✤ TOURNEE DU VAINQUEUR les jeux sont désormais terminés, place à la tournée du vainqueur qui met à l'honneur andro graham ! plus d'informations ici. ✤ INTRIGUES panem ne cesse de changer avec de nombreux événements inouïs. découvrez le volume 6. ✤ MISES À JOUR une nouvelle règle a été instaurée. merci de prendre connaissance de celle-ci ainsi que les autres nouveautés ! ✤ MISSIONS ET QUÊTES toutes les missions ont été lancées ! rendez-vous dans ce sujet pour toutes les découvrir. ✤ SCENARIOS voici quelques scénarios qui n'attendent que vous: rebelles. liam hemsworth pacificateurs. boyd holbrook district 13. cobie smulders & chris hemsworth vainqueurs. gemma arterton & elle fanning d'autres scénarios gagnants de la loterie à venir !
Sujet: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:08
lili-roxanne chester wetmore
❝ JE SAUVE LES MEUBLES ET VENDS LA MAISON ❞
Je passe à l'action, quitte à monopoliser l'attention et rester quelques jours en prison... Un coup d'œil, un éclat roux. Elle n'est déjà plus là. Elle est peut-être loin. Elle est peut-être tout près. Qui sait ? Vous croyez l'avoir vue mais peut-être qu'au final ce n'était qu'un mirage. Vous n'avez rien senti. Et pourtant vous n'avez peut-être plus de montre, de collier, de portefeuille. Elle n'y peut rien, elle ne le fait pas exprès, elle ne peut pas s'en empêcher. C'est comme ça, elle a la main baladeuse, tant pis pour vous, vous n'aviez qu'à faire attention. Elle est déjà partie de toute façon. Au fond, vous n'en aviez peut-être pas besoin de votre portefeuille, il vous encombrait peut-être. C'est un service qu'elle vous a rendu. Remerciez-la. Je vends mes charmes et mes armes, ma violence et ma douceur... Une beauté aux cheveux de feu au coin d'une rue, appuyée contre une de ces façades de briques. Tu souris, tu regardes les hommes passer sans rien dire. Tu les connais presque tous. Bas de résille, talons hauts, tu fais tellement cliché. Mais les hommes aiment le cliché, tu le sais très bien. Tu t'approches de l'un d'entre eux, tes talons claquant sur le pavé, résonnant dans le silence. T'es pas très grande à côté de lui, heureusement que tes pompes sont hautes. T'as l'air d'une poupée. Tu ouvres deux ou trois boutons du haut de ton imper, tu frissonnes à la caresse du vent glacé qui s'enroule autour de vous. Tu lui souris, cachant le dégoût que les hommes comme lui t'inspirent. Puis tu le laisses t'entrainer dans une de ces rues du district cinq que tu connais par cœur, ta silhouette frêle à côté de la sienne, disparaissant dans le halo des réverbère. Je vends ma carte chance et je puise dans la caisse... Assise sur le lit, tu comptes les billets. Il y en a que t'as fauchés. Il y en a que t'as gagnés. Il y en a que t'as eus en faisant chanter les client. C'est que t'es maligne. C'est bien comme ça qu'on survit dans ce monde. Assez maligne pour ne pas te casser le dos dans une centrale électrique, assez maligne pour survivre dans ce monde de géants dans lequel tu ne ressembles à guère plus qu'une poupée de porcelaine au visage parsemé de taches de rousseur. Avec ta peau marbrée d'hématomes bleuâtres, verdâtres ou violacés. Le client est roi, et tant pis si on récolte des ecchymoses. Ça te dérange pas toi, tu t'en fous d'eux, de l'idée qu'ils ont de toi. La fille de mauvaise vie. Tu te sers d'eux, tous autant qu'ils sont, tu les manipules comme des marionnettes. C'est pourtant toi qui as l'air d'un pantin. Sauf que tu sais t'entourer, tu sais te faire des alliés de ceux qui ont le pouvoir nécessaire pour te protéger de ceux qu'on appelle les méchants de ce bas-monde. Ce bas-monde dans lequel tu ne crains rien. C'est ton bas-monde, ton univers, ton château de cartes prêt à s'envoler à la moindre bourrasque. Tu joues avec le feu à chaque instant de ta vie parce que c'est comme ça que t'as appris à grandir. Tu marches ou tu crèves. Et ça, cette logique de vie, ça te rend imprévisible, le mouton noir. Le mouton roux. Tu t'en fous, au final les hommes viennent quand même mendier dans tes jupes comme d'ignobles enfants. Je vends ce que je vaux contre ce qui m'est le plus cher... Un enfant... Tu n'as que vingt-trois ans, l'air plus jeune même. Tu devrais être une enfant encore. Pourtant ça fait longtemps que tu n'es plus cette gamine aux grand yeux bleus qui se disait qu'elle venait peut-être de ces mêmes étoiles dont elle rêvait. Elle est loin cette orpheline qui croyait pouvoir s'en sortir, elle est loin Lili. Il n'y à plus que Chester qui s'est noyée dans ce monde bien trop grand pour elle mais qui croit encore y avoir sa place. Tu n'as pas ta place dans le monde. Tu n'as ta place nulle part, tu ne l'as jamais eue. Pas plus roulée en boule sur un des matelas trop durs de l'orphelinat du district que dressée sur la pointe des pieds à épier par les fenêtres de la maison du maire, à rêver de ce feu et de ces jouets. C'est étrange cette façon dont tu crois avoir définitivement grandi alors qu'il te reste tant de réflexes de quand tu étais petite. Tout ce qui brille t'attire autant que la lueur d'une chandelle dans la nuit attire un papillon, et tu ferais tout pour des bijoux, fussent-ils faux, pour avoir l'impression d'être toujours la reine de pacotille de ton royaume qui n'est rien de plus que la lie de ce monde. Une reine qui ne parle plus guère que pour être cynique, une reine qui n'a cure du bien-être de ses sujets imaginaires et ne se soucie que de ses intérêts, une reine qui s'abandonnerait avec joie dans les bras de la fée verte qui vit dans l'absinthe mais qui doit se contenter d'alcools frelatés, bien loin de tous ces poètes romantiques et symbolistes. Chester. Lili. Petite reine sans couronne d'un château imaginaire qui s'est cognée trop durement, bien trop tôt, contre la réalité d'une vie qui ne veut pas d'elle mais qu'elle s'obstine à défier, survivant avec hargne, désabusée et bien trop petite ; mais vivante. Tu es là et tu comptes bien le rester, quand bien même tu devrais t'accrocher à la vie jusqu'à t'écorcher les ongles. Tu les emmerdes. Ton cœur bat, ton souffle passe encore la porte de tes lèvres et ton sang coule toujours dans tes veines. Et si ça ne vaut pas un clou, tant pis, je donnerai tout. Tu leur survivras.
about games and relatives.
