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They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys
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Zoé E. Williams
△ correspondances : 320 △ points : 0 △ multicomptes : Amarinda C. Carter, D. Aileen Carter-Lewis (RIP) △ à Panem depuis le : 23/06/2011△ âge du personnage : 19 ans
Sujet: They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys Jeu 5 Jan - 14:55
D'abord, il n'y avait que la douleur. Incandescente, impitoyable. Je ne pouvais pas y échapper, je ne pouvais pas la combattre. Alors je l'acceptai et elle m'envahit, triomphante. Elle m'enlevait tout le reste, jusqu'à mes souvenirs, jusqu'à mon nom. Lorsque je me sentis sombrer dans le noir, ce fut presque un soulagement. Qui m'avait dit que mourir était difficile ? Il suffisait de lâcher prise... L'oubli était aussi doux que la disparition de la douleur. Je volais. Non, je flottais... Je dérivais, comme un morceau de bois emporté par la mer. Cela me convenait parfaitement. C'était paisible.
Soudain, un choc, qui m'ébranla toute entière. Ce fut comme si je me réveillais en sursaut après avoir rêvé que je tombais de l'escalier, mais pire. Cent fois pire. Encore un choc. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi ne me laissaient-ils pas tranquille ? J'étais si bien, avant... Un dernier choc. Et les battements frénétiques de mon coeur qui se remettait en marche. La douleur me retomba dessus sans crier gare. Je voulais hurler, mais je n'y arrivais pas. Mon ventre... Mon ventre était en feu. Qui avait retiré le poignard ? Pourquoi ? S'agissait-il d'une nouvelle forme de torture ? Je n'arrivais plus à penser. Par un effort surnaturel, je réussis à bander mes muscles, à bouger un peu, mais mes yeux refusèrent de s'ouvrir. Finalement, le cri sortit, chargé de souffrance mais aussi de haine. C'était presque un sanglot. Si seulement je pouvais parler... Pitié... Arrêtez... Faites que ça cesse, que ça cesse.... J'étais un enfant perdu. J'étais un animal à l'agonie. J'aurais voulu m'évanouir, mais le noir refusait de me reprendre. Puis, il y eut une sensation nouvelle, un calme engourdissant qui courait dans mon corps en éteignant l'incendie. Je me laissai enfin aller avec reconnaissance.
Du haut de la falaise, mon frère souriait et m'appelait. Loin devant moi sur la plage, mon père courait en riant aux éclats. Dans la cuisine, maman préparait un gâteau pour mon anniversaire. Allongée sur le sol mouillé par son propre sang, Catalina me maudissait. Assise sur le vieux banc à côté de ma maison, Sagitta m'attendait. Debout à côté de moi dans une salle du Capitole, Kathleen acceptait de devenir mon alliée. Agenouillée à côté de mon corps sans vie, Alexiane pleurait. Skyler me menaçait. Mon mentor m'engueulait. Eglenver léchait son couteau. Ever me suppliait de la sauver. Owen se moquait de moi. Genesis toussait en m'éclaboussant de son sang. Snow posait un poignard sur ma gorge. Mon styliste me parlait de soie et de dentelle. Et moi... Et moi, je me noyais dans mes souvenirs, je m'y noyais sans savoir distinguer le vrai du faux, le cauchemar de la réalité. Tout s'emmêlait, tournoyait. Des scènes que je n'avais jamais vécues m'apparaissaient aussi réelles que mes vrais souvenirs. Les morts se relevaient et me parlaient. Les vivants me fixaient d'un air accusateur. L'odeur du sang... Je pouvais la sentir, elle me donnait la nausée. Mes pensées étaient confuses, embrouillées. J'étais terrifiée, et horriblement seule. Seule avec mes chimères et mes cauchemars. Seule avec moi-même. Je ne parvenais pas à sortir de ce brouillard cotonneux qui me forçait à rester immobile alors que mon corps me criait de m'enfuir. J'étais empêtrée dans mes rêves trop colorés, engluée dans mon état d'apathie. Puis, il y eut un moment où les nuages dans ma tête commencèrent à se dissiper. Lentement mais sûrement, j'émergeai de ce long sommeil infernal. J'entendais des voix, mais ce n'étaient pas celles des personnes je j'avais tuées. C'étaient des voix calmes, posées. Elles disaient des choses comme « Elle va bientôt se réveiller. » « Tu crois qu'elle peut nous entendre ? » « Gardez la morphine à portée de main. » « Sa main a bougé. ». Le son de ces voix était rassurant et les paroles me berçaient, même si je n'en comprenais pas le sens.
