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△ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012△ âge du personnage : 32 ans
can you save me? statut: N'a alors mais alors absolument pas besoin de Swain Hawkins. Mothafucker. relationships:
Sujet: Empty chairs at empty tables [Adonis&Silk] Mer 3 Avr - 22:53
Les mains contre la fenêtre glacée, elle contemplait la neige tomber à gros flocons à travers le verre embué par sa respiration. Depuis des jours, elle tombait sans s’arrêter, recouvrant le district d’un épais tapis blanc. Une couverture de silence qui étouffait le moindre bruit que la nature aurait pu faire. Tout n’était que quiétude, la maison était silencieuse, trop silencieuse. Dans sa chambre à l’étage, Swain était en train de dormir malgré l’heure tardive et elle n’avait pas eu le cœur de le réveiller. Elle se contentait parfois de coller l’oreille contre la porte pour s’assurer d’entendre encore sa respiration, juste pour être sûre. Il allait mieux. Le temps avait fait son œuvre, guéri doucement les blessures physiques, estompé les hématomes et atténué la douleur. Silk pourtant, n’arrivait pas à se résoudre à penser qu’il allait bien. Parfois, même le temps ne suffit pas. Et si elle l’entendait parfois murmurer le nom de son frère dans son sommeil, si elle passait des nuits devant la porte de la chambre à écouter, sans oser franchir le seuil, il n’avait pas besoin de le savoir. Pas besoin de savoir que plus que les blessures infligées à sa chair, elle s’inquiétait à présent pour celles qu’avait subies son âme. Elle n’était pas sûre d’être à la hauteur pour panser ces plaies-là.
La neige continuait de tomber et l'électricité n'était toujours pas revenue. Depuis une semaine à présent, c'était la plus longue coupure depuis le début de la révolte. La révolte qui n'en finissait pas. Chaque jour apportait son lot de coups de feu et de cris, au loin. Les explosions parfois, le bruit des hovercrafts. Elle se sentait étrangement détachée. Elle ne savait plus à présent depuis combien de temps elle avait commencé, ne savait pas non plus quelle était la situation à présent. Vainqueur, perdant, cela lui était égal. L'incertitude avait laissé place à l'indifférence et elle laissait son destin entre les mains du sort. Et puisse celui-ci vous être favorable. Silk enroula un peu plus le plaid contre ses épaules. Elle remua les braises dans la cheminée qu'elle n'utilisait habituellement pas. Le froid se faisait mordant, implacable. Le froid qui s'infiltrait sous sa peau pour ronger ses os et faire trembler ses membres. Elle pouvait à peine imaginer ce que les tributs avaient pu ressentir dans l'arène. Elle ne voulait pas y penser, essayant de chasser de son esprit l'image du sang se répandant sur la neige immaculée, la mort de Castiel. Elle se refusait à y penser, comme si Swain pouvait, par un quelconque moyen, lire son esprit. Lorsque les premiers flocons sont tombés, elle avait contemplé son visage à la recherche d'une quelconque expression, d'une quelconque réaction. Elle aurait voulu le protéger encore, fermer les volets et laisser l'obscurité l'envelopper dans une ignorance protectrice. Pourtant, elle n'en fit rien et se contenta de l'observer. Elle se surprenait à le regarder, sans cesse, garder un oeil sur lui. Parfois, il relevait les yeux et la surprenait dans son observation. Elle n'arrivait pas à déchiffrer l'expression sur son visage, n'arrivait pas à se confronter à ses iris pourtant si bleus qui à présent ressemblait à deux abîmes.
Assise devant le canapé, elle porta ses mains au-dessus des flammes, frottant ses mains l'une contre l'autre pour essayer de faire circuler le sang. Ses jambes tendues devant elle, elle remarqua alors un trou au gros orteil de l'une de ses chaussettes. Ce constat occupa son esprit bien plus longtemps que nécessaire. Elle était habituée à l'ennui. Les saisons vont et viennent, le temps s'égraine sans que cela ne provoque chez elle autre chose qu'un vague intérêt. Depuis l'arrivée de Swain, depuis qu'il s'était présenté devant sa porte entre la vie et la mort, elle s'était parfois surprise à essayer d'avoir une emprise sur le cours du temps. Sans vraiment s'en rendre compte, son rythme de vie s'était ajusté sur le sien, un ballet synchronisé, une routine d'une précision presque métrique. Cela ne la dérangeait pas, au contraire. Il y a longtemps qu'elle n'avait pas eu de raison de se lever le matin. Elle ne se souvenait pas que son coeur n'ait jamais battu ainsi. Elle ne mettait pas de mots sur le sentiment. Peut-être parce que même en cherchant dans son vocabulaire, elle n'arrivait pas à définir ce qui vraiment l'habitait. Tous les mots semblaient trop faibles ou trop forts, trop clichés ou trop extravagants. Alors, elle se contentait de ne pas y penser. C'est étrange, la capacité du cerveau humain à dénier ce qui pourtant se trouve devant son nez.
Perdue dans ses pensées, elle n'entendit d'abord pas les voix, trop occupée à contempler les gerbes d'étincelles ardentes que produisait le bois humide qui se consumait dans l'âtre. Elle sursauta, interpellée, lorsque l'on frappa à la porte. Elle se releva d'un bond, laissant tomber le plaid sur le sol. Personne ne venait lui rendre visite. Plus personne. Elle s'approcha lentement de la porte, jetant un coup d'oeil vers l'escalier. Elle aurait pu prétendre ne pas être là, mais au fond où pourrait elle être d'autre ? La fumée de la cheminée l'avait trahi, certainement. À travers les vitres cathédrale, elle ne reconnut pas tout de suite les uniformes. Blanc contre blanc. Des pacificateurs dans la neige. Son coeur fit un bond dans sa poitrine et elle fit un pas en arrière. On frappa une nouvelle fois à la porte, avec assez de force pour faire trembler les montants. Elle avait presque oublié qu'ils pouvaient être un danger. Un danger pour Swain. Que lui arriverait-il s'ils le trouvaient là, hors de son district ? Des coups de fouet certainement, une exécution sommaire dans le pire des cas. Et elle ? Que lui arriverait-il ? Elle qui avait depuis toujours été fidèle au Capitol, une poupée bien élevée, que lui feraient-ils ? Elle aurait pu courir, hurler à Swain de s'enfuir. C'est lorsque l'on a passé toute sa vie à se résigner à la mort, lorsque l'idée d'en finir a hantée toutes nos pensées que l'on se rend compte que faire face est pourtant plus difficile qu'il n'y parait. Silk se surprit à trouver cela ironique, qu'à présent qu'elle n'était plus si sûre de vouloir en finir, la mort ait enfin décidé de se rappeler à son bon souvenir. Cela ne la dérangeait pas. Pourtant, elle se sentit étrangement triste pour Swain qui dormait encore à l'étage. Peut-être avait il comprit et fait sa sortie par la fenêtre. Elle l'espérait. C'est étrangement calme qu'elle ouvrît la porte. Trois pacificateurs en uniformes, la matraque et le revolver fermement attachés à la ceinture. Elle releva les yeux.
Elle ne le reconnut pas immédiatement. Six mois sans avoir vu son visage et c'est presque comme si elle le découvrait à nouveau. La courbe de sa mâchoire et le bleu de ses yeux, ses joues rougies par le froid et ses lèvres gercées. Elle resta, quelques instants paralysée, la main sur la poignet. Je t'ai pleuré, tu sais, j'étais persuadée que tu étais mort. Ou parti sans te retourner pour un autre district. Pour qu'elle autre raison autrement m'aurais tu laissé seule. S'il avait été seul, elle l'aurait certainement pris dans ses bras. Si les circonstances avaient été différentes, elle l'aurait fait entrer et aurait embrassé son visage pour en chasser l'engourdissement du froid. Elle aurait partagé sa chaleur, aurait fait un geste pour le toucher, pour s'assurer qu'il était bien réel et non une image invoquée par son esprit. Mais il était là, dans son uniforme de pacificateur, un uniforme différent de celui qu'elle avait l'habitude de le voir porter, différent de l'uniforme duquel elle l'avait aidé à s'extraire de trop nombreuses fois pour pouvoir les compter. Les deux pacificateurs qui l'accompagnaient, un homme et une femme, se tenaient légèrement en retrait, la main sur l'arme à leur ceinture. Alors, avec toute la force qu'il lui restait, avec la dernière volonté de ne pas le laisser voir ses larmes, elle se redressa. Avec un effort qui lui semblait surhumain, elle pris la parole, plongeant son regard dans celui de l'homme qu'elle avait considéré pendant si longtemps comme la personne la plus importante au monde.
