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Sujet: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Mar 29 Mai - 12:14
chapter II i hear my father telling me to be brave. i am brave.
Une escorte de Pacificateurs nous traîne en direction de l’Hôtel de Justice. Les gens qui croisent notre chemin ont une expression désolée. Une vieille dame se signe. Ils savent pertinemment que notre famille porte le mauvais œil, attire les calamités. J'entends des murmures dans notre dos. Ce n’était pas son frère, l’an dernier? Un autre sort, je crois que c’est elle qui a chanté à la Tournée du Vainqueur, et un vieil homme marmonne, ce jeune homme a beau avoir de l’argent, il est loin d’avoir le bonheur. Je frissonne devant tant de regards, même si je me force à garder un visage de pierre. Comme les statues des anges dans le cimetière. Indéchiffrable.
Amelya nous suit dans notre chemin, mais se fait barrer la route avant de pénétrer dans le bâtiment. Je lui adresse un pâle sourire. À moins de vouloir un entretien avec l’un des tributs, personne ne peut entrer. Nos chemins se séparent ici, avant que nous n’entriions dans le train. Elle se dérobe calmement, même si je la soupçonne de ne pas être très à l’aise de nous laisser seuls avec les forces de l’ordre auxquelles nous désobéissons quotidiennement.
Je ne suis jamais entrée dans l’Hôtel de Justice. Le maire est un inconnu à mes yeux, tout comme les juges et autres membres de la hiérarchie législative, et tous les registres à signer peuvent se faire au Marais, ce qui m’épargne un énième voyage de trois jours. Je suis donc plutôt surprise lorsque le Pacificateur pousse les portes et en révèle l’intérieur. Mais pas dans le sens où on l’entendrait. Le genre de surprise que nous avons en découvrant une couleuvre dans ses tiroirs, disons. On dirait que tous les pires décorateurs d’intérieur de Panem ont tenu conseil afin de trouver l’idée la plus minable possible. Si l’architecture gréco-romaine du bâtiment est splendide, exploitant le marbre blanc et noir avec élégance, les statuettes purement agaçantes d’animaux marins souriant et dansant me plombent le moral encore plus, alors que je croyais cela virtuellement impossible. On aurait dit que les lieux ont été fondés afin de rendre les futurs participants particulièrement violents. Je comprends mieux pourquoi Zoé a pu survivre aussi longtemps.
Au bout d’un couloir aux murs peints en un bleu criard qui me donne un sérieux mal de tête, le chemin se sépare en deux, une allée d’un blanc argenté et l’autre d’une couleur d’océan en tempête, l’un des premiers choix de couleur que j’approuve. Bien que j’aurais préféré la tempête, on m’emmène au fond du corridor argenté, alors qu’Aloysius va dans celui plus sombre. Je remarque qu’il semble absent, comme s’il s’échappait de la dure réalité que nous affrontons.
On me pousse dans une pièce luxueuse, et on verrouille la porte diaphane. Des rayons de soleil gris poussière s’immiscent dans ce qui s’avère être une salle complètement vide, qui semble à l’abandon depuis un an. Ce qu’elle est, en fait. Zoé s’est retrouvée ici il y a exactement trois-cent soixante-quatre jours. J’ai un pincement au cœur en y pensant. De petits claquements contre la fenêtre grillagée révèlent que la pluie s’est mise à tomber au dehors. Je me hisse par-dessus un calorifère qui semble mort depuis des siècles et observe au dehors. La vie a repris, déjà. Des gens se pressent de rentrer chez eux avant que l’averse ne devienne diluvienne. Ils regarderont les reprises des autres moissons. Fêterons l’année supplémentaire donnée à leurs enfants oh si chanceux. Et encourageront mes mains à briser le coup de jeunes de mon âge. Je sursaute quand la porte s’ouvre sur mon père. Je me précipite entre ses bras, et le serre le plus fort que je peux, jusqu’à en avoir le souffle coupé. Il doit me trouver tellement horrible. Le laisser seul, ici. Une larme échappe à mon contrôle et glisse sur ma pommette, et je m’empresse de l’essuyer avant qu’elle ne laisse trop de traces. Il me repousse tendrement et me fixe droit dans les yeux. Il a les mêmes iris de la teinte du sirop d’érable que Jessie et moi. Je remarque pour la première fois à quel point ses cheveux argentés, peignés vers l’arrière, le rendent beau et font s’illuminer son regard. Bien qu’il semble triste, une expression de résignation se peint sur son visage, mais également de fierté.
-Sagitta…
-Papa…
Il me donne un baiser doux et réconfortant sur le front, et j’ai la sensation que mon cœur subit un déluge. Pourquoi ai-je fais ça? Comment ai-je pu oser? Il n’a plus personne d’autre que moi. Et je l’ai laissé seul. Complètement seul. Je me sens atroce, monstrueuse.
-Ma fille… murmure-t-il en contemplant mon visage trop pâle. Je t’en prie, écoute moi. Je suis fier de toi.
Je tente de réprimer ma surprise. Je m’attendais plutôt à des supplications, un sermon sur mes choix égoïstes et à des pleurs en vue de ma mort prochaine, pas à des congratulations. Je le fixe, sans comprendre.
-Je ne connais personne capable d’un acte d’une telle grandeur. Je te connais assez pour savoir que ce n’était pas un geste délibéré, et j’admire le courage que tu portes en ton cœur et qui n’a jamais été mien (il sourit légèrement, un sourire mélancolique et fatigué). Tu ne sais pas à quel point je peux t’aimer. Tu me fais penser à ta mère.
Mon cœur est gorgé d’eau. Je me fais violence pour retenir mes larmes, mais il est de ces choses qu’aucun être humain, pas même la plus insensible des anges de pierre, n’est capable d’arrêter. Mon père essuie le coin de mon œil gauche, me libérant d’un peu du voile humide qui couvre ma vue. Dehors, la pluie croit et balaie le monde de ma présence, comme pour nettoyer la vie que j’ai pu passer dans les environs et l’envoyer sous terre.
-Il y a dans sur Terre des grandes choses. Des endroits merveilleux, des gens fantastiques, des héros. Ces personnes sont à l’égal des dieux, car même si leur vie porte un destin sinistre, ils trouveront toujours un moyen de renverser la situation et de montrer aux esclaves du malheur qu’il y a des bons dans ce bas monde. Je suis terriblement heureux d’avoir pu en connaître un, et que ce héros soit ma propre fille.
Il caresse ma joue de sa grande main de pêcheur. Je serre les dents à m’en briser la mâchoire, mais je ne peux pas jurer que je pourrai tenir très longtemps. Déjà, j’ai l’illusion d’être sous la mer dans ma vision est brouillée. Mon père m’agrippe les épaules, et je me sens faible et fragile devant ce géant à l’âme déchirée. Il fouille dans la poche de sa veste de cuir et retire un petit objet argenté, qui tient dans la paume de ma main, et il l’y insère.
-Je comptais l’offrir à Jessie l’an dernier. Tu vois, on se le transmet de père en fils depuis des générations. Mais je crois qu’il te revient de droit. Apporte-le avec toi dans l’Arène, et montre un peu l’étoffe qui fait de toi une vraie Chase.
C’est un briquet d’argent, à l’ancienne, qui semble ancien et endurci. J’ai la nette impression qu’il a traversé maintes épreuves avant d’arriver à moi, bien plus que toutes les personnes que je connaisse. Sur l’une des faces, un croissant de lune en forme de C est gravé, et de l’autre, un lion rugissant.
-M… Merci, je souffle.
Mon père effleure mon menton et puis se retourne, avant de se raviser, comme si il oubliait quelque chose. Son regard devient confiant, assuré, et je me sens plus forte.
-Sois brave.
-Je suis brave.
Un sourire en coin étire ses lèvres, et une lueur de malice illumine ses yeux ambrés. Je ressens une joie immense. C’était le genre de sourire qu’il arborait en permanence du temps où notre famille était entière, joyeuse, simple. Je serai brave, je le jure. Un Pacificateur ouvre la porte et annonce que les trois minutes qui lui étaient attribuées sont écoulées. Sans réfléchir, j’arrache la broche de ma robe vermeille et lui fourre dans la main.
-Comme ça tu auras de quoi t’accrocher à maman et à moi en tout temps.
Une lueur de joie intense se lit sur son visage, et il sort de la pièce grise et sombre où je suis, seule. Je regarde par-dessus mon épaule et vois la pluie lourde qui s’abat sur le District Quatre, comme si le ciel protestait contre tant d’injustices. On ne peut rien y faire, mon vieux. Dans ce monde, on ne choisit pas, on subit.
Soudain, la porte s’ouvre à la volée, m’arrachant un sursaut.
Dernière édition par Sagitta S. Chase le Mer 13 Juin - 6:22, édité 4 fois
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Mar 29 Mai - 15:10
Mes yeux me brûlent, ma gorge est si serrée que j'ai du mal à respirer. Je me tiens pourtant droite, bien droite, le regard à l'horizon. Mes mains se tordent, ma bouche tremble, et mon coeur menace d'exploser. Je regarde la porte. Je la fixe, plus précisément. J'ai vu le père de Sagitta y entrer il y a quelques minutes. J'aurai voulu lui parler, lui dire quelque chose, le rassurer, apporter mon soutien ou quelque chose comme ça, mais les mots sont restés dans ma gorge, bloqués, et je suis restée un peu plus loin, cachée derrière une des colonnes de l'hôtel de ville. J'aurai voulu que Jeremiah soit avec moi, qu'il m'accompagne au moins, qu'il soit là. Je sais qu'une fois que je serais sortie, lorsque j'aurai étreint ma meilleure amie pour la dernière fois, j'exploserai. J'ai peur. Trop peur. J'aurai du me porter volontaire. J'aurai... Putain. Je repense à May, pourquoi avait-elle accepté bon sang ? pourquoi... bordel.
Je compte dans ma tête le nombre de secondes avant que M. Chase sorte. 56, 55, 54, 53, 52... Je tremble, je crois. Ma tête tourne. Je sens le sang battre mes veines. 10, 9, 8... Je respire. Un pacificateur me pousse, fait sortir l'homme. Je n'ai même pas le temps de voir son visage. Le pacificateur me pousse sans ménagement à l'intérieur. "Cinq minutes, pas plus." me lance t-il avant de refermer la porte. Je lève les yeux. Je vois Sagitta. Ma vue se brouille, et je frotte violemment mes yeux avec mes poings pour ne pas pleurer. Je n'ai pas le droit. J'ouvre mes bras, et me jette sur elle. Je la serre fort contre moi, le visage enfoui dans sa chevelure brune. Lorsque je romps l'étreinte, je pose mes mains sur ses épaules et la regarde dans les yeux. Je dois faire vite.
"Sagitta, écoute moi"
Je renifle, respire.
"Tu peux gagner, je sais que tu le peux..."
Je sens les larmes me monter aux yeux, et je ravale un sanglot. Lorsque je reprends, ma voix est forte, calme, enfin, je l'espère.
"Je compte sur toi, on s'est entraînées toutes les deux, tu sais chasser, tu... t'es intelligente Sagitta, je sais que tu t'en sortiras !"
J'ai envie de lui parler encore, de la prendre dans mes bras, j'ai envie de rester avec elle, et ne jamais la laisser partir. Je pense à Alo, son cousin, et je sais qu'elle ne pourra pas le tuer. Lui non plus, il ne la touchera pas, j'en suis sûre... J'ai peur bordel. J'ai envie qu'elle gagne, il faut qu'elle gagne.
HJ : je sais c'est hyper court, mais vuala
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Mer 30 Mai - 1:52
i hear my father telling me to be brave. i am brave.
Ayen débarque en trombe, violemment poussée par un Pacificateur que je foudroie d'un regard assassin. Il la traite comme une vulgaire poupée de chiffons, il se fout éperdument du sort qui attend mon cousin et moi, et sûrement se fout-il également de tous ceux qui nous ont précédés. Si ce n'était de l'entrée de ma meilleure amie et de la porte qui se referme sur lui, je serais allée lui refaire le portrait.
Mes yeux me picotent lorsque je vois le visage boulversé d'Ayden. Elle ne pleure pas, mais je me sens encore pire que si j'avais assassiné un enfant. J'ai l'impression horrible d'avoir trahi tous ceux qui tenaient à moi. Mais je ne pleure pas non plus. Je me bat contre moi-même, j'ai l'impression de devoir arrêter une tempête à mains nues, mais je ne pleure pas. Je ne dois pas céder. Soudain, nous nous jetons toutes les deux littéralement dans les bras de l'autre. Je la serre fort, craignant la voir glisser et disparaître à jamais. Elle rompt notre étreinte au bout de quelques temps, puis me tient les épaules, me fixant droit dans les yeux, et je remarque alors à quel point les siens sont bleus.
