rumer isobel sweenage

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

TA MORT TU LA VOIS COMMENT ? Heureuse. Paisible. Mourir de vieillesse, par exemple. Vieillir c’est un luxe, une bénédiction. C’est rare et tant de gens meurent avant d’avoir une poignée de cheveux blancs sur la tête. Enfin, la mort digne d’une histoire pour s’endormir c’est ce que je vous conterais si j’étais naïve. Je n’ai pas eu le luxe de l’être bien longtemps. Après la mort de ma mère, j’ai dû occuper son rôle dans notre foyer. J’avais un bébé naissant et une fillette d’un an à prendre soin pendant que notre père irait chasser. On comprend rapidement que la vie est loin d’être rose dans de telles conditions. Je pense honnêtement que je vais mourir dans d’affreuses conditions, mais je suis prête à le faire. Si ma mort peut aider à sauver des innocents, si elle peut améliorer leur qualité de vie, alors je n’ai aucun problème avec ma mort.
POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ? Ma famille. J’aurais été prête à prendre la place de Billie dans l’arène, mais j’avais dépassé l’âge d’admissibilité des Jeux. J’aurais été prête à mourir au lieu de ma mère. Mes sœurs avaient plus besoin d’elle que d’une grande sœur. Je serais prête à mourir pour Avalon. N’importe quand. J’aurais été longtemps prête à mourir pour mon père, croyant que mes sœurs avaient besoin d’encore au moins un parent. Mais suite à la mort de Billie, notre père dépérissait. Il n’était plus que l’ombre de lui-même et il n’arrivait pas à nous apporter suffisamment de nourriture à lui seul. Je devais chasser aussi, aider divers commerçant dans la ville pour quelques malheureuses bouchées de pain supplémentaires. Je ne me serais pas sacrifiée pour lui, car je sais qu’il n’aurait pas été suffisant à la survie d’Avalon. Je mourrais aussi pour la postérité. Pour la révolution et les générations futures.
QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ? Mon père était un chasseur. Évidemment, il connaissait tout ce qui se rapportait à la chasse : la création et la pose de pièges, l’agilité, la connaissance des plantes comestibles, le maniement de l’arc et le pistage. M’interdisant de m’inscrire à la tesserae lorsque la nourriture se faisait trop rare pour les quatre bouches que nous étions qui avaient besoin d’être nourries, il m’amenait chasser avec lui. Je suis plutôt bonne avec un arc et les flèches, aussi pour reconnaître les plantes (comme j’avais souvent plus le droit d’aller cueillir des baies pour accompagner la viande que de tirer), mais je ne sais absolument pas poser un piège digne de ce nom. Le pistage non plus n’est pas mon fort, mais avec les années, j’ai appris à reconnaître les endroits les plus achalandés par les bêtes. Je me contente d’attendre qu’elles se pointent là plutôt que de les traquer. Un chasseur qui avait longtemps travaillé dans l’usine d’hydroélectricité et qui sait que je fais partie du mouvement des rebelles nous avait donné un cours de base sur le fonctionnement de l’électricité et de ses conducteurs comme l’eau. Ça peut toujours être utile…
AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ? L’une de mes deux sœurs cadettes. Billie. Elle n’avait que treize ans… Que trois billets à son nom et elle a été pigée. Les chances étaient pourtant de son côté, contrairement à celles qu’elle avait de sortir de l’aréna vivante. D’ailleurs, elle n’en est pas ressortie en vie. J’aurais tout donné pour avoir un an de moins. Je venais à peine de devenir inéligible pour la moisson quand ma sœur fut pigée. J’aurais pris sa place. Sans hésiter. À mes dix-huit ans, j’avais 11 billets à mon nom. J’étais loin d’être celle qui en avait le plus, évidemment. Mon père étant chasseur, il préférait de loin m’amener chasser avec lui si nous manquions cruellement de nourriture que de me voir remplir un billet supplémentaire en échange de quelques victuailles. J’avais rempli un coupon de la tesserae. Un seul… qui m’a value une gifle et de faire la promesse solennelle de ne jamais le refaire.
TU APPRENDS QU'UNE RÉVOLTE EST ENVISAGÉE PAR CERTAINS, TU RÉAGIS COMMENT ? Je réagirais sûrement très bien. Je serais assurément heureuse et je marcherai la tête haute et la poitrine bombée de fierté. Je ferais partie de ce groupe. Je serais la première à lever le poing et brandir mon arme au nez du Capitole. Il ne faut pas penser aux gens que nous perdrons, aux fortes probabilités que j’y perde la vie. Il faut penser plus loin que ça, il vaut arrêter de voir les choses qui nous rapportent. Il faut penser que notre mort, notre sacrifice pourra aider toutes les générations futures… Il ne faut pas être égoïste.



