Je me permets de poster parce que j'avais dis que je le ferai Des rps courts, pour que cela aille vite
Sont invités à me rejoindre : Vihaduc, Ezeanul, Alexiamour, Dely-chow

Bienvenue au 76th Hunger Games. Phoenix entra dans le train qui allait le conduire jusqu’au Capitole. Trouvant rapidement le wagon du district onze, il ne mit pas plus de dix minutes à trouver sa cabine et à poser les quelques affaires qu’il avait pris avec lui. Il resta un instant dans le silence des lieux. Depuis que les deux noms des candidats de cette année avaient été tiré, il régnait comme un sentiment mortel dans le district entier. Les gens ne chuchotaient même plus. Il n’y avait que le silence et la voix atroce de l’hôtesse du Capitole pour prouver de la vie qui existait encore dans le district. Delysia… Cet adorable petit bout de femme faisait sa première année dans le district onze. Ironiquement ; Phoenix se demandait ce qu’elle fichait là. Ce n’était pas ses premiers Hunger Games, et en général on ne filait ce district qu’aux novices. Le Pacificateur s’était donné la mission de découvrir ce qui l’avait mené jusque là. Quitte à la rendre folle pour arriver à ses fins. Souriant, il sortie de sa valise l’œil de verre que Hope lui avait fait parvenir. Le message était clair : non tu ne montreras pas ton beau bandeau de pirate à tout le Capitole. Un peu de tenu tout de même. Si cela était venue d’une autre styliste le pacificateur n’aurait pas hésité à l’ignorer. Mais Hope était une amie de sa femme, et donc de la famille. Alors, il décida de lui faire plaisir, et retirant son bandeau il mit en place cet objet atroce. Un bel œil bleu, presque parfaitement réaliste. Soupirant, il sortie également l’herbe qu’il s’était procuré dans le district et se décida à rejoindre son équipe de choc.

Il ne connaissait pas la jeune Viha, mais il n’avait aucune envie d’être le mentor de ce crétin d’Ezea. Il était bien trop proche d’Alexiane pour cela. Et Alexiane d’ailleurs … le pacificateur se demandait comment elle se sentait à cet instant. Elle allait envoyer ses tributs se faire tuer pour la première fois, et lui-même allait s’assurer que cela se fasse avec le plus de douleur possible. Il n’aimait pas la jeune gagnante. Principalement parce qu’il n’aimait pas l’idée qu’elle ait remporté les jeux. Le district onze ne méritait pas de voir ses enfants lui revenir. Il devait souffrir de sa faiblesse, se souvenir qu’il n’était rien. Et pour faire regretter à Alexiane d’être encore en vie les occasions ne manquaient pas à Phoenix. Que ce soit le souvenir de son petit ami décédé, ou des amies qu’elle avait assassiné dans l’arène, il pouvait fort bien lui rappeler tout cela pour en avoir été témoin. Et il n’allait pas s’en priver. Elle devait regretter d’être une gagnante. Personne ne méritait de revenir de cette foutue arène. Les plus chanceux c’étaient ceux qui y restaient. Depuis huit ans Phoenix y retournait, en compagnie d’autres gagnants qui étaient devenus des amis à présent. Et tout ce qu’il pouvait dire c’est que personne n’assumer d’être encore vivant. Tous avaient cet œil morne et cette rage dans le cœur. De même aucun d’eux n’était parfaitement équilibré.

Il arriva dans le wagon – repas, et trouva un magnifique buffet et de l’alcool. Comme toujours pensa-t-il, blasé. Le train n’avait pas encore démarré mais il savait que cela n’allait pas tardé. Le trajet allait durer quelques jours, et le train allait s’arrêter dans tous les districts pour prendre les autres tributs en passant. Il ne s’intéressait pas aux autres tirages au sort. Cela ne servirait à rien. Comme tous les ans, il allait sans doute faire en sorte d’oublier le nom de ces gamins et de retourner à sa vie de pacificateur le plus rapidement possible. Il se servit un verre de vin, et alluma une cigarette. Il se rendit compte alors qu’il avait faim. Un poids énorme avait quitté sa poitrine, et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi. Kamaria, sa fille adoptive, n’avait pas été tiré au sort. Il sourit. Il pourrait peut être la sauvée finalement. Alors, il prit une part de gâteau et l’engloutit d’une seule traite. Il tira sur sa cigarette et profita de sa solitude qui ne dura cependant pas.

