This is the story of my life

« Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. » ► RIMBAUD

Dis maman, pourquoi tu pleures ? Dis-je du haut de mes cinq ans en levant le regard vers ma génitrice. Son regard bleu était coloré de rouge. Je sentais ma gorge se nouer devant cette femme que j’ai toujours connue forte. Aujourd’hui, elle était agenouillée dans la terre, les mains sur le visage et les épaules secouées de sanglots que nul ne pouvait arrêter. Je n’étais qu’une enfant mais je savais au fond de mon cœur qu’elle avait besoin de moi pour aller mieux. Indécise, je me suis finalement laissé tomber à ses côtés pour poser ma tête sur sa frêle épaule. Immédiatement, ses bras se sont resserrés autour de mon corps et ses cheveux d’un roux flamboyant sont venus me chatouiller le visage comme des milliers de plumes qui s’envoleraient dans les airs.
Je noie le passé ma chérie. Me répondit-elle en me berçant comme elle le faisait avant. Un doux chant emplit mes oreilles et me ramena à la dure réalité, à cette terre qui s’enfonçait dans ma chaire et qui salissait nos vêtements. J’ai redressé le visage pour essuyer du bout du doigt l’eau qui coulait de ses yeux. Je suis là maman. Je ne veux pas que la pluie inonde tes yeux.
Le soir, papa ne rentra pas. Il ne reviendra plus jamais. Est-ce pour cela que ma maman pleurait ce matin ? Je n’en savais rien. Pourquoi ? Mes yeux se sont tournés vers ma génitrice qui s’est immédiatement arrêtée de cuisiner, me répondant avec un sourire qui, pour mon âge, ne me semblait pas forcé. Il est parti vers des contrées lointaines ma chérie. Puis elle me tourna de nouveau le dos. A ce moment-là, j’ai su que ma vie allait changer et que je n’en connaîtrai pas plus sur son départ.

Tu m’as menti ! Éclatais-je en arrivant dans notre cuisine. Papa n’est pas mort comme tu me l’as fait comprendre quand j’étais petite. Il est devenu Pacificateur ! Ma mère s’est retournée comme si elle avait été mise au ralenti. Son regard oscillait entre mon visage furieux et la lettre que je tenais entre mes mains. Un soupir s’est échappé de ses lèvres tandis qu’elle s’appuyait au plan de travail pour me faire face. Écoute Dany je … Commença-t-elle mais je n’avais pas envie de l’entendre. Je ne voulais pas écouter ses explications. Tu sais qu’il comptait pour moi. Il demandait à me voir et tu lui as refusé ce droit. Tu n’as pas de cœur, je te déteste ! Je sentais les larmes me brûler les paupières. Evelyn McCawley s’approcha, les bras tendus mais je reculai pour l’éviter. Pour échapper à son regard blessé. Elle l’avait fait pour mon bien mais à cet instant-ci, je voulais la rendre responsable de ma tristesse de ne pas avoir de paternel. Je dois aller à la Moisson. Et je me suis échappée de l’atmosphère de cette maison. De toute façon, je reviendrais après. Je ne pouvais pas être tirée pour ma première sélection, ce n’était pas possible.
Daenerys Shae McCawley !
Tous les regards se tournent dans ma direction. Mes oreilles bourdonnent, le sang bat à mes tempes. Ce n’est pas possible, je ne peux pas être tirée au sort. Et pourtant, c’est bien moi puisque mon visage s’affiche sur l’écran. Je déglutis avec difficulté en avançant vers le promontoire, complètement stone. Je ne reviendrais jamais chez moi. J’ai quitté ma mère sur des mots blessants, jamais je ne me le pardonnerai …

Les coups de couteaux, du sang qui éclabousse et tache ta mémoire à tout jamais. Voilà ce que j’ai retenu de ces Jeux. Je n’étais pas la plus combattive mais sûrement la plus rusée. Celle qui savait rester immobile comme un chat et attaquer dès que l’oiseau arrivait entre ses griffes. Je tuais sans le vouloir, j’enlevais la vie juste parce qu’il fallait que je survive. Je guettais, frappais et courais. Pour échapper à des poursuivants parfois imaginaires. J’étais rapide pour mon âge. Agile aussi. Cependant, je n’écopais pas aux incendies provoqués et autres fantaisies de ce genre. Je garde quelques cicatrices de cette horrible semaine. Des brûlures, des coups de couteaux. Et pourtant, je suis là, à vous parler de ma vie. Vivante, joyeuse et mentor du District 4. J’ai été accueillir à bras ouverts lorsque les soixante cinquième jeux furent achevés. Lorsque ma lame se planta en plein milieu du front de l’adversaire qu’il me restait à abattre. Mais les cauchemars se font fréquents et me donnent, presque chaque soir, des sueurs froides.