-Sagitta, écoute-moi.
Elle inspire difficilement, je la darde ardemment.
-Tu peux gagner, je sais que tu le peux.
Moi? Gagner? Elle plaisante. Elle dit cela pour me rassurer. Je sais à quoi ressembleront les tributs du Un et du Deux. Il y en a qui habitent ici-même. Des titans, des montagnes de muscles qui sont capables de tuer à mains nues. Qui ont étudié depuis toujours à quel endroit faut-il frapper pour que leur ennemi se vide de son sang, un autre pour le paralyser le temps de le torturer pour un meilleur spectacle. Des filles rapides comme l'éclair, magnifiques, et dont une seule inattention de votre part vous condamne à recevoir une épée dans le ventre. Je n'ai aucune chance face à eux. Je suis petite, maigre, et de plus mon caractère me mettra plus en danger qu'autre chose. Même pendant la préparation, où nous devrons séduire les habitants du Capitole, je serai inutile. Je n'ai pas l'air d'une gagnante. Des cernes prononcés poussent sous mes yeux, j'ai un teint cadavérique et des petites taches de rousseur traversant mon nez et des lèvres rosées qui me donnent plus l'air d'une enfant innocente que d'une tueuse.
-Je compte sur toi, on s'est entraînées toutes les deux, tu sais chasser, tu... t'es intelligente Sagitta, je sais que tu t'en sortiras !
Quelque chose change en moi. Elle a quand même raison. Bien que je ne sois pas imposante, j'ai plus de chances que la plupart des tributs venant des districts pauvres. Oui, je sais chasser, je sais survivre. Avec un arc, je suis meurtrière. Peut-être que la porte ne m'est pas complètement fermée. Mais je lui dois au moins ça. Ayden a toujours été là pour moi.
-Je te promets. Je te promets que je ferai tout pour rentrer.
Je ne suis pas le genre de fille à abandonner rapidement, de toute façon. En fait, un défi lancé me pousse plutôt à tenter de le surmonter. Quelque chose d'inattendu se met à murmurer à mon oreille. Serait-ce... la confiance?
Mais ils me l'arrachent. Les agents de la paix, dont celui qui risque sa vie, me retire ma meilleure amie, avant de me laisser à nouveau seule dans la pièce froide et sinistre. Mon espoir se crève un peu, et la pluie qui tombe maintenant en trombes donne un aspect dramatique à la scène. Je me surprends à parier sur quelle goutte glissera le plus vite sur la fenêtre, comme lorsque j'étais enfant. J'aurais bien aimé avoir un enfant avant de mourir...
Dernière édition par Sagitta S. Chase le Sam 2 Juin - 20:53, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Sam 2 Juin - 15:22
Tout était allé très vite après le tirage des garçons. Dolce avait assisté impuissante au spectacle qui s'offrait à elle. Elle avait regardé Sagitta entrer dans le grand bâtiment, et avait perdu lentement tout espoir de la revoir. Elle avait cherché des solutions sans cesse, en vain. Puis elle avait réalisé que le départ n'était pas immédiat. Elle pourrait lui parler, elle le savait. En un rien de temps, elle se retrouva dans le bâtiment. Les visites avaient lieu à ce moment même. Et si elle savait qu'il était impossible de retenir Sagitta, de l'empêcher de partir -c'aurait été tout simplement stupide, et elle avait eu sa dose de stupidité pour les six mois à venir-, elle tenait à la voir au moins une fois avant son départ. Elle voulait lui souhaiter bonne chance, lui hurler dessus, lui en coller une, la serrer dans ses bras et lui donner des conseils. Des trucs qu'elle avait appris, du fait d'être une carrière. Et même si Sagitta ne pouvait pas les voir en peinture, ce dont elle avait besoin était le soutien de l'un d'eux. Dolce se trouva face au pacificateur qui lui rappela les règles. Elle ne l'écouta même pas, fit semblant, ayant tout simplement envie de lui en mettre une. Mais elle se retint parce que, très honnêtement, ce n'était ni le lieu ni le moment pour faire son show. Non, ce qu'elle voulait c'était voir Sagitta. Alors elle se plia au règlement. Lorsqu'il la ferma enfin, elle dut attendre une minute à peu près, puis il lui ouvrit la porte. Elle n'attendit pas plus longtemps et s'engouffra sans prendre gare à qui elle bousculait au passage. Elle fonça vers la brunette qui se tenait vers le fond de la pièce. Un milliard de pensées différentes et totalement opposées lui traversèrent l'esprit. Mais elle pointa le doigt vers Sagitta, tout en se jetant presque sur elle. D'une voix forte, avec colère, elle lui cria, menaçante : « T'as intérêt à gagner, sinon je te jure que je te tue ! » Sa voix manqua de se briser sur le dernier mot qu'elle prononça, mais elle réussissait toujours à contrôler ses émotions. Dolce n'était pas la fille la plus émotive de la Terre, et avoir passé une vie à se contrôler aidait largement. Mais elle sentait que sa gorge se serrait par moment. Elle soutint le regard de Sagitta, intensément, ne la laissant pas se défiler, l'éviter. Dolce ne comprenait toujours pas pourquoi la brunette avait fait ça, mais elle s'en fichait royalement. « Tu es stupide, Sagitta Chase » souffla-t-elle soudain, d'une voix plus faible qui lui ressemblait moins. Dolce-Rocksane Anderson se mettait à donner des leçons de conduite. Où allait le monde ? La situation était risible. Et pourtant, Dolce ne souriait pas. Pas comme elle le faisait pendant la Moisson. L'arène lui vint en tête, comme un flash. Elle ne sut pas pourquoi, ou comment, mais ça lui vint. Elle n'était pas du genre à anticiper. Dolce était d'une contradiction choquante. A la fois violente, agressive, presque égoïste, et en même temps, elle se sentait forcée d'aider les gens. Et en pensant à l'arène, elle se demandait même si elle-même serait capable de tuer sans raison. Bien que son quotidien était fait de bagarres stupides, et d'élans de colère envers de pauvres petits innocents qui n'avaient rien demandé à personne. Peut-être que si elle avait été mise dans cette arène, elle n'aurait tué personne. Ou bien, elle se serait transformé en monstre, en machine à tuer. Parce qu'elle était les deux à la fois. Et Sagitta... Dolce ne la connaissait pas assez pour dire clairement ce qu'elle ferait et ce qu'elle ne ferait pas. Elle connaissait une fille bien, mais après tout, les gens changent dans cette arène. « Tue-les tous » lança-t-elle alors soudain, presque agressive et menaçante. Ce n'était pas vraiment elle, elle n'aurait jamais ordonné à une amie de tuer 23 ados. Et pourtant elle le fit. Mais elle comptait sur Sagitta pour comprendre ce qu'elle voulait dire par là... Sagitta devait comprendre que sa pensée était bonne, que ça voulait dire "Bats-toi et ne laisse pas tomber, et reviens". Elle devait comprendre que Dolce ne pensait pas comme tout le monde, ne s'exprimait pas comme tout le monde. Que son langage était codé, que ses phrases étaient sèches, froides, barbares. Mais ça partait du meilleur des sentiments.
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Sam 2 Juin - 20:50
i hear my father telling me to be brave. i am brave.
J'ai à peine le temps de formuler ces pensées que la porte s'ouvre à la volée, laissant entrer une véritable furie. Les cheveux blonds de Dolce sont en bataille, ses yeux ont rougi, et je comprends qu'elle a dû pleurer, même si elle ne me l'avouerait jamais. Elle se fige droit devant moi et me darde avec hargne. Mon amie lève un doigt fin en ma direction et elle profère, d'une voix tremblante:
- T'as intérêt à gagner, sinon je te jure que je te tue !
Si je n'étais pas aussi bouleversée, si je n'étais pas aussi troublée, je lui aurais peut-être fait la remarque qu'il sera plutôt délicat de me tuer si je ne gagne pas, mais pour le moment, je reste plantée là, muette, ne sachant que faire. J'ai honte. J'ai honte. Oh ciel j'ai honte. Je me sens coupable de tout ce que j'ai pu faire. J'aurais envie de me laisser mourir, mais je n'ai pas le droit. Il m'est interdit d'abandonner. J'ai l'impression qu'une tonne de plomb m'est tombé sur les épaules. La pression est insoutenable.
- Tu es stupide, Sagitta Chase.
- Dolce...
Je suis confuse. Je ne comprends pas. Pourquoi? Je ne m'attendais pas à des propos aussi venimeux. Mon contrôle est sur le point de m'échapper. Non, non, non! Je ne dois pas faiblir, absolument pas, surtout maintenant, alors que rien n'est encore fait. Pourtant, une telle accusation me prends violemment au dépourvu. J'ai envie de fuir, de fuir le plus loin possible, mais je sais bien que je ne pourrai jamais. Il y a des barreaux aux fenêtres, et la porte, en plus d'être gardée, est verrouillée. Et de toute façon, où irai-je? Je n'ai pas d'autres choix que d'affronter mon destin, si effrayant peut-il être.
Soudain, Dolce se radoucit, et l'atmosphère se détend légèrement. Mon coeur se serre, et malgré mes efforts, une petite larme, une seule, roule sur ma joue droite. Je serre les dents, empêchant d'autres de fuir comme je ne le pourrai pas, et mes jointures blanchissent tant j'enfonce mes ongles dans mes paumes. Je cherche de l'air le mieux que je peux, et si mes poumons s'emplissent, elle est sifflante et désordonnée.
- Tue-les tous.
Soudain, elle me sert dans ses bras. Fortement. Je lui rend son étreinte, et nous devenons des naufragées luttant contre la force des vents et des tempêtes. Dolce me relâche, m'adresse un dernier regard, et elle me laisse là. Le monde devient comme de la mélasse, et je suis portée par des vents imaginaires. Je voudrais tant que tout ceci soit un mauvais rêve. Mais je sais trop bien que c'est la réalité, que peu importe les espérances que j'ai, ce sera encore et toujours cette sale réalité.
