Le soleil venait tout juste de se lever alors que je me préparais déjà à une longue journée. L’air était encore un peu dehors, c’est pourquoi j’optai pour un pantalon marron claire, surmonté d’un tee-shirt assorti et d’une petite veste légère. De toute façon, ces habits étaient pratiquement les seuls que j’avais dans mon armoire, si on pouvait appeler ça une armoire. C’était plutôt une planche posée sur deux tréteaux… Plutôt bancal tout ça. Mais la vie n’était pas facile dans le coin, et je ne pouvais pas faire le difficile. De toute façon, cela ne m’intéressait aucunement de ressembler à ces clown du Capitol, avec leur perruque et leur maquillage de drague-queen, non merci ! Je préférais encore mes vieux vêtements. Lorsque j’eus fini mes préparatifs, qui ne prirent pas longtemps, vu le peu de chose que j’avais à me mettre, je sortis de la maison, afin de commencer mes travaux dans la ferme.

Les animaux étaient assez calmes se matin, je n’eus donc aucunes difficultés à les nourrir. Enfin, presque… Lorsque je m’approchai de la grange, pour voir notre réserve de nourriture, je me rendis compte qu’elle était bientôt épuisée. Je ne pouvais définitivement pas approvisionner toutes les bêtes avec ce qui restait. Et elles devaient être nourries car sans elles, ma famille perdrait tout ce qu’elle avait, chose inconcevable. Je décidai donc de me rendre de ce pas au centre-ville pour aller quémander quelque graine, le temps que mon père ne revienne pour qu’il aille s’occuper d’acheter le plus gros des provisions. C’était lui qui s’occupait de ça.

Le chemin jusqu’au centre du District n’était pas bien long. Notre ferme n’en était pas vraiment éloignée, ce qui était plutôt pratique. Je dus faire les yeux doux à quelques marchands pour qu’ils me donnent ce que j’étais venu chercher. La récolte avait été maigre, mais cela suffirait surement pour ce matin. Il y avait juste ce qu’il fallait. Je rentrai donc rapidement à la maison, afin de sustenter la faim de nos chers animaux. Alors que je passais devant l’hôtel de ville, quelque chose me heurta avec violence, et me fit tomber à la renverse, étalant tous mes grains sur le sol poussiéreux. « Aie ! » Lorsque je repris un peu mes esprit, j’aperçus la cause de cette chute : une jeune fillette sur son cheval, qui ne faisait visiblement pas attention où elle allait. « Nan mes grains… » D’un geste désespéré, je tentai de rattrouper toutes les petites graines, en vain. Certaines se confondaient avec les graviers éparpillés sur la terre battue. Me relevant avec quelques difficultés (un cheval venait de me heurter à pleine vitesse quand même) je regardai la demoiselle droit dans les yeux. « Non j’ai rien ça va. Mais tu aurais pu faire attention où tu allais ! Mes grains sont foutus maintenant, et j’en avais terriblement besoin… » Comment allait-il faire ? Les temps étaient durs en ce moment, et il ne pouvait pas se permettre de perdre de la nourriture, même si elle était destinée aux animaux !

Epoussetant mon pantalon plein de poussière, je ne pouvais pas m’empêcher de lancer un regard accusateur à cette jeune fille. Elle n’aurait pas pu contrôler son cheval non ? Maintenant, cela allait être les animaux de ma famille qui allaient souffrir de cet accident. En y réfléchissant bien, peut-être qu’en allant quémander quelques grains à d’autre marchand, j’arriverai à refaire mon stock. Et puis après tout, la petite n’y était pour rien. Ce n’était pas de sa faute si son animal s’était affolé. Je fus soudainement pris de remords. Comment avais-je pu crier contre une adolescente ?! Quelque année auparavant, j’avais fait de bien plus grandes bêtises, et intentionnellement en plus ! J’allais alors présenter mes plus plates excuse pour mon comportement légèrement exagéré, quand j’aperçu les deux Pacificateurs qui se rapprochaient à grands pas, probablement attirés par tout le raffut que l’on venait de causer. Oh non, il ne manquait plus que ça ! Avec la Rébellion qui prenait de plus en plus d’ampleur, la sécurité dans les District avait était augmenté, et le dix ne faisait pas exception. Les Pacificateurs étaient plus durs et intransigeant que jamais, la surveillance était à son maximum, et les punitions étaient encore plus terribles qu’auparavant. Je ne pouvais pas laisser une petite fille, qui allait de surcroit peut-être être choisie lors de la Moisson afin de participer aux Jeux, se faire prendre pour quelque chose qu’elle n’avait pas l’intention de faire.

