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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| Two years gone by | Pv Cléo | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Lun 18 Juin - 12:49 | |
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Elle prit son temps pour traverser le couloir en sens inverse, appréciant le moment de relâchement que cela lui offrait. Sa position et le mauvais éclairage lui permettaient de détendre son visage, et faire disparaître le sourire automatique qui s'y tenait figé. Cela ne dura guère cependant, malgré ses efforts pour ralentir la cadence, ils atteignirent rapidement le séjour et par là même, la case départ. Ocleore se laissa tomber sur sa chaise, retrouvant son cher sourire mi-hautain, mi-potiche. Qu'allaient-ils faire maintenant ? Reprendre leur conversation bancale de tout à l'heure, en équilibre précaire sur une bosse d'implicite ? Ocleore voulait des réponses. Elle désirait profondément comprendre la réaction de Timothy d'il y a deux ans, savoir ce qui lui était passé par la tête alors qu'il s'approchait des rebelles en train de dévaliser le train. Pourquoi avait-il fait semblant de se battre pour finir sonné à peine quelques secondes plus tard ? En ressassant ces vieilles questions, elle prenait peu à peu conscience de l'insignifiance de ces faits. Elle couvrait les Hunger Games, enquêtait sur la haute société, réunissait les maigres informations qu'elle pouvait récolter sur la rébellion... Et avec ça, elle faisait une fixette sur le premier technicien venu ? Certes, ce n'était pas la première fois, elle avait déjà fait bien pire au Capitole. Mais voilà, c'était le Capitole, un autre monde avec d'autres règles.
Néanmoins, elle avait beau savoir qu'elle exagérait, sa motivation à percer le mystère de Timothy ne faiblissait pas pour autant. Et puis, à bien y penser, ce n'était pas tant ses actes qui pesaient dans la balance, mais son obstination maladive à ne rien laisser filtrer de lui-même. N'importe qui aurait craqué, révélé un ou deux détails par inadvertance ; lui non. Chacun de ses mots était pesé, réfléchi. Ce qui prouvait bien qu'il avait quelque chose à cacher. Et puis quelque part, il devait gagner quelque chose à cette situation, autrement il ne serait pas rentré dans son jeu et aurait préféré la quitter à la gare ou plus tôt dans la soirée. Tant d'interrogations sans réponses. Ils y étaient depuis plusieurs heures et ne faisaient que tourner en rond. Il fallait changer de tactique. Sur la nécessité d'un changement de rapport, Timothy et elle semblaient sur la même longueur d'onde. Mais peut-être pas sur les détails. Il ne voulait quand même partir ? Debout, ses affaires sur l'épaule, c'était pourtant l'impression qu'il donnait. Ocleore sentit quelque chose se serrer dans sa poitrine, la frustration sans aucun doute. Non, elle refusait qu'il la laisse en plan maintenant.
« Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous attendiez de moi. »
Etait-ce là un ultimatum ? Lui offrait-il une dernière chance de se montrer honnête avant qu'il ne passe le seuil de la porte ? C'était ridicule. Proprement ridicule. D'autant plus que si, elle avait bel et bien dit ce qu'elle attendait de lui. L'étude des dossiers. Ce n'était pas là le vrai motif mais elle lui avait donné une explication. C'était à lui de se justifier dans cette histoire, il lui avait bien avoué quelques minutes auparavant vouloir l'aider sérieusement.
« Vous avez compris que je ne pouvais pas vous aider avec ça, pas dans le sens où vous le voulez en tous cas. »
La lassitude d'Ocleore approchait dangereusement du seuil de non retour. S'il revenait également sur sa parole... A moins qu'il n'ait jamais eu l'occasion de s'investir. Il aurait très bien pu lui mentir. Bizarrement, cette idée la dérangeait. Dans cette histoire c'était elle qui magouillait dans l'ombre. Lui n'avait aucune raison de mentir, du moins pas dans cette optique-là. Pour se défendre, d'accord. Éviter ses questions, d'accord aussi. Mais lui donner de pseudo-faux espoirs... Ce n'était pas quelque chose dont elle était familière de la part des sujets sur lesquels elle enquêtait dans les districts.
« Je crois deviner... ce qui vous préoccupe. Mais il fallait que je vérifie. »
Elle haussa les sourcils. Cela faisait deux fois qu'il insinuait savoir quelque chose à son sujet. La première, elle avait craint qu'il parle de Célion. Cette fois, elle était plus sceptique. S'il avait besoin de fouiner dans son bureau pour vérifier sa théorie, c'était qu'il parlait d'autre chose. Mais quoi, dans ce cas ? Ce qui la préoccupait était de lui extorquer un aveu, une explication... Cela ne méritait absolument pas une quelconque vérification. Elle était véritablement perplexe.
