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Sujet: about today and tomorrow. ▲ RIDLEY. Mar 12 Fév - 22:44
Let my memories cry and fall down.
Astaroth regarda lentement autour de lui, les mains dans les poches. Au travers du masque, sa respiration sifflait. Petit bruit métallique, résonnance étrange et pour le moins hors du commun. Ce sont le faisait souffrir, rien qu’à le percevoir ; et pourtant, il n’avait pas le choix. Depuis vingt-trois ans, il l’entendait, et avait fini par s’y habituer. Même une respiration calme devenait bruyante. Il ne pouvait se cacher, il ne pouvait rester tapi dans un coin et se faire oublier. Il était imposant, carré. Des épaules larges, un physique que l’on n’oubliait pas facilement. Il était le monstre que tous se plaisaient à dénigrer, mais qui avait accepté tout cela depuis bien longtemps déjà. Et cet homme étrange et intimidant, presque repoussant, qui restait d’habitude cloîtré chez lui, à ne pas attendre une visite qui finissait toujours par arriver, était sorti, aujourd’hui. Pour la première fois depuis une éternité, il avait mis les pieds hors de sa routine, hors de son district. Il avait mis les pieds hors du Capitole, en pleine période des Jeux. Il n’était pas mentor, et n’avait en aucun cas la responsabilité des tributs du District Onze. Et pour tout avouer, il n’en pouvait plus de les voir mourir, et de ne rien pouvoir faire pour les sauver, chaque année. Alexiane et Phoenix se chargeaient des tributs de cette année. Et lui, le monstre, le vainqueur maudit, l’homme au masque, avait décidé de s’aérer la tête.
District Un, un après-midi simple, pour un temps simple. Un peu de soleil, quelques nuages. Et dans le crâne de notre homme, beaucoup de pensées se bousculaient, toutes reliées entre elle par cet étrange brume de douleur. Depuis la Moisson, ses cauchemars annuels avaient repris. Triste classique pour un vainqueur. Mais ceux d’Astaroth n’étaient que temporaires. Il revoyait sa Moisson. Puis, de temps à autres, il revoyait ses Jeux. Il n’était pas de ceux qui faisaient des mauvais rêves toutes les nuits, et qui se réveillaient sans cesse en sueur, dans un cri strident. Ses insomnies étaient bien présentes, plus que récurrentes, mais il avait pris l’habitude. Il avait sa bibliothèque, ses petits appareils électroniques qu’il s’appliquait à fabriquer quand la patience le prenait. Et il avait son sac de sable. Son grand amour. Le seul face à qui il pouvait se libérer, relâcher les chaînes qui l’entravaient perpétuellement. Il s’abîmait les mains, et s’en fichait royalement. Cela occupait ses nuits. Mais lorsque venait le temps des Jeux, c’était bien différent. Les cauchemars ne se multipliaient pas réellement. Les insomnies, elles, si. Elles avaient une cause, cependant. Et cette cause, c’était son masque. Son crâne. Sa douleur. Ses séquelles. Le sommeil d’Astaroth empirait, et ceci provenait essentiellement d’une douleur que même son masque ne parvenait plus à canaliser. La diminuer, certes, mais pas plus. C’était déjà bien. Il en avait conscience. Mais il n’en pouvait plus. Resserrer les sangles ne faisait plus rien. Il ne pouvait que se souvenir, à chaque seconde qui passait, qu’il portait ce masque. Cette chose, de métal et de matériaux étranges, qui l’empêchait de souffrir le martyr. C’était durant les Jeux où il prenait conscience de toutes ces foutaises, et de la haine sourde qu’il pouvait vouer à son masque. On le regardait différemment, au Capitole ; les gens se complaisaient dans leur frayeur à le regarder. Il était différent, il se détachait du lot. Tous les gagnants gardaient des marques évidentes des Jeux, notamment psychologiques ; la sienne était plus physique qu’autre chose. Et parfois, il aurait tout donné pour pouvoir enlever ce masque. Simplement l’enlever. Le poser à côté de lui. Et respirer normalement. Sans souffrir. Sans larmes coulant involontairement le long de ses joues, en réponse à ce brusque accès de douleur. Il aurait aimé pouvoir se sentir normal. Et actuellement, il ne voulait même rien d’autre. Juste respirer normalement. Avoir la chance de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres ; un sourire qui ne soit pas dissimulé et caché par cette chose hideuse. Astaroth ne souriait plus depuis longtemps, et ne s’en était jamais réellement rendu compte. Parce qu’au fond, il était persuadé que certaines choses pourraient le faire sourire à nouveau, souffler ne serait-ce qu’une minuscule brise de bonheur sur son cœur sombre et ses pensées morbides. Mais encore aurait-il fallu pour cela que son sourire serve à quelque chose. Que quelqu’un puisse le voir.
