Katell & Shawn





- Tu devrais de dépêcher un peu plus... Et te torturer un peu moins l'esprit.

Shawn sursauta. Cela faisait une bonne demie heure qu'il tournait en rond dans sa chambre, essayant d'imaginer ce qu'allait être cette journée. C'était sans doute la première fois qu'il se sentait ainsi. Il était d'une humeur massacrante, n'avait pas réussi à fermer l’œil. Il ne pouvait arrêter de penser à ce qui l'attendait. Il répondit en grommelant, comme toujours, sans arrêter d'arpenter sa chambre.

- Oui, oui, je sais. Je vais y aller.

Sahara rentra dans la chambre de son fils et s'assit sur le lit à moitié défait, et lui fit signe de s'asseoir près d'elle. Shawn ne put s'empêcher de sourire. Il avait 27 ans, mais aux yeux de sa mère, il était resté le petit garçon de 12 ans. Pourtant, que pouvait-il dire ? Il avait besoin de ses conseils. Elle était toujours de bon conseil. Et il était perdu. Il n'avait personne d'autre à qui se confier, personne qui soit au courant de ce qui les liait Katell et lui. Et donc personne d'autre n'était à même de comprendre pourquoi ce matin, il avait tant de soucis, et ne cherchait qu'une excuse pour se boucler chez lui et ne plus voir personne. Alors Shawn vint s'asseoir à coté de sa mère, comme lorsqu'il était enfant.

- Katell a raison. Tu dois y aller, et montrer à Elliot l'homme que tu es devenu, l'homme prêt à le soutenir et à l'aider à tourner la page. Il doit souffrir de ne plus t'avoir à ses côtés pour l'aider.

Quelques jours auparavant, son père lui avait annoncé qu'il irait dorénavant travailler aux écuries des Zacharias. Les Blackwater et les Zacharias étaient très liés, le travail de l'un dépendait en partie de l'autre et vice versa, et ils se rendaient donc souvent des services. Thybalt Zacharias était ainsi allé voir son père, pour lui demander de lui "prêter" Shawn quelques temps. il avait reçu une commande importante, et aurait eu besoin de bras supplémentaires à l'écurie. Bien sur, William avait proposé que Shawn aille aux écuries des Zacharias donner un coup de main le temps qu'ils réalisent leur commande. Mais Shawn ne voulait pas y aller, et se réjouit guère lorsqu'il apprit la nouvelle.

- C'est trop dur... Je n'arrive pas à m'imaginer en face d'Elliot, que vais-je lui dire ? Il ne m'a pas adressé la parole depuis... depuis...

Shawn n'eut pas besoin de dire plus, ils s'étaient compris. Shawn et Elliot ne s'était plus adressés la parole depuis que Lizzie, sa soeur et la fiancée d'Elliot avait trouvé la mort lors des Jeux. Ces horribles Jeux. Ils avaient pris sa soeur, et ils avait même réussit à prendre son meilleur ami. Il se rappelait de ce jour là, comme depuis le début de la retransmission des Jeux, il était avec Elliot, attentif à chaque seconde, espérant voir le visage de sa soeur. Elle avait tenu si longtemps... Puis il y avait eu cet autre gamin du 4. Sa soeur avait été exécutée pour une histoire de récompense de sponsors. Et son monde s'était effondré. Elliot était rentré dans une rage insensée, et il avait du le retenir de s'en prendre à tout ce qui pouvait servir de responsable, tout représentant de ceux qui étaient derrière les écrans à jouer avec la vie d'adolescents. Il avait essayé de se jeter sur les pacificateurs en quête de revanche. Ils avaient roulé au sol, Shawn essayant de le retenir, alors qu'il ne désirait comme son meilleur ami, que de trouver un responsable, n'importe qui, et lui faire payer la mort de sa soeur. Elliot ne lui avait jamais pardonné.
C'est la main de sa mère sur la sienne qui le ramena au présent. Shawn secoua sa tête pour en faire partir ces images qui le hantaient suffisamment toutes les nuits.

