ulysse valkyrie templesmith

❝ WHERE HAVE YOU BEEN SILLY RABBIT ? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Ma mort ? Pourquoi est-ce que je devrais forcément mourir ? Comment ça c’est obligé ? Vous êtes faibles pour être autant des esclaves de la Camarde... Mais elle ne me fait pas peur vous savez, si je dois mourir, ce sera beau. Une gerbe écarlate, éclaboussant les roses de passion, de joie et de douleur. Une gerbe qui les repeindra, une gerbe qui ira nourrir le sol pour faire fructifier le travail de ma vie, pour l’aider à survivre, pour le magnifier.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Pour moi. Pourquoi mourrais-je pour quelqu’un d’autre ? Peut-être que Polynice mourrait pour moi mais la réciproque n’est pas vraie. Ici tu marches ou tu crèves et il est inutile d’aider les autres. C’est la loi du plus fort. Après tout la Mort serait furieuse qu’on remplace une vie qu’elle voulait prendre par une autre. Voudriez-vous provoquer l’ire des Parques ? Non, vous en avez peur. Alors laissez la mort prendre qui elle veut et arrêtez de jouer aux héros.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Oh, on peut dire que j’ai des atouts. Vous avez vu mon corps ? Mon frère dit que je suis parfaite. Alors autant que j’en profite si je peux en tirer un quelconque avantage. Passer sous le bureau n’est pas un problème, après tout c’est humain non ? Femme, homme, peut importe... Tout le monde a les mêmes désirs. Mais là n’est pas ma passion, mon talent. Ce que je sais faire de mieux c’est faire pousser les plantes, grâce à moi les jardins du Président Snow sont un extrais de paradis sur terre. Ils disent que j’ai la main verte. Quelle expression idiote ! La main verte ! Avec ma peau de porcelaine ! De toute façon, ce qu’ils en disent n’est pas capital, je gagne ma vie avec ce don, je vis mon don.

➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ?

Les Jeux sont un doux spectacle. Je me demande bien ce que ressentent ces gamins ? Ils sont confrontés à une mort certaine mais ils continuent quand même à se battre. Je ne comprends pas ce qui les anime, je ne sais pas si je comprendrai un jour. Cependant ce n’est pas parce que cela arrive une fois par an que cela change ma vie. Les Jeux sont comme le passage d’un cirque dans une ville : on s’agite, on s’émerveille pour un lion miteux qui rechigne à sauter parce qu’il a peur du feu, pour une trapéziste trop inexpérimentée pour attraper la barre sans glisser, pour un magicien qui se trompe dans ses tours et cache les mauvaises cartes. Je les regarde mais je préfère traîner dans les jardins.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ? 

Encore cette vaine tentative de changer quelque chose ? Pourquoi ? Cela ne sert à rien, tout cela est immuable, tout cela est beau. Ils disent que c’est l’espoir qui les guide mais c’est un mot vide de sens que l’espoir. Coin veut le pouvoir, là est ma certitude. Elle veut améliorer sa position et régner durant le battement de cil qu’est sa vie, cette petite goutte d’eau qui tombe et se mêlera bientôt à la mer... Tout est éphémère, les améliorations sont un péché. C’est ce que disait il me semble un vieux livre de religion. Ils l’appelaient le Coran je crois.

tell us your story.

