Nolan Zéphyr Keynes

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Bonne question. J'ai cru que ma dernière était arrivée à de nombreuses occasions. Dévoré par un loup affamé tandis que je m'adonnais à la chasse, attaqué par quelques virus (il semblerait que je sois la cible préférée des microbes. Je me ramasse toujours toutes les saletés, et bonjour le séjour au lit avec une température de 40°C!), ou encore dans l'arène. Lorsque j'ai été sélectionné, j'en étais rapidement venu à la conclusion que je n'allais pas survivre à cette épreuve, surtout après avoir jeté un coup d'œil sur mes adversaires. Je ne sais pas comment je souhaite mourir, ni quand ni par qui. Je souhaite juste que ça soit bref. La douleur, ce n'est pas mon péché mignon.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Même si j'éprouve un certain dégoût à l'égard du Capitole et que je n'adhère pas à ses principes, je ne pense pas être capable de mourir pour en finir avec lui. Lâche? Peut-être, mais je pense avant tout à mes parents. S'il devait leur arriver quoique ce soit, je ne répondrais plus de rien. La seule chose pour laquelle je pourrais mourir, c'est pour eux, mais aussi pour mes proches, pour Kathleen. Si j'avais pu réagir à temps, et sortir de ma léthargie, je me serais porté volontaire à sa place, même si je m'étais promis de ne plus jamais remettre les pieds dans l'arène. J'aurais du agir plus tôt, mais j'en étais incapable, et la voir se faire tuer par Finley n'avait fait que me briser un peu plus...Étais-je donc incapable de protéger qui que ce soit?

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Si certains sont dotés d'un gabarit impressionnant et d'une force titanesque, moi, je m'en sors plutôt bien avec les mots. J'ai toujours eu un pouvoir de persuasion assez conséquent. Je n'aime pas spécialement mentir, mais si ça pouvait m'aider dans une quelconque tâche, je n'hésiterais pas à laisser ma langue fourcher de temps à autre. J'arrive à mettre la foule dans ma poche en quelques mots. Je n'ai pas à me forcer, ça vient naturellement, comme si c'était inné chez moi. Grâce à mes parents qui travaillent dans le domaine médical, j'ai acquiert une connaissance des plantes non négligeable, ainsi que des notions en médecine, ce qui m'a valu un fort avantage une fois que j'aie été lâché dans l'arène. Mes nombreuses virées en forêt pour la chasse m'ont permis de développer une discrétion plutôt surprenante, mais aussi la capacité à concocter différentes sortes de piège pour l'ennemi (le gibier en l'occurrence), celle de pister (et cela équivaut aussi bien pour un animal que pour un homme). J'aime particulièrement jouer les singes en grimpant dans les arbres. En hauteur, je me sens protégé. Quand je devais fuir des prédateurs lors d'une partie de chasse, la première chose que je cherchais du regard était un arbre. Parfois, je ne pouvais compter que sur mes deux jambes et courir à toute vitesse. Lorsque j'ai commencé la chasse avec Kath et son père, j'ai rapidement appris le maniement de l'arc-à-flèche et du lancer des couteaux. En y repensant bien, j'étais plutôt bien préparé avant d'être sélectionné pour les Hunger Games.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Malheureusement oui, et il y en a eu trop à mon goût. Avant moi, j'ai vu un de mes proches amis se faire tuer dans l'arène, ainsi que de nombreuses connaissances. Puis, Jeremiah fut envoyé à son tour dans cet enfer sanglant, suivi de très par Kath. Même si l'on doit tous à s'attendre à voir un de ses proches sélectionné pour ces horreurs, jamais je ne m'y habituerais. On espère que ça tombe sur quelqu'un d'autre, une personne avec qui on a guère eu le plaisir de faire la connaissance, mais ce serait trop beau, et avec l'oiseau de mauvaise augure qui tourne autour de nos têtes, la chance d'être épargné de toute douleur est quasiment nulle.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Il ne fait aucun doute que je suis pour la rébellion. Sauf que...Eh bien je tâche d'être discret quant à mes idéaux. Je ne tiens pas à ouvrir ma porte sur un groupe de Pacificateurs armés jusqu'aux dents, menaçant la sécurité de ma famille et de mes proches. Sans aucune façon, je suis trop prudent pour ça. L'existence du district treize avait été comme une gifle. Depuis quand existait-il toujours? Peut-être depuis le début...J'encourage intérieurement leurs actes, en espérant qu'ils arrivent à faire bouger les choses. Cette nouvelle aurait pu être anodine parmi tant d'autres si Coin n'avait pas annoncé la 'résurrection' de certaines victimes des jeux. Son annonce n'a pas fait que m'ébranler, elle a chamboulé toutes mes pensées, mes motivations et mon avenir. Il y avait peut-être encore une chance que Kath soit en vie...





