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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| Auteur | Message |
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| Sujet: by my side ζ satine Sam 31 Mar - 19:31 | |
| satine & azrael❝ BY MY SIDE ❞
Je la regardai entrer chez moi, avec ce sourire increvable aux lèvres.
Elle me semblait au mauvais endroit. Terriblement déplacée. Une petite poupée parfaite sous tous les angles, dans ce décor dégueulasse et écoeurant. Entre mes seringues exposées sur la table du basse du salon, mes vêtements sales au sol un peu partout dans la maison et cette odeur persistante de merde, de sang et de sueur, Satine était la petite fleur qui avait poussé au mauvais endroit. Avachi sur le canapé du salon, en caleçon, mes putains d'yeux cernés et injectés de sang la fixant, le visage déformé par un rictus incontrôlable, je me rendis compte que si Satine était la petite fleur, j'étais la mauvaise herbe. Résistante, tenace. Bien des gens seraient morts avec les doses que je prenais chaque jour, mais j'étais toujours en vie, toujours fidèle au poste, toujours prêt à me défoncer un peu plus. Je fermai les yeux un instant, respirant doucement. On était quel jour? Un samedi? Au départ, Satine ne venait que les lundis et les jeudis, mais face à mon putain d'état, elle avait reçu l'obligation de passer tous les jours, si bien que mes repères ne voulaient plus rien dire. Des fois, elle restait plus longtemps que prévu. A juste attendre que mes yeux se ferment d'eux même et que le sommeil apaise mes hurlements. Des fois, elle était déjà là à mon réveil, à s'évertuer à remettre mes cheveux incoiffables en place. Peu importe comme je l'appelais - salope, conne, catin, idiote, et bien d'autres encore - elle restait toujours. J'étais un trou noir. J'allais aspirer tout ce qu'il y avait de bon dans Satine. J'allais lui prendre sa joie de vivre, son sourire, et l'étincelle dans ses yeux. Peut-être que c'était ça qu'elle voulait? Je rouvris les yeux, la tête lourde. Mes mains étaient agrippées au rebord du canapé, agrippées si fort que j'en avais mal. Je la regardai fixement. Elle était à présent assise sur un fauteuil, mais je n'arrivais pas à voir ce qu'elle regardait - peut-être que c'était moi, peut-être que c'était la bouteille de vin rouge ouverte sur la table basse. C'était bien là le signe que j'étais encore assez défoncé : si je n'étais même pas capable de distinguer ce genre de choses, c'était que j'étais dans le meilleur état possible. Je réussis par je ne sais quel miracle à relever mes jambes et à les replier contre mon torse, continuant de fixer Satine.
Je pouvais voir son sourire, son sourire qu'elle avait tout le temps, que je l'insulte ou que je sois en train de m'endormir. Je me demandais toujours pourquoi elle souriait. Sourire ne rapportait pas d'argent. Sourire ne me faisait pas autant de bien qu'un rail de coke. Pourquoi sourire ? Peut-être que c'était qu'un putain de tic ? J'avais déjà vu des gagnants avoir des tics. Y'en avait un qui supportait pas la saleté, et ses mains étaient plus destroy que mon cerveau - à force de trop s'astiquer les mains, la peau et la chair avaient été entamées. Y'en avait un autre qui ne contrôlait plus ses mouvements et qui tremblait tout le temps. Je me rappelais très précisément du nombre incalculable de fois où il avait éclaté ses verres. Ah, merde. Ce gagnant là, c'était moi.