Une des mains de notre vainqueur sortit de sa poche, tandis qu’il toquait quelques coups rapides à la porte qui lui faisait face. Il n’avait plus l’habitude de rendre visite aux gens, et se sentait même profondément stupide à la simple idée d’être en train de frapper à une porte. Meuh bon, c’est comme ça les enfants, quand faut y aller faut y aller. Et en l’occurrence, il n’y avait qu’elle qu’il avait envie de voir ; qu’elle qui était capable d’éventuellement l’aider. Ridley. Modèle de caractère et d’idéaux bien fixés. Petite préparatrice en pharmacie, également. Il n’avait pas besoin de s’épancher en paroles pour qu’elle le comprenne, et l’inverse était vrai également. Sa compagnie n’était pas désagréable. Et elle pouvait trouver un médicament pour le soulager temporairement de sa douleur, il en était persuadé. Avec le masque uniquement, peut-être pour le moment, mais ce serait déjà bien. Il ne voulait plus souffrir. Il voulait pouvoir fermer les yeux, et reposer un instant son esprit harassé aux pensées rendues houleuses et confuses par la douleur permanente.
Lentement, le bruit de la porte pivotant dans ses gonds parvint aux oreilles d’Astaroth. Celui-ci ouvrit les yeux, sentant la vague de douleur revenir. Il posa ses prunelles sur la petite silhouette aux cheveux bruns, et cligna doucement des yeux. Un seul regard au fond de ses iris bleutés, et elle allait savoir qu’il souffrait le martyr. Mais il s’échina tout de même à dessiner un sourire sous le masque. Pâle, masqué par l’objet de métal, mais un sourire tout de même. « Je ne te dérange pas ? » Sa voix se voulait douce, mais elle était toute aussi effrayante qu’à l’accoutumée. À croire que c’était peine perdue. Il passa une main sur son front, le massant légèrement. « Sinon je repasserai. » Mais alors quoi ? Pourquoi était-il ici, s’il pouvait si facilement repasser plus tard ? Parce que c’était maintenant, maintenant ou pas du tout.
Il plongea à nouveau ses yeux dans les siens, le lui exprimant sans avoir besoin du moindre mot. C’était maintenant qu’il avait besoin d’elle, de sa compagnie et de sa précieuse aide. Il n’avait pas envie de tourner les talons. De repartir. Pas pour retourner au Capitole, à regarder des enfants se massacrer. Il voulait penser à autre chose. Et recevoir la visite d’anciens vainqueurs qui n’avaient que leur déchéance et leurs futurs cadavres comme sujets n’allait pas l’aider à se changer les idées. Ridley, elle, pouvait l’aider. Et c’était bien pour cela qu’il était là.
L. Ridley Coradane
△ correspondances : 1084 △ points : 0 △ multicomptes : ava, dely, dahlia △ à Panem depuis le : 30/12/2012△ humeur : massacrante, comme toujours △ âge du personnage : vingt-neuf ans △ occupation : préparatrice en pharmacie et occupée par quelques affaires rebelles quand on veut bien d'elle (c'est-à-dire pas souvent)
Sujet: Re: about today and tomorrow. ▲ RIDLEY. Jeu 14 Fév - 10:23
Le district Onze. Je n'avais jamais vraiment apprécié les districts les plus éloignés, parce qu'ils n'avaient éprouvé aucune gratitude envers le Capitole pour les conditions de vie que nos dirigeants nous offraient. J'avais entendu dire qu'ils étaient pauvres là-bas, mais il n'était pas non plus à l'agonie m'étais-je dis. Et pourtant, mes certitudes furent bouleversées lorsqu'on m'a attribué une mission – une corvée – qui m'avait obligé à me rendre dans le Onze, sûrement le district le plus horrible de Panem si l'on se fiait aux paroles de certains rebelles. J'aurais dû m'y fier puisque j'avais vu de mes propres yeux la misère de cette région. J'avais eu presque honte l'espace d'une seconde. Moi, d'une famille aisée, du district Un, et rebelle ? J'avais tout, il n'avait rien. Cependant, je faisais peut-être partie des rebelles les plus farouches alors qu'eux, habitants du Onze, n'avaient même pas la force de se rebeller, noyés par des charges de travail inhumaines. Mais cette pointe de culpabilité était partie aussi vite qu'elle était arrivée quand le souvenir de mon frère mort aux jeux m'était revenu. J'avais mes raisons de me révolter, et je n'avais pas à rougir de mes origines. S'ils n'étaient pas capables de se révolter, ils étaient soit trop faibles soit trop lâches, et je n'allais pas pleurer pour eux.
J'avais dû supporter là-bas des rencontres avec d'autres rebelles, tous aussi pitoyables les uns que les autres. Ils avaient des idéaux si stupides... comme si le Treize et sa présidente allaient nous sauver... Ils ne feraient que prendre la place du Capitole pour nous imposer une nouvelle tyrannie, c'était certain. On m'avait raconté le fonctionnement des souterrains, et franchement, ça faisait peur. Je plaignais les habitants de ce trou paumé, nous étions tous bien mieux là-haut ; nous avions peut-être un gouvernement autoritaire – comme eux au passage –, mais au moins nous avions le droit d'aller aux toilettes quand bon nous semblait, sans avoir à le signaler sur un emploi du temps. Bref, trêve de blabla, et revenons à ce pauvre district Onze. Parmi toutes mes vaines rencontres, on m'a présentée à un vainqueur des jeux. Un certain Astaroth Blackward. Comment ne pas le connaître ? Peut-être n'avais-je même pas cinq ans lorsqu'il avait remporté les jeux, mais tout le monde avait conté son histoire, et surtout celle de son masque. La plupart avait peur de lui, de cette brute comme ils disaient, ou pire, de ce monstre. Moi, j'avais pitié. Il avait eu de telles blessures lors des jeux que même le Capitole n'avait pas su le soigner correctement, c'était pour dire. J'avais rapidement compris ce que l'on attendait de moi, que je l'aide, que je trouve une solution à son problème. Avaient-ils réfléchi ? Certainement pas. Quelle partie n'avaient-ils pas compris pas dans 'le Capitole, ayant les meilleures technologies et avancées scientifiques, n'a pas réussi à soigner en totalité le vainqueur' ?
J'avais tout de même accordé un peu de mon temps au vainqueur qui semblait avoir un petit espoir. Petit à petit, sans vraiment expliciter nos pensées, nous avions fini par nous comprendre, et j'avais apprécié de ne pas sentir un regard lourd de jugements lorsque ma volonté de destruction fut mise à jour. C'est pourquoi je me jurai de faire tout mon possible pour aider cet homme qui, en plus d'avoir souffert dans une arène, devait subir des séquelles à longueur de jours, tout en supportant les regards des autres. Je n'avais peut-être pas les moyens des médecins du Capitole, mais j'avais plus de créativité, et j'avais été confrontée à toute sorte de dommages physiques qui enrichissaient chaque fois mes connaissances. J'espérais offrir à Astaroth quelques temps de répit, même si ce n'était que quelques heures, ou même quelques minutes. Je voulais réussir à enlever ce masque sans lui arracher les pires souffrances que je ne préférais même pas imaginer. J'étais retournée de rares fois dans ce district, tout simplement parce qu'on ne pouvait pas dire que c'était la porte à côté, mais aussi car les temps devinrent plus sombres, et mieux valait ne pas trop s'absenter pour ne pas être soupçonné de telle ou telle traîtrise envers le Capitole et nos dirigeants si merveilleusement merveilleux.