« Je crois avoir été assez explicite en vous demandant votre aide pour traiter ces dossiers, expliqua-t-elle calmement en réponse à ses premières remarques. Après, si vous dites ne pas pouvoir m'aider, je comprends, mais je suis assez étonnée que vous ne l'ayez pas dit plus tôt. »
Elle ne se sentait plus aussi motivée par le mensonge qu'au début de la discussion, pourtant, elle réutilisait les mêmes rouages que précédemment. Ces mots-là sortaient d'eux-mêmes de sa bouche, elle n'avait pas besoin de réfléchir avant de les prononcer. C'était une réponse bateau, automatique, mais qui mettait malgré tout en relief la zone d'ombre qui persistait entre eux. Rien de nouveau, en somme. La suite l'intéressait davantage.
« Quant à mes "préoccupations", je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler. » avoua-t-elle sincèrement, se servant de sa paume comme appui pour sa tête. « Honnêtement. » Ce genre de précision n'était jamais de trop, quand on savait vers quels détours leur conversation pouvait s'orienter.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Mar 26 Juin - 22:06 | |
| Timothy hésite quelques secondes, à peine, et encore davantage pour la forme ; mais il la croit. Il ne sait trop si c'est l'honnêteté de son ton, de ses traits, ou s'il y a quelque chose chez elle qui lui a jusque là échappé et qu'il saisit soudain, sans pourtant pouvoir l'identifier, mais il ne doute plus – pour le sujet en question du moins – de la sincérité d'Ocleore. Elle ne lui a pas tout dit, certes, mais elle ne lui a sans doute pas menti autant que ce qu'il avait tout d'abord cru.
Qu'elle ait eu réellement l'intention de l'interroger sur ce qu'il pouvait savoir dans l'affaire des trains le dépasse ; mais c'est seulement parce que lui sait trop de quoi elle parle, parce qu'il connait la réalité de ces détails qui lui paraissent louche, de son point de vue de néophyte, mais qui pour tout spécialiste du domaine ferroviaire ne sont rien que des éléments courants de la vie sur les trains, et dont les causes sont infinies. Tous ces incidents qu'elle lui pointait du doigt, lors de leur précédent entretien, et qu'il s'était tant amusé à analyser de travers, pourraient certes tous être liés à une activité rebelle, mais tant d'autres explications existent que cette interprétation-là ne correspondrait qu'à une conjecture très incertaine – pas de quoi satisfaire à ce qu'elle cherche, en tous cas. Or cela, la jeune femme ne le sait de toutes évidences pas.
En additionnant l'intérêt qu'elle a admis plus tôt avoir pour lui et son travail à cette ignorance du côté technique sur lequel elle enquête, son désir de reprendre l'interview avec derrière une réelle motivation journalistique ne paraît plus si improbable. Tout ça bien sûr ne change rien à ce que Titi soupçonne de ses motivations profondes, mais éclaire du moins une bonne partie de l'incompréhension qui s'est glissée entre eux. Il est alors plus que temps, lui semble-t-il, de se sortir de ce qui menace de devenir un véritable dialogue de sourds ; et ce faisant de ramener ouvertement la discussion au thème dont il voulait parler, mais sans le faire trop ostensiblement.
Il prend une inspiration, les sourcils froncés tandis qu'il cherche ses mots. Sa poigne s'est resserrée sur la lanière de son sac qu'il n'a toujours pas posé.
— J'aurais pu vous aider si vous aviez eu des questions réellement techniques, commence-t-il doucement. Mais vous cherchez surtout la trace d'interventions terroristes, n'est-ce pas ? Seulement ce n'est pas quelque chose qu'on peut déduire de ces documents. Il prend son temps pour continuer, mais tout en gardant la tête légèrement penchée sur le côté, l'air concentré, afin de faire comprendre qu'il n'a pas fini. La pause qu'il se permet ainsi donne une insistance presque lourde aux paroles qu'il prononce ensuite, insistance voulue à laquelle il ajoute un regard planté droit dans les yeux d'Ocleore. Puisque trop de subtilité mène à l'incompréhension, autant y aller franchement.
— Je ne peux pas vous aider à trouver les rebelles.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Ven 6 Juil - 22:15 | |
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Elle retint à grand peine un soupir de frustration. Il ne pouvait pas, ou il ne voulait pas ? S'il n'avait rien à cacher, il aurait trouvé un moyen de s'éclipser depuis longtemps. Ou au moins, aurait marqué une certaine perplexité au vu de la situation. Quand on se retrouve dans une maison du Village des vainqueurs à converser à une capitolienne autour de dossiers dont on ne peut rien sortir, il y a bien un moment où ça coince, non ? Eh bien non. Timothy restait là, toujours aussi inexpressif, et entrait dans son jeu de plus en plus absurde de parole sibylline sur parole sibylline. Si elle, parvenait à rester maîtresse d'elle-même et à ne rien montrer de son agacement, c'était en partie due à son expérience dans le domaine. Le Capitole était le meilleur endroit au monde si l'on souhaitait apprendre à cacher ses émotions. De plus, dans son métier où la manipulation trônait parmi les aptitudes les plus précieuses, on ne pouvait espérer aller aussi loin en restant honnête en toute circonstance. Mais lui, d'où tenait-il un tel flegme ? Depuis le début, il n'avait fait que hausser, froncer les sourcils, ou esquissé des sourires si minces qu'ils ne méritaient même pas cette appellation. Agent de maintenance était-il un métier plus complexe que ce qu'elle croyait ?
