danaé meadow eaton

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

C'est une question qu'on ne se pose pas tous les jours, mais je dirais.. en fait, j'en sais trop rien. Là, tout de suite, je répondrai rien ni personne et je suppose qu'il faut être confronté à la chose pour le savoir. Je pense.. je pense que je pourrais mourir pour quelqu'un que j'aime, que j'apprécie vraiment, quelqu'un pour qui ma vie ne vaudrait pas qu'il ou elle perde la sienne. Est-ce que je pourrais mourir pour une cause ? Non, je ne pense pas que je donnerai ma vie pour quoique ce soit, mais si un jour j'y suis confrontée, je vous le dirai !

QUE PENSES-TU DE LA REVOLTE ECHOUEE ET DES REBELLES ?

Je pense que si la révolte a échoué, ça ne fait que confirmer mon opinion à ce sujet : ils se battent pour une cause perdue d'avance. Je ne suis pas défaitiste, juste réaliste et puis, je n'apprécie pas tellement leurs actes. Ils ont provoqué la guerre entre nous et le Capitole, sans même nous demander notre avis. Je veux dire ... ils envahissent nos districts et ensuite ils disent le faire pour amener un futur meilleur ? Utopie. C'est bien à cause d'une révolte que les Hunger Games ont vu le jour, je me trompe ? Je comprends pourquoi certains se rebellent, mais bon... je ne cautionne pas qu'on puisse mettre la vie d'innocents en danger, juste pour défendre ses droits. Pas tout le monde ne souhaite prendre part à ces conflits, moi la première et pourtant, nous sommes les plus touchés. Avoir perdu mon père me rend peut-être subjective à tout ça, mais je n'en pensais pas moins avant.

➺ QUE PENSES-TU DES VAINQUEURS DES JEUX ?

Je les trouve courageux et fort d'une certaine manière, du moins ils s'en donnent l'air quel que soit leur état d'esprit. Je n'ai jamais aimé le concept des jeux, j'étais prête à y participer cela dit si le sort en décidait ainsi, mais je ne sais pas du tout ce que ça fait d'en ressortir vainqueur. J'imagine que ça doit être horrible dans un sens, pour les gens comme moi et ce sont ceux-là que j'admire le plus. Les carrières ne sont pour moi que des brutes assoiffés de sang, entraînés pour tuer, leur victoire ne me fait jamais rien et je ne les trouve pas méritants.

➺ COMMENT QUALIFIERAIS-TU TA VIE DANS TON DISTRICT ? EN ES-TU SATISFAIT ?

Ma famille n'est ni riche, ni pauvre, on faisait aller avec ce que mes parents gagnaient. Je n'ai donc jamais manqué de rien sans être non plus gâtée pourrie, je me contentais du minimum et c'est toujours le cas aujourd'hui. Je suis satisfaite comme ça, je me contente du nécessaire et puis c'est excitant de vivre sans fortune ; on peut prendre des risques, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve et on ne doit tenir aucune image. J'aime ma vie toute simple, voilà tout.

➺ QUEL EST TON OPINION SUR LES PACIFICATEURS, LEUR ROLE, LEUR COMPORTEMENT ?

Ils représentent l'autorité, alors je les respecte énormément. Après, il y a ceux qui abusent de leurs droits et ceux-là, je les porte bien moins dans mon coeur, mais globalement j'en ai une bonne impression. Je ne les trouve ni justes, ni injustes, ils sont là pour faire régner l'ordre et si on commence à jouer les récalcitrants, c'est normal qu'ils agissent en conséquences. En clair je n'ai aucun avis fixe sur eux, je peux en apprécier certains comme en détester d'autres, mais le métier en général m'inspire le respect et l'autorité. On peut dire ce que l'on veut, mais sans eux ce serait l'anarchie totale ... Que mon père en ait été un ou pas n'aurait rien changé, enfin je crois, mais soit.

➺ CROIS-TU AU BONHEUR ?

Oui j'y crois. Enfin, à vous entendre c'est comme s'il n'existait pas ! Or je suis heureuse, en ce moment. Le bonheur est délicat, on le croit rare, mais il est présent en permanence. Ce n'est pas un si grand mot, puis pourquoi devrait-il être permanent ? Le bonheur est éphémère. On est heureux aujourd'hui et le lendemain, on pleure, c'est comme ça. Pourquoi parler du bonheur comme une sorte de miracle ? On me contredit sans cesse, mais je pense avoir en partie raison. Ne serait-ce que le fait d'être en vie, de pouvoir me lever tous les matins sans crainte me remplit de bonheur. Je comprends que ce ne soit pas partout pareil, que la vie est plus difficile ailleurs, mais ça n'empêche pas d'être heureux, je pense.