JE VIENS D'UN MILIEU favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est plus ou moins abondante. J'EXERCE DES ETUDES DE médecine ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime ça. JE SUIS DANS LE 9ÈME DISTRICT. AYANT 19 ans JE ne peux plus, et de toute façon, j'ai déjà PARTICIPER AUX HUNGER GAMES. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

« Salut »

Pas de réponses.

« Je peux m'asseoir à côté de toi? »

C'était la première fois que je lui adressais la parole. Kathleen était l'une des rares personnes à rester à l'écart en cours, loin de cette foule agitée de jeunes gens avec qui je m'offrais quelques délires pour évacuer toute la tension qu'occasionnait la vie de tous les jours, et surtout, l'approche de la Moisson. La petite fille se contenta de me jeter un regard interrogateur, comme si j'étais un extraterrestre. Elle éveillait ma curiosité, et sans attendre sa réponse, je m'étais assis à côté d'elle. Je ne saurais vous dire comment ni pourquoi, mais depuis lors, quelque chose comme de l'amitié a pointé le bout de son nez, nous liant avec une intime conviction.

[...]

« ça te dit une partie de chasse? »

La chasse? Je n'avais jamais eu l'occasion de jouer les fins chasseurs. En réalité, je n'y avais jamais songé. C'était Kat et son père qui m'avaient invité à l'une de leurs nombreuses expéditions en forêt. Au début, je n'en disais rien à mes parents, craignant un quelconque refus, mais lorsque j'étais un jour revenu la jambe couverte de sang, je n'avais eu d'autre choix que de leur avouer mes virées virevoltantes. Par chance, la morsure sur ma jambe était anodine, et j'étais sur pieds une heure plus tard. J'appréciais Kat et son père, je me sentais bien en leur présence. Il n'y avait aucune hypocrisie, aucun faux-semblant, que du vrai.

Je caressais du bout des doigts mon arc, plongé dans un mutisme impénétrable. Tapi derrière un buisson, j'étais à l'écoute du moindre bruissement suspect, analysant les environs dans les moindres détails. Les notes régulières de mon cœur et de ma respiration n'étaient plus qu'une sourde mélodie, j'en avais fait abstraction. Je n'avais qu'une seule chose en tête; la traque. La chasse me permettait d'oublier la perte d'un ami, Jagger. J'éprouvais une haine vorace à l'encontre du Capitole et de leurs crasses que sont les hunger games. Je les exécrais. Un craquement de feuilles m'extirpa de mes songes, la flèche fila. Une plainte sourde, et l'animal s'abattit au sol. C'était un lièvre.


« C'est bientôt la moisson » songea ma mère, les mains tremblantes au-dessus du gibier qu'elle était en train de cuisiner.
« Tu n'as pas de raison de t'inquiéter maman. Il n'y a qu'une infime chance que je sois péché au sort...Et puis, personne n'a jamais été sélectionné dans la famille, pas vrai? »

Même si la moisson me faisait peur, j'essayais d'y songer le moins possible. Après tout, ce n'était pas faux, je n'avais jamais pris de tessera et mon nom n'avait été inscrit que trois fois. J'avais la chance de ne pas goûter à la pauvreté, et la famine ne m'était pas familière. Certes, nous devions faire attention, mais notre situation n'était pas à plaindre. Beaucoup d'autres de mes camarades, qui dégustaient chaque jour les méfaits d'une vie précaire, avaient déjà pris à de nombreuses occasions des tesseras. C'étaient eux qui pouvaient être tirés au sort à tout moment. Ma mère me sourit, voulant sans doute se rassurer. Elle avala une bonne bouffée d'air et s'attela à la préparation du repas. « Tu as raison » chuchota-t-elle entre ses lèvres meurtries par les morsures qu'elle s'infligeait lorsque l'angoisse la gagnait.

Le lendemain...

« Tu ne vas pas y aller comme ça j'espère? »

Curieux, j'arquai un sourcil, l'air de dire « pourquoi pas? ». Je m'étais vêtu d'un simple jeans délavé et d'un sweet noir, peur enclin à me mettre sur mon trente-et-un. Ma mère, après une crise de panique inutile, m'obligea à changer de tenue. Après quelques soupirs ennuyés, j'abandonnais finalement ma tenue pour un pantalon beige clair et une chemise blanche. Je n'avais que quatorze à l'époque, mais avec cette tenue, j'avais l'impression d'avoir gagné deux années en plus. « Satisfaite? » Elle m'inspecta sous toutes les coutures avant de passer un coup de peigne dans mes cheveux emmêlés. Je n'avais aucune envie de me faire beau pour aller combler les yeux de ces rats du Capitole, mais ma mère en avait décidé autrement. Une fois que nous étions tous les trois préparés, nous allions nous mélanger à la foule sur la place. L'atmosphère était gorgée de tension et de crainte, chacun était sur ses gardes, les membres crispés jusqu'aux orteils. Deux grosses boules en verre nous faisaient face, comme deux gros yeux menaçants, nous riant au nez. « Tiens toi tranquille » me susurra ma mère alors que je cherchais du regard Kathleen. J'espérais sincèrement qu'elle ne soit pas tirée au sort, ni elle ni son frère. Une bouffée d'inquiétude m'envahit à l'idée qu'ils puissent être tous les deux sélectionnés...Non, la poisse ne pouvait pas être aussi sournoise, si?

J'écoutais d'une oreille distraite le discours habituel, promenant mon regard sur l'assemblée qui s'était attelée derrière la présentatrice. Je m'arrêtais dans mon observation sur la silhouette de Luan Brisingr, la dernière grande gagnante du District 9, celle qui avait participé au 60th hunger games. A l'époque, je n'étais pas encore né mais j'avais entendu beaucoup de choses à son propos.

« Honneur aux dames... »

Un silence de plomb s'abattit sur la place tandis que la jeune femme extravagante attrapa un petit papier au vol. Je déglutis, les poings serrés, priant pour que le nom de Kat n'y soit pas. « Annalyne Hermuis » Un soupir de soulagement franchit la barrière de mes lèvres, mais ce sentiment eut tôt fait de disparaitre une fois que la jeune fille de dix-sept ans monta sur l'estrade, le regard neutralisant toute émotion. Je pouvais entendre des sanglots à l'arrière de la foule, sans doute étaient-ce les parents d'Annalyne, une fille du district que je ne connaissais que de nom.

« Nolan Keynes »

Mon cœur rata un battement, ma respiration se coupa d'un coup...Avais-je rêvé ou mon nom venait-il d'être tiré au sort? Je compris rapidement que ce n'était pas qu'une illusion lorsque ma mère me serra la main, retenant péniblement ses pleurs. Je fus aussitôt amené aux côtés d'Annalyne, la froideur qui se lisait au travers de mon regard dissimulait parfaitement ma crainte et mon trouble. Je n'avais que quatorze ans...J'étais un gamin à peine entré dans la puberté, et je savais que je n'avais aucune chance...