J'avais froid. Je posai ma tête sur mes genoux, tentant de garder un peu de chaleur. Pour une fois, je ne me sentais pas spécialement agressif. L'une des rares fois où rien de spécialement mauvais ne me venait à l'esprit. Juste la sensation d'être las, terriblement las. Un spleen ? J'en savais foutrement rien. C'était par contre vraiment bizarre. Je me sentais vide - ouais, vide à un point qui en était presque douloureux. Comme si plus rien n'importait réellement. Ca me faisait penser à ce qui c'était passé à la fin de ma période de gloire. Plus de son, plus d'image. Black out total. J'étais éteint. Même plus ma putain de singulière brutalité n'arrivait à s'exprimer. Je me serrai un peu plus sur moi même, n'osant rien dire. Qu'est-ce que je pouvais dire de toute façon? Que je me sentais dans un état de merde? Que j'avais envie de dormir? Ca ne me ressemblait pas. Je n'étais pas un pleurnichard, je ne devais pas montrer une telle faiblesse. Pas devant Satine. Devant Chamberlain, devant Rheagan, devant Panem tout entier. Mais pas devant Satine. Je ne pouvais pas m'y résoudre. Je levai la tête, les yeux flous. « Tu serais mieux chez toi. » je fis froidement. Décidant que cette phrase ne me ressemblait pas assez - elle était encore trop gentille - je rajoutai : « Ou six pieds sous terre. Pour te faire bouffer par les asticots. Là au moins tu serais utile à quelque chose. » J'avais l'impression que dès que j'étais assez lucide, c'était ce sujet qui revenait sur le tapis : sa présence à mes côtés. A chaque fois, je lui répétais que je n'avais pas besoin d'elle. Que personne n'avait besoin d'elle. Qu'elle n'était rien, juste une poussière dans l'Univers. C'était plus simple de la repousser que d'admettre que sans elle j'allais m'enfoncer un peu plus. Je soupirai, réfléchissant à autre chose à dire. Si j'étais un excellent comédien, j'avais souvent besoin d'un petit moment pour penser à mes mots.
Je jetai un coup d'oeil à la table basse, constatant l'absence de ma bouteille de vin entamée. Je fronçai les sourcils. J'étais prêt à parier toute ma fortune qu'elle était là quelques instants auparavant. Si d'ordinaire cette situation m'aurait donné envie d'étriper la première personne que je voyais, l'état dans lequel j'étais m'empêchait de sur-réagir. Je fixai la table pendant un moment, avant de forcer mon visage à se durcir, devenant amer. « T'as touché cette putain de bouteille, Satine? La putain de bouteille que j'avais laissé sur la table ? » je lâchai, glacial. Mimant la colère, je croisai les bras sur mon torse. Je m'en foutais totalement, de cette merde en bouteille. De toute façon, ce n'était rien comparé à ce que je pouvais prendre d'habitude. Mais c'était sur le principe. On ne touchait pas à mes affaires sans mon consentement. Et puis, ça commençait par de la piquette et ça se terminait par mes stocks de coke. « T'as eu peur que je l'attrape pour te défoncer ta petite tête de conne ? » je crachai méchamment. La frapper ? Frapper Satine, qui était la douceur incarnée et toujours cette même petite fleur ? Jamais ça ne m'était venu à l'idée. Pas une seule putain de fois. Ce n'était pas parce qu'elle était une femme - ça non, j'avais déjà tellement de fois fait mal à une représentante de la gente féminine - mais plutôt parce que je ne pouvais pas me résoudre à lui faire du mal. Ca m'était impossible. Rien que l'idée de la savoir blessée me rendait malade. Je ne savais d'ailleurs pas pourquoi. |
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| Sujet: Re: by my side ζ satine Dim 1 Avr - 12:11 | |
| - IL Y A TON SOURIRE QUI S'ELEVE C'EST COMME UNE LUEUR D'ESPOIR - j'aurais voulu qu'il cesse toutes ses conneries. qu'il m'écoute, ou au moins fasse mine de m'écouter. mais c'était trop lui demander, je le savais. il m'entendait à moitié, d'une seule oreille, et ça, seulement quand il était assez clean pour comprendre les mots que je lui adressais. tous les autres avaient abandonné, l'avaient abandonné. je n'étais pas prête à faire cela, je n'en étais pas capable. laisser quelqu'un dans le besoin, le lâcher comme une âme en peine. ça n'avait jamais été dans ma nature, ce n'était pas prêt de changer. je le voyais désespéré, je le voyais faible, je le voyais seul, constamment. même s'il était accompagné de demoiselles, même s'il jouait le dur. moi, il ne me leurrait pas. je n'étais pas stupide, encore moins aveugle. et sa façon de me repousser à chaque instant me prouvait une nouvelle fois que j'avais raison sur toute la ligne. il avait besoin de quelqu'un pour le supporter, pour l'épauler et pour l'aider. je me devais d'être cette personne. et bien que de base, c'était à cause du capitole qui voulait l'empêcher d'entâcher une nouvelle fois sa réputation. désormais, c'était une mission personnelle, et j'allais la remplir. même si cela devait me coûter la vie. c'était comme un besoin irrépressible de toujours être près de lui pour m'assurer de son pseudo bien-être, dans l'état où il était en tout cas. c'était pour ça que je partais plus tard et arrivais plus tôt que les heures prévues par le capitole. je me retournais des centaines de fois dans mon lit confortable à souhait, je sentais mon cerveau tourner à mille à l'heure en tentant de savoir comment il allait. et dans ces moments-là, je finissais par capituler et le rejoindre près du canapé dans lequel il s'était évanoui, ou à côté du lit défait depuis des années. je m'asseyais dans un fauteuil, et je le contemplais tout simplement. et quand je voyais la sueur perler à son front, je prenais une serviette que je lui déposais tranquillement sur le visage, et il retrouvait vite un souffle calme, apaisant. souffle sur lequel je calquais ma propre respiration.