JE VIENS D'UN MILIEU /défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tient bien plus de la légende. DU COUP, MON NOM N’A aucune chance d’être tiré au sort comme je ne suis plus éligible aux Jeux. J'EXERCE LE MÉTIER DE chasseuse et d’aide pour les chasseurs ET POUR TOUT VOUS DIRE, JE n'aime pas. JE SUIS DANS LE 9ÈME DISTRICT. AYANT 24 ans JE /ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'appréhende la prochaine moisson. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

tell us your story.

Elle courait. La gorge nouée, serrée, en feu. Ses jambes l’étaient aussi. Elle avait mal, mais elle ne pouvait pas s’arrêter. C’était elle contre la montre. Les larmes qui s’accumulaient avant de couler le long de ses joues formaient un écran embrouillé devant sa vision. Rumer ne voyait pas vraiment où elle allait, elle savait machinalement le chemin vers ce qui leur servait de maison. Les gens se poussaient devant son passage, ne voulant pas se faire heurter ou pour ne pas avoir à la regarder en pleine face. Ils baissaient les yeux. Comme on fait tous devant les membres de la famille des enfants pigés au hasard lors de la moisson. Quoi faire d’autre? Leur sourire? Les prendre dans nos bras en les rassurant que tout irait bien, peut-être? Rien, absolument rien ne peut les consoler. Il vaut mieux les laisser tranquilles et espérer silencieusement qu’ils reviendraient un jour, après les jeux, la tournée du vainqueur et le deuil du membre de leur famille, une fraction de ce qu’ils étaient avant. C’est rarement le cas. Rumer arriva finalement dans la demeure des Sweenage, vide, morne et silencieuse depuis de nombreuses années déjà – et ce n’était rien comparé à ce qui en adviendrait dorénavant - et trébucha sur cette planche qui avait besoin d’être réparée depuis des mois. A quatre pattes, le genou gauche éraflé, dans le milieu de la pièce principale de la maison, Rumer ne pouvait plus se retenir. Elle hurla, poussa un long cri. Un cri de mort. Elle savait… Elle savait bien que Billie n’avait pas grand chance de survie dans l’arène. Elle savait que les Sweenage venaient de perdre un deuxième membre. Son corps frêle et mince tremblait violemment alors qu’elle se vidait les poumons, qu’elle poussait cette boule au creux de son estomac hors de son corps. A bout de souffle et la gorge irritée, Rumer se demanda combien de temps elle avait perdu. Son père et ses sœurs étaient déjà en train de se dire leur au revoir – enfin, leurs adieux – et elle avait tenu à aller chercher un souvenir pour Billie. Elle n’avait pas une seule seconde à perdre et elle en avait déjà gaspillé de nombreuses avec sa faiblesse. Rumer trouva sans peine ce qu’elle cherchait : elle n’avait pas de nombreux effets personnels et savait où chacun d’eux étaient rangés. En particulier celui-là : le collier de leur mère. Rumer se rappelait encore du moment où elle en avait hérité. Elle avait sept ans, Billie en avait seulement un et Avalon n’était pas encore au monde, mais leur mère était enceinte. Un mariage était organisé dans la ville et tous étaient conviés à la soirée dansante qui suivrait la cérémonie. C’était naturel de vouloir revêtir ses plus beaux atours lors d’événements spéciaux, mais quand Rumer réalisa que sa robe avait été découpée dans le long bout de tissu qu’avaient reçu ses parents lors de leur propre mariage, elle pleura. Elle ne réalisait pas la valeur de l’argent, ni combien sa famille pouvait en manquer. Pour la consoler, sa mère lui avait attaché au cou ce pendentif qu’elle portait toujours. Rumer n’a jamais su si elle était censée le lui rendre après le mariage, mais sa mère mourut quelques mois plus tard et n’avait jamais trouvé l’occasion de le reporter. Rumer voulait absolument que Billie le porte. A défaut d’avoir une chance de sortir vivante de l’arène, elle aurait quelque chose qui pourrait la conduire dans le lieu paisible où repose leur mère.

