Le lour J, enfin. Celui où je serais confronté à me tributs. Un stress m’étreint au niveau de l’estomac. Hier soir, j’étais invité à déjeuner chez mes géniteurs. Pour l’occasion tout le clan s’était réuni dans la demeure familiale. Le cauchemar absolu pour moi. Ca n’avait été que félicitation d’une gloire immédiate, félicitation de participer aux Hunger Games, de redorer le blason familial grâce à mes talents d’artiste. Un artiste…Un mot haït par la famille s’étant opposée autant qu’elle l’a pu à mon souhait de devenir styliste. Ils voulaient tous que je devienne un Haut Juge. J’en avais les capacités, c’est certain, mais je ne me sentais pas une âme à passer ma vie enfermée dans un bureau et à favoriser les plus riches. A quoi bon ? A quoi bon enlaidir ce qui est déjà affreux ? Moi, je voulais mettre des paillettes dans les yeux des gens, les faire rêver, leur faire découvrir mon monde. Mettre toute ma force, me dévoiler dans mes créations. C’est ça pour moi l’Art. C’est le reflet de ce que l’on est et non pas de ce que l’on voit. Ca part d’un élan du cœur, d’une envie, d’un besoin urgent. A chaque vêtement que je dessine, je me pose la question « qui suis-je ? ». Et j’y réponds en faisant couler mon crayon sur ces pages vierges de toute empreinte. Un désert blanc que je pare de mille et un joyaux.
Alors que j’entends des bruits de pas sur la moquette conduisant jusqu’à mes appartements de styliste, alors que je vais enfin voir ces deux personnes occupant toutes mes pensées, je prie. Je prie et espère avoir le talent nécessaire pour leur transmettre le meilleur de moi-même, pour leur donner tout ce que je peux de positif.
La porte s’ouvre sur Kieran que j’ai déjà entraperçu des années auparavant. Il s’efface et laisse entrer les deux tributs, Blue et Felix.
« Bonjour. Je suis Raphaël, votre styliste. »
Une voix douce, presque un murmure. L’émotion de les voir m’empêche de m’exprimer avec toute la clarté que je voudrais. Mais peut-être est-ce mieux ainsi, je ne veux pas paraître sûr de moi ni comme une personne ne voyant que des mannequins potentiel ou une gloire à portée de main. Ils valent beaucoup plus que cela. Ils sont au dessus de tout. Je souris à l’idée de la surprise que je leur ai concoctée.
« Est-ce que vous savez voler ? »
Un sourire malicieux et je retrouve toute ma joie à la tête d’incompréhension qu’ils me tirent. Je les aime déjà…