Comment en était-il arrivé là ? Tout en remplissant un sac de toile de couleur brune, Samwell pestait contre lui-même et surtout contre la petite brune qu'il est censé emmener en forêt cette après midi même. Elle voulait changer d'air, voir ce que la nature valait vraiment... elle allait être servit ! Même si leur relation s'était considérablement améliorée depuis quelques temps, son comportement de princesse avait parfois le don d'énerver le grand blond qui n'avait d'autres choix que de mordre l'intérieur de sa joue le temps que ça se calme. Mais l'ennui c'était qu'à force de découvrir tous les nombreux défauts de la jolie brune, il en venait à en apprécier les moments où il l'a trouvait bien plus agréable que d'habitude. Ces moments étaient pour le moins assez rares, et il fallait bien le dire nombreuses étaient les fois où Samwell aurait bien balancé ses quatre vérités au nez de la demoiselle. Les sentiments qu'il éprouvait à son égard étaient violents, poussés à chaque extrême de la palette des sensations humaines. La première fois qu'il l'avait vu par exemple, elle s'était montrée si hautaine qu'il en aurait frapper son poing contre un mur. Il a souvent eu l'envie de réagir ainsi, mais au fur et à mesure il a appris à prendre sur soi et à essayer de chercher ce qu'il y avait de bien en elle. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il avait finit par apprécier ce petit bout de jeune femme. Il n'avait rien à lui reprocher physiquement parlant, bien au contraire elle était l'une des plus belles habitantes du capitole qu'il n'eut jamais croisé. Et son caractère était si trempé qu'elle pouvait rivaliser avec le sien, pourtant fort et difficile. Les instants qu'ils passaient ensemble étaient détonnants, jamais ni l'un ni l'autre ne lâchait prise.. une vraie confrontation d'esprits forts !

Cette femme le mettait hors de lui la plupart du temps, voilà ce à quoi il était en train de songer lorsqu'il foulait les rues poussiéreuses de son district. Le temps n'était pas au beau fixe et la plupart des habitants restaient cloîtrés chez eux, une manière de se préparer de son côté pour les prochains jeux. A l'idée d'une nouvelle édition, Samwell eut un goût amer en bouche. D'autres enfants allaient bientôt perdre la vie, laisser des familles accablées derrière eux et une vague trace de leur vie éphémère sur terre. Cela ne s'arrêtera donc jamais.

Il essaya de chasser les images des précédents jeux et atteignit l'orée de la forêt, point de rencontre que Gold et lui avaient convenus quelques jours plus tôt. Il fût bien sûr le premier arrivé, à croire que miss Flickerman faisait exprès de le faire poireauter.
Il contemplait à travers une vitre de maison une femme aux cheveux emmêlés qui faisait sa vaisselle lorsqu'il entendit du bruit. Elle était enfin là !

_Ce n'est pas trop tôt, grogna-t-il.

Parole qu'il regretta presque aussitôt en voyant son joli visage, aussi lumineux que le soleil lorsqu'il daignait se montrer. Peut-être même un peu trop jolie, selon l'endroit où ils allaient se rendre, la demoiselle ne s'était pas vraiment équipée en conséquences.

_Vous n'allez pas emporter tout ça, pas vrai ? fit-il en soulevant un sourcil, mi amusé-mi énervé.

Un peu d’air frais, une ballade en forêt, décompresser avant les jeux, voilà ce dont Gold avait besoin aujourd’hui. Les Hunger Games approchait à grands pas et la belle se préparait déjà à jouer les stylistes, à habiller des enfants qui au fond, ne serait que de vulgaire cadavre tenant encore debout, cette idée la rendait malade à chaque fois qu’elle y pensé, elle se sentait perdre pied à l’idée de côtoyer ses gamins, ces bouts de chair-à-canons que le Capitole envoyait à la mort pour le plaisir d’une poignée et le désespoir de tout les autres. Plus d’une fois elle avait pensée à dire non, à quitter les jeux et à ne pas assumer ce rôle pour lequel elle s’était tant préparée, mais elle le savait, le capitole ne l’accepterait pas, sans parler de sa famille qui pourrait bien la renier et perdre tellement si la jeune femme venait à leur faire honte de cette façon. Elle n’avait finalement pas le choix, elle devait le faire, pour sa famille, pour son avenir. Pour ne pas faire de crise de nerfs avant le début de cette mascarade Gold avait donc décidé de se vider un peu la tête, de prendre un bon bol d’air frais et qui de mieux qu’un bucheron sauvageons pour vous faire visiter les forêts du District 9? Oui, la demoiselle avait presque obligé ce pauvre Samwell à jouer les guide touristique pour elle, l’espace de quelques heures, quelques jours peut-être si ils trouvaient un endroit où camper, elle le voyait pourtant, il n’en n’était pas ravis mais après quelques supplications il avait cédé parce que personne ne résiste au regard azure de la Flickerman. Et puis de toute façon, ce type, il était tout le temps bougon. Un vrai rustre, un monstre des montagnes totalement incontrôlable et avec des manières pour le moins douteuses. Il était un ogre et entre nous, on pouvait bien se demander pourquoi une princesse comme Gold s’était entiché d’un malabar comme Samwell. Elle aurait mieux fait de ne jamais lui avoir adressé la parole, il était si… si lui! Mais voilà, à force de le voir, souvent à contrecœur, la belle avait apprit à le connaitre, d’une certaine façon, elle ne supportait toujours pas ses manies des plus brutales et rustres, mais tout de même, il avait quelques qualités… Il était gentil par exemple… Puis grand… Puis très très musclé… Ouais bon, passons sur ses détails. Peu importe qu’elle l’ait découvert sous un autre jour au fil du temps, le bougre restait bien souvent insupportable à ses yeux, cependant, il connaissait la forêt mieux que quiconque et soit-dit entre nous, se promener avec Sam à ses côtés c’est toujours plus rassurant que de se balader seule au milieu des arbres.

Gold c’était donc préparé à son excursion… Et pour se préparer elle s’était bien préparé, ça c’était certains. Elle avait remplis un énorme sac à dos d’on ne sait quoi ainsi que deux autres petits sac remplis, eux aussi, d’objet pour ma foi un peu obscure et dont l’utilité restait assez douteuse. On ne peut pas lui en vouloir, c’est la première fois qu’elle part « camper » après tout. Bref, une fois toutes ses bagages remplis du « stricte nécessaire », la jeune femme se dirigea d’un pas convaincu jusqu’au lieu du rendez-vous, trainant ses sacs tel des poubelles sur le sol poussiéreux du district. Ce n’était pas très glamour, mais de toute façon, sa tenue du jour ne prêtait pas franchement à une quelconque chic-attitude. Ben oui, elle avait peut-être abusé sur les bagages, mais elle restait réaliste quant à sa tenue. Un magnifique manteau plus ou moins chaud, moins que plus en fait, un pantalon multicolore et des boots sombre, ha et n’oublions pas la chemise à carreaux rouge en l’honneur de notre bucheron, vous voyez, très réaliste comme tenue pour une balade dans les bois. Un peu essoufflé la Flickerman arriva a la lisière de la forêt, posant avec difficulté son sac à dos sur une espèce de table, tout ça sous les mots acerbes de son guide, il ne perdait pas une seconde celui-là.

« Bonjour à vous aussi! » En disant cela elle lui fit une grimace qui se voulait montrer toute sa colère face à cette discourtoisie mais qui au final ne la rendait que plus mignonne. Tapotant son sac avec un large sourire fier elle enchaina. « Évidemment que je vais prendre tout ça, je n’ai apporté que le stricte nécessaire! Tout est bon, on peut y aller donc!... » Sur ses mots elle enfila son sac à dos, déterminée, joviale, jusqu’à faire un pas en avant… Et tomber lamentablement en arrière sous le poids de son bagage. Une tortue sur sa carapace, voilà à quoi elle ressemblait, une tortue qui gigotait dans l’espoir de se relever, sans résultats bien sur… Ha les capitoliens à la campagne, que d’aventure!