C'était un bel après-midi, en pleine période de jeux. Par chance, les pacificateurs étaient occupés ailleurs, si bien que je pris ma journée pour m'occuper des affaires de rebelles. Les attaques étaient prévues dès la fin des jeux, il nous fallait être prêts, les marionnettes du treize l'étaient en tout cas. On frappa à la porte. Qui pouvait-ce bien être ? J'espérais que ce n'était pas un de ces clients drogués qui ne pouvaient pas se passer de sa dose sans faire une crise de folie. J'ouvris la porte, et découvrit avec stupeur le vainqueur du Onze qui effrayait tous les gamins du coin. Un seul regard suffit pour m'indiquer la raison de sa venue. « Je ne te dérange pas ? » Si, mais bon j'allais faire avec. Enfin, non pas vraiment, j'étais bien contente de me débarrasser de mes obligations envers le groupe de rebelles du Un. Et revoir une personne que j'appréciais n'était pas pour me déplaire, surtout lorsqu'elle venait de loin. « Sinon je repasserai. » Quelle idée ! Comme s'il pouvait se balader tranquillement d'un district à l'autre, je n'allais bien évidemment pas le renvoyer d'où il venait. « Certainement pas, entre. » Je le pressai à entrer dans la maison. Un vainqueur d'un district étranger qui allait frapper chez quelqu'un, ça n'allait sûrement pas être bien vu par tous les corbeaux qui rôdaient. « Je ne pense pas que ce soit dans notre intérêt à tous les deux qu'on nous voit parler. » A peine avait-il passer la porte que je la fermai rapidement, en n'oubliant pas de la verrouiller pour éviter toute intrusion fortuite. Mais il était aussi évident qu'Astaroth n'était pas venu me faire coucou par courtoisie, il souffrait, et même un non initié à la médecine le remarquerait. « Je t'en prie, installe-toi où tu veux. » Si l'on ne me connaissait pas, l'on aurait pu croire que je n'avais rien à faire de l'homme présent tellement mon ton était neutre, quasi froid ; mais ce n'était que mon naturel. L'autre plus méprisant était réservé à d'autres, à ceux qui se rebellaient parce que c'est cool de tenir une arme, ou encore à ceux qui passaient leur temps à geindre. « Comment vas-tu ? Même si je me doute de ta réponse. » Ayant été confrontée à de nombreux malades, je savais qu'il ne fallait pas prendre cet air de pitié devant ceux qui souffraient. Et manifestement, c'était son cas. J'espérais pouvoir l'aider aujourd’hui.
Invité
Sujet: Re: about today and tomorrow. ▲ RIDLEY. Ven 15 Fév - 12:06
Crash, crash, burn, let it all burn.
Astaroth regardait Ridley, sans réellement broncher. Il avait honte de poser sur elle ce regard empli de douleur, mais n’avait pas envie de détourner les yeux. Pourquoi toujours fuir ? Il n’osait pas croiser le regard des gens, de peur d’y découvrir un jugement, qu’on le déteste encore davantage. Il avait ce masque, posé sur son visage, ce masque que les gens voyaient bien davantage que le reste de son être. Il suffisait d’un détail, pour que les gens soient obnubilés, et ne cherchent pas à connaître le reste. Les yeux, le reflet de l’âme. Eux seuls étaient capables de montrer chez le vainqueur toute la peine et la souffrance qui l’abritaient. Peu de gens étaient capable de déceler dans sa posture voutée et renfermée la douleur omniprésente qui faisait pourrir son cœur et son esprit. Il était indéchiffrable pour tant de gens, tous ces gens qui ne cherchaient pas à le connaître ni à le comprendre. Avec Ridley, c’était différent. Elle essayait de le soulager, de l’aider. Il n’avait pas besoin de chercher à se faire comprendre ; elle y arrivait très bien seule, pour la plupart des choses qu’il avait à lui dire, et même celles qu’il ne lui disait pas.
