Gemma K. Mubstin △ correspondances : 4141 △ points : 0 △ multicomptes : Ø △ à Panem depuis le : 16/04/2012 △ humeur : Floue. △ âge du personnage : Vingt-et-un △ occupation : Danseuse.
| Sujet: J4 ❖ The sun won't rise – Viha & Gemma Mer 15 Aoû - 0:12 | |
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Les bras entourant son ventre, Gemma attendait, les yeux levés vers le ciel. Elle avait marché tout l'après-midi sans s'arrêter, à la recherche d'un endroit où se reposer. Depuis deux jours, elle multipliait les blessures profondes, d'abord au ventre, maintenant à la cuisse. Il lui restait bien ses feuilles pour panser les plaies, mais elle ne tiendrait pas éternellement. Si elle voulait s'en sortir, il lui faudrait en finir avec ces Jeux le plus tôt possible. Cette idée lui avait paru idiote quelques jours auparavant, sortir vainqueur des soixante-seizièmes jeux de la faim ne lui avait jamais effleuré l'esprit lorsqu'il était question de ses plans de carrière. Et même après avoir été tirée au sort, elle avait eu du mal à accepter la victoire comme unique solution. Elle ne voulait pas mourir. C'était la seule chose qu'elle demandait. Le salut. L'argent, la gloire, elle s'en passerait bien, tant qu'elle pouvait vivre. Mais au fur et à mesure que les jours s'écoulaient, que ses adversaires mouraient, l'idée de gagner ne lui apparaissait plus aussi stupide. Chaque jour, elle avait compté les morts, chaque jour, elle avait tenté de dresser la liste des tributs encore en lice. Elle ne se souvenait pas toujours de leurs noms, ni de leurs talents, mais leur nombre, lui, elle le retenait. Ce soir, ils n'étaient plus que dix tributs en vie dans cette Arène. Dix personnes qui devraient mourir pour qu'elle survive. Cette réalité avait toujours été ancrée en elle. Depuis le début, elle n'avait jamais oublié le but de ces Jeux. Elle était prête à tuer, à jouer le jeu. Pourtant, alors qu'elle repensait à son premier meurtre, elle se surprenait à ressentir. Cela pouvait sembler absurde, formulé de la sorte, mais elle ne trouvait pas d'autre mot. Tuer Lily ne lui avait posé aucun problème. Pas une seule seconde elle n'avait regretté son geste. Cependant, elle ne se sentait pas à l'aise. Elle n'arrivait pas à oublier la flaque de sang qui entourait le cadavre, ou le crâne déformé par le coup qu'il avait reçu. Tuer ne s'était pas révélé aussi évident qu'elle le croyait. Elle avait besoin d'un peu de temps pour accepter la mort, se faire à l'idée de ce qu'il s'était passé. Retrouver son sang froid et aller de l'avant. Car ce meurtre ne serait pas son dernier, elle en était certaine.
Déchirant les ténèbres, l'hymne de Panem retentit soudain dans l'Arène. Gemma se redressa dans son sac de couchage – elle l'avait trouvé parmi les affaires de Lily – et ferma les yeux pour savourer la mélodie. Cette suite de note l’apaisait. Elle lui rappelait que tout cela – les Jeux, l'Arène, les combats – avait un objectif et s'inscrivait dans un schéma plus large. La lutte contre la rébellion, la consolidation du régime, le divertissement de la population. Ses blessures n'étaient rien comparées à ceci. Avec précaution, Gemma posa sa main sur son ventre, à l'endroit où le poignard de Frenchie avait pénétré sa chair. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais il lui semblait que la douleur s'était calmée. Elle prit une profonde inspiration et releva les yeux vers le plafond de l'Arène, où se dessinaient les visages des tributs morts au cours de la journée. D'abord, elle vit le portrait du garçon du cinq. Son nom ne lui revenait pas, mais elle se souvenait de son interview. Un malade. Voilà tout ce qu'elle se rappelait sur lui. Ensuite apparut le visage de Lily. Elle se força à le fixer jusqu'à ce que ses traits disparaissent, noyés dans le ciel étoilé. Oui, elle avait tué Lily Ann, l'alliée de Lucas. Les heures qui venaient de passer l'avaient aidée à faire le point et passer outre ses sentiments. En fixant les yeux de sa victime, Gemma parvenait à rester neutre. Comme lorsque le visage de Fenugreek était apparu, au soir du premier jour. Elle savait qu'il était un incapable, et que sa mort figurerait surement parmi les plus stupides auxquelles Panem ait jamais assistées. Mais un petit rien s'était tortillé en elle. Elle connaissait ce garçon, et il était mort. La même chose se produisait aujourd'hui avec Lily. Cette fois néanmoins, elle était prête, et le petit rien resta immobile.
Une fois l'hymne terminé et l'arène redevenue sombre, Gemma s'allongea. Elle gardait contre elle toutes ses affaires, à l'intérieur du sac de couchage, au cas où un tribut profiterait de son sommeil pour l'attaquer. La bouteille de Lily, qui ne contenait plus qu'un quart d'eau, frottait contre son genou, et elle l'envoya valdinguer au fond du sac pour ne plus sentir la morsure glacée de la neige qu'elle avait tassée dedans. En à peine quelques minutes, Gemma s'endormit. Elle fut réveillée par une série de bruits. Ils étaient légers, signe que la personne ou l'animal se trouvait encore loin. En temps normal, Gemma ne se serait pas réveillée, mais depuis son entrée dans l'arène, sa paranoïa la faisait s'animer pour un rien. Et elle lui en était reconnaissante. Rapidement, elle s'extirpa de son sac, qu'elle roula en boule avec toutes ses autres affaires à l'intérieur du sac à dos jaune. Une fois celui-ci sur ses épaules, elle quitta son abri de fortune et après avoir consciencieusement effacé toute trace de son passage, se remit en route. Plus elle avançait, et plus elle mettait en doute ses perceptions auditives. Le vent pouvait très bien être à l'origine de ces bruissements. Il n'était pas bon de s'activer aussi vite dans son état, elle aurait du être moins pressée et prendre le temps d'inspecter ses blessures. Mais l'angoisse d'un danger à proximité gommait ses regrets. Elle avait sans doute déjà trop dormi. Tous les tributs devaient être à l'affut désormais. Rester immobile était une très mauvaise idée. Elle continua d'avancer sans prendre gare à la direction qu'elle prenait. Tant qu'elle restait dans la forêt, elle arriverait à trouver de quoi manger. Ce n'était donc pas si grave. Ses jambes la portèrent pendant une heure ou deux puis, alors qu'un brouillard commençait à se former autour d'elle, un craquement derrière elle la fit sursauter.
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