Malgré l’éraflure de son genou et la coulisse de sang qui salissait le bas de sa robe, Rumer fit le trajet encore plus rapidement que la première fois, poussée par son désespoir. Elle arriva à temps pour trouver son père et Avalon, en pleurs, sur le point de quitter leur sœur. Elle ne put que lui glisser le souvenir de leur défunte mère au creux de la main et la serrer, une dernière fois, dans ses bras en refusant catégoriquement de verser ne serait-ce qu’une seule larme. Elle devait être forte. Elle le devait bien à son père, à Avalon et surtout à Billie qui devait être terrifiée. « Sois forte. On se revoit bientôt, Billie. » Rumer lui avait chuchoté ce mensonge à l’oreille avant de se séparer. Il ne se passa pas un seul jour où elle ne regretta pas que les derniers mots qu’elle adressa à sa sœur furent un mensonge.

C’était terminé. Billie avait été tuée, elles venaient de perdre leur sœur. Elle était en deuil pour la deuxième fois de sa vie. C’était sans doute plus facile pour Rumer que pour Avalon, elle avait vécu la perte de leur mère, avait été conscience de son absence et de sa mort. Mais elle n’avait pas été préparée à la douleur d’une deuxième perte si significative. Rumer était assise sur une chaise, Avalon assise sur le sol devant elle, et lui peignait les cheveux. Si le geste donnait l’impression d’être une marque d’affection, c’était surtout une façon pour Rumer de s’occuper les mains, de se focaliser sur autre chose que ce qui se déroulait à l’écran. Comme si elle l’avait senti venir, elle avait levé les yeux comme la séquence des derniers instants de sa sœur commençait. Le coup de canon résonna dans l’arène et personne ne bougeait dans la pièce. Après de longues minutes de silence total, tous étaient figés, brisés, Rumer se leva d’un bond et sortit de la maisonnette en claquant la porte. Elle prit l’arc de son père avant de partir dans les bois. Elle savait qu’elle ne tirerait sur rien, mais elle ne voulait pas qu’Avalon sache qu’elle se retirait pour pleurer, crier, frapper dans les troncs d’arbres… Son père et sa sœur devaient s’en douter, mais ils ne la retinrent pas non plus. Toutes les nuits quand les autres dormaient, Rumer se levait et allait allumer la télévision. Il n’y avait que des messages de propagande du Capitole, les récapitulatifs des meilleurs moments de la journée dans l’arène. Chaque nuit, elle espérait que sa sœur apparaisse, qu’ils diffusent un de ses moments. Pour avoir l’impression qu’elle était toujours là, en vie. Ça se terminait toujours de la même façon : ils repassaient la scène de sa mort et Rumer était hantée par ces images.

Plus rien n’a jamais été pareil suite à ce jour. Pour elle, pour Avalon et leur père. Rumer s’était refermée plus que jamais sur elle-même. Se tenait droit et était encore plus responsable et protectrice à l’égard de sa cadette qu’avant. Leur père était parti. Physiquement, il était là, mais mentalement… Un an plus tard, il mourut. Tué par accident dans les bois. Elles n’avaient pas même terminé de pleurer en silence la disparition de leur sœur qu’un autre drame s’abattait sur elles. La mort de Billie avait allumé une flemme en Rumer. Le goût de vengeance, le goût de liberté et de révolution. Elle voulait se rebeller contre le Capitole, mais, seule, ne faisait rien de très concret, mis à part amasser des informations sur le Capitole, apprendre le plus d’informations sur l’usine d’hydroélectricité – priver le Capitole de son électricité serait sans doute un moyen efficace de les affaiblir – mais seule elle ne pouvait rien faire d’autre que penser sans réellement agir… Puis vint Aiden, un ami de longue date. Il possédait la même ferveur qu’elle, les mêmes convictions et le même désir de voir le Capitole tomber. Étant le fils du maire, se frayer un accès à des informations importantes tenait moins du rêve que lorsque Rumer agissait seule. Elle le rejoint dans son groupe de rebelles sans hésiter. Elle avait la certitude qu’ils pourraient faire un poids dans la balance.