➺ COMMENT TE SENS-TU QUAND LE TEMPS DE LA MOISSON ARRIVE ?

Que ce soit avant ou maintenant, j'ai toujours agi avec indifférence lors de la moisson. J'y allais par obligation et chaque année, je me préparai mentalement à l'arène et même à la mort, ouais j'étais une drôle... Mais j'avoue qu'au tout début, de douze à quatorze ans, la peur était le seul sentiment qui m'envahissait. J'avais peur d'être tirée au sort, peur de mourir et puis mon meilleur ami est parti pour ne jamais revenir, c'est après ça que j'ai changé. Aujourd'hui, j'y assiste sans grand intérêt, certes je suis navrée pour les jeunes qui s'en vont, mais je suis indifférente à cette journée. C'est cruel oui, ce n'est pas normal d'envoyer des enfants à la mort, sur ça je ne suis pas indifférente, mais c'est comme ça. Les jeux existent depuis des années et depuis le temps, les familles devraient s'y être préparées. Moi je m'y préparais chaque année, je me fichais de crever parce que j'étais heureuse de la vie que je menais et que si je devais partir, ce serait sans regrets. Mais je ne dois pas être très normale, c'est ça ? ...

JE VIENS D'UN MILIEU moyen, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est suffisante sans être abondante. DU COUP, MON NOM N'A aucune CHANCE D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER D'informaticienne ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime assez. JE SUIS DANS LE 3ÈME DISTRICT. AYANT vingt-trois ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET je me fiche un peu de la prochaine moisson. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

Native du district trois, Danaé Eaton était une jeune fille parmi les autres, insignifiante, sans la moindre petite importance. Son nom était méconnu, commun à une centaine d'autres, un nom dont elle seule pouvait se sentir fière. Sa mère tenait un petit magasin avec une de ses amies et son père était un pacificateur. En d'autres mots, la famille s'en sortait bien, sans pour autant rouler sur l'or et rencontrait parfois des fins de mois difficiles. La petite blonde avait toujours su se contenter du minimum, fille unique et choyée au possible par ses deux parents, on pouvait dire que ce n'était pas l'affection qui lui manquait. Non, elle était une fille comme les autres, heureuse et qui ne cherchait des ennuis à personne. Le seul reproche qu'on lui faisait était d'être fière de son nom, fière d'être la fille de Richard Eaton tandis que d'autres la voyaient comme une menace. Allons, sa famille n'était pas du tout pro-capitole en dépit des apparences, mais on lui attribuait tout de même ce titre. On ne l'approchait pas beaucoup par peur de représailles sans doute, mais avoir un pacificateur pour paternel ne devrait pas l'empêcher d'avoir des amis.. Heureusement, non. Heureusement, il y avait des personnes qui s'en fichaient totalement, qui pensaient comme elle et avec qui elle était sur la même longueur d'onde. De nos jours, l'amitié était un grand mot et on n'appelait "amis" que les personnes dont on avait réellement confiance. En général, ils n'étaient pas plus nombreux que les doigts d'une main. Après, évidemment, il y avait les gens qu'on appréciait, ceux qui se montraient gentils avec nous et ceux avec qui on restait formel, mais ceux-là ne comptaient pas vraiment. Danaé était égoïste et elle ne s'en cachait pas, elle l'était avec ceux qui ne comptaient pas, tandis que son entourage la connaissait pour avoir le coeur sur la main. Oui, la jeune fille n'était ni insensible, ni mesquine et si tant est qu'on le méritait, elle nous tendait la main. Danaé, c'était la jeune fille qui souriait tout le temps et qui ne se souciait guère du monde des adultes, baignée dans l'innocence jusqu'à ce qu'on l'y confronte de force. Adolescente, mais déjà on l'obligeait à devenir adulte, à prendre ses responsabilités, à faire des choix. Oui, elle avait le choix de rendre les fins de mois plus faciles en augmentant le risque de partir, l'année suivante, pour l'arène. A douze ans, elle en avait vu sa vie bouleversée, drainée par la terreur des jeux et comptant les jours jusqu'à la moisson suivante... à douze ans, elle était obsédée par ces jeux morbides dont le Capitole semblait se divertir. Pour sûr, elle les détestait.