➺ POUR QUI OU QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?
Il n'y a pas d'honneur à mourir par foi, par idéologie, pour son pays, pour une cause, ou même pour un autre homme. On peut vivre avec dignité mais on ne peut que mourir sans. Je ne prétends pas vivre avec, je prétends encore moins mourir en la gardant. Je ne mourrai pas pour qui que ce soit d'autre que moi. Je n'aime personne suffisamment pour me sacrifier en son nom et même si c'était le cas je pense que ce ne serait que des mots. Au final ce sera toujours moi et mon instinct de survie. Moi et ma petite mort égoïste. Toutes ces fins héroïques, tous ces sacrifices tragiques, moi je les laisse à ceux qu'on appelle des héros. J'ai pas cette fibre. Vous savez quoi ? Je mourrai même probablement en suppliant pour avoir la vie sauve, et pourtant dieu sait que je hais la pitié. Sauf que c'est comme ça. Je mourrai pour moi. Mais je n'ai pas l'intention de passer l'arme à gauche, les corbeaux devront attendre pour leur festin macabre.
➺ QUE PENSES-TU DES VAINQUEURS DES JEUX ?
Les vainqueurs des jeux sont des survivants. Ce sont des gens qui, à un moment, quand la cruauté de l'homme se déchaînait autour d'eux, se sont dits que la vie valait la peine de tuer pour être vécue. Des gens qui se sont dits qu'ils préféraient mettre fin aux jours d'étrangers plutôt que de les laisser mettre fin aux leurs. Les vainqueurs sont des survivants. Ceux de son monde qui sont forts. On dit que beaucoup d'eux sont fous mais ils sont vivants. Abîmés mais en vie. Et si leur richesse m'attire, je m'estime heureuse de ne jamais avoir été sélectionnée pour rejoindre l'arène. J'ai longtemps tremblé sur la place du district en craignant que mon nom soit arraché à cette boule de verre. Pourtant je suis là aujourd'hui. Je n'ai jamais été tribut. Et jamais vainqueur. Je ne suis peut-être pas couverte de gloire et d'argent mais je suis vivante et saine d'esprit.
➺ AS-TU PRIS PART AUX DERNIERS ÉVÈNEMENTS, QUE CE SOIT POUR OU CONTRE LE CAPITOLE ?
Le Capitole, les rebelles... A quoi bon ? Leurs histoires ne m'intéressent pas. Tout ce remue-ménage pour... Pour quoi au final ? Pour rien. Non, rien. Si les rebelles croient pouvoir renverser le Capitole, alors ils sont bien naïfs, bien stupides. C'est une guerre sans fin et sans but qu'ils se livrent, sans queue ni tête, rien de plus que des explosions pour dire qu'ils existent. Aucun des deux ne vaut mieux que l'autre. Tous bornés, brutaux, stupides, bestiaux. Leurs affaires ne me regardent pas, ne me concernent pas. Je ne me bats ni sous l'uniforme du district treize ni sous celui du Capitole. Je me bats sous mon uniforme. Ce ne sont pas leurs doctrines, leurs valeurs ou leurs causes qui comptent. C'est ma survie. Oui, c'est égoïste n'est-ce pas ? Mettre ma vie devant la soi-disant liberté du peuple. Eh bien tant pis, c'est comme ça, moi j'ai pas signé pour écouter des mensonges. Je suis restée à ma place, dans la boue du district cinq, sans me dire que je devais aller mourir pour des inconnus et des gens dont je n'ai rien à foutre. Vous savez le mieux ? Je ne regrette rien.
➺ QUEL EST TON OPINION SUR LES PACIFICATEURS, LEUR RÔLE, LEUR COMPORTEMENT ?
Les pacificateurs et leurs uniformes immaculés, cachant la mission bien trop sanglante qui leur a été confiée... Ils sont parfois ma plus grande crainte, crainte de me faire prendre en train de voler et châtier. Puis je me souviens qu'ils ne me prendront jamais. Ce qui m'arrange parce que très sincèrement la pensée du fouet ne m'aguiche pas particulièrement. Et pourtant les pacificateurs au final, eux aussi m'indiffèrent. Je ne les hais pas, ni pour ce qu'ils représentent, ni pour les devoirs qu'ils doivent mener à bien. Ils sont là c'est tout. J'en ai quelques uns dans ma poche. Deux ou trois sont mes clients. Et j'en manipule certains. Je n'ai pas honte. Je n'ai pas peur. Survivre demande la prise de certains risques.
➺ QUE PENSES-TU DE L'ORGANISATION DE PANEM ?
Comment ça qu'est-ce que j'en pense ? Vous voulez que je vous dise que je trouve ça un peu limite alors, tiens, pourquoi pas rééquilibrer la répartition des richesses ? On s'en fout de ce que je pense de l'organisation de Panem. Mon avis ne vaut rien. C'était déjà comme ça bien avant que je naisse et ce sera toujours comme ça bien après ma mort. Alors non, l'organisation des districts ne me dérange pas, j'y suis plus qu'habituée. C'est comme ça et ça ne sert à rien de ruminer dessus. J'entends parler tous les jours d'injustices, et qu'est-ce que je dois y répondre ? Que de toute façon la justice est aveugle et qu'elle tape dans le tas et que c'est injuste ? La misère je sais ce que c'est et de ce que j'ai entendu dire c'est pas la même chose au Capitole. Et alors ? Je ne proteste pas moi. Les choses sont ce qu'elles sont, on ne va pas un jour s'insurger contre le fait de respirer. Panem. Les districts. Le Capitole à leur tête. Demain quand je me réveillerai, le soleil se lèvera toujours à l'Est est ce sera toujours ainsi. C'est juste dommage que je ne sois pas née dans le district où ils font des bijoux.
JE VIENS D'UN MILIEU défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tient bien plus de la légende. DU COUP, MON NOM N'A aucune CHANCE D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER DE prostituée ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime mieux ça que travailler dans une centrale. JE SUIS DANS LE cinquièmeDISTRICT. AYANT 23 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET je ne m'en plains pas. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.
Dernière édition par L. Chester Wetmore le Dim 5 Mai - 11:05, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:09
tell us your story.
oh, we are all dust of distant stars
too dark to see the lighthouse, all i am is a bird in the storm.