« Que puis-je faire pour vous pacificateur Nightsprings ? »
Adonis Nightsprings
△ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012△ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
Sujet: Re: Empty chairs at empty tables [Adonis&Silk] Ven 5 Avr - 22:53
I Wish You Were Here... Don't you know, the snow is getting colder, And I miss you like hell, And I'm feeling blue... I've got feelings for you, Do you still feel the same?
Les yeux rivés vers le ciel, la visière de son casque se tapissait peu à peu de blanc. D'un revers de main, il l'enleva. Malgré ses gants, il sentait le froid. Le froid sur sa main, sur son corps, dans son corps, dans son cœur. Le peu de chaleur qui avait su subsister durant quelques années avait totalement disparu. Plus rien. Plus une once d'étincelle. Le Capitol avait enfin réussi à créer l'arme parfaite, le parfait petit soldat. Pourquoi y aurait-il encore un peu d'humanité, de sentiments dans ce corps glacial ? Il ne lui restait plus rien. Rien à quoi se raccrocher. Sa sœur n'était plus de ce monde depuis longtemps, ses parents l'avaient-ils déjà aimé ? Ydris Candria était tombé, lui laissant sa place de Chef des Pacificateurs au District 8. Adonis aurait pu se réjouir d'avoir enfin gagné sa place de haut gradé auprès de ses pairs. Il aurait pu, oui. Mais la trahison de Candria n'avait pas que touché le Capitol. Son mentor, son modèle, son ami. La grande capitale n'avait pas été seule à être trahie. Adonis avait reçu un coup de poignard dans le dos. Dans le cœur ? Il comptait ses amis sur les doigts d'une seule main. Et encore. Quelques de ses collègues étaient tombés au combat contre les rebelles, d'autres avaient déserté, d'autres étaient toujours portés disparus. D'autres qui auraient dû crever étaient toujours là. Il était toujours là. Cette rébellion, ce début de guerre nationale l'avait marquée. Ses traits étaient tirés, ses yeux marqués de cernes, plus de sourire sur ses lèvres, pas même cette pointe de rictus sadique d'autrefois. Il avait changé. Il avait vieilli. Oh, trop vieilli. Avoir tout perdu, avoir combattu ; il avait bien pris cinquante ans. On pouvait même voir apparaitre quelques cheveux blancs sur ses tempes. Même ses cheveux noirs avaient terni. Plus de couleur, plus de vivacité, plus rien. Il ne lui restait que sa petite maison, le reflet dans le miroir, sa solitude. Jérémy était loin de ses pensées, bien trop loin. Il en fut rassuré. Ce n'était donc pas ça, l'amour. Un béguin, un amour "d'adolescent", une chose nouvelle que l'on expérimente, rien de concret, rien qui puisse rester encrer à jamais dans le cœur. Les premiers temps étaient durs. Il y pensait souvent, se retrouvait à des endroits sans savoir comment il y était arrivé, de légères pertes de mémoire, l'espoir de le voir surgir sur le pallier, quelques larmes aussi avaient été versées mais au final, il n'y avait plus rien. Il n'y avait pas non plus de regrets. Juste une profonde déception. Puis un haussement d'épaules. Bah, tant pis après tout. Ce qui est fait, est fait et ne peut être défait. C'est comme ça.
Le garçon était loin de ses pensées, mais Silk ? Il effleurait souvent ses draps, sentait son oreiller à la recherche de son odeur. Son parfum avait disparu. Où était-elle, que faisait-elle, pensait-elle à lui ? Ses yeux fixant toujours le ciel blanc, il serra les dents. Plus besoin de larmes pour un homme comme lui. C'était trop tard pour pleurer et s'apitoyer. Il l'avait perdue il y a tellement longtemps déjà. Il tendit une main, attendant que la neige en tombe dans sa paume et referma le poing. La neige... Elle finit toujours par fondre. L'hiver laisse place au printemps, au renouveau. Lorsque la neige aura fondu, il n'y aura pas de fleurs pour eux. Il n'y aura rien. Il aurait pu aller la voir, lui tendre une fleur comme un enfant en lui souriant, il aurait pu. Mais il savait qu'il y avait quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui avait été plus fort que lui, quelqu'un qui avait su saisir sa chance. Oh bon sang, quelqu'un qui pourrait la rendre heureuse. La faire sourire, l'embrasser du bout des lèvres en lui murmurant des " je t'aime " brûlant de désir et de tendresse. Lui, il avait été incapable de lui dire qu'il l'aimait. Une ou deux fois, ça leurs avait échappé, juste après avoir baisé. Mais on pouvait les excuser, ils avaient bien trop bu, bien trop fumé. Et ils avaient rit. Tellement rit que c'en était devenu triste. Se rappelait-elle que la première fois qu'il l'avait attendue sur le quai de la gare, ce fut un jour aussi enneigé que celui-ci ? Elle avait mit des heures à arriver, le train avançait si lentement et lui, il avait froid. Mais il s'en foutait royalement, de ses membres qui s'engourdissaient, de greloter. Il l'avait attendue parce qu'il savait que lorsqu'il n'y aurait plus personne, elle se jetterait dans ses bras, le frictionnerait, l'enlacerait et le réchaufferait. Ce jour-là, l'électricité aussi avait été coupée. Ils avaient fait du feu, ils avaient bien bu et bien mangé, ils avaient passé la nuit sur le canapé, sous les draps, contre les oreillers. Il avait passé l'une des plus belles nuits de sa vie. Elle avait été la plus belle chose dans sa vie. Mais pour son bien à elle, il avait dû la laisser partir.
Putain de neige. Il grogna, retirant l'un de ses gants avec ses dents pour sortir de sa poche un paquet de cigarette. Il s'empressa d'en porter une à ses lèvres et de l'allumer avec son zippo, remettant tout aussi rapidement son gant. Lorsqu'il n'y a plus le corps d'une femme pour vous réchauffer, on se débrouille du mieux qu'on peut pour compenser. Silk n'était plus là, son fric et ses cadeaux non plus. Il avait épuisé son stock de cartouches et s'était retrouvé obligé à en faire importer lui-même du Capitol. Heureusement pour lui, son statut avait changé, sa paye aussi. La fumée emplissait progressivement ses poumons, lui donnant la sensation de retrouver un minimum de chaleur sous cette foutue neige. Adossé au mur du poste, il attendait que ses subordonnés viennent faire leur rapport. De nouvelles recrues, fraichement envoyées du District 2. Son District natal. Il ne lui manquait pas, ou plus. Il n'avait plus rien à y foutre là-bas. Et à voir la tronche de ses deux nouveaux collègues, il se félicita de ne plus y avoir mis les pieds depuis longtemps. Quels petits cons. Il n'avait pas d'autre choix que de supporter la nouvelle génération, vu que la moitié de la sienne avait été décimée. Il fuma tranquillement, dans ce froid, attendant ses deux imbéciles. Il eut le temps d'en fumer deux autres avant qu'ils n'arrivent enfin. Essoufflés, ils parlaient bien trop vite, en même temps, Adonis était incapable de comprendre un traitre mot de ce qu'ils pouvaient dire. Il retroussa son nez d'un air dédaigneux et les fit stopper d'un geste de la main, écrasant sa dernière cigarette contre le mur avant de laisser le mégot s'écraser sur le sol. Il fit reprendre l'un d'eux, plus calmement. Ses yeux s'écarquillèrent. Des hauts placés du Capitol étaient tombés. Le nom de l'un d'eux l'interpela. Noah Harvey-Cain. Non, ce n'était pas possible... Silk avait laissé supposer qu'il était du côté des rebelles, elle avait fait exprès de laisser planer le doute, sachant pertinemment qu'Adonis le détestait. Cet homme avait tout : l'intelligence, le charisme, la richesse, le job de rêve et les filles. La fille. Une fois, après avoir discuté longuement sur les partenaires de Silk au Capitol, il avait été las de l'entendre geindre sur ses multiples conquêtes et dans un élan de rage, il lui avait attrapé le bras, déshabillée et prise contre le mur. Bien sur, elle avait rit. Elle s'était moquée de lui et de sa jalousie de petit garçon qui ne supporte pas prêter ses jouets aux autres. Elle avait rit et jouit le prénom de ce connard de Noah. Il lui en avait longtemps voulu avant de revenir vers elle, lui taxer des clopes. Et elle avait sourit. Il y a longtemps, ils étaient incapables de rester loin l'un de l'autre. Et aujourd'hui... ?