Lorsque quelqu’un entra dans le wagon, il était affalé sur une chaise, les pieds sur une autre, la tête en arrière, le verre de vin à moitié vide et la cigarette à la bouche, jouant avec la fumée. Il sourit en entendant les pas allaient vers lui. « Bienvenue dans la Team Eleven ! Ceci est votre ultime voyage, alors faites en sorte qu’il soit le plus agréable possible. La mort est extravagante dans ce pays. » Il rit à sa propre remarque. La mort était sans doute habillé à la manière de Delysia, avec une perruque atroce… A moins que ce ne soit ses vrais cheveux.

Je n'avais jamais eu l'occasion d'emprunter le train. Ce moyen de transport était assigné aux marchandises destinées au Capitole, ou bien réservé aux personnalités du pays. J'en voyais parfois passer, alors que je travaillais dans les plantations. De grosses machines toutes en longueur et en métal qui filaient à une vitesse impressionnante parmi les vergers, comme survolant le sol. D'ailleurs, c'était peut-être le cas. En tout cas, le train ne m'avait jamais vraiment donné envie. On devait se sentir mal, non, dans ce genre d'engin qui, à se qu'on disait, progressait à plus de quatre cents kilomètres-heure ? Et pourtant, même si ça peut paraître étrange ; voyager à bord d'un train n'est pas si déplaisant. On se sent tout à fait à l'aise, à apercevoir parmi les larges vitres le paysage défiler si rapidement qu'on ne peut en cerner les détails. Ça me faisait un peu bizarre, de ressentir ça. J'avais l'impression d'apprécier quelque chose du Capitole, et ça me répugnait. Heureusement, le dégoût que j'éprouvais à l'égard de toute la profusion de matériaux riches et de nourriture qui se trouvait ici me rappelait que je n'étais pas encore à leur merci – grand bien m'en fît.

Maintenant que j'étais monté dans ce maudit train – terminus : la mort, tout le monde descend -, je pouvais m'abandonner à quelque rêvasserie sans craindre les caméras. Peu auparavant, après qu'on m'eût prié de rejoindre Viha dans une voiture à la sortie de l'hôtel de ville, les flashs des photographes s'étaient fait nombreux et fortement agaçants. A la gare, rien ne s'était arrangé. Ça n'avait été qu'à la montée dans le train qu'on nous avait fichus la paix. Delysia, elle, ne semblait pas avoir été dérangée par ces maudits appareils photo. Pas plus que Phoenix et Alexiane. Ils devaient être habitués. J'espérais l'être rapidement, moi-aussi. Quoiqu'il en soit, une fois qu'on m'eût mené à ma cabine, j'avais pu prendre le temps d'explorer toute ma chambre et ma salle d'eau avec méfiance. Ici, tout semblait avoir été conçu pour me mettre mal à l'aise. Des rideaux en velours noir à la baignoire de faïence immaculée... Tout était parfait. Propre. Neuf. Cher. Bref, rien de ce à quoi j'étais habitué. Et ça me répugnait un peu. Était-ce ça, la vrai vie ? S'entourer d'objets magnifiques sans oser les toucher ? Pathétique.

Lassé par ce que j'avais à observer ici, je décidai de quitter ma chambre pour rejoindre les wagons que je partageais avec les autres membres de mon « équipe ». Toutefois, « équipe » était un bien grand mot, car je sentais parfaitement que nous n'étions pas tous sur la même longueur d'onde. Après quelques secondes de recherche, j'eus le plaisir d'observer Phoenix et Viha par l'entrebâillement d'une porte. Le wagon dans lequel ils se trouvaient devait être la salle-à-manger, au vu des couverts en argent disposés trop soigneusement sur la table. Phoenix souriait largement à Viha, de son air suffisant qui m'exaspérait totalement. Dernièrement, on nous avait repassé ses Jeux à la télé. Et ce que j'y avais vu m'avait totalement révolté. Je détestais cet homme.
J'entrai dans le wagon, cependant que Viha remerciait Phoenix pour je-ne-sais-quelle raison. « Merci, monsieur, mais voyez-vous, je n’ai pas vraiment l’intention de mourir. Je crois même que je veux gagner ses jeux. » Puis, dans un sourire, elle fit : « Je m’appelle Viha. » Cette scène était assez comique. Je décidai d'y prendre part, et m'avançai jusqu'à me placer au côté de ma co-tribut. « Hmm, tu veux que j'te dise, Viha ? N'espère rien de cet homme. On le débecte et il n'en a probablement rien à faire de nous et de nous voir crever. Ça se voit à son visage. Je serais toi, j'irais plutôt voir Alexiane. » J'esquissai un bref demi-sourire en me détournant, avant d'ajouter aussitôt : « Bref, on est ici pour combien de temps ? » Ma question n'était pas adressée à quelqu'un en particulier, mais quelque chose me disait que Phoenix n'allait pas y répondre.

