Je n'ai pas l'habitude de me présenter, personne ne me le demande vous savez. La plupart ignore tout de moi, je ne suis qu'une vulgaire habitante du district neuf. Et même dans mon propre district, je suis telle une inconnue. Peu savent que je me prénomme Nola, encore moins sont au courant que cette année, c'est la dernière fois que je risque d'être moissonnée. J'arrive enfin à mes dix-huit ans, je quitte l'enfance, mais surtout la peur, l'angoisse, la crainte de mourir dans d'atroces souffrances, dans une arène éloignée de tous ceux que je connais, à la merci d'inconnus qui ne rêvent que d'une chose, de me voir morte. Même dans le district neuf, la mort est moins douloureuse. Façon de parler. Ici on me connaît comme la fille Wilfried, la fille à la cape, ou d'autres surnoms dont je ne connais pas l'existence. Mon père était le maire il y a encore quelques années, j'ai donc vécu mes premières années sans grands soucis. Mais ce genre de privilège ne dure que rarement, et une fois son mandat écoulé, nous avons nous aussi connu la faim. Bien moins que d'autres personnes, certes. Et pourtant, on me voyait toujours comme la fille du maire, une fille avec de l'argent. Une fille à mépriser. Lorsque l'on vit dans un district des plus pauvres, et qu'on a le malheur d'avoir plus de chance, plus d'argent que d'autres, on se trouve être une cible facile. J'ai donc appris à grandir seule, et surtout à être silencieuse. Je suis une personne très discrète, c'est certain. Je parle rarement autant, je n'ai pas beaucoup d'amis. Je n'accorde donc pas ma confiance facilement, mais celle que j'ai envers mes rares amis est aveugle. Je ne juge pas facilement. Après tout ce que j'ai entendu sur moi, je refuse d'infliger ça à qui que ce soit. La méchanceté gratuite est bien trop cruelle, c'est à se demander si certaines personnes ici valent mieux que le Capitole. Il semblerait que j'ai l'air triste, en tout cas c'est ce qu'on dit de moi. Le fait que je sois distante n'aide en rien, je dois dire. Mais détrompez-vous, je ne suis pas dépressive. Du tout. Je sais que ce portrait que je dresse de moi-même en a tout l'air, et pourtant je ne suis pas malheureuse. J'ai simplement du mal à trouver ma place. Ceux qui me sont proches me qualifient souvent de généreuse. Il semblerait même que j'ai un très beau sourire, aussi mince qu'il soit. J'ai beau vivre dans le district des céréales, je n'ai jamais appris ce métier. J'ai choisi ma propre voie, j'ai choisi de m'occuper des autres. Un comble, n'est-ce pas ? Et pourtant, je suis fière de ce que je fais, je suis infirmière et je dois dire qu'aider les gens me procure à chaque fois un peu plus de bonheur. Je côtoie la tristesse, la peine, la douleur, et même la mort. Mais chacun mérite de traverser ces épreuves comme il se doit. J'ai longtemps rêvé d'une vie meilleure, qu'un jour quelqu'un viendrait me délivrer de cet endroit, que je pourrais être heureuse, et même amoureuse. Mais je me suis fait une raison. Dans le monde dans lequel nous vivons, cette vie est impossible. Je ne suis pas une grande fan du Capitole, mais je dois vous avouer que je ne crois pas plus aux rebelles. Vous comprenez maintenant pourquoi on me dit défaitiste. Peut-être qu'au fond de moi, cachée, se trouve encore une lueur d'espoir. Mais je ne m'y accroche pas. Je ne m'y accroche plus. Il faut accepter son destin, après tout.

Ici, parles nous aussi de ton physique, de tes goûts.