Spoiler:
Bon, c'est vraiment court, je suis désolée Mais j'avais un peu perdu la foi après la disparition de tout et puis il faut avancer
Dernière édition par Sagitta S. Chase le Mar 5 Juin - 1:54, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Lun 4 Juin - 17:40
Dolce voyait le visage de Sagitta se décomposer sous ses yeux. Elle se disait qu'elle y était allé fort, après tout. « Dolce... » Elle lui lança au visage ce qu'elle pensait, lui fit remarquer sa stupidité, lui ordonna de tuer tous les autres sur un ton ferme. Puis, soudain, tout retomba. Son cœur lui faisait mal, réellement. Elle fut submergée par une vague de dégout pour elle-même, se haït dès cet instant. Elle venait de débarquer dans cette pièce et de presque menacer Sagitta. Elle n'avait pas le droit de faire ça. Pour qui se prenait-elle ? Qui lui donnait le droit de se conduire de cette façon ? Si Sagitta s'était portée volontaire, elle devait bien avoir une raison, et ça, Dolce ne pouvait rien y faire. Et puis, elle devait être assez paniquée comme ça. Dolce ne se comprenait même plus. Elle fit un pas en arrière, et soudain la douleur dans sa jambe se fit aigüe, comme pour la ramener à la réalité. Elle grimaça de douleur et serra les dents, le temps que ça se calme. Dolce se détestait. Ces entretiens servaient à encourager, rassurer, se dire de belles choses avant d'être séparés et que l'un de nous ne se retrouve dans cette boucherie qu'on appelle les Jeux. Et pourtant, Dolce était incapable de tout ça. En réalité, elle n'avait même jamais montré un grand amour pour Sagitta, et elle n'aurait pas avoué qu'elle éprouvait de l'amitié pour elle. Leur relation avait été différente, et même à cet instant, alors que Sagitta s'apprêtait à partir pour l'arène, Dolce était incapable de lui montrer à quel point elle tenait à elle. Du moins, elle le faisait, mais à sa manière. Et tout à coup, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas envie de voir Sagitta partir, qu'elle ne voulait pas qu'elle meure. Elle refusait de la regarder expirer sur son écran de télévision. Elle lui manquerait, si il lui arrivait quelque chose. Mais Dolce croyait en elle, et elle pouvait gagner. Elle et Sagitta, elles avaient ça en commun. Elles étaient des survivantes. Dolce fixait son amie, car elle la considérait enfin comme telle. Elle tentait de paraître indifférente, toujours et encore. Elle vit une petite goutte couler, le long de la joue de Sagitta, descendre dans son cou. Dolce se pinça la lèvre. C'était qui au final la plus stupide ? Elle eut envie de rire, de se moquer de sa propre imbécilité. Elle n'était pas capable de voir le bien avant qu'il ne lui soit arraché, et ça avait toujours été le cas. C'était seulement dans les derniers instants qu'elle se rendait compte d'à quel point elle avait besoin de ça. Elle avait besoin de Sagitta, parce qu'en un an, elle avait appris à l'aimer, presque comme sa petite sœur. C'était peut-être la seule fille du district quatre à laquelle elle tenait, sa seule amie. Ce n'était pas n'importe qui. Ressaisis-toi, Dolce. Sagitta n'est pas encore morte. Elle survivra, elle va survivre. Elle reviendra. Dolce tentait de s'en persuader. Mais elle était de nature pessimiste, même si en façade, elle avait l'air de toujours voir la vie comme si c'était un jeu d'une grande simplicité et dans lequel on ne pouvait pas perdre. Elle regarda Sagitta, puis se jeta sur elle et la serra dans ses bras une fois pour toute. Ce fut bref, mais intense. Dolce n'était pas très expressive, et la seule personne qu'elle avait serrée dans ses bras auparavant était Améthyste. Oh non Dolce, ne pense pas à Améthyste maintenant. Pas maintenant, plus jamais. Une boule se forma dans sa gorge. Elle n'avait pas envie de laisser partir Sagitta, mais elle n'avait pas le choix. Elle voulut lui dire quelque chose, un message, un souhait, lui dire bonne chance. Mais non, elle n'avait pas envie de dire quoi que ce soit. Elle déposa ses lèvres sur son front pendant un très court instant, le temps de lui laisser un baiser. Elle ne se reconnaissait plus, depuis une semaine, elle n'était plus elle-même. Enfin, si, mais une version exagérée d'elle-même. Plus folle, plus sadique, plus perverse, mais aussi plus affective. Plus attachée aux autres. Elle ne réfléchissait plus, agissait sur l'instant. Elle sentit les larmes monter. Oh Dolce, depuis combien de temps n'as-tu plus pleuré de larmes sincères ? Elle fit un pas en arrière et monta sa main à sa bouche, comme pour cacher son inquiétude. Sa main tremblait. Légèrement, mais tout de même. Elle croisa le regard de Sagitta, brièvement, ses yeux se remplissant de larmes. Elle ne voulait pas pleurer, et encore moins face à qui que ce soit. Alors elle lui adressa un signe de la main en guise d'au revoir, et tourna les talons. Dolce marcha d'un pas rapide et mal assuré, traînant légèrement sa jambe derrière elle, puis passa la porte sans un regard pour son amie qu'elle laissait là. Elle avait l'impression d'exploser, et personne n'aurait le droit d'assister à sa chute. Elle rasa les murs des couloirs à toute vitesse, fonça presque dans la porte des toilettes. Elle déboula là-dedans comme si c'était une alerte à la bombe. Il n'y avait personne. Elle poussa précipitamment la première porte de cabine qu'elle trouva et vida son estomac dans la cuvette. Elle toussa, encore et encore, puis se mit à sangloter. Elle se laissa tomber sur le côté et resta assise au sol, adossée au panneau de bois qui séparait les cabines, se penchant parfois pour laisser le reste de son repas sortir, puis les larmes coulaient sans qu'elle ne se préoccupe de la tête qu'elle pouvait bien avoir. Il fallait que ça sorte, que tout ça sorte. Elle avait besoin d'évacuer toutes les merdes de la semaines, qu'elle avait gardées enfouies au plus profond de son être. Il fallait que ça sorte.
Spoiler:
C'était very super good, je t'assure Bon, du coup, je t'ai encore répondu parce que je voulais en même temps conclure la Moisson avec Dolce
Zoé E. Williams
△ correspondances : 320 △ points : 0 △ multicomptes : Amarinda C. Carter, D. Aileen Carter-Lewis (RIP) △ à Panem depuis le : 23/06/2011△ âge du personnage : 19 ans
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Mer 6 Juin - 19:43
Il fallait que je le retrouve. C'était la seule pensée cohérente qui existait encore dans mon esprit après avoir appris la disparition de Jessie. La capture de Jessie. Je ne voulais pas imaginer où il était, ni ce qui lui était arrivé... Ni ce qu'il devait subir en cet instant. Torture. Ce mot rebondissait dans mon esprit, me rongeait, me minait le moral. Imaginer Jessie, suspendu au plafond par des chaînes... Imaginer ses bourreaux, leurs fouets, leur fer chauffé à blanc, ou pire... Imaginer ses cris... Non, c'était insupportable ! Depuis le temps qu'il avait disparu... Il pouvait être n'importe où. Blessé, hagard, agonisant. Mort. Non, pas mort. Je refusais d'envisager cette éventualité. Mon Jessie, immobile, les yeux clos, froid comme la glace... Non, cela ne ressemblait pas à l'image que j'avais de lui. Je me souvenais d'un homme plein de vie. Je me souvenais de la chaleur de ses mains… de ses lèvres. Je posai un doigt sur mes propres lèvres, comme si je pouvais y retrouver la trace de notre baiser. Je fermai les yeux et me laissai submerger par le souvenir des sensations qui m'avaient assaillie alors. La chaleur et la douceur de sa bouche...Ses bras autour de ma taille...Et la certitude, douce et simple, que j'étais en sécurité à cet instant. Maintenant, il était parti. Parti. Peut-être pour toujours. Un sanglot me secoua, et je cachai mon visage dans mes mains. John eut la délicatesse de ne rien dire. Cela faisait deux jours que nous étions au district 4. Deux jours qu'on me surveillait comme une criminelle afin que je ne fasse pas de bêtises. Deux jours qu'on m'interdisait de sortir, qu'on m'accompagnait même jusqu'aux toilettes de peur que je réussisse à m'enfuir. J'étais encore toujours surprise que Coin m'ait permis de revenir dans mon district natal. Oui, nous en avions discuté pendant longtemps, mais elle avait cédé trop facilement. Elle m'avait permis d'accompagner le groupe qui sillonnait les districts dans l'espoir de retrouver des rebelles capturés. Dont Jessie. Mon meilleur argument était sans doute que je connaissais bien Jessie. S'il était à moitié dans les vapes, ou conditionné, ou blessé, me voir le rassurerait certainement et faciliterait les choses pour les rebelles. En plus, je m'étais comportée de façon exemplaire, ces derniers temps. Pas de crise de colère. Ni d'angoisse. Et je m'étais bien entraînée. Pourtant, Coin aurait dû me refuser ce boulot. Tout le monde savait que je serais un danger pour mon groupe. Peut-être avais-je gagné son respect en prenant son collègue stupide en otage afin d'avoir le droit d'aller sauver Jessie ? Ou peut-être... Peut-être était-ce simplement une solution de facilité pour se débarrasser de moi. Pour ne plus avoir de problèmes avec moi au district 13. Une façon de jeter un outil devenu inutile mais dangereux sans devoir se salir les mains. Coin en était capable.
En tous cas, quel que soit le plan de Coin, il n'avait pas encore marché. Je m'étais déjà rendue dans plusieurs districts, et tout s'était bien passé. Bon, d'accord, la plupart du temps, je faisais le boulot le moins dangereux, ou je restais en arrière. Mais au moins, je faisais quelque chose, et j'étais fière de moi. Maintenant, au district 4... Je voulais rendre visite à mes parents. Et à mes amis. Sagitta, par exemple. Mais on me l'avait interdit. Notre chef avait même menacé de m'assommer ou de me tirer une balle dans la jambe si j'essayais. Alors, patiente, j'attendais mon heure, vautrée dans le vieux canapé. Aujourd'hui, c'était la moisson, et nous ne pouvions pas sortir à cause des Pacificateurs qui patrouillaient partout. Je me sentais... Bizarre. Il y avait à peine un an, je me tenais sur ce podium. Un an déjà. Un an que j'étais partie pour l'enfer. Je soupirai et me levai. Aussitôt, neuf paires d'yeux se braquèrent sur moi. « Je vais chercher un verre d'eau, c'est tout. » Grommelai-je, mais John se leva quand même pour m'accompagner. Pendant que je buvais, j'entendis, de loin : « Les filles d'abord. » Mon estomac se contracta, et je décidai de rester dans la cuisine jusqu'à ce que ce soit terminé. Je me bouchai les oreilles pour ne pas entendre le nom du tribut féminin. Après ce qui me sembla une éternité, John me toucha doucement le bras. Je hochai la tête, finis mon verre et sortis de la cuisine.
Un choc. Un choc tel que je n'en avais plus eu depuis que j'avais revu Jessie. Je la voyais. A la télévision. Sur l'estrade. Moissonnée. Non, volontaire. Bordel, qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle ne devrait pas...Non. Pas elle. Pas ma meilleure amie. Pas Sagitta. Je m'arrêtai net, et John se cogna à moi. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Me demanda-t-il, de mauvaise humeur. Comme je ne répondais pas, il me prit par le bras pour m'obliger à lui faire face. « Erinys ? » Je secouai la tête, comme un pantin. Soudain, je me sentis très calme, et je sus ce que je devais faire. « Je vais bien. » Dis-je en réussissant même à sourire. « J'ai juste... mal au ventre. » Une bonne excuse, car tout le monde savait que mon ancienne blessure me faisait encore souffrir. John hocha la tête d'un air compatissant. Il s'assit dans le canapé, mais je restai debout derrière lui, sous prétexte d'avoir des fourmis dans les jambes d'être aussi longtemps assise. Le tribut masculin était Aloysius, le cousin de Sagitta. De mieux en mieux. J'attendis mon heure. Lorsque l'hymne de Panem retentit, assez fort pour couvrir le bruit de ma fuite, et que les autres commencèrent à discuter de ce qu'ils venaient de voir, je m'éclipsai. Seule Megara me remarqua. Heureusement. Elle m'appréciait, et elle était d'avis qu'il fallait me donner plus de liberté. Elle haussa les sourcils, et j'articulai silencieusement 'toilette'. Elle me fit un clin d'oeil, sans avertir les autres. Je souris en la traitant silencieusement d'imbécile. Une fois dans le hall, au lieu de prendre la direction des toilettes, ou de défoncer la porte d'entrée, je montai l'escalier. Une marche craqua, et je me figeai, mais tout le monde dans le salon parlait encore. Parfait. Arrivée au premier étage, je perdus quelques précieuses secondes à m'orienter et à repérer la chambre où je voulais aller. Il s'agissait du bureau de la propriétaire de la maison, une femme assez riche mais qui soutenait les rebelles. Je raflai le coupe-papier au passage. Cela pourrait me servir d'arme. J'hésitai à peine une seconde avant d'attraper aussi le grand sachet de bonbons multicolores. Ensuite, j'ouvris la fenêtre. Il y avait un arbre de ce côté de la maison ; je l'avais vu en arrivant. Mais il était plus loin que je ne pensais. Bon, je n'avais pas le choix. Je passai mes deux jambes par l'ouverture de la fenêtre. En bas, on parlait de plus en plus fort. Puis, la porte du couloir s'ouvrit et quelqu'un cria mon nom. Je ne pouvais plus hésiter. Je sautai, les bras tendus, avec l'énergie du désespoir. Je réussis à attraper une branche et m'y accrochai, le coeur battant. La branche ploya, me rapprochant du sol. Lorsque je sentis qu'elle allait craquer, je la lâchai. Je ployai les genoux en heurtant le sol, mais l'impact me fit quand même grincer des dents. Quelqu'un se jeta contre la porte du bureau et jura lorsqu'il la trouva fermée. Je souris. Une bonne idée de l'avoir fermée à clé. Je m'éloignai en claudiquant de la maison, le plus rapidement possible. A chaque fois que je posais mon talon droit sur le sol, un éclair de douleur me vrillait le pied et la cheville. Mais j'avais déjà connu des douleurs bien pires. Mes écorchures causées par ma petite rencontre avec l'arbre picotaient, mais sans plus. Finalement, je m'en étais assez bien tirée. Je poursuivis mon chemin, en passant par les ruelles les plus sombres et infréquentées, afin que personne ne me voie.