Lorsqu’elle l’invita à entrer, Astaroth sentit un poids s’ôter de ses épaules. Sans se faire trop prier, il pénétra dans la demeure, la laissant refermer la porte derrière lui, et la verrouiller. Il n’aimait pas être enfermé, mais n’y fit aucune objection, lui-même ayant la fâcheuse habitude de verrouiller à double tour derrière ses visiteurs, chaque fois que quelqu’un venait le voir. Il ne put s’empêcher d’y voir une similitude entre eux ; la méfiance. C’était parfaitement compréhensible. Un vainqueur du onze qui rend visite à une préparatrice en pharmacie du district un, c’était pour le moins inhabituel. Certes, en cas d’interrogatoire, ils auraient facilement pu servir l’excuse du masque, des remèdes qu’elle tentait de trouver pour lui ôter ne serait-ce que temporairement cette douleur affreuse. Cependant, tout le monde savait qu’Astaroth n’aimait pas particulièrement le Capitole, ni même les districts des carrières, qui lui servaient allégeance. Alors oui. Il valait mieux que les gens ne les voient pas. Et, lorsqu’elle eut traduit à voix haute ce qu’il pensait secrètement, il se surprit à sentir un léger sourire naître sous son masque. Il fit quelques pas dans la petite masure, simple. Le ton neutre de la jeune femme ne lui fit ni chaud ni froid. Il se posa dans un petit coin, restant debout, comme à son habitude. Même si cette fois il avait plus qu’envie de s’asseoir, et de tenter de serrer lui-même son crâne pour faire passer la douleur, il n’en fit rien ; il s’assiérait plus tard. Si l’envie lui prenait. Si elle acceptait de tenter de faire quelque chose pour lui.
Lorsqu’elle lui demanda comment il se portait, il sut immédiatement qu’elle connaissait la réponse. Peut-être pas dans son intégralité ; mais cela paraissait évident que ce n’était pas la grande forme. En pleine période de Jeux, il accompagnait deux adolescents du onze à leur mort. Et ses douleurs revenaient. Rien de très joyeux, en somme. Il n’était pourtant pas d’humeur à déballer son sac, pour changer. Les fois où il lâchait tout ce qu’il avait sur le cœur étaient rares, et il ne se souvenait plus de la dernière fois où cela était d’ailleurs arrivé. Elle avait dit elle-même qu’elle se doutait de la réponse, et il n’avait aucune raison de s’épancher sur le sujet. « J’ai connu des jours meilleurs. Et toi ? » Une simple manière de dire « non, ça ne va pas du tout. », sans pour autant subir le pire des interrogatoires, et réclamer l’attention. Il n’avait de manière générale aucune envie que l’on s’attarde sur son cas. Il résumait toujours ce qu’il pensait, allait au plus rapide, sans s’attarder sur les détails. Faire la conversation à ce colosse n’était pas une partie de plaisir, et il le savait. Il avait conscience que ça n’améliorait pas sa réputation de monstre, d’homme froid et violent. Mais au fond, même si le regard des autres lui faisait mal, et qu’il était bien incapable de s’en détacher, il avait appris à l’accepter depuis longtemps. Aussi incroyable puisse paraître pour un homme de son gabarit et de sa trempe, ce que pensaient les autres le faisait souffrir. Il n’avait pas pour autant décider de changer, mais il en souffrait. Ç’avait toujours été le cas, et il s’était résigné à essayer de passer outre tout cela. Il en souffrirait probablement toujours. C’était dans sa nature.
Soupirant doucement, Astaroth se résigna à s’approcher d’un fauteuil, et à y prendre place. Il se massa doucement le front, les yeux fermés, essayant vainement de rassembler ses pensées. Il se sentait à la fois heureux d’être venu ici, et à la fois stupide. Ce n’était pas dans ses habitudes de quémander de l’aide de la sorte. Et pourtant, c’était exactement ce qu’il s’apprêtait à faire. Honteusement, mais simplement. « Le masque ne me fait plus rien. » Il ne l’empêchait plus de souffrir, il ne servait plus de substitut à des médicaments pour la douleur. Astaroth avait l’impression que son crâne était fendu en deux, et que quelqu’un prenait un malin plaisir à lui enfoncer des aiguilles dans chaque petite parcelle restée indemne. Il pressa une main sur son front, avant de la passer sur ses yeux, pour masser doucement ses sinus. Il aurait aimé que tout cela s’arrête. Qu’il n’ait plus mal. Et à ce stade, elle était la seule à pouvoir l’aider. « J’ai beau le resserrer, je crois que c’est peine perdue. » Sa voix était sortie difficilement, tremblante, rauque, éraillée. Le fait d’en parler ne faisait qu’accentuer cette douleur. Et il savait qu’elle comprendrait. Les Jeux lui faisaient toujours cet effet ; peut-être le savait-elle, peut-être pas. Et dans les deux cas, il se retrouvait en train de souffrir. Il aurait pu enlever cette protection. Peut-être que ce serait revenu au même. Peut-être que cela aurait été pire ; il n’en savait rien.
