| Sujet: ARATRIA ✤ Ce qu'on ne nous dit pas. Sam 24 Nov - 11:24 | |
| ce qu'on ne nous dit pas
aranel "jewel" harris ✤ démétria j. wales-leary C'était toujours un réel plaisir d'entrer dans un restaurant du Capitole - et, alors même que je me faisais cette réflexion, je me demandais s'il y avait des restaurants ailleurs qu'au Capitole, justement. On s'approchait gentiment et doucement de vous, un grand sourire aux lèvres, l'air divinement satisfait voire comblé de votre arrivée ; on vous proposait de vous débarrasser de votre manteau, on vous demandait, comme si de rien n'était, si vous aviez réservé (alors même que la réservation est obligatoire) ; enfin, sans aucune question que le nom de la réservation, on vous dirigeait avec tact vers la table qui vous était réservée. Et cela vous donnait immédiatement l'impression d'être une reine. Pour ma part, je me sentais toujours horriblement mal à l'aise. Ne trébuche pas, ne bouscule personne, ne bafouille pas... Bref, n'ai pas l'air ridicule. C'était terrorisant. En temps normal, je ne me souciais pas de tout ça pour la simple et bonne raison que je n'allais pas au restaurant. Mais, parfois, il fallait s'y résoudre et Aranel et moi avions convenus d'un dîner "officiel" (à traduire : au vu et su de tous), afin de faire bonne figure - tant de convenances pour ne pas que l'ont s’interroge inutilement à notre sujet. Je suivis donc le maître d'hôtel jusqu'à une table pour deux, tout près de la baie vitrée donnant sur les montagnes.
J'appelais sans cesse ce jour, le jour de la crédibilité. Je prenais l'accent du capitole d'une façon exécrable et impitoyable, je m'habillais avec excentricité et je parlais exclusivement d'une voix aiguë, très haut perchée et absolument insupportable pour quiconque d'encore un tant soit peu normal. C'était la soirée qui me permettait d'effacer tout les doutes concernant mon opinion pro-capitole auprès de ceux qui pouvaient éventuellement se poser des questions. Je devenais une capitolienne de luxe. Tout n'était que composition mais je dois avouer que je m'amusais énormément. Aranel était déjà assise à la table. Le maitre d'hôtel tira la chaise et m'invita à m'assoir, ce que je fis assez rapidement, ayant hâte qu'il reparte à ses occupations. Un immense sourire envahie mon visage. « Arrrraaanel ! Quelle plaisir exquis de te revoir ! Tu es absolument superbe ! Quelle fraicheur ! Et cette robe, quelle merveille ! » m'exclamais-je sans retenue en rejetant mes cheveux. Bien sûr, c'était d'une exagération extrême mais l'objectif était là : comme tous les habitants un peu huppé du Capitole, nous nous devions d'être extrêmes. De plus, j'avais l'intime conviction qu'Aranel jouait également à ce jeu étrange. J'étais persuadée - mais sans oser ni l'affirmer ni le demander - que, comme moi-même, Aranel détestait toutes ses extravagances. Au contraire, je pensais qu'elle agissait de la même manière que moi et que tout ce cinéma que nous faisions n'avait d’intérêt que pour garder une place suffisamment sans soupçons auprès des autres capitoliens (et surtout, des pro-capitoles). Je n'étais sûre de rien, bien entendu, mais il y avait tout de même beaucoup de détails qui me confortaient dans mon idée. |
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