Il fait noir. Il fait noir, tu devrais dormir. Le temps des enfants n’est pas celui où il fait noir. L’obscurité cache de nombreux dangers que les enfants ne devraient pas avoir à encourir. Des monstres tapis dans les ombres, rôdant en quête d’âmes à attraper de leurs longues griffes et à déchirer sans pitié, en se nourrissant des cris d’une innocence qui se meurt. Ne sors pas la nuit Lili, reste ici sous ta couette, tu seras à l’abri. Mais que ni ta main ni ton pied ne dépassent, tu serais à la merci des créatures cachées sous ton lit. Ils t’emmèneraient dans un monde que tu ne veux pas voir, crois-moi. Ils t’entraineraient dans les profondeurs de la Terre, te montreraient des horreurs que tu ne veux même pas imaginer, et après, ils te mangeraient. Tu m’entends ? Ils te mangeraient. Alors dors, dors et tout ira mieux demain. Blottis-toi sous les couvertures et laisse-toi glisser dans les bras de Morphée comme on se laisse aller contre le sein d’une mère. Oh, mais j’oubliais. Tu ne sais pas ce que ça fait de se coller contre le giron d’une mère. Toi, tout ce que tu as, c’est les pseudos-infirmières de l’orphelinat qui t’ont baptisée sans arriver à se décider entre deux prénoms. Lili ou Roxanne ? Roxanne ou Lili ? Dilemme qui les a agitées avant qu’elles décident finalement de t’octroyer les deux. Comme ça elles étaient contentes. Mais ça ne change rien. Ces infirmières ne sont pas ta mère. Tu sais qui sont tes parents et ils ne sont pas ici. Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave. Il fait noir. Il fait noir, tu devrais dormir. Tu ne dors pas. Les couvertures ramenées sur ton maigre corps, couchée sur ce matelas bien trop dur, tu regardes par la lucarne qui projette un rai de clair de lune sur ton visage déjà pâle. On peut voir la lune. Et les étoiles. Comme accrochées dans le ciel d’encre, flottant, seule lumière qui te parvient. Tu voudrais voler, pour aller jusqu’aux constellations. Tu les connais par coeur. La grande ourse, la petite ourse, la croisade, le centaure, Cassiopée, Céphée, le cygne, le dragon, l’hydre, Pégase et toutes les autres. Tu te souviens de leurs noms, tu te souviens de leurs formes. C’est un vieil homme qui te l’a dit. Il était gentil. Mais il n’est plus là. Les astres sont ta consolation dans ce monde où les gens ne sont pas assez doux. Ils ne comprennent pas ce que tu es. Ils disent que tu n’as pas de parents mais c’est faux, tu es l’enfant des étoiles. Tes parents brillent là-haut, constellations toutes-puissantes dont la beauté éblouit chaque nuit ceux qui prennent la peine de lever la tête de leurs souliers. Le monde ne serait pas le même si chaque homme contemplait les astres chaque soir. On se sent petit. On se dit que finalement, ce n’est pas si important de savoir qui gouverne. Le monde serait plus beau. Toi, tu te sens grande quand tu regardes les étoiles. Un peu plus forte. Comme si tu étais sous l’égide du ciel et que rien ne pouvait te faire de mal. Pas même les monstres dans l’obscurité. Il fait noir. Il fait noir, tu devrais dormir. Regarde autour de toi, tous ces corps, silhouettes tentant de se réchauffer sous les couvertures, agités d’un soupir régulier, à la respiration. Elles dorment. Elles sont hors de portée des créatures de la nuit, elles rêvent. D’ailleurs peut-être, ou d’un autre temps. D’autres personnes. Elles rêvent, rejoins-les. Laisse donc les étoiles à leurs palabres divins qui nous dépassent bien, pauvres mortels. Elles seront toujours là demain, dors, tes paupières sont lourdes. Et peu à peu tes yeux se ferment pour accueillir à bras ouvert le sommeil qui attendait son heure. Au-dessus de ton lit, bien haut, confortablement assis dans leur voûte céleste, les astres veillent. Sur toi, sur moi, sur tout le monde. N’aie crainte, tu te réveilleras. Tu te réveilleras toujours. Tu es l’enfant des étoiles. Rien d’autre n’a d’importance.
say goodbye to angel dust
the only angel that you trust
T’es un peu trop petite et tu n’as pas d’ailes mais ce n’est pas grave. Tu es encore un ange. Un ange haut comme trois pommes, un ange qui ne paie pas de mine, mais un ange quoi qu’il arrive. Sourire éclatant, cheveux de feu, véritable étincelle de vie. Tu cours. Ils ne t’ont encore rien enlevé, ils n’ont pas osé te parler de vérité. Oh, ils ne t’ont rien donné non plus mais tu t’en fous. Toi tu donnes sans rien avoir. Tu crois encore avoir ce pouvoir, tu crois encore que c’est l’ordre naturel des choses. Ta vie est faite de dortoirs communs, de rues entrecroisées en un labyrinthe et de sourires distribués par brassée comme des rayons de soleil inoffensifs. Le soleil brille, même sous la pluie, et les étoiles aussi, quelque part derrière les nuages. Ces sales nuages omniprésents qui dérobent le ciel à vos yeux avides d’un éclat azur, ces cruels cumulus qui brouillent l’horizon et pleurent sur vos vies insignifiantes. Tu as pitié des nuages, toi, tu ne sais pas pourquoi ils pleurent, ils sont tristes ? Pas de dessert, genoux écorchés, poupées cassées ? Tu voudrais les consoler mais ils pleurent quand même, ils pleuvent. C’est bien triste ce monde où les nuages sont forcés de verser des larmes à n’en plus finir et où les petites filles doivent essayer d’apporter un peu de leur joie aux adultes en souriant désespérément de toutes leurs dents sans que personne ne leur rende ces invitations au bonheur, fut-il passager. Le pire dans tout ça c’est que toi tu ne t’en rends même pas compte de tout ça. Pour toi c’est le meilleur des mondes. Tu sautes dans les