Pour la première fois de ma nouvelle vie, j'ouvris les yeux. Aussitôt, la lumière m'agressa, me brûla la rétine. Je les refermai avec un cri. J'essayai de bouger, de m'asseoir, mais j'étais attachée. La panique monta d'un coup, me submergea, me transforma en un animal prêt à tout pour assurer sa survie. Je luttai pour briser les liens qui me retenaient. Les personnes autour de moi n'étaient plus si calmes, à présent. Elles parlaient toutes en même temps, elles criaient. Je ne les comprenais pas. Je ne voulais pas les comprendre. Je ruai, m'agitai dans tous les sens, mordis un bras qui me retenait, donnai un coup de tête dans quelque chose de mou, je me tortillai avec l'énergie du désespoir. Quelqu'un voulut m'injecter quelque chose, mais je bougeais trop. Pourquoi essayait-on de me droguer ? Pourquoi me retenait-on prisonnière ? Qui étaient ces gens ? Je finis par cesser tous mes efforts pour m'échapper. Je laissai ma tête retomber sur l'oreiller et éclatai en sanglots. Je ne comprenais plus rien, j'étais désespérée et terrifiée. Lentement, j'ouvris les yeux. Cette fois, la lumière fit moins mal. Je réussis à distinguer quelques personnes en blanc. Des docteurs ou des infirmiers. me souffla ma mémoire. A présent, ils me parlaient d'un ton rassurant, ils me disaient que j'étais en sécurité, qu'ils n'allaient pas me faire du mal. Ils me disaient des choses étranges : que j'étais au district treize, que j'étais morte aux Jeux mais qu'ils avaient réussi à me ramener à la vie, que quelques autres tributs étaient là aussi et que tout allait bien se passer. Je secouai la tête. C'en était trop, d'un seul coup. Soudain, j'aspirai à retrouver mes rêves étranges. Tout me paraissait préférable à ce flot de paroles sans queue ni tête. Finalement, on me détacha, prudemment, comme si j'étais dangereuse. Je réussis à m'asseoir. Avant que les infirmiers réussissent à me retenir, je soulevai ma chemise d'hôpital pour regarder mon ventre. Ce que je vis me pétrifia. Il n'y avait rien. Pas de trou béant d'où s'échappait mon sang, pas de cicatrice hideuse. Juste une peau plus rosée, nouvelle. Je levai les yeux vers mes docteurs, qui me regardaient avec espoir. Pourquoi? Murmurai-je, tétanisée, effondrée. C'était la première parole cohérente que je prononçais, et ma voix était encore rouillée. Pourtant, tout le monde comprit ma question. Pourquoi m'avaient-ils ramenée à la vie alors que j'étais si bien, là-bas dans les ténèbres infinies de la mort ? Pourquoi m'avaient-ils sauvée alors que je ne leur avais rien demandé ? Ma question choqua certains, en attrista d'autres, offusqua tout le monde. Mais... Tu devrais être reconnaissante. Nous avons fait cela pour toi, Zoé. Bredouilla une femme. C'était ce qu'il ne fallait pas dire. Avant que les autres infirmiers puissent réagir, je me jetai sur elle. Mes mains se refermèrent autour de son cou. C'était facile, je l'avais déjà fait. Cette femme, cette ignorante, devait mourir. Ce n'était pas sa remarque qui m'avait rendue folle de rage. C'était mon nom. Zoé. Oui, c'était ainsi que je m'appelais, avant. C'était un nom lié à la souffrance, à la mort. Maintenant qu'on m'avait donné une nouvelle vie, je voulais la savourer. On ne jette pas ce genre de cadeau aux orties. Alors qu'on m'arrachait au corps de cette pauvre femme, qui hoquetait et crachotait misérablement, et qu'on enfonçait une aiguille dans mon bras, je jurai que j'allais me venger. Seule une personne forte pouvait le faire. Une personne impitoyable dont le nom serait synonyme de haine. Pas Zoé. Erinys.