Ocleore commençait à désespérer et douter de ses méthodes. Qu'avait-elle appris depuis le début de cette soirée ? Rien. A part la confirmation que quelque chose de curieux tournait autour de lui... Mais ça n'était rien comparé à ce que lui devait avoir appris d'elle. Elle avait été stupide en songeant ne serait-ce qu'une seconde qu'il resterait bien sagement à se faire interroger. D'ordinaire elle prenait mille précautions afin que personne ne s'approche de ses affaires. Et là, cette fois, alors qu'elle invitait chez elle un soupçonné rebelle, elle mettait ses résolutions au placard... C'en était désolant. Elle était désolante. Mais se lamenter ne règlerait rien. Il lui fallait se sortir de cette situation bancale. Trouver un nouvel angle d'attaque. Provoquer quelque chose, n'importe quoi, pour lui faire abaisser ses défenses.
Elle faisait le tour de toutes ses possibilités d'action quand du bruit se fit entendre à proximité. Des voix. De la visite ? Ce soir ? Elle fronça les sourcils et se leva de sa chaise, avant de se rendre compte que le bruit ne venait pas de dehors, mais bien de l'intérieur de la maison.
« Qu'est-ce que... »
Elle n'eut pas le temps de terminer sa question que la mémoire lui revint d'un seul coup. La télévision. Elle avait totalement oublié qu'elle avait programmé l'appareil pour ne pas oublier l'importante émission de ce soir. Les Moissons passées, la chaîne avait repris ses rediffusions fétiches, interviews de styliste ou autres reportages phares sur de précédentes éditions. Mais aujourd'hui, plusieurs jours après la désignation des tributs, il se passait enfin quelque chose de nouveau : le défilé des tributs. Avec les interviews, c'était là le seul moment où l'on pouvait observer les tributs à leur avantage. Après leur tirage au sort où la plupart affichaient des mines dévastées ; et avant l'Arène où ils se transformaient en créatures terrorisées ou monstres assoiffés de sang. Elle afficha un sourire qui se voulait rassurant et éclaira Timothy :
« La télévision. J'avais oublié que le défilé était ce soir. » Puis sans plus d'explications, elle se dirigea vers le salon proprement dit. A l'écran se tenaient les deux célèbres animateurs : Caesar Flickerman et Claudius Templesmith. Ocleore ne les lâcha pas des yeux tandis qu'elle prenait place sur le canapé face à l'écran suspendu au mur. Elle ne put s'empêcher de sourire à certaines de leurs remarques et quand enfin les tributs s'élancèrent, elle se pencha vers l'avant pour mieux les observer.
« C'est curieux comme les districts pauvres sont mis en valeur cette année, les carrières font presque pâle figure à côté. » Le commentaire sortit de lui-même. Il était rare qu'elle se trouve en dehors du Capitole pour assister à l'évènement. Au fil des années, elle avait pris l'habitude de le regarder avec des amis, des collaborateurs... C'était un moment convivial où s'échangeaient les pronostics sur les Jeux à venir et le potentiel vainqueur. Néanmoins, ce n'était pas parce qu'elle avait du travail à des kilomètres de la capitale qu'elle devait modifier ses habitudes. Il y avait tant de choses sur lesquelles elle gardait le silence... Le déroulement des Jeux ne devait pas en faire partie.
En voyant les chars s'engager dans le grand cirque, Ocleore réalisa soudainement qu'en dehors de son nom, elle ne savait pratiquement rien de Timothy. Une information en particulier pouvait s'avérer importante, au vu du contexte. Elle jeta un regard dans sa direction et lui demanda : « Au fait, d'où venez-vous ? »
- Spoiler:
Pas terrible, désolée Je détaillerai davantage le défilé dans le prochain post En bonus, le plan tout pourri de le maison http://imagesup.org/images10/1341607215-plan-maison-9eme-di.png
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Mar 10 Juil - 11:24 | |
| Au moment où le bruit se fait entendre, il est déjà clair pour Timothy qu'Ocleore ne réagira pas comme il aurait espéré. Elle n'a pas l'air assez ébranlée, elle prend trop de temps pour réfléchir : nul doute qu'encore une fois, elle aurait trouvé le moyen de s'esquiver, de revenir à autre chose. Pourtant l'intervention de ces voix, dont il est certain qu'elles signent la fin de cet 'entretien' sans queue ni tête, ne le soulage pas comme elle devrait. Il est déçu d'en rester là, et sent bien que la frustration qu'il avait ressenti la dernière fois n'est rien en comparaison de celle qui l'attend si tout doit se finir ainsi.