Adonis eut du mal à déglutir, à respirer. Si Noah était réellement un rebelle, qu'il avait été exécuté pour haute trahison envers le Capitol, Silk pouvait être complice. Il ne pouvait pas compter, recenser le nombre de disputes qu'ils avaient eu à cause de leur désaccord sur les agissements du Capitol. Elle était en danger. Le garçon qui venait de lui faire un compte rendu énuméra les quelques noms des proches de Harvey-Cain qui devaient être interrogés. Le nom d'Orube apparu en tête de liste. Il sourit brièvement. Cette cruche aux cheveux oxydés ne devaient rien savoir. Vint ensuite le nom de Preston. Malgré le froid, il sentit une goutte de sueur glisser le long de sa colonne vertébrale.
Sans plus attendre, il prit les devants tandis que les deux autres lui emboitaient le pas. Il tapota sa matraque et son revolver avant de laisser sa main redescendre sur sa cuisse pour y toucher le couteau qu'elle lui avait offert. Ses pas se dirigèrent presque instinctivement vers le quartier des Vainqueurs. Une route qu'il avait souvent emprunté, une route qu'il connaissait sur le bout des doigts. Ses pas se faisaient rapides, pressés, désespérés. Quel était ce pincement qui le prenait au cœur ? Elle n'avait pas fuit, il en était sûr. Elle ouvrirait la porte, il verrait son visage. Il devrait se retenir, ne rien laisser transparaitre, rester de marbre face à elle. Et il se retrouva face à la porte. Ses yeux grands ouverts, il resta le poing en l'air sans pour autant frapper le bois de la porte. La jeune femme se pencha près de lui, se raclant la gorge :
" - Monsieur ? ".
Il cligna plusieurs fois des yeux, comme s'il était loin de la réalité, loin de savoir ce qu'il faisait. S'il frappait à cette porte, elle était condamnée. Et s'il y avait ce bâtard chez elle ? Pour sûr, ils étaient finis tous les deux. Adonis pinça les lèvres, essayant de reprendre pieds. Après un long soupir, il finit par frapper à la porte. Une fois, doucement. Puis une seconde fois. Il frappa à s'en briser la main. Et elle ouvrit.
Durant un long moment, il la fixa. Oh, il voyait bien à quel point elle lui rendait son regard. Combien de temps s'était écoulé sans qu'ils n'aient pu se revoir ? Trop longtemps. Trop de temps était passé, trop de sang avait coulé, trop de larmes avaient été versées. Son visage... Il n'avait pas changé pourtant. Elle était restée la même. Il frissonna, sentant les larmes monter. Putain de merde, c'était pas le moment de se relâcher. Pas après ce qu'il avait apprit. Lorsque sa voix retentit dans le silence de l'hiver, il crut défaillir. Une main sur l'encadrement de la porte, il y prit appui pour ne pas tomber. Ses jambes, flageolantes, tremblantes, ne le retenaient plus. Sa voix. Il se souvenait de ses murmures lorsque ses doigts fins glissaient sur son torse. Il se souvenait de ses mots, des mots qu'elle lui assurait n'avoir dit à personne d'autre. Oh, Silk, mon amour, lui as-tu dit ces mots-là à cet homme qui dort désormais dans ton lit ? Reprendre contenance. Et vite. Il poussa la porte d'une main, faisant un effort considérable pour ne pas la poser finalement sur la poignée. Ne pas la toucher. Que le sort lui vienne en aide... S'il la touche, il se sait perdu.
La porte complètement ouverte, il lui adressa un regard. Ce genre de regard entendu qu'ils avaient l'habitude de se lancer lorsque trop de monde se trouvait autour d'eux. Les rumeurs à leur propose s'étaient tuent. Il n'y avait plus raison de faire circuler des rumeurs lorsque l'on sait que la gagnante ne sort pas de chez elle et que le pacificateurs est réquisitionné pour chaque mission. Sa mission pour le moment était de la protéger, faire en sorte qu'elle ne soit pas inculper pour trahison. Il la poussa légèrement pour qu'elle lui cède le passage et fit mine d'observer les lieux. Il n'avait jamais fait aussi froid chez elle. Les deux jeunes pacificateurs lui emboitèrent le pas, adressant un bref signe de tête à Preston en guise de salutation. Une grande inspiration fut prise avant que sa voix ne raisonne :
" - Déjà nous offrir quelque chose de chaud à boire, mademoiselle Preston. Ce serait la moindre des choses pour des représentants du Capitol. ".
Sa voix se faisait dure, c'en était tellement naturelle. Cela avait été un jeu entre eux, autrefois. Lequel serait le plus salaud envers l'autre. Lequel réussirait à faire plier l'autre. Ils se retrouvaient souvent à égalité. Trop souvent. Ils se faisaient du mal... Mais pourquoi au final alors qu'ils auraient pu se faire tant de bien ? Non, les gens comme eux ne sont pas heureux, ne peuvent pas finir bien. Ils avaient souvent éclaté de rire en pensant que l'un finirait par tuer l'autre. Bordel Preston, si tu savais à quel point c'est vrai. Il se tourna vers elle, croisant à nouveau son regard. Dans la pénombre, ses yeux étaient noirs. Bien trop noirs pour elle. Que lui était-il arrivé tout ce temps ? Avait-elle finalement envie de le tuer à présent pour sauver son nouvel amant ? Un petit ricanement s'échappa de ses lèvres alors que d'un geste de la main, il vint fermer la porte d'entrée : " - Pour la suite, vous devriez prendre un siège et bien vous asseoir. Car la nouvelle que nous allons vous apprendre risque de vous faire tomber de votre petit nuage de gagnante : Noah Harvey-Cain, votre amant, a été exécuté pour haute trahison envers le Capitol. ".
Adonis se dirigea de lui-même vers le salon, cette pièce qu'il ne connaissait que trop bien, pour en tirer une chaise, indiquant la place libre. Il se savait horrible. Il fallait que cela paraisse naturel. Il ne fallait pas qu'elle se trahisse, complice ou pas. Oui, complice ou pas, il s'en foutait. Il voulait juste l'aider. Lentement, il retira son casque qu'il posa sur la table ainsi que le couteau. Comprendrait-elle que le couteau signifie qu'il ne l'a pas oubliée, qu'il la protègera malgré tout ? Il l'espérait. Oh, Preston, regarde-moi, vois comme je suis toujours là pour toi. Ma sœur, ma mère, mon amour...
