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 Do your hear the people sing ? [Noah & Silk]

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Silk Preston
DISTRICT 8
Silk Preston
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can you save me?
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MessageSujet: Do your hear the people sing ? [Noah & Silk]    Do your hear the people sing ? [Noah & Silk]  Icon_minitimeJeu 24 Jan - 4:53

Do your hear the people sing ? [Noah & Silk]  Tumblr_mg9tzwAZFo1rj3uj2o1_500


Aout 2310


Souvent, je me contente d’observer. Observer les gens autour de moi sans un mot, contemplant presque abasourdit ceux qui composent la faune du Capitol. J’ai longtemps pensé qu’ils étaient des êtres différents, des animaux mystiques si mystérieux et si étranges au point d’en penser qu’ils n’étaient pas tout à fait humains. Des couleurs et des odeurs si différentes, des visages et des formes si éloignées que j’ai parfois du mal à assimiler l’idée qu’ils sont tous de la même espèce. Que nous sommes tous de la même espèce. Si j’ai valu mieux qu’eux à une époque, ça n’est plus le cas aujourd’hui. Le Capitol est comme une maladie, un poison lent et mortel qui s’infiltre sous la peau de ceux qui sont assez faibles pour le laisser faire. Il détruit tout son passage. La personnalité, la force de se battre, l’envie même de le faire. Parce qu’il est tellement facile de se laisser tenter par tout ce qu’il a offrir ; l’oubli et les plaisirs rapides, la tranquillité d’esprit également, pour peu que l’on arrive à oublier sa conscience.

J’ai oublié la mienne il y a bien longtemps, j’ai délaissé les incertitudes et les accès de doutes au profit de l’indifférence. Je laisse le temps se dérouler sans m’en soucier, une lente monotonie uniquement perturbée par les jeux et ces moments passés au Capitol. Les lumières vives et les bruits sourds d’un peuple qui s’amuse de la mort de tous ces gamins. Une fête pour réclamer du sang pour se divertir, du sang pour opprimer. J’ai compris au fil du temps qu’en vouloir aux habitants du Capitol n’est pas la solution. Je pourrais les haïr autant que je me hais, haïr l’insouciance dont ils font preuves. Mais ils ne sont pas conçus ainsi, pour avoir de l’empathie, pour se soucier des autres. Ils ne connaîtront jamais la sensation de profonde impuissance à l’idée de voir ses tributs se faire massacrer ou l’amertume de n’avoir rien pu faire pour l’empêcher. Parce que rien n’est jamais assez. Une année de plus, une année sans victoire et sans gloire. Une édition d’expiation, les choses auraient pût être pire. Deux tributs oubliés aussi rapidement qu’ils étaient arrivés dans la lumière, deux enfants morts pour contenter les foules. Camille et Finnick, 12 et 18 ans, une petite fille et un simple d’esprit. Quelles étaient leurs chances de survie ? Aucunes. Le district 8 ne produit pas de gagnants. C’est le Capitol qui produit les gens comme moi.

Adossée au buffet, je les contemple encore. Ils sont étrangement calmes ce soir, mais je sais que la cause de ce soudain accès de sobriété n’est pas due à une quelconque prise de conscience. Ils sont simplement inquiets. Ils se demandent certainement ce que signifie tout cela, le message du district treize, celui que nous avons tous entendu lors de l’ouverture de l’arène. Il y a eu des messages, des annonces publiques du gouvernement pour minimiser la chose, mais les faits sont là. Le district treize existe toujours. Il y avait toujours eu des rumeurs bien évidements. Des allumées et des barjots qui racontaient à qui voulait bien l’entendre que le treize était encore debout, qu’ils préparaient leur revanche contre le Capitol dans le plus grand secret. J’ai toujours pensé que c’était des conneries. Un espoir auquel les gens désespérés s’accrochaient, parce que c’était le seul espoir pour eux de se sortir de leurs conditions, parce que c’était le miracle qu’ils espéraient. Pourtant, il semblerait que tout çà n’était pas que du vent, que les prophètes avaient raisons. Et tout çà me fout la nausée, car ce n'est encore qu'une illusion de plus, parce que rien n’ébranlera le Capitol, rien ne changera jamais, district treize ou non. Donner de l’espoir, laisser les districts espérer, planter les graines d’une rébellion qui ne mènera nulle part, c’est cruel, presque aussi cruel que ce que le Capitol fait subir aux districts. Et de quoi ont-ils peur au Capitol ? D’une nouvelle guerre ? Contre un ennemi qu’ils ont déjà anéanti par le passé ? Par des gens qui vivent dans les ruines irradiées d’un district détruit ? Par des mineurs de graphites ? Je rirais presque, du ridicule de la situation. Voir tous ces gens compressés dans leurs vêtements hors de prix s’inquiéter pour leurs misérables petites vies quand on crève dans les districts depuis soixante-quinze ans pour qu'ils jouissent de leur petit confort quotidien.