Il y a quelque chose que vous devez savoir à propos de Valkyrie, quelque chose qu’elle-même ignore, un secret de polichinelle jalousement gardé par sa famille. Lors de la grossesse de Mme. Templesmith dont on suivait l’évolution avec application - les jumelles d’un homme aussi illustres ne naissent pas chaque jour - il a été diagnostiqué une trisomie 21 ou syndrome de Down à l’un des foetus. Fort heureusement, les bébés étaient de fausses jumelles, aussi l’autre fut-elle épargnée. Mais on ne pouvait la faire avorter, c’eut été un crime. On ne pouvait pas non plus laisser l’enfant naître trisomique. Aussi lors d’une opération délicate, le foetus fut-il prélevé de l’utérus de sa mère. Et on le modifia génétiquement. Pour le rendre parfait avant de le réimplanter. Physiquement, ce fut une réussite dont les médecins peuvent se targuer. Mais mentalement, même si la petite ne présenterait plus les symptômes de la trisomie, elle ne pourrait être normale. Car la science ne peut recréer ni même expliquer exactement tous les sentiments humains, aussi en la manipulant, ils ne purent garantir qu’elle ressentirait les émotions aussi parfaitement qu’une personne normale. Effectivement, de cette opération résultèrent des lacunes émotionnelles, des déséquilibres que certains aliénés ressentent. Une incompréhension d’un grand nombre de sentiments. Et pourtant elle vécut. Peut-être aurait-il mieux valu que ce ne fût pas le cas.

" Tu verras quand on sera grands on se mariera Uly. Juré craché. "

C'était sa promesse. Promesse de gosses. Qui n'en a jamais fait ? Tous ces petits coeurs brisés... Un par un. Car sur des milliers de souhaits ainsi formulés, y en aura-t-il jamais ne serait-ce qu'un seul pour se réaliser ? Et toi, Ulysse Valkyrie Templesmith, tu te laisses embobiner. Ta robe à pois est pleine de froufrous, comme tu les aimes. Tes petites joues de porcelaine ont pris cette teinte rosée qui te fait tant ressembler à une poupée russe. Tu es à croquer. L'autre en face - Eugene si je me souviens bien - te sourit, radieux. Tu te laisses embobiner. Je ne répèterai jamais assez cette phrase. Tu te fais avoir ! Mais qu'est-ce que tu as dans le crâne pour croire à toutes ces promesses en l'air ? De tous temps elles ont été bafouées, piétinées, les adultes en ont fait leur risée, oubliant qu'eux aussi étaient jadis tombés dans le panneau. Ces gens-là auront bientôt à se moquer d'un nouveau petit coeur. C'est tout ce que tu désires ? Être un de ceux-là parmi tant d'autres ? Tes aspirations s'y limitent donc ? Oui, pour l'instant il t'aime, pour autant que les amours enfantines puissent être considérées comme vraies. Il t'aime parce qu'ainsi vêtue de ta robe à pois, tu as l'air d'un ange. Mais les ailes brûlent vite et il se lassera tout aussi vite. Tu ne seras bientôt qu'un souvenir et il débitera ses discours à d'autres. Toi aussi. Toi aussi tu passeras à autre chose, comme tout un chacun. Mais en attendant la déchéance, profite bien de tes instants de bonheur car ils sont si éphémères qu'une libellule. Cet amour est une libellule. Il vole. Mais bientôt il mourra.

" Allez les enfants, on va couper le gâteau ! "

Quelque chose pour te rendre heureuse. Tu jubiles devant ces délices attirantes représentées par cet immense gâteau tout de crème et de fraises. La patisserie est plus grande que toi et le couteau utilisé pour le tailler en tranches plus long que ton avant-bras. On t'a fait monter sur un escabeau pour souffler tes six bougies. Ta robe - à froufrous comme toujours - est du blanc le plus pur qui puisse être imaginé : vaporeux, léger, brillant. Presque mousseux. Tu flottes dedans, tu la fais tournoyer en sautillant. Tu es plus encore à croquer que ce magnifique fraisier. Lorsqu'on en pose dans ton assiette une gargantuesque part, tu ris aux éclats. Rien au monde pour toi n'est meilleur que la fraise. Alors que tu savoures une bouchée de cette douceur, le monde te semble être perfection. La bouche tartinée de crème, tu discutes, ris, chantonnes. Pas loin, il y a Eugene. Tu lui sers le plus beau de tes sourires. Un sourire innocent. A la fin de ce véritable banquet, tu l'entraînes plus loin dans les buissons, tu veux lui parler de votre mariage. Tu lui dis que tu y voudras une pièce montée aux fraises et un pianiste très très fort. Même que toi tu seras tellement forte que tu auras fait la pièce montée toi-même. Tes adorables babillages sont proches du gazouillis des oiseaux au printemps.Tu sembles ignorer que c'est la guerre là-bas. Là-bas où ? C'est bien ce que je dis princesse. Tu ne sais rien. Puis les mots tombent comme une sentence.