Silk Preston
△ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012△ âge du personnage : 32 ans
can you save me? statut: N'a alors mais alors absolument pas besoin de Swain Hawkins. Mothafucker. relationships:
Elle était persuadée de ne pas pouvoir vivre sans lui, s’était persuadée pendant des années que sa présence était la seule chose la maintenant en vie, que sans Adonis elle n’était rien. C’est toi et moi, juste toi et moi. C’était devenu leur devise, ces quelques mots qui définissaient leur relation, à défaut de promesses à défaut d’engagements. Adonis, toi et moi. Pourtant, les jours étaient devenus des semaines et les semaines des mois. Une agonie lente et douloureuse, une inquiétude qui avait fini par se transformer en certitude. Il était mort, il ne pouvait pas en être autrement. Parce qu’il était trop difficile d’imaginer qu’il ait pu l’abandonner, de penser qu’une simple dispute, une parmi tant d’autres, avait réussi à les séparer. Elle ne voulait pas croire qu’il ait pu oublier les mots prononcés à la lueur de la lune. Toi et moi. Des mots que n’y l’un ni l’autre n’aurait pu dire à la lumière du jour, c’est étrange comme les confessions viennent plus vite dans l’obscurité, peau contre peau, souffle contre souffle. C’était peut-être un mécanisme de défense, la mort est un bon motif d’abandon. On dit qu’il existe plusieurs stages dans le deuil. Que le dénie se transforme en colère avant que le marchandage de laisse place à la dépression et qu’on fini ensuite simplement par accepter le manque. Silk avait fini par s’y résoudre. Adonis était mort, Adonis n’était plus là. Et le manque s’était fait de plus en plus pesant, de plus en plus réel au fur et à mesure que le temps continuait de passer. Pas de nouvelles, pas de cadavre, juste la certitude qu’Adonis n’était plus là alors que le manque, lui, continuait d’occuper son esprit. Penser que jamais plus elle ne verrait son sourire, que jamais plus elle ne pourrait sentir ses mains parcourir son corps avait été une agonie. Les regrets avaient embrouillé son esprit, réduisant les souvenirs d’Adonis à un enchevêtrement indissociable de remords et de moments heureux. Et puis il y avait la colère, qui arrivait parfois lorsqu’il lui arrivait de se remémorer un fragment de ces instants qu’ils avaient partagés. Colère contre elle-même de n’avoir pas su dire, colère contre Adonis de ne pas avoir du rester. Oui, Silk avait accepté la mort d’Adonis, Silk s’était persuadée qu’il était mort pour ne pas se confronter à la réalité qui pourtant se tenait devant elle.
Adonis n’était pas mort. Adonis avait fait un choix. Le choix d’être sans elle, loin d’elle. Pendant tout ce temps, elle s’était convaincue de sa mort alors qu’il était là, respirant le même air, frôlant le même sol. Pourquoi ? Pourquoi cette fois ? Elle avait été stupide, tellement stupide. Elle resta planté, immobile, à essayer de trouver quelque chose sur son visage, n’importe quoi, une réponse sans question. Silk ne se souvenait pas un jour avoir vu Adonis aussi morne, aussi monotone, même après une mission difficile ou un message de ses parents. Pourtant, lorsqu’il s’approcha de la porte et la frôla d’assez près pour qu’elle puisse presque sentir sa chaleur, elle capta son regard, juste une lueur. Alors, elle s’écarta légèrement, ne montrant aucune résistance lorsqu’il passa la porte. À une époque, elle connaissait assez Adonis pour que les mots soient superflus, pour que la communication entre eux ne requière pas la parole. À présent, Silk avait du mal à réconcilier l’image de l’homme qu’elle connaissait avec celui qui se tenait devant elle. Six mois, six mois ne changent pas un homme. Il ne pouvait pas être si différent ? N’est-ce pas ? Adonis ne t’aurait jamais laissé. La petite voix murmura dans son esprit. Adonis ne serait pas venu chez toi pour te causer du tort. Tu sais ce qui va arriver à Swain. Elle jeta un rapide coup d’œil vers l’escalier. Silk cligna des yeux et inspira longuement pour reprendre contenance. Essayant de bloquer aux mieux les images que cette pensée provoqua chez elle. La peur à présent, s’était ancrée lourdement dans son estomac.
Les deux pacificateurs la saluèrent d’un geste de la tête et elle se contenta de les observer d’un air hostile. Elles ne les connaissaient pas, ne les avaient même jamais vus dans le district. Ce n’était pas surprenant au vu de la fréquence de ses sorties à présent. Ils n’étaient pas bien vieux, tout juste sortis de la période d’éligibilité aux jeux. Elle aurait voulu sourire à l’idée de voir Adonis affublé de deux bleus, mais son visage resta impassible. Non, ce genre de choses appartenait au passé, quand elle connaissait encore Adonis, quand tout était plus facile. Elle releva vivement la tête lorsqu’il prit la parole. À une époque qui lui semblait bien lointaine à présent, les « mesdemoiselles Preston » étaient réservées à la chambre à coucher. Son ton était froid, autoritaire. Ce n’était pas la première fois qu’Adonis prenait ce ton-là avec elle, mais ce fut la première fois qu’elle le prit au sérieux. La violence ne les avait jamais arrêtés, mais pour la première fois, elle eut envie de lui faire du mal. De ravager son visage avec ses ongles, de lui enlever ses certitudes, lui arracher sa loyauté au Capitol. Car c’était bien là le problème. Parce que la loyauté et l’amour du Capitol qui habitaient Adonis seraient toujours plus forts que ses sentiments pour elle. Parce que rien aux yeux d’Adonis n’était plus important que le Capitol. Mais ce n’était pas le Capitol, qui pendant toutes ses années avaient retenue son âme à bout de bras, pas le Capitol qui avait pensé les plaies de son esprit et fait taire les peurs et les incertitudes. C’était elle qui l’avait bercé et aimé lorsque personne d’autre ne l’avait fait.
Elle se rendit compte qu’elle se tenait encore la main sur la poignée de la porte lorsqu’il vint la fermer. Elle recula de quelques pas, essayant d’éviter la proximité d’Adonis. Elle baissa les yeux devant son regard et se dirigea rapidement vers la cuisine. Mais ses paroles la clouèrent sur place et elle se tourna vivement vers lui. C’était impossible. Elle sentit ses jambes commencer à défaillir sous son propre poids et elle se rattrapa rapidement au plan de travail. Il mentait, c’était impossible. Impossible que Noah soit mort. Elle murmura, pour elle-même.