Ôtant sa main de devant son visage, il plongea son regard fatigué, douloureux et abîmé dans le sien. Il aurait voulu s’excuser ; lui demander de pardonner son intrusion, et cette quête d’aide qui semblait si grossière et désespérée. Il était bien incapable de le dire. Mais il n’en avait pas besoin ; ses yeux l’exprimaient pour lui. Ses prunelles lasses de cette bataille perpétuelle, abattues, résignées à accepter la souffrance dans tous les cas. Pourtant, au fond d’elle, une petite lueur persistait. Une lueur qui, pour lui, valait bien toutes les peines du monde, toutes les excuses du monde, et tous les blâmes du monde si on venait à les surprendre. Une lueur d’espoir.
L. Ridley Coradane
△ correspondances : 1084 △ points : 0 △ multicomptes : ava, dely, dahlia △ à Panem depuis le : 30/12/2012△ humeur : massacrante, comme toujours △ âge du personnage : vingt-neuf ans △ occupation : préparatrice en pharmacie et occupée par quelques affaires rebelles quand on veut bien d'elle (c'est-à-dire pas souvent)
Sujet: Re: about today and tomorrow. ▲ RIDLEY. Sam 23 Fév - 18:51
La vie n'était pas simple ces temps-ci. Même au district Un. Particulièrement au district Un devrais-je dire. En disant cela je pouvais dorénavant entendre les plaintes des plus malchanceux des districts pauvres. Mais se rendaient-ils compte ce qu'était d'être dans un district de 'Carrières' ? Se rendaient-ils compte qu'à cause de cela, on m'avait prise pour une lâche n'ayant pas le courage de partir aux jeux après la mort de mon frère ? Se rendaient-ils compte que nous étions formatés dès notre plus jeune âge pour devenir des machines à tuer ? Je ne me plaignais pas des compétences apprises, ni des pensées endurcies ; je regrettais mon frère. Je regrettais celui que j'avais admiré depuis ma naissance, et qui avait péri dans un massacre. Et par-dessus tout, je me torturais à croire que cette mort était la meilleure issue possible. J'en avais croisé des vainqueurs, et tous avaient la même chose dans le regard. Il suffisait d'être attentif et de regarder assez profondément pour y contempler le miroir des horreurs vécues dans l'arène. La plupart n'y voyait que du vide, de la rage, ou de la fierté, j'y voyais ce que je n'aurais pas voulu retrouver chez mon frère. La mort. Le dégoût de toutes choses. On avait beau essayer de faire croire aux gens que certains vainqueurs n'éprouvaient aucun remord, ce ne devait être que des dérangés. J'avais eu là une très bonne idée en 'devenant lâche' pour éviter de faire partie de cette armée de morts-vivants, même si cela avait attiré les soupçons de mes instructeurs.
Je connaissais particulièrement bien l'un d'entre eux. Astaroth, district Onze et quelques surnoms peu flatteurs. De ses jeux, je n'avais vu que de succinctes rediffusions mais je connaissais tout ses douleurs. Un seul regard posé dans le sien suffisait à comprendre, et cela, chaque personne formée pour soigner vous l'affirmerait. Je ne perdis pas une seule seconde lorsque le vainqueur s'était présenté à ma porte, venant chercher de l'aide pour sa blessure 'de guerre' comme j'avais l'habitude de me dire, parce que ces jeux n'étaient qu'une guerre entre districts pour nous détourner de l'ennemi principal, le Capitole. Mais bien évidemment, je gardais cette expression pour moi, ne souhaitant pas accabler l'homme qui ne cherchait que du secours et non quelqu'un pour lui bourrer le crâne avec ses idéologies. Il n'allait pas bien, et semblait même au plus mal. Ce fut pourquoi je n'hésitai pas un instant à lui offrir mon hospitalité, ainsi que quelques soins si cela était dans mes cordes.
