europe jynx hawthorne

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Priam et moi avons toujours été épargnés par la Moisson. Il se trouve que nous avons tout fait pour. Par conséquent, mourir me semble être une préoccupation secondaire. Je n'ai jamais connu ni vu la mort en face, à aucun moment de ma vie, même si le doute persiste en ce qui concerne nos parents. Quant à ma propre mort, on va dire que je ne peux que faire des spéculations. Je l'imagine instantanée, inattendue. Je voudrais ne pas souffrir, comme tout le monde je crois. Mais je suppose que ce sera une mort idiote, au dépourvu, parce que j'aurai certainement oublié quelque chose dans mon plan de survie.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Il n'y a pas à tergiverser là-dessus, il me semble que je n'ai qu'une seule personne dans ma vie à ce moment précis de mon existence. Je pense que Priam serait la seule et unique personne pour laquelle je serais prête à mourir si jamais l'occasion devait se présenter dans la seconde. Mais, on n'est jamais à l'abri d'un coup du sort, et peut-être qu'un jour je compterai une ou plusieurs personnes de plus qui mériteront que je les préfère à ma propre vie.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Depuis que Priam et moi avons vu notre foyer se réduire de quatre à deux personnes, lui comme moi avons développé un instinct de survie à toute épreuve. Les temps n'ont pas toujours été cléments et il a fallu que nous apprenions à être plus malins que la plupart de nos semblables. En dehors de ça, nous avons eu l'opportunité d'apprendre à être aussi discrets que possible dans un contexte où le moindre bruit éveille soupçons et malveillance.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Nous ne vivons qu'à deux, et, fort heureusement, aucun de nous n'a encore été sélectionné pour participer aux jeux. Nous nous sommes toujours interdit de demander des tessera et préférions nous serrer la ceinture plutôt que d'augmenter nos chances. Nous pouvons compter l'un sur l'autre pour nous assurer au moins un repas par jour et n'avons jamais eu à nous porter volontaire. L'un dans l'autre, nous n'aurions aucune raison de le faire. Et en dehors de ça, je n'ai pas d'autre proche.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Pour le moment, je ne me sens pas concernée le moins du monde par ce qui se trame autour de moi, car je tente de rester aussi froide que possible en regard de ce qu'il se passe ici et ailleurs. Je dirai donc que je n'ai absolument pas d'avis pour l'instant. Je pense que cela risque de changer d'ici peu de temps, mais aujourd'hui, ce n'est pas encore d'actualité pour moi.


JE VIENS D'UN MILIEU PLUTÔT ÉQUILIBRÉ, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE NE MANQUE PAS TANT QUE ÇA. DU COUP, MON NOM A AU MOINS SIX CHANCES D'ÊTRE TIRÉ AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER DE PÊCHEUSE, NOTAMMENT, ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'AIME ASSEZ. JE SUIS DANS LE QUATRIÈME DISTRICT. AYANT DIX-SEPT ANS JE PEUX PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET J'ATTENDS LA MOISSON LA BOULE AU VENTRE. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

tell us your story.

Impuissance du sentiment, crainte, épuisement, pâles souvenirs. Ne t’attarde pas sur l’esprit meurtri, il est semblable au soldat gémissant, gisant au travers les ruines du cerveau de l’Homme. Fuis...

Quelques notes, lancinantes, qui rappellent la vacuité de l'être, qu'on n'est rien sans l'autre, que le privilège n'appartient qu'à ceux qui étaient déjà nantis au départ. Fatalité à laquelle on ne peut rien, même avec sa meilleure volonté. On peut au moins se sentir heureux en se disant qu'il y a bien pire que soi, quelque part, ailleurs. Mais l'être humain est appelé à se détester autant qu'il s'adore. En définitive, je ne voudrais pas être autre que moi, même si ça me démange parfois, car je ne serais pas entourée d'une aussi formidable personne. Malgré tout, je ne suis que capable d'aimer, en dépit de la violence et de la colère que je m'efforce de ressentir dans mes moments de doute. La pluie battante, lacérant les vitres et martelant les murs de mon âme n'y change rien, comme le brouillard qui embrume parfois mes yeux de larmes. Victime de ma propre nature, je protège le sourire que j'ai peint sur ma bouche, à en perdre tous mes moyens, en détournant le regard de l'horizon qui me semble bien trop flou et inaccessible. J'ai envie d'un milliard de choses, mais de toi par-dessus tout.

Je suis née au mois de mai, mais ce n'est certainement pas pour ça que c'est mon mois préféré de l'année, puisque c'est aussi un mois de mai que mes parents ont disparu il y a cinq ans. Sans raison, sans un mot, sans un indice pour les retrouver. Mon frère Priam et moi avons dû réapprendre à vivre à deux, seuls mais ensemble à la fois. C'est une habitude, un pli qui se prend lui-même sans qu'on ne lui demande rien. C'est un triste sort que d'avoir envie de quelque chose qu'on ne peut qu'effleurer. C'est un regrettable choix que d'avoir voulu que le monde s'arrête pour quelqu'un. C'est un paradoxe, une antithèse qui aurait pu finir par devenir un bel accord. L'amour s'agrippe trop mal aux gens moroses, alors que la racine est la même. Et pourtant j'ai continué de me jeter dans la gueule du loup sans en démordre. On n'a pas une seule prise à laquelle se raccrocher lorsqu'on tombe d'un nuage. Et en dépit de tout, je retombe sur mes pattes et fais comme si de rien n'était. Ad vitam aeternam. Et enfin, je triompherai de la mort.