« Non, non pas Noah. »
Pourtant, son visage, impassible, presque cruel, lui confirma que sa déclaration n’était pas un nouveau moyen pour lui de la torturer. Noah était mort. Exécuté. Comment cela était-il possible ? Comment une personne aussi intelligente que Noah avait-elle pu se retrouver dans cette situation ? Noah, celui qui l’avait toujours soutenue au Capitol, celui qui avait été son ami pendant toutes ces années, était mort. Une vie pour une vie. On lui rendait Adonis pour lui prendre Noah. Elle l’avait imaginé heureux de voir le peuple se rebeller enfin. Lui qui avait un jour osé lui parler de démocratie, ne la verrait jamais. Peut-être était-ce mieux ainsi, il n’aurait pas à être témoins de la défaite inévitable des rebelles. . Elle essuya d’un revers de la main les larmes silencieuses sur ses joues. Elle ne voulait pas que le pacificateur la voie pleurer pourtant elle constata alors que tous ses membres étaient saisis de tremblement incontrôlable. Elle leva les yeux sur Adonis, occupé à tirer une chaise à la table comme s’il possédait l’endroit, comme s’il avait encore le droit de se comporter ainsi dans sa maison. Et cette pensée raviva encore un peu la colère de Silk.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment ? Comment est-ce que Noah est mort ? »
Cela ne lui apporterait aucun réel soulagement, mais elle avait besoin de savoir. Savoir comment une fois de plus le Capitol lui avait arraché une personne chère, comment le Capitol avait encore une fois eu le dessus sur sa vie. Sans attendre la réponse, elle saisit la lourde théière en fonte qui séchait sur l’égouttoir de l’évier et la remplit d’eau. N’importe quoi pour occuper ses mains. Silk sortit une cigarette du paquet qui trainait sur le plan de travail et la porta à ses lèvres encore tremblantes. Malgré l’absence d’électricité, le gaz fonctionnait toujours et elle alluma l’un des brûleurs avec une allumette qu’elle utilisa pour allumer sa cigarette. Elle jeta l’allumette dans l’évier ou elle s’éteignit rapidement au contact de l’eau de vaisselle. Elle se retourna finalement et lança un regard défiant à Adonis qui s’était posté à la table, ignorant les deux autres pacificateurs dans la pièce. Elle cracha, avec véhémence :
« Je suppose donc que votre visite n’a rien d’une visite de courtoisie. J’aurais dû m’en douter. Qu’est-ce que ça fait de moi alors ? Une suspecte ? Vous allez m’interroger pacificateur Nightsprings ? C’est ce que vous faites non ? »
Elle se dirigea vers la table et s’assit brusquement sur la chaise qu’il avait tirée pour elle. Elle l’observa lentement enlever son équipement, ses gestes précis lui rappelant douloureusement toutes les fois où ses mêmes gestes avaient été faits avec le cœur léger. Quand il passait la voir après son service et qu’ils jouaient à la petite famille, lui assit au bout de la table. L’illusion presque parfaite, une farce. À l’époque, cela les faisait bien rire, tellement qu’ils finissaient rarement le repas avant de se diriger vers la chambre dans une farandole d’éclats de rires étouffés et de vêtements abandonnés sur le sol. Elle avait l’impression que ces instants avaient été vécus dans une autre vie, appartenait à d’autres personnes. Eux n’étaient plus que le pacificateur et la gagnante, ils n’avaient rien en commun, rien d’autres que des souvenirs flous. Avait-il les mêmes souvenirs ? Ressentait-il lui aussi la marque brûlante laissée par la perte de ces instants. Elle n’en était plus tout à fait certaine à présent. Elle avait laissé la douce illusion la bercer qu’avec Adonis les choses étaient différentes, qu’elle était différente pour lui. Qu’elle n’était pas que l’un de ces jouets avec lesquels il aimait s’amuser. Arracher ce qu’ils avaient à lui donner, leur enlever jusqu’à leurs dernières onces de pureté avant de les laisser tomber quand il n’y avait plus rien à prendre. Il avait été plus cruel, bien plus cruel avec elle. L’espoir est le pire des poisons. Comment avait-il osé ? Elle le haïssait, plus que tout. Tu n’avais pas le droit de faire çà Adonis, pas le droit de me laisser t’aimer, pas le droit de me laisser te pleurer quand tu as continué ta vie sans moi. Pas le droit de me forcer à vivre sans toi. Bien sûr, Swain était arrivé et Swain avait besoin d’elle. Swain, si différent d’Adonis, Swain qui rougissait encore lorsque sa bouche trouvait la sienne. Il ne sera jamais toi, tu ne seras jamais lui. Je l’ai maudit de ne pas être toi, ce n’était pas juste pour lui. Je l’ai maudit de me faire ressentir ce que toi seul aurait du me faire ressentir.
Rageusement, elle écrasa sa cigarette dans le cendrier en céramique sur la table. C’est alors qu’elle remarqua le couteau posé sur la table parmi son équipement. Le couteau qu’elle lui avait donné il y a des mois de cela. Du bout du doigt, elle caressa le manche. Elle sourit rapidement, un mouvement fantôme, presque imperceptible, en se remémorant ce soir-là, sur les quais de la gare. Elle se souvenait encore de la sensation de ses mains sur son corps et de sa bouche dans le creux de son cou. Et malgré toute la colère qu’elle pouvait ressentir envers l’homme, elle se calme légèrement. Adonis était vivant et il avait gardé son cadeau. Pourquoi ? Elle releva les yeux vers lui, mais capta un mouvement sur sa gauche. Le jeune pacificateur avait posé la main sur sa matraque. Pensait-il sérieusement qu’elle allait les attaquer ? Elle rit légèrement à l’idée.
« Calme toi mon grand, si j’avais voulu faire te faire la peau, tu l’aurais pas vu venir. Je surveillerais mon thé de prés si j’étais toi. »
Elle lui lança un sourire mauvais avant de reporter son attention sur Adonis. Elle effleura ses genoux avec les siens sous la table et elle pria intérieurement pour qu’il ne remarque pas le frisson que ce simple contact provoqua chez elle. Une confrontation, c'est ce à quoi ils en étaient réduits. Toi et moi Adonis.
Dernière édition par Silk Preston le Dim 8 Sep - 22:56, édité 1 fois
Adonis Nightsprings
△ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012△ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
Sujet: Re: Empty chairs at empty tables [Adonis&Silk] Mer 8 Mai - 4:45
May the odds be ever in your favor. Ce furent sûrement ses premiers mots. Papa et maman les lui avaient tellement répété, tout le monde autour de lui avait répété ces mots. Que le sort lui soit toujours favorable. Favorable en quoi ? Il avait une vie de merde. Il n'avait jamais été choisi pour représenter son District durant les Hunger Games, il avait même échoué à s'ôter la vie alors qu'en revanche sa sœur avait réussi, ses parents ne lui avaient jamais porté aucun intérêt, les repas de famille n'avaient jamais rien signifié pour personne chez lui, il avait mis plus de dix ans à obtenir ne serait-ce qu'une promotion et il n'avait aujourd'hui plus personne. En quoi le sort lui était favorable ? En quoi avait-il eu de la chance ? En quoi une quelconque entité céleste avait fait quoi que ce soit pour lui ? Il avait parfois envie de ricaner en pensant à cela. Parce qu'il se rappelait alors du libre arbitre. Libre arbitre de merde. Ses décisions, ses choix, sa vie. Il n'y avait personne à blâmer d'autre que lui pour sa vie de merde. Oui, parfois il ricanait rien qu'en pensant à cela, puis il pleurait. Il avait l'impression d'avoir fait une succession de mauvais choix qui avaient rendu sa vie merdique. Et s'il y avait eu la possibilité de revenir en arrière, de changer certains chemins ? Il avait pincé les lèvres. Si ses choix avaient été différents, pour sûr, les conséquences auraient été différentes. Les rencontres auraient été différentes. Pour tout l'or du monde, il n'aurait changé sa vie. Pour tout l'or du monde. S'il avait changé ses choix, sa vie, il n'aurait sûrement jamais connu Silk. Elle valait tout l'or du monde, même plus encore. Elle n'avait pas de prix. C'était un peu comme mettre le prix sur le soleil, les saisons, le temps. Peut-on réellement mettre un prix sur la seule chose qui nous tient encore en vie ?
Changer sa vie, il aurait voulu, il aurait pu. Mais il l'aurait perdu, bien avant ce jour. Il n'avait pas été prêt. L'était-il désormais ? Après avoir croisé ce regard oscillant entre le noisette et l'ébène, il pensa que non. Non. Il n'était pas prêt à la laisser, pas prêt à l'abandonner, pas prêt à démarrer quelque chose de nouveau. Pas sans elle. Au Capitol, on disait de lui qu'il était brave, courageux, loyal. Il n'en était rien. S'il avait ne serait-ce qu'une once de ces qualités, il lui aurait pris la main, se serait agenouillé et lui aurait demandé pardon. Pardon pour tout. Pour ses mots, ses gestes, ses putains de choix merdiques. Il aurait tué les Pacificateurs qui étaient avec lui, il se serait révolté, il se serait enfui. Avec elle. Main dans la main. Sans jamais se retourner. Pourtant, il se trouvait là, debout face à la table, à l'observer avec son grand sourire qu'elle avait si bien connu. Ce sourire faux, ce sourire préfabriqué par le Capitol et son armée. Ce sourire qu'elle avait elle-même arboré pour les Jeux, face à la caméra. Un sourire qu'elle n'affichait plus. Elle avait arrêté, elle, de jouer la comédie. A moins que ce ne soit une nouvelle scène, un nouvel acte. Un nouveau jeu d'actrice qu'il ne connaissait pas. Elle avait changé sans avoir changé. Tout semblait subtil, délicat. Il avait les mains moites et malgré le fait qu'il avait toujours détesté ce connard qui pétait plus haut que son cul, Adonis sentit une goutte de sueur glisser le long de sa colonne vertébrale. Le froid de l'hiver paraissait lointain. Il faisait chaud, il étouffait. Cette situation était horrible. Il savait très bien ce que Preston ressentait pour cet imbécile mort en martyr. Pourtant, il restait droit, calme et affichait toujours ce sourire impeccable. Que pouvait-il faire d'autre ? Se précipiter sur elle, la prendre dans ses bras, la bercer, la rassurer et lui dire que tout irait bien ? C'était faux. Et il était incapable de faire ce genre de choses. Il aurait voulu, cependant, tendre une main vers elle, glisser ses doigts dans ses cheveux bruns, remettre l'une de ses mèches derrière son oreille et lui dire qu'il était là. Autrefois, sa simple présence pouvait la guérir et panser les plaies à vif de son cœur. Il aurait voulu en être encore capable. Lâche. Incapable. Petite merde. Il se retint de baisser les yeux et de ne plus la regarder.