J’étais nerveuse. J’étais en colère. J’étais agacée. J’étais excitée. Je ne savais pas exactement quel serait le résultat du mélange de tant de sentiments. C’était assez contradictoire. J’allais envoyer mes premiers tributs à l’abattoir, et pourtant, je me sentais étonnamment bien. Cela faisait un an que j’avais remporté les Jeux, et j’étais passé par beaucoup d’état d’esprit. J’étais passé par une période de dépression, j’avais renié ma victoire, je m’étais comportée comme la pire des mégères avec certaines personnes, pour finalement m’apaiser. Même si j’avais très mal vécu la moisson, je tentais de ne pas me laisser abattre comme quelques mois auparavant. Il était temps pour moi de reprendre le contrôle. Je n’allais aider personne si je remuais mes idées noires et m’enfonçais dans ma solitude. J’étais nerveuse, car c’était la toute première fois que j’allais effectuer mon travail de mentor. Et je stressais à l’idée de foirer, même si je devais accepter la future mort d’un de mes tributs au minimum. Je ne savais pas comment m’y prendre, et je ne pouvais pas vraiment prendre exemple sur Phoenix pour être un mentor digne de ce nom. Ce type n’en n’aurait rien à foutre d’eux, comme il n’en n’avait rien eu à foutre de moi un an auparavant. Ainsi, je devais créer ma propre … identité. Je n’allais pas être relax avec eux, il faut dire que je n’y serais pas arrivée, ni trop dur, car ils ne m’écouteraient probablement pas dans ce cas. J’étais en colère. Contre Phoenix, qui n’allait rien faire, et contre les Rebelles. Ils nous avaient assez bassinés avec leur superbe Rébellion qui tuerait le Capitole, or il n’en n’était rien. Et cette année, vingt-trois jeunes allaient à nouveau mourir. À moins d’un nouveau miracle du district treize, ce dont je doutais fortement. J’étais agacée face à prochaines heures qu’ils allaient suivre. Je ne me réjouissais pas de retourner au Capitole pour voir ses idiots se délecter des jeunes qui allaient être leurs stars durant plusieurs semaines. Sans contenter l’effervescence des paris lorsque les Jeux commenceront, où je serais bien obligée de jouer le jeu dans l’espoir de décrocher des sponsors pour Viha et Ezea. Mais étonnamment, j’étais excitée. Excitée à l’idée que dans quelques semaines, quelqu’un prendrait ma place de dernier vainqueur en date, et devienne la nouvelle bête de foire, me laissant retomber dans l’anonymat – ou du moins, d’être moins épiée qu’à l’heure actuelle. Oui, ce mélange d’émotions ne présageait rien de bon.