ruelles du district, bondissant comme un petit animal du haut de tes sept ans. Chiffre magique, fantaisie dans l’air. Un grain de folie innocente dans la marrée de la folie adulte. C’est nécessaire. Le soleil perce la chape de ces foutus nuages, déversant des oasis de lumière qu’il parsème sur les pavés et que tu évites soigneusement. The light is lava, bitch. Au moins, ça a le mérite de t’amuser. Alors aujourd’hui tu fuis ce soleil dont tu cherches d’ordinaire la compagnie, indifférente aux regards tantôt amusés tantôt réprobateurs des adultes. C’est un autre monde, un monde dans lequel tu n’es pas pressée de rentrer mais dont tu franchiras malheureusement bientôt les portes. Au coin d’une rue que rien ne différencie des autres tu te fais coincer par un autre gamin auquel tu souris, heureuse de le voir. Caleb, deux têtes et demie et quatre ans de plus que toi, fils du boucher. Il est toujours méchant avec toi. Mais tu l’adores. Tu l’admires, tu le vénères, quoi qu’il puisse dire ou faire, avec son air de petit dur et ses phalanges écorchées. Querelles d’enfants. Tu le considères comme un grand. « Qu’est-ce que tu fous là Lili ? » Tu joues. Tu profites encore de ce qu’il te reste de ton enfance, de ton innocence, de tes petites ailes imaginaires. Parce que le temps file trop vite alors que tu te crois infinie. Tu crois le soleil infini aussi. Pourtant, il meurt chaque jour. « J’évite le soleil. » Avant qu’il ne meure. Le garçon ricane méchamment. « T’as pas fini d’être une gamine ? Pourquoi t’évites le soleil ? » I said, the light is lava, bitch. Qu’est-ce qu’il ne comprend pas dans ce jeu ? Il a bien dû y jouer lui aussi avant, il n’y a pas si longtemps. Tu ne démords cependant pas de ta bonne humeur. « Moi, je suis la fille des étoiles alors tu comprends, le soleil, je l’évite ! » Le soleil est une étoile. Mais bon, tu ne peux pas le savoir ça. Tu ne sais même pas que c’est la Terre qui tourne autour du soleil, il ne faut pas t’en demander trop. « T’es pas la fille des étoiles idiote ! Les étoiles ont pas d’enfants. » Et ton sourire de disparaître comme le soleil derrière un nuage. Personne n’a jamais eu le courage de même en doute ta filiation, tu y crois dur comme fer. Alors pourquoi est-ce qu’il ment ? Tu n’arrives pas à comprendre ce qu’il dit. Moi je comprends qu’il ne ment pas. La vérité, c’est que les adultes n’ont pas eu le courage de te le dire et ceux qu’il l’auraient eu n’en avaient rien à foutre. Alors c’est un enfant qui le dit. La vérité sort de la bouche des enfants. « Mais si, bien sûr que si, je suis leur fille moi. » Petite voix d’ange incertain. Fuis, fuis avant que tes ailes ne foutent le coup. « Non. Toi si t’es dans un orphelinat c’est que t’es la fille de personne. Tes parents ils ont pas voulu de toi, pauvre conne, alors ils t’ont abandonnée tu vois ! » Et quel mépris, et quel dédain percent dans sa voix. On dirait qu’il se délecte de ce qu’il te dit. Mais c’est une délectation rageuse, comme si le mal qu’il te faisait le mettait en colère. Ou peut-être sont-ce tes boniments de petite fille qui l’ennuient. Il se prend pour un grand, se moque déjà de l’enfance avec cette méchanceté, cette cruauté qui n’appartiennent qu’aux enfants. Ceux qui veulent montrer qu’ils ont grandi alors qu’il n’en est rien. Tes grands yeux bleus s’embuent de larmes et tu cries. « C’est pas vrai ! » Ce n’est pas souvent que tu cries, tu n’aimes pas les gens qui crient. Puis ça fait mal à la gorge. Quelques passants tournent la tête vers toi avant de se désintéresser bien vite de vos cas. Caleb persifle en te prenant par le poignet. « Si c’est vrai, t’as qu’à demander aux infirmières, idiote ! » Tu te débats en criant et en le traitant de menteur, puis de drôles de noms d’oiseaux qui au final ne sont pas vraiment vulgaires. Tu as toujours tiré des balles en sucre. Mais là ton... ami, vient de tirer une vraie balle. Premier sang. Point pour lui. Et Dieu, ça fait mal. Plus qu’une gifle, plus que la poupée cassée, plus que les genoux écorchés. Et peu à peu tes cris s’estompent avec la dernière barrière de déni qui protégeait ton innocence. L’enfant des étoiles. C’était beau. Mais Caleb il a des vrais parents lui, et c’est peut-être ça qui fait sonner vrai ces horribles affirmations. Quel son désagréable, quelle musique discordante que celle de la vérité nue. L’enfant de rien. Fille de personne. Ils t’ont abandonnée qu’il a dit. Tu pourrais aller demander aux infirmières dans le vain espoir qu’elle réfuteront cette théorie mais tu sais qu’elle ne le feront pas, n’est-ce pas ? Tu as dans la bouche ce goût amer qui est peut-être celui de tes larmes qui ont trop coulé jusque sur tes lèvres, jusque dans ton cou. Quant à Caleb, lui, cet ignoble porteur de vérité, il ne semble plus ni méchant ni rageur mais au contraire infiniment triste de ce qu’il a fait. Il se mord la lèvre, retenant quelques pleurs de culpabilité. Les enfants ne devraient pas pleurer. Jamais. L’orpheline et le fils du boucher. La victime et le meurtrier. Voleur sans morale. Il t’a dérobé ta nature d’ange. Fuis, fuis même si tes ailes se sont fait la malle dans un autre pays, dans une autre vie. Cours. Je t’avais dit de fuir. Fallait m’écouter Lili, fallait m’écouter. Moi je te voulais pas de mal tu sais. Je voulais te protéger. Cours, il n’y a rien pour toi dans ce monde. Dans ces rues, vides ou bondées, pas de place pour l’enfant des étoiles, la fille de personne. Le soleil perce encore les nuages mais cette fois c’est avec envie que tu le regardes.