Adonis pouvait la voir trembler. Il se doutait bien de ce qu'elle pouvait cacher. Pourquoi restait-il là, devant la table, à sourire comme un gros connard alors qu'elle pleurait, qu'elle était sur le point de défaillir ? Elle était forte. La plus forte. Elle tiendrait, elle n'aurait pas besoin de lui. Il releva le menton sans la quitter du regard. Elle était bien plus forte que lui. Elle l'avait toujours été. Allez Silk, putain. Qu'elle se ressaisisse. Qu'elle puise dans cette force qui était en elle pour ne rien laisser transparaitre. Qu'elle reste droite, la tête haute. Elle pouvait le faire, elle l'avait toujours fait. Ce n'était pas le moment de tout faire foirer. Ne pas montrer ses faiblesses, pas face au Capitol. Elle y arriverait. Il déglutit. Sa salive lui brûlait la gorge, pire qu'un poison. Comment faisait-il pour continuer de vivre ? Comment faisait-il sans elle ? Il allait devoir la mettre plus bas que terre devant ses subordonnés, pour garder la face. Il allait devoir anéantir la seule personne qui l'ait jamais aimé pour son bel et tendre Capitol. Lui avouer pour Noah ? Tout lui dire ? Ce serait enfoncer le couteau dans la plaie, ce serait regarder les flammes la dévorer, ce serait la regarder crever à petit feu en s'en délectant. Il s'humidifia les lèvres avant de faire claquer sa langue contre son palais d'un air hautain :
" - Vous n'étiez alors pas au courant de sa mort, hein ? Ma phrase n'est-elle pas assez explicite ? Il a été tué pour haute trahison envers le Capitol, je la répète exprès pour vous et vos beaux yeux. ".
Il battait des cils avec ses petits yeux gris. Ils avaient perdu leur couleur, leur brillance, leur éclat lorsqu'il s'en était allé, loin d'elle. Plus de couleur. Il ne la méritait pas. Le blanc, le noir et leur nuance, c'est tout ce qu'il méritait. Et encore, cela paraissait beaucoup. Si la transparence pouvait nous habiller... Ses éclats de rire étaient son jaune, son sourire calme et paisible son bleu, ses formes se dessinant sous son jean et sa voix suave après l'amour son rouge, le battement de son cœur et ses bras son vert. Son espoir. Plus d'espoir pour lui. Pas moyen de se nicher dans ses bras nus, de respirer son odeur, de fumer une dernière clope en caressant la courbe de ses hanches, d'écouter son cœur battre la chamade lorsqu'il descendait trop bas ses doigts. Son sourire forcé, il l'avait tellement répété. Comme un rituel, chaque matin, devant le miroir pour tromper. Elle le connaissait. Le connaissait-elle encore ? S'en souviendrait-elle de se léger tremblement sur sa lèvre inférieure, de se léger hochement de tête comme un mauvais tic, de ce regard sournois pour se donner contenance ? Sûrement pas. Lui-même voyait une femme différente. Un gros soupir s'échappa de ses lèvres, faussement las :
" - Si vous voulez les détails : nous avons découvert que monsieur Harvey-Cain complotait depuis des années contre le Capitol et renseignait les rebelles. Il vivait dangereusement, le petit. "
Son rictus s'élargit, tournant légèrement la tête comme pour appuyer ses propos. Il n'était pas le seul à vivre dangereusement. Silk aussi. Swain Hawkins à l'étage aussi. Et lui aussi. Bande de cons qu'ils étaient. Il s'humecta les lèvres et fit quelques pas près de la table. Il ne pouvait pas se permettre de la ménager, pas devant ses subordonnés :
" - Blabla, nous l'avons découvert, blabla, nous l'avons fait parler... ".
Ses pas cessèrent, il se stoppa et se tourna pour faire face à Preston, clignant des yeux : " - Cet enfoiré n'est pas du genre à lâcher le morceau. On a eu beau essayer de lui tirer les vers du nez – je veux dire littéralement – il n'a rien voulu dire. C'est fou... Moi qui croyais que le corps et l'esprit humain avait ses limites... Il n'a rien dit. Pas un mot. J'ai la vidéo pour le prouver, je vous l'enverrai par courrier, ça devrait vous plaire, surtout avant de dîner. ".
Ses pas reprirent, ce fut comme s'il dansait :
" - Bien sur, comme le bougre ne voulait pas parler, nous l'avons laissé de côté et nous nous sommes occupés de personnes plus... Coopératives. Pas eu besoin de l'exécuter... Nous l'avons simplement laissé mourir de faim et de soif. Je pense que se vider de son sang a dû beaucoup aider aussi. ".
Ses yeux croisèrent enfin ceux de Silk. De feu et de glace. L'eau peu éteindre le feu mais le feu faire fondre la glace. Leur combat semblait interminable, indécis, infini. Il essayait de déceler quelque chose dans son regard, une petite étincelle qui survivrait et qui dirait " je sais Adonis, je sais, j'ai compris ". Une étincelle qui aurait pu le faire basculer. Ses doigts effleurèrent son holster puis la crosse de son arme. Montre-moi Preston, montre-moi quelque chose, ce petit truc au fond de toi qui subsiste, crie, hurle, ordonne-moi. Ordonne-moi de tuer, je le ferais, je l'ai fait toute ma vie mais cette fois, ordonne-moi de tuer pour toi, pour que tu puisses vivre. L'espace d'un instant, il hésita. Le doute, il l'avait déjà eu. Des centaines de milliers de fois. Le Capitol l'emportait toujours. Silk pouvait l'emporter cette fois. Un léger relâchement dans ses yeux, serait-ce une pointe de bleu, à nouveau des étoiles ? S'il pouvait seulement tendre la main, caresser sa peau, se laisser aller, tout oublier, ne serait-ce qu'une nuit. Était-ce trop en demander ? Avait-il seulement le droit de demander après tout les péchés commis, après toutes les fautes ? Même dans ses bras, même avec toute la douceur et la tendresse, rien ne serait capable d'expier tout ce qu'il a fait. Sa visite n'avait rien de courtoise mais putain, ce qu'il aurait donné pour être seul avec elle juste pour lui dire... Juste pour lui dire... Dis-moi-le avec tes yeux de braises, Preston. Dis-moi-le que je les bute... Dis-moi-le pour que je meurs avec ce putain de sourire, ce vrai sourire que toi seule peu m'arracher. Elle était proche de lui désormais, assise sur la chaise, il prit appui contre la table pour pouvoir la regarder. Non, il n'y avait rien dans ses yeux. Comment lui en vouloir ?