L’alcool qu’on sert ici n’est pas assez fort. J’observe le fond de mon verre vide d’un air dépité. Des cocktails colorés et des punchs acidulés. Certainement pas de quoi me donner la gueule de bois ni m’aider à supporter cette soirée. J’en viendrais presque à manquer l’alcool de grain importé du district 11 qui est pourtant l’une des choses les plus infectes avec lesquels j’ai pu me souler. C’est dire. Une aide serait la bienvenue, n’importe quoi. J’observe du coin de l’œil un gagnant, dont le nom m’échappe, tenter d’attraper avec ses mains la lumière d’une ampoule accrochée à l’énorme lustre orné qui pend au plafond. Ses traits tirés, sa peau cireuse et ses yeux vides. Morphling. Au moins, il passe une bonne soirée.

Le sénateur que j’accompagne… le sénateur qui m’a payée pour la soirée est encore en train de discuter à voix basse avec d’autres politiques à l’air soucieux. Il jette parfois un regard dans ma direction pour s’assurer que je suis encore bien là. Il a dû payer cher pour m’avoir, il ne veut pas que je lui file entre les doigts. Mon sénateur peut continuer ses discussions en paix, je ne partirais pas. Quinze ans d’expériences, je sais encore ce que je fais. Bien sûr je n’ai plus 20 ans et je n’ai plus autant la côte que toutes ces jolies filles et ces beaux garçons que je vois accrochés aux bras des plus fortunés, des accessoires de modes semblables à des diamants qu’on aime exposer. Mais je me débrouille encore. C’est la seule chose que je sais faire.

J’attrape une coupe de champagne lorsqu’un serveur passe à ma portée et le vide d’une traite. Je sais y faire, mais personne ne m’a jamais demandé d’être une lady. Je pourrais essayer, certainement, mais je n’en vois pas l’intérêt. Dans l’enchevêtrement de mes mensonges et l’entreprise de déconstruction systématique de moi-même que j’ai bientôt achevée, c’est bien une des seules vérités qu’il me reste. Je ne suis pas une femme éduquée du Capitol, je ne le serais jamais, et ce, même si je le voulais. Un bâtard reste toujours un bâtard même avec un joli collier. Il pourra prétendre, mais ne pourra jamais changer son statut. Mon statut à moi est simple et je me contente de m’y plier ; pantin. Je plante un sourire sur mon visage et laisse les gens faire ce qu’ils ont envie de me faire. Je me laisse acheter et cela ne me dérange plus comme cela pouvait le faire autrefois.

Je soupire longuement. J’aurais bien besoin d’une cigarette. Si mon sénateur me cherche, il saura où me trouver. Je me dirige vers le balcon avec lassitude, m’excusant aux quelques malheureux que je peux bousculer dans ma quête de nicotine. L’air frais est le bienvenu lorsque je passe les portes vitrées. Je ne sais pas comment font les gens au Capitol pour supporter ce genre de soirée tout au long de l’année. Quelques semaines par an ici et j’ai déjà envie de me pendre avec la ceinture de ma robe. Demain, je retournerais dans mon district, je prendrais le train et laisserais derrière moi les 75éme Hunger Games et toutes ces soirées interminables où je finis toujours sobre malgré mes efforts. Je porte une cigarette à mes lèvres et me dirige vers la rambarde. Je constate alors que contrairement à ce que j’ai pu croire, je ne suis pas seule sur le balcon. À perte de vue, les lumières du Capitol s’étendent sous nos pieds, partout dans les rues, des gens célèbrent la fin des jeux. Ils furent un succès malgré l’intervention du district treize et je sais qu’à l’intérieur tout le monde attend certainement de féliciter l’un des acteurs de cette réussite. Noah. Je m’appuie sur la rambarde à ses côtés.

« Tu essayes d’éviter d’Orube ? Je crois l’avoir vu en train de questionner un serveur pour savoir si le saumon est un légume. »

C’est mal, de me moquer ainsi de celle qui me laisse pour ainsi dire coucher avec son mari sous son nez sans rien dire. Mais après tout, la notion de bien et de mal est surfaite et Orube est maligne comme un pot de fleurs. Tout le contraire de Noah. Je lui souris et tire une nouvelle fois sur ma cigarette.

« Alors Monsieur le juge, quel bilan tirez-vous de ces jeux mouvementés ? »


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