— La télévision. J'avais oublié que le défilé était ce soir. Une bonne et une mauvaise nouvelle à la fois ; il ne sait à laquelle réagir davantage. La journaliste ne lui laisse de toutes façons pas le temps de se laisser aller à ses dilemmes mais se retire déjà en direction du bruit. Titi hésite un instant, puis finit par la suivre.
Il ne sait trop à quoi il s'était attendu. À ce que, comme lui, comme ceux des districts, la Capitolienne ne regarde cette parade grotesque que d'un œil sombre et silencieusement réprobateur ? Qu'elle ait la décence de ne pas jouer au jeu, qu'elle porte, elle, le deuil de ces tributs obligés de faire les bouffons sur le chemin de leur mort ? Mais elle fait partie de ceux pour qui ils meurent, pour qui ils se ridiculisent avant de mourir. Cette réalisation le frappe aux tripes et fait couler un liquide glacé dans son corps. Alors il reporte son attention toute entière sur l'écran, pour ne plus l'observer sourire.
C'est la première fois qu'il revoit Gemma depuis la sinistre scène de la Moisson. Il ne la distingue encore que par intermittence, il faudra attendre que son char s'engage vraiment pour que les caméras la fixent. Il ne répond pas au commentaire d'Ocleore, mais serre plutôt les dents : il refuse de faire la conversation comme si ce qui se déroulait sous leurs yeux n'était rien qu'une joyeuse futilité.
— Au fait, d'où venez-vous ? Il ne se rend compte que maintenant, au moment de parler, à quel point son expression s'est fermée. Un certain air renfrogné lui colle certes toujours au visage, en particulier ces derniers temps, mais ses traits se tendent rarement avec une telle violence. Il lui faut desserrer la mâchoire pour répondre, et il ne regarde toujours pas la jeune femme.
— Du six, fait-il d'une voix sourde et d'un ton acerbe. Les chars s'ébranlent, s'avancent l'un après l'autre devant la foule. Timothy ne prête qu'une attention modérée aux tributs des cinq premiers districts, trop crispé dans l'attente des sixièmes. Il n'a pour l'instant aperçu que les éclats métalliques de leurs tenues, et s'imagine l'inconfort que ces dernières doivent supposer. À mesure qu'approche le tour de Gemma, il se raidit, se fait plus sinistre encore. Il a encore trop gravée dans l'esprit l'image de ses larmes, le jour de la Moisson, la tonalité de ses cris. Il ne doute pas un instant que le désespoir qui était alors le sien l'habite toujours, sous les paillettes...
Le spectacle auquel il assiste le prend par conséquent totalement au dépourvu. Toute sa crispation, toute sa violence contenues s'évaporent soudainement sans qu'il en ait même conscience, ses traits se relâchent malgré lui et, s'il garde son éternel air inexpressif, il n'est pas dur d'y voir percer une certaine dose de mélancolie.
Gemma est magnifique, bien sûr. Cela, chacun s'y serait attendu – même si la subtilité et la somptuosité de sa robe, que même ses goûts rustiques doivent reconnaître, ne manquent pas de surprendre. Mais ce qui le retourne surtout, c'est l'expression qu'elle affiche. Elle sourit, comme chaque tribut se doit de sourire ; mais le sien a un rayonnement bien supérieur, une sincérité qui ne se feint pas. Presque comme ceux des Carrières, quoique les leurs ont quelque chose de plus carnassier. Elle est heureuse et fière d'être là, cela ne fait aucun doute, elle fait partie intégrante de ce monde qu'elle accueille avec allégresse et qui semble l'aimer tout autant en retour. Finalement, elle lui paraît plus à sa place qu'elle ne l'a jamais été. Et voilà qui lui brise davantage le cœur que si elle avait affiché tout un monde de souffrance. Que peut bien se dire Finan, en voyant cette folie ? Se laisse-t-il entraîner, lui aussi, dans cet enthousiasme malsain vers lequel il tendait déjà trop ?