" - Vous êtes d'une perspicacité, c'en est presque perturbant. Oui, nous avons déjà commencé l'entretient mademoiselle Preston. "
Sa tête était légèrement penchée, l'odeur du parfum de Preson, mélangé à celui de la cigarette l'enivrait. Il aurait voulu emplir ses poumons de la fumée. Il se contenta simplement de relever la tête. Il l'observait. Chaque geste, chaque mot était une piste. Un énième jeu, hein ? Un jeu de vie et de mort. La roulette russe. Ses lèvres s'entrouvrirent alors qu'il faisait de son mieux pour contenir les expressions de son visage et rester impassible. Les doigts de Silk trouvèrent le manche du couteau. Il déglutit, réprimant un sanglot qui aurait pu le trahir. Il n'avait pourtant pas remarqué son sourire, mais c'était déjà ça. Ses mains sur l'objet, se souvenait-elle alors, de ce présent ? Il n'y avait pas eu que ce couteau, elle devait le savoir et s'en rappeler. Il y avait eu cette lettre, des larmes, des rires et cette étreinte. Des baisers, déposés sur son visage, la dénudant sans prêter attention au froid ou aux possibles rôdeurs, la baisant contre un mur dans la nuit, dans la rue comme on le ferait à une putain et pourtant... Il avait chéri chaque gémissement, chaque cri, chaque soupir qu'elle avait émit. Sa voix... Elle n'avait eu qu'à simuler un couinement pour l'exciter. Il aurait tellement préféré qu'elle susurre contre sa peau brûlante son prénom, sans animosité, sans sensualité, juste avec sa voix de petite fille perdue. C'est ce qu'ils étaient, des enfants perdus. Qu'elle laisse vaquer ses doigts contre sa nuque humide, le regardant droit dans les yeux en souriant, frôlant ses lèvres des siennes, lui murmurant des choses que personne ne lui aurait jamais dit, comme un " je t'aime ". Un instant, il ferma les yeux, il se devait de rester concentré et focalisé. Il rouvrit les yeux et comme pour l'achever, cette foutue proximité. Ils se heurtèrent. Ça le tuait. Il voulait la secouer et lui hurler qu'elle était en train de le tuer. Pour se donner contenance, il se redressa et s'assit complètement sur la table, battant des jambes dans le vide comme le ferait un enfant pour s'occuper.
Un ricanement de sa part lorsque son regard se posa sur le jeune homme en uniforme alors qu'il posait sa main sur sa matraque. Sérieusement ? C'est ce que le Capitol recrutait ? Le jeune homme regardait Preston, sourcils froncés. Adonis savait qu'elle n'utiliserait pas le couteau, le jeune ne semblait pas si sûr. C'est alors qu'il porta son attention sur la tasse de thé qui trônait sur la table. Son nez se retroussa et sa méfiance s'amplifia. Adonis leva les yeux au ciel avant de descendre de la table, sommant d'un geste du menton au jeune d'éviter les conneries. A contre cœur, le soldat laissa sa main retomber contre son flanc :
" - Voyons, Todd... Mademoiselle Preston s'est affairée à nous faire du thé, tu ne voudrais pas être malpoli et refuser... ".
Le jeune pacificateur ouvrit de grands yeux et déglutit avec difficulté alors que son supérieur lui souriait d'un air de défis. La jeune pacificatrice gloussa derrière sa visière. Adonis se retourna violemment vers elle, lui offrant un regard froid et autoritaire qu'elle n'était pas prête d'oublier :
" - Quelque chose vous fait rire, O'Connor ? ".
La jeune femme se tint droite et secoua négativement la tête, appuyant son geste d'un petit " non " qui s'échappa presque douloureusement de ses lèvres.
" - Tss... C'est ce qu'on nous envoie en renfort dans le D8... Putain de merde. Soldats Todd, O'Connor, je vais vous offrir l'opportunité de vous éclaircir les idées. Dehors. ".
Son dernier mot, un ordre explicite, poussa les deux jeunes à s'exécuter en vitesse. Désobéir à un supérieur n'était pas bon ces temps-ci. Lorsque la porte claqua derrière eux, Adonis se pencha pour attraper la tasse et boire une gorgée. Calme, il reposa ensuite la tasse sur la table :
" - J'ai très peu de temps, Preston. Pour fouiller la maison, nous devons être minimum deux et tu dois assister à la fouille. Dans les murs, je sais que tu peux y cacher Hawkins. Ils sont trop cons et ne penseront pas à les chercher. ".
Il fit une pause, gardant ses yeux rivés sur la vitre. Il savait pertinemment qu'avec la neige, les deux imbéciles ne pourraient pas voir ce qu'il se passait à l'intérieur. On est jamais trop prudent. Il continua :
" - Tu n'es pas sans savoir que Candria est mort, que j'ai pris sa place. Mais ils me surveillent. De près. Ils ont des doutes sur toi, ça risque de chauffer pour ton cul. ".
Adonis pinça les lèvres, baissant légèrement la tête. La honte, la culpabilité, qui sait ? Sa voix se fit presque douce, presque désolée :
" - Noah n'a rien dit pour toi... Que tu sois une rebelle ou pas, j'm'en branle Preston. Fais pas de conneries et évite de te faire chopper. ".
Avait-il encore le droit de lui demander ça ? Après tout ce qu'il lui avait fait ? Avait-il seulement le droit ? Ses lèvres tremblèrent et dans son ciel gris, il commençait à pleuvoir. Il n'avait pourtant pas le droit de pleurer. Pas après tout ça. Ses yeux restaient rivés vers la vitre. Il aurait pu en profiter pour murmurer du bout des lèvres un " pardon " ou un " je t'aime ". Mais à quoi bon ? Le silence, le néant... C'était bien les seules choses qu'il méritait.
[b]
Silk Preston
△ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012△ âge du personnage : 32 ans
can you save me? statut: N'a alors mais alors absolument pas besoin de Swain Hawkins. Mothafucker. relationships:
Sujet: Re: Empty chairs at empty tables [Adonis&Silk] Dim 19 Jan - 2:38
A relire, corriger et mettre en page.
Elle ne l’avait pas embrassé la première fois. Elle avait bu, presque autant que Jove qui n’avait rien fait pour l’arrêter. Elle se souvenait simplement de son visage à travers la fumée de sa cigarette allumée sur les marches de l’hôtel de ville. Sur la grande place, tout était encore en place pour la tournée du vainqueur. L’estrade se détachant imperceptiblement dans la pénombre de la nuit sans lune. A l’intérieur, des éclats de voix se faisaient entendre et elle ferma les yeux pour essayer de profiter de l’air frais quelques secondes. Lorsqu’elle sentit se présence à ses côté elle les rouvrit, lentement, presque trop satisfaite d’elle même. Elle lui offrit une cigarette, il avait fini son service et accepta. Elle l’avait remarqué déjà, à sa manière de la regarder, à la manière dont ses yeux suivaient chacun de ses mouvements. Elle avait soutenu sont regard et il n’avait pas flanché, sauf pour lui adresser un sourire furtif et ironique lorsqu’elle décroisa et recroisa ses jambes à son intention. « J’ai peur de rentrer seule, tu m’accompagne ? ». Ils n’avaient pas fait cinq cents mètres lorsqu’elle lui demanda si il avait déjà baisé avec une vainqueur. Deux cents de plus avant qu’il ne la plaque contre un mur de brique entre deux usines, le sourire carnassier sur ses lèvres contrastant étrangement avec son visage angélique. Elle ne connaissait pas son nom, alors elle mordit son cou pour étouffer ses cris. « Pas sur les lèvres, c’est un truc de pute. » Elle avait rit et lui aussi.
Le masque se brisa comme une poupée de porcelaine qu’un enfant maladroit aurait laissé échapper sur le sol. Elle l’observa, entre ses cils encore mouillées de larmes. Des larmes pour une personne qu’Adonis avait toujours détestée. Elle ne voulait pas qu’il sache qu’elle l’avait pleuré aussi. Elle observait, les mains posées à plat sur la table l’homme qu’elle était sûre d’avoir aimé. Et la familiarité de ses gestes, son visage dans la semi-pénombre de la cuisine lui tordit les entrailles. Elle repensa vaguement à son visage sur le perron de l’hôtel de ville, à la première fois qu’elle l’avait invité chez elle, la première fois que dans une diatribe trop alcoolisée, elle avait avoué à demi-mot qu’au final il n’y avait que lui comptait. L’homme qui se tenait devant elle, avec ses mots incompréhensible, avec son regard suppliant vers elle. A présent qu’il avait parlé, elle l’observait sans comprendre.