Trois années consécutives qu'elle participait à la moisson, elle n'accumulait pas loin de douze tesserae et voyait son nom inscrit quinze fois dans cette grande boule de verre. Trois années qu'elle arrivait sur la grande place plus tremblante que jamais, stressée à l'idée d'entendre son nom au loin. Elle détestait cette journée plus qu'une autre depuis sa première fois, cette année elle fêterait quatorze ans si le sort l'épargnait une fois encore, mais elle compterait à nouveau les jours et rien ne changerait vraiment. Elle était entourée de jeunes filles dont le nombre lui échappait et intérieurement, elle souhaita que l'une d'elle soit prise à sa place. Égoïsme, mais qui ne l'était pas en cette journée ? Que sa voisine lui dise qu'elle se porterait volontaire, tiens ! Personne ne lèverait la main pour remplacer les deux malheureux que le sort aurait choisi, Danaé ne lèverait la main pour aucune de ces filles -quand bien même elles étaient sans histoire, douces et altruistes, c'était comme ça-. Un nom finit par faire écho depuis l'estrade, un nom qui n'était pas le sien et elle relâcha tous ses muscles jusqu'à lors tendus à l'extrême. Soulagée pour une année de plus, mais elle ne serait pas tranquille avant d'avoir dépassé l'âge limite. Elle avait souri sans s'en rendre compte alors que la malheureuse se présentait au micro, à peine plus âgée qu'elle, mais ça ne lui faisait presque rien parce que, c'était comme ça. Vint alors le tour des garçons et elle stressa de nouveau, seulement parce que son meilleur ami patientait dans les rangs et qu'il était comme un frère pour elle, que si elle avait pu, elle aurait peut-être levé la main.. Son nom fut appelé et elle était restée là, impuissante, prise d'un sentiment indéchiffrable. Plus rien ne comptait, ses sens se brouillèrent un instant et elle manqua de s'écrouler. Elle aurait pu crier son nom, péter son câble et attirer l'attention sur elle, mais elle ne fit rien. Elle fut dévastée, brisée et inconsolable jusqu'aux adieux. « Sois forte, » qu'il disait, « c'est comme ça et je l'accepte. Tu seras toujours avec moi, où que je sois et quoiqu'il se passe, » qu'il lui répétait, « je suis content de t'avoir connu, Danie. Je te garderai avec moi en permanence, là. Tu me donnes de la force et j'aimerais t'en donner en retour, juste... ne m'oublie pas, d'accord ? » Il désigna son coeur en souriant, il était parfaitement détendu -presque trop- et tentait de la faire rire pour rendre ce moment moins difficile. Ils n'avaient pas beaucoup de temps et il l'utilisait à bon escient. Danaé avait fini par sourire derrière ses coulées de larmes et le serra dans ses bras à l'en étouffer pour conclure les adieux. Puis on la fit sortir de la pièce et plus jamais elle ne revit le visage de Rory. Elle avait tout aussi bien évité de suivre les jeux, mais difficile était la tâche lorsqu'ils les diffusaient jusqu'à même la grande place. Cependant, depuis son départ, elle avait changé. Elle n'avait cessé de ressasser ses dernières paroles et commençait à se poser des questions comme : à quoi bon ? Les jeux existaient depuis trop longtemps et elle ne pouvait que s'y plier, pourquoi devrait-elle en avoir peur ? Si elle devait être appelée un jour et bien soit, elle accepterait son sort comme Rory l'avait fait. Depuis, elle avait cessé de compter les jours et profitait pleinement des joies de la vie, aussi simples étaient-ils et elle assistait chaque année à la moisson, le coeur léger et sans regrets, prête à rejoindre ces gens sur l'estrade si elle le devait. Mais son nom n'était jamais sorti et elle fêta ses dix-neuf printemps, la veinarde.