- Tu es un homme maintenant Shawn. Tu as des responsabilités à prendre et à assumer. La proposition de Thybalt est peut-être la meilleure chose qu'il puisse t'arriver. Tu n'es même pas sur qu'Elliot sera là aujourd’hui. Ce ne sera pas une journée facile, c'est vrai, mais ensuite, cela ira mieux.

Thybalt... Le père de Katell. Il n'arrivait pas à imaginer quelle serait sa réaction s'il apprenait que Katell et lui... Mieux valait ne pas y penser, de toute façon, il était clair qu'il ne serait pas enchanté. Les deux familles avaient beau s'entendre à merveille, travailler ensemble et se rendre souvent des services, cela n'empêchait que Katell était la seule fille de Thybalt, et il devait surement espérer plus que le fils du boucher. Et il comprenait cela parfaitement. Lui même se disait encore parfois qu'il ne la méritait pas. Si belle, si douce et forte à la fois. Elle réussissait tout ce qu'elle entreprenait, et charmait quiconque croisait son chemin. Et pourtant, c'était lui, le fils du boucher, de dix ans son ainée, qu'elle avait choisit.

- Et de toute façon, tu n'as pas le choix. Si tu n'y vas pas, tu mettras ton père dans une position délicate, et tu te mettras dans une position encore plus délicate face à Thybalt. Et ce n'est pas ce que tu veux, avec Katell... Au contraire, tu tiens une occasion de te rapprocher de Thybalt, et tu en auras bien besoin au cas où...

Shawn répondit par un grognement sourd et pas réellement convaincu. Mais sa mère avait raison. Il allait avoir besoin de toute la sympathie de Thybalt qu'il pourrait trouver. Lui montrer qu'il était travailleur et capable de l'aider aux écuries, ou à ce qu'on lui confierait. Et surtout, renouer avec Elliot. Il ne savait pas s'il le voulait, ou s'il en était capable. Il avait terriblement peur de sa réaction. Ils ne s'adressaient plus la parole, s'évitaient comme la peste. Lui faire face, travailler avec lui serait terrible. Mais il devait le faire, pour Katell. Parce que les deux devaient renouer leur amitié si Shawn voulait épouser Katell, ou même simplement être avec elle. Il y pensait de plus en plus, mais Elliot et Zacharias étaient sans nul doute les obstacles les plus importants...
Enfin, Shawn était complètement perdu. Il ne voulait pas y aller, et n'arrivait pas à trouver le courage de franchir le seuil de sa maison.

Shawn était toujours plongé dans ses pensées lorsque l'on frappa à la porte. Sa mère, plus réactive descendit ouvrir alors que Shawn se levait péniblement. D'habitude, il était ravi de voir Katell -cela ne pouvait être qu'elle- à sa porte, mais aujourd’hui, cela signifiait qu'il devait partir, et avoir le courage d'affronter les Zacharias. Il arrivait dans la petite cuisine-entrée, où sa mère ouvrait la porte pour accueillir Katell, comme il le soupçonnait.

" Katell ! Rentre, je t'en prie. Shawn sera content de te voir, tu le convaincras peut-être que cette journée ne sera pas aussi dramatique qu'il ne le pense. "

Shawn pouvait voir que Katell était gênée et mal à l'aise. Personne ne savait pour eux, personne sauf sa mère, et il comprenait que se retrouver face à elle la mettait mal à l'aise. Shawn décida de ne pas en rajouter une couche, et vint simplement à coté d'elle, effleurant sa main avant de la prendre délicatement en échangeant un regard qui valait tous les bonjour du monde...
" Oh... Il n'a pas de raison de s'en faire, Elliot ne sera pas là. "
Shawn eut toutes les peines du monde à retenir un soupir soulagé. Cela ne changeait pas grand chose, il n'irait toujours pas à l'écurie des Zacharias de bon coeur, mais au moins, pour son premier jour, il n'aurait pas à gérer son meilleur ami en plus. Déjà, Thybalt ne serait pas une mince affaire. Il ne savait même pas comment il pourrait lui parler sans se trahir. Il se sentait tellement coupable, il avait l'impression qu'il lui volait sa fille, et derrière son dos. Il savait qu'il aurait du d'abord demander sa permission au père de Katell, c'est comme ça que les choses devaient se faire. Mais Katell était tellement plus jeune que lui, et lui n'était rien. Jamais Thybalt n'aurait accepté.