Arrivée à l'hôtel de ville, je repris mon souffle. J'avais pu réfléchir en chemin, et mon plan était prêt. Je remis ma capuche. Heureusement, je ne portais plus les vêtements gris du district 13, mais des habits normaux pour une simple habitante du district 4. Le coupe-papier bien caché dans ma botte, le sachet de bonbons à la main, je frappai à la porte arrière de la mairie. Pas question d'essayer la porte d'avant ; il y avait trop de Pacificateurs, et ils risquaient de me reconnaître. Après quelques secondes, une femme ouvrit la porte. Je ne la connaissais pas, mais je gardai quand même la tête baissée, comme si j'étais timide, la capuche bien rabattue sur ma tête comme si j'avais froid. Je brandis le sachet de bonbons. « J'apporte les bonbons préférés de monsieur le Maire. » Annonçai-je d'une voix enfantine mais assurée, comme si on m'attendait vraiment. Comme chaque année, après la moisson, le maire organisait un banquet. J'espérais pouvoir entrer par la cuisine avec mon sachet de sucreries.« Les bonbons ? » Elle regarda mon sachet, rempli de gros bonbons d'apparence délicieuse et, d'après l'étiquette, 'fourrés au caramel'. Je n'avais encore jamais goûté le caramel, mais cela devait être délicieux. A l'évidence, elle se demandait qui avait commandé les bonbons. Je ne savais même pas si le maire aimait ce genre de choses. « D'accord. » Dit-elle finalement en haussant les épaules, et elle voulut me prendre le sachet. Je secouai la tête et le serrai contre mon coeur. « Je dois le donner moi-même à... la madame qui se charge du dessert. C'est mon maître qui l'a dit. » La femme s'apprêtait à répliquer, mais quelqu'un l'appela. Il régnait une agitation énorme dans la cuisine. « Bon, d'accord, entre alors. » Soupira-t-elle. « Mais je te préviens : si tu essayes de voler quelque chose... » Une fois revenue dans la cuisine, elle recommença à couper les légumes. Je lâchai un soupir de contentement et me rendis dans le coin des desserts. Je regardai à droite, puis à gauche. Personne ne me regardait. Ils étaient tous trop occupés. Je sortis en emportant mon sachet de bonbons. Je connaissais le chemin. Je parvins enfin au couloir où le Pacificateur était posté devant une porte. Derrière cette porte se trouvait Sagitta. Ma Sagitta. Ma meilleure amie qui allait mourir. Je m'approchai lentement de l'homme. Il jouait avec son arme et sursauta lorsqu'il m'entendit. Je m'avançai vers lui, la tête humblement baissée. Il ne quittait pas des yeux mon sachet de bonbons. Sans doute n'en avait-il jamais mangé non plus. Arrivée près de lui, je fis semblant de glisser. Je tombai durement par terre, avec un cri qui n'était pas feint. Mon sachet se déchira, et les bonbons roulèrent dans tous les sens. « Ça va ? » Me demanda le Pacificateur, trop occupé à ramasser les bonbons (et à en mettre dans sa propre poche) pour être vraiment inquiet. Je m'accroupis et sortis le coupe-papier de ma botte. « Ca va très bien. » Murmurai-je, puis, de toutes mes forces, j'enfonçai mon arme improvisée dans son coeur. Il lâcha un faible cri, mais je le bâillonnai aussitôt de ma main. Il se débattit, je vis la peur sur son visage ; il me mordit sauvagement, mais je ne le lâchai pas. Je vis dans son regard qu'il me reconnaissait. Sans doute pensait-il voir un fantôme. J'arrachai un morceau de tissu à ma chemise et l'utilisai pour le bâillonner. Il était trop affaibli pour essayer de se battre. Il allait mourir. Je pris sa clé et me relevai. Je n'avais pas beaucoup de temps avant que quelqu'un découvre le meurtre. Le meurtre. Oh mon Dieu... J'avais tué cet homme. Trop tard pour les regrets songeai-je en poussant la porte.
Elle était là. Sagitta. Cela faisait... un an. Un an que je ne l'avais plus vue. Et pourtant, la première chose que je lui dis ne fut pas 'Je suis heureuse de te revoir' mais... « Pourquoi as-tu fait cela ? Pourquoi t'es-tu portée volontaire ? T'imagines que ce sera amusant ? Que tu tueras tes adversaires d'un unique regard ? T'imagines que tu peux gagner ?! » Je n'avais pas du tout prévu de dire ça, mais maintenant, ma colère explosait, une colère provoquée par l'angoisse, l'angoisse énorme de la voir mourir aux Jeux. « Et même si tu gagnes... T'imagines qu'après tu seras encore la même ? Que tu ne feras pas de putains de cauchemars toutes les nuits ? Que tu seras heureuse avec ces lèche-bottes du Capitole ? Non, Sagitta ! C'est l'enfer qui t'attend là-bas. Rien d'autre !» Mais... Qu'est-ce que je faisais ? J'avais enfin retrouvé mon amie, je n'avais que quelques minutes, et je l'engueulais ? « Oh, Sagitta... Je suis désolée... Tu m'as tellement manqué... Et je ne veux pas te perdre. » Murmurai-je, les larmes aux yeux. Je me jetai dans ses bras et la serrai contre moi, fort, très fort. « Je suis tellement heureuse de te revoir, Sagi... Et il faut que tu gagnes. Il le faut. Pour moi. Pour Jessie... » Je m'étranglai. Non, je n'allais pas lui dire que Jessie avait disparu. Je ne voulais pas l'inquiéter. Je voulais savourer cet instant avec ma meilleure amie. Parce qu'après... Elle allait partir aux Jeux... Et je n'allais peut-être pas réussir à ressortir de l'hôtel de ville sans me faire attraper. J'allais peut-être... Être capturée. Comme Jessie. Torturée. Tuée. Bon sang, ce n'était pas ce que je voulais... Je n'avais pas réfléchi. Mais maintenant, je ne pouvais plus retourner en arrière. Même si j'étais fichue, au moins, j'aurais vu Sagitta... Une dernière fois.
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Jeu 7 Juin - 1:29
i hear my father telling me to be brave. i am brave.
Un long silence envahit la pièce une fois Dolce partie. Je retiens ma respiration, indécise, ne comprenant pas la portée de tout ce que j'ai pu faire. De tout ce qui se dérobe entre mes mains. Je remarque alors à quel point chaque pierre, chaque insecte du district vont me manquer, aussi agaçants puissent-ils être. Oh, ciel, le petit lac des Rocrânes, ou encore la cache rudimentaire qu'Aloysius et moi avons construit pour l'hiver. Tout cela, je ne le reverrai plus jamais. Non, il faut que je me fixe un point. Je dois revenir. Je le dois. Mais... Aloysius? Je ne veux pas qu'il meure...
Cela fait cinq bonnes minutes que personne n'est plus entré. Je commence à croire que mes visites sont finies. Que ceux qui tiennent réellement à moi sont tous passés. Qu'à partir de maintenant, je suis seule. Seule devant un pays tout entier qui gueulera mon nom ou qui chantera ma perte. J'aurais tellement aimé avoir fui avec mon père il y a quelques mois. Nous aurions pu atteindre le Treize, à l'époque où nous y croiions encore. Mais pour vivre quel genre de vie?
Je m'asseois dans le fond de la pièce, adossée contre le mur froid. Les intempéries au dehors déversent toujours leur gros chargement sur le sol, et l'air est humide et glacial à l'intérieur. Je me surprend à regarder mes doigts. Ces doigts qui ont tant de fois lâché une flèche mortelle sur des poissons ou du gibier. Qui ont tordu le cou à de nombreux écureuils et lapins. Ces même doigts seraient-ils capables de faire la même chose avec un être humain? Sûrement. L'exécution doit être identique. Cette pensée me fait frissonner. J'essaie de me convaincre que c'est le froid.
Soudain, je sursaute alors que la porte s'ouvre en trombe. J'étais si enfermée dans mon esprit que je n'ai pas remarqué qu'un nouveau visiteur n'arrive encore. Presque blasée, je relève la tête et remarque une jeune fille blonde, que je méprends tout d'abord pour May. Mais ce n'est pas May.
Je recule précipitamment, répulsive, terrorisée, avant de me rendre compte que je suis dans le fond de la pièce, sans échappatoire. Je glisse sur le côté et cherche de mes mains un objet qui pourrait me servir d'arme, de moyen de défense. Bien entendu, la pièce est désespérément vide. Seuls mes yeux écarquillés contemplent avec horreur la dernière personne que je m'attendais de voir. C'est impossible. Impossible. Non, non, non!
- Qu... Qui es-tu!? aboyai-je inutilement. Tu es supposée être morte, MORTE, tu m'entends!?
Pour, la première fois de la journée, je ne suis pas habitée par la tristesse, mais par la peur, une peur inconnue, puissante, une peur de l'incompréhension. Qui est-elle? Je l'ai vue mourir, elle ne devrait pas être là, elle est censée être cendres sur la mer, partie pour un voyage je ne sais où dans un monde astral, ou encore pourrissant sous les bouches affamées des vers. Pas devant moi, respirant. Se mouvant. J'ai entendu maintes légendes dans mon enfance racontant l'histoire de gens capables de voir les fantômes des disparus. En suis-je une? Cette voix, elle me transperce autant par sa vibrante colère que par la terreur qui m'envahit quand elle retentit. La même voix. Déformée par la peur, la douleur. La voix d'une amie s'étant vidée de son sang sur les écrans de tous les habitants de Panem. Je plaque mes mains sur mes oreilles, obstinée, les larmes fuyant le long de mes joues. Pour une tentative d'avoir l'air dangereuse devant les caméras, c'est raté. Tout comme mon essai de me couper aux vociférations de mon amie, qui me tétanisent. J'entends trop clairement ce qu'elle me lance cruellement.
- Pourquoi as-tu fait cela ? Pourquoi t'es-tu portée volontaire ? T'imagines que ce sera amusant ? Que tu tueras tes adversaires d'un unique regard ? T'imagines que tu peux gagner ?!
Je secoue la tête obstinément, refusant d'entendre. Zoé, que fais-tu là? Pourquoi m'impose-tu la dure vérité de mon action? Je sais très bien que je n'ai aucune chance de gagner. Que même si je me bats sans lâcher, je finirai au trépas peu importe mes tentatives. Les carrières ne feront qu'une bouchée de moi. Même certains tributs des districts plus pauvres se révéleront certainement de véritables machines à tuer. Alors que moi, je suis dépendante d'une seule chose. De mon arc. Sans lui, je crèverai de faim et je ne pourrai pas me défendre. Et même s'il y en aurait un, ce qui m'étonnerait franchement, qu'est-ce qu'une gringalette devant un colosse de deux mètres?
Une victime. Voilà le mot. Je serai une victime.
- Et même si tu gagnes... T'imagines qu'après tu seras encore la même ? Que tu ne feras pas de putains de cauchemars toutes les nuits ? Que tu seras heureuse avec ces lèche-bottes du Capitole ? Non, Sagitta ! C'est l'enfer qui t'attend là-bas. Rien d'autre !
Cette fois-ci, elle dépasse les bornes. Je me relève brusquement, furieuse et les yeux emplis de larmes de rage, et me place juste devant elle, les poings serrés, et malgré ma petite taille, soutenant son regard bleu comme le ciel. Écumante de rage, je me rappelle ces jours à subir sa perte à elle et Jessie, à me souvenir de moments qui plus jamais n'auront lieu, d'endurer un monde devenu trop affreux pour que je l'observe en face.
- Ta gueule, ta gueule ! Tu crois vraiment que je me suis portée volontaire parce que je souhaite trouver une quelconque gloire !? (je crache quasiment ce mot) Parce que j'espère trouver fortune !? Et bien j'ai des nouvelles pour toi, ma grande, je ne suis peut-être pas aussi égoïste que tu le prétends. Regarde-moi, non, regarde-moi : qui es-tu pour me mettre en garde contre la cupidité, toi qui a fait la morte pendant près d'un an !? Qui a complètement détruit ma vie lorsque tu as tué mon frère pour ensuite crever par après ? Les cauchemars que tu me sors, je les ai déjà expérimentés. Tu supposes que les Jeux auront un impact sur moi, bousilleront ma vie, mais je dois bien te dire que ça n'arrivera pas, parce que ma vie est déjà bousillée, merde !
Je tremble. De froid ou de colère, je ne saurais dire. Mes ongles sont tellement enfoncés dans mes paumes qu'il me coûte de les retirer, et je réprime une grimace de douleur. Je sais que je lui ai fait du mal. Je devrais me sentir coupable, mais la frustration accumulée en toute une année est en pleine éruption. J'ai presque envie de la frapper, mais je me retiens. Je me force à garder un semblant de calme alors qu'une tension gênée emplit l'atmosphère.
- Oh, Sagitta... Je suis désolée... Tu m'as tellement manqué... Et je ne veux pas te perdre.
Elle fond en larmes, et m'attire contre elle. J'ai d'abord le réflexe de la repousser, mais le contact de sa peau me rappelle alors qu'elle est vivante, que pour un court instant, tout sera comme avant. Car dans cinq minutes, on viendra la reprendre. Et qui sait ce qui arrivera rendu là? Je m'étonne d'ailleurs que les Pacificateurs n'aient pas remarqué sa présence. À moins qu'ils ne soient moins corrompus que je ne le crois. Je lui rend son étreinte avec force. Un an. Pendant un an j'ai cru que ma plus vieille amie était un vieux tas d'os noircis par la flamme et recouverts d'algues, plusieurs mètres sous la mer. Mais elle est là. Ici. Maintenant.