i find shelter in this way
undercover, hide away
Le soleil frappe fort sur la place qui n’est plus qu’une marée humaine bourdonnant de paroles. Le silence n’est encore dans l’esprit de personne, au contraire tout le monde parle sans discontinuer, de peur peut-être de ne plus en avoir jamais l’occasion après. Chez certains les langues se délient, chez tous les entrailles se nouent. L’essaim d’habitants se meut et s’agite comme s’il était attaqué, ce qui est presque le cas. Chaque être est sur la défensive ici. Vu du ciel, le district doit sembler bien étrange. Dédale de ruelles d’une fourmilière vide hormis un seul endroit. Tous réunis pour la Moisson. Mot auquel les visages des pères se ferment, auquel les mères prient silencieusement. Pas mon enfant, pensent-elles. Toi, personne ne pense ça pour toi. Et certainement pas les étoiles. Au contraire, les gens seraient contents que ton nom soit appelé. Jeune certes mais au moins, pas de famille en deuil. Juste une orpheline en moins. La petite abandonnée par ses parents. Pas morts, oh non, tu l’aurais su sinon, mais bel et bien abandonnée. Pour son bien ? Bah voyons, on y croit. Pour sauver le monde tant qu’on y est ? Non. Ils ne voulaient pas de toi, et puis c’est tout. Egoïsme. C’est en pleine connaissance de cet égoïsme - qui est à présent aussi tien - que tu es sûre qu’ils voudraient que tu sois tirée au sort. Oui, ça arrangerait tout le monde.C’est toujours triste une mort mais de toute façon personne ne t’aime. Je dis pas ça pour te faire passer pour Caliméro. C’est la vérité pure et simple. En apprenant que tu n’étais pas l’enfant des étoiles, tu as perdu tes ailes invisibles. Tu voles toujours. Ce n’est juste plus le même sens, c’est plus littéral. Tu ne souris plus, tu ne joues plus, tu es devenue sans aucun doute la plus désagréable et même la pire gamine de treize ans que je connaisse. Une vraie plaie. Aussi méchante que Caleb. Tu le prenais pour ton modèle, ça a marché, pas d’inquiétude là-dessus. Je pensais que tu aurais peut-être un bel avenir, ou un avenir passable, mais il s’est avéré que non. Et dans ces conditions, comment s’étonner que les gens veuillent te voir partir dans l’arène ? Ce ne serait pas un futur de gâché. Juste un peu de sang versé. Sauf que toi tu ne veux pas partir. Tu te fous de n’avoir aucun avenir, tu veux juste vivre. Ton ami t’a appris l’égoïsme. Et tu apprends bien pour certaines choses. Il y en a qui ont la vocation faut croire. Peu à peu ceux éligibles se mettent en place et tu te retrouves alignée parmi les autres, le coeur battant, la bouche sèche, les mains moites. Tu entends une voix dans ton dos. « Joyeux Hunger Games Roxanne. » Caleb. C’est son avant-dernière année pour être sélectionné. Il a plus de chances que toi d’être pris. Mais moins que beaucoup. Ni l’un ni l’autre n’avez de tesserae. Il est fils du boucher et toi tu seras nourrie par l’orphelinat jusqu’à tes seize ans. T’as de la chance dans ton malheur. Tu ne lui réponds pas. Roxanne, il t’a appelée Roxanne. Tu refuses à présent de te faire appeler Lili. Lili c’était cette gamine un peu paumée mais heureuse, qui rêvait des étoiles et voulais consoler les nuages quand il pleuvait. Désolée, il n’y a plus de correspondant à ce numéro. Lili n’est plus là, elle ne répond plus à l’appel. Lili n’aurait pas survécu à sa première moisson. Elle se serait portée volontaire pour n’importe qui, pour le sauver et serait allée dans l’arène en étant sûre d’en ressortir sans même tuer quelqu’un. La protection des étoiles, ou une connerie dans le genre. Tôt ou tard, elle se serait fait pulvériser par ce monde. C’est un peu ce qui s’est passé d’ailleurs, non ? Ca n’a plus d’importance. Ce qui est important, c’est que tu sois encore en vie. Peut-être plus pour longtemps ceci dit. C’est cette femme aux allures d’oiseau - ceci n’est pas à prendre comme un compliment - qui en décidera. Tes yeux passent de ses cheveux rose électrique à son maquillage lourd à ses ongles fuschias qui tiennent plus de serres que d’une manucure réussie. C’est ignoble. Overdose de rose. Ton ventre se tord d’angoisse à sa vue et tu te demandes un instant si tu vas vomir du rose. Cependant, ton estomac tient le coup, puis la musique commence. Cette saleté de musique entêtante qui dénote d’un mauvais goût indéniable. La vidéo commence mais tu ne la regardes même plus. Tout ce que tu vois c’est la présentatrice. Plus précisément ses bijoux. Ils brillent de mille feux. Ou plutôt ils réfléchissent parfaitement la lumière vive de ce jours sans nuage, c’est plus scientifiquement correct. On s’en fout, tu n’y connais rien en science. Toi, tout ce qui brille t’attire. Petite pie voleuse. Lili aimait déjà ce genre de choses. Toi tu t’en empares. Dans ce cas, tu en rêves plus qu’autre chose, sachant parfaitement que jamais tu ne pourras mettre la main sur ces bijoux. Ils sont hors d’atteinte et c’est ce qui fait de cette vision un calvaire. Tes yeux se dilatent en suivant les papillons de lumière - et les sirènes du port d’Alexandrie. wait. what ? - qui font sur ses vêtements en mouvement comme une cascade de pierres précieuses. Les couleurs jouent avec ton oeil. Quel supplice. Tu n’écoutes plus rien, tu contemples avec avidité. Et soudain elle s’avance vers le globe de verre d’un pas assuré malgré ses talons impressionnants. La raison de ta venue se rappelle soudain à toi, comme un coup de poing dans la poitrine. Ton coeur est un oiseau terrifié qui tente frénétiquement de s’chapper de sa cage en se cognant contre les barreaux. Tu voudrais fuir, t’abriter quelque part, mais tu ne peux pas. Tu ne peux t’empêcher de remarquer la bague clinquante qui orne la main que la Capitolienne glisse dans la boule. Ce sont cependant les papiers qui sont intéressants. Les noms inscrits dessus. Celle qu’elle vient de condamner en saisissant le mot. Le micro fait grincer sa voix et son accent inhabituel. « Maisie Turner. » Et tu respires. Tu viens de sortir la tête de l’eau. Un peu plus et tu te serais noyée. A vrai dire, tu ne sais pas qui est cette fille mais tu n’en as rien à foutre. Qu’elle meure ou qu’elle revienne. Qu’elle fasse comme elle peut. Ca t’est égal. Toi, tu vivras, encore une année du moins. Ce n’est peut-être qu’un sursis. Si c’est le cas, tu auras été heureuse de l’avoir. Puis le tirage des garçons se fait. Ce n’est pas Caleb, ce n’est pas un nom connu. Tu te désintéresses alors des évènements tragiques qui se déroulent sur l’estrade pour te concentrer sur les poches de ceux et celles qui t’entourent. Une montre dépasse d’un pantalon, t’arrachant un sourire. Tu glisses doucement ta main vers elle et laisses en toute innocence tes doigts s’en emparer. Même si tu l’avais voulu tu n’aurais pas pu t’en empêcher, c’était trop tentant. Ca te démangeait. Lili n’aurait pas fait ça. Roxanne si. Voleuse de bas-étage à ton tour, perdue dans ton petit égoïsme. Chacun son tour. Oeil pour oeil, dent pour dent. Quand tu grandiras tu rendras le monde aveugle.