Elle était assise derrière ce bureau depuis déjà deux heures, lorsqu'elle poussa un cri de frustration qui alarma tous ses collègues. Elle ne pouvait pas nier qu'elle adorait son métier, elle avait développé une véritable passion pour les ordinateurs et la technologie en général, mais aujourd'hui, elle saturait. Voilà bientôt trois ans qu'elle était payée pour comprendre le langage informatique, tous ces trucs complexes qu'elle avait appris à déchiffrer ne lui avaient encore jamais donné tant de fils à retordre. « Rah j'abandonne ! » Un de ses voisins de bureau quitta instantanément son écran pour guetter le sien. « Et bien, qu'est-ce qu'il t'arrive ? » La concernée avait abandonné son clavier et posé la tête contre le métal froid de son bureau. « J'crois qu'il y a une erreur dans c'programme tout pas beau que je n'arrive pas à virer. C'pas compliqué, j'y arrive d'habitude, zut. » Elle était la plus jeune du groupe et malgré ses vingt-et-un ans, elle agissait comme une gamine de dix-sept, cela avait au moins le don de les amuser. Son collègue guetta les alentours avant de quitter son poste pour l'aider, il traînait presque dix ans de métier derrière lui et son 'problème' n'était pour lui qu'une broutille. « Et voilà, c'est réparé ! J'espère que tu as tout suivi ! » Il lui fit un clin d'oeil suivi d'un sourire avant de rejoindre sa place. « Mon sauveur ! C'était tout con, en fait. » Et c'était reparti jusqu'au soir. Ce n'était pas comme ça tous les jours, parfois il n'y avait pas la moindre ambiance dans ces locaux, seuls les bruits des touches et des machines emplissaient la pièce. D'autres jours, c'était un peu plus convivial et bien qu'ils ne discutent ni des potins, ni du quotidien, il y avait des échanges autant sérieux que plaisantins entre ces génies de l'informatique. Elle était contente de travailler ici, même si le salaire n'était pas des plus généreux et que ça ne lui permettait aucun extra, elle était satisfaite de la vie qu'elle menait. Elle était Danaé Eaton, une jeune femme insignifiante, sans la moindre petite importance, un nom commun à une centaine d'autres. Elle n'avait plus l'âge de participer aux jeux, elle n'avait ni frère et soeur pour qui s'inquiéter, elle s'en fichait presque désormais. Après tout, c'était comme ça, elle l'avait accepté. Elle n'était peut-être pas une pro capitole, mais elle suivait le mouvement sans se poser de questions. Elle ne contrariait rien ni personne et se fichait même de ces gens que l'on appelait 'rebelles'. Sa vie était bien assez confortable pour oser s'en plaindre.

Dix-huit février 2312. Jamais elle n'oublierait cette date. Lorsque l'alarme avait retenti, Danaé s'était déjà levée, mais son père n'était déjà plus là. La révolte faisait parler d'elle depuis un moment déjà et si la jeune femme était si bien mise au courant, ce n'était que grâce à la position de son père. La rébellion soutenait une cause noble, elle en convenait, mais leurs actes ne le prouvaient pas tellement à ses yeux. Ils étaient contre le Capitole et ils s'attaquaient aux districts ? Non, ce n'était certainement pas ce qu'ils faisaient, mais elle le voyait de cet oeil. Avec leur idéologie, ils avaient provoqué une guerre et plus grave encore : la colère du Capitole. Alors, ce dernier se vengeait sur les districts et sur ces gens, innocents, qui en pâtissaient. Se battre en leur nom était une chose, risquer leur vie en était une autre. Danaé n'aimait pas les agissements du Capitole, c'était certain, mais depuis le début de la révolte elle n'aimait pas non plus ceux des rebelles. Elle ne devait sans doute pas être la seule personne à ne prendre aucun parti, à vouloir vivre sa vie loin des conflits et loin de la guerre, non ? Alors, était-ce mieux ainsi ? Provoquer une guerre qu'ils ne gagneraient sûrement pas ? Il fallait se rendre à l'évidence... n'était-ce pas à cause des rebelles que les jeux avaient été mis en place ? Tout n'avait-il pas commencé à cause de la rébellion ? Mais sans doute que l'avis de Danaé ne comptait pas vraiment, parce qu'elle n'était pas entièrement objective. Il se trouvait que les rebelles lui avaient pris quelqu'un, comme le Capitole lui avait pris son meilleur ami. Ils étaient sur un même piédestal, qui détestait-elle le plus ? Allez savoir. En cette journée du dix-huit février, les rebelles frappèrent dans le district trois, mais par chance, aucun habitant n'avait été mêlé aux affrontements. Seules les forces de l'ordre avaient tenté de rattraper les fuyards et pour certains, au péril de leur vie. On lui avait pris son père, celui qui gâtait encore sa fille devenue adulte, celui qui aurait donné sa vie pour son district plus que pour le Capitole et il avait été tué par des rebelles. Quelle ironie. Elle avait pleuré sa mort comme elle avait pleuré celle de Rory, mais elle restait forte. Elle continuait à sourire comme avant, ayant fait son deuil sans pour autant pardonner, mais qu'y pouvait-elle ? C'était comme ça.