- Je suis tellement heureuse de te revoir, Sagi... Et il faut que tu gagnes. Il le faut. Pour moi. Pour Jessie...
La mention de Jessie m'arrache un petit sanglot. Si Zoé a survécu, ses blessures à lui devaient être trop graves pour qu'il puisse être sauvé. Tant mieux, je pense avec regret. Il n'aura pas à me voir mourir comme je l'ai vu expirer. Une vieille plaie s'ouvre en moi, que j'empresse de cautériser. Je resserre mon emprise. Dire que je suis heureuse de la revoir serait un euphémisme. Malgré tout, je ne suis pas encore certaine de vouloir que mon amie vive. Oui, je peux la retrouver, mais... Si elle vit, qui sait quelles horreurs le Capitole nous sortira afin d'être sûr que cela ne se reproduise plus? Pour sûr, les rumeurs étaient fondées à propos des survivants, mais on fera tout pour empêcher un nouveau coup tordu des insurgés comme celui-ci. Soudain, une question me tracasse.
- Zoé... Comment as-tu fais pour venir ici sans problèmes? Je veux dire... C'est dangereux pour toi, de te promener comme ça. Tu as donné combien au Pacificateur qui garde l'entrée pour qu'il te laisse venir me voir? je souligne, une pointe de sarcasme dans la voix.
Spoiler:
J'ai répondu OwO Je trouve ça vraiment laid, mais bon SAGI ENTRE EN RAGEMODE Mais c'est triste ce qu'elle dit à Zoé
Zoé E. Williams
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Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Jeu 7 Juin - 19:53
Un an. Qui aurait pu me dire que tout se passerait si vite ? Qui aurait pu prédire ce qui allait m'arriver ? Toute cette souffrance, mentale autant que physique, toutes ces épreuves ? Qui aurait pu me dire que je me retrouverais dans cette pièce maintenant, cette même pièce où j'avais dit adieu à tous ceux que j'aimais ? Moi face à Sagitta, Sagitta face à moi... Les rôles étaient inversés, à présent. C'était elle qui partait pour l'enfer. Pourtant, j'avais l'impression d'être retournée dans le temps. J'allais partir pour les Jeux. Je m'appelais encore Zoé. Je n'avais encore tué personne. Sagitta venait me dire adieu. Pour la première fois, j'allais voir le Capitole. Et mourir aux Jeux. Cette pensée me glaça. Non, non, non ! Cesse ce petit jeu, Erinys... Zoé... Non, c'était terminé. Plus jamais je ne retournerai dans l'arène. Je serrai mes mains contre mon ventre, mon ventre toujours sensible, où Alexiane m'avait poignardée... La douleur me convainquit que c'était bien réel, que j'étais bien dans le présent. Pourtant... Sagitta me regardait comme... Un fantôme. Avec horreur. « Qu... Qui es-tu!? Tu es supposée être morte, MORTE, tu m'entends!? » Je reculai d'un pas, sonnée. Ah, elle ne savait donc pas ? Et elle ignorait aussi que Jessie était en vie ? Bon, je pouvais m'y attendre... Mais me faire traiter de morte... C'était choquant. Je ris. Choquant. Après tout ce que j'avais déjà vu et vécu, je m'offusquais encore parce que ma meilleure amie ignorait que j'étais en vie. Cela me rappelait que j'aurais dû être un cadavre à cet instant-là. Morte et enterrée. Avais-je de la chance d'avoir survécu ? Je n'avais toujours pas de réponse à cette question. « Sagi... » Murmurai-je. « On ne... te l'a pas dit ? » Demandai-je maladroitement. « J'ai survécu. » Je n'avais pas envie de tout lui expliquer. Penser à la façon dont on m'avait 'sauvée'... La façon dont on avait ramené la vie dans mon corps qui, pourtant, ne le voulait pas, mon esprit qui ne demandait qu'à partir, à dériver vers l'inconnu... La douleur et le choc de découvrir que je vivais encore... Oui, penser à tout cela me rendait malade. J'étais un être contre nature. Je ne devais même plus exister. Pourtant, j'étais toujours là, je parlais, je bougeais, j'aimais et je souffrais comme n'importe quel autre être humain. Et voir Sagitta, condamnée à mourir... cela me rendait... furieuse. Furieuse contre le gouvernement. Furieuse contre la fille dont elle avait pris la place. Furieuse contre elle, parce qu'elle s'était portée volontaire, parce qu'elle avait le choix et moi pas, parce qu'elle ignorait par quel enfer j'étais passé, parce qu'elle ne savait pas encore ce que c'était de souffrir, parce qu'elle me rappelait qui j'avais été, avant de partir pour les Jeux.
Pendant que je parlais, pendant que je hurlais, Sagitta tenait ses mains plaquées sur ses oreilles. Elle pleurait. Bon sang, pourquoi pleurait-elle ? Parce qu'elle avait peur de moi ? Parce qu'elle était contente de me revoir ? Parce qu'elle m'avait crue morte ? Parce qu'elle savait que j'avais tué son frère et qu'elle se rendait compte quel monstre j'étais devenu ? Elle secouait la tête, comme pour nier ma présence, mes paroles. J'avais envie... De la secouer violemment. De la serrer dans mes bras. De pleurer avec elle. Soudain, elle se releva et vint se planter devant moi. Furieuse, elle aussi. « Ta gueule, ta gueule ! Tu crois vraiment que je me suis portée volontaire parce que je souhaite trouver une quelconque gloire !? Parce que j'espère trouver fortune !? Et bien j'ai des nouvelles pour toi, ma grande, je ne suis peut-être pas aussi égoïste que tu le prétends. Regarde-moi, non, regarde-moi : qui es-tu pour me mettre en garde contre la cupidité, toi qui a fait la morte pendant près d'un an !? Qui a complètement détruit ma vie lorsque tu as tué mon frère pour ensuite crever par après ? Les cauchemars que tu me sors, je les ai déjà expérimentés. Tu supposes que les Jeux auront un impact sur moi, bousilleront ma vie, mais je dois bien te dire que ça n'arrivera pas, parce que ma vie est déjà bousillée, merde ! » Elle tremblait. Je la fixai, perdue. Je ne m'étais pas préparée à ces paroles. J'ouvris la bouche et la refermai, comme un poisson stupide. Oui, qu'est-ce que je pouvais encore lui dire ? Après un an ? « Non, Sage. » Chuchotai-je tristement. « Je ne pense pas que tu te sois portée volontaire pour être couverte de gloire. Je te connais, après tout... » J'eus un petit sourire triste. « C'est... courageux, ce que tu as fait. Mais, Sagi, oh Sagi... Je ne veux pas te voir partir là-bas. Pas après ce qui m'est arrivé. » J'avais la gorge nouée par le chagrin. « Le district 13... M'a sauvée. » Ce mot me faisait toujours grimacer. Sauver. Comme si j'avais une dette envers ces rats. « Ils m'ont ramenée à la vie. Mais je ne suis pas la seule. Jessie aussi. » Je voulais lui rendre un peu d'espoir en lui apprenant que son frère était en vie. Quitte à mentir, j'allais taire sa disparition. Je voulais qu'elle parte pour l'arène la tête haute, non pas rongée par l'inquiétude. « Nous ne... pouvions pas partir. Ils nous surveillaient. Mais je me suis entraînée, et j'ai été autorisée à venir ici. C'est ma première mission. Je me suis enfuie. Les autres ne savent pas que je suis ici.» Je soupirai. « Je suis désolée... D'avoir tué Jessie. Cela n'efface pas ce que j'ai fait, mais je suis désolée. Dans l'arène... Tout change. Rien n'est sûr. On devient son propre ennemi, et on se méfie de ses amis... Je n'aurais jamais dû faire ça. Nous en avons parlé, lui et moi... » Je secouai la tête. Je n'avais pas le temps d'entrer dans les détails. « Je suis désolée, aussi, de te dire... tout ça. Mais je ne vais pas mentir, Sagitta. Tout ce que tu as vécu, jusqu'à maintenant, ce n'est que... le début. Un avant-goût de la vraie horreur, de la vraie souffrance. Quand tu seras là, tu comprendras. Tu comprendras. C'est... » Je secouai à nouveau la tête. Je n'avais pas de mots pour décrire ce que j'avais vécu.
Je fondis en larmes et m'accrochai à Sagitta. J'étais tellement heureuse de la revoir... Elle me serra contre elle, et j'en fis de même. « Zoé... Comment as-tu fais pour venir ici sans problèmes? Je veux dire... C'est dangereux pour toi, de te promener comme ça. Tu as donné combien au Pacificateur qui garde l'entrée pour qu'il te laisse venir me voir?» Je soupirai. Dire la vérité, dire la vérité... « Je lui ai donné un coup de coupe-papier dans le coeur. » Avouai-je à voix basse. J'avais tué. Pas pour ma survie. Pas comme dans les Jeux. Simplement pour revoir ma meilleure amie. J'étais un monstre. Maintenant, Sagitta allait le savoir, et son regard allait changer. Je me raidis, en attendant de voir l'horreur et le dégoût dans ses yeux. « Ce que Snow offre pour la capture de n'importe quel tribut 'survivant' est beaucoup plus que ce que le plus riche des rebelles pourrait débourser. Je ne pouvais pas le soudoyer. Alors je l'ai tué. Enfin, je pense. Il y avait beaucoup de sang... » Je me mordis les lèvres. Qu'est-ce que j'avais encore fait ? J'étais une psychopathe. J'étais dangereuse. Soudain, j'entendis des voix dans le couloir. Déjà ?! Une femme lâcha un cri, un homme jura. Puis, quelqu'un essaya d'entrer dans la pièce. Heureusement, j'avais fermé la porte à clé. Le Pacificateur commença aussitôt à hurler des ordres, pendant que quelqu'un d'autre beuglait 'Elle va s'enfuir !'. Ils ne savaient pas encore que j’étais là. Ils pensaient peut-être même que c’était l’œuvre de Sagitta. La femme sanglotait hystériquement. Quelqu'un voulait aller chercher le docteur. Apparemment, le Pacificateur n'avait toujours pas fini d'agoniser... Ou peut-être étaient-ils trop bêtes pour s'apercevoir qu'il était déjà mort. Je n'avais presque plus de temps. Ils allaient enfoncer la porte. Et j'allais être attrapée. Attrapée et torturée. Parce que le district 13 m'avait sauvée. Parce que j'avais commis un meurtre. L'angoisse faillit me faire perdre la tête. Mais je n'étais pas seule. Il fallait que je pense à Sagitta. Elle ne pouvait pas partir dans l'arène avec l'image de mon corps roué de coups. Je me rendrais tout de suite. Je serais docile. « Ecoute-moi bien, Sagi ! » Je la pris par les épaules, cherchai son regard. « Ils vont me capturer, mais ce n'est pas grave. Les rebelles vont m'aider à m'échapper. Nous avons des espions parmi les Pacificateurs. » Ce n'était pas vrai, bien sûr. Mais elle ne pouvait pas le savoir. « Tout va bien se passer. Mais toi... Sagitta... Ecoute-moi bien ! » Je devais parler fort pour couvrir le vacarme dans le couloir et la porte qui craquait. « Au Capitole... Impressionne-les. Fais-toi aimer des sponsors. Sois originale et émouvante. Les gens t'adoreront. » Piètres recommandations... Mais je n'avais rien de plus à lui offrir. « Dans l'arène... Ne te fie à personne. Personne, tu m'entends ? Il y a des pièges partout. Sois prudente, ma Sagi... Et ne participe pas au bain de sang de la Corne d'Abondance. Même si ça veut dire que tu n'arriveras pas à attraper l'arc. Tu peux t'en fabriquer un. Ou commencer avec des couteaux... Les armes, Sagitta, les armes... » Je bafouillais, nerveuse. La porte était presque enfoncée. « ... c'est très important. La nourriture aussi, et surtout l'eau. Tu peux le faire. Tu es rapide. Tu es une chasseuse. Tu sais survivre dans la nature. Tu es courageuse. S'il te plaît, Sagi, gagne ! Gagne et reviens ! » Je la serrai dans mes bras et lui soufflai à l'oreille : « Et n'oublie jamais qui tu es. » Puis, dans un fracas assourdissant, la porte céda.