son regard me transperçait sans aucune pudeur, c'était assez déroutant. mais je ne faiblissais pas, et lui rendais son regard sans aucune gêne. je ne savais pas s'il tentait de me décrypter, ou s'il se retenait simplement de venir m'arracher la gueule avec ce qui lui tombait sous la main. j'aurais penché naturellement vers la seconde option, tout en étant certaine que jamais il n'aurait osé me toucher, encore moins me frapper. pourtant, je voyais parfois cette lueur de haine se transformer en une envie irrépressible de me détruire. j'étais conciliante, je pouvais le comprendre. je n'étais qu'un indésirable dans sa vie, une nounou qu'on lui avait imposée, sans aucun accord préalable de sa part. le capitole ne demandait jamais l'accord de personne. je devais représenter tout ce qu'il détestait le plus. enfin c'est ce que je me disais pour justifier son comportement à mon égard. je ne faisais rien de mal, je ne touchais pas à sa drogue, je partais sans aucune remarque quand des demoiselles plus frivoles les unes que les autres se ramenaient chez lui. je le laissais faire ses affaires, j'étais simplement là pour le soigner. même pour ça, il n'était pas capable de remercier qui que ce soit. il bougea légèrement, dans cette nouvelle position, il ressemblait à un enfant. il semblait vulnérable. et c'était dans des instants comme celui-ci que je comprenais pourquoi je ne retournais pas au capitole. j'étais persuadée que je pouvais quelque chose pour lui, pour apaiser un peu sa peine, alléger son fardeau. si seulement j'en connaissais la nature. j'aurais pu tout simplement lui demander, mais il n'était pas du genre à bavarder avec moi, il allait sans aucun doute me rétorquer que c'était les jeux qui l'avait rendu comme ça. et ça aurait terminé la discussion, aussi rapidement qu'elle aurait commencé. « Tu serais mieux chez toi. » je soupirai discrètement, toujours les mêmes mots, les mêmes idées. bien qu'en cet instant, cela ressemblait plus à un constat affectueux qu'à une remarque désobligeante. mais il se rattrapa bien vite, quand il remarqua qu'il avait sans doute fait preuve d'une trop grande gentillesse à mon égart. « Ou six pieds sous terre. Pour te faire bouffer par les asticots. Là au moins tu serais utile à quelque chose. » toujours le même refrain avec lui, c'était devenu comme une seconde nature pour lui. et de mon côté, lses mots ne faisaient que glisser sur mon corps sans jamais m'atteindre. la première fois, ça m'avait légèrement surprise. puis j'avais compris son manège. et j'avais simplement fait avec. je n'avais guère d'autre choix de toute manière. mon sourire resta accroché à mes lèvres alors que je lui répondis simplement « et toi tu serais mieux clean. bizarrement on doit bien aimer tous les deux se faire souffrir. » je n'avais jamais haussé le ton avec lui, souvent je chuchotais simplement, suffisamment fort pour qu'il m'entende, mais pas trp haut pour que ça résonne dans son esprit déjà bien amoché. je faisais sans doute preuve de trop d'égards envers lui, alors qu'il ne faisait aucun effort pour me rendre la vie plus facile. hayden m'aurait déjà suppliée d'arrêter s'il avait vu la tournure des événements, il m'aurait demandée de rentrer au capitole, devenir le retrouver. mais il ne savait rien, parce que dans mes lettres, je m'évertuais à lui répéter que tout allait bien, et que des améliorations chez azrael pointaient le bout de leur nez. alors qu'il n'en était rien. mais il valait mieux qu'il ne s'inquiète pas, parce que je ne voulais pas qu'il souffre, je voulais le protéger. même si je savais que ça ne devait pas réellement fonctionner, vu qu'il connaissait tout de moi, et qu'il pouvait percevoir à travers mon écriture penchée mes plus horribles mensonges.
