Toute rose a des épines.

Silence complet dans la maison. Lucie est partie avec papa au marché. Il faut bien ramener un peu d'argent avec nos récoltes. Il faut bien vivre un peu, malgré tout. Je m'étends un peu plus sur mon petit lit. Un lit qui n'est même pas un lit. Comme tous par ici, il est représenté comme tel, mais il en possède aucune des caractéristiques qu'il devrait avoir. Je dors là-dessus, mais mon sommeil n'est pas réparateur.  Je soupire et je regarde le plafond. Elle devait déjà être là. Scarlett n'est jamais à l'heure, et je me demande bien comment elle fait quand il faut être au travail ou à l'école. Je soupire encore quand je l'entends toquer, car je sais que le silence d'église apaisant va se briser pour laisser place à son vacarme habituel. Je me relève, je passe mes doigts sur ma robe blanche, idéale pour courir, mais très salissante et déjà très usée. Je laisse mes cheveux tomber en cascade sur mes épaules et je glisse mes mains dans un tiroir pour en sortir une ceinture pleine de couteau. J'esquisse un sourire, et je la place à ma taille avant de m'approcher de l'a porte. J'ouvre, je la regarde de haut en bas. Elle sait très bien que je ne vais rien dire. Alors, je reste silencieuse et je l'entends déjà parler. J'hoche la tête et je passe la porte après elle. Mes doigts se glissent sur une de ses mèches rebelles, et j'esquisse un sourire tout en marchant. Elle sait que je ne parle jamais, mais elle sait aussi que si je parle, c'est important.

- Mon père m'inquiète.

De but en blanc, ma voix fluette raisonne, et je crois qu'elle ne s'y attendait pas, parce qu'elle s'est stoppée net. Je soupire et j'attrape un de mes couteaux, léger et facilement maniable. Je soupire plus lentement, et je fais un geste de la tête vers un buisson, ou j'en suis sûre, se cache une bestiole.

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