§§§
Quatre mois. Voilà quatre mois que je me trouvais dans ce fichu trou de lapin, sans l'espoir d'en sortir. Au début, je restais à l'hôpital. J'étais bien, là-bas, au milieu des autres fous et des blessés. Je tripotais mon bracelet en plastique en regardant le plafond. Je dormais. Je mangeais. J'observais la petite infirmière timide que j'avais essayé d'étrangler. Parfois, elle me souriait, mais cela ne faisait qu'attiser ma colère. Elle devait m'en vouloir pour avoir essayé de la tuer, non ? Pourtant, elle était toujours là, elle me parlait gentiment, elle s'occupait de moi... Cette sympathie me dégoûtait. Je ne lui parlais pas, sauf quand j'avais besoin de quelque chose. Je lui faisais peur, sans doute, et cela me plaisait. On finit par m'attribuer une chambre. Un lieu où je pouvais enfin être seule, crier et pleurer autant que je voulais. Pourtant, je fuyais cette pièce comme la peste. Je déambulais dans les couloirs, je regardais les visages mais je ne les voyais pas, j'entendais des conversations mais je ne les écoutais pas. Parfois, je m'endormais. Dans un coin désert. Dans une réserve de vêtements. Dans la chambre d'une femme qui me chassa en criant lorsqu'elle me trouva là. Partout, mais pas dans cette pièce nue où j'étais seule avec mes souvenirs. Puis, il me dit que je devais rester plus souvent dans ma chambre parce que je gênais les gens qui travaillaient. 'Il', c'était mon psychologue. Mon coach. Il voudrait aussi être mon ami, m'avait-il dit. Mon oeil ! Qui voudrait donc se lier d'amitié avec une folle comme moi ? C'était marqué sur mon bracelet, que j'étais tarée. Enfin, avec des mots plus jolis, mais cela revenait à la même chose. Pour plus de sûreté sans doute, ils l'avaient aussi tatoué sur mon poignet à l'encre violette. Je détestais cette couleur. Lorsque je dis ça à mon psy, il répondit que je détestais tout ici. C'était la vérité. Je l'appréciais presque pour ça. Au moins, lui ne répétait pas sans cesse que je devais lui être reconnaissante pour tout ce qu'il faisait pour moi. Cette phrase, je l'entendais déjà mille fois par jour. Etaient-ils vraiment stupides au point où ils s'attendaient à des remerciements de ma part ? Ils devaient bien savoir qu'on ne revient pas comme ça de la mort... En payement de ma dette, la mort m'avait pris une partie de moi, une partie qui ne reviendrait jamais. Je n'étais plus entière ; j'étais fragile. Mes docteurs n'avaient pas réussi à recoller mon coeur brisé comme ils l'avaient fait avec mon corps. Il manquait un morceau, et ça, ils ne le voyaient pas. Ces gens qui vivaient dans cette boîte à sardines souterraine depuis leur enfance ne comprenaient pas que je devenais folle parce que je ne pouvais pas sortir. Mon psy m'avait conseillé de me trouver une occupation, mais les autres m'interdisaient de faire quoi que ce soit d'intéressant. Je ne pouvais pas m'entraîner au maniement des armes. Je ne pouvais pas me promener en surface. Je ne pouvais pas aider en cuisine. Avaient-ils peur que j'essaye de les assassiner ? Que je m'empare d'un couteau à pain pour me suicider ? Cela ne rimait à rien. J'étais sûre qu'ils seraient soulagés si je mourrais. Ils avaient cru sauver une rebelle superpuissante qui pouvait servir leurs intérêts, mais ils se retrouvaient avec une pauvre fille complètement brisée qui ne pouvait même pas aligner trois phrases cohérentes sans éclater en sanglots. J'étais devenue un fardeau, une bouche de plus à nourrir qui ne faisait rien. Lorsque je déambulais dans les couloirs, j'avais l'impression que tout le monde me regardait. Je les entendais presque penser « Regarde, elle est là. Le monstre du district quatre. La meurtrière. La malade mentale. Celle qui a voulu tuer son alliée. Celle qui a assassiné cette pauvre petite, cette Catalina. Un démon sanguinaire. Encore pire qu'un animal. Un danger. ». Je voyais comment les gens s'écartaient de mon chemin, comment les mères serraient plus forts leurs enfants, comment