J'étais partie en direction de ma cabine dès que j'avais franchi le seuil du train, m'enfermant à double tour. Je n'avais pas envie d'en ressortir de sitôt, principalement pour éviter Phoenix. Je m'étais incroyablement bien portée loin de lui, et j'appréhendais de me retrouver face à lui. Je savais bien qu'il n'allait louper aucune occasion pour m'enfoncer ou m'humilier, et bête comme j'étais, j'allais le laisser faire. Il faut dire qu'il me fichait une sacrée trouille ce type, vu son métier. Il était quand même réputé pour être un Pacificateur sans pitié, et à vrai dire je tenais bien trop à ma vie pour lui faire le moindre reproche. Je restais des dizaines de minutes dans ma cabine, voir une heure, avant que mon estomac me ramène à l'ordre. Je me dirigeais vers le wagon-repas dans l'espoir d'y trouver de quoi grignoter, mais si je doutais fortement de ne pas trouver mon bonheur. Mais une autre odeur que celle de la nourriture me vient aux narines, ainsi que des voix, dont une qui m'était familière, ce qui suffisait à me dégouter. Malgré tout, je pressais le pas en direction des voix. Je ne voulais pas que Phoenix commence à bourrer le crâne de Viha et d’Ezea avec des conseils stupides. J’entendis les paroles d’Ezea alors que je faisais mon entrée dans la pièce. « Quand on parle du loup. » dis-je, accompagné d’un sourire à l’attention de mes tributs. « Phoenix ne vous aidera pas. Il éprouve une trop grande fascination vis-à-vis de la mort pour vous aider à survivre. » Je jetais un regard au wagon, ignorant soigneusement Phoenix. « Le voyage devrait durer un peu plus d’un jour, Ezea. » répondis-je à la question du jeune homme, tout en regardant la pièce à nouveau. Il n’y avait pas la moindre trace de Delysia, alors qu’elle était probablement la seule personne que je voulais voir à ce moment. Elle était peut-être agaçante, trop bavarde, trop Capitolienne – la liste de ses défauts pouvaient être longues – il n’en restait pas moins qu’elle avait le don de me changer les idées avec sa joie de vivre et sa façon d’être. « Est-ce que Delysia va nous honorer de sa présence ? » demandai-je à l’attention de Phoenix, sans pour autant attarder mon regard sur lui.

Il regarda la jeune tribut dans les yeux. Enfin, à travers son seul œil en état. Viha … Elle s’était portée volontaire, et depuis huit ans, il n’avait pas connu beaucoup de volontaire dans son district. Pourtant, cela n’avait pas changé son opinion sur les enfants qui venaient de son district : aucun d’entre eux n’étaient assez forts pour sortir de l’arène vivante. La seule raison qui expliquait le retour d’Alexiane était la nullité affligeante des autres tributs de l’année précédente. Il ne pouvait pas simplement admettre l’idée qu’elle avait la noblesse suffisante pour sortir de là vivante. Ou la ruse suffisante, elle n’était pas cruelle. Elle croyait en l’être humain, et elle souffrait plus que de raison pour avoir gagné. Tout cela il le savait. C’est pour cela qu’elle l’évitait soigneusement. C’est pour cela que tout le monde l’ignorait : il avait accepté l’idée d’être un tueur. C’est pour cela qu’il portait l’uniforme des pacificateurs aujourd’hui. C’est pour cela qu’il préférait se dire soldat que gagnant. Il préférait oublié les enfants qu’il avait tué dans l’arène. Comme sa sœur … Mais ceci est une autre histoire. Aujourd’hui ce sont d’autres tributs qui allaient entrer dans l’arène. Comme cette jeune femme qui se présentait devant lui avec un regard de défis. Il ne pouvait pas se l’expliquer mais il sourit. Elle lui prit son verre pour le vider cul sec, et au vu de sa grimace il comprit que l’alcool ne devait pas lui plaire plus que cela. Il laissa échapper un petit rire avant qu’elle ne se présente encore, comme si elle voulait qu’il se souvienne d’elle. D’accord petite fille… J’ai compris. Je te laisse ta chance. Avant qu’il n’ait pu parler Ezea fit son entrée dans la pièce. Phoenix lui offrit une grimace amusée. Le jeune homme l’ignorait alors qu’il mettait la jeune femme en garde. C’est une moue enfantine et boudeuse que Phoenix offrit en retour alors qu’il se servait un autre verre de vin et pris un morceau d’un gâteau vert, bleu et orange. Etrange… tout comme le gout d’ailleurs. Alors qu’il se concentrait sur la part de cake, il ignorait royalement la question du tribut qui voulait savoir si le voyage durera longtemps. Jamais il ne sera assez rapide pour toi mon gars. pensa le pacificateur avec amusement. Comme si les choses étaient parfaitement rythmées, c’est Alexiane qui arriva à temps pour répondre à la question du tribut avant de les mettre tous les deux en gardes. Phoenix la regarda avec un air blessé, mais amusé. Il était si horrible et terrifiant que cela ? Oui … Il enverrait ces tributs mourir. Aucun d’entre eux ne reviendrait, et cela pour une raison très simple : le district onze était au bord de l’explosion. Le Capitole ne lui offrirait pas deux gagnants d’affilés, les rebelles en seraient que trop encouragé. Cette année, un district de carrière allait remporter la victoire. Il en était persuadé. Alors pourquoi se battre ?