Après tout sa mère avait raison. C'était peut-être la seule chance et la meilleure qu'il avait d'amener Thybalt à voir qu'il était digne de sa fille et que s'il n'était pas riche ou influent au district, il était travailleur et ferait tout ce qu'il faudrait pour que Katell ne manque jamais de rien. Après un signe de la main à sa mère, il se décida enfin à passer le seuil de la porte, Katell à ses côtés. Il la sentait mal à l'aise, pour un premier face à face "officiel" entre les deux femmes, il ne voulait pas que Katell se retrouve trop mal à l'aise. Elle aurait le temps de se faire au fait que sa mère était au courant pour eux deux, et bientôt, elle serait aussi naturelle qu'avant avec elle. Et puis, du côté des parents de Shawn, tout le monde serait heureux de voir les deux si heureux... Alors que du côté de Katell... Shawn ne savait même pas ce qu'en dirait Eliott, mais il doutait qu'il soit vraiment content.

Le trajet parut durer une éternité. Shawn ne savait pas quoi dire, il avait surtout envie de prendre Katell dans ses bras, et de la serrer contre lui, de l'embrasser, de retourner chez lui et de s'enfermer avec elle. Tous les deux, seuls au monde, sans que personne ne vienne les troubler, sans qu'ils ne se préoccupent de l'avis de qui que ce soit. Tout serait tellement plus simple... Mais non, et rapidement, ils purent apercevoir les écuries des Zacharias. Soudain, avant d'arriver à destination, Shawn serra la main de Katell dans la sienne.

- Je vais le faire, pour toi. Tu verras, je vais tout faire pour que ta famille m'accepte, pour que ton père m'apprécie, pour qu'Elliot... puisse me regarder comme si tout allait bien entre nous, comme avant. Et on aura plus à se cacher Princesse, on n'aura plus à se cacher...

Il la regarda comme si c'était la première -ou la dernière- fois qu'il la voyait. Il pensait vraiment chacun de ses mots, peu importe si cela lui plaisait ou non, il allait travailler aux écuries, et prouver qu'il pouvait être l'homme qu'il fallait pour Katell. Bien sur, rien ne disait qu'il réussirait à s'attirer la sympathie des Zacharias au point qu'ils acceptent leur relation, mais du moins Shawn ferait tout pour que cela aille dans ce sens. Parce que pour elle, il pourrait tout faire. Peu importe son père, peu importe son frère, Shawn prouverait sa valeur. Il leur restaient bien des obstacles, le plus évident étant la moisson prochaine, sujet que Shawn refusait d'aborder de toute façon. Mais Shawn voulait espérer que le Destin leur réservait des jours meilleurs.



Spoiler:

