importe quoi. J’aurai dû les en empêcher. J’aurai dû…», je marmonne cette litanie en me balançant légèrement d’avant en arrière, nerveux, coupable, perdu. « Je ne voulais pas qu’ils soient tristes. Ni que toi tu le sois. Mais vivre avec moi Virani… vivre avec moi vous aurait rendu malheureux. Tu ne sais pas à quel point. »  Le nouvel Elyas ne leur aurait pas plu, je le sais. Le nouvel Elyas cauchemardait toutes les nuits, se réveillait plusieurs fois d’affilée baigné de sueur et de larmes, incapable d’oublier ce dont il avait été témoin. Il était obnubilé par la mort, ne songeait plus qu’à elle et à sa douce et glaciale étreinte qui viendrait le délivrer de ses tourments. Il en rêvait, il la dessinait, et partout où il allait, elle le suivait. Il  n’osait plus regarder quiconque dans les yeux parce qu’il savait, il savait qu’il avait pris un réel plaisir à tuer et cet Elyas, cet inconnu avec lequel j’étais désormais forcé de cohabiter, cet Elyas-là me flanquait une frousse terrible. Avec le temps, il avait fait son nid et ne m’avait plus jamais quitté.

Je relève la tête vers ma sœur, mes yeux baignés de larmes, et lui avoue finalement la vérité au sujet de Kathleen. Cette vérité que je lui avais pourtant juré de taire. Mais il faut croire que j’ai le don de briser toutes mes promesses, spécialement celles que je fais à Kathleen. Un lâche, doublé d’un parjure. Virani ne me croit pas, peut-être qu’elle a raison. Peut-être que j’ai rêvé tout ceci, que Kathleen, Billie, Aiden et le Treize tout entier n’étaient que des hallucinations revenues du passé pour me hanter, pour se jouer de moi, de mon esprit malade. Peut-être que je suis vraiment fou, comme certains le murmurent sur mon passage. Je perds les pédales, je ne sais plus où j'en suis. Mes joues sont trempées de larmes et je me rends compte que je pleure. Mais Kathleen me manque tellement, je l’aime à en crever, et pourtant, elle ne veut plus de moi dans sa vie. Non, tais-toi. Arrête. Kathleen est morte. Je ne sais plus où donner de la tête, comment démêler le vrai du faux ? Comment savoir où le réel se termine et où les illusions commencent ?  Au fond, peut-être que le Treize existe réellement, que j’ai encore toute ma tête, mais pour être honnête, je préférerais l’avoir rêvé. Que Kathleen soit morte pour de bon, et non retenue contre son gré six pieds sous terre, et qu’elle repose enfin en paix.

« Arrête. », m’intime Virani. « Dis pas n’importe quoi. » Elle s’accroupie devant moi, pour se placer à mon niveau. Je suis l’aîné, c’est à moi de la réconforter, et non l’inverse. « On va s’en sortir, ok ? Ça va aller. Tout ira bien. C’est bien ce que tu me dis, à chaque fois, non ? » Ce n’était que des mensonges destinés à la rassurer, et elle le savait pertinemment. Des mensonges, c'est tout ce dont je suis capable. La dernière fois que je lui avais murmuré ces mots, j’avais été moissonné. Non, tout n’irait pas bien. « On va s’en sortir. Ensemble. », me souffle-t-elle. Oui, ensemble. Elle et moi. Moi et elle. Et personne d’autre.

Je porte une nouvelle fois mes mains à mon front, subitement affolé, tandis que mon cœur danse le hula hoop dans ma poitrine. « Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis en train de perdre la tête Virani. » Je porte sur ma sœur un regard où le doute se mêle au désarroi. « Kathleen est morte, pas vrai ? Il faut qu’elle le soit. » Mais la question s’adresse davantage à moi qu’à ma sœur. « Et elle-aussi est morte sans savoir que je l’aimais. J’ai merdé, j’ai tout merdé. »  J’aurai tellement aimé que quelqu’un vienne cogner à ma porte, si fort qu’elle en serait sortie de ses gonds, qu’on me vienne me tirer hors du lit où je passais des journées entières et me mettre trois claques pour me forcer à renouer contact avec la civilisation. Je passe ma main sur sa joue pour essuyer ses larmes, déterminé à faire table rase du passé et à repartir sur des bases plus saines. Recommencer de zéro. Si Kathleen m’avait refusé une seconde chance, je sentais que Virani était prête à me l’accorder. Non, Kathleen était morte. J’avais rêvé tout ceci, pas vrai ? « Tu as raison, on va s’en sortir. On a survécu au pire, plus rien ne peut nous arriver maintenant. Je vais revenir vivre au Neuf, je ne te laisserai plus. Plus jamais. D’ailleurs, j’aurai jamais dû partir. C’est ici, ma maison. Pas au Capitole.  » Virani allait devoir faire preuve de patience pour s’accommoder de l’étranger qui sommeillait en moi, celui-là même qui prenait parfois le dessus, et qui souffrait encore d’accès de démence. Avec le temps, les crises avait fini par s’atténuer, mais n’avaient jamais complètement disparu.

Sauf que le pire n’était pas encore arrivé, et nous allions l’apprendre rapidement à nos dépends.

Hj : Si tu veux, on peut s'arrêter là pour mieux reprendre à la moisson I love you 
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