" Je me marierai pas avec toi d'abord. Je veux aller avec Kathy. "

Il te faut un certain temps de réaction avant de te taire. Tu ne comprends pas. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a de plus que toi ? Cette sempiternelle question... Et tu cours. Loin. Tu pleures bien sûr. Toutes les larmes que ton petit corps peut contenir. Pas beaucoup certes. Mais tout de même. Tu t'es assise dans un coin pour sangloter, rêver de t'évader. Puis tu le vois. Et tu y penses. No time for tears today. Pourquoi pas ? Oui, pourquoi pas ? Il vient bien de te tuer. Tu te saisis du couteau. Ce couteau si long qu'il traine presque par terre quand tu le tiens à bout de main. Un sourire se dessine sur ton visage pâle. Un de ces sourires qui va si bien à Hannibal Lecter. Puis tu y retournes, et tu le retrouve dans cette clairière. Il n'a pas bougé le bougre, il sifflote. Mais il arrête bien vite. Comme les rossignols.

Un hurlement retentit, perçant les tendres frondaisons printanières. Un de ces hurlements de meurtre. C'est ta mère. A croire que tu lui fais peur. Désolée, tu lui fais peur en fait. Quoi de plus normal ? Retrouver sa fille de six ans assise sur une souche, en train de se balancer tranquillement. Bon certes, cette partie là est normale. Ce qui est anormal, c'est le corps de petit garçon assis à ses côtés, la tête posée sur poitrine, tenant à peine sur sa gorge déchiquetée, trempant sa chemise de sang. Ainsi que ce grand couteau que tu tiens à la main, cette robe blanche qui a viré au pourpre et ce sourire qui s'affiche sur ton visage innocent.

" Tu as vu maman ? Eugene joue avec moi ! "

Ils ont dit que c’était un accident.

« Mais... Mais qu’est-ce que tu fais toi ?
Je peins les roses en rouge. C’est plus joli en rouge. Le blanc c’est triste. »

Et tu restes là, pleine d’aplomb, juchée sur ton petit escabeau, à tartiner les fleurs de peinture rouge sans prêter grande attention à l’homme en costume dont la barbe blanche frémit... De rage ? Ou d’amusement ? Peut-être un peu des deux. Les fleurs dégoulinent de peinture comme si elles pleuraient du sang. Et d’ailleurs pourquoi du rouge ? D’accord c’est la couleur de la passion mais ça ce n’est pas de ton âge. C’est aussi la couleur du sang mais ça non plus ce n’est pas de ton... Okay c’est la couleur du sang.

« Comment tu t’appelles petite ?
- Valkyrie. »

L’homme réfléchit comme si ce nom lui disait quelque chose, l’homme regarde tes cheveux comme si leur couleur lui était familière. Puis il sourit.

« Tu es la petite Ulysse Templesmith, la fille de Claudius...
- Non, je suis Valkyrie !
- Tu aimes les fleurs petite ?
- Oui.
- Tu en as l’air, ça te plairait de t’occuper un peu du jardin ?
- Oui.
- Alors c’est d’accord mais à une seule condition : tu plantes autant de roses rouges que tu veux mais tu me laisses les blanches aussi.
- D’accord. »

Oui tu as le droit d’être heureuse. Tu peux même le montrer tu sais. Tu as onze ans et tu viens déjà de trouver ton premier boulot, c’est un accomplissement et pas des moindres, il me faut l’admettre. Bravo petite. Ah au fait tu ne t’en es pas rendu compte ? Cet homme, là, c’est le président Snow et il a l’art de reconnaître les gens utiles.

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