L’instant était des plus critiques, et j’essayais de rassembler mes esprits dans le seul but de sortir une explication valable, qui n’incriminera pas la jeune fille. Mais alors que les Pacificateurs demandaient ce qu’il se passait, et que j’étais sur le point de sortir une histoire à coucher dehors, Mirage me devança et prit les devants. Je la regardais débiter des excuse à une vitesse incroyable, et puis, plus rien. Le silence. Les deux hommes du Capitol avaient leurs regards fixés sur moi. Je sentis la pression monter petit à petit. Bien entendu, ce n’était pas la première fois, ni la dernière, que j’allai mentir à des hommes de loi. Mais cette action était toujours un peu stressante, même pour un professionnel comme moi. « Nan, nan. Tout va bien ! C’est aussi de ma faute, je ne regardais pas ou je mettais les pieds alors c’est sûr, BOUM ! » Les Pacificateurs me regardaient d’un petit air qui ne paraissait pas convaincu. Quoi, mon histoire n’était pas bien ?! « Ne t’inquiète pas, je trouverai une solution pour remplacer mes grains. » Me tournant vers les deux hommes, je continuai en affichant un large sourire. « Et vous messieurs, des choses bien plus importante doivent demander votre attention. On ne va pas vous retenir ici plus longtemps. »

Alors que je pensais le danger écarté, ma vision commença à se troubler, et le sol se rapprocha soudainement. Une migraine atroce s’empara alors de ma tête, et lorsque j’apportai ma main à mon front, du sang entacha celle-ci. Oh crotte. Les Pacificateurs n’allaient peut-être pas partir si facilement…

Je ne savais plus où je me trouvais. Un voile noir c’était abattu sur mes yeux, et la dernière image qu’il me restait en tête, était celle du sol granuleux du District 10. Ce n’était pas la première fois que je me blessais au front, et ce n’était surement pas la plus grave blessure qu’il m’était arrivé, mais, pour une raison que j’ignorais, celle-ci m’avait fait perdre mon équilibre et mes sens. Cela était très étrange de devenir aveugle d’un seul coup. Je pouvais encore entendre la jeune fille se presser à mes côtés pour me donner les premiers secours, alors que les Pacificateurs ne bougeaient pas un seul de leur petit doigt. Mirage était vraiment très gentille de s’occuper de ma plaie comme ça. Et heureusement qu’elle était là ! Car je ne pouvais surtout pas compter sur les deux énergumènes qui ne servaient qu’à faire peur aux habitants.

Lorsque ma vision me revint, les Pacificateurs étaient déjà bien loin. Ils n’étaient même pas utiles en cas de blessure… Franchement, à quoi servaient-ils ? Très bonne question, qui ne trouve malheureusement pas de réponse définie. Certaine disent qu’ils sont là pour maintenir la paix et le calme dans les District, d’autre pour réprimer les Rebelles. Moi, je pensais juste qu’ils n’étaient qu’une bande d’emmerdeur, incapable de ne pas s’évanouir à la vue du sang. Pourtant, lorsque eux en faisait couler, cela ne les dérangeaient plus du tout…

J’apportai ma main à mon crane et constatai que Mirage avait fabriqué un bandage grâce au tissu se trouvant sur sa manche. Quelle adorable fillette. Cette action de sa part me fit encore plus regretter mon comportement d’un peu plus tôt. Comment avais-je pu lui crier dessus ? Je m’en voulais tellement. Cette jeune fille était vraiment brave. « Oui, oui, ça va mieux. Merci beaucoup. » Je ne savais plus trop quoi lui répondre. Tant pis pour mes grains, je n’allais surement pas les réclamer à Mirage. La pauvre ne devait avoir que 12 ou 13 ans pas plus, comment allait-elle faire pour me les rembourser ? Elle allait probablement devoir demander à l’un de ses parents, et cela lui vaudra une belle punition. Non, il en était hors de question !

Je me relevai avec quelques difficultés, dans le but de retourner chercher d’autre graine auprès des commerçants de la place. Ma tête me faisait encore légèrement souffrir, mais rien d’insupportable. Un léger coup d’œil rotatif me permis de constater que la place de l’hôtel de ville n’était pas bien remplie, et que cela allait être dur de trouver de quoi sustenter les animaux. Mais il me fallait vraiment cette nourriture, je ne pouvais pas faire sans. Alors, lorsque Mirage continua dans sa lancer de me redonner mes grains, je ne pus dire non, forcé d’accepter sa requête. « D’accords. J’habite pas très loin d’ici. Tu vois ce chemin-là ? Et bin, la ferme de ma famille se trouve juste au bout. »

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