| Sujet: Rencontre inattendue ☞ Sirius Mer 18 Avr - 0:16 | |
| Certaines personnes aiment tellement les ennuis Qu’ils vont exprès à leur rencontre. __----__Douglas Jerrold
« Franchement... » La botte frappa la boue et une giclée éclaboussa un couple de marchand ayant accéléré le pas peu après les premières gouttes tombant du ciel sans en avoir avertie la population. Sans plus faire attention aux grognement d'indignations dont faisait preuve l'homme du groupe, sans nul doute le doyen et cela même sans y jeter un regard, je continuais d'avancer en fixant impudemment le ciel grisaillé. Les rayons du soleil même ne parvenaient pas à jeter leur lumière sur les nombreuses allés du district désormais boueuses. Un temps qui profitait aux différentes boutiques. Pris de courts, les gens se jetaient à l'intérieur du premier bâtiment qui étaient à leur portée et cela faisaient affaire aux commerçants qui jubilaient de vendre leur meilleur morceau. Passant à l'arrière de la boulangerie que tenait mes parents, sûrement en plein travail et l'éventualité survenait à l'odeur du pain qui venait me caresser les narines et palpiter mon sens gustatif, je me stoppais en fixant mon reflet dans une petite fenêtre. Les gouttes, tombant de plus en plus rapidement, ne tardèrent pas à me tremper de la tête au pied sans pour autant parvenir à me faire frissonner. Le froid était omniscient dans cet endroit, néanmoins c'était avec étrangeté que je remarquais combien je m'y adaptais facilement lorsque l'hiver déposait son premier manteau sur nos épaules frêles. S'égouttant par le bout des mèches de cheveux rebelles, les gouttes traçaient leur chemin le long de mon visage drôlement aminci depuis ces derniers jours et glissaient dans mes vêtements, qui eux me collaient à la peau. Des nuages d'airs me sortaient de la bouche à chaque expiration, qui finissaient par s'évaporer dans les airs. Tremblantes du bout des doigts sans en ressentir le froid qui prenait ainsi le contrôle de mon corps, je tournais les talons après avoir aperçu le visage de ma mère. Poussant un cri de surprise, je l'entendais me hurler de revenir me mettre au chaud avant d'attraper la mort. Cachant malhabilement un sourire, je lui envoyais un salut du revers de la main par-dessus l'épaule. Son cri redoubla d'intensité et finit par s'éteindre alors que je déviais vers un coin plus tranquille, loin de cet amour maternelle étouffant. Même si je savais avec certitude que cela lui faisait de la peine de voir son unique enfant se foutre de la vie familiale et qui plus est ne pas s'en cacher, je ne parvenais pas à être compatissante envers mes parents. Nul doute que je leur devais énormément. Un foyer vers lequel retourner. Un toit sous lequel dormir. Pouvoir se nourrir convenablement – le pain étant la fabrique de la maison et le gibier ma spécialité. Mais tout ceci n'attirait pas ma gratitude. Une fille ingrate. Voilà ce que j'étais et pour le bien de tout le monde, j'acceptais le compliment en faisant mine d'y faire abstraction pour ne pas blesser mon orgueil.
A force de marcher, et d'errer dans les ruelles sans prendre compte du chemin de retour vu que naître dans un district et y grandir signifiait le connaître comme sa poche, je tombais sur un coin paisible si j'oubliais d'écouter le bruit de la pluie. Subitement devenue assez violente, le son bloquait tout accès à mon sens le plus habituellement en alerte : mon ouïe. Au beau milieu du passage, je prenais racine. Fermant les yeux avec force, noir total devant moi, je serrais la mâchoire au point d'en entendre grincer les dents. Même si ce geste paraissait stupide, je me forçais à écouter. À entendre au-delà d'une simple averse. Et cela marcha davantage que je ne l'espérais. Un cri lointain, qui se rapprochait d'une plainte à la voix grave, sans doute masculine, me fit relever les paupières. D'ici, seul des ombres se détachaient du reste du décor et encore, je doutais de ma propre vision. Pourtant... Avançant doucement, mais sûrement, n'ayant pas de crainte sur la suite des évènements, je sursautais cependant lorsqu'un chat me plongea pratiquement sur la tête, crachant et tout poils hérissés. Rien d'autre qu'un imbécile de chat, pensais-je jusqu'à ce que la silhouette d'un homme déjà bien battis ne fasse irruption fasse à moi alors que je décidais de m'échapper dans la forêt. Haussant un sourcil, je le dévisageais sans aucune pudeur.
« T'es pas d'ici toi. » Remarque pas très subtile surtout que les Pacificateurs se trouvaient souvent au mauvais moment au bon endroit. S'il l'un d'eux décidait de passer par ici, le jeune homme se ferait embarquer sans avoir eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait, à moins d'être sportif et d'aimer jouer au chat. Je me penchais en avant, au-dessus du jeune homme, faisant office de parapluie. Fixant son regard, il se passa plusieurs secondes avant que je ne remarque qu'il était blessé. « Besoin d'aide ? »
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