je m'assis en tailleur sur le fauteuil et penchai légèrement ma tête alors que j'entendais ses mots se répercuter dans ma boîte crânienne. « T'as touché cette putain de bouteille, Satine? La putain de bouteille que j'avais laissé sur la table ? » je ne comprenais pas de quelle bouteille il voulait parler, je n'avais pas bougé, j'étais simplement installée là, à le regarder. il délirait une fois de plus, et je ne pourrai sans doute pas le raisonner. qu'aurais-je bien pu faire d'une bouteille de vin ? je ne buvais pas, je ne me soulais pas jusqu'à ne plus connaître mon propre nom, parce que ça ne m'intéressait pas. et je n'étais pas du genre voleuse, j'avais ce que je voulais quand je le voulais, et il le savait. je me levai simplement pour venir m'installer plus près de lui, pas effrayée le moins du monde par la sauvagerie qu'il dégageait. « réfléchis deux minutes azrael. tu sais très bien que je n'ai jamais touché à tes affaires. je ne suis pas là pour ça. » je tentai de capter son regard, mais ce dernier se faisait fuyant, comme s'il ne voulait pas affronter la réalité. en fait, ce n'était pas comme si. il ne voulait clairement pas l'affronter. comme si le monde qu'il s'était construit dans sa tête et qui tournait autour de la défonce jour et nuit, était plus beau que le monde d'aujourd'hui. certes, tout n'était pas rose, mais il ne fallait pas exagérer. il avait survécu, il faisait partie des champions, il avait de l'argent qui coulait à flot, des filles pour assouvir ses besoins. que voulait-il d'autre ? je ne comprenais réellement pourquoi il gâchait tant de potentiel. comme si ça l'amusait, comme si c'était tout ce qui l'intéressait. montrer à tout panem qu'il était le maître de sa propre destinée, et que s'il désirait se tuer la santé, il le ferait sans que personne ne puisse rien y faire. il ne se doutait sans doute pas qu'ils enverraient quelqu'un. qu'ils m'enverraient moi. « T'as eu peur que je l'attrape pour te défoncer ta petite tête de conne ? » je laissai échapper un léger rire. bizarrement, cette idée ne m'avait jamais effleurée l'esprit. et si tel avait été le cas, alors j'aurais simplement dit que c'était les risques du métier, que je savais dans quoi je me lançais, et que peut-être, au fond, je le méritais. « je n'ai pas peur de toi. regarde-moi. ma main releva d'un geste doux son menton tu vois bien que je n'ai pas peur, et que je ne t'ai pas volé cette foutue bouteille. tu as sans doute rêvé, ce n'est rien. » j'espérais vraiment qu'il se contente de cette réponse et que mes mots, ou alors la lueur de d'honnêteté dans mon regard, suffiraient à la convaincre de mon innocence. si j'avais été plus forte, moins gentille également, je l'aurais sans doute secoué vivement pour qu'il réalise toutes les erreurs qu'il enchaînait jour après jour, pour qu'il réalise qu'il se faisait du mal, et à son entourage également. que ça me faisait du mal de le voir souffrir de la sorte. mais je n'étais pas ce genre de personne. moi j'étais la force douce, celle dont on ne se méfie pas et à qui on révèle tout sans aucune peur de représailles. parfois, j'aurais voulu être différente. j'aurais voulu être comme les autres. mais si ça avait été le cas, le capitole ne m'aurait pas envoyée ici pour aider azrael. là où toutes les forces brutes avaient échoué. |
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| Sujet: Re: by my side ζ satine Lun 2 Avr - 19:57 | |