the first step is the hardest

mais le courage est à l'épreuve de tous les maux

Bien souvent, le silence vaut de l’or. Katell avait beau être sereine avant de venir, penser accompagner Shawn pour le rassurer vis-à-vis de son père et ce qui l’attendait aux écuries, l’anxiété de son homme fini quand même par la contaminer. Surtout depuis le moment où Sahara lui a ouvert la porte. La mère de Shawn ne savait que depuis peu pour le jeune couple mais, elle semblait encaisser la nouvelle comme s’il s’agissait d’une évidence pour elle depuis toujours. Aucune remarque, aucun mot mal placé, même sans le vouloir. Sahara s’était toujours bien comporté avec Katell et, depuis, rien n’a changé ; si ce n’est que la mère de son seul amour la regarde désormais avec une pointe d’amusement et de nostalgie à la fois. Elle-même est passé par là dans sa jeunesse donc, les voir ainsi réunis et amoureux doit lui rappeler d’heureux souvenirs. Peut-être même lui font-ils penser à Lisbeth et Elliot, lorsqu’ils fricotaient devant leur maison en douce, sans savoir que Sahara les regardait par la fenêtre de la cuisine… Qui aurait pu imaginer que ces deux familles se réuniraient à nouveau, encore et toujours de la plus belle des manières qu’il soit ? Pendant le chemin, ni Shawn ni Katell ne prononcent un mot. La jeune fille est bien trop absorbée par des questionnements du genre pourquoi devrait-je changer de comportement envers sa mère, pourquoi nous cachons-nous déjà, si seulement ma famille pouvait réagir comme Sahara… Elle espère tellement pouvoir vivre et profiter de son bonheur avec Shawn que, la simple idée que tout le monde découvre leur manège par hasard la hante jour et nuit. Ce serait tellement plus simple. Alors que les écuries apparaissent au loin, son homme ralenti la cadence et, elle en profite pour se coller à lui, juste avant qu’il ne lui serre la main. « Je vais le faire, pour toi. » Cela lui arrache un sourire, elle aurait voulu l’embrasser pour le motiver d’avantage mais, elle n’en a pas le temps. « Tu verras, je vais tout faire pour que ta famille m’accepte, pour que ton père m’apprécie, pour qu’Elliot… » Un petit silence s’en suit mais, elle n’ose pas le couper par peur de blesser le temps qui s’est figé au tour d’eux. « …puisse me regarder comme si tout allait bien entre nous, comme avant. On aura plus à se cacher Princesse, on aura plus à se cacher… » Sur la pointe des pieds, elle prend son visage entre ses mains et s’approche doucement. A quelques centimètres à peine de ses lèvres, elle lui dit dans un murmure : « Mon père t’apprécie déjà, mes frères t’adorent et, moi… je t’aime tellement. » Elle l’embrasse, peu lui importe l’endroit. « Elliot n’a simplement pas fait son deuil et, c’est ta douleur –elle lui tapote la poitrine- qui t’empêche d’aller vers lui. Vous souffrez tous les deux mais, si seulement vous essaieriez de le faire ensemble… ce serait peut-être plus simple, à deux. » Elle a l’impression de se répéter encore et encore mais, chaque fois qu’elle prononce ces mots, elle y croit dur comme fer. S’ils essayaient de se tenir les coudes plutôt que s’éviter sans arrêt, ils n’en seraient surement pas là. Elle reprend la main de Shawn dans la sienne et l’invite à la suivre. « Tu ne seras pas en retard, promis. » Au son de sa voix, Shawn doit sans doute comprendre que Katell n’a aucune envie de se rendre aux écuries par le plus court des chemins. Faire des détours est la meilleure façon de ne pas trop se faire remarquer puis, cela leur permettra surtout de passer un peu plus de temps ensemble. Passant par derrière la maison des Breen, ils seraient isolés un instant des regards indiscrets, juste assez pour pouvoir se laisser aller sans craindre d’être vu par son père ou l’un de ses frères. Certes, la petite Mirage peut être dans le coin mais, Katell lui fait confiance et sait pertinemment que son amie est maligne et suffisamment discrète lorsqu’il le faut. Elle n’irait jamais crier sous tous les toits qu’elle a vu Katell et Shawn s’embrasser passionnément, à quoi bon de toutes façons ? Elle n’était pas une de ces commères qui peuplent le district 10, Mirage, elle vaut bien plus que cela. « Je viens avec toi. » Dit-elle en se retournant soudain, sans prévenir. « Je vais venir avec toi et tout avouer à mon père. On verra bien comment il réagira, je… » Non, ce n’est pas une si bonne idée et, elle le sait. Elle n’a pas besoin que Shawn le lui dise, un simple regard suffit. « Peut-être après ton premier jour alors… ? » demande-t-elle comme une enfant qui demanderait une sucrerie à sa mère. Obligeant Shawn à s’assoir sur l’un des paillers entassés là, elle se met à califourchon sur lui. Elle n’a pas envie qu’il y aille, elle n’a pas envie de le laisser partir. « Laisse-moi venir avec toi quand même… je ne dirais rien, je serais sage. » Mais son sourire taquin dit tout le contraire. Katell est incapable de rester plus de trois minutes avec Shawn sans lui sauter dans les bras. Certains diraient que ce sont là des gamineries mais, elle appelle cela de l’attirance simple et pure. L’embrassant encore, elle remercie le ciel de l’avoir fait quitter la maison plus tôt. Au moins, même si Shawn refuse qu’elle l’accompagne pendant sa journée, elle peut toujours profiter de lui un moment.