Les chars des six autres districts se succèdent à l'écran, même si la caméra semble revenir plus qu'elle ne devrait sur celui des transports. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas suscité une telle attention... Titi ne s'intéresse plus à ce qui défile, les yeux toujours rivés dans la direction de l'écran mais le regard à présent vague. Il ne pense plus à sa situation, à la maison dans laquelle il est, à la journaliste à côté ; mais il songe à Gemma, à Finan. À la tragédie de leur naïveté qui ne manquera pas de se briser les dents contre la cruauté de l'arène.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Sam 14 Juil - 2:08 | |
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Les chars s'élancèrent dans le grand cirque et Ocleore se retrouva les yeux scotchés à l'écran. Une partie d'elle se souciait des enjeux de l'évènement, de tout ce qui se jouait là devant elle. Cette part la poussait à s'intéresser aux choix de la réalisation ou encore à ce qui avait changé par rapport aux années précédentes. Les réflexes accumulés au fil du temps et de ses études étaient pour beaucoup dans sa conduite, et c'était presque malgré elle que son attention se dirigeait vers ces aspects techniques. Puisqu'au fond, elle vibrait pour le spectacle. Pour ces lumières, cette foule, ces tenues... Pour la magie de cette soirée, et son caractère unique. Certains diraient que le défilé est le même tous les ans, mais c'est faux. Suivant la logique la plus macabre qui soit, parmi les vingt-quatre tributs qui paradaient aujourd'hui, vingt-trois mourraient dans les prochains jours. Et cette réalité ne la répugnait pas. Parfois elle en ressentait de la honte. L'idée de massacrer tous ces jeunes ne lui apparaissait plus aussi normale. Et puis... elle relativisait. La routine reprenait ses droits. La nostalgie, également. Puisque de tous ceux avec lesquels elle avait regardé les Jeux, son petit-frère restait celui avec lequel elle avait partagé les meilleurs moments. Parce qu'il était son frère, et que ces après-midis passées devant la télévision étaient empruntes du doux parfum de l'enfance, ce parfum qui au fil des années prend de plus en plus de volupté comparé à celui nettement plus âcre de la réalité. Ce contraste entre passé et présent se trouvait accentué par la disparition de Célion. Et elle ne pouvait s'empêcher de sentir sa présence en observant les tributs évoluer dans leurs somptueuses tenues.
Ce défilé possédait une réelle importance à ses yeux. Il lui plaisait bien plus qu'elle n'osait l'avouer à quiconque. Personne n'était assez digne de confiance dans son entourage pour s'entendre dire une chose pareille. Pourtant, apprécier cet événement n'avait rien de répréhensible au Capitole, au contraire. Mais Ocleore se complaisait dans son image de journaliste assidue et critique, prenant les choses avec distance contrairement à toutes les greluches qui piaillaient à la vue d'une ceinture en diamants. C'était son plaisir secret, son plaisir coupable. Aussi, à se retrouver loin de chez elle, Ocleore se sentait libre de profiter à sa guise de l'émission comme elle avait toujours été tentée de le faire, sans se formaliser de conserver une droiture exemplaire et un grand sourire figé.
Ainsi, elle se désintéressa peu à peu de Timothy. Son commentaire n'avait pas pour but de tester sa réaction comme on pourrait le croire. Elle n'avait fait que remarquer son air réprobateur, sans se poser davantage de questions. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait près de quelqu'un qui se positionnait contre les Jeux, cette attitude ne la choquait plus. Ce ne fut qu'au moment de poser sa question qu'elle se concentra de nouveau sur la réalité.
« Du six, » lui répondit-il.
La dureté de son ton la prit au dépourvu. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à le voir hurler sa joie au monde entier en entamant une danse en l'honneur des Jeux de la faim. Ce qui ne l'empêcha pas de froncer les sourcils sous la quasi-violence de son attitude et de le dévisager. En même temps, au vu de ses potentiels-plus-si-potentiels-que-ça penchants rebelles, la chose ne devrait pas l'étonner. Au contraire, elle devrait s'en réjouir, car elle se trouvait désormais en possession d'un indice supplémentaire. Et elle s'en réjouit effectivement. En partie. Son esprit était davantage occupé par le contraste qui transparaissait entre leurs deux réactions, attitudes, milieux, personnalités.
Désirant se changer les idées, elle reporta son attention sur l'écran de télévision, pile au moment où le char du district six s'élançait dans le grand cirque. Le garçon avait un air ordinaire, quoiqu'assez arrogant ; impression renforcée par sa coupe de cheveux spectaculaire. La fille en revanche, avait quelque chose en plus. De l’authenticité elle aurait dit. Elle semblait rayonner de joie, son sourire sonnait vrai. C'était beau à voir. Ocleore se mit à sourire à son tour en la voyant. Elle se retourna vers Timothy dans le but de partager un commentaire mais se stoppa à la vue de son air détendu. Toute la tension qui l'animait il y a quelques instants seulement semblait mystérieusement dissipée. La vue de la gamine tout sourire pouvait-elle avoir provoqué cet effet chez lui ? Ocleore en doutait. Il n'était pas le genre d'homme à fondre devant un joli minois. Surtout quand ce joli minois s'avérait être celui d'une fille de dix-sept ans envoyée à l’abattoir pour le divertissement d'une population privilégiée. Seulement, le changement d'attitude du jeune homme était trop synchronisé avec la sortie de la gamine pour qu'il s'agisse d'une coïncidence. Oh mais, qu'est-ce qui l'avait poussée à la regarder elle plus précisément ? Ocleore eut soudain envie de se donner une claque.