Bonjour, je m’appelle Gold Arya Flickerman et j’aime me ridiculiser devant les hommes. Voilà une présentation d’elle-même que Gold aurait pu utiliser sans problème, surtout à cet instant alors qu’elle s’était tout simplement étalé au sol tel une vieille crêpe après avoir stupidement essayé de jouer les filles fortes et déterminées. Elle l’avait sentit pourtant, elle avait bien vu que ce sac était trop lourd, remplis de tout un tas de chose pour le moins inutile mais indispensable à ses yeux, elle avait présagée cette finalité et pourtant, c’était presque fière, que la jeune femme avait enfilé ce stupide sac pour terminer sa petite course au sol, lamentablement. Déjà qu’elle n’était pas au plus haut dans l’estime de Samwell, autant vous dire qu’après ça elle avait dut attendre les tréfonds de son respect pour autrui, qui plus est, il y avait de forte chance pour qu’il balance cette histoire à tout bout de champs une fois revenue de leur escapade. Gold l’imaginait déjà dans un bar, à boire comme un trou en racontant la belle aventure de cette bourgeoise du capitole qui n’était même pas parvenue à tenir sur ses deux jambes alors qu’ils étaient à peine à la lisière de la forêt. Ça ferait le tour du district. Super, elle allait avoir une vraie réputation au 9, tout ce dont elle avait toujours rêvé en somme. Bref, tout de même un peu vexée, la belle tenta de se relever seule, sans résultats évidemment, et c’est avec un regard bougon qu’elle observa son guide s’accroupir à ses côtés pour lui lancer un message d’avertissement, le genre de message que le sauvage lance à la princesse pour la dissuader de s’aventurer sur ses terres dangereuses.

« J’en suis sur. »

Voilà tout ce qu’elle rétorqua, déterminée mais toujours un peu bougonne, tentant encore une fois de se sortir de se mauvais pas, gigotant légèrement avant qu’enfin, il daigne lui donner un coup de main, ce qui n’était pas trop tôt. Tout bon gentlemen serait accouru jusqu’à elle pour l’aider à se relever, doucement, s’inquiétant de sa santé et de sa fâcheuse posture, mais non, lui, le bougre de service, c’était presque amusé de la situation, la laissant au sol et discutant avec elle comme si de rien n’était. Décidément, ce type n’avait vraiment aucune éducation. Voilà ce qui lui traversa l’esprit alors qu’il l’aidait à retirer son sac et à se lever en la portant à bout de bras comme si elle ne pesait que cinq kilos tout mouillé… C’est quand même fou la force herculéenne qu’avait ce gars… Sans parler de sa taille… Il devait surement mesurer deux mètre, ou alors Goldy était juste carrément petite, dans tout les cas, elle ne put s’empêcher de ressentir un espèce de vertige lorsqu’il la porta ainsi aussi facilement… Était-ce la hauteur qui la mettait mal à l’aise ou cette petite proximité entre eux? … Qui sait. Quoi qu’il en soit il la posa rapidement au sol, sans réel ménagement, retrouvant ses manières si peu avenante, comme toujours, on ne change pas un ogre en prince si facilement et pourtant, dieu seul sait qu’il aurait une classe folle en prince charmant.

« Oui, c’est sur, c’est… plus pratique. »

A son tour la Flickerman se mit à éclaircir sa gorge, affichant un petit sourire avant de baisser la tête, tapotant ses vêtements comme pour se débarrasser d’une quelconque pellicule de poussière qui en réalité, n’existait que dans l’esprit de la jeune femme mais au fond, c’était davantage une tentative de replis stratégique pour ne pas croiser son regard qu’une réelle manie d’une maniaque de la propreté. Bien sur, c’est comme si il ne pesait rien que Sam attrapa le sac à dos, le déposant sur son épaule avec force sous les yeux presque choqués de la demoiselle…

« Heu… Oui oui, je suis prête! »

Pas trop tôt j’ai envie dire. Ni une ni deux, Gold attrapa ses deux petits sac, les déposant autour de son cou avant de suivre le bucheron avec une réelle résolution. Elle voulait affronter cette terrible forêt, découvrir autre chose que le capitole et les districts, oublier durant quelques jours l’horreur qui l’attendait avec les jeux, elle voulait vivre dans un autre monde l’espace d’un moment même si au fond ce ne serait qu’un rêve utopique et illusoire. La jeune femme le suivit donc avec acharnement, malgré les pas de géants qu’il faisait. Certes il lui fallut quelques minutes pour s’adapter au terrain, mais finalement, elle suivait plutôt bien le rythme imposé par son guide, un guide qui daignait à peine se préoccuper de sa présence, en réalisant ça elle ne put s’empêcher de lui faire tout un tas de grimace enfantine avant de se stopper brusquement lorsqu’il décida enfin de vérifier sa présence, elle lui offrit un large et faux sourire en guise de réponse, avant de lancer une énième grimace en lui répondant lorsqu'il lui tourna le dos de nouveau, il le méritait bien ce rustre.

« Oui oui, tout vas bien… Et je suis presque sur que je parviendrais très bien à rentrer seule si jamais c’était nécessaire… ! »

Dit la fille qui c’est un jour perdu dans son propre appartement. Enfin, le voyage au bout de nulle part continua en silence durant presque une heure, le chemin était plutôt simple jusqu’à ce que Samwell décide de bifurquer sur un sentier des plus sauvages. Plus d’une fois la pauvre manqua de trébucher, se rattrapant de justesse à des arbres, s’écorchant un peu les mains en silence, mais finalement, Goldy parvint à trouver le bon rythme, enfin, plus ou moins…

« Ce n’est pas mes chaussures qui font du bruit… C’est juste… Moi quand je marche, comme tout le monde… Comme tout être humain... »

Sur ses mots elle trébucha au sol, se relevant bien vite, tel une fusée en lâchant un « Tout vas bien, continuons. » comme si de rien n’était, peu désireuse qu’il ait une nouvelle excuse pour se moquer de sa maladresse. Notre aventurière du dimanche avait une partie de sa coupe momentanément déstructuré, quelques brindilles c’était accrochés ici et là sur elle, sans parler de ses mains légèrement « ensanglanté », mais elle ne se plaignait pas, non, elle avançait, encore et toujours, rattrapant presque son camarade, presque oui, il restait tout de même plus rapide et surtout plus habile dans cet environnement hostile qu’elle. Un environnement qui changea radicalement en quelques dizaines de minutes, puisque d’un seul coup, sans crier gare, notre duo se retrouva prés d’un lac, immense, magnifique, à coupé de souffle, Goldy ne put retenir un léger « hooo » d’admiration, les yeux écarquillés, brillant face à ce spectacle plutôt rare pour une Capitolienne pure et dure.

« Woa c’est vraiment très beau… » Là, elle reprit son énergie habituelle, posant ses sacs non loin. « Bon, allez, on campe ici! » Oui, ça y est, elle donnait des ordres, comme quand elle était en train de travailler sur un projet de stylisme, prenant une certaine assurance qu'elle n'avait pas tant que ça en règle général. N’attendant aucune réponse elle sortit un étrange objet de l’un de ses bagages, il n’était pas très grand et semblait plutôt compacte. « C’est une tente vous savez! Il suffit de la jeter et elle se met en place toute seule! » Joignant le geste à la parole, souriante et dans un geste ample, elle jeta l’objet non loin… qui tomba au sol comme une merde, n’ayons pas peur des mots, sous les yeux surpris de la belle. « C’est étrange, ça a marché quand il m’a montré comment faire le vendeur… » Flickerman était tellement surprise face à ce résultat inattendu qu’elle ne prêtait plus vraiment attention aux blessures présentes sur ses mains, ni même au lac, ni même à Sam, concentrée à regarder ce bout de plastique au sol, espérant surement le voir se mettre en place par la force de son esprit…

Stupéfiante. Hilarante. Désespérante. Miss Flickerman correspondait parfaitement à ces trois adjectifs, le tout dans un mélange original et détonnant. Il devait néanmoins reconnaître qu'elle était coriace, car plus d'une fois elle aurait pu lui dire d'aller se faire voir pour faire demi-tour. En l'emmenant dans cette partie difficile à traverser de la forêt Samwell avait voulu la tester, et elle avait jusque là passer le test avec brio.
Samwell n'était pas du genre à faire la conversation, combler les vides pour ne rien dire simplement par peur que la jeune femme ne s'ennuie. Elle savait certainement à quoi s'en tenir lorsqu'elle lui avait demandé de l'accompagner -supplié sans lui laisser le choix devrais-je dire- Aussi il ne se préoccupa point de tous ces petits détails comme "Voulez-vous vous arrêter pour faire une photo? Boire un peu d'eau ? Vous reposer les pieds?" Non, non ce n'était absolument pas le genre de Samwell.
Il ne put en revanche s'empêcher de rire lorsqu'elle lui assura pouvoir retrouver son chemin seule. Il aurait payé cher pour voir ça ! S'il était quelqu'un de méchant il n'aurait pas hésité à la planter ici en attendant gentiment qu'elle essaye de revenir sur ses pas. Elle aurait probablement terminé assise sur une souche d'arbre, à pleurer sur elle tout en le suppliant de revenir. La scène aurait été comique, quoique peu appréciable pour elle.