Enfin, c’est la belle Delysia qui s’avança d’un pas dansant dans la pièce. Elle fit la liste des présents et offrit – elle aussi – une grimace dégoûtée vers Phoenix qui lui renvoya un sourire séducteur et cynique. Elle prit un gâteau rose après avoir terminé sa phrase, et Phoenix se pencha vers elle alors qu’elle croquait dedans. « Ma belle Delysia, vous avez de la crème sur le nez… » Dit-il en s’avançant encore. Jusqu’à lui lécher le nez, récupérant la crème rose et écoeurante sur sa langue. « … y’a plus. » Dit-il avec une voix de gamin amusé par sa propre bêtise. Il se leva et alla vers Alexiane qu’il prit par les épaules. « Alexiamour … Que de mesquinerie et de méchanceté à mon égard, moi qui t’ai pourtant si bien aidée l’année dernière. M’en veux-tu d’être encore en vie ma beauté ? Je le comprends. Mais tu vois aucun d’entre eux ne reviendra cette fois. » lui souffla-t-il à l’oreille d’une voix glaciale. Puis, c’est vers lui tributs qu’il alla, avec un pas chancelant, les regardant tous les deux avec un air critique. « Ezechouette est bien trop prétention à mon gout, je te le laisse. Mais je veux garder la fille. Je sens que notre petite Viha a … quelque chose en elle. Qu’en pense-tu ? » Dit-il en se tournant vers la demoiselle. Il pencha la tête sur le côté et laissa son regard glisser sur elle, comme si voulait la sonder. « Pourquoi t’être portée volontaire gamine ? Quelles raisons peux-tu bien avoir de te battre ? » Demanda-t-il en restant un peu en retrait, sans la lâcher du regard. La gloire, l’amour, ou alors une fascination exacerbée pour la mort …Qu’est-ce qui pouvait convaincre une aussi jeune demoiselle de se jeter à bras ouverts dans l’arène ?

Soudain, comme si quelqu'un orchestrait le déroulement de cette pièce de théâtre sordide, Alexiane surgit d'un couloir. Au moment exact où je l'attendais. Je la regardai progresser vers notre petit groupe bigarré, guettant son visage dans l'attente d'une quelconque marque d'attention qui ne vint pas. Elle semblait m'avoir attribué l'étiquette officielle du tribut. Désormais, je n'étais plus son ami. Elle se contenterait d'être mon mentor – peut-être pour se protéger elle-même ? Pour éviter d'avoir à me pleurer une fois que j'aurais laissé ma vie dans l'arène ? Je ne savais pas. Mais ça me décevait un peu. En tout cas, à voir le regard dégoûté qu'elle dardait sur Phoenix, elle semblait avoir le même avis que moi sur le pacificateur. On ne pouvait pas renier ses idéaux, après tout. « Phoenix ne vous aidera pas. Il éprouve une trop grande fascination vis-à-vis de la mort pour vous aider à survivre. » Viha semblait boire ses paroles et analyser la situation. Mais ma co-tribut n'ajouta rien, puisqu'une fois qu'Alexiane m'eût annoncé que le voyage durerait un peu plus d'une journée, notre hôtesse fit une entrée assez remarquée dans une envolée de tissus et de cheveux décolorés. Je la vis piocher sur un plateau argenté alors qu'elle souriait à pleines dents. « Nous pouvons maintenant faire connaissance! N'est-ce pas fantastique?! » J'eus envie de rire, mais je m'abstins. Delysia était le stéréotype de la Capitolienne. Souriante, enjouée, innocente. Inconsciente. Nonobstant tout cela, je ne parvenais pas à en vouloir à lui en vouloir. Après tout, elle avait été élevée ainsi, elle n'avait connu que cela... Si elle se comportait si outrageusement, ce n'était vraisemblablement pas de sa faute. Et alors qu'elle engloutissait l'une de ces pâtisseries multicolores qui étaient mises à notre disposition – mais sur lesquelles mes prunelles ne s'autorisaient pas un regard -, Phoenix vint lui lécher le bout du nez en prétendant nettoyer quelque reste de crème. Ecœurant. J'eus envie de m'en aller d'ici ; après tout, la solitude me serait peut-être plus profitable que des discussions stériles avec ces personnages horripilants. Cependant, je me devais de rester. Delysia avait raison : nous devions essayer de faire connaissance, malgré le jugement très clair que j'avais sur chacun de mes interlocuteurs. Après tout, peut-être ce dernier était-il préconçu ? J'en doutais fortement.

Phoenix reprit la parole, toujours aussi exaspérant. « Ezechouette est bien trop prétention à mon gout, je te le laisse. Mais je veux garder la fille. Je sens que notre petite Viha a … quelque chose en elle. Qu’en pense-tu ? » Je captai le regard d'Alexiane et levai les yeux au ciel, amusé. Dans un sens, les propos de Phoenix me rassuraient : je n'aurais finalement pas à me le coltiner. Hallelujah. Je m'apprêtais à glisser à Viha un « Bonne chance, tu en auras besoin » qui me tenait à cœur quand la voix de ma co-tribut vint stopper le cours de mes pensées. Et ce qu'elle déclara me surprit. « Nous vivons dans un monde de merde. Mais nous avons la chance d’avoir les jeux pour nous en sauver. Soit on y meurt. On est libre. Fini le travail et la souffrance. Où on gagne, on vit dans le luxe. Dans les deux cas, on est gagnant. A moins qu’on soit un être faible, qu’on ait peur de la mort, ou… que l’on soit émotif. Ce que je ne suis pas. » Elle avait jeté un regard à Alexiane qui laissait peu de place à l'imagination. Quelle sans-gêne ! Et puis ces petites mimiques du Capitole qu'elle avait adoptées.. Elle était répugnante. Mais cela ne l'empêcha pas de poursuivre sur sa lancée, achevant de détruire l'estime que je lui portais. « Et j’ai la chance d’être neutre dans le conflit. Une arme à la disposition des deux camps. Ça peut vous paraitre égoïste, mais dans le monde dans lequel nous vivons, nous n’avons pas d’autre choix. Voilà. C’est aussi simple que cela. » Alors c'était donc pour ça qu'elle s'était portée volontaire ? Moi qui l'avais crue forte et puissante... J'avais toujours pensé qu'elle était une bonne personne. M'étais-je donc leurré ? Elle s'était exprimée comme une gamine prétentieuse et insensible. Tout le contraire de ce que je pensais d'elle. Mon regard s'était perdu dans le vide cependant que mon visage se teintait d'un rictus révolté. Je devais me ressaisir, et pour ce faire, je m'assis dans un des fauteuils qui trônait à la table. C'était confortable, ce tissu. Je pris un air désinvolte et minaudai : « Que c'est mignon! notre cher mentor Lewis s'est trouvé un tribut à son image. Un énième pion. » J'éclatai d'un rire railleur et amer, puis je me dotai d'un ton neutre pour m'adresser à Viha. Le regard que je lui lançais était pénétrant, et je ne savais pas si elle ressentirait tout le mépris et l'incompréhension que je lui destinais désormais. « Viha, sincèrement, tu me... déçois. Mais passons. »

Je me détournai de la scène et interrogeai Alexiane du regard. Il fallait que j'oublie cette intervention inutile. Si je devais faire sans Viha, je ferais. Après tout, j'avais l'habitude d'être seul. « On devrait peut-être s'adonner à ce qui doit être un bon vieux rituel, soient les conseils ? Quelle arme nous sera la plus utile dans ces Jeux, selon vous ? Alexiane ? »