« Vous la connaissez ? »
Sa voix laissait clairement sous-entendre qu'elle avait compris, et que cette question invitait davantage à une explication qu'à une confirmation. Pendant qu'elle parlait, tous les chars avaient terminés leur tour du grand cirque et s'arrêtaient proprement en son centre pour entendre le discours du président Snow.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Dim 15 Juil - 10:01 | |
| Non, il ne la connaît pas – pas vraiment. Que sait-il d'elle, au fond, sinon son nom et sa sottise ? Sinon ses saluts tranquilles, les petits sourires qu'elle esquissait parfois, l'enthousiasme qu'elle partageait avec Finan, à lui donner même à lui une aura de sincérité... ? Il ne sait rien que sa naïveté et ses goûts de travers, mais même ceux-là il les sous-estimait, semble-t-il. Il n'a néanmoins pas le cœur à jouer sur les mots, aussi répond-il seulement, d'un ton devenu neutre – ou du moins se voulant ainsi :
Il a bien compris qu'Ocleore attendait plus de lui qu'un borborygme, mais il prend son temps pour poursuivre, occupé à contempler le déroulement hypnotique de la robe qui enveloppe désormais Gemma comme un joli linceul noir. L'assemblée, bien évidemment, la trouve à son goût.
— C'est une amie de mon frère, finit-il par ajouter alors que les chars arrivent au bout de leur parcours. Doucement, il s'est rapproché de la télévision, et se trouve désormais tout contre le canapé, quoique toujours debout. Ses affaires reposent plus lâchement sur ses épaules. Le discours du président Snow commence, et il ne l'écoute pas vraiment, comme chaque année ; cette fois à plus forte raison que son attention se concentre toujours, même vague, sur les pensées morbides qui fleurissent sournoisement en lui. Quand la caméra cadre soudainement sur le char du district 6, il ne comprend pas tout de suite pourquoi : il voit cette main et sa position emphatique, il voit l'expression de mièvre félicité... Leurs implications ne le frappent qu'à retardement.
C'est idiot, il ne devrait plus se laisser surprendre. Il a enfin assimilé l'ampleur du fanatisme de la jeune fille et, si cela le peine toujours lourdement, il ne devrait pas se sentir davantage piétiné dans ses convictions. Après tout cet air et cette attitude de pure adoration pourraient tout aussi bien avoir été ordonnés et orchestrés par l'équipe de préparation, hors-caméra... Mais il ne sait que trop bien qu'il n'y a chez la jeune tribut que la plus absolue sincérité.
Une nausée sourde l'assaille, et il s'assied, sans réelle lourdeur mais avec un abandon trop marqué, sur le canapé. Le discours se poursuit, et cette main ne quitte pas sa place, et ce sourire ne s'atténue pas. Timothy ne peut s'empêcher, encore une fois, d'imaginer son frère devant son propre écran, se félicitant probablement, idiot qu'il est, du courage de Gemma – l'enviant, peut-être, ou pire, projetant de l'imiter prochainement.
— Ils sont tous les deux aussi fous... aussi fanatiques. Lui qui parle d'ordinaire si peu, mesure chaque fois ses paroles et s'embarrasse toujours de prudence, voilà qu'il oublie toute retenue et se laisse aller devant rien de moins qu'une Capitolienne. Il ne se croyait pas si faible. Mais il en est pour l'instant à un point où il ne se soucie plus de grand chose, où la nausée est trop grande pour lui laisser l'esprit clair. Alors il ne cache plus tout le dégoût qui l'habite, ne s'inquiète plus de laisser percer, même à moindre échelle, son désarroi. La journaliste a déjà bien dû comprendre ses penchants, à présent, aussi ne reste-t-il guère de raison de vouloir encore les camoufler.
Il finit par se tourner vers Ocleore sans même tenter de recomposer ses traits, et lui dit d'une voix claire, dépourvue d'agressivité et de provocation, plutôt pleine d'amertume :
— Voilà qui doit vous réjouir.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Ven 31 Aoû - 23:43 | |
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Ocleore guettait sa réponse, un sourire serein aux lèvres. Elle n'osait pas se l'admettre, mais elle se sentait bien. Là, dans cette demeure sans âme du district neuf, au côté d'un quasi-inconnu, rebelle de surcroît. Oui, elle était bien. Mais contrairement à bon nombre de capitoliens, elle n'éprouvait pas le besoin de se confiner à un espace connu où elle aurait ses marques. L'inconnu ne lui faisait pas peur. Au départ, des années plus tôt, devoir se rendre dans les districts l'avait inquiétée, elle qui n'avait jamais quitté son cher Capitole. Rencontrer ces gens si différents, qu'elle savait ingrats, n'avait pas été facile. Le courant passait difficilement, et c'était là un bel euphémisme. Pourtant, sa soif de connaissances, son engouement pour sa profession et sa motivation à toujours aller au bout de ses enquêtes avaient eu raison de son dédain. L'habitude avait également joué. A force de subir toutes ces œillades mal dissimulées et ces commentaires haineux, elle s'était façonnée une carapace. Un nouveau masque. A partir du moment où elle avait réalisé qu'il ne s'agissait que de ça, tout s'était déroulé bien plus aisément. Elle n'avait aucune raison de craindre ces gens, pas dans ces circonstances. Dès lors, elle n'avait plus ressenti aucune gêne à évoluer parmi eux. C'était une nouvelle aventure, un autre monde avec ses propres règles et ses propres mystères. Des mystères qu'elle se devait d'explorer et de percer. Le mal du pays, la nostalgie de son foyer... Il n'était plus question de cela. Ces émotions, elle les avait définitivement écartées. Elle n'avait pas besoin de repères spatiaux, partout où il y avait à faire, elle s'adaptait sans sourciller. Ce soir ne faisait pas exception. Ocleore prenait finalement plaisir à analyser le comportement de Timothy. Il ne perdait jamais son sang-froid, et semblait décidé à en apprendre autant sur elle que elle sur lui. Elle ne s'attendait pas à cela. Et cette nouveauté l'intriguait. Elle désirait voir jusqu'où il pourrait garder cette façade, ce calme presque effarant. Le Défilé lui offrait une occasion en or de tester sa résistance, bien qu'elle ne l'eut pas prévu, et que l'évènement captivât une bonne partie de son attention.