Dernière édition par L. Chester Wetmore le Sam 4 Mai - 10:26, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:09
it's too cold outside for angels to fly
slowly sinking wasting, long nights, strange men
« Dix billets si tu te laisses toucher. » D’accord. Hors contexte, cette proposition semble très déplacée. En fait, même dans le contexte, elle est douteuse. Comment t’en es arrivée là ? De Lili à Roxanne. Et ce que tu es maintenant. Tu ne peux pas tout mettre sur le dos de Caleb non plus. Il t’a enlevé tes illusions d’enfance, pas poussée à la débauche. Caleb est le mauvais diable sur ton épaule, sa pensée te pousse à mal faire. Parfois pour lui prouver que tu n’es plus une gamine. Parfois pour lui prouver que tu n’es plus quelqu’un de bien. Parfois pour le mettre en colère. Il a presque vingt ans maintenant, il travaille à la boucherie de son père. Toi, tu n’as que quinze ans. Mais tu sais déjà que tu n’as aucun avenir. Pas d’illusions, pas de rêves, juste ce désir irrépressible de survie. A la vie à la mort. Tu fais partie de ces personnes dont on n’obtiendra jamais le meilleur, qui ne feront jamais d’effort pour plaire à qui que ce soit. A part Caleb. Mais veux-tu lui plaire ou lui déplaire ? Tu n’en as plus la moindre idée. Je suppose que ça dépend de ton humeur, de la position de la lune, de la conjonction des planètes, de ce qu’il a dit une heure ou un mois auparavant... Dans ton adolescence tumultueuse, tu te plais à rejeter la supériorité de ton vieil ami. Ou ennemi. Même moi je ne sais pas à vrai dire. Discerner la haine de l’amour ou le vrai du faux, je n’en suis pas plus capable que n’importe quel être terriblement humain. Quelque part cependant, il me semble qu’il est pour toi la chose qui se rapproche le plus d’un ami. La seule chose. C’est pas comme si tu avais vraiment le choix pour tes amis, tu as l’art de te rendre détestable rien qu’au premier abord. Et si qui que ce soit a le courage de rester un peu, il peut être sûr que - plutôt tôt que tard - tu prononceras ces mots qui le blesseront plus que les autres et lui ôteront toute envie de revenir vers toi. C’est triste. Tu t’en fous. Des fois tu le fais exprès, des fois non. Pourtant tu attires certaines personnes. Les mauvaises. Celles qui ne comptent pas. Comme cet homme, là, qui se tient trop près de toi et te susurre à l’oreille d’une voix gorgée d’alcool. Dix billets si tu te laisses toucher. Tu apprécies le contact physique, tu as toujours aimé ça. Mais pas comme ça, tu te doutes de quel contact il veut parler et ça t’effraie de comprendre. Tu ne le connais pas. Il ne te paraît pas très sympathique. Il est bourré. Il ne sent pas très bon. Tu ne l’as jamais fait. Et tu frissonnes. Non, non tu ne veux pas. Tu te raidis, indécise. Dix billets. Comme si t’avais les moyens de cracher sur l’argent. Dans même pas un an, ils vont te virer de l’orphelinat, et tu vas te retrouver seule. Tu devras survivre par tes propres moyens. Te nourrir, t’habiller, te loger, travailler. Le travail dans une centrale ne t’attire guère. Malheureusement, peu d’autres choix s’offrent à toi. A part peut-être celui de l’homme. Ca ne peut pas te faire de mal, non ? T’en as entendu parler mais t’es un petit peu légère en documentation à vrai dire. Tu regardes cette loque humaine éméchée. Il te répugne déjà moins que son voisin. Puis tu imagines la tête de Caleb. Ca le rendrait malade. Il pèterait un câble. Il explose facilement. Oh non, il n’aimerait pas ça, et c’est peut-être la perspective la plus alléchante dans cette histoire. Tu souris à cette pensée, d’un sourire narquois. « Vingt billets. » L’autre semble réfléchir. « Quinze. » Non, c’est pas assez, pas pour ce que tu t’apprêtes à faire. « Dix-sept. » Tu sens ses paluches crasseuses descendre sans aucune délicatesse sur tes hanches et tu réprimes un petit cri de dégoût. Apparemment le prix lui va. Tu ne sais pas s’il faut t’en réjouir ou t’en désoler. Je suppose qu’il faut t’en contenter. Tu as dit oui, tu as dit oui. Pourtant tu le repousses. Main tendue. Pour faire tout ça tu veux au moins t’assurer de ne pas te faire escroquer. Je ne sais pas si tu as le sens des affaires mais tu as au moins celui de la réalité. C’est une qualité. Je crois. Je ne suis pas sûre. Je ne suis plus sûre de rien. Je t’aimais mieux avec ton sens du rêve, quand tu te croyais enfant des étoiles. J’aimais mieux Lili que Roxanne. Lili n’aurait pas accepté de se faire tripoter pour quelques billets. Bon, en même temps, elle n’a jamais atteint les huit ans, ça aurait vraiment été trop étrange si on lui avait demandé et si elle avait dit oui. Pedobears everywhere. Suis-je la seule à trouver que le monde dans lequel nous vivons est vraiment ignoble ? Parce que je suis sûre qu’elle aurait trouvé des clients. Je hais cette existence, alors que ce n’est même pas moi qui la vis. Probablement parce que j’en ai suivi des meilleures. Si les vies sont des feuilletons, la tienne est déjà interdite aux moins de douze ans et elle va bientôt passer en moins de dix-huit. Tu ne serais pas autorisée à regarder ta propre vie. Ironie quand tu nous tiens. Je ne sais pas qui a inventé la vie mais ça devait être un putain de sadique pour avoir mis au monde des erreurs comme celle qui est devant toi. Ou alors c’est un abruti. L’inventeur de tout ça s’entend. Quoique le terme puisse s’appliquer aussi au spécimen qui se tient en face. Il extirpe de la poche de son pantalon des billets qu’il te fourre dans la main. Peu désireuse de te faire duper, tu les recomptes avant de les mettre dans tes propres vêtements. Cela fait, l’inconnu - tu ne connais même pas son nom - t’attire de nouveau à lui et tu caches ta répulsion derrière un sourire. A présent que ses lèvres sont sur ton cou, tu voudrais fuir et te laver de son empreinte, sauf que tu ne peux plus. Tu portes ta main à ta poche pour tâter les billets et t’en réconforter. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, le travail dans une centrale ne doit pas être mieux. C’est là ta consolation. Une chose qu’on t’a racontée comme pas si désagréable à la place d’un travail harassant. De toute façon c’est trop tard maintenant, tu ne peux plus faire demi-tour. Caleb va péter un câble.