Les deux pacificateurs étaient sortis. Trop cons pour leurs propres bien. Ils auraient dû désobéir, même à un ordre direct. Parce qu’il était Adonis et qu’elle était Silk. Jamais personne ne les auraient laissés seuls auparavant, personne n’aurait pris se risque. La gagnante et le pacificateur, la pute et le salopard Tout le monde savait qu’il n’allait pas vraiment au village des vainqueurs pour le paysage. Tous savaient ce qu’il se passait une fois la lourde porte en bois fermée. Quand ils n’étaient plus des jouets du Capitol, qu’ils étaient simplement eux même. Ce n’était pas de l’amour. Non ca n’en était pas. Ils n’en étaient pas capables. S’en était presque risible. Ils n’étaient que deux êtres incapables d’aimer. Trop de traumatismes, trop de choses inachevées, trop de noirceurs en eux pour y trouver la lumière. Exceptés qu’ils l’avaient fait. Ils avaient appris, appris ensemble sans même se rendre compte de ce qu’ils faisaient, sans même se rendre compte que lorsqu’ils se réveilleraient, il serait déjà trop tard. Comment était-ce arrivé ? Pourquoi ? Il y avait cette peine, cette souffrance qui effleurait parfois la surface. Atténuée peu à peu au fil des caresses, au fil du temps. Deux êtres si semblables et pourtant aujourd’hui si différents.
Adonis n’aurait jamais trahis le Capitol. Jamais. Pour personne. Il aurait rêvé de coller une balle entre les deux yeux de Swain. L’altruisme de Nightsprings, elle n’y croyait pas une seule seconde, elle ne voulait pas y croire. Parce qu’il lui avait raconté ses méthodes, donner juste assez d’espoir, juste assez pour détruire un esprit faible qui n’avait plus qu’une étincelle à laquelle se raccrocher. Swain. Elle se raccrochait à Swain.
« T'étais plus là. »
Se justifier. Se justifier d’en aimer un autre, se justifier de ne pas avoir réussit à rester fidèle à un fantôme.
« Tu as baisé avec ce gamin. Adonis, il t’a rendu assez heureux ce gamin, pour que tu ne vienne même pas me dire que tu étais encore en vie ? Avant qu'il ne te baise lui aussi. Dans tout les sens du terme. T'es vraiment qu'un pauvre con Adonis. »
La colère était revenue. La jalousie aussi. Mal placée, destructrice. Un simple gosse, un putain de gosse à peine pubère qui avait tout détruit.
« Ca a toujours été ton problème Adonis, incapable de penser avec autre chose qu’avec ta queue. »
Elle savait qu’elle n’avait pas le droit de faire çà, pas le droit de lui imposer sa colère. Elle n’était pas en position de négocier, pas quand la vie de Swain tenait entre les mains d’Adonis. Pourtant, sa rancœur était presque incontrôlable, l’envie de lui faire mal, de lui faire si mal qu’il ne s’en relève pas. Comme elle avait faillit ne pas s’en relever. Le blesser comme son absence l’avait blessé.
« Alors qu’est-ce que tu en as à foutre maintenant que çà chauffe pour mon cul quand t’en avais plus rien à foutre y’a encore deux jours, connard. »
Elle ne bougea pas, immobile sur sa chaise, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine..
« Pourquoi ? » Sa voix n’était qu’un murmure, presque inaudible malgré le silence, malgré la neige aux alentours qui avaient arrêté le temps. « Pourquoi est-ce que tu fais çà Adonis ? »
Pourquoi revenir maintenant ? Pourquoi ne pas avoir envoyé tes hommes s’occuper de la besogne ? Elle planta son regard dans le sien, ses yeux qu’elle avait tant de fois observés, cet iris à la couleur changeante qu’elle s’était amusée à compter. Ses yeux dans lesquels elle avait vu la colère, le désir, la joie et la peine. Silk connaissait toutes les émotions d’Adonis, pourtant aujourd’hui, il lui avait l’air lointain. Un étranger, un pacificateur qui pouvait se montrer dangereux. Et qu’importe qu’il ait eut de la tendresse pour elle. Qu’importe qu’il lui ait confié un soir trop alcoolisée qu’il ne pouvait jamais coucher avec une femme sans penser à elle. Devant elle se tenait Adonis. Et elle ne savait pas quoi faire, à part le haïr si fort qu’elle pensait en perdre la raison, à part se dégouter elle-même des soubresauts de son cœur quand elle le regardait. Elle se leva, la chaise crissant légèrement sur le carrelage. Elle hésita un instant avant de faire un pas vers lui, puis un autre avant de lui faire face.
« Qu’est-ce que tu fais ici Adonis. Tu sais que c’est fini, que ces petits cons dehors finiront par me faire exploser la cervelle. Ils trouveront une raison de le faire. »
Elle hésita quelques seconde, suspendant son geste avant de poser finalement sa main sur le hostler attachée à sa hanche, caressant le cuir du bout des doigts. Elle observa sa réaction, sondant son visage pour le moindre signe … de quelque chose. Elle ne savait pas vraiment. Elle aurait simplement voulu savoir. Voulu lui cracher au visage, voulu lui arracher les yeux pour simplement la regarder avec ses yeux là. Il n’avait plus le droit. Elle fit sauter le bouton pression et sortit le revolver.
« Je sais qu’ils te demanderont de le faire. Tu es chef pacificateur après tout, c’est à toi que reviendrais l’honneur de tuer une gagnante sur la place publique Alors fait le maintenant, c’est du pareil au même au final. »
Elle lui pris doucement la main, effleurant ses doigts des siens avec douceur. Elle y déposa larme et referma la paume d’Adonis sur la crosse.
« Fais le Adonis, ca sera plus simple comme çà. Ensuite tu pourras le tuer lui. C’est ce que tu fais de mieux après la baise Adonis. Tuer. »
Elle s’approcha encore, collant son ventre contre le canon de l’arme. Si près de lui, elle pouvait sentir la tiédeur de son souffle, le léger gout de tabac qu’auraient certainement ses lèvres.
Il n’y a pas d’échappatoire. La vie au fond n’est qu’un cercle, un serpent qui se mort la queue. Personne ne peut s’en défaire, la finalité est toujours la même. Qu'importe ce que l'on fait, car tu es poussière et tu redeviendras poussière. On pense toujours avoir le temps. Ce n’est qu’une illusion. La vie n’est qu’une lubie éphémère où chacun se persuade qu’un jour il sera heureux. C’est une course sans fin, courir après un but pour la plupart des gens inatteignable. Il reste seulement une vérité immuable, nous sommes tous égaux face à la mort. Elle arrive un jour, et nous nous retrouvons réduits en l’espace d’un instant à l’état de cadavre. Un corps sans vie, une coquille vide. Silk avait passé la majorité de sa vie si proche de cet état qu'elle n'était pas certaine de se rendre compte de la différence le jour venu. C'était plus facile ainsi, ne rien attendre, ne rien vouloir, prétendre être en vie pour faire bonne figure. Elle n'avait jamais prétendu avec Adonis, il avait toujours su. Il ne s'en était jamais formalisé. Certaines personnes sont destinés à la froideur, à la rigidité de la mort mêmes lorsqu'ils sont en vies. Ils en faisaient partis, si semblable qu'ils n'avaient jamais réussit totalement à profiter de ce qui leur avait été donné. Douloureuse, brulante pourtant la passion qui arrivait parfois à animer leurs vie. Elle avait aimé Adonis, même la partie la plus bornée de son esprit ne pouvait plus le nier à présent. Son absence avait été trop douloureuse, la pensée de sa mort; une véritable agonie. Elle avait aimé Adonis et elle avait presque cru que ses sentiments avaient été réciproques. Jusqu’à ce qu’il en aime un autre et qu’elle le perde. Jusqu’à ce que Swain hurle son nom dans la pénombre, jusqu’à ce qu’elle panse ses plaies en même temps que les siennes. Oui, elle avait aimé Adonis, pourtant jamais ils ne s'étaient donné la peine de se le prouver, ils n'avaient jamais cru cela nécessaire. C’était étrange alors, que ce soit à cet instant qu’elle le lui dise.
« Je t’aimais tu sais. Mais tu ne m’as jamais laissé faire. »
Elle ferma les yeux et attendit le coup de feu qui ne vint pas.
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Sujet: Re: Empty chairs at empty tables [Adonis&Silk]