| satine & azrael❝ BY MY SIDE ❞ Je reniflai, serrant un peu plus mes bras contre mon torse jusqu'à ce que mes coudes me rentrent dans les côtes déjà bien abîmées. Suite à un léger différent avec cet enfoiré de Chamberlain, il m'avait défoncé la cage thoracique, et j'avais morflé jusqu'à mon overdose. A ce qu'on m'avait dit, on s'était occupés de me remettre ça en place - l'os allait exploser un de mes poumons noircis par la clope. Serrer mes putains de bras décharnés contre moi réveillait cette douleur, et ça m'empêchait de penser un peu plus à cette conne de Satine, qui se levait pour s'asseoir à côté de moi. Comment pouvait-elle s'approcher si près de moi? J'étais dangereux, un putain de détraqué, et elle continuait de voir en voir autre chose qu'un fantôme. Quelle idiote. Elle était comme tous ces gamins qui s'approchaient trop près des chiens, les pensant doux et innocents, qui finissaient avec la main arrachée et le statut d'handicapé à vie. Ils ne voyaient pas le danger. Satine était pareille. Une gamine incapable de voir que plus elle essayerait de me sauver, plus j'allais l'entraîner vers le fond. Un boulet. Un poids mort. Elle allait sombrer en même temps que j'allais prendre tout ce que je pouvais d'elle. Oui, elle l'avait dit elle même, elle devait être masochiste. Elle devait prendre son pied à me voir l'insulter jour après jour. Ca devait l'exciter, hein? Je reniflai à nouveau, constatant mon nez qui coulait - ça allait pas être pratique pour sniffer ma poudre. La voix de Satine s'éleva à nouveau, me tirant de ma réflexion. Elle souleva mon menton, me forçant à plonger mon regard dans le sien. « je n'ai pas peur de toi. regarde-moi. tu vois bien que je n'ai pas peur, et que je ne t'ai pas volé cette foutue bouteille. tu as sans doute rêvé, ce n'est rien. » Je restai un moment hypnotisé par le bleu de ses yeux. Je n'avais vu la mer qu'une seule fois - lors de ma Tournée des Vainqueurs dans le district Quatre - mais je me souviens très clairement avoir dû m'arrêter un instant juste pour contempler l'étendue bleue, tellement calme que j'en avais oublié pendant un instant toutes les personnes que j'avais tuées sans aucun remord. Cette même étendue bleue, je la retrouvai dans les yeux de Satine. Imperturbable Satine. Douce Satine, qui s'approchait du chien fou que j'étais sans avoir peur une seule fois. Sans dégoût. Sans haine. Sans jugement. Pas une seule fois elle ne m'avait jugé, pas une seule fois elle avait affiché une mine dépitée face à mon état. Elle voyait mes filles de joie sans m'adresser un regard de reproche. Elle regardait mon bras troué parce que j'avais raté la veine trop de fois sans me demander d'explications, me demandant à demi mots si j'avais pris le temps de stériliser l'aiguille. Je restais un instant qui me parut une éternité à rester pris dans ses yeux clairs, avant de sentir mon visage devenir à nouveau dur et amer. Comme toujours. C'était mieux d'être dur et amer que tendre et doux. C'était mieux d'être dans mon état plutôt que dans celui de Satine. Je préférai choisir plutôt que subir. Sèchement, je levai la main à mon tour et écartai la sienne de mon visage. « Ne me touche pas. » j'ajoutai froidement. Je ne dis rien de plus, me contentant de chercher à travers la pièce ma putain de bouteille de vin. J'avais halluciné? Pourtant, elle était bien là, avant. Pile devant mes yeux. A moitié ouverte - j'y avais bu directement au goulot. C'était un vin dégueulasse que j'avais acheté pour trois sous au marché noir. Je ne cherchai pas la qualité, loin de là, tout ce que je voulais, c'était un truc assez fort pour me bourrer la gueule et gerber mes tripes sur le pavé. Je passai ma main sur mon front, tentant de calmer un début de mal de tête. Un frisson désagréable parcourut mon corps. Où est-ce que ma bouteille était? Cette putain de bouteille de merde, qui avait disparu, je ne pouvais pas l'avoir inventé. J'étais peut-être un détraqué, un drogué, un idiot, un maniaque, mais pas fou. M'aidant de l'accoudoir du canapé, je me levai, manquant de tomber la tête la première dans la table en verre. Remarque, ça n'aurait pas été si affreux que ça. J'aurais eu des morceaux de verre plein la tête, on m'aurait envoyé au Capitole atténuer les dégâts et ils auraient viré Satine, pauvre Satine, incapable de me garder en bon état plus d'une semaine. Je constatai bien vite que je n'avais plus trop l'habitude de me tenir debout - mes putains de jambes avaient du mal à répondre à mes sollicitations et je ne savais plus comment garder l'équilibre. Heureusement, j'arrivai à m'accrocher à mon buffet, en face de mon canapé. Après m'être assuré que j'avais assez de stabilité pour ça, je me tournai en direction de Satine, le regard dur. « Tu auras beau rester ici ça m'empêchera pas de me défoncer. Et encore plus en ta présence. C'est peut-être ça que tu veux, en fait. On va t'offrir une récompense et une jolie médaille quand tu reviendras au Capitole, pour m'avoir accompagné pendant le reste de ma vie. » Je reniflai à nouveau. Pourquoi quelqu'un s'évertuerait à rester calme face à mes actes si ce n'était pour la promesse d'une récompense? Satine étant infirmière, elle pourrait même me faire une petite piqûre mal dosée pour accélérer le processus. Ca serait plus rapide et moins douloureux. « Petite conne.. » je sifflai, en feignant la rage. En réalité, plutôt que d'être furieux, je me sentais triste. Vide. Désespéré. Trop mort pour être vivant, trop vivant pour être mort. Un nouveau frisson me parvint, m'arrachant un gémissement étouffé. Je jetai un dernier regard vitreux à Satine. On m'envoyait un ange pour terminer ma vie. Car oui, j'en étais persuadé, ma fin était proche, mon règne bientôt fini. Plus jeune, je voulais une mort grandiose, spectaculaire, retransmise à la télévision partout. Maintenant, j'aspirai à mourir le plus rapidement possible, peu importait le moyen tant que c'était rapide et indolore. Je chassai cette réflexion sur mon propre décès. Avant de clamser, j'avais encore un bon bout de temps. Bon bout de temps que j'allais utiliser comme bon me semblait, c'est à dire en me défonçant pour ne plus voir les heures passer. « Tu te mettras ma bouteille dans le cul, salope. » Je me retournai sans plus d'égard envers Satine, et me dirigeai vers ma chambre, qu'on avait déménagé au rez-de-chaussée pour des questions pratiques. Je n'étais même plus capable de monter les escaliers sans tomber. Pathétique. Traînant les pieds, j'arrivai dans ma chambre, constatant qu'on avait fait le lit. Ah. Super. Sans grande conviction, je décidai que c'était le jour parfait pour terminer ma réserve de poudre. Le lendemain, je repasserais aux joints et à la fumette. Le sur-lendemain aux médicaments. Avec un peu de chance, il n'y aurait même pas de sur sur lendemain. J'ouvrai un tiroir de ma commande, et entre les préservatifs et ma mallette de couteaux, je retrouvai mon petit sachet de poudre blanche comme neige. Blanche comme la peau de Satine. Cette vision me fit marqué un putain de temps d'arrêt, jusqu'à ce que mon esprit se mette enfin en route. J'attrapai un livre - un livre pour enfants que j'avais voulu lire un jour de manque - et disposai ma dose en une ligne parfaite. Je penchai la tête, prêt à sniffer, lorsque ma vision fut attirée par les cheveux blonds de Satine, que je pouvais voir depuis mon lit. « Qu'est-ce que tu fous, espèce de conne ? » j'aboyai, délaissant pendant un instant ma poudre. Avec du recul, je crois que stupidement, j'attendais d'elle qu'elle m'empêche de terminer mon sachet. Qu'elle le balance par la fenêtre. Parce que je voulais que quelqu'un sauve ma putain d'âme de merde de ce corps d'enfoiré.
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| Sujet: Re: by my side ζ satine Sam 7 Avr - 21:55 | |
| - IL Y A TON SOURIRE QUI S'ELEVE C'EST COMME UNE LUEUR D'ESPOIR - je ne savais plus quoi faire de lui. ni même de moi, en y réfléchissant. je me sentais inutile, je me sentais dépassée par les événements, et tout ce que je pouvais faire était de rester assise là bien sagement, à le regarder se pourrir la santé, sans agir. je n’étais pas de celle qui secouait les gens, qui leur fichait deux baffes pour qu’ils se rendent compte de leur stupidité. non, moi j’étais la douce, la fille qu’on prenait pour une enfant et qu’on surprotégeait, parce que j’étais encore trop naïve, trop rêveuse pour voir la réalité du monde. mon frère avait raison quand il me disait que j’allais me faire bouffer, que je n’étais pas faite pour les districts parce que je ne me rendais pas compte de la misère dans laquelle les habitants vivaient réellement. et moi qui avais atterrie ici, toute pimpante, sortant fraîchement de mon capitole, tombant comme une fleur dans un monde empli de pauvreté. ça aurait dû m’exploser à la gueule, m’ouvrir les yeux. mais je m’évertuais à tenter d’apaiser les maux de tout le monde, avec mon calme et ma sérénité habituels. peut-être qu’azrael avait raison quand il me hurlait à la figure que j’étais complètement inutile et inintéressante pour le monde. peut-être était-il celui qui détenait réellement la vérité. je secouai légèrement la tête pour retirer cette idée de mon esprit. je savais pourquoi j’étais là, et j’étais là pour la bonne cause, pour lui. il aurait dû être plus reconnaissant envers le capitole. envers moi tout simplement. parce que je me tuais à la tâche, je continuais à être présente, et à lui offrir mon existence entière sans me plaindre. j’aurais aimé une unique fois entendre un merci sortir de sa bouche, à n’importe quel moment, je m’en fichais bien, pour au moins le temps d’une seconde, être assurée qu’il avait besoin de moi près de lui, et que je n’étais pas qu’un simple parasite pour lui. encore une fois je réalisais la stupidité de mes dires. je n’étais rien ni personne à ses yeux, je ne pouvais rien exiger de sa part, parce que je n’apaisais aucunement sa souffrance. il semblait même que je l’accentuais. malheureusement, j’avais une mission, celle de rester à son chevet et tenter de calmer ses excès, alors je ne pouvais pas partir, car je n’étais pas du genre à aller à l’encontre des règles.
durant un court instant, je crus avoir atteint une zone indiscernable, une zone qu’il tentait de cacher aux yeux des autres, sans doute pour se protéger et paraître solitaire. mais bien vite je fus rattrapée par la réalité des choses alors que sa main écartait la mienne. pas de contact, jamais. à part lorsqu’il dormait, et qu’il ne sentait donc pas les caresses de mes doigts sur les marques de son visage, les marques de ses multiples altercations. pendant ces courts instants, je pouvais exercer tranquillement mon art, ce pourquoi j’avais été faite, je pouvais soigner ses plaies, désinfecter ses blessures sans recevoir de regard haineux, ou tout simplement sans me faire dégager sans ménagement. je le regardai se faire violence pour se lever et tenir debout. toute dignité semblait lui avoir été retirée, et pourtant je m’évertuais à le rehausser au rang d’homme, alors qu’il semblait s’apparenter à un animal qui ne songeait qu’à ses besoins, sans aucune réflexion derrière. j’étais trop bonne. même les gens du district me le disait, j’étais trop gentille pour m’occuper d’un mec comme azrael, qui semblait ne pas mériter tout ce que je mettais en œuvre pour lui offrir un meilleur confort. étais-je aveugle pour ne pas réaliser cela, ou étais-je simplement trop conne pour continuer à espérer que je parviendrais à le faire changer de style de vie ? sans doute, mais je ne pouvais aller à l’encontre de ma nature. alors je continuerai, encore et encore, à me plier en quatre pour lui, à soulager légèrement sa peine, même s’il fallait que ce soit la dernière chose que je fasse.
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