but it's too hard to take it baby
at night-time we pretend, it's easier in bed
La neige recouvre le district, pareille à un linceul de cendres déchiré ça et là par des gueules de cheminées fumantes accrochées à flanc de toit comme des gargouilles à une cathédrale gothique. Vienne la nuit sonne l’heure. Les aiguilles de la misérable horloge de la mairie se meuvent sans qu’on puisse en distinguer la course à travers les flocons. Le monde à travers l’oeil de la nuit semble dénué de toutes couleurs ; grises les rues vides d’humanité, grises les maisons où dorment femmes et enfants, gris le halo des réverbères dressés contre le vent, gris les rares passants qui osent braver la froideur de l’obscurité. Gris, nuances ternes qui ne laissent plus deviner que des silhouettes découpées devant les yeux de ceux qui lèveront le nez. Il n’y a personne pour lever le nez sur toi et tu restes, chancelante dans les tourbillons de neige. Les jours s’en vont je demeure. Les jours s’en vont. Tu ne sais plus quand tu t’es fait virer de l’orphelinat. Quelques mois je crois. Mais t’avais prévu le coup, t’avais gagné de l’argent. Cette première nuit s’est répétée. D’autres hommes, d’autres endroits. Tu as pris l’habitude. Et tu voles ceux qui te volent chaque soir. Tu as refusé une chose, c’est qu’ils salissent ton nom. Après Lili, Roxanne ; après Roxanne, Chester, ou quelque autre nom de leur fantaisie. La petite prostituée du cinq, encore éligible pour les Hunger Games mais qui n’est déjà plus une enfant depuis longtemps. Les Jeux de la Faim tu y joues, presque tous les jours. Et ce n’est pas drôle comme jeu, on est loin de tout divertissement. Tu ne ris pas, tu serres les dents. Tu te résignes à rentrer à la maison sans travail. Maison. Pauvre petite masure de trois pièces avec deux ampoules qui grésillent, une douche sans eau chaude, mais au moins un toit sur la tête et suffisamment de place pour tourner en rond. Le pire c’est que tu as passé tes économies de presque une année dans cette bicoque, c’est dire que tu gagnes bien ta vie. M’est avis que tu t’es fait avoir à un point ou un autre. Bah, tant que t’es pas à la rue. Faire le trottoir oui, dormir dessus non. Quelle étrange conception de l’honneur que la tienne. Tu prends tout de travers. C’est vrai, si tu faisais les choses dans le bon ordre, tu ne serais pas là à attendre qu’un inconnu te prenne pour une nuit. « Tu prends combien ? » Voix dans le blizzard. Mais pas un inconnu. Tes lèvres gercées s’étirent dans un sourire qui te donne l’impression qu’on joue avec des aiguilles sur les bords de ta bouche. « Te fous pas de ma gueule Caleb. » Caleb. Toujours là. Lui et toi c’est immuable. Le meurtrier et sa victime. Souvent tu le hais. Souvent tu l’aimes. Tu ne sais pas vraiment. Il est là, c’est tout. Pour le meilleur et pour le pire. C’est marrant, autant que je me souvienne, je n’ai jamais vu le meilleur. Je devais pas être là. Oh mais attends. Je suis toujours là. C’est bien ce que je pensais. Il se rapproche de toi sans un sourire. Pourquoi est-ce que j’ai l’impression de voir un gamin effronté dans son ombre et une gamine rêveuse dans la tienne ? « J’ai l’air de me foutre de ta gueule Roxanne ? » Chester, il refuse. Peut-être éprouve-t’il une certaine fierté à t’appeler Roxanne, qui n’est rien de plus que l’être qu’il a créé. Et non, non, il n’a pas l’air de se foutre de ta gueule. Sérieux comme Homer Simson. Ah, non. Mauvaise comparaison. On s’en fiche. Ton sourire a fondu comme une bougie sous la torture de la flamme. - mieux comme comparaison -. « Qu’est-ce que tu veux dire ? » Mais tu sais très bien ce qu’il veut dire n’est-ce pas ? Il n’y a pas de doute. Pourtant tu fais comme si tu ne comprenais pas, dans le fol espoir que peut-être il se ravisera ou que tu aies imaginé des choses qui vont trop loin. « Tu prends combien ? » C’est la réalité qui va trop loin. Que lui est-il arrivé à cette vie, cette pauvre vie qui voulait vivre sans survivre ? la réalité part en couille, devient folle mais reste indubitablement despotique. Tu obéis donc à cette inéluctable vérité et incline ta tête à l’esclavage, acquiesçant. Foutues larmes qui essayent de se frayer un chemin hors de tes yeux. Et tu annonces le prix en espérant que ça le rebutera, qu’il renoncera, qu’il partira. Cependant il t’entraîne sans un mot, et c’est tête baissée que tu suis ton démon fait homme. Il t’amène chez lui. Tu n’as jamais passé la porte de sa maison. Celle de sa chambre t’est maintenant ouverte et la perspective ne te réjouit pas, étrangement. Et tu ne sais pas, tu ne sais pas pourquoi il fait ça. Il te tend des billets, plus que tu n’en avais demandé mais tu ne lui en fais pas la remarque. « Déshabille-toi. » Et tu t’exécutes en te mordant les lèvres pour ne pas pleurer. T’en as vu défiler des inconnus, souvent ignobles. Mais c’est pas un inconnu. C’est plus ignoble encore. Il se penche sur toi et t’embrasse. Tu frissonnes. Puis tu pousses un cri de douleur. Tu n’avais pas vu le coup venir. Ca fait mal, tellement mal. Il t’a frappée dans les côtes et déjà s’épanouit un hématome sur ta peau pâle. Pourquoi il t’a frappée ? « T’es malade, pourquoi t’as fait ça ? » Il se rapproche et t’arrache un autre baiser avide alors que tu te débats pour échapper à son étreinte. Il serre ton poignet si fort que ta main semble exsangue et que tu gémis à nouveau. « J’ai payé alors tu m’appartiens. Quelques heures. Tu m’appartiens. » C’est avec horreur que tu comprends enfin. Ce n’est que le commencement. Tout ce qu’il veut c’est te faire du mal. C’est tout ce qu’il a toujours voulu. Il a piétiné ce que tu étais, il faut bien maintenant qu’il piétine ton corps. Il n’a toujours été que haine et violence, mais tu ne t’en rends compte qu’à présent, alors que tu lui as tout livré, naïve. Et coups, et baisers. Indécis ou heureux comme ça, il fait ce qu’il a promis. Tu lui appartiens. Possession malsaine. Il s’abîme sur ton corps de femme-enfant et s’empare de ta bouche au goût salé de tes larmes et amer de ton sang, lèvre explosée. « Je te hais Caleb. Je te hais. » Murmure désespéré au creux de l’oreille d’un homme qui se fait sourd. Un autre coup vole. Il te semble sentir ses larmes contre ta peau malmenée mais peut-être ne sont-ce que les tiennes. C’est ce soir je crois que prend fin ton admiration pour ton monstre familier. Il a enfin eu ce qu’il veut, non ? De la haine est enfin née la haine. Tu en auras mis du temps. Le meurtrier et sa victime. Fatalité.