À peine avais-je prononcé son prénom que Delysia faisait son entrée dans la pièce. Comme à son habitude, elle était des plus enjouées, ce qui avait le don de me calmer. Nous étions désormais tous réunis, et les choses sérieuses pouvaient commencer. Du moins, je l’espérais, je désirais plus que tout que cette réunion se termine au plus vite. J’adressai un léger sourire à Delysia concernant son commentaire sur l’arène de l’an dernier, plus par politesse qu’autre chose. J’eus de la peine pour elle lorsque Phoenix lui lécha le nez, au point d’en avoir une grimace. Notre jeune hôtesse était probablement en train de fumer intérieurement à ce contact. Il se dirigea ensuite vers moi, et je me demandais bien ce qu’il allait trouver pour m’agacer cette fois-ci. Il semblait avoir un don pour me faire sortir de mes gonds. Bien que je le détestais, je devais admettre qu’il était particulièrement doué pour pousser les gens à bout. Je tentais de garder mon calme alors que ses mains étaient posées sur mon épaule. C’était un simple contact qui semblait innocent, mais venant de Phoenix, il me rendait folle. Et la façon dont il m’appelait. Alexiamour. Ça me dégoûtait. Ce type se foutait royalement de moi. Je ne pouvais pas me souvenir d’une seule fois où il avait tenté de m’aider. Il n’avait rien fait pour me sortir de cette arène. Son souffle glacial au creux de mon oreille fut le geste de trop, et mon coude se retrouvait violemment projeté dans les côtes de mon ancien mentor. Ma force était clairement ridicule face à la sienne, mais perde mon calme de cette façon m’avait décroché un sourire. « C’est drôle, je n’ai pas le moindre souvenir qu’une quelconque aide apportée de votre part. » dis-je en soupirant. Heureusement pour moi, il changea rapidement de sujet en évoquant nos tributs. Je ne savais pas si je devais me réjouir ou non à l’idée d’avoir Ezea comme tribut. J’étais contente, dans un sens, car j’aurai probablement égorgé Viha avant notre arrivée au Capitole. Mais j’étais trop proche de lui pour être insensible à son sort prochain. Quant au petit quelque chose de Viha, je n’étais pas convaincue. Je croisais le regard d’Ezea , qui leva les yeux au ciel aux paroles de Phoenix, et j’eus un sourire amusé. Au moins, on pensait la même chose de cet homme. « Peut-être, mais ce petit quelque chose est bien caché. Et c’est pas avec cette attitude-là que tu séduiras les sponsors. » dis-je en m’adressant à la jeune demoiselle. Elle trouverait quelque chose à redire, mais c’était pourtant la vérité. Si elle n’aimait pas jouer un rôle, elle n’arriverait pas à se mettre des sponsors dans la poche, et dieu sait qu’ils sont importants pour survivre dans l’arène. Phoenix lui posa la question qui semblait lui brûler les lèvres depuis le début du voyage, et j’écoutais attentivement les paroles de la jeune femme. À vrai dire, moi aussi j’étais curieuse de savoir ce qui l’avait poussée à se porter volontaire. J’adressai un sourire des plus faux à Viha à sa remarque qui m’était adressée. Faible. Elle se prenait pour qui cette gamine ? Oui, décidément, j’étais heureuse d’avoir Ezea en tribut. Cette gamine serait morte avant les Jeux si je m’en occupais. Je la laissais finir son petit discours. Ainsi, elle se sentait prête. Et elle se prenait pour un élément important, une arme à la disposition des deux camps. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre ! Dans les deux cas, on est gagnant, dit-elle. Ahah. « Nous verrons si tu tiens le même discours après les Jeux. Enfin, si tu reviens, ce dont je doute. » C’était petit, mesquin, bas, et j’en avais conscience. Mais cette Viha devait apprendre à être moins sûre d’elle si elle souhaitait avoir une durée de vie plus longue que trois heures une fois dans l’arène. Les paroles d’Ezea eut de nouveau le don de me faire sourire, mais je cachais ce dernier, ne voulant pas favoriser l’un des tributs aux yeux de l’eau, bien que Viha devait sans doute comprendre que son comportement m’avait agacée. Peut-être que, pour une fois, Phoenix se déciderait à aider l’un de ses tributs au lieu d’attendre impatiemment la mort de ses protégés. C’est le moment qu’il se décide à agir comme un mentor, presque dix ans après sa victoire. Ezea me questionna sur l’arme qui leur serait le plus utile. Je restais silencieuse quelques instants, le temps d’y réfléchir. « Les couteaux. Phoenix se fera probablement un plaisir de me contredire, mais ce sera votre arme la plus utile. Cela vous sera utile pour des petites choses comme la pose de pièges ou pour vous nourrir. Et ce vous sera également utile pour … pour vous défendre et, évidemment, tuer. » Cela ne servait à rien de tourner autour du pot. Ils allaient forcément devoir tuer à un moment ou à un autre. « De plus, c’est l’une des armes qu’il y a chaque année à la corne d’abondance. » Je marquais une courte pause, cherchant Phoenix du regard. J’étais persuadée qu’il allait se faire plaisir de me contredire. Je repris cependant mon petit discours, profitant de pouvoir parler avant que Phoenix s’attribue tous les mérites. « La corne d’abondance, justement, parlons-en. Je vous conseille de vous en éloigner le plus vite possible et de ne rien y prendre. C’est le meilleur moyen de vous faire tuer d’entrée, ou d’être sacrément amoché. Autant fuir le plus vite possible. Vous tomberez très rapidement sur un tribut qui s’est jeté la tête la première dans le bain de sang, et qui sera très affaibli. Il sera facile de lui prendre ses armes. » Je me retournais vers mon collègue que je détestais tant. « Mais je suppose que Phoenix a de meilleurs conseils que moi. »