même les combattants évitaient de croiser mon regard. Cela m'étonnait que personne n'ait songé à m'assassiner. Les gens avaient peur de moi, comme s'ils pouvaient être contaminés par mon malheur, comme si je voulais les tuer. Je les avais déçus. Ils savaient que je les détestais. Ils savaient que j'avais insulté Coin et essayé de la frapper. Leurs regards me brûlaient, me condamnaient. Il n'y avait aucune pitié dans leurs yeux qui me suivaient comme si je pouvais exploser à tout moment. Pas des gens sympathiques, ces soldats du district treize. Leurs existences étaient aussi mornes et grises que leurs vêtements et leurs logements. Finalement, je décidai de suivre les conseils de mon psychologue. Je restais dans ma chambre, préférant affronter les fantômes des morts que les regards assassins des vivants. Après quelques jours, j'osai même fermer la porte. Je mangeais mes maigres rations qui n'avaient aucun goût. Je scrutais le plafond et les murs. Avec une petite lame que j'avais réussi à voler, je gravais des dessins dans le mur derrière mon lit. Parfois, je chantais d'une voix incertaine, qui avait perdu sa puissance d'antan. Je me lavais, rapidement. J'avais suspendu un essuie devant le miroir de ma minuscule salle de bains, mais le souvenir de la première fois où j'avais revu mon reflet me hantait. Malgré tout ce que j'avais subi, mon visage n'avait presque pas changé. J'avais toujours les mêmes cheveux blonds et angéliques, même s'ils étaient aujourd'hui coupés courts. Mes yeux étaient du même bleu clair qu'avant, mais la petite flamme qui les habitait était partie, remplacée par un puits sans fin de souffrance, de tristesse et de haine. Ma peau était lisse, comme avant. En effaçant les cicatrices de l’arène, avaient-ils vraiment cru effacer aussi les souvenirs ? Mon visage était trop normal, trop inchangé, trop innocent alors que j'étais détruite à l'intérieur. Je ne voulais plus le voir. Allongée sur mon lit, je comptais lentement jusqu'à mille, encore et encore, jusqu'à l'épuisement. Ma seule distraction était l'arrivée de mes repas et ma petite visite chez mon psy. C'était la seule personne que je n'avais pas envie d'étrangler et qui ne m'énervait pas. Il me parlait, beaucoup. De mon district. De mes Jeux. Du district treize. De l'actualité. Il ne me promettait pas que j'allais redevenir comme avant, ou que tout allait bien se passer. Il ne me parlait pas comme à un enfant débile, il n'essayait pas de me faire gober des mensonges. Moi, je me taisais. J'écoutais, attentivement, mais je ne disais rien. De temps en temps, je hochais la tête. Quand j'en avais marre, je sortais, et il ne me retenait jamais. Parfois, quand j'étais de bonne humeur, je lui parlais de quelque chose. De mon aversion pour le violet, par exemple. Ou de mon ennui, de ce que j'avais mangé, d'une chanson dont je me souvenais. Des petites choses, banales, ennuyeuses. Pourtant, il m'écoutait. C'était gentil de sa part. Après ça, je me levais et je retournais dans mon antre. Il m'avait offert une montre, un objet rare dans les districts. C'était un vieil objet, mais je le chérissais plus que ma propre vie. J'écoutais le tic-tac régulier en souriant. Je regardais le temps passer. Mais je ne dormais pas. La nuit, j'allumais la lumière. Je marchais, je sautais, je dansais pour chasser le sommeil. Parfois, il réussissait à me surprendre et je faisais une petite sieste, avant de me réveiller en criant. J'aurais voulu perdre la mémoire. Cela aurait été préférable à ces souvenirs qui me torturaient et refusaient que je les oublie. J'avais sans doute mauvaise mine, mais je m'en fichais. Cela inquiétait mon psychologue. Il plaida ma cause auprès des autres docteurs. Finalement, ils convinrent que l'isolement était mauvais pour moi et m'autorisèrent à manger au réfectoire. Je n'essayai même pas de leur parler des regards que cela attirerait. Ils me répondraient sans doute que cela allait passer après quelques jours.