_Vous êtes du Capitole ...

"vous n'êtes pas plus humaine que je ne suis femme" avait-il envie de dire, mais il laissa sa phrase en suspension lorsqu'il repensa aux dernières heures qu'ils avaient passées ensemble. Si au départ il l'avait mise dans le même panier que tous ces foutus capitoliens qu'il exécrait, il s'était aperçut au bout d'un long moment qu'elle était différente. Etait-ce pour ça qu'il se sentait de plus en plus gêné à ses côtés ? Parce qu'en plus d'être plaisante et séduisante, il savait qu'elle n'était pas si mauvaise dans le fond ? Bien plus insupportable que toutes les femmes faciles de son district certes, mais si complexe d'esprit qu'elle en devenait plus intéressante que toutes celles qu'il avait rencontré ? Elle ne restait qu'une capitolienne aux manies de princesse dans le fond, ce qui ne correspondait absolument pas à ce qu'il était ni à la manière dont il vivait, mais c'était plus fort que lui. Il se sentait faible de penser à la jolie brune qui marchait derrière lui autrement qu'en pestant, lui qui lui avait réservé un accueil des plus mauvais ? Leur relation s'était construite sur un conflit général, qu'ils ne pouvaient ni l'un ni l'autre effacer, et ce qui il fallait bien le dire n'était pas de bon augure pour la suite. Jusqu'ici Samwell avait de toute façon montré tellement de non sympathie qu'il était impossible que la situation ne change. Et dans le fond, avait-il vraiment envie de sortir des sentiers battus qu'il avait l'habitude d'emprunter depuis le début de sa vie sentimental ? Il avait déjà tellement à faire, pourquoi se soucier de pseudos-sentiments aussi futiles qu'inutiles ?

Enfin arrivés au lac, miss capitolienne prit derechef la décision de camper sur ce lieu. Samwell avait déjà pris cette décision ce matin et planifiant leur balade, mais le fait que ce soit elle qui le dise à voix haute en premier l'agaça. D'où venait cette fâcheuse manie de vouloir tout contrôler, tout diriger? Sûrement une question d'éducation. Le bûcheron posa ses deux sacs -non sans une petite pointe de plaisir- près d'un tapis de feuilles et contempla le lac avec fierté. Le district 9 n'avait rien de vaniteux, rien à montrer ni de quoi faire baver les autres districts .. mais ce lac valait la peine de marcher quelques heures. Il faisait en général bien trop froid pour que les habitants y plongent leurs têtes, mais Samwell n'avait peur de rien. Il envisageait sérieusement de se jeter dans l'eau fraîche lorsque la jeune femme jeta son gadget. "Une tente" avait-elle dit. Le grand blond se posa sur une souche d'arbre et la regarda faire, un sourire moqueur sur son visage mal rasé.

_Heureusement que je ne comptais pas sur vous pour dormir à l'abri cette nuit ! Et si vous la jetiez plus fort par terre ?

Il avait encore envie de rire, décidément.

_Je crois que le vendeur s'est fichu de vous, sans vouloir vous offenser bien sûr.

Il lui sourit franchement cette fois-ci, pour la première fois de la journée. Il se remit debout, ignora le bout de plastique lamentablement posé sur le sol et ouvrit son propre sac.

_Vous vouliez voir la nature comme elle l'est réellement il paraît, rien de mieux qu'une nuit à la belle étoile pour ça.

Il sortit un tissu étrange de couleur grise, aussi lisse que du plastique et aussi résistante que du caoutchouc. En deux minutes, le bûcheron grimpa sur quelques arbres et accrocha le tissu à environ 1m80 du sol. En cas de pluie ils n'auraient pas le pantalon mouillé, et c'était déjà ça.

_Si votre tente se décide à rester comme ça, vous laissant les mains libres, vous pourriez peut-être venir m'aider à installer le campement ?

Il ne prenait résolument pas de gants pour lui adresser la parole, une manière très personnelle de l'éloigner de lui en ne lui montrant que la partie désagréable de sa personnalité. En moins d'une heure ils avaient installés deux couchettes confortables, à l'abri sous la bâche. Le feu crépitait déjà et commençait à prendre de l'ampleur tandis que le soleil déclinait. Assis devant les flammes, Samwell dévisagea la jolie brune.

_Ne vous attendez pas à ce qu'on se fasse des nattes et qu'on chante des chansons au clair de lune!

Ironique, froid, distant voir désagréable. C'était tout lui. Il s'amusait des réactions de la jeune femme, qui le surprenaient à chaque fois.

« Vous êtes du Capitol… » En entendant cette phrase qui ne semblait pas vraiment finis, Gold sentit son cœur avoir un raté, elle se stoppa juste une fraction de seconde, l’air triste, avant de reprendre comme si de rien n’était. Ce genre de petit pic au sujet de son lieu de naissance, elle en avait l’habitude depuis qu’elle visitait les districts… C’est vrai qu’aujourd’hui beaucoup de gens l’accueillait à bras ouvert, sachant pertinemment ce qu’elle faisait pour les autres, la bonté dont elle faisait preuve, la gentillesse qui était sienne, mais au début, tout était plus compliqué, on l’insultait, on la rejetait, on l’ignorait, simplement parce qu’elle venait du Capitol et elle en avait beaucoup souffert. Toutefois, déterminée, la belle n’avait pas abandonné, continuant d’aller de district en district régulièrement, pour trouver l’inspiration oui, mais aussi pour voir la vrai vie, pour aider certaine personne en leur apportant un peu de nourriture quand elle le pouvait ou simplement en leur offrant un peu de joie et de divertissement l’espace d’une journée. Une goutte dans un océan de misère, elle en avait conscience, mais c’était toujours ça de gagné, elle l’espérait en tout cas. Quoi qu’il en soit, encore aujourd’hui, parfois, souvent, certaines personnes se montraient désagréables avec elle, voir carrément odieuses, juste parce quelle était du Capitol, sans parler de son nom, Flickerman, qui raisonnait plutôt mal dans l’esprit des peuples des districts. Elle tolérait en général les insultes, elle les acceptait, car elle les comprenait, cela étant, venant de Samwell, même si il n’avait pas terminé sa phrase, c’était plus blessant que venant d’un stricte inconnus. Certes, au fonds, ils ne se connaissaient que peu et entre eux, c’était plutôt explosif, mais ils avaient passé quelques moments ensemble, des moments où ils avaient apprit à voir plus loin que leur préjugé, un peu… Gold le croyait en tout cas mais les mauvaises habitudes ont la vie dure comme on dit.

Enfin, la jeune femme décida de ne pas surenchérir à ce sujet, elle était blessé oui, mais comme toujours elle allait faire comme si de rien n’était, comme si ça lui était égale, c’était bien mieux pour tout le monde. Bien vite le duo se retrouva donc prés du lac et mine de rien notre aventurière c’était montré plus coriace qu’on aurait pu le croire, c’est vrai qu’elle n’était plus dans le même état qu’au départ, mais ça aurait pu clairement être pire. Déterminée, elle commença à donner des ordres, sans même s’en rendre compte, l’habitude sans doute, et bien vite elle tenta de démontrer sa supériorité technologique en lançant sa « tente pliable », espérant la voir se mettre en place toute seule comme le vendeur le lui avait fait la démonstration. Malheureusement, c’est bien connu, rien ne se passe jamais comme dans les pubs. Résultats, l’objet resta inerte sur le sol. Gold l’examina quelques secondes avant de le prendre dans ses mains, l’observant de plus prés en répondant innocemment à son binôme.

« Vraiment? Vous croyez qu’en le jetant plus… » Son visage se tourna vers Sam à ce moment-là et évidemment elle comprit qu’il se moquait d’elle. Secouant la tête en grimaçant elle enchaina. « Haha, très amusant… Et le vendeur ne s’est pas fichu de moi, ça marche normalement, mais c’est juste… celui-là qui doit être un peu… défectueux… »

Ou pas. Goldy remarqua tout de même le premier sourire sincère de Samwell, ce qui la fit sourire aussi même si elle reprit bien vite son air bougon, concentrée sur son objet défectueux, faudrait pas qu’il pense qu’elle était contente de le voir sourire … La belle fut tellement absorbé par sa « tente » qu’elle ne remarqua qu’après coup que ce cher bucheron s’était amusé à grimper aux arbres, tel Tarzan, accrochant une espèce de bâche qui apparemment ferait office d’abris si il venait à pleuvoir…

« A la… belle étoile?… » Gold avait dit ça d’un air presque choqué, elle ne s’attendait pas vraiment à dormir de cette façon la… Mais après tout, pourquoi pas … Ouais pourquoi pas… Elle prierait tout de même pour que sa tente finisse par s’ouvrir toute seule dans la nuit, dans cette optique elle la posa délicatement au sol pour aider son guide à mettre en place le campement, lui offrant une énième grimace face à son manque de tact évident. Prendrait-il un jour des gants pour lui adresser la parole? C’était peu probable… Mais au fond, ça faisait presque partie de son charme… Presque.