the first step is the hardest

mais le courage est à l'épreuve de tous les maux

Je peux comprendre sa peur face à mon père. Il n’a jamais été d’un air aimable vis-à-vis des voisins ou des autres habitants du district. A vrai dire, mon père n’a pas une très bonne réputation ou, du moins, on ne dit pas de lui qu’il est un homme bon ou gentil. On le connait plutôt pour ses sautes d’humeurs, sa voix qui porte loin et ses airs grognons qui font de lui on homme antipathique. Tous les enfants s’éloignent de son passage, toutes les femmes plaignent ma mère et, nous seuls -sa famille- savons à quel point mon père peut être doux et attentionné lorsqu’il le veut. Il n’a absolument rien de méchant. C’est juste qu’il ne sait pas se faire aimer comme certains en ont l’habitude. Lui, il ne fait pas d’efforts, il vit comme il l’entend, il dit ce qu’il veut et fait ce qui lui passe par la tête. Il ne se préoccupe pas des autres et, si cela peut paraitre égoïste… moi, je pense que c’est une de ses plus grandes forces. On ne peut pas l’attendre facilement mon père. Il est -presque- libre. Malheureusement, son caractère n’est pas qu’une force. Il refuse toute aide extérieure en général et, cette demande au père de Shawn m’inquiète un peu. Certes, je suis ravie de savoir Shawn travaillé avec mon père et mon frère mais, est-ce que nous commençons à avoir des ennuis ? Une trop grande commande nous demandera beaucoup de boulot et, faudra que mon père cède au partenariat du père de Mirage. Chose que l’horripile plus que tout. Je l’entends déjà crier dans les écuries, nous dire qu’il n’a besoin de personne, bla, bla, bla… « On verra, princesse. Mais n’en demande pas trop, je ne sais pas comment cela va se passer. » « Tout va bien se passer, t’inquiètes pas. » dis-je d’un ton doux et calme. « Il n’y a pas de raison… » « Ton père m’apprécie peut-être, mais c’est parce qu’il ne voit pas en moi un gendre potentiel ou un mari pour sa seule fille… » Le mot mari m’arrache une grimace. Shawn connait mon avis sur le sujet. Je ne me sens pas prête à assumer le rôle de femme au foyer et, avoir des enfants est une chose que je pense tout simplement inimaginable. Je ne pense pas que ce serait bon pour l’enfant de le laisser grandir dans la société qu’on nous impose au jour d’aujourd’hui. Je pense que ce serait égoïste de donner naissance pour ensuite abandonner l’enfant à son triste sort. Oui, parce qu’il faudra bien qu’on se rendre compte un jour : seul le Capitol a un sort durablement favorable. Ici, dans les petits districts, nous verrons toujours des enfants partir dans l’arène. Les familles n’ont pas fini de souffrir le martyre, nous n’avons pas fini de voir nos enfants partir à l’abattoir…

Je me raidis un peu, avant de me détendre à nouveau dans ses bras. « Laisse-moi venir avec toi quand même… je serais sage. » « Impossible, si tu es là, comment veux-tu que je me concentre sur quoi que ce soit ? » J’éclate de rire bien malgré moi. « Bah… tu n’auras qu’à imaginer la réaction de mon père s’il nous voyait là, comme ça. » Je suis sure que cela suffira à le refroidir d’un coup. Avec une carabine sous le nez, n’importe quel homme se tiendrait à carreaux, à moins d’être complètement fou. « Puis… cela nous permettra de passer la journée ensemble... » Je me blotti dans ses bras, comme pour l’inciter à céder à mon caprice. « …c’est si rare. »

Spoiler: