adrian azrael rufus kennedy

❝ EVERYTIME I CLOSE MY EYES IT'S LIKE DARK PARADISE.❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Overdose. Foutre trop de merde dans mes veines, les remplir de détergent. Attendre que ça pique, sentir mon coeur se mettre à battre comme un merdeux, gerber mes tripes, ne plus tenir debout, mourir dans mon lit comme les chiens meurent. C'est tout. Je vais finir par me tuer. Je vais finir par trop aimer ce moment où j'ai un pied dans la tombe et un pied en dehors. Mes pupilles dilatées éclateront, ma bouche deviendra humide de sang et ça sera fini. Clap de fin, on rembobine, on envoie les crédits. Je vais mourir comme un bâtard, les yeux exorbités, ouverts sur un putain de monde que personne ne comprendra.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Cher Journal.

Mon psychiatre m'a demandé si j'avais quelqu'un dans ma vie. Comme d'habitude, je n'ai pas répondu. Alors, comme toujours, je me contente de te parler à toi. Pour qui je pourrais mourir ? Personne. Je ne tiens à personne dans ce monde. Je ne ressens pas le besoin d'être en contact avec des gens. Ils sont tellement inintéressants que les fréquenter me serait fatal. Même le sort de ma famille ne m'importe plus tellement. Il ne m'a jamais réellement importé, même... Pour quoi je pourrais mourir ? Hm. Pour ressentir une dernière fois la plus grande montée d'adrénaline de mon existence, ça serait ma première réponse. Peut-être aussi pour retrouver ma gloire d'avant. Oui, sûrement. Pour qu'on me redonne ce que je me suis battu pour gagner.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Cher Journal.

Mon psychiatre m'a fait revoir des Jeux. Mes propres Jeux. Il m'a par la suite demandé d'analyser mon comportement et chacun de mes actes, pour déterminer quelle partie de moi m'a permis de rester en vie. J'en suis venu à la conclusion que c'est bien ma cruauté m'a permis de survivre pendant les Jeux. Aucun regret. Pas de sentiments. Une simple machine à tuer. J'étais - je suis? - aussi très doué avec des couteaux. Je connaissais les organes vitaux à planter pour tuer lentement et douloureusement, j'étais d'une agilité impressionnante, je frappais vite et bien. En parlant de vitesse, j'étais un gamin très rapide, capable de prendre des accélérations terriblement épuisantes sur plusieurs centaines de mètres. Je savais également plus ou moins me débrouiller avec les noeuds. Je ne me décourageais jamais. J'avais confiance en moi. J'étais un excellent acteur, aussi. J'ai fait croire à tout Panem que j'étais un tribut fragile, stupide, qu'on l'on avait pas à se soucier de moi. Que je n'étais pas un prédateur. Finalement, je n'étais pas un prédateur. J'étais un sur-prédateur.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Cher Journal.

J'ai fait un rêve. J'ai rêvé que ma petite soeur - Ariane - participait aux Jeux. Et qu'elle gagnait ! Qu'elle me remerciait moi, d'avoir été un si bon mentor. Que la gloire revenait vers moi. Que l'on me prenait au sérieux. Que j'étais adulé, voulu, choisi. Aimé. C'était incroyable, et je me suis réveillé avec la gaule. Mais ce n'était qu'un rêve, qu'un putain de rêve qui me laisse un goût amer dans la bouche. Aucun de mes proches n'a jamais participé aux Jeux. Pas une personne de mon âge que je connaissais, pas un seul membre de ma famille. Pas une voisine, un voisin. Ah si. Ma voisine a participé à la même édition des Jeux que moi. Mais bon, je l'ai tué, et j'ai ouvert sa jolie bouche dans un sourire macabre. J'étais déjà si cinglé à l'époque?

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Cher Journal.

Je ne vais plus te parler de mon psychiatre, à part aujourd'hui. Notre dernière conversation portait sur le Capitole. Ce connard m'a avoué qu'il aimerait que la révolte éclate bientôt. Je l'ai dénoncé au premier Pacificateur que j'ai vu. On ne touche pas. Au. Capitole. On ne le combat pas. On ne le dénigre pas. On l'aime. On l'admire. On le berce. Mais on ne tente pas de lui faire du mal. Il faut stopper cette révolte avant qu'elle n'atteigne mon Capitole. Il est parfait. Il est magnifique. Il est fort. On doit le laisser en place. Il ne me montre certes plus mon visage à la télé, mais je ne peux pas le blâmer. Il faut que le Capitole reste au dessus de tous, qu'il reste parfait. Je ne colle plus à cette image. Je le sais. Je vais prouver au Capitole que je peux être utile à lui en me battant jusqu'à ce que mort s'en suive pour retrouver ma gloire et protéger le Gouvernement. Mon président, Snow. Mon Dieu.




JE VIENS D'UN MILIEU FAVORISE, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE EST ABONDANTE. DU COUP, MON NOM AVAIT UNE SEULE CHANCE D'ÊTRE TIRE. J'EXERCE LE MÉTIER DE MENTOR DU DISTRICT 2 QUAND JE SUIS PAS TROP BOURRE ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'M'EN FOUS. JE SUIS DANS LE 2ÈME DISTRICT. AYANT 23 J'AI DEJA PARTICIPE AUX HUNGER GAMES ET J'AI GAGNE. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

Tuer. Tuer. Tuer.

Un seul mot. Mon préféré. Mon but ultime, mon fantasme macabre. Tuer, tuer, tuer. Je n'avais que douze ans, et j'étais déjà dans cet état là. Je devais tuer. J'étais un prédateur. Je voulais l'être, je savais que je pouvais l'être. Les yeux rivés sur l'écran géant, je comptais les minutes avant que la Moisson ne débute, déjà en proie à une montée d'adrénaline. Je n'entendais plus rien, ne me concentrant plus que sur une prière à Dieu. Je voulais être tiré au sort. Je le voulais terriblement. Parce que j'avais envie de sentir quelqu'un mourir sous mes doigts, j'avais besoin de montrer que je n'étais pas qu'un gosse. J'étais dangereux. Fou ? Aussi. Peut-être. On tira au sort une de mes voisines, âgée de quatorze ans. Son nom, je m'en fichais, mais je m'appliquais à bien mémoriser ses traits. Puis, on passa aux jeunes hommes. Ce fut mon nom qu'on appela. Une fois. Puis deux fois. Ce fut lorsque tout le monde se retourna vers moi que je compris que mes prières avaient été exaucées. Que j'allais pouvoir tuer, tuer, tuer. Droit et fier, je me dirigeai vers l'estrade, plus excité que jamais, les pupilles dilatées, le coeur battant lourdement dans ma poitrine. Oui. J'allais tuer tous les tributs jusqu'au dernier.

On me présenta comme un tribut fragile. J'étais le plus jeune des Jeux, ainsi que l'autre tribut du deux. Je jouais le jeu, un peu dégoûté de devoir cacher aussi longtemps ma nature de prédateur. J'acceptais la toge incrustée de pierres censées représenter mon district lors du défilé, j'acceptais le maquillage dramatique soulignant mes yeux clairs, j'acceptais de répondre à mon interview en jouant la carte du pauvre petit qui ne savait guère ce qu'il lui arrivait. Je m'appliquais à avoir l'air maladroit lors de l'entraînement, squattant les ateliers les moins prisés. Je prenais mes repas seul, observant en tremblant les machines à tuer que j'allais évincer les unes après les autres. Mon mentor était le seul qui connaissait ma capacité à tuer. Je le lui avais dit, que je n'aurais aucun scrupule à défoncer le crâne d'un autre. Je lui montrais ma maîtrise des couteaux et ma rapidité, je lui demandais des conseils : fallait-il mieux viser les yeux ou les organes vitaux ?

Et finalement, le jour J arriva. L'hovercraft nous déposa sur une île, et je crus un instant que nous étions dans un environnement naturel, mais non. Au loin, j'arrivais à distinguer les immeubles et une tour de télévision. Nous étions dans une ville. Attendant patiemment le coup de feu signalant le début des Jeux, je scrutais la Corne. Il y avait une multitude de couteaux, ainsi que des sacs manifestement pleins de nourriture, ainsi que des cordes. Je décidai qu'il était temps d'utiliser ma rapidité, et dès que le signal résonna à mes oreilles, je me ruai au sol et courus jusqu'au centre de la Corne. J'attrapai un couteau, frissonnant déjà à l'idée de planter la lame dans de la chair molle et vive. Je réussis à obtenir un sac énorme. Une fraction de seconde plus tard, je remarquai un tribut arrivant près de moi et sans hésitation, j'enfonçai mon couteau dans son ventre. Une montée d'adrénaline me prit. Une vague dévastatrice. Jamais je n'avais connu un tel.. plaisir. Je résistai tant bien que mal à l'envie de multiplier les coups de couteau, mais ma victime était déjà à terre, agonisante. J'avais envie de marquer ce jour d'une pierre blanche. Mais à la place de m'acharner un peu plus, je décidai le moment opportun pour partir de la Corne d'Abondance. J'allais avoir tout mon temps pour tuer.

Ne sachant pas réellement nager, j'entrepris de gigoter jusqu'à arriver sur le rivage, remarquant les bancs. Nous n'étions que dans un parc, pour l'instant. Au loin, j'arrivais à entendre les derniers cris des plus faibles, mais je continuai de courir. C'était mon premier jour, et j'avais déjà tué quelqu'un. Parfait. Je décidai de rester dans l'enceinte du parc, et grimpai à un arbre assez imposant pour supporter mon poids. Mes habits se fondant parfaitement dans les feuilles et dans le bois, je regardai les autres tributs courir au loin sans même prêter attention à moi. Je remerciais intérieurement mon mentor de m'avoir présenté comme un perdant. Personne ne pouvait se douter de ma survie. La nuit tomba rapidement - un peu trop à mon goût, et à la lumière de la lune, j'inspectai le sac énorme que j'avais réussi à attraper. J'y trouvai des fruits séchés, une gourde vide, des pansements et du désinfectant ainsi que des bandages stériles, une longue corde, un sachet de boeuf déshydraté et une ration de pain pour adulte, assez grosse pour que je puisse y manger dessus pendant trois jours. Quant aux armes, j'avais mon couteau, ce qui était amplement suffisant. Je jetais un coup d'oeil au ciel, alors que les visages des tributs morts s'y inscrivaient. Premier jour. Plus que treize survivants, dont moi. Le massacre avait été si important que ça? Je fis la moue, déçu. Ca allait me faire moins de gens à tuer.

La nuit fut froide. Très froide. Mes vêtements, bien qu'idéals pour me cacher, n'étaient pas réellement très isolants. Le matin arriva bien vite, et le moment était parfait pour commencer à observer les environs. Très vite, je compris qu'il n'y avait aucune chance pour moi de trouver un animal à chasser. Déçu, je commençai la traque avec une poignée de fruits secs dans la bouche.

J'appelle la traque les trois premiers jours dans l'Arène. De part mon statut de tribut venant d'un district de carrière, je réussis à rejoindre le petit groupe des concurrents en provenance des districts riches. Pas que j'ai eu envie de faire ami ami avec eux. Non. Au contraire. Parce que j'étais le plus petit, on me demanda de faire de la cueillette à l'intérieur du parc. Mais les seules baies que j'y trouvai étaient toxiques. Parfaitement ce qu'il me fallait pour tuer en douce. Je ne me rappelle pas le nom de mes prétendus "alliés", alors je me contenterai de les désigner selon leurs apparences physiques. Je demandai à la Montagne - une jeune femme imposante de dix-huit ans issue du 1 - de me laisser préparer une espèce de compote avec mes baies, ce qu'elle me laissa faire. L'odeur sucrée de la préparation les attira. Ils ne me laissèrent pas un seul morceau de compote. Trois heures plus tard, ils gisaient tous, le visage boursouflé et le ventre pourrissant de l'intérieur. Une odeur de putréfaction émanant de Lapin - un tribut du 3 aux dents proéminentes - me fit rendre mon petit déjeuner constitué du fromage. Mais cela ne m'inquiétait pas. Maintenant que ces tributs-là étaient morts, j'avais leurs provisions, et leurs armes. C'était le deuxième jour des Jeux, et nous n'étions donc plus que dix. Je décidai qu'il était temps de me calmer. Je devais prendre le temps d'apprécier chacune des morts que j'avais causées. Avant que l'hovercraft officiel du Capitole n'ôte les cadavres frais, je dégainai mon couteau, et entaillai les commissures de leurs lèvres dans un sourire macabre, avant de récupérer tout ce qui était utile et de ficher le camp. Voilà. Maintenant, tout Panem se rendait compte que le prédateur le plus dangereux, c'était moi.

Les jours passèrent. Les nuits également, parfois ne durant qu'une poignée de minutes, traînant parfois plus d'une vingtaine d'heures. Ce rythme totalement détraqué m'épuisait, mais je tenais bon. Le dixième jour, un piège que j'avais tendu à l'aide d'un corde pendit un tribut mâle, dont les râles d'agonie me parvinrent depuis mon arbre. A nouveau, je plaçai ce sourire écoeurant sur ses lèvres. Je n'eus pas l'occasion de tuer d'autres tributs les jours suivants. Plus aucun ne se trouvait dans le parc, et il me semblait qu'il était temps de m'aventurer en dehors de ma zone de confort.

La semaine suivante fut... la plus dure. J'avais beau chercher partout, je ne trouvais aucune victime à faire. En revanche, les Gamemakers redoublèrent d'inventivité pour plaire au Capitole. Le treizième jour, je tombai sur un nid d'insectes que je ne connaissais pas qui me laissèrent à demi-mort dans la boue. C'était la fin. J'allais mourir... après tant d'efforts... Je fermai les yeux, tentant en vain de me raccrocher à la vie. Je m'efforçai de penser à ma future renommée. A ma future femme. A ma future richesse. Je ne sentis pas mon corps être soulevé. Non. Tout ce que je ressentais, c'était cette douleur sourde et vicieuse sur tous mes membres, qui s'infiltrait dans mes muscles. Je ne sais guère combien de temps je restais dans cet état là. Tout ce dont je me souviens, c'était du visage de mon sauveur. L'autre tribut du deux ! Malheureusement pour elle, je ne ressentais aucune gratitude envers elle. Je la laissais me faire boire, guérir plus ou moins ma jambe droite - c'était là que j'avais été piqué - et me nourrir. Avant de planter mon couteau dans son dos. Au sens premier du terme. Je me souviendrais toujours de son expression. Un mélange de dégoût, de peur et de haine. Un dernier soupir de sa part et je retirai mon couteau. Je me remis longuement de ma blessure. Une nuit, en regardant le visage d'un tribut s'effacer dans le ciel, je compris. Il ne restait plus que moi. Et le tribut du onze.Quelques heures plus tard, le combat final. J'étais à bout de nerfs. Excité, également. Plus qu'un tribut et je retournai à mes Pénates. Je ne garde aucun souvenir de ce combat. A part le dernier coup que je lui portai. Un coup de couteau en plein dans l'oeil, touchant le cerveau par la même occasion. Mort instantanée. Il n'a pas souffert. Je n'eus pas le courage de placer ma signature sur ses lèvres.

« Le vainqueur de cette 64ème édition est donc Azrael Kennedy! Âgé de seulement douze ans, et n'ayant obtenu qu'un six à l'entraînement, rien ne présageait notre gagnant à être une telle machine à tuer! Pourtant, c'est bien le cas. Ce fut un excellent tribut, dont la technique d’empoisonnement de ses alliés restera dans les plus belles performances! On peut également applaudir la beauté et la propreté de chacun de ses actes : ma préférence revient à son piège de pendaison totalement inédit. Malgré son jeune âge, Azrael a fait preuve d'une grande maturité et a su divertir les foules sans même obtenir un cadeau de ses sponsors. Bravo au district deux qui a su forger un tel gagnant ! »



Passage à vide. Plus de sensation. Plus de mots. Plus de sourires. Plus de commentaires.

Mon édition était terminée. Mon heure de gloire était finie. Mon nom, inscrit dans le registre des vainqueurs. Celui de l'autre tribut de mon district dans celui des morts. Et puis plus rien. Plus un regard. On préparait déjà la prochaine édition des Jeux. Une nouvelle arène, des nouveaux tributs. Un nouveau gagnant sous les projecteurs. Plus jamais la chance pour moi de planter mon couteau dans les entrailles de quelqu'un. Je mis plusieurs mois à me rendre compte de cela. Et dès que l'information parvint à mon cerveau, je compris. Je n'avais que douze ans, mais j'étais déjà bon à jeter à la poubelle. A la place de tenter tout pour revenir sous le feu des projecteurs, je me mis à fumer. Pour faire comme les grands. Pour montrer que du haut de mes douze ans et demi, j'étais un homme, un vrai, et que je pouvais tous les tuer de cent manières différentes. Mais rien. On trouvait juste ça marrant que je fasse ça. La fumette ne me suffisant plus, je fis un passage au Capitole pour me faire tatouer. Dès que l'aiguille transperça ma peau, je compris que me détruire, ça allait être l'unique façon de retrouver la sensation de plaisir ultime que j'avais eu en tuant. Les années passant, les choses devinrent pire. Au thé succéda la bière, à la bière le whisky. Je pris mes premières doses d'ecstasy à l'âge de quinze ans, mon premier rail de coke à seize. Dépucelage à quatorze. Une vie pleine d'excès.

Et j'aime ça.

Il n'y a plus de gentil Azrael. Il n'a sans doute jamais existé. A ce qu'il paraît, même quand j'étais un gamin j'étais déjà cinglé. Je m'amusais à disséquer les lapins de mes petites soeurs, même. Ma mère a gardé les photos de ça. Les Jeux n'ont été qu'un déclencheur. Une étincelle. J'étais la dynamite.