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Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Ven 8 Juin - 3:04
Cette moisson était chiante à mourir. Le district 6, dans lequel le capitole m’avait envoyé pour que je mette à bien ma mission de pacificateur, était un endroit bien différent de mon district d’origine, le 4. Ça manquait clairement d’un bon coin de mer ici, de quelques arbres aussi et d’habitants un tant soit peu sympathiques. Je m’ennuyais clairement en observant ces gens trembler de la tête aux pieds, en attente d’un nom. Derrière moi, Pepper-Swann, un ancienne joueuse des jeux aux airs de pimbêche remuait tristement ; et je devinais qu’elle pensait à son futur travaille de mentor. Lesquels de ces petits être terrifiés allait-elle faire mourir cette année ? La fille, plutôt jolie pour son jeune âge, pourtant pas si différent du mien, s’avança vers l’estrade. Des larmes, des cris, tout ça, et je peux vous assurer que c’était pas des larmes de joies. Un petit blond aux airs de tapette s’avança à son tour, l’air bien plus dégoutté et abasourdi que triste et peureux. Je décidai tout de suite qu’il serait mon chouchou. J’aimais bien sa tête de snob et son prénom pire qu’étrange ? Fenugreeck. Qui pouvait sérieusement avoir envie d’appeler son fils comme ça ? Un sourire satisfait étira mes traits, au moment même où j’étouffai un faux bâillement pour montrer mon ennui. Je savais que Pépita m’observait, et qu’elle rêvait de m’envoyer encore dans l’arène pour me voir mourir une deuxième fois. Dès mon arrivée au district 6, elle n’avait pas hésité à me narguer, parce que tout le monde ayant une télé chez soi connaissait l’histoire d’amour impossible dont le pauvre petit garçon du district 4 avait été victime l’année dernière. J’étais rentré dans l’arène, j’avais vécu ses putains de jeux, et maintenant, j’étais libre, délivré de toute souffrance, heureux d’enfin pouvoir vivre sans me terrer dans les souterrains puants du district 13, revenu des morts. Depuis que j’avais changé d’identité, ma vie était définitivement plus intéressante. J’avais enfin du pouvoir, de l’argent, des droits, une justice à faire régner, et je pouvais assouvir ma vengeance comme il se devait. J’étais libéré de mes peines, je n’avais plus rien à craindre de l’amour et de l’amitié, j’étais enfin moi-même. Jessie Chase était définitivement mort, j’étais désormais Hannibal Llewelyn, et les quelques images que j’avais encore du passé ne m’apparaissaient désormais que plus belles.
Je shootai avec rage dans un rocher, sur la route, et me dirigeai sans plus attendre vers la guerre. J’avais des choses bien plus importantes à faire ailleurs que dans ce district paumé où l’unique jolie fille voulait ma peau pour la donner à manger aux cochons. J’y pensais depuis plusieurs jours maintenant… je voulais revenir à mes sources.
Je voulais retrouver ma famille. Sagitta, mon père. Les parents de Zoé. Je voulais leur dire que leur salope de fille était toujours en vie et qu’elle allait probablement pourrir en enfer pour l’éternité. Je voulais montrer à tout le monde que j’étais toujours là. Que je n’étais pas le faible petit Jessie, manipulé par cette garce, et qui avait cru l’espace de quelques secondes en l’amour de cette fille. Il était temps que l’opinion des gens sur ma personne change. Le district 6 était celui le plus proche du quatre. Il n’était qu’à une heure et demie de route, et l’horaire de la moisson était un peu après celle du 6. Avec un peu de chance, j’arriverai au moment des adieux, et je pourrais serer Dolce Anderson dans mes bras en lui donnait toute la force dont elle avait besoin. Je présumais d’avance, qu’elle s’était portée volontaire cette année. Elle était de loin la fille la plus psychopathe que je connaissais, parmi notre groupe de carrière, et j’allais l’encourager. Elle méritait cette victoire, elle en avait besoin. En revanche, Slyker et moi-même étions les deux seuls carrières près à risquer leur vie pour une cause précise. Puisque nous étions tous les deux morts ou hors-jeu, j’ignorais qui serait le tribut masculin cette année. Probablement un minable dont Dolce se servirait avant de l’exterminer avec une facilité digne d’une bouchère.
[***]
Un bruit sonore me réveilla enfin. Je n’avais même pas réalisé que je m’étais endormi dans ce foutu train. Le voyage était passé définitivement plus rapidement que je ne l’avais espéré, et heureusement car j’étais très impatient. Mes vêtements de pacificateur me serraient la taille, mes bottes, elles, étaient légèrement trop grandes. J’avais pris du poids depuis que j’étais capable de manger à ma faim. J’avais toujours vécu dans une misère inégalable, et maintenant j’étais… si bien. Si tellement moi-même, vraiment. La transformation avait été radicale. Depuis un mois, j’avais bien changé. Mes cicatrices n’étaient presque plus visibles, même s’il était évident que j’avais été torturé. Il fallait être aveugle pour ne pas le voir, et.. .finalement, je montrai à qui le voulait ses blessures du passé, avec fierté. Il avait cette cicatrice blanche ancienne, sur ma poitrine, à l’endroit où elle avait planté son arme. Et toutes les lacérations de ses ongles qui avaient transpercé ma peau par endroit. Mon visage, lui aussi, était plus clair par endroit, même si les miracles de la chirurgie avaient tant bien que mal recollés dans mon crâne l’œil que j’avais perdu dans l’attaque. Un sourire nouveau me rétracta les lèvres alors que je foulai les terres de mon district, pour la première fois depuis la moisson passée. Un an. Un an exactement que je n’étais pas rentré chez moi. Si j’avais toujours été ce minable et lâche Jessie, j’aurai probablement ressenti de la peur, de la tristesse, à l’idée de revenir, mais moi, Hannibal, je me sentais bien mieux que jamais. Et j’avais hâte de ce que j’allais retrouver ici. Je sentais une brusque rafale de vent marin me souffler à la figure, et tout de suite encore, je me sentis bien. Ce vent, avait toujours fait partie de moi. Je me rappelais avec faiblesse qu’il était une force. Je doutais qu’on me reconnaisse dans ces vêtements, avec le masque protecteur sur ma tête, les gants, les bottes, alors je m’avançai sans risque, même si tout ce que je pouvais craindre désormais, c’était moi-même.
Mes pas me dirigèrent automatiquement vers la grande place où avait dû se dérouler la moisson. Deux grands panneaux lumineux affichaient, d’un bout à l’autre de l’estrade, les deux visages des personnes moissonnées. La moisson était donc finie, je n’avais même pas pu admirer les corps tremblants des habitants ici. Mais ce que je vis sur ces grands murs fabuleux, fit mon sang se retourner dans mes veines et gagner en chaleur. Dolce n’était pas là. Dolce ne c’était pas portée volontaire cette année. Dolce Anderson avait laissé ma sœur le faire à sa place. J’entendais partout les murmures qui me revenaient ; « cette enfant est bien trop fragile… quel courage… j’espère qu’elle ne subira pas le même sort que son frère défunt… quel dommage, une si jeune enfant…. Et son cousin, contre elle en plus !.... les chase ne sont décidément pas chanceux, il ne reste désormais que le père…. si on le retrouve pas pendu dans sa misérable habitation dans les prochains jours…. c’est une honte… il faudra se cotiser pour lui envoyer de quoi honorer son action…. » Sagitta Chase, ma jeune sœur, était le tribut féminin des soixante-seizième jeux de la faim. Je venais de le comprendre. Et Aloysius De Beauregard n’était rien d’autre que mon propre cousin. Un mot, plus fort que les autres, résonnais alors en moi. Famille. Famille. Famille. Famille. Que cela voulait-il dire déjà ? je ne connaissais plus ce mot. Je n’aimais plus ce mot, il n’avait plus d’importance. Ilsavaient fait en sorte que je n’y pense plus jamais.
Alors, reprenant d’un coup ma respiration, je souris à nouveau. Il était dommage de gâcher une si belle journée à cause d’une annonce inattendue, n’est-ce pas ? J’attrapai une arme, un couteau moyen précisément, dans la ceinture de mon uniforme, et la serra avec force dans ma main droite. Mes pas, décisifs et fermes encore une fois, m’emmenèrent vers les salles où les tributs étaient retenus avant qu’ils ne soient rapatriés comme de la chair fraiche vers le capitole. Clap, clap. Un fracas assourdissant régnait là-dedans. Du sang partout, des femmes en fourrures, choquées, qui courraient partout (probablement du capitole, celles-là.), des pacificateurs paniqués. Cette vision m’énerva aussitôt. J’ignorais qui avait commis de tels dégâts, mais elle allait très vite se rendre compte de son erreur. Je croisai mes doigts entre eux, visiblement bien plus calme que tous ces autres débiles, et gardai mon sang froid en observant la scène. Un homme, tout petit, s’acharnait sur la poignée de la porte tandis qu’un autre, par terre, essayait désespérément d’empêcher son cœur de s’échapper de sa poitrine. « Laissez tomber. » dis-je d’une voix forte en m’adressant à tous ceux qui nettoyaient le sang et criait à l’ambulance. « 1….2… » l’homme par terre étouffa un cri faible d’agonie. « 3. Voilà il est mort. » Un sourire, réel, déroutant, s’afficha à nouveau sur mes lèvres recousues du côté droit. Les autres stoppèrent leurs hurlements, et deux d’entre eux décidèrent de tirer l’homme vers une autre pièce pour tenter de le ranimer. Qu’ils essayent donc. J’étais certain que de toute façon, ce débile n’en valait pas la peine.
La porte. Ils s’y étaient maintenant mis à deux pour tirer dessus. Je m’ajoutai au tas, essayant d’écouter les bruits qui parvenaient de derrière le mur. « …Tu sais survivre dans la nature. Tu es courageuse. S'il te plaît, Sagi, gagne ! Gagne et reviens !...et n’oublies jamais qui tu es. » Mon sang se glaça de surprise. Je commençais à en avoir sérieusement marre des imprévus maintenant ! Qu’est-ce qu’elle fichait ici elle ? Elle n’avait rien à faire là. Comment osait-elle, défier le capitole en rentrant ici et en se montrant devant tout le monde ? J’allais prendre soin d’elle désormais. M’occuper d’elle, oh oui. Lui faire payer sa désobéissance. Mon esprit avait décidé d’oublier totalement la période de ma vie où j’étais amoureux de cette garce, et ce baiser, qu’on avait échangé dans la salle grise du district 13, n’avait désormais plus la moindre importance pour moi. « Tient, tient. » Je ne souriais là plus du tout. « Poussez-vous. » ordonnai-je aux deux autres. Ils s’exécutèrent et mon épaule vint s’écraser sur la porte en bois faiblement retenue par des verrous rouillés. Un an plus tôt, j’avais été retenu dans la même salle. Je n’étais pas heureux de la revoir. Mais elles… Je me retournai vers les deux pacificateurs posté derrière moi comme des pionts. « Je pense que ce sera bon messieurs. Vous pouvez disposer, je tiens à m’occuper personnellement de ces deux-là. »
J’avais je n’avais ressenti autant de plaisir à imaginer une torture. J’avais enfin Zoé entre mes doigts. Le désir de lui écraser le visage et de lui broyer les os naissait tout juste en moi. J’avais déjà tant rêvé de nos retrouvailles… je supposai qu’elles seraient encore mieux que ce que j’avais imaginé. Une pauvre fille sans défense… contre un pacificateur avec d’aussi cruelles intentions comme moi. Elle n’allait pas passer le meilleur moment de sa vie. Mes yeux se posèrent sur ma sœur, plus grande que dans mes souvenirs, au visage angélique, les cheveux bruns tombant partiellement devant ses beaux yeux gris denses. Elle était belle à crever. Mais je détestais à présent son reflet, j’ignorais pourquoi, elle ne m’inspirait rien d’autre que dégout et sueurs froides. J’avais toujours ce rire fou, bloqué dans la gorge, et j’avais surement l’air d’un psychopathe lorsque j’enlevai mon masque protecteur pour dévoiler mon visage. « Content de te revoir sœurette. Alors.. je n’ai même pas le droit à un câlin ? Ne me dis pas que je ne t’ai pas manqué quand même ? » Mon visage tourna lentement sur le côte, et c’est désormais Zoé, la douce Erynis que je fixais d’un regard haineux. Mon regard passa de l’une à l’autre, sans faiblir, alors que je lançai d’une voix naïve mais lourde en sous-entendus ; « Oh, .. non… ne me dites pas que j’interromps une séquence émouvante de retrouvaille ? » Un léger rire sarcastique s’éleva. Je ne m’étais pas trouvé dans une situation aussi comique depuis bien longtemps. « Dommage, que le temps nous soient compté. Vous avez trois secondes pour faire bisous, câlins, tout ce que vous voulez. Ensuite je t’embarque, Zoé. La fête est finie pour toi. » Mon ton se voulait sec et ferme, mais je savais qu’il laissait bien plus paraitre d’excitation que ce que je voulais réellement.