Lorsque j'arrivai à la salle de restauration, j'étais soulagée de ne pas porter des menottes, comme un docteur particulièrement désagréable l'avait suggéré. J'attirais déjà assez l'attention comme ça, alors que je portais exactement les mêmes habits que les autres personnes. J'allai chercher mon plateau, ma ration de purée fade. Au moins, on m'avait attribué une table. Comme ça, je ne devais pas choisir où m'asseoir. Je la cherchai, ignorant les regards qui se tournaient vers moi et les conversations qui s'interrompaient à mon passage. Je devais avoir une sale réputation. Cette pensée me fit sourire. Je vous hais. Pensai-je. Je vous hais tous. Toi, et toi, et toi. Cela m'aidait. Finalement, je trouvai ma table. Elle était petite. Deux autres filles y étaient déjà assises. Elles me tournaient le dos. J'inspirai profondément avant de marcher vers elles et de poser mon plateau sur la table sans croiser leur regard. Tant pis si elles ne me trouvaient pas sympathique. Je pris mon verre et me forçai à avaler un peu d'eau. Ce fut la curiosité qui me poussa à lever les yeux pour regarder mes compagnes de table. Erreur fatale. J'eus l'impression que le monde entier me tombait sur la tête. Je lâchai mon verre, qui se brisa en mille morceaux sur mon plateau. C'était une plaisanterie grossière. C'était un cauchemar. C'était impossible. Les deux filles qui étaient assises devant moi étaient des fantômes. J'avais appris la mort de l'une et tué l'autre de ma propre main... et maintenant, elles étaient là, devant moi, aussi réelles que les autres personnes qui nous entouraient. Etait-ce encore une hallucination ? Un mauvais rêve de plus ? L'angoisse et la panique enflèrent rapidement dans mon corps. Non ! Pas une crise, pas maintenant, pas ici ! Je ne voulais pas que tous ces gens me voient en train de me tordre sur le sol en hurlant comme une possédée... Mais je sentais que je perdais les pédales. Soudain, par-dessus l'épaule d'une des filles, je vis un visage familier. Mon cher psychologue... qui m'avait trahi. C'est un test. me dis-je, affolée. Je ne pouvais pas réussir cette épreuve. Je n'étais pas prête... Je ne serai jamais prête pour ça. Je pouvais fuir, je pouvais abattre mon plateau sur leur tête, les tuer pour être sûre qu'elles ne reviendraient plus jamais me hanter... Ou je pouvais rester assise et attendre une réaction de leur part. Kathleen... Catalina... Murmurai-je. Leurs noms. Leurs noms qui revenaient sans cesse dans mes cauchemars. Je revis mon poignard dans le ventre de Catalina, je sentis l'odeur de son sang, je l'entendis de nouveau pleurer... Je me souvins que Kathleen avait sauvé ma vie, alors que je n'avais rien fait pour l'empêcher de mourir... Meurtrière. Monstre. Meurtrière. Monstre. Cette fois, c'était moi qui le pensais. Les gens avaient raison de me détester.
Invité
Sujet: Re: They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys Lun 9 Jan - 22:28
kathleen&erinys&catalina
❝ they don't care about us ❞
Depuis combien de temps étions nous ici ? Trop longtemps. Beaucoup trop longtemps. A quoi servions nous exactement ? Rien, rien si ce n'est décorer les couloirs, la cafétéria du 13. Pourquoi nous avaient-il sauvé ? Il devait bien y avoir une raison ? La partie la plus rationnelle de moi ne pouvait pas croire que c'était juste désintéressé et altruiste. Non, je ne pouvais pas le croire. Nous étions censé servir à quelque chose. Je voulais que nous servions à quelques chose. Avoir survécu était déjà assez dur pour que cela soit pour rien. Non, pas pour rien. Notre existence devait avoir un but. Nous utiliser contre le capitole ? Pas comme soldats en tout cas, nous n'étions que des adolescents perdus. Qui étaient déjà perdus avant de mourir, et qui avions en plus connu des souffrances atroces. Nous revenions tous de loin. De très loin.