je suis un homme au pied du mur
je suis un homme et je mesure toute l'horreur de ma nature
Tu marches dans les rues du district, jetant un regard à l’intérieur de certaines maisons par les fenêtres entrouvertes. Il aurait été bête de ne pas laisser rentrer cette brise tiède de fin d’après-midi. Tout est calme. Un chat est assis sur le bord d’une fenêtre, figure de poésie. Tu toises en passant ce sphinx de Baudelaire comme lui te toise. L’arrogance des chats. Tu t’appelles bien Chester. Le pelage de ce félin familier est roux. Vous êtes bien assortis. Tu n’avances pas ta main vers l’animal pour flatter sa fourrure. Ce serait inutile, c’est un être de trop de fierté. Tous deux l’êtes. Tu passes ton chemin. Le monde semble si normal, si semblable à tout ce qu’il a toujours été qu’on ne croirait pas qu’il est secoué par une rébellion. A laquelle tu ne participes évidemment pas. Toutes ces affaires, ces changements de gouvernement, de dirigeant... Rien ne change n’est-ce pas ? Des têtes doivent tomber pour rien. Ca a toujours été comme ça. Tant que ce n’est pas ta tête, tu t’en fous. Et pourquoi ta tête te serait-elle ôtée ? Elle n’a aucune valeur, aucune utilité. Une orpheline, ou bien une voleuse, ou bien une prostituée, ou bien les trois. Tu n’as même pas la valeur d’un pion. Insignifiante. Ca te va. Trop attirer l’attention revient à mourir. Pas ta tasse de thé. La neutralité c’est bien. Se rebeller c’est bien noble, mais il n’est pas aisé de jouir de sa noblesse dans la tombe. Ferme ta gueule ou crève. Tu l’ouvres souvent ta gueule mais pas devant les mauvaises personnes. Intelligence ou instinct de survie ? Plus le deuxième je dirais. Loin de moi l’idée de dire que tu es stupide mais tu as plus cultivé cette partie-là que ton éducation. Chacun son choix. Que ça semble judicieux aux autres ou non, ça t’importe peu, personne ne te dira comment vivre. Tu ne te leurres pas sur ta condition, l’horreur de ta nature t’apparaît bien. Une nature d’homme, dans toute son ignominie, toute sa cruauté, toute sa réalité. Désillusion. Il eu fallu qu’un semi-géant ait enfoncé ta porte quand tu étais petite pour t’annoncer que tu étais une sorcière, qu’un homme étrange ait débarqué dans une boîte de téléphone bleu pour t’emmener dans l’espace, qu’un vampire t’ait arraché à ta vie mortelle même si c’était pour briller au soleil. Rien n’est venu, que la nuit et puis un autre jour, encore et encore, mois après mois, année après année. Ce qui est normal après tout. Si tout le monde se voyait offrir une destinée extraordinaire, tout le monde serait de nouveau ordinaire. Ce serait ballot. Et pourtant. Pourtant t’aurais bien aimé. T’en as rêvé des étoiles, d’une échappatoire. T’en as rêvé de l’amour, de l’admiration. Mais toujours cette putain de nuit obscure, et ce putain de jour par trop aveuglant. Exit le pays des merveilles. Bonjour réalité. Tu l’as acceptée. T’as tout accepté. Et tes pieds foulent cette terre, la même que depuis toujours, foulée par déjà tant de mondes. Tu marches là où de grands hommes et de grandes femmes ont dû marcher un jour. Mais tu te fous d’eux. De leurs valeurs de pacotilles, de leurs combats d’un autre temps. C’est tes valeurs à toi, distordues par la vie. C’est ton combat à toi, ta survie. Fille de rien, à écumer les poches et les trottoirs. Tu vaux rien. Tu leur survivras.
Dernière édition par L. Chester Wetmore le Dim 5 Mai - 11:04, édité 2 fois
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Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:10
MA CHESTERRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR REbienvenue parmi nous, je te souhaite même pas courage pour ta fiche Hâte de faire des bébés avec toi au Cinq (merde dis moi si tu veux un plus trois )
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:24
YEAH Merci ma puce, très bientôt pour les bébés Et pas de +3 merci
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:27
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIH DASHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA (je suis amoureuse de cette fille et je la joue, ailleurs. trop belle. je meurs.)
bienvenue et bon courage pour ta fifiche
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:30
BAHAHA. merci femme.
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:33
Bienvenue sur MJ
Gemma K. Mubstin
△ correspondances : 4141 △ points : 0 △ multicomptes : Ø △ à Panem depuis le : 16/04/2012△ humeur : Floue. △ âge du personnage : Vingt-et-un △ occupation : Danseuse.
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:35
Rebienvenue même si je ne sais pas qui tu es
EDIT : J'ai rien dit
Dernière édition par Gemma K. Mubstin le Sam 4 Mai - 10:36, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 10:35
Nothing else to say.
Spoiler:
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 11:23
Re-bienvenue ! J'ai commencé à lire ta fiche, et bon sang, le personnage promet.
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 11:39
Bienvenue elle est sublime
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 12:30
Rebienvenue, de ce que j'ai compris. Sauf que je ne comprends jamais rien, alors. Déjà, l'avatar et le début de ta fiche promettent, alors.
Invité
Sujet: Re: je sauve ma peau, vends mon âme au diable + (chess) Sam 4 Mai - 12:59
@ Prudence Merci @ Margot Ne dis rien @ Clotou tant d'amour @ Lincoln Merci mais alors toi, toi, nous faudra un lien. c'même pas négociable @ Judikaël Admire ma sexyness Merci @ Quartz Rebienvenue oui, et merci
Avalon R. Sweenage
△ correspondances : 13212 △ points : 2 △ multicomptes : dely, ridley, dahlia △ à Panem depuis le : 23/04/2011△ humeur : mélancolique △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : garde d'enfants