Son changement de ton l'avait préparée à sa réponse, elle avait deviné que quelque chose le liait à cette tribut. Elle ne marqua donc aucune surprise en entendant son assentiment. Ce qui l'intéressait davantage était la nature de la relation qu'il entretenait avec cette gamine. Cela n'avait peut-être rien à voir avec son statut de rebelle, mais sa curiosité la poussait à en savoir plus. « C'est une amie de mon frère, » avoua-t-il finalement. Ocleore hocha la tête, enregistrant l'information. Celle-ci n'avait rien d'un scoop mais elle pourrait s'avérer cruciale. Tous les détails sont à prendre en considération, et c'est souvent en les accumulant que la vérité nous apparaît. Elle reporta son regard sur l'écran et ce qu'elle y vit la sidéra. Là, au milieu de l'écran, se trouvait la tribut du six, Gemma il lui semblait. Mais elle n'affichait pas le même stoïcisme que ses compagnons tributs. Non, elle arborait un large sourire, un sourire d'extase. Et sa main... placée sur son cœur... Ocleore n'en revenait pas. Elle n'avait jamais vu un tribut se comporter ainsi. Se montrer aussi émerveillé par le discours du président. Pourquoi agissait-elle ainsi ? Jouait-elle la comédie ? Était-elle déjà en train de préparer sa stratégie, en s'affichant comme une fervente partisane du régime ? Si c'était le cas, c'était brillant. Tout simplement brillant. Sa tenue flamboyante l'avait déjà distinguée, mais cette attitude... Elle était excellente. Cette fille possédait quelque chose, un talent indéniable. Son air béat paraissait si sincère... Au même moment, Timothy s'effondra à ses côtés sur le canapé. Ocleore sursauta. Qu'est-ce qui lui prenait de réagir ainsi ? S'était-il fait avoir pas le numéro de cette fille ? « Ils sont tous les deux aussi fous... aussi fanatiques. » Elle fronça les sourcils, ne sachant pas de qui ni même de quoi il parlait. Puis elle comprit. Le sourire qu'elle avait esquissé malgré elle se fana instantanément. Elle regarda de nouveau la télévision et scruta avec attention l'expression de la tribut du six, puis sa posture, son regard. Non, ce n'était pas possible... Cette fille était sincère ?
Elle prit une longue respiration pour se remettre les idées au clair. La tribut du district six, amie du frère de Timothy, était favorable au gouvernement en place. Favorable, émerveillée ; fanatique, pour reprendre le terme de Timothy. Comment était-ce possible ? Que lui était-elle arrivée pour qu'elle en arrive là ? Ocleore était stupéfaite. Les habitants des districts vouaient une haine au Capitole, pour la plupart, à l'exception des districts de carrières. Certains étaient indifférents, mais rares étaient ceux qui l'admiraient. Surtout une tribut. Elle allait mourir pour divertir le Capitole, alors pourquoi ? Tant de questions fusaient dans son esprit, tant d'interrogations contenues. Une seule phrase de Timothy suffit cependant à les balayer.
« Voilà qui doit vous réjouir. »
Une phrase simple, directe, efficace. Un message clair. Et une réaction tout aussi logique. Les choses n'auraient pu se passer autrement. Ocleore était une habituée de ce genre de pique. Qu'elles soient prévisibles ou non, elle savait comment les prendre. Un grand sourire se dessina sur son visage, dénué de chaleur. Juste éclatant. Toute son éducation, tous ses réflexes acquis après deux décennies au Capitole remontèrent à la surface, naturellement. Si ces mots l'avaient ébranlée, elle n'en montra rien.
« Bien sûr. »
Sourire et répondre une banalité. Ignorer la provocation. Ne pas rentrer dans le jeu de la personne en face de soi. Elle connaissait ces préceptes, pour les avoir appliqués pendant des années. On n’envoie pas en province le premier venu, il se ferait manger tout cru. Pour bien converser avec les plébéiens, il faut savoir rester maître de soi en toutes circonstances, être prêt à encaisser la moindre remarque désobligeante. Vider son esprit de toute animosité, de tout ressentiment. Sourire, toujours sourire. Montrer à ces gens que peu importe ce qu'ils peuvent dire, le Capitole ne se laissera jamais atteindre. Ocleore n'avait qu'à agir de cette manière. La situation lui avait échappé. Et après une telle soirée, elle ne se sentait pas de ramasser les morceaux. Aussi se releva-t-elle promptement, et, toujours affublée de son sourire hypocrite, se tourna vers lui.