En une heure leur camp de fortune fut construit et mine de rien la demoiselle était plutôt fière et contente du résultat, c’était assez cossu finalement et puis elle avait réussit à accroché un peu de déco à l’arbre à côté de sa couchette, quelques grigris de filles, des bijoux fantaisies en formes d’étoiles et des avions en papier multicolore qu’elle fabriquait depuis toujours, une manie, elle en avait plein le plafond de sa chambre, ça le faisait rêver. Là, elle était parvenue à en accroché deux trois à la bâche, elle les verrait donc virevolter au gré du vent lorsqu’elle irait dormir. Parfait… Enfin, si on oublie la mauvaise humeur latente de ce cher Samwell. Car oui, une fois prés du feu crépitant, alors qu’un silence presque pesant s’installait, il décida de prendre la parole et on sait tous ce que ça donne quand un rustre décide de prendre la parole.

« Quel dommage, moi qui espérait vous faire des couettes, ça vous irez si bien… » C’est vrai en plus, ça lui irait plutôt bien quelques couettes… Elle secoua la tête, l’air blasé qu’il la prenne pour une Capitolienne incapable de faire des choses un temps soit peu normal ou « rustre » en l’occurrence, tellement, qu’elle se leva d’un bond, avant de reprendre la parole. « Vous savez, je ne suis pas qu'une petite princesse qui ne sait rien faire en dehors de son château… Et je vais vous le prouver tout de suite. » Sur ses mots elle retira sa veste, ainsi que sa chemise, se retrouvant en simple débardeur rosis à pois vert, no comment, il faisait un peu frais oui, mais tant pis, elle ne comptait pas s’arrêter là. « Je vais plonger dans ce lac. » Et elle allait le faire… Même si elle avait terriblement peur des grandes étendues d’eau… Il fallait qu’elle se battre contre ça et qu’elle se lance…. Malgré sa résolution elle se stoppa juste aprés avoir retirer ses chaussures, observant le lac avec anxiété, ne le quittant pas des yeux. « … Est-ce qu’il y a… Des animaux … mangeurs d’hommes dans ce lac?… » Entendez par là des requins, sa grande phobie… Après tout, c’était possible, c’est si courant des requins dans les lacs.

La température n'excédait pas 24° et encore, le soleil n'avait pas été des plus présent ce jour là mais malgré tout la nature restait resplendissante. Il n'y avait certainement pas de meilleur endroit pour passer quelques heures tranquille, pour peu que l'on appréciait la compagnie avec laquelle on se trouvait. En l'occurrence, Samwell devait reconnaître que sa compagne de campement d'un soir venait de le faire rire. Intérieurement bien sûr, il ne lui aurait pas donné la satisfaction de le voir se dérider devant elle. L'avait-elle vraiment pris au sérieux ? Il semblait bien oui, et sa moue indignée ne la rendait que plus mignonne. Cependant le fait de savoir que la jeune femme allait peut-être passer la nuit dans sa tente toute seule rassurait le bûcheron, il n'était pas sûr de la nuit qu'il allait passer si jamais ils dormaient côte à côte. Aurait-elle peur à chaque froissement d'ailes ou d'hululements nocturnes ? Devrait-il l'accompagner pour se soulager en pleine nature et en pleine nuit parce qu'elle était totalement terrorisée à l'idée de croiser une bête sauvage et sanguinaire? Il en aurait très vite ras le bol, c'était le moins que l'on puisse dire, aussi il se mit à prier intérieurement que la tente se mette en place toute seule. Mais comme rien ne se passe jamais comme prévu, la petite princesse délaissa son jouet défectueux pour l'aider à monter le campement. Et une fois de plus, Samwell retrouvait en elle les manies de femmes qui l'agaçait. Sincèrement, de la décoration sur un campement en pleine nature ? Il y avait là matière à discuter lorsqu'il serait rentré au village. Il s'imaginait accoudé au bar à raconter à ses amis ce que la jeune femme avait accroché près de son lit, perspective hilarante qui réussit à le faire sourire alors qu'il détaillait des yeux ces dites décorations.

_C'était ça votre stricte nécessaire ? Si vous avez un bon fauteuil de cuir dans votre foutu sac de 50kg, je vous jure que je vous laisserait tranquille.


Un fauteuil de cuir... il en rêvait. Il n'avait pas le luxe d'en posséder mais savait pertinemment que quand le jour viendra où il en achètera un, il ne pourrait plus jamais en décoller.
Des couettes!! Et puis quoi encore ? Des noeuds roses dans les cheveux? Il leva les yeux au ciel avec une exaspération feinte, soupirant presque. Laissant ses divagations derrière lui il la regarda se lever, et incrédule, se préparer à sauter dans le lac. Culottée et courageuse ! Ou presque. Il se leva, et dans l'idée de lui faire une gentille farce il s'approcha du bord où la jeune femme s'était stoppée. Elle fixait l'étendue d'eau calme tandis que lui avançait à pas de loups, retirant au passage tout ce qu'il avait sur le torse, laissant sa peau à la merci de la température et du léger vent. Il allait sauter dans l'eau, oui, mais pas question qu'il y aille seul.

_Des requins ? Pour sûr, il paraît que le Samwellus Bacchyarus est le pire de tous... et il pullule par ici.

Ni une ni deux il emprisonna de ses larges bras la jeune femme, et la souleva comme on prend un enfant endormi contre soi. Un pas... un deuxième... et Samwell pris appui sur le sol terreux. En une seconde ils se retrouvèrent tous les deux engloutis par l'eau froide comme de la glace, à la merci des terribles -et néanmoins imaginaire- requins qui semblaient faire peur à la petite princesse du Capitole. Elle désirait une communion totale avec la nature, quoi de mieux qu'une baignade dans un lac pur et rafraîchissant pour y remédier.
Le bûcheron sortit de l'eau en dernier, prenant le temps d'attendre que la jeune femme remonte à la surface pour se rendre compte de ce qu'il venait de se passer. Lorsqu'il ressortit sa tête de l'eau il attendit la réaction de Gold. Si elle avait vraiment peur de l'eau, il serait dans l'obligation de réparer sa blague de mauvais goût et de la ramener au coin du feu. Dans le cas contraire peut-être se mettrait-elle à rire de bon coeur.

_Je rigolais au passage, il n'y a aucune bête dans ce lac à part quelques serpents d'eau qui ne se montrent en général jamais. En général en tout cas.

Il aimait lui faire peur, la déstabiliser. Il n'y pouvait rien c'était comme si c'était inscrit dans ses gènes, c'était un sale type aux gènes profondément taquins. Se comporter de façon galante, avenante et gentille était un concept inconnu et irrecevable à ses yeux. Un homme amoureux s'abaissait souvent à des actes ridicules, pour finalement voir la femme de sa vie le laisser à l'abandon, et cela malgré tous les efforts qu'il eût fait pour elle. C'était sûrement pour ça qu'il agissait à la manière d'un abrutit, à quoi bon se montrer gentil si en retour la femme le jetait comme on jette le cadavre d'un tribut après avoir été étripé?