Zoé E. Williams
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Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Ven 8 Juin - 19:58
Cette voix... Cette voix... Je l'entendais dans mes rêves. Je l'entendais dans mes cauchemars. Jour et nuit, elle me hantait. Parfois douce et gentille, parfois pleine de tristesse ou de reproches… ou de colère. Sa voix. Sa voix que j'aimais, comme j'aimais tout en lui, comme je... Non, je ne savais toujours pas si je l'aimais. C'était trop... confus. Difficile. Embrouillé. « Laissez tomber » J'avais l'impression que c'était à moi qu'il parlait. Qu'il me disait d'abandonner mes efforts. Pourquoi ne comprenais-je pas la vie ? Pourquoi n'avais-je pas prévu ce dernier sale tour du destin ? Jessie... Je le cherchais depuis une éternité, et voilà qu'il était là, de l'autre côté de la porte. Si proche de moi... « 1….2… 3. Voilà il est mort. » Mais... M'étais-je trompée ? Etait-ce bien lui ? Je reconnaissais sa voix, mais ce ton... Ce ton froid, insensible. Ce ton de Pacificateur. Il ne pouvait quand même pas... Il n'était quand même pas... Bordel, mais comment avait-il fait pour arriver jusqu'ici ? Et pourquoi les Pacificateurs l'écoutaient-ils ? Une angoisse terrible s'éveilla en moi. Et si... Non. C'était impossible. Je voulais me boucher les oreilles, fermer les yeux. Non, je voulais plus : ne plus rien ressentir. Oublier tout simplement que je le connaissais. Oublier l'ami, l'amoureux, l'ennemi. Pouvoir le regarder sans trembler. Il était en train d'enfoncer la porte, et chaque coup de botte, chaque crissement du bois me rappelait la façon dont il m'avait brisé le coeur. La même façon impitoyable. Il était en vie, il était libre, et pourtant il n'avait même pas pris la peine de venir me voir. La porte céda. « Je pense que ce sera bon messieurs. Vous pouvez disposer, je tiens à m’occuper personnellement de ces deux-là. » L'espoir rejaillit en moi. Peut-être allait-il nous aider, nous libérer…
Il portait un uniforme de Pacificateur. Je devais m'y attendre. Pourtant... Cela me causa un choc. Il avait... changé. Ce n'était plus le gamin maigrichon d'avant. Mon Jessie, le Jessie de mon enfance, celui qui jouait avec moi, était devenu un homme. Je détestais son uniforme blanc, ses bottes noires, ses armes... Tous ces objets qui formaient une barrière entre lui et moi, qui m'empêchaient de me jeter dans ses bras. Il enleva son masque et je reculai involontairement d'un pas. Ce n'était pas lui. Ce n'était pas Jessie. Oui, il lui ressemblait... Mais Jessie n'aurait jamais regardé sa soeur comme ça. Jessie n'avait pas cette étincelle de folie au fond des yeux. Jessie n'avait pas de cicatrices sur le visage. « Content de te revoir sœurette. Alors.. je n’ai même pas le droit à un câlin ? Ne me dis pas que je ne t’ai pas manqué quand même ? » Il aurait dû se jeter dans les bras de sa soeur en pleurant et en lui faisant mille recommandations. Il aurait dû être triste, ou désolé, ou furieux... Mais pas sarcastique. Pas indifférent. Il me regarda dans les yeux. J'étais pétrifiée. Un frisson courut le long de mon dos. Non, le vrai Jessie, le Jessie que je connaissais... Même si je l'avais tué, même quand il était furieux, mon Jess ne m'avait jamais regardée comme ça. Pas seulement avec haine. Aussi... Comme... Un chat qui fixe une souris. Un chat bien nourri, qui n'a pas besoin de manger ce pauvre rongeur pour survivre, mais qui capture pour le plaisir. Un chat qui se demande avec sadisme ce qu'il va faire de sa victime. Comme si j'étais une chose, un jouet. Etait-il possible qu'ils l'avaient... conditionné ? Torturé jusqu'à ce qu'il perde la raison, et puis rallié à leur cause ? Pouvait-il être mon ennemi ? Cette pensée me lacérait le coeur. « Oh, .. non… ne me dites pas que j’interromps une séquence émouvante de retrouvailles ? » Ce rire... Comme je détestais ce rire. Jessie ne riait pas comme ça. La personne devant moi n'était qu'une copie grossière de mon ami. « Dommage, que le temps nous soit compté. Vous avez trois secondes pour faire bisous, câlins, tout ce que vous voulez. Ensuite je t’embarque, Zoé. La fête est finie pour toi. » Danger, danger! me hurlait mon instinct. La fête est finie pour toi... La façon dont il avait prononcé cette phrase laissait supposer que la fête ne faisait que commencer pour lui. Je croyais avoir eu ma dose d'angoisse et d'horreur pendant les Hunger Games, mais là, face à lui... Je crevais de peur. Je crevais de peur parce que quelque chose n'allait pas, parce que je sentais au fond de moi que Jessie n'était pas dans son état normal. Je crevais de peur parce que dans son regard, je voyais toutes sortes d'émotions auxquelles je ne voulais pas réfléchir. Je crevais de peur parce que je tenais à lui, et qu'il pouvait donc me frapper fort, plus fort que n'importe qui d'autre. Si quelqu'un pouvait m'anéantir, c'était bien Jessie.
Trois secondes, avait-il dit. Je me retournai aussitôt et serrai une dernière fois Sagitta dans mes bras. Je me forçai à sourire, à faire comme si tout se passait exactement comme je l'avais prévu. « Tu vois... Tout va bien. » Chuchotai-je. « Jessie va bien s'occuper de moi. On t'attendra ensemble. Reviens en vie, Sagi... » Je la lâchai et reculai. « Et bonne chance. » Soufflai-je, sans pouvoir empêcher une larme traîtresse de rouler sur ma joue. Puis, je me retournai vers Jessie. Jouer le jeu, jouer le jeu... Peut-être était-il là pour me sauver. Peut-être faisait il semblant d'être devenu un Pacificateur cruel pour me délivrer. Peut-être n'était-ce qu'une affreuse comédie. Allez, Erinys, Zoé, fais ta naïve. Fais semblant de croire que c'est toujours l'ancien Jessie. Gobe ton propre mensonge pour le rendre plus crédible. Pour la première fois depuis qu'il était entré dans la pièce, je réussis à lui parler. « Allons-y, alors. » Dis-je d'une voix calme en essayant de lui offrir un sourire confiant. Je lui tendis mes mains pour qu'il puisse me menotter. Je lançai un dernier regard, un dernier clin d'oeil à Sagitta. Ma peur grandissait, se répandait comme un poison dans mon organisme. Je voulais m'enfuir à toutes jambes. Jessie était dangereux, j'en étais convaincue. Pourtant, une autre partie de moi voulait... L'aider. Cette partie voulait comprendre ce qui lui était arrivé. Le prendre dans mes bras et le bercer comme un enfant. Cette partie avait peur, non pas de lui, mais pour lui. Je soupirai. J'avais cru connaître l'enfer... Mais en fait, cela ne faisait que commencer.
Invité
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Sam 9 Juin - 5:14
what is dead should stay dead
-Je lui ai donné un coup de presse-papier dans le coeur.
Je m'écarte de la blonde, la scrute, cherchant à comprendre si elle plaisante ou si... Je refuse d'envisager l'autre option. Et pourtant, une petite lueur dans ses yeux me chuchote qu'elle ne ment pas. Je ne sais que penser. Tout ce que je sais, c'est que je ne suis pas habitée par l'horreur. Plus par la perplexité. Même par une certaine euphorie, cette dernière me donnant la chair de poule. De quel droit dois-je me réjouir de la mort d'un homme, si vil puisse-t-il être? Je me donne moi même la réponse. Parce que sa mort me donne un point de plus pour ma survie. Cette règle deviendra primordiale lors des Hunger Games. Et pourtant, quand je regarde dans les grands yeux bleus de mon amie, je ne vois pas un monstre, un assassin, mais une proie terrorisée contrôlée par une main invisible et cruelle. Snow.
- Ce que Snow offre pour la capture de n'importe quel tribut "survivant" est beaucoup plus que ce que le plus riche des rebelles pourrait débourser. Je ne pouvais pas le soudoyer. Alors je l'ai tué. Enfin, je pense. Il y avait beaucoup de sang...
Je lui adresse une fortifiante pression sur l'épaule. La situation est ironique, je trouve. Les rôles se sont échangés. C'est moi qui rassure Zoé au lieu du contraire. Je ne vais certainement pas lui en vouloir, cependant. Je me mordille la langue pour me retenir de fuir avec elle le plus loin possible d'ici, mais je sais bien que c'est impossible. On échappe pas à son destin.
Soudain, des bruits au-dehors me firent sursauter. J'entendais des hommes et des femmes qui s'affairaient, gueulaient des ordres à leurs congénères, pendant que des gémissements étouffés retentissaient. Décidément, toute cette agitation ne devait pas être due à la perte d'un verre de contact. Le cadavre du Pacificateur a dû être retrouvé, et je sens mes muscles s'arquer. Bordel, s'ils arrivent tous, Zoé... Non. Non. Non, non, non, non, non. Je refuse. Elle n'a pas le droit. Pas le droit de me faire porter le poids de son sort. Ce sera ma faute. Si elle meurt. Si elle se fait torturer. Emprisonner. Violer. Il faut qu'elle dégage d'ici au plus vite.
-Va-t'en, va-t'en! Avant que d'autres ne rappliquent!
Mais déjà là, je sais que la cause est peine perdue. Une femme hurlait à tout rompre et je failli la couper en lui priant de la fermer, son cri n'en alertait que trop d'autres. Je me prépare à coller mon poing au premier qui passera la porte, peu importe s'il me veut du mal ou non. S'il veut venir me reprendre ce que j'ai déjà perdu, et bien il se fout le doigt dans l'oeil assez creux pour se gratter le cerveau.
- Écoute-moi bien, Sagi! Zoé me prend par les épaules et me retourne hâtivement. Ils vont me capturer, mais ce n'est pas grave. Les rebelles vont m'aider à m'échapper. Nous avons des espions parmi les Pacificateurs. Elle est mieux de dire vrai, car sinon... Tout va bien se passer. Mais toi... Sagitta... Écoute-moi bien! Elle crie pour couvrir le tintamarre au dehors. Au Capitole... Impressionne-les. Fais-toi aimer des sponsors. Sois originale et émouvante. Les gens t'adoreront. Je hoche la tête, je peux comprendre. Dans l'arène... Ne te fie à personne. Personne, tu m'entends ? Il y a des pièges partout. Sois prudente, ma Sagi... Et ne participe pas au bain de sang de la Corne d'Abondance. Même si ça veut dire que tu n'arriveras pas à attraper l'arc. Tu peux t'en fabriquer un. Ou commencer avec des couteaux... Les armes, Sagitta, les armes... Je tâche de mémoriser ses dires. Peut-être aurai-je de la difficulté à les suivre plus tard, mais dans l'immédiat, je n'ai pas le temps de méditer sur la question. ... c'est très important. La nourriture aussi, et surtout l'eau. Tu peux le faire. Tu es rapide. Tu es une chasseuse. Tu sais survivre dans la nature. Tu es courageuse. S'il te plaît, Sagi, gagne ! Gagne et reviens !
Cette fois-ci, j'entends la porte sur le point de craquer, les gonds débarquent un à un alors que ce que je crois être un jeune homme -sa voix m'est familière, probablement un Pacificateur du Marais- s'évertue à l'envoyer au tapis. Zoé me serre dans ses bras comme si sa vie en dépendait, et elle me souffle doucement à l'oreille, si bas que je faillis ne pas l'entendre:
- Et n'oublie jamais qui tu es.
La porte éclate, et je fais volte-face, prête au combat le plus acharné possible. Mais ce que je vois me laisse pétrifiée. Dans tous les millions d'habitants de Panem, dans les 29 autres tributs sauvés l'an dernier, il fallut que ce fut lui. Le survivant. Le garçon qui a réssucité. Jessie. Mon frère. Dans l'ensemble, il n'a pas beaucoup changé. Grand, les mêmes cheveux bruns en bataille et les yeux ambrés comme les miens prononcés de cernes, et le même teint diaphane. Or, il semble avoir pris du poids, et pas en bedaine, mais bien en muscles; la maigreur typique du Marais a fait place au corps athlétique d'un guerrier. Je grince les dents d'horreur en remarquant l'uniforme blanc typique des Pacificateurs qu'il revêt. Mais le pire, ce sont ses cicatrices. Il en a partout. La plus horrible est certainement celle hachurée dévoilant l'emplacement d'anciennes pointes sutures là où sa joue avait été déchirée, ne laissant qu'une traînée blanche mais bien visible. Tout l'air s'échappe de mes poumons alors qu'il prend la parole, d'une voix vide, folle.
