Le feu avait toujours eut quelque chose de fascinant. Elle n’en avait jamais eut peur, peut-être était-ce pour cela qu’ils avaient préférés la pendre. Elle ressentait encore la brûlure du fer chauffé à blanc sur sa peau, la douleur qui n’en finissait jamais. Elle entendait les cris depuis sa cellule, l’odeur putride de la chair brulée, les reflets ardents dansant sur le mur de la geôle pourtant, c’est avec une flamme dans sa paume qu’Azael avait finit par la convaincre. Elle savait que des guerres ancestrales avaient lieu, elle savait également qu’elle n’en avait rien à faire. Les gens pouvaient bien s’entretuer, le monde finirait par s’éteindre et les démons marcheraient sur terre. C’était Azael qui le lui avait dit. Alors, rien d’autre n’avait d’importance pour elle, tout le reste n’était qu’une distraction. Et lorsque les petites filles la frôlèrent pour entrer dans la maison, elle ne fit pas un geste pour les arrêter. Elles n’étaient que des enfants, puissantes pour leur âge, mais juste des enfants. Elle était bien plus intéressée par Lawrence et la main gantée qu’il lui tendait. Elle savait que sous le cuir se cachait la marque. Il était tellement humain que de penser qu’un simple accessoire vestimentaire pouvait camoufler une magie aussi puissante. Cela amusait beaucoup Gabrielle sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi. Elle ne lui serra pas la main, penchant légèrement la tête sur le côté. « Vous êtes quelqu’un d’étrange monsieur K. Lawrence et le plus intéressant, c’est que vous ne vous en rendez même pas compte. » Elle tourna la tête vers l’intérieur de la maison à sa remarque et fronça les sourcils. Non, ce n’était pas des invités. Si cela ne dépendait que de Gabrielle, elle fêterait le Sabbat comme elle l’avait fait les premières années de son errance avec Azael. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait de sacrifice, longtemps même qu’elle n’avait pas pratiqué vraiment sa magie. Elle haïssait les règles et les dictas. Mais c’était important, important pour Azael, alors elle s’y pliait. Il fallait se montrer discrets, s’intègrer dans la communauté et ne tuer personne parce que « Gabrielle tu ne peux pas arracher le cœur des gens parce qu’ils se sont garés devant le portail, tu vas attirer l’attention. » Elle suivit Lawrence dans la maison pour le guider vers la cuisine mais fut stoppée net par l’apparition d'Hiroko. Azael lui avait dit un jour que l’aiguille qu’on lui avait enfoncé dans le cerveau avait certainement fait des dommages irréparables sur sa glande pinéale (à l’époque, il n’avait pas parlé de glande pinéale, c’était les médecins dans cet horrible hôpital qui en avait parlé) et sur son cortex cérébral. Même la magie n’avait pas été capable de réparer çà, pas plus qu’elle n’avait pu atténuer les cicatrices. Azael disait que cela n’était pas si grave après tout. Qui a besoin d’une conscience lorsqu’il a le pouvoir ? Et Gabrielle n’avait rien trouvé à répondre à cela. Après tout, qui peut vraiment se vanter de pouvoir réfléchir avec un morceau d’aiguille planté dans le cerveau ? C’était la faute de l’aiguille. C’est ce qu’elle dirait à Azael lorsqu’il lui hurlerait immanquablement dessus. « Ceci est ma maison, espèce de vieille vipère et je t’interdit de me parler ainsi sous mon toit. » Les mots avaient été grondés, une mise en garde plus qu’une réelle menace. Mais les petites filles avaient peur et elle croisa le regard de Lawrence. La gazinière pris feu et il fallut quelques secondes pour que le système anti incendie se déclenche et que l’eau se mette à tomber du plafond. Elle sourit à Lawrence à travers les goûtes et la porte de la cuisine se ferma à la volée, enfermant l’homme et ses filles à l’intérieur. Les murs semblaient trembler autours d’elle et un vase ming contenant des chrysanthèmes bleues éclata sur un meuble. Elle entendait les cris et les mots autours d’elle, mais rien n’avait d’importance. Juste le battement du cœur d’Hiroko et sa main qui se refermait doucement. Et Gabrielle n’était peut-être pas la plus puissante, ni la plus disciplinée, mais la colère avait toujours été son alliée. Et les battements s’amenuisaient sans qu’Hiroko n’arrête d’hurler et tente en vain de répondre à l’attaque. Cela ne la tuerait pas, mais le processus était douloureux. Si douloureux peut-être que lorsque Gabrielle vola contre le mur, tombant sur le sol près de la porte d’entrée, elle ne put s’empêcher d’éclater de rire aux gémissements de la femme elle aussi prostrée sur le sol. Ce fut Agnan qui la releva, soutenant tant bien que mal son corps hilare. « Est-ce que j’ai perturbé ta méditation Hiroko ? Tu penses pouvoir participer au Sabbat ? » Elle se dégagea de l’emprise d’Agnan et chercha Azael du regard. Il était encore en haut de l’escalier, la main encore levé dans son geste. Elle comprit que c’était lui à l’origine de son vol plané et elle lui tira la langue. « Elle l’avait mérité tu sais. » Mais déjà Azael avait descendu le grand escalier. Elle se redressa, tentant vaguement de se calmer. Il lui jeta un regard dédaigneux mais s’arrêta tout de même à sa hauteur pour s’assurer rapidement qu’elle était indemne. « Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ? » Elle secoua négativement la tête, essorant ses cheveux mouillés. « Elle s’en remettra vite. » Il secoua la tête. « Je parle de l’humain qui est derrière cette porte et de ce qu’il a pu voir et entendre. A quoi tu pensais Gabrielle ? » Il soupira et après avoir secoué la tête et fait craquer ses cervicales, il planta un sourire si naturel sur son visage que personne n’aurait pu se douter qu’il y avait en dessous un monstre. Il fit signe à Agnan d’éloigner Hiroko et les autres nécromanciennes qui, attirées par la cohue, étaient entrées dans la maison et se tenaient immobiles devant la baie vitrée. Elles murmuraient entre elles et Gabrielle leva les yeux au ciel à la vue de leurs regards étranges sur elle. « Tu peux pas l’hypnotiser, ses filles sont des sorcières. » Après un dernier regard agacé envers sa femme Azael, ouvrit la porte et barra la vue de Gabrielle avec son corps. Avec la plus grande sincérité, il se mit à parler : « Monsieur Lawrence, vous me voyez extrêmement confus vis-à-vis des événements qui viennent de se produire. Je suis totalement abasourdit que la cousine de ma femme ait pu se comporter de cette manière avec vous et vos charmantes petites filles. L’alcool est un vrai fléau. Rien de ce que je pourrais dire ou faire ne saurait montrer mon embarras. Je suis Adam Moore, je ne pense pas que nous ayons eut l’occasion d’être présentés, je suis votre réussite depuis plusieurs années maintenant j’aurais aimé que nous fassions connaissances dans d’autres circonstances. » Il désigna le carnage alentour d’un geste et Gabrielle pu alors entrevoir Lawrence. Elle s’assit sur le sol, et contempla l’homme à travers les jambes de son mari.
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