Voilà qu’il recommençait à se montrer sarcastique et désagréable! Samwell avait décidé de s’attaquer à la décoration de Gold, comme si c’était si extraordinaire de décorer un peu un camp de fortune en pleine nature! Bon d’accord, dit comme ça, ça peut paraitre un peu louche, mais était-ce de sa faute si elle aimait les jolies choses colorés? Elle était styliste après tout, alors mettre de la gaité là où il n’y en a pas forcément, c’est un peu son job, cette touche personnelle n’était donc rien d’autre qu’une conséquence de son travail, déformation professionnelle comme on dit. Et puis, elle n’était pas si inconséquente que ça et ses objets n’étaient pas là QUE pour faire jolie... pas tous en tout cas…

« Haha … Et puis, je vous ferais remarquer que les petites étoiles colorés contre l’arbre ont des vertus particulières, elles éloignent les insectes en tout genre de façon naturelle, fait spécialement par les scientifiques du district 6 ! Remerciez-moi, grâce à ça on ne sera pas attaquer toute la nuit par des hordes de moustiques! »

Sur ses mots elle lui tira la langue en signe de puissance supérieur, comme pour lui montrer qu’elle avait raison et qu’il avait tort, affichant un sourire triomphant. Ben oui, quitte à emmener n’importe quoi autant que ça servent un minimum à quelque chose, cette phrase n’est pas très clair mais tant pis, vous avez comprit ce que je voulais dire par là. Bref, rapidement notre binôme se retrouva au coin du feu et prit d’un coup de folie inconsidéré Gold décida de montrer à Samwell qu’elle n’était pas qu’une Capitolienne coincée incapable de faire quoi que ce soit par elle-même. Comment? En sautant dans le lac sans plus de cérémonie, tout simplement. D’accord, elle n’aimait pas particulièrement les grandes étendues d’eau, effrayée à l’idée de se faire dévorer par un monstre marin sanguinaire, mais elle ne pouvait pas le montrer à son vis-à-vis à cet instant, non, pour une fois, elle voulait lui montrer qu’elle n’était pas aussi frêle que sa carrure pouvait le laisser penser, qu’elle pouvait aller aussi loin qu’elle le désirait sans l’aide de personne, qu’elle était une femme, une vrai, et pas juste une princesse excentrique accro au luxe, même si cette dernière partie n’était qu’à moitié vrai, car admettons-le, elle s’était quand même assez habituée au luxe que lui offrait sa vie au Capitol. La belle n’en était pas particulièrement fière, et ne l’admettez que rarement, mais c’était un fait, elle aimait dans une certaine limite vivre dans une certaine opulence, sans tous les excès qu’on connait aux habitants de la capitale, mais tout de même, vivre sans nourriture à volonté, sans beauté dans un monde si horrible, ça lui paraissait impossible. Elle était peut-être courageuse, mais pas à ce point. A défaut d’être un héros, la Flickerman allait donc montrer au bucheron de quel bois elle se chauffait (notez le subtil jeu de mots; bois, bucherons…), résolut, elle commença à retirer ses vêtements, un à un, jusqu’à prendre conscience d’une chose… Et si il y avait des animaux dangereux à l’intérieur de ce lac? … Naïvement c’est à Sam qu’elle posa cette question fatidique, et tout aussi innocemment elle crut à sa réponse.

« Des Samwellus Bachyarrus? J’ai jamais entendu parler de ses animaux là… Ce sont des cousins des re…. »

La pauvre n’eut pas le temps de répondre, coupé dans son élan par les bras imposant de son cher guide, se dernier l’emprisonnant telle une enfant avant de se jeter à l’eau avec elle, sans lui laisser la moindre chance de refuser. Surprise, Gold laissa échapper un petit cri avant de s’enfoncer dans l’eau glacé du lac, une eau qui eut le don de lui remettre les idées en place l'espace de quelques instants éphémères, elle resta d’ailleurs quelques secondes sous l’eau avant d’en sortir d’un coup, passant ses mains dans ses cheveux mouillés en riant face aux propos de Samwell.

« Navrée de vous décevoir mais je n’ai pas peur des serpents d’eau, ni des serpents tout court! Tant qu'il n'y a pas de gros monstres marins, ça me va , alors si vous vouliez m’effrayer, c’est raté! »

Jusqu’ici elle n’avait pas encore posé son regard sur Samwell, trop occupé à essuyer son visage en souriant, alors lorsqu’elle daigna enfin poser ses yeux azure sur lui, ce fut un peu… la surprise… Oui oui, elle savait bien qu’il était musclé, grand, gigantesque et tout le tintouin, mais elle ne l’avait jamais vu torse nus et de ce qu’elle voyait on pouvait clairement dire qu’il était un homme, un vrai et qu'il pouvait surement briser une noix avec son pouce, voir vous briser le coup en vous donner une simple tape sur l'épaule. Évidemment, bien vite, elle détourna le regard histoire de ne pas passer pour une cinglée lubrique.

« ...On devrait sortir, on risque de tomber malade si on reste trop longtemps dans l’eau… En plus, la nuit tombe... »

Joignant le geste à la parole, toujours avec un sourire un peu embarrassé sur le visage, elle se mit à nager jusqu’au bord, plongeant une dernière fois la tête sous l’eau avant de rejoindre leur campement, essorant autant que possible ses vêtements en route. Heureusement qu’elle avait prévue tout un tas de tenue de rechange. Grelotant un peu, elle se mit à chercher tout se dont elle avait besoin, restant autant que possible prés du feu, s’enroulant dans une large serviette avant de se tourner vers Sam.

« Tournez-vous, gardez les yeux fixé sur le lac, si je vous surprends à vous retourner alors que je me change… »

Cette dernière phrase sonnait comme une menace même si venant de Gold ce n’était pas franchement effrayant, même plutôt amusant. Enfin, une fois retourné elle resta non loin du feu, trop gelé pour trop s’en éloigner, toujours enroulé dans sa serviette, elle quitta ensuite rapidement ses affaires mouillés, enfilant des vêtements sec et autant vous dire que ça faisait du bien. La jeune femme se retrouva habillé de façon moins coloré qu’au début, arborant un simple short sombre avec une large chemise à carreaux rouge, encore et toujours la même référence au bucheron qui lui tournait le dos, quelle gentillesse tout de même, après tout, c'était un peu une forme d'hommage non?

« Voilà, c’est bon et vous voyez, j’essaie de m’adapter à votre style vestimentaire! »

En disant cela elle présenta sa tenue comme si il s’agissait d’un chef-d’œuvre, d'un tableau hors de prix, posant telle un mannequin, fière d’elle... Mais étrangement, elle se préparait tout de même à un quelconque pic sanglant de la part de Samwell, elle commençait à le connaitre et à y être habituée maintenant.

Des vertus particulières. Les petites étoiles là ? Le bûcheron se serait bien fichu d'elle mais la mine déterminée qu'elle affichait avait réussit à l'en dissuader.

_Les moustiques ne s'approchent pas de moi, ils ont bien trop peur. Vous en revanche vous risquiez de revenir de ce périple aussi gonflée qu'un ballon, merci mon dieu vos étoiles sont là ! Il joignit ses mains comme pour mimer une prière, et regarda le ciel en retenant un éclat de rire.

Il eut envie de lui tirer la langue à son tour, mais à la place il souleva son petit corps et se joignit à elle pour un bain semi-nocturne. Il aurait bien prolongé le contact avec sa peau quelques secondes de plus, il restait un homme après tout, mais très vite l'eau les sépara.
Les pieds battants et les bras écartés dans l'eau, Samwell appréciait la sensation de piquotements qui lui parcourait la peau tandis qu'il flottait dans l'eau froide. Finalement, elle ne s'était pas débattue, ni n'avait piquer de crise et ô miracle, ne s'était pas mise à pleurer parce qu'un bûcheron venait de la jeter dans l'eau sans crier gare. Non à la place la princesse souriait, dévoilant son sourire agréable sur ses pommettes hautes. Il fut un peu surpris, lui qui s'attendait à quelques phrases cinglantes voir à une gifle bien placée, mais il s'en félicita en même temps. Il allait de surprises en surprises aujourd'hui.

_Ah oui vous n'avez pas peur des serpents ? Tant mieux, moi j'en ai une peur bleue! J'aurais le droit de vous sauter dans les bras si par malheur on en croisait un ce soir? ça me rassurerait vous savez ... râilla-t-il en guettant la réaction de la jolie brune. Elle avait plus d'humour que prévu, et il aimait ça. Rien de plus barbant qu'une femme sensible et qui se vexe à la moindre chose.

A sa remarque, il leva les yeux et s'aperçut effectivement que le ciel s'assombrissait mais quoi de mieux que quelques brasses dans une eau sombre et menaçante.

_Ne vous inquiétez pas, je ferais comme si je n'avais pas vu vos sous-vêtements colorés et vos ... Au regard assassin de la jeune femme il plongea dans l'eau, s'étranglant presque en contenant son rire.

Il remonta à la surface tandis qu'elle quittait le lac, visiblement frigorifiée. Il ne put s'empêcher de jeter un oeil discret sur son corps parfaitement moulé grâce à la magie de l'eau sur ses vêtements. N'avait-il jamais pu l'observer aussi intimement ? Elle faisait partie de la catégorie jolie femme bien roulée, cela ne faisait aucun doute. Le bûcheron profita un dernier moment du délice de l'eau douce en effectuant quelques allers retours en crowl, puis rejoignit la jeune femme qui s'agglutinait contre le feu.