Je lui demandai comment il se sentait, sûrement par simple politesse puisqu'il était clair que la réponse ne serait pas positive. Pas la peine d'être devin pour le savoir. « J’ai connu des jours meilleurs. Et toi ? » Là encore sa question ne devait être que pur réflexe étant donné que je n'étais pas le sujet des inquiétudes, sans parler du fait que sa réponse n'était qu'un euphémisme. Astaroth allait mal, et il ne servait à rien de se demander pourquoi, il suffisait de le voir, il suffisait d'aller chercher plus loin qu'un simple masque qui lui barrait le visage. « Ça va bien, je n'ai pas à me plaindre. » En réalité, je devais avouer que je n'étais jamais dès plus heureuse pendant les temps de jeux. Tout cela me rappelait l'année difficile, il y avait maintenant onze ans. Mais bref, contrairement à d'autres, je n'étais pas à l'agonie, alors me plaindre aurait été bien déplacé, surtout devant le vainqueur. Celui-ci ne semblait pas décidé à prendre place sur l'un des sièges de la maison, assez sommaire pour le district Un, mais je n'étais pas du genre à décorer avec des paillettes et du rose partout, pas vraiment. J'avais d'ailleurs souvent peur que cela me porte préjudice, que tous ces détails assemblés – ma non-participation aux jeux, des goûts trop simples... – créent des preuves pour ceux qui souhaitaient me voir rayée de la liste des habitants. C'est pourquoi j'étais encore plus méfiante qu'à l'habitude avec la visite d'Astaroth. Il suffisait d'un seul regard trop insistant pour qu'on l'ait aperçu, et nous voilà soupçonnés de haute trahison et rébellion contre le pouvoir.
Le vainqueur finit par s'installer sur un fauteuil, et semblait très fatigué. Ou peut-être n'était-ce 'que' ses douleurs qui le tourmentaient. J'eus ma réponse bien vite, même si celle-ci ne m'étonna guère. « Le masque ne me fait plus rien. » C'était bien ce que j'avais redouté. Je n'avais pourtant toujours pas compris pourquoi le Capitole lui avait infligé ce genre de costume pour régler le problème de ses douleurs. Ils étaient les meilleurs médecins de tous le temps, alors pourquoi ne l'avaient-ils pas soigner ? Ou comment cela se faisait qu'ils n'aient trouvé aucun remède, même temporaire ? L'on m'avait donné là une lourde tâche, trouver la faille des médecins de la capitale, et j'avais beau faire les louanges de mes propres capacités, je ne pensais pas être en mesure de lui venir en aide. Pourtant, il le fallait, et j'avais quelques pistes. « J’ai beau le resserrer, je crois que c’est peine perdue. » Je le laissai exprimer ses douleurs. Après tout, la base d'un bon traitement était de savoir d'où venait le problème non ? Je n'avais pas la prétention de me croire médecin, tout simplement parce que je ne l'étais pas, mais j'en avais appris beaucoup sur les plantes médicinales et tout autre produit efficace pour les remèdes. Il y avait des standards, puis des plus artisanaux, et ça, c'était mon rôle. « Laisse-moi voir, peut-être qu'un élément s'est défait », même si j'y croyais peu. Mais bon, il fallait garder un peu espoir, sinon je devrais sortir mes tests qui n'étaient pas encore aboutis. Je regardai le masque d'Astaroth, sans y mettre les mains de peur de déclencher des douleurs encore plus insoutenables. Rien. Il n'y avait rien de déplacer. Rien de manquant, ni de défait. Le vainqueur avait donc raison. Son masque n'avait plus aucune utilité. Il fallait trouver une alternative. Très rapidement. Ce qui signifiait que je n'avais d'autre choix que de sortir mes préparations expérimentales, et possiblement inefficaces. « J'ai travaillé sur des remèdes depuis la dernière fois qu'on ses croisé, ils sont encore au stade expérimental et je ne sais pas s'ils seront efficaces mais... je pense qu'il n'y a pas d'autres choix ? Pour l'instant, le simple fait de toucher ton masque pourrait être douloureux alors... » Après tout, je n'allais pas le forcer à tester des préparations qui n'étaient probablement pas adaptées, mais si là était l'une de ses dernières chances de se débarrasser de ce mal, ne serait-ce que quelques minutes, j'en serais plus que satisfaite.