Ma respiration était saccadée, le souffle me manquait et je pouvais déjà sentir une pointe s'immiscer au niveau de mon abdomen. Je serrais les dents pour étouffer une plainte douloureuse et poursuivit mon chemin. A ce rythme-là, j'allais me faire aussi facilement attraper qu'un vulgaire sanglier. Impatient, je cherchais du regard un arbre assez haut pour m'y réfugier. Aussitôt pensé, aussitôt fait. En deux trois mouvements, je m'étais hissé au sommet d'un arbre au feuillage assez épais pour me dissimuler des carrières. J'avais bien fait de couper les ponts avec eux, un peu plus et j'aurais reçu le couteau du district 02 en pleine pleine poitrine, au lieu de quoi je l'avais ramassé dans la cuisse droite. Celle-ci saignait abondamment et j'avais dû faire un garrot pour éviter une hémorragie trop conséquente. Je ne tenais pas à me vider de mon sang aussi vulgairement. Et merde...si seulement j'avais une de ces pommades cicatrisantes. Il faut croire que j'ai pas mal de sponsors sur le dos puisque vingt minutes plus tard, un petit parachute descendit jusqu'à une branche voisine, s'y accrochant malencontreusement. Ö Joie! La pommade avait une odeur épouvantable mais ce n'était pas le moment de rouspéter. Une fois la plaie nettoyée et imprégnée de pommade, je me glissais discrètement dans mon sac de couchage, m'assurant bien d'être attaché au tronc. L'hymne ne tarda pas à éclairer l'étendue marine qui s'étalait au-dessus de l'arène. Deux morts. Nous n'étions donc plus que quatre. Trois carrières, et moi. Gagné par la fatigue, je m'endormis sur un dernier visage, celui de Kathleen.

« J'ai l'honneur de vous présenter le grand vainqueur du 71th hunger games, Nolan Keynes! »

[...]

Tout avait changé depuis ce jour...
J'aurais pu rentré en sautillant, un sourire plaqué sur les lèvres, à m'offrir un bon repas en riant en cœur avec mes proches, mais il n'en était rien. Les jeux m'avaient profondément marqué...J'avais tué, et pas qu'une fois, et pas par accident. A croire que mon instinct de survie n'était pas aussi négligeable que je l'aurais pensé. J'avais vu Annalyne se faire tuer sous mes yeux, alors que je m'étais juré de la protéger. Et Bay, la fille du district 03 avec qui je m'étais lié d'amitié...Elle avait succombé au piège des carrières, sans la moindre chance de survie. Chacune de mes nuits était gorgée de cauchemars, de sang et de visage horrifié. Toute cette folie s'était arrêtée comme si l'on avait simplement appuyé sur le bouton « off », comme si ce n'était qu'une chose anodine parmi tant d'autres. Et entre-temps, l'arène du 72th hunger games était déjà en construction, balayant le 71th hunger games et ses perdants d'un vulgaire coup de balai. Nous n'étions que des pions, des divertissements servis sur un plateau d'argent, préparés à être dégustés avec une gourmandise non feinte. Nous n'étions que du gibier au regard du Capitole, du simple gibier.


Combien de temps étais-je resté plongé dans ma léthargie environnementale? Un an? Plus? J'avais connu une longue descente aux Enfers, et revenir à la case départ m'était tout à fait impossible. J'ignorais tout le monde, même mes parents, même Kathleen. Je restais enfermé dans ma chambre, en proie à mes fantômes du passé. Et après ça, on voulait faire de moi un mentor? J'étais destiné à faire face à la mort jusqu'à la fin de ma vie? A l'époque, je n'avais même pas réagi lorsque le père de Kath avait trouvé la mort, exécuté sur la place publique. Et comme l'oiseau de mauvais augure n'en avait pas fini avec moi, je m'étais retrouvé avec pour tribut Jeremiah Harper, le frère de Kath. L'année suivante, c'était elle-même qui le suivit dans la mort. Je me souviens de ce moment...Il y avait ce Finley, et elle...Elle n'avait eu aucune chance. J'avais pleuré comme jamais un homme n'avait pu le faire, j'avais maudit le Capitole de nombreuses fois. Jamais je ne le lui pardonnerai. Était-je donc incapable de faire gagner mes tributs? De sauver des vies? Oh oui...Je haïssais le Capitole.