- Je pense que ce sera bon messieurs. Vous pouvez disposer, je tiens à m’occuper personnellement de ces deux-là.
Dès les premiers mots, je sais que ce n'est pas mon frère. Du moins, ce ne l'est plus. Je serre les poings, enragée. Si Zoé n'a pas donné signe de vie, à la limite, je peux comprendre. Mais lui... oh... Quelque chose se réveille en moi. Quelque chose de sauvage. Quelque chose de dangereux. Quelque chose qui aurait dû rester tapi, mais qui se cache depuis trop longtemps. Une colère sourde, comme un grondement de chat avant qu'il ne passe à l'attaque, les pupilles dilatées, pointées sur son ennemi, sa proie, avant de lui asséner un violent coup de griffe. Les deux autres qui accompagnaient mon frère s'écartent et filent, sûrement avertir une escorte pour m'accompagner au train sans trop de sang.
Nos regards se croisent. Je soutiens le sien avec toute la hargne que je peux contenir. Je me sens trembler de rage, tel un volcan avant son explosion cataclysmique. Mon doigt craque tant mes poings sont serrés fort. Trahison. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit. Une trahison profonde, inhumaine. Cette chose -je n'ose même plus lui donner le qualificatif fraternel- nous a laissés dans la famine, alors que notre père mourait lentement de l'intérieur, avant d'aller rejoindre la putain d'armée des gens qui nous tourmentent depuis toujours. Cette chose est faible. N'a aucun honneur. N'a même plus de nom. N'est plus rien, pour moi. Plus rien d'autre qu'un futur quartier de viande lorsque j'en aurai fini avec lui.
- Content de te revoir sœurette. Alors... je n’ai même pas le droit à un câlin ? Ne me dis pas que je ne t’ai pas manqué quand même ?
- Ne m'appelle pas soeurette, réussis-je à siffler entre mes dents, acide.
-Oh, .. non… ne me dites pas que j’interromps une séquence émouvante de retrouvailles ? ricane-t-il. Dommage, que le temps nous soient compté. Vous avez trois secondes pour faire bisous, câlins, tout ce que vous voulez. Ensuite je t’embarque, Zoé. La fête est finie pour toi.
Je m'apprête à lui refaire le portrait avec toute la haine que je nourris lorsque je remarque, incrédule, Zoé s'avancer calmement vers cette engeance. Les gens n'ont-ils aucune fierté? Je suis tout d'abord désarçonnée, et mon amie articule doucement:
- Tu vois... Tout va bien. Jessie va bien s'occuper de moi. On t'attendra ensemble. Reviens en vie, Sagi... Et bonne chance. Euh, non? Suis-je la seule à me rendre compte que tout ne va pas bien, que tout cela est mal, la seule qui ait encore de l'orgueil, bon sang? Allons-y, alors.
Mais je n'en crois pas mes yeux. La voilà qui tente d'avoir un sourire confiant, qui tend ses mains pour se faire menotter. On me prend pour une conne? Pour une enfant crédule et maniable qui se plie à n'importe quoi? Oh non. L'Engeance doit bien le savoir, j'ai toujours eu un mal fou à contrôler mes émotions. Et en ce moment, tout cette mascarade, je la prend comme une insulte, une gifle à ma personne. Et on n'insulte pas Sagitta Chase. Je peux presque voir mes oreilles rabaissées comme celles d'un félin enragé.
-Oh, non, je ne crois pas.
J'ai prononcé ces paroles paisiblement. Calme, mon visage ne transmet aucune émotion. Ils se sont retournés vers moi, je le remarque lorsque je relève un regard fou vers ce qui a autrefois été mon frère. Je m'avance tranquillement. La démarche posée. Je suis l'oeil d'un cyclone. À la hauteur de l'Engeance, je retire un petit objet de ma poche, un petit objet d'argent que mon père m'a donné tout à l'heure. Le briquet s'illumine dans la clarté diffuse de la salle, et je le lève près de mes yeux.
- Papa a dit qu'il voulait te donner ça, mais que vu que tu as disparu trop vite, il n'a pas eu le temps. Je comprends mieux ce qu'il voulait dire à ce moment-là. Tu es mort, Jessie. Et pas seulement depuis les Hunger Games. Papa l'a su depuis bien avant. Je voulais que tu le saches avant que tu ne perdes cet oeil pour une seconde fois. Ça et le fait que tu aurais dû rester dans ta tombe.
En un dixième de seconde, mon poing s'écrase avec une force que je ne me soupçonnais pas sur le nez de l'Engeance. En moins de deux, je me précipite dessus, complètement folle, et le roue de coups aussi vite que je le peux. Son entraînement militaire lui permet d'en bloquer plusieurs, mais quelques uns réussissent à se frayer un chemin jusqu'à son corps où je déverse une rage qui pris un an à recueillir. Je plante mes dents dans son épaule, malgré l'incertitude de faire mouche à cause de son armure. Un goût âpre de sang sur ma langue me plonge dans une euphorie inquiétante.
Je sens alors de puissants bras m'enlacer la taille et m'attirer vers la sortie. Je me débats comme une furie, je donne des coups de pied et de poing un peu partout, cherchant la figure mutilée d'un monstre, mais on m'attire inexorablement vers l'extérieur. Je hurle de fureur en direction de la petite chambre poussiéreuse et froide où mes proches me dirent adieu et où je vis deux fantômes. Alors qu'on me traîne au loin, au dehors, je vois le cadavre ensanglanté de l'homme qu'a tué Zoé étendu sur le sol, une femme pleurant près de son corps. Qu'ils crèvent tous. Qu'ils brûlent en Enfer.
On finit par me relâcher lorsque je suis à l'extérieur, et aussitôt une équipe complète vient m'encercler, et je sens le canon d'un fusil se poser contre le bas de mon dos, m'astreignant au calme. Je ravale ma colère, déjà passée, maintenant que l'Engeance est à l'intérieur de ce bâtiment maudit. La pluie battante me trempe rapidement, et je perçois avec peine Aloysius, un peu plus loin, escorté lui aussi vers le train.
"Commentaires":
Bon, moi j'ai fini Quand je disais que Sagi pouvait faire peur Dark Sagitta is going to kill you OwO
Zoé E. Williams
△ correspondances : 320 △ points : 0 △ multicomptes : Amarinda C. Carter, D. Aileen Carter-Lewis (RIP) △ à Panem depuis le : 23/06/2011△ âge du personnage : 19 ans
Sujet: Re: II.1 I AM BRAVE ϟ visites de sagitta chase Sam 9 Juin - 20:29
Fuis Zoé, fuis! Non, je ne pouvais plus fuir. Plus maintenant. « Va-t'en, va-t'en! Avant que d'autres ne rappliquent! » Me lança Sagitta comme en écho à mes pensées, mais je ne bougeais pas. Il était trop tard. J'avais joué à pile ou face avec le destin, et j'avais perdu. Maintenant, on allait me capturer. M'amener au Capitole. Me torturer. Ma vie allait se résumer aux coups, aux blessures autant de mon corps que de mon esprit, aux injures, aux visages hostiles des Pacificateurs, à l'obscurité de mon cachot. J'allais mourir. Cette certitude m'envahit et faillit me priver de mes moyens. Mourir. Pas comme dans l'arène, proprement, assez rapidement, d'un coup de couteau dans le coeur ou le ventre. Non, lentement. Tellement lentement que j'aurais le temps de regretter chaque seconde de ma putain de vie, de prier tous les dieux, de supplier mes geôliers. Tellement lentement que j'allais regretter d'être née, maudire ma mère de m'avoir donné la vie, et appeler la mort de toutes mes forces. On ne marchande pas avec la Faucheuse. Je lui appartenais sans réserve depuis le jour où j'avais quitté l'arène. La vie qu'on m'avait offerte en plus au district 13 ne comptait pas. Ce n'était qu'un simulacre d'existence, et je le payerais à ma mort. Non, la Grande Noire n'aime pas qu'on lui échappe, et elle allait me faire souffrir. Mais peut-être... Peut-être pouvais-je obliger les Pacificateurs à me tuer rapidement. En les attaquant par exemple. Non, cela ne marcherait pas. La mort ne se laisse pas duper. Et puis, au fond de moi, subsistait l'espoir ridicule de survivre. De m'échapper.
La porte céda. Je m'attendais à tout... mais pas à voir Jessie devant moi. Jessie en uniforme de Pacificateur. Jessie plein de cicatrices. Mon coeur se serra. Il avait dû souffrir horriblement. Lorsqu'il parla, je me raidis. J'avais la tête pleine de souvenirs de lui. Sa voix rieuse lorsqu'il me taquinait. Sa voix inquiète lorsque j'étais blessée ou affamée, au district 4. Sa voix douce et chaleureuse lorsqu'il me parlait de son avenir. Sa voix apeurée lorsqu'il évoquait la possibilité de participer aux Jeux. Sa voix haineuse dans l'arène. Sa voix grave et rassurante au district 13, avant de m'embrasser. Jessie ne parlait pas comme... cette créature devant moi, même s'ils avaient le même visage, le même corps. Jessie n'avait pas l'air d'un fou. Jessie... Était-il possible qu’il soit mort ? Disparu ? Remplacé par une autre identité ? Pouvait-il un jour redevenir mon ami, le garçon qui imitait le cochon pour me faire plaisir, l'homme qui m'aimait ? Je n'étais pas la seule à avoir remarqué que quelque chose clochait. Sagitta fixait son frère avec rage. « Ne m'appelle pas soeurette. » Siffla-t-elle. Je voulus la calmer. Comme si rien ne s'était passé, comme si Jessie était simplement Jessie et non pas un affreux Pacificateur conditionné, je lui dis que tout irait bien. Qu'on l'attendrait ensemble. Et puis, je ravalai ma fierté et tendis mes mains à Jessie pour qu'il me menotte. Pour le moment, mon but était de calmer Sagitta. Malheureusement, j'échouai lamentablement. « Oh, non, je ne crois pas. » Sa voix était calme, mais je la connaissais... et je sentais venir la tempête. « Sagi... » Murmurai-je, mais je savais que je ne pouvais pas éviter qu'elle explose. Elle sortit un briquet. Je crus d'abord, affolée, qu'elle voulait mettre feu à Jessie, mais non... « Papa a dit qu'il voulait te donner ça, mais que vu que tu as disparu trop vite, il n'a pas eu le temps. Je comprends mieux ce qu'il voulait dire à ce moment-là. Tu es mort, Jessie. Et pas seulement depuis les Hunger Games. Papa l'a su depuis bien avant. Je voulais que tu le saches avant que tu ne perdes cet oeil pour une seconde fois. Ça et le fait que tu aurais dû rester dans ta tombe. » J'étais... choquée. Comment pouvait-elle parler ainsi à son propre frère ? D'accord, il n'était pas lui-même... Mais c'était toujours Jessie, non ? Son poing jaillit avant que je puisse l'arrêter et s'écrasa sur le nez de Jessie.
Elle se transforma en furie. Mordant, griffant, frappant. Ils se battaient, et moi, je ne faisais rien. J'aurais pu essayer de m'échapper, mais j'étais incapable de bouger. Tout cela me rappelait trop l'arène. Les cris, le sang, la mort. J'étais malade de terreur. Soudain, deux Pacificateurs entrèrent et s'emparèrent de Sagitta. Elle se débattit en hurlant, mais ils tinrent bon. Un autre Pacificateur entra, l'air complètement perdu. Lorsqu'il me vit, il devint livide. 'Zoé.' 'Un fantôme.' 'Sauvée par le district 13.' ... Les Pacificateurs murmuraient entre eux, mais semblaient avoir peur de s'approcher de moi. 'Ne la laissez pas s'échapper !' Hurla quelqu'un, mais dans la confusion générale, je ne savais pas si cette personne parlait de Sagitta ou de moi. Lorsque les Pacificateurs emportèrent mon amie, je sortis de mon apathie. Je me ruai vers la sortie, mais on me barra le chemin, on me retint, on me bourra de coups. « Sagi ! » Criai-je en me débattant. « Sagitta ! » Et s'ils la tuaient ? Et s'ils lui faisaient du mal ? Non, je voulais la sauver ! Je ne voulais pas rester ici, avec ce monstre qui avait été Jessie... Un coup sur la tête me fit voir double, triple. On me jeta devant les pieds de Jessie. Pleine de sang et d’écorchures. Pitoyable et inoffensive. J’étais à sa merci.
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