Je relevai les yeux vers Kathleen, assise en face de moi, et en train de jouer négligement avec sa fourchette. De loin, nous revenions de loin. Kathleen parlait peu de ses démons, elle se confiait peu. Elle l'avait fait quelques fois, elle avait parlé de son frère et de ses parents quand elle avait tenté de m'aider. Mais elle n'aimais pas ça. Je le savais. Elle avait cette peur au fond d'elle, cette certitude que si elle se confiait elle risquait d'être prise en pitié. J'aurais voulu l'aider. Je tentais de le faire du mieux que je pouvais. Je lui devais tellement. Elle m'avait sauvé la vie, là bas dans l'arêne. Et ici également. En me refaisant parler, en me sortant de ma torpeur. J'avais fais ce que j'avais pu pour lui renvoyer l'ascenseur, dans l'arêne, en l'assistant dans son passage de l'autre côté. Mais ce n'était pas assez. J'avais l'impression que je lui resterait redevable jusqu'à la fin de mes jours. Cela ne dérangeait pas réellement. Mais je voulais l'aider. Elle était la seule personne dont j'étais proche ici. Avec Liyam. Mais Kathleen était celle avec laquelle je passais le plus de temps. Nous avions le même statut ici. Nous avions toutes les deux des journées plutôt vide. Je passais beaucoup de temps à lui parler, elle passait beaucoup de temps à m'écouter. Nous n'avions pas grand chose à faire de toute façon. Je n'avais eu aucun autre contact avec d'ancien tributs, pourtant je savais que nous n'étions pas les seules. Mais je ne connaissais pas les autres. La présence de Kathleen me suffisait. Elle avait cet effet spécial sur moi, comme si elle m'apaisait, comme si elle chassait mes démons. Elle avait même été capable de me refaire rire. Nous évitions de parler de l'arêne à présent. C'était trop douloureux, pour l'une comme pour l'autre. Mais elle me tranquilisait, elle me rassurait. Peut être parce qu'elle avait été la première personne a qui j'avais accepté de parler ici, la seule qui ne soit pas une inconnue. Quand je ne mangeais pas avec Kathleen, je mangeais avec Liyam. Et quand ils étaient tous les deux introuvables, je préférais manger seule. Je ne voulais pas me mélanger à la population d'ici. Il y avait bien Georgia, une adolescente avec laquelle j'avais sympathisé, mais elle ne comptais pas. Elle ne venait pas d'ici non plus. Nous étions tous des étranger au district 13.
Les soldats nous regardaient comme ils regardent tout le monde. Froidement. Mais ce n'était pas le plus dérangeant. Je me fichais de ce regard dépourvu d'émotion. Non le pire, c'était les gens du 13. Eux nous regardaient comme ci... Je ne sais pas, il nous regardaient avec ce mélange de pitié et de peur dans les yeux. Comme si l'un d'entre nous allait dérailler d'un moment à l'autre, et se mettre à crier et tuer toutes les personnes présentes dans la scène. J'essayais de les ignorer. Kathleen un peu moins, je l'avais surprise à leur jeter des regards noir. Je voulais rester discrète ici. Mais tous le monde connaissais nos visage, savait qui nous étions, ce que nous avions vécu. Mais ils ne savaient pas. Ils pensaient savoir, c'était différent. Kathleen, la fille du dix, moi, nous n'étions plus des êtres humains. Du moins plus entièrement, c'était ce que je pensais. Ou des être humain d'un genre différent. Capable de nous comprendre entre nous, mais plus de comprendre le genre humains. Et impossible à décrypter. Nous parlions la même langue, mais ça aurait pu ne pas être le cas que cela aurait été la même chose.
Kathleen fit signe de remplir son verre, mais seule une goutte tomba de la carafe dans son verre. Elle l'attrapa, mais je tendis la main pour l'en empêcher. « Laisse, je vais le faire sois pas ridicule. » Dans un sourire, je me levai pour aller remplir la carafe d'eau. Kathleen marchait avec des béquilles depuis plusieurs jours. Elle avait pété un plomb dans la forêt, ou je ne sais quoi, elle n'en avait pas parlé en détail. Et connaissant Kathleen, je n'avais pas insisté, même si son histoire était peu crédible, j'avais préféré la laisser tranquille. Elle ne me dirait rien si elle n'en avait pas envie. Et elle ne semblait pas en avoir envie. Tant pis, cela ne me dérangeait pas. J'avais tellement de dettes envers cette fille que je ne voulais pas... Je ne sais pas, la brusquer. Et que je faisais du coup ce que je pouvais pour l'aider. Lui porter son plateau, l'empêcher d'avoir à trop marcher...
Je saluai Zayne d'un signe de la tête, alors qu'il rentra dans la salle de réfectoire. Mon mentor. J'avais appris à l'apprécier. Il me laissait ne pas ouvrir la bouche quand il était censé me parler, il me laissait ignorer complètement l'emploi du temps écrit à l'encre violette sur mon bras. Kathleen n'avait fait que se plaindre de la soldate qui devait la gérer ici. Mais quand cette dernière avait disparu, n'était pas rentrée de mission, j'avais vu qu'elle était malgré tout inquiète. Et je la sentais peinée maintenant qu'on lui avait annoncé qu'elel était morte. Morte, c'était fini. Cela me poussait à me rendre compte de la réalité des choses. Je ne savais rien de ce qu'il se passait dehors. Des soldats tu 13 trouvaient la mort. Est ce que c'était la guerre ?
Je me rassis à ma table, tendant la carafe à Kathleen, lorsque je la vis. Derrière Zayne, quelqu'un d'autre rentra. Mon cœur s'agita, comme si il voulait fuir ma poitrine. Je ne voyais pas son visage, mais mon estomac se serra. Ces cheveux blonds. Il étaient plus courts, mais je ne pouvais pas me tromper. Ma respiration s'accéléra. Je lachai la carafe d'eau que je venais de remplir. Kathleen la rattrapa in extrémis, avant de me jeter un regard interrogateur. Elle se dirigeait vers nous, elle venait vers nous. Elle faisait exprès ou quoi bordel ?! Elle s'assit, elle s'assit à notre table. Mes mains se mirent à trembler.
Zoé Williams. La fille qui avait prit ma vie dans l'arêne.
Elle releva les yeux vers nous. Nous dévisagea. « Kathleen... Catalina... Elle semblait surprise. Aussi surprise que moi. Savait-elle que nous avions survécu. Parce que moi je l'ignorais. Comment avait-il pu se passer quatre mois, sans que je ne sache qu'elle avait survécu. Je cherchai le regard de Kathleen, comme une boué, puis je me souvins que je ne lui avais jamais dit qui avait pris ma vie. Peut être l'avait-elle deviné ? Mais je ne lui avait pas dit.
Je me levai précipitement. Sans réfléchir, avant de tenter de m'éloigner de la table. Un main aggripa fermement mon bras. Je levai les yeux vers Kathleen. Puis je dévisageai Zoé. Mon regard fit encore quelques aller retours. Finalement je posai les yeux sur Zoé. « Laisse moi... Laisse moi tranquille. Non, lâche moi... » Zoé ne me tenait pas. C'était Kathleen. Je baissais les yeux vers sa main. Me rendant compte de mes paroles. Je revis sa main. Sa main dans la mienne alors que je mourrais. Celle de Zoé cette fois. Je ne voulais pas. Je faisais des progrés, je guérissais, je ne pouvais pas redevenir l'enfant effrayée que j'avais été en sortant de l'arêne. Mais la fille du 4 la ramenait. Je baissai les yeux vers Kathleen. « Je peux pas Kathleen... » Je la suppliais, comme une enfant qui a peur, une enfant qui ne veut pas que son père ou sa mère la laisse seule le soir dans le noir, une enfant qui a peur le jour de son premier jour d'école.
Non. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas redevenir folle, je ne pouvais pas rester en la présence de la fille du quatre. Je ne lui en voulais pas. Je savais que je ne lui en voulait pas. Non.
J'avais peur d'elle. Du fond de mes trippes j'étais terrorisée.
Kathleen S. Harper
△ correspondances : 11512 △ points : 1 △ multicomptes : ◭ silver & asha △ à Panem depuis le : 21/05/2011△ humeur : ◭ lasse. △ âge du personnage : ◭ vingt-quatre ans.
Sujet: Re: They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys Mar 10 Jan - 23:18
✘ Erinys & Catalina & Kathleen ▬ Everything will be alright.
« J'en avais assez de ces béquilles à la noix. Elles me gênaient plus qu'autre chose, et me donnaient encore plus l'impression d'être inutile ici bas. Déjà que je prenais beaucoup du temps des médecins pour ma thérapie, je leur rajoutait encore en plus du boulot avec une jambe blessée. Souvenir douloureux de ma dernière sortie du district treize. Sortie qui avait pour le moins tourné au vinaigre quand j'avais croisé Alexiane. Bon à vrai dire, ça s'était pas si mal terminé cette histoire. Mais j'avais quand même failli y rester, tout ça parce que mon artère fémorale avait été touchée. Si Alaric n'avait pas été là, je serai morte... Une nouvelle fois. Pour nous éviter des ennuis à tous les deux, nous avions inventé une petite histoire où je perdais les pédales. Encore. Et j'avais dit que j'avais attaqué mon gardien avant de tenter de m'échapper dans la forêt, d'où la flèche dans la jambe. