On aurait put qualifier le temps d'assez agréable, en cette nuit douce qui nous rapprochait une fois de plus de la moisson. Dans quelques jours, tout les habitants du district onze se regrouperaient sur la grande place pour regarder partir à la mort ceux qu'ils aimaient et qu'ils côtoyaient tout les jours. J'en faisais partie, moi. De ceux qui partiraient ou bien regarderaient partir. De ceux qui, derrière un cordon, attendraient avec anxiété que l'on prononce les noms de ceux qu'on enverrait dans l'arène. De ceux que l'on envoyait à la mort. On ne pouvait pas se mentir, de toute façon. Pourquoi ? Nous étions si faibles par rapport aux districts un deux et trois.. Eux, avaient le soutien du capitole. Ceux qui partaient pour les jeux étaient souvent des volontaires, des machines de guerres formées dès leurs plus jeunes âges. Au fond, je ressentais de l'admiration pour eux, presque autant que du dégout.

Chassant ces obscurs pensées d'un vif coup de tête, je regardais autour de moi. Il ne servait à rien d'y penser maintenant. Adviendrait ce qu'il adviendrait, nous ne pouvions lutter contre ces fous du capitoles qui, pour leurs simples bonheurs, envoyaient s'entretuer les gens de chez nous. A cette heure tardive, il n'y avait plus personne. Tous étaient rentrés chez eux. En fait, le jour, nous étions majoritairement des jeunes, aux vergers. Plus efficaces celons le capitole. Aujourd'hui, j'avais dut m'occuper de cueillir les fruits sur un poirier, sans doute le plus haut de tout le verger. En effet, comme j'étais maigre, comme à peu près tout mes camarades, et que je savais grimper aux arbres et me balancer de branches en branches sans trop de soucis, j’écopais souvent de ces tâches difficiles. Au moins, j'avais put mémoriser un endroit pas trop haut, une branche fine sur laquelle s'accrochait de toutes ses forces une poire magnifique et bien mûre. Alors j'avais '' oublier '' de la cueillir pour le Capitole. Maintenant, je revenais la chercher. Mais pas pour les mêmes personnes..

Un dernier regard autour de moi, et je m'élançais. Mes pieds nus frôlaient l'herbe fraîche à chaque foulées qui me rapprochaient un peu plus de mon objectif. Arrivant en face de la barrière, je sautais par dessus et roulait en boule un peu plus loin, tâchant de quelques traces de terres la chemise blanche rafistolée légèrement trop grande pour moi dont j'étais vêtue et le pantalon noir troué qui protégeait mes jambes. Je repartais de plus belle. Chacun de mes pas m'enfonçait un peu plus dans l'illégalité. Qu'importe. Chacun de mes pas me rapprochait surtout de ce fruit. Ce n'était pas le plus beau du poirier, peut être pas non plus le plus goûteux. Mais je le voulais. Pour moi. Pour ma mère.

Une fois arrivée au poirier, je saisis une branche solide, la même que j'avais utilisée cet après-midi pour monter. L'écorce sous mes pieds me rappela une fois de plus que le temps pressait. Et je la voyais, là. Cette poire que je convoitais au bout de sa branche. Posant avec précaution le pieds dessus, avançant à tâtons dans l'obscurité, je la sentis enfin sous mes doigts. Le fruit était comme je me l'étais imaginé, ni trop mûr ni trop dur. Tirant d'un coup sec sur la poire je la glissais sous mon chemisier et sautais.

Je retombais en boule au pied du poirier, la poire serrée contre mon ventre. Je resserrais mon étreinte encore autour du fruit. Et une fois de plus, m'élançais pour sortir du verger, telle une ombre silencieuse glissant sur l'herbe.

Aujourd'hui était un jour de plus normales dans le district onze. La journée était calme, je me contentai de passer de vergers en vergers, surveillants que les paysans fassent correctement leur travail et ne glissent pas une récolte dans leurs poches. Par chance, les armes que je portais sur moi semblaient dissuader la plupart des travailleurs. Je me contentai de me promener, faire des aller-retour et piquer deux-trois pommes bien mûres qui me passaient sous la main, les mettant dans ma sacoche. À la fin de la journée, je comptais partir me reposer, mais le sommeil ne semblait pas être au rendez-vous. Depuis le retour d'Abbey, j'étais perturbé et ma tête était remplie de questions. Après maintes tentatives pour sombrer dans les bras de Morphée, il n'y avait rien à faire. Nous étions au début de soirée, l'obscurité était déjà bien présente. Tant pis, je partis me promener dans les vergers. Je pouvais me vider la tête tout en surveillant les éventuels voleurs de la nuit. Oh oui, croyez-moi, c'est impressionnant le nombre de récoltes qui disparait comme cela, en une simple nuit. Les vergers étaient totalement calme, à croire que cette nuit c'était sommeil pour tout le monde - sauf moi, bien-sûr. J'ai dis totalement ? Hum, pas sûr. Au loin, j'aperçus quelques brins d'herbes hautes bouger. Il n'y avait pas de vent à l'horizon, la solution était toute trouvée. Un intrus qui s'essayait au vol. Je m'approchais, le plus silencieusement possible et aperçus une silhouette glisser dans les herbes, sans le moindre bruit. Si les herbes n'avaient pas bougées, je n'aurais probablement pas remarqué cette personne, qui semblait être une fille étant donné les longs cheveux qui bougeaient à chaque mouvement. J'augmentai le rythme, m'approchant de plus en plus de ma proie. Je parvins derrière un arbre, et me jetai sur elle pour lui attraper le bras au passage, ce qui la stoppa net dans sa course pour fuir.

« Hé là, jeune fille. » lui dis-je, toute en faisant tourner son bras pour qu'elle se retrouve face à moi. Je scrutais des yeux la jeune fille de la tête au pied, comme si je la passais au rayon X. La nuit tombait de plus en plus, mais je réussis à voir légèrement son visage. Je n'eus pas besoin de plus de trois secondes pour deviner que ce n'était qu'une gamine. Elle était petite et maigre, prête à se casser en deux au moindre mouvement brusque. Je lui donnais dix ans, douze au maximum, mais elle était probablement plus âgée. Son visage était creusé par la faim et son air angélique l'a rajeunissait. Elle ne m'était pas totalement inconnue d'ailleurs. Elle devait probablement travailler dans les vergers. Me rendant compte que je la fixais depuis quelques minutes, passant probablement pour un pervers, je me repris. « Qu'est-ce que tu caches là-dessous ? » dis-je, en montrant son chemisier d'un signe de tête. Elle avait une petite bosse au niveau de ventre. À moins d'être une nouvelle sorte de bossu, cette bosse était probablement un fruit ou un légume volé. En très petite quantité, vu la taille de la fameuse bosse. Cependant, je n'allais pas lui arracher son chemisier pour vérifier. Je desserrai ma prise à son bras, ne voulant pas lui laisser de marque. Je gardai quand même ma main autour de son maigre bras, afin d'éviter qu'elle me fausse compagnie. J'étais pacificateur après tout. Le problème, c'est que j'avais un point faible. Les gamins. Oh, n'allez pas croire que j'aimerais avoir un de ces gnomes nommer enfant à ma charge, mais ils sont quand même innocents, ces petites choses aux grands yeux vides. Je savais très bien quel issu donnerait cette rencontre, mais je devais quand même faire mon job de pacificateur. Vous savez, le Capitole serait capable d'installer des caméras infrarouges dans les champs. « Dis-moi, ma petite. Tu as quel âge ? » lui demandai-je en l'a poussant légèrement derrière un arbre, à l'abri des regards indiscrets. J'espérais que personne ne nous verrait. Normalement, dans des cas de vols (et j'en suis sûr que cela en est un), je ne devrais pas réfléchir plus d'une seconde et condamner la personne. En l'occurrence, une pauvre gamine qui avait l'air paumée. Je ne pouvais me résoudre à faire du mal à cette petite chose à l'air idiot.

Je l'avais. Je l'avais.
C'est ce que je n'arrêtais pas de me répéter en boucle, depuis le moment où mes doigts avaient enfin put frôler ce fruit que mon estomac avait attendu toute la journée. Ma mère allait être contente.. Ma mère. Elle avait perdu tous ses fils, ses filles. Il ne lui restait plus que moi. Je ne pouvais pas l'abandonner. Tout l'avait abandonné. Je ne pouvais pas me permettre. Pressée de partir, mais tenant néanmoins à rester discrète, je faisais le moins de bruit possible. Mes pieds nus sur le sol meuble me rendaient d'ailleurs la tâche on ne peut plus facile, et l'habitude me disait que me dépêcher serait le mieux. Alors, je courrais avec la poire serrée contre mon ventre. Je courrais encore lorsque, venue de nul part, une main m'attrapa le bras. Une main sortie d'un arbre et qui me stoppa net dans ma course vers chez moi. J’eus un sursaut et retint avec peine un cri. Mais non, ce n'était pas le moment de hurler pour réveiller le voisinage. Un cri qui les aurait attirés ici et qui leur aurait fait découvrir que je volais.

« Hé là, jeune fille. »

J'étais glacée jusqu'au sang. Lentement, sans que je ne puisse rien y faire en considérant la force de la poigne qui me serrait le bras et la mienne, je pivotais. Pour me retrouver face à un pacificateur. J'étais morte. Ou plutôt non, j'allais mourir. Si il était dans un bon jour, il me tuerait avec une simple balle et je n'aurait pas à souffrir. Sinon.. Je ne préférais même pas penser aux tortures qu'il prendrait avec un malin plaisir à m'infliger. Frissonnant un instant, à cause de la peur sans doute, je le fixai sans bruit tandis que ses yeux de tueurs semblaient me passer au rayon X. Peut être pensait il à quel membre il allait me découper en premier ? Avec détermination, presque calmement, je fichais mes yeux dans les siens lorsqu'il m'adressa de nouveau la parole.

« Qu'est-ce que tu caches là-dessous ? »

Il le savait. Il le savait très bien, alors pourquoi me torturer ainsi ? Que voulait il que je cache, enfin, sous mon chemisier, la nuit, en pleine fuite vers la sortie du verger ? Mais puisqu'il sollicitait une réponse, j'allais la lui donner. Je laissai le silence peser, puis finalement je lui répondis d'une voix claire.

« Mon ventre. »

Une fois que cela fut dit, je tirais sur mon bras pour essayer de me dégager de son emprise. En vain. Dans l'obscurité, je ne put réussir à déchiffrer son regard. Au fond, j'aurai put m'abstenir. Mais si ces mots étaient les derniers que je devais prononcer, alors j'espérais qu'ils feraient la fierté de mon père et de mes frères et sœurs, là haut.

Le pacificateur m'entraîna derrière le même arbre duquel sa main avait surgit. Ainsi, nous étions à l'abri de la vue de quiconque. Parfait, comme ça, si il en venait à me tuer alors que ma mère pour une raison quelconque sortait, elle ne verrait pas que je mourrai. Oh non, elle le verrait quand on exhiberait mon corps sur la place devant la mairie, avec un écriteau '' Voler tue ''. Une fois de plus, je frissonnais.

« Dis-moi, ma petite. Tu as quel âge ? »

Pourquoi cette question ? J'avais mon âge, un âge qui importait peu au capitole, aux pacificateurs. Un âge qui n'aura de l'importance que lorsque les noms des participants aux Hunger Games seraient tirés. Essayant de déchiffrer l'expression de son visage, de son regard, et le pourquoi il me posai cette question, je finis par articuler...

« Quatorze ans. »

La gosse était morte de peur. Pas besoin d'être divin pour s'en rendre compte. Habituellement, cela ne m'aurait pas dérangé, loin de là. Mais là... cette gamine me faisait pitié. Et moi, la seule chose que je lui faisais, c'était de l'effrayer. J'essayais tant bien que mal de prendre un air plus chaleureux, une expression que je n'avais pas eue depuis des années. J'imagine qu'à force d'essayer de paraitre gentil, je devais encore plus l'effrayer. Je me résolus à rester stoïque. « Mon ventre. » Oh oh, c'est qu'elle me prend pour un débile la gamine ! Dix ans, et ça défie déjà les autorités. Si elle était tombée sur quelqu'un d'autre, elle n'aurait pas eu beaucoup de chance de survie. Elle serait probablement morte d'une balle dans la tête en déclarant cette simple phrase. « Tiens, tu fais de l'humour en plus de ça ? » Elle essaya de se dégager, ce qui était peine perdue. J'avais peur qu'elle se casse le poignet à essayer de se débattre. Son os était tellement fin que j'étais persuadé que j'allais le lui casser avant la fin de la soirée. En la poussant contre l'arbre, je remarquai qu'elle avait toujours ce regard terrorisé. La gamine essayait de ne pas le laisser paraitre, ce que je trouvais remarquable, mais je me rendais bien compte qu'elle avait peur. '' Franchement Hunter, ne fais jamais d'enfant, tu me promets ? Tu vas juste leur donner envie de se tirer une balle dans la tête en te voyant. '' me dit une petite voix à l'intérieur de ma tête. Je soupirai légèrement et reposai mes yeux sur la jeune fille. Je venais de lui poser une question, elle semblait intriguée d'ailleurs, mais elle me répondit. « Quatorze ans. » J'étais loin du compte avec mes dix ans, douze au maximum. Bien que plus âgée que ce que j'imaginais, elle me faisait toujours autant de peine.

« Montre-moi ce que tu as là. » dis-je, désignant une nouvelle fois son chemisier. C'était stupide de lui demander cela. Elle allait probablement me sortir une nouvelle connerie, comme elle l'avait fait précédemment. Je pris alors les choses en main, et je tapotai légèrement la bosse sur son ventre, faisait tomber la poire à terre. « Une poire ? Rien qu'une poire ? » dis-je, fixant le fruit à mes pieds. Je le pris entre mes mains, le dépoussiérant à l'aide de ma chemise. « Petite, si tu voles, essaye au moins d'avoir une bonne récolte ! » continuai-je, exaspéré. Sérieusement, quitte à risquer sa vie pour un simple vol, autant essayer de prendre plus qu'une simple poire, non ? Je pris doucement la main de la jeune fille, déposant la poire à l'intérieur. « Mange-là. Je peux pas te laisser rentrer chez toi avec une poire. » dis-je, fixant la jeune fille d'un regard faussement méchant. Du genre ''si tu ne la manges pas, je te l'a fais bouffer''. J'essayais d'éviter d'avoir à la punir. Elle ne pouvait pas ramener cette poire chez elle, autant qu'elle l'a mange. Cela lui ferait le plus grand bien. La gamine ne semblait pas avoir eu un repas depuis des jours. Il était évident qu'elle ne mangait pas à sa faim. J'esquissai un sourire, pour lui prouver qu'elle ne risquait rien, du moins pas encore. La seule que j'exigeais, c'était qu'elle se remplisse l'estomac le plus vite possible. « Comment tu t’appelles ? » Erreur fatal. Ne jamais demander le prénom d’un gamin. La dernière fois que j’ai fait cela, le gosse en question a été moissonné peu de temps après. Il m’aurait été inconnu, j’aurais probablement moins regretté ce gamin, quand je l’ai vu partir à l’abattoir. Je laissai échapper un nouveau soupir, attendant que la jeune fille ait un peu plus confiance en moi.

« Tiens, tu fais de l'humour en plus de ça ? »

En tant normal, cela aurait dut être la dernière phrase que j'entendais de ma vie. Elle aurait dut être accompagnée d'un '' PAN '', une odeur de feu aurait envahi mes narines et je serai morte sur le coup. Étrangement, cela ne s'était pas déroulé comme ça. Pour quelle raison ? Je l'ignorais. Je ne lui apportais aucune réponse. Qu'y avait-il à répondre, de toute manière ? Maintenant, il connaissait mon âge, que je lui avais dévoilé sans faire plus de manières. Je ne voyais toujours pas ce que cela allait lui apporter, ni même pourquoi j'étais encore vivante ou encore pourquoi je me trouvais derrière cet arbre. A vrai dire, j'avais tellement peur que trop de pensées se bousculaient dans ma tête et j'en étais dans l'incapacité totale de réfléchir à des choses cohérentes. Alors, je me contentais de le dévisager, essayant de comprendre en vain ce qu'il attendait de moi. Car oui, il était bien obligé d'attendre quelque chose de moi pour me laisser en vie ? Quelle raison l'aurait poussé sinon à se retenir de me tirer une balle dans la tête, après que j'eus voler une poire destinée au capitole et qu'ouvertement je me sois moquée de lui ? Décidément, je n'y comprenais rien.

« Montre-moi ce que tu as là. »

Je n'esquissai pas un geste, toujours silencieuse. De toute façon, il n'en eut pas besoin. J'avais légèrement desserrée mon étreinte autour du fruit dans la surprise du moment, et il suffit au pacificateur d'une simple tape sur le fruit de mon vol pour qu'il aille rouler à terre, comme moi quelques minutes au paravent lorsque j'avais sauter de l'arbre. Je ne fit aucun mouvement vers le fruit, me contentant de baisser mon regard vers celui-ci. Sa surface lisse et verte brillait doucement sous le mince rayon de lune qui illuminait le verger, et je le trouvais toujours aussi beau. Mais que pouvait-il en penser, lui ? Les pacificateurs n'étaient pas connus pour être dans la misère. Ou du moins, bien moins que les habitants des districts les plus pauvres. Il devait sans doute me trouver ridicule. Je n'allais pas tarder à le savoir..

« Une poire ? Rien qu'une poire ? Petite, si tu voles, essaye au moins d'avoir une bonne récolte ! »

J'étais totalement perdue. Lui, un pacificateur qui aurait dut me tuer depuis quelques minutes déjà, qui m'avait sans doute épargnée pour me torturer ensuite sur la grande place, lui qui m'encourageai à voler plus ? C'était à s'en cogner la tête par terre. Je n'y comprenais rien. Pendant ce temps, il se pencha pour ramasse la poire et la dépoussiéra avec un pan de sa chemise. Allait-il la manger sous mon nez comme punition ? Je l'observai en silence, mais je fut d'autant plus surprise quand il pris ma main doucement, et sursautai. Le fruit vint de nouveau se nicher entre mes doigts. Je cru rêver, et resserrai doucement mes doigts autour de la poire tandis que je remontai mon regard vers son visage.

« Mange-là. Je peux pas te laisser rentrer chez toi avec une poire. »

Je n'aurai jamais cru pouvoir entendre une telle chose, sortie de la bouche de quiconque, d'autant plus d'un pacificateur qui, je me souvenais, était le même qui avait été charger de surveiller les vergers ce matin même. '' Mange là ''. Sa proposition était saugrenue mais très tentante. Mais je ne pouvais pas.

« C'est que.. C'est.. pour ma mère, que je l'ai prise. Murmurai-je, fixant de nouveau mes pieds nus. La présence du fruit dans ma main me rassurai, tandis que je peinais à comprendre quelque chose, à saisir la logique de l'histoire. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je ne me serais pas fait priée pour la manger, cette poire. Mais j'avais été la chercher spécialement pour ma mère. Ma mère.. Elle adorait les poires. Son fruit préféré. Une fois, mon père avait réuni de côté de quoi en acheter une dans la boutique de la place. Deux mois de travail étaient passés dans cet achat. C'était la première fois qu'elle en mangeait.. Avant que je soit née.. Alors non, je ne croquais pas à pleine dent dans ce fruit que j'avais volé, et qui m'aurait sans aucun doute coûté la vie avec un autre. Pourquoi pas avec lui ? Je ne savais pas.

« Comment tu t’appelles ? »

Je relevai le menton. Chose étonnante, il souriait. Vraiment. Pas le sourire que j'avais déjà vu sur les lèvres de ses collègues lorsqu'ils exécutaient quelqu'un en public, un sourire mauvais. Non, un sourire qui se voulait sans doute sincère. Une fois de plus, je me demandai pourquoi. Et encore une fois je m’abstins de poser la question, pour lui répondre.

« Je m'appelle Kamaria. »

Et si ça se trouve, dans deux trois jours, mon nom sera tiré au sort et je devrais me faire massacrer pour les beaux yeux de personnes qui m'étaient inconnus, qui vivaient dans le luxe et l'ignorance. Mais bien entendu, ces paroles ne franchirent pas mes lèvres. Il ne semblait pas en colère..

Pour le moment.

La jeune fille restait plus que silencieuse, ce qui me déstabilisait. Je n’étais vraiment pas doué pour paraitre gentil et encore moins pour mettre les gens en confiance. La gosse devait probablement réfléchir de quel façon j’allais la torturer ou la tuer. Or, il n’en était rien. J’étais incapable de faire cela. J’essayais de le lui prouver, mais rien n’y faisait. Elle restait silencieuse, apeurée et pleine de questions, cela se voyait dans son regard. Je soupirai en pensant à quel point j’étais ridicule, à essayer de rassurer la gosse. ‘’ Laisse tomber Hunter, barres-toi. ‘’ me dis-je intérieurement. Mon cerveau donnait les ordres, mais mes réactions ne suivaient pas. Au lieu de disparaitre, je restai toujours devant l’enfant. « C'est que.. C'est.. pour ma mère, que je l'ai prise. » dit-elle en murmurant. Bien-sûr, j’aurais dû m’en douter. Sérieusement, sa mère avait si peu de considération pour sa progéniture ? Si elle voulait s’en débarrasser, il y avait d’autres méthodes bien plus rapides que d’envoyer sa gamine voler et se faire torturer. Premièrement, elle aurait pu l’a noyer à sa naissance. Hop, plus de gamin, c’est rapide, le corps est petit ça se cache vite. Deuxièmement, elle aurait pu la faire ‘’maladroitement’’ tombé d’un arbre à l’adolescence. Nuque brisée, rapide et efficace. Mais non, elle préférait envoyer sa gosse aux champs pillaient la nourriture. Si la gamine était tombée sur un autre pacificateur que moi, pas sûr qu’elle aurait pu placer une phrase. Elle se serait sûrement retrouvée avec une balle entre les deux yeux à peine eut-elle la bouche ouverte pour se justifier. Décidément, je n’arriverais jamais à avoir la moindre compassion pour les adultes. D’ailleurs, je devrais n’en avoir pour personne. Mais que voulez-vous, même les pires criminels ont une part d’humanité bien cachée au fin fond de leur cœur. Mon point faible, c’était les trolls hauts comme trois pommes. J’y pouvais rien, c’était comme attraper une maladie, en l’occurrence, j’avais attrapé de la pitié pour les enfants. Ce qui était ridicule, étant donné que cette gamine était idiote. Quand on vous ordonne de manger un fruit bien juteux et appétissant alors que vous crevez de faim, on s’exécute, en principe, non ? La gamine devait être l’exception à la règle. J’étais très étonné par son refus d’accomplir l’ordre que je lui avais donné. J’haussai un sourcil et la fixai quelques minutes dans le silence, trop surpris pour dire quoi que ce soit. La première idée qui me traversais l’esprit, était de lui retirer la poire des mains. Si c’était pour sa mère, elle n’avait qu’à venir en voler une elle-même. Je lui aurais donc pris le fruit et l’aurait mangée avec appétit devant elle.

Sauf que… sauf que sans le vouloir, sans que mon cerveau ordonne quoi que ce soit, je me surpris à plonger ma main dans ma sacoche pour en ressortir une pomme. Je m’étais rempli les poches de ces délicieux fruits auparavant dans la journée. Je comptais, évidemment, les garder pour mon petit plaisir personnel. Mais mon corps ne semblait pas obéir à mon esprit, c’était donc pour cela que je me retrouvais à tendre le fruit à l’enfant. Si des pacificateurs passaient dans le coin, il me prendrait sûrement pour un fou ou penserait que la jeune fille m’a jeté un sort pour que je me montre aussi gentil et bienveillant envers elle. D'ailleurs, moi-même, je me posais des questions. Mon esprit était totalement retourné. Cependant, je n'allais pas lui dire '' Hey gamine, t'es une sorcière, tu m'as jeté un sort, c'est ça ? ''. J'étais tellement perturbé que je me faisais des films dans ma tête. Aucun adulte ne m'avais jamais mis dans un état pareil et voilà que c'était une gamine à peine âgée de quatorze ans qui me retournait la tête. Je soupirai et observai la gosse et son corps squelettiques. « Mange ça, alors. Tu en as bien besoin. » dis-je, la main tendue en sa direction. Je remarquai la surprise de la jeune fille lorsque je tentai d'esquissai un sourire sincère. « Je m'appelle Kamaria. » C'était très original, au moins ses parents avaient réussi quelque chose. « C'est un joli prénom. » dis-je, la voix plus douce que jamais. J'effaçai mon sourire de mes lèvres, afin d'être sérieux, en essayant tout de même de ne pas paraitre effrayant. « Alors écoute, Kamaria. Ce ... enfin ce petit accord entre nous ... » dis-je, en désignant la pomme ainsi que la poire d'un léger coup de tête. « Et bien cet accord, doit rester entre nous, tu as compris ? » Peut-être que je lui parlais comme à une gamine de trois ans, mais j'étais pas doué avec les enfants. Certains comprennent mieux que d'autres et vice-versa. Bien que Kamaria m'ait l'air particulièrement mature, je ne savais pas trop comment m'y prendre avec elle. Dieu que j'avais l'air stupide. Je l'aurais tuée directement en l'a voyant voler, cela m'aurait évité bien des soucis face à cette petite gueule d'ange. « Ce sera notre petit secret, d'accord ? » dis-je en lui adressant un sourire malicieux. La nuit était presque totalement tombée. Le vent commençait à souffler, mais la température restait agréable. Je m'adossai à l'arbre et relâchai ma pression sur le bras de la demoiselle. Croisant les bras contre ma poitrine, je m'adressai à elle. « Ta mère ne s'inquiète pas de te savoir vagabondant dans les arbres à la nuit tombée ? » Encore une fois, je ne contrôlais pas mon cerveau. Qu'est-ce qu'il me prenait d'engager la conversation avec elle ? En temps normal, je ne l'aurais jamais fait. Je devais avoir respiré une fumée toxique ou avoir ingurgité des champignons hallucinogènes contre mon gré. Ou peut-être que je me sentais simplement seul.

Si j'avais écouter mon instinct dès le départ je me serais enfuie en courant. Si il n'avait pas eut cette attitude protectrice que je ne comprenais pas, je continuerai peut être probablement à tirer de toute mes forces sur mon bras jusqu'à ce que, dans un moment inattention, il le lâche et je puisse détaler.. Avant qu'il ne me rattrape, ou ne me tue d'une balle bien placée. Ils étaient si cruels.. Je le savais. J'avais déjà vu certains des habitants se faire torturer avant d'être laissés sur la grande place, agonisants. J'avais six ans, la première fois. J'avais éclater en sanglot pendant que les autres se taisaient, murés dans un silence désolé. Je me rappellerait toujours de ce vieil homme qu'on tua sous nos yeux, de cette femme enceinte que l'on flagella pour vol et qui mourut deux jours plus tard. A chaque fois, les coups de fouets, je les ressentais au plus profond de mon âme, déchirants mon cœur. Je ne pouvais oublier. Et tout ça pourquoi, pour qui ? Pour le capitole. Pour les pacificateurs. Et il y en avait un devant moi. Il me regardait et me parlait. Et le plus étrange c'est qu'il ne me menaçait même pas. J'étais encore vivante et '' en parfait état ''. Pourquoi ? Il ne semblait pas différent. L'uniforme, le pistolet. Tout y était, y compris le manque de rides de sourire autour de ses yeux. Et il était pourtant différent. Je ne comprenais pas. Il le sentait peut être. Je restais silencieuse, me contentant de l'observer et de répondre à ses quelques questions.

De toute façon, je n'avais jamais eut l'habitude de piailler à tout va et de plomber les oreilles de tout le monde, mis à part quand j'étais plus jeune. Et mis à part avec mes amis '' proches ''. Peut être qu'il pensait que j'étais stupide ? Espérons qu'il ne tue pas les gens stupides alors. Il me considérait en silence depuis que je lui avais dis que la poire n'était pas pour moi mais pour ma mère, et que je ne la mangerai pas. Sa main alla se plonger dans sa sacoche. J'écarquillai les yeux lorsqu'il en sortit une pomme bien ronde et d'apparence juteuse, et d'autant plus lorsqu'il me la tendit.

« Mange ça, alors. Tu en as bien besoin. »

Je tendis doucement ma main libre, et me saisis de la pomme, sans trop lui laisser le temps de revenir sur sa décision mais sans le bousculer non plus. Cette fois-ci, je ne me fis pas prier pour croquer dans la pomme, me laissant juste le temps de dire :

« Merci. Merci beaucoup. »

Est-ce que je rêvais ? Le contact de mes dents dans la chair fruitée de la pomme me prouva que non. Ce qui se déroulait était réel, véritable. A vrai dire, je n'aurai jamais put en rêver tant cela me paraissait irréaliste. Mais tout ce qui comptait pour le moment était la pomme sous mes dents, dont les jus glissais lentement dans ma gorge en me rappelant combien il était bon de manger. Si j'avais une bonne étoile là haut, peut être avait-elle pris la forme de ce pacificateur pendant un instant ? Je souris. Je devais lui sembler infiniment stupide à sourire tout en croquant dans une pomme. Pour eux, cela n'avait rien d'exceptionnel, une pomme. Pour nous, c'était tout. Parfois même le repas du jour constituait en une unique pomme. Les jours ou l'argent nous faisait défauts. Ces jours ne se comptant en environ dizaines de jours par mois. Un sentiment heureux m'envahis, mais la reconnaissance dominait largement. Pendant ce temps, il parla de notre '' accord ''. Bien sûr que cela resterait secret. Je n'étais pas stupide, ni folle. J'avais déjà assez d'emmerdes, pour parler cruement. A sa question, je cessai de mâcher et relevais la tête.

« Elle ne sait pas que je suis ici.. »

Même si elle s'en doutait. Elle saurait, quand je reviendrai avec le fruit, si elle ne l'avait déjà deviné. Ce n'était pas mon premier vol..

Alors que j'étais toujours sous l'effet de surprise d'avoir tendu la pomme à la gosse, cette dernière semblait aussi surprise que moi. Au moins, on avait quelque chose en commun à présent. Elle ne devait pas avoir mangé depuis longtemps, ou alors elle crevait de faim. En effet, elle prit la pomme d'un geste doux, mais ferme. Si j'avais changé d'avis entre temps, cela aurait été trop tard. Et puis si j'avais changé d'avis, je n'osais même pas imaginer ce que j'aurais dû faire. Je l'aurais probablement tuée. Mouais, plus j'associais ce mot avec celui de ''gamine'', mon coeur se resserrait. Tiens, drôle de sentiment. Commet on l'appelle déjà ? Pitié ? Non, je crois que c'est un pincement de lèvres et des yeux baissés. Faut que je revoie mes leçons sur les expressions. Je deviens rouillé, faut que je m'y remette. Compassion ! Oui, je crois que c'est ça. Donc... j'avais de la compassion pour cette gamine, Kamaria. « Merci. Merci beaucoup. » Parvint-elle à dire avant de se jeter sur la pomme. Elle était polie, encore un point en sa faveur. Je la regardai manger le fruit en silence. On aurait dit que toute sa vie se tenait dans cette pomme. Elle s’y accrochait, comme par peur que je la lui reprenne. Je ne savais pas si elle m’écoutait toujours, elle semblait totalement plongée dans ses pensées, dévorant cette pomme. J’eus un léger rire, mon côté Pacificateur se remontrait enfin. C’était presque … ridicule, ce spectacle que j’avais devant mes yeux. Une pomme. Une simple pomme et la gosse semblait au paradis. Comme quoi, les pauvres se satisfont de peu. « Hé, du calme, j’en ai d’autres si tu veux. » dis-je, transformant mon rire en sourire compatissant. Et voilà, j’étais de nouveau un agneau tout délicat face à la jeune Kamaria. Bon sang, Hunter, t’es vraiment con. J’étais en mode pilote automatique, à dire des conneries alors que ma raison voulait dire tout le contraire. Quelle idée de lui proposer d’autres pommes. Il m’en restait deux dans ma sacoche, mais vu comme j’étais parti, elle allait probablement finir dans le ventre de la jeune fille. Je jetai encore un rapide coup d’œil dans les alentours. Je crois qu’on appelle ça la peur. Oui, oui, la peur. J’espérais qu’aucun collègue Pacificateur ne passe dans les parages. Je n’osais pas imaginer ce que je devrais subir si tel était le cas. « Elle ne sait pas que je suis ici.. » dit-elle. « Comme c'est étonnant. » répondis-je immédiatement, pensant que j'avais seulement pensé cela. Mince, visiblement ce n'était pas le cas. J'aurais dû m'en douter, après tout. La gamine qui s'occupe de nourrir la famille, qui a une importante pression sur ses épaules. Comme si je n'avais pas déjà eu à faire à ce scénario de milliers de fois. Mais, habituellement, j'avais à faire à des adolescents, voir des jeunes adultes. C'était beaucoup moins dur, je n'hésitais pas et je me montrais sévère. Reprenant mes esprits, et pensant à ce que je venais de dire, j'essayai de me reprendre. « Tu es seule avec elle ? » demandai-je, une nouvelle fois en essayant d'être délicat. Un Pacificateur reste un Pacificateur, en fin de compte. Malgré les instants de faiblesses et d'idioties comme j'avais à cet instant. Je pouvais bien essayer de soutirer quelques informations sur sa fameuse mère, cela pourrait toujours être utile, au cas où cette dernière se retrouverait sur mon chemin. Ou dans le cas où je recroiserais le chemin de Kamaria. Si cela devait se reproduire, je devrais forcément aller la rencontrer...