Il était déçu. Il s'attendait chose de grandiose. Et ce qu'il recevait, c'était des banalités de la part de cette enfant qui sortait de son district pour se jeter dans la gueule du loup. Elle voulait mourir, voila - pour lui - la seule raison qui l'avait poussée à se porter volontaire. Elle n'en reviendra pas, et Eze-chose non plus d'ailleurs. La raison en était simple et se trouvait dans cette pièce-même. Il tourna le regard vers Alexiane... Il était persuadé que les jeux étaient truqués. Outre le fait de ne pas offrir des gagnants aux districts les plus défavorisés, le pacificateur remarquaient que les districts qui étaient devenus des nids pour les rebelles n'en avaient plus du tout. Et n'avaient pas vraiment de chance d'en avoir. Il pariait sur un district de carrière, et plus encore sur le district deux cette année. Pas sur le onze. Offrir deux gagnants deux années d'affilés à ce district serait un suicide pour le Capitole. Il en était sur. Mais il ne pourrait pas le déclamer haut et fort, alors autant .... jouer le jeu ?

Après avoir lécher le nez de Delysia qui leur offrit alors un moment de calme durant lequel elle tenta de s'en remettre. Au vue de sa tête, Phoenix douta qu'il remonte dans son estime. Il s'en fichait. Elle était de ces hôtesses qui changeaient de district sans arrêt et qui ne s'attachait pas. Alors, elle l'oubliera sans doute bien vite. Bien moins vite qu'Alexiane, qui ne sembla pas prendre sa remarque en bien. Pendant un instant il ne se passa rien, puis sa réaction se fit. Elle se voulait violente, mais en frappant dans les abdos du Pacificateur la jeune femme ne lui fit ressentir qu'une gêne passagère. Il la regarda, d'un air perplexe, en se demandant si elle ne s'était pas fait mal au bras. Cela ne l'aurait pas étonné. Elle n'avait pas pris beaucoup de muscle depuis qu'elle l'avait quitté. Il ne fit pas cas des remarques du garçon.

Il n'aimait pas les raisons de Viha. C'était stupide. Vraiment stupide, et ce n'était pas de bonnes raisons pour suvivre. Alors il la regarda d'un air désolé. Contrits, et perplexe. “ Tu vas mourir. Tu te bats pour te mauvaise raison. ” Dit-il en se détournant d'elle. Il prit une part de gâteau et l'engloutie, se tournant vers elle une fois encore, pour ... affiner sa pensée. “ Tu pense pouvoir vivre avec le visage des gamins que tu auras tué toute ta vie en mémoire ? Tu pense que le luxe peut ... résoudre les problèmes de dépression, d'alcool, ou de violence exacerbée ? Les plus chanceux dans les jeux .... ce sont ceux qui y restent. ” Ce fut à Ezea de poser une question à Alexiane, et à celle-ci d'y répondre, en croyant qu'il allait la contredire. Il n'allait pas la contredire. User des couteaux était utile... surtout quand on savait s'en sortir. Mais elle leur conseillait de ne pas courire à la Corne. Il fronça des sourcils.

“ Utilisez des couteaux si vous savez les lancer. Courez à la Corne si vous courrez plus vite que les autres. Et que vous en êtes certains. Sinon ... faites le quand même. Vous allez y passer, autant se donner les moyens de mourir rapidement, ou la chance d'avoir une arme avant les autres. Et surtout, si vous détenez un couteau, n'hésitez pas à trancher des gorges avec. ” Dit-il en buvant un verre de jus étrange. C'était tout ce qu'il avait à dire. Il ne connaissait pas encore ses tributs, mais cela allait venir de toute manière. Delysia proposa ensuite qu'ils aillent se coucher, se reposer. Idée qu'il trouvait stupide. Alors il la regarda... “ Prenez donc une tisane et aller vous faire un bon bain chaud Del... vous avez une sale gueule. ” Avec un sourire .... compatissant.