_Génial cette chemise, je vais pouvoir vous en emprunter si jamais je salis la mienne !

Il se sécha rapidement, et repassa un tee-shirt par dessus son torse gelé. En quelques minutes, il était de retour au sec et regardait la jeune femme avec lassitude.

_Vous comptez rester là toute la soirée ? Vous portez une chemise de bûcheron, montrez vous-en digne!

Il soupira et se résigna à aller chercher lui-même quelques bûches tout près de leur campement, avec lesquelles il alimentait le feu. Il vint ensuite s'asseoir en face de la jeune femme, les flammes s'interposant entre eux, et lui gratifia d'un de ses sourires ironiques et charmeurs.

_Je vous ai emmené ici, j'ai fait du feu et je vous ai donné votre bain : c'est votre tour maintenant! Y a-t-il un appareil à crêpes dans votre sac ? Je mangerais bien un morceau.

Regard qui signifiait : bouge toi et fais nous à manger, mais en plus poli bien sûr. Lorsqu'il croisa le regard de la jeune femme, il eut subitement l'envie de discuter avec elle. Sérieusement, comme deux adultes assez éduqués pour s'entendre le temps d'une courte conversation. L'ennui c'est que lui n'était qu'un grand blond sans éducation ni talent particulier pour entretenir la parole. Mais il se lança tout de même.

_Pourquoi êtes-vous ici ? Alors qu'elle allait lui répondre il lui coupa la parole Je veux dire vraiment, pourquoi avoir quitté votre confort pour vous retrouver coincée entre un lac gelé et un bûcheron désagréable, il faut quand même être un peu barrée non?

Il tendit une main et attrapa son sac, pour en sortir deux morceaux de pain. Il n'était pas du genre fin cuisinier, et avait simplement prévu de mettre un poulet fraîchement chassé le matin même à cuire sur les braises. En attendant, le pain blanc qu'il lui tendait ferait office d'apéritif de mauvais goût.

_Je suppose qu'il y a une entourloupe derrière ça, vous essayez de fuir quelqu'un ? Un petit ami indigne de vous et trop éloigné de votre image du parfait prince charmant qui vous donne envie de vous cacher ici le temps qu'il vous oublie ? Ou bien...

Il croqua un morceau de pain et attendit qu'elle lui envoie une réponse tout aussi désagréable que sa question.

Finalement, ce petit bucheron savait faire preuve d’humour parfois, il souriait même plutôt de bon cœur et ses blagues n’étaient presque pas si pourris que ça, presque. Amusé par cette remarque sur les attaques de moustiques Gold laissa échapper un petit rire sans rien répondre, ce contentant de secouer la tête, amusée par se qu’il venait de dire sans vouloir trop en dévoiler non plus, elle ne voulait pas qu’il s’imagine que son humour ait un quelconque impact sur elle, car après tout, comme le dit le vieil adage « femme qui rit à moitié dans ton lit », alors ne lui laissons pas croire à cette rumeur pourtant plus ou moins vrai. Enfin, trêve de plaisanterie, notre binôme passa bien vite à l’action, se retrouvant dans l’eau glacé du lac avant même d’avoir pu dire « ouf ». La belle n’aimait pas les grandes étendus d'eau, c’était vrai, uniquement à cause des monstres dont on lui avait souvent conté les histoires durant son enfance, toutefois, elle adorait l’eau, elle restait parfois des heures et des heures dans une baignoire, à plonger la tête sous ce liquide transparent en espérant voir le monde changer lorsqu’elle daignerait enfin en ressortir. Malheureusement, ça n’arrivait jamais. En tout cas, cette eau gelé sur sa peau, c’était agréable, plus qu’elle ne l’aurait pensée et entre nous, elle serait bien resté quelques heures à patauger au clair de lune, mais étrangement, elle sentait que ce n’était pas une bonne idée. Elle fut en tout cas loin d’être en colère contre Samwell et c’est même avec un large sourire amusé qu’elle répondit à ses mots.

« Voici donc la faille du grand Samwell… Mais ne vous inquiétez pas, je vous rattraperais si on venait à croiser un serpent et je vous porterais à bout de bras grâce à ma force herculéenne si bien connus! »

Ouais, c’était tellement rependu que Gold Flickerman, celle qui n’arrivait pas à ouvrir un pot de cornichon seule, avait une force de dieu grecque. Toujours souriante elle décida donc de sortir de l’eau, même si au passage elle jeta tout de même un regard assassin à Sam lorsqu’il se mit à parler de ses sous-vêtements et d’autre chose… Ce regard voulait clairement dire « si tu continue ta phrase, tu perds la vie », même si encore une fois, venant des yeux azure de la belle on avait du mal à vraiment se sentir en danger, au moins, elle aurait essayé.

Bien vite Gold se retrouva sur la terre ferme, se changeant rapidement pour finir au sec et au chaud près du feu, Sam fit quelques crawl avant de la rejoindre et soyons honnêtes, elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à son torse musclé, discrètement, se disant alors que ce type ressemblait à une photo de mannequin Photoshopé… C’est vrai quoi, dans le monde des humains, dans un monde normal, ce genre de type ça n’existe pas, ou alors il était génétiquement modifié… Est-ce que tout les bucherons finissaient sculptés de cette façon-là? C'est la question qui lui traversa l'esprit à cet instant. Si c’était le cas, elle enverrait surement son futur époux passer quelques années en forêt histoire de lui tailler un corps d’athlète.... Ben oui, elle n'était pas du genre à dire non aux muscles brillants comme toutes les femmes.

« Je dois vous protéger des serpents, vous prêter des vêtements… Est-ce que vous comptez me laisser faire tout le boulot? »

Elle avait dit cela avec humour évidemment, toujours en l’observant se sécher… Enfin, inutile de jouer davantage les lubriques, la belle décida de se concentrer bien vite sur le feu et surtout sur les longues chaussettes blanches qu’elle s’évertuait à enfiler histoire de ne pas encore une fois passer pour une perverse dissimulé derrière un masque de chaste Capitolienne, à noter qu’elle n’avait pas prit de couleur vive encore une fois, une preuve de plus de sa bonne foi. Attrapant un petit bâton non loin Gold commença à tapoter dans les braises, attendant que son cher guide ait finit de faire ce qu’il avait à faire et bien sur, c’est toujours avec le même manque de tact qu’il s’adressa à elle… Passer du presque prince au mufle, c’était décidément une manie chez lui.

« Évidemment que je vais rester là à ne rien faire et pour une raison très simple. » Elle le pointa du doigt. « Bucherons. Bois. Exercice physique intense. » Elle se désigna elle-même. « Couturière. Pas exercice physique intense. Et puis j’ai les bras trop frêle pour porter du bois de toute façon. »

La jeune femme fit un sourire victorieux tout en le laissant aller chercher des buches pour le feu, après tout, c’était un peu son rôle, et puis elle était bien ici, comme ça, à observer le feu se consumer, à sentir le vent dans ses cheveux humides et à regarder la lune se refléter sur les rives du lac, au fond, c’était presque romantique… Si on oubliait le fait qu’elle était accompagné d’un rustre et pas vraiment de son prince charmant idéal. Un rustre qui décida, encore une fois, de faire ce qu’il faisait le mieux ; être discourtois avec une dose de « charme attitude » indéniable.

« Je n’ai pas d’appareille à crêpe, cela dit! » Elle se pencha en arrière, trainant son gros sac jusqu’à porter de main, fouillant à l’intérieur pour en sortir tout un attirail. Une boite bleuté plus ou moins grosse, une autre boite du même type plus ou moins petite, des pics en métal et un assortiment d’assiettes, de couverts et de verres, n’est pas Capitolienne qui veut. « J’ai de la viande, des saucisses, des steaks, de quoi faire des hamburgers et des hots dogs en somme… J’ai même des bières et quelques gâteaux que j’ai fait moi-même et avant toute réflexion, j’ai gagné plusieurs concours de cuisine à l’école, donc, je suis très bonne cuisinière. Et oui, je sais, j‘ai prit beaucoup de chose, je suis une petite Capitolienne excentrique, mais désolé, j‘aime prévoir les choses à l‘avance, c‘est comme ça. Alors buvez, et taisez-vous. » Et oui, voilà qu’elle anticipait ses remarques maintenant. Gold ouvrit presque fièrement sa petite glacière, sortant deux bières qu’elle tendit à Sam, oui, les deux, car elle, elle ne buvait jamais, n’aimant pas franchement l’alcool, son truc, c’était plutôt les jus de fruits, elle en attrapa une bouteille d’ailleurs. Elle en but en gorgée, observant toujours le feu, silencieuse, elle n’espérait pas que Sam prenne la parole, ou plutôt elle ne pouvait imaginer qu’il le fasse, ce n’était tellement pas son truc, et pourtant, il décida d’engager la discussion, ce qui attira les yeux bleu de la belle sur lui. Souriante, un sourire des plus mélancolique, La Flickerman ne répondit d’abord rien, se contentant de boire une gorgée de son jus de fruits après avoir laissé échapper un petit rire amusée. Elle attrapa le pain blanc qu’il lui tendait tout en l’écoutant de nouveau, nullement vexée par ses dires mais tout de même un peu agacée par cette idée qu’il se faisait d’elle. Oui, elle croyait au prince charmant, peut-être était-ce stupide et totalement utopique, mais elle voulait y croire même si l’image de son prince changeait un peu plus chaque jour depuis quelques temps.