« Eh bien, je pense qu'il est temps de nous quitter. » Elle ponctua cette phrase d'une longue inspiration, dans le but de rendre son discours moins... robotique. « J'ai passé une agréable soirée, j'espère que vous aussi. Maintenant, si vous le permettez... » D'un geste voulu élégant, elle lui désigna le vestibule, puis s'y dirigea sans un regard vers son invité. Profitant des quelques instants où il ne pouvait voir son visage, elle ferma brièvement les yeux et plissa les lèvres. Ils longèrent la cuisine et arrivèrent dans le séjour. Ocleore recomposa son masque et d'un pas énergique, se rapprocha de la porte. Elle l'ouvrit prestement et s'adossa au battant. « A bientôt peut-être. » conclut-elle d'un ton plus posé, quoiqu'un peu froid.
Tout ce qu'elle désirait se résumait en deux mots : manger et dormir. Elle se serait bien passé du premier, mais le muffin d'il y a une heure n'avait pas suffit à la rassasier. Faisant un effort pour oublier Timothy et chasser son début de migraine, elle se recoiffa puis prit la direction du réfrigérateur, où étaient rangés quantité de petits plats dont elle saurait se satisfaire. Ses dernières paroles n'avaient pas été anodines. Par ses liens avec la tribut de son district, il y avait une petite chance pour que Timothy entende encore parler d'elle. Tout dépendait de la performance de cette petite Gemma.
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| Sujet: Re: Two years gone by | Pv Cléo Mer 19 Sep - 13:27 | |
| Encore une fois elle le chasse : comme deux ans plus tôt, vous pouvez disposer, la même désinvolture polie de ceux qui se savent perpétuellement dans leur bon droit. Lui prétend ne pas s'en vexer ; mais ne prétendait-il déjà pas avoir digéré l'autre fois ? Il réalise pourtant bien qu'elle a raison, il aurait à vrai dire dû s'esquiver de lui-même depuis longtemps, et ne sait plus à présent ce qui l'a retenu. Certainement pas en tous cas cette courtoise hypocrisie qu'elle lui sert comme du sirop pour la toux, et qui le frustre au plus au point. Toujours un sourire, toujours une courbette en réponse à tout – sans doute un autre de ces arts absurdes qu'ils enseignent au Capitole.
Il n'oppose pas de résistance néanmoins, ne s'en sent de toutes manières pas la force, vidé qu'il a été par le spectacle auquel il vient d'assister. Et puis il a assez pu constater qu'aucune provocation ne trouve de réponse dans le monde d'Ocléore Desvances.
Les regrets qu'il s'était attendu à avoir quant à son laisser-aller au sujet de Gemma et Finan ne le rattrapent finalement pas aussi vite qu'il aurait cru. Le lendemain seulement il serrera les dents et les poings et maudira sa faiblesse – avant de s'en remettre. Pour l'instant il est trop occupé par son deuil. Car comment appeler autrement cette perte de quelque chose que pourtant il ne possédait pas, cette disparition soudaine de l'image innocente de deux amis, deux enfants impressionnés par le mauvais côté du monde, mais sans trop de conséquences ? image crevée et remplacée par les couleurs si crues de la réalité, le sourire d'une jeune fille ouvert tout à coup sur les horreurs qu'il supposait jusque là en secret.
Timothy aimerait ne plus penser à rien, oublier le ballet cynique des pantins et des marionnettistes, la mise en scène du Capitole, l'enthousiasme si prompt des spectateurs, comme cette Ocléore que pourtant il avait un instant supposée différente – pourquoi, il ne veut plus non plus y réfléchir, mais se maudit et se moque de lui-même d'avoir osé espérer dans un monde où l'espoir est un blasphème.
Il ne dit plus rien jusqu'à la sortie, mais se lève, revisse son sac sur l'épaule et suit son hôte en silence. Arrivé à la porte, comme il la dépasse en marmonnant un « bonsoir », il prend tout à coup conscience qu'elle a l'air fatigué – et ne peut de là s'empêcher de se demander si cette fatigue n'est que physique ou cache quelque plus profond trouble de l'esprit. Mais voilà, encore cette bêtise d'espoir qui se manifeste...
Il ne fait guère attention au « à bientôt », n'entendant là qu'une autre salutation d'usage, mais suit des yeux le visage de la journaliste avant qu'il ne disparaisse derrière la porte close.
Puis il s'enfonce dans le noir en direction de la gare, et du lit qui l'y attend, même s'il ne sait déjà que trop bien qu'il ne trouvera pas le sommeil cette nuit.
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