C'est parti. Ca commence, enfin. Un frisson d'excitation me parcourt tandis que je pose ma tête sur l'épaule de Jeremiah. Il pense comme moi, je le sais. Le temps des Jeux touche à sa fin, la Révolte est lancée. Je me revois il y a quelques mois, assis les pieds dans l'eau, pensant à cette Rébellion, rêveuse. C'est enfin arrivé. Des années que je n'attends que ça.
"C'est pour de bon cette fois" je lance.
J'essaie d'être calme, mais le ton de ma voix me trahit. Je bouillonne de l'intérieur. Pour la première fois depuis des siècles, je suis heureuse. Jeremiah bouge, s'étend sur mon lit et m'entraîne dans sa chute. Il ébouriffe mes cheveux roux et pousse un soupire d'aise.
"Je l'espère."
Je le pousse avec mon pied et commence à rire. Un rire léger. Je ne pense qu'à cette liberté future, pas aux combats qu'elle entraîne. Je ne réalise pas encore que cette période qui nous attend sera sombre et dure. Je ne préfère pas y penser. J'éloigne ces images de mon esprit, ne pensant qu'à savourer. Savourer l'idée que c'est finit. Presque finit. Jeremiah rit à son tour. Je sais qu'il pense à sa famille, des purs pro-capitolistes.
"Ca va leur faire leur pied, à mes parents." Dit-il enfin, confirmant mes pensées.
"C'est certain. Ca va faire le pied à tout ces enfoirés de pro-capitolistes !"
Cette idée me fait jubiler. Je pense soudain à mon père qui attendait ce jour de pied ferme, puis à ma mère. Ah maman, tu n't'y attendais pas toi hein ? T'en voulais pas de cette révolte pas vrai ? Tu voudrais continuer à vivre dans ton petit confort en regardant chaque années des gamins se battre et mourir à l'écran ? J'ai honte. Honte car finalement je n'en sais rien de ce qu'elle pense, honte parce que les seuls mots que je me force à lui adresser sont futiles. Elle ne sait rien de moi comme je ne sais rien d'elle. Jeremiah me connaît si bien qu'il devine mes pensées.
"Tu penses à ta mère là, pas vrai 'Den ? tu fais toujours cette tête quand tu penses à elle."
Je le regarde du coin de l'œil et acquiesce. J'ai pas envie d'en parler. Pas maintenant. La révolte est lancée.