« Je ne fuis pas un quelconque petit-ami, et puis, je ne ferais aucun commentaire sur l‘image que j‘ai de mon homme idéal… Moquez-vous si vous voulez, mais moi, j‘y crois au prince charmant. »

Sur ses mots elle lui tira la langue une énième fois avant de manger un petit bout de pain, plongeant son regard dans les flammes, perdant alors son large sourire amusée pour afficher une mine plus mélancolique, presque triste, accablée.

« Les jeux sont dans quelques jours… Et je vais être la styliste des tributs du District 10... Je vais devoir habiller des enfants qui n’ont rien demandé à personne et dont les chances de survit sont quasi-nulle… Je vais leur parler, peut-être rire avec eux, les écouter, m’attacher… Et puis, ils disparaitront, tout simplement, comme si ils n‘avaient jamais existés et le pire, c‘est qu‘on oubliera leur nom sur une liste interminable de mort inutile… Et je ne pourrais rien faire contre ça, je devrais juste sourire et continuer… Parce que ma sœur est un haut juge, mon père en était un, mon frère est un hôte réputé et ma mère une ancienne grande styliste, sans parler de mon oncle qui présente les jeux depuis un moment… C’est ma famille, aller contre eux, c’est tout perdre… Alors, je voulais juste venir ici histoire de penser à autre chose, juste quelques jours… » Elle prit une grande inspiration avant de reposer le regard sur Samwell avec un large sourire qui se voulait aussi joyeux que possible. « Enfin… Ce ne sont que les déboires d’une Capitolienne égocentrique et inhumaine, je doute que ça vous intéresse vraiment au fond… » Gold laissa échapper un petit rire loin d’être espiègle, comme pour balayer et surtout dissimuler la tristesse qu’elle ressentait à ce moment précis et depuis si longtemps en fait.

Le porter à bout de bras, Samwell imaginerait presque la scène. Cette pauvre petite chose fragile, ce petit bout de femme devrais-je dire l'amusait, c'était indéniable. Parfois, Samwell se surprenait à penser à son passé sentimental -si on pouvait le qualifier ainsi- et à comparer celle qui l'avait brisé en milles morceaux à celle qu'il avait en face de lui en ce moment. Elles étaient si différentes, autant physiquement que moralement, et pourtant Samwell ne parvenait pas à les dissocier l'une de l'autre. Pour faire plus simple, il n'arrivait même pas à différencier chaque femme dans son individualité, elles étaient pour lui toutes aussi égoïstes, capricieuses et insupportables. Ces propos auraient pu choquer n'importe quelle fille de son district, sans parler de celles, plus maniérées, du Capitole, mais au fond c'était ce qu'il pensait vraiment. Comment pouvait-on accorder sa confiance à une si belle créature, qui ferait n'importe quoi pour vous charmer et d'un coup d'un seul sans crier gare vous planter un couteau dans le dos. Les femmes savaient tromper, tricher et briser un homme avec une telle arrogance que Samwell en éprouvait parfois un dégoût profond. La gente masculine n'était pas irréprochable non plus, lui même avait un penchant certain pour discourtoisie, l'alcool et les soirées solitaires, autant de chose qu'une femme ne souhaitait pas retrouver en rentrant chez elle le soir. Mais la rumeur sur les hommes était fausse, ils n'étaient assurément pas les seuls à savoir manier le coeur de l'autre sans se préoccuper des conséquences. Le bûcheron réalisait tout d'un coup que c'était ça la source de son comportement si désinvolte, "je-m'en-foutiste" au possible et sans sympathie vis à vis du sexe faible. Les femmes n'étaient pas si faibles que ça, elles étaient au contraire des adversaires redoutables que les hommes avaient parfois du mal à gérer. Lui-même avait si détesté une seule et même femme qu'il avait très vite déversé sa colère sur toutes celles qui croiseraient son chemin... Gold en faisait malheureusement partie. Malheureusement car il le sentait au fond de lui, sans sa fâcheuse mésaventure il aurait été capable d'apprécier une femme comme elle. Encore aurait-il fallu qu'il mette son orgueil et sa rancoeur de côté, ce qui il fallait le reconnaître, n'était pas chose facile chez ce tas de muscles.


_J'ai hâte de voir ça. Eh quoi, c'est à l'homme de faire le travail de gros bras, donc à la femme de faire tout le reste.

Ce qu'il n'avait en revanche pas prévu c'était une soirée à manger des saucisses chaudes tout en buvant une bière bien fraîche. L'extase ! Que cachait-elle, que cherchait-elle? Lui faire tourner la tête grâce à l'alcool pour mieux le dérober ensuite, mais lui dérober quoi? Il devenait ridicule, Gold n'avait pas l'air dangereuse. Il secoua cependant vivement la tête.

_Sérieux vous avez des saucisses? Il la regardait avec une lueur intéressée dans les yeux. En revanche pour la bière, c'est gentil mais j'ai pour habitude de garder toute ma tête en présence d'une femme. La perspective de quelques bons morceaux de viande bien grillés le mettait en joie, comme quoi il ne lui fallait pas grand chose pour faire son bonheur.

Il ne pensait pas que ses questions -plutôt brutes de décoffrage- toucheraient autant la jeune femme, ou du moins c'était ce qu'il lui avait semblé lorsque ses yeux s'étaient voilés d'un tout autre aspect.
_Mais moi aussi je crois au cliché de la jolie petite princesse, si vous n'étiez pas aussi chiante vous auriez pu me convenir vous savez. Sa phrase sonnait fausse, mais en même temps on touchait presque au domaine du vrai. Il décida de la laisser méditer sur cette phrase en l'écoutant ensuite débiter sa petite tirade d'un air qu'il ne lui avait jamais remarqué jusqu'ici.

Tandis qu'elle parlait, ressentit un sentiment tout nouveau : de la compassion, et une totale adéquation à sa parole. Pour cacher le fait qu'il était réellement troublé par ses dire, il se rapprocha d'elle -tout en prenant soin de ne fixer que les flammes- et lui pris la viande des mains. Il allait faire griller la viande, c'était un truc de mec. Son truc. Ou tout simplement était-ce pour la laisser terminer sans l'interrompre. Samwell le bûcheron aux cheveux blonds était finalement digne de tact. Alors qu'il disposait les saucisses piquées deux à deux sur une tige de métal fournie par la jeune femme, cette dernière ponctua sa phrase par un rire qui pour le coup, révélait que ce sujet lui était sensible, tout comme il l'était pour Sam. Ne sachant que dire, le bûcheron adopta une expression neutre, et tel un automate ne se concentra que sur la viande durant quelques secondes. De longues secondes qui permirent au silence de s'installer entre eux, ne laissant que le crépitement du feu en tant qu'acteur principal de la scène.

_Vous m'intéressez plus que je ne veux le dire, c'est bien ça le problème.

Putain le con! Il espérait sincèrement que sa phrase dite à voix basse avait été assez inaudible pour elle, mais il savait pertinemment qu'elle n'était pas sourde. Bravo Samwell, la palme du tact et de la subtilité te reviens une fois encore! Il fronça les sourcils, décontenancé, ne cessant de regarder la viande qui diffusait déjà un parfum délicieux. Il décida néanmoins de se rattraper :

_Au fond, nous sommes dans le même camp vous et moi. Si vous souhaitez venir vous ressourcer plus souvent en pleine nature, et qu'il vous prend l'envie de passer quelques heures de plus avec un ogre des bois, faîtes moi signe. Il tourna ensuite la tête, fixant le regard bleu de la jolie brune qui n'avait plus rien de la femme désopilante de toute à l'heure. C'est comme ça que je fais moi. Il jeta un coup d'oeil autour d'eux. Le lac, les arbres, la chasse, le bruit des oiseaux. Tout ça me permet d'oublier la situation actuelle, d'oublier qu'une fois de plus nous allons tous perdre des tributs que nous avons vu grandir.

Ses pensées se tournèrent vers Skann, ce gosse de 18 ans sur qui il aimait à veiller comme un grand frère. Cet insupportable adolescent qui venait d'entrer dans l'impitoyable monde des Hunger Games, ce foutu système aurait tôt fait de l'engloutir, laissant derrière lui sa famille, une petite amie peut-être, un chat.. un bûcheron qui tenait à lui. Cette discussion prenait un tournant dramatique et d'ordinaire Samwell n'aimait pas ça, mais cette fois-ci il avait l'impression d'avoir trouvé une interlocutrice qui se positionnait sur la même longueur d'onde que lui. Il essaya de ne plus penser à Skann, soit par peur de défoncer un arbre à côté de lui, soit par peur de ne paraître trop abattu devant Gold.

_Gold... première fois qu'il l'appelait ainsi. Je sais que vous êtes différente. Il lui adressa un sourire sincère et tendre, sûrement pour la première fois aussi. La preuve, vous essayez d'apprendre à lire à un bûcheron qui a plus de mal qu'un gosse de quatre ans, c'est vrai il faut être courageuse pour faire ça. Ou un peu folle, dans le fond il n'y a pas de grande différence.

Il ne pouvait retirer son regard de la capitolienne à présent, il devait la regarder là tout de suite. Il ne souriait plus, attendant la réaction de cette frêle petite femme. Frêle petite femme qu'il avait envie de prendre dans ses bras à présent. Drôle de soirée.

En plus d’être rustre ce cher Samwell était macho. Il accumulait les qualités se brave garçon, on pouvait presque se demander pourquoi il n’était pas encore marié et heureux en ménage, après tout, les hommes sans éducation et qui traitent les femmes comme des soubrettes, c’est tellement recherché par la gente féminine… Cette petite remarque fit quand même sourire Gold qui décida de ne pas surenchérir au sujet des choses qu’une femme doit faire pendant que l’homme fait tout autre chose, inutile de se lancer dans un débat sur l’égalité des sexe et puis il y a un seul argument nécessaire pour réfuter les arguments des machos ; L’accouchement. Le jour où ils pourront faire sortir une boule de bowling par un trou de golf, là, la discussion pourra reprendre . Bref, elle secoua la tête, exaspérée et en même temps amusée par la situation, avant de changer de sujet, sortant son arme secrète, à savoir plusieurs petites glacières remplis uniquement de plaisir gustatif. La Flickerman le savait, les ogres dans le genre de Samwell dévorait des tonnes et des tonnes de nourritures, alors elle avait anticipé et apporté un stock conséquent de viande et surtout de saucisse, plus facile à transporter, ce qui expliquait, entre autre, le poids monumentale de son sac principal. Toutefois, son bucheron semblait beaucoup moins embêté par ce détail qu'au début de leur randonner maintenant qu’il savait ce que contenait son sac, je dirais même qu’il semblait plutôt intéressé par toute cette viande, pour une fois qu’une de ses idées était bonne, elle s’en félicitait intérieurement.

« Oui, j’en ai apporté tout un tas! J’en ai même encore dans mes sacs! On est pas près de mourir de faim! » Attendez une minute, il ne voulait pas boire de bière? Gold sembla surprise et divertit par cette annonce, un bucheron qui ne bois pas c’est comme un pécheur qui ne sait pas nager, ça parait presque fous. Et puis, qu’imaginait-il qu’elle lui fasse exactement? Même saoul comme un trou il gardait une force bien supérieur à la sienne donc bon… Sans parler du fait qu’il s’agissait là de bières du Capitol, donc plus raffiné qu'alcoolisé à l’excès. « Qu’est-ce que vous voulez que je vous fasse voyons? Et puis, ce sont des bières de la capitale, il vous en faudra au moins quatre ou cinq pour sentir un effet désagréable, alors buvez-en au moins une .. Cela dit, sinon, j’ai du jus de tomate, du jus de carotte, du jus de fruits ou même du jus d’orange… Tout ça en petite briquette avec une paille si vous préférez? »

Elle le voyait tellement boire une petite brique de jus de fruit à la paille, ce serait so cute… A cette pensée Gold eut un sourire amusée tout en laissant les bières à porter de main de son vis-à-vis, sait-on jamais qu’il change d’avis, il n’aurait qu’à se servir. Rapidement, des sujets plus ou moins délicats furent aborder et bien sur, se fut sans une once de tact qu’il décida de les mettre sur la table… Lorsqu’elle entendit sa remarque sur les princesses et surtout sur le fait qu’elle était chiante, la belle afficha une mine faussement choqué avant de se défendre. « Je ne suis pas chiante! Je suis énergique et … Têtue, c’est différent! » Dans le monde normal être énergique et têtue c’est un peu la définition d'être chiante, mais bon, au Capitol les mots et expressions ont souvent des sens différents, c’est bien connus.

Sans vraiment s’en rendre compte, Goldy s’était lancé dans une tirade des plus inattendus, partageant ses peurs et ses craintes concernant les Hunger Games qui approchait à grand pas. Elle le savait, d’ici quelques jours, les districts seraient en effervescence, des enfants seraient tirés aux sorts et leur vie prendrait fin sans plus de cérémonie, comme ça, sous le sourire d’une Capitolienne qui verrait en eux simplement un trophée à perdre si nécessaire, mais nullement indispensable, pas comme des humains, des enfants, et c’est aussi ça qui l’exaspérait. Comment le monde avait-il put en arriver à de tel extrémité, comment l’existence de Panem avait-elle put changer ainsi? Pourquoi surtout? Les jeux avaient-ils vraiment encore une quelconque raison d’exister maintenant? Elle en doutait, mais malgré ses contactes, sa famille, elle ne pouvait rien dire, juste observer et en parler lui faisait autant de bien que de mal. La jeune femme tenta tout de même de se reprendre, de laisser éclater un petit rire pour dissimuler cette peur qui rongeait son cœur. Elle ne tenta pas de rompre le petit silence qui s’était installé entre eux après coup, non, elle préféra observer le feu, les alentours, sans rien dire, jusqu’à ce qu’il laisse échapper un presque murmure auquel elle ne s’attendait pas vraiment, autant dans la forme que dans le fond. Prise au dépourvu, la demoiselle ne rétorqua rien, laissant Sam se rattraper à sa façon, écoutant ses paroles avec un visage doux et mélancolique , tout de même ravis qu’il se montre pour une fois plutôt avenant et gentille, même si étrangement, son côté bourru lui manquait presque déjà.

«  Merci… Pour votre proposition… Une sortie en forêt, de temps en temps, ça ne pourra pas me faire de mal… Et puis, ça nous fera peut-être oublier tout ça... Juste quelques heures, ce serait déjà bien... »

Elle lui offrit un sourire toujours emplis d’une certaine tristesse mais qui se voulait aussi joyeux que possible. Gold n’aimait pas franchement se plaindre ou lancer des discussions dramatiquement sinistre, son truc c’était de tout garder pour elle et de vivre selon l’image qu’on avait d’elle, pas de supplication, pas de crise de larmes en publique, tout devait rester secret, parce que c’était mieux ainsi, parce qu’elle considérait ne pas avoir le droit de se plaindre au vu de tout ce qu’elle avait et de tout ce qu’elle pouvait avoir. Mais aujourd’hui, la Capitolienne c’était laisser aller, parlant sans même s’en rendre compte, comme si elle savait que son interlocuteur serait sur la même longueur d’ondes qu’elle… D’ailleurs, encore une fois, c’est son vis-à-vis qui reprit la parole, décidément, soit il ne parlait pas, soit il parlait trop, cet homme n’avait pas de juste milieu et c’est peut-être aussi ça qu’elle aimait en lui, son côté « borderline » si prononcé. Souriante, elle répondit sans le quitter des yeux.

« Vous n’êtes pas un élève si désespérant en fait… Au contraire, vous apprenez plus vite qu’on pourrait le croire… Enfin, je pense quand même être plus folle que courageuse mais merci… Finalement, vous voyez, vous pouvez être gentil parfois et le monde ne s'écroule pas pour autant… » En disant cela elle fit un large sourire amusée, avant de se pencher vers lui pour l’embrasser sur la joue, amicalement, comme pour le remercier encore davantage, elle recula alors son visage, mais se stoppa à quelques centimètres du sien, plongeant son regard azur dans ses yeux bleu , bloqué par je ne sais quel procédé magique, comme paralysé par cette proximité à la fois déstabilisante et tellement désiré....