Nul et court, désolé mais je tenais enfin à te répondre.

La nuit tombait peu-à-peu et nous allions bientôt être plongés dans le noir le plus total. La lune éclairait légèrement nos visages, seule chose qui me permettait de distinguer la gamine dans la pénombre. Elle n'était pas très causante. Les seules fois où j'avais tenté une approche, elle se contentait d'un ou deux mots comme réponse. Le silence se faisait pesant, lourd, insupportable. La rencontre allait toucher à sa fin, je sentais bien que je perdais le contrôle de moi-même. Une voix dans ma tête n'arrêtait pas d'exiger une vengeance envers la gamine. Vengeance que je n'allais pas effectuer, du moins sur elle, même si l'envie était tentante. Heureusement que la lumière se faisait rare, très rare. Ainsi, elle ne voyait pas mon regard, qui devenait un mélange de colère, de violence contrôlée et d'incertitude. Un regard peu agréable à voir, et qui lui aurait probablement fait peur. Je l'avais questionnée sur sa mère, afin de savoir si je pouvais me venger sur elle ou si elle avait des frères et soeurs. Ses frères, si elle en avait, seraient plus résistants à la torture que sa pauvre mère ou elle-même. « Oui. » dit-elle de sa petite voix fluette et à peine audible. Ainsi elle était seule avec sa mère. Dommage, je ne pourrais guère punir sa mère. À quatorze ans, se retrouver orpheline était signe d'une vie misérable. Du moins, encore plus misérable qu'elle était actuellement. J'émis un léger soupir de mécontentement. Je regardai les alentours en silence, serrant le poing face à cette gamine agaçante au plus haut point. Je regrettai presque de ne pas l'avoir punie auparavant. Cela aurait été la suite logique des choses pourtant. Je l'a surprends en plein vol de nourriture, je suis censé la punir, voilà tout. Mais bon sang, pourquoi fallait-elle qu'elle ressemble à un chiot abandonné ? Et voilà que la seule récompense que j'obtenais pour lui avoir donné une délicieuse pomme bien juteuse était des mots d'une syllabe voir deux, grand maximum. Elle aurait mieux eu fait de partir en courant dès qu'elle m'avait aperçue. Sa compagnie, si elle l'avait été, n'était plus agréable à ce moment-là. Je n'avais qu'une envie, revenir en arrière et effectuer mon travail comme il se doit, et non me transformer en bisounours. « Dégage. » C'était brusque, net et précis. Ma voix était glaciale, rauque et insaisissable. Je ne voulais pas l'effrayer. Je désirais me venger, mais je ne voulais pas la tuer. Je ne voulais pas qu'elle pense que j'allais lui trancher la gorge et abandonner son corps ensanglanté au milieu des arbres. L'image me plaisait, mais pas avec Kamaria en protagoniste. Soupirant une nouvelle fois, je sortis de ma sacoche les pommes qui me restaient. Contrarié, je ne pris pas la peine de les lui tendre, me contentant de lui les lancer à terre. Cela restait des fruits, Kamaria se jetterait sûrement dessus. « Rentre chez toi avant qu'il fasse complètement nuit. » Ma voix se voulait plus douce, plus humaine. Je n'étais pas certain que mes efforts fonctionnent, mais j'avais essayé. Je lui jetais un dernier regard, plutôt froid, avant de tourner des talons et de m'éloigner. Mon changement de comportement s'était avéré être brutal, mais qu'importe. J'étais instable et lunatique, elle devait probablement l'avoir remarqué désormais. Je ne pris pas le temps de regarder une nouvelle fois les alentours, étant persuadés qu'il ne restait plus que nous deux dans les vergers. Nous étions au milieu de la nuit, cela semblait logique. Je sortis des vergers, sans même lancer un dernier coup d'oeil à la jeune demoiselle, sans savoir si elle avait pris les pommes ou non, si elle était partie immédiatement après mon départ ou même si sa mère était venue la chercher, s'inquiétant de son absence. Peut-être aurais-je dû m'assurer qu'elle rentre saine et sauve chez elle, étant donné la nuit qui tombait. Je me raisonnai rapidement. Kamaria n'était pas à sa première exploration nocturne, elle retrouverait sans peine le chemin de son humble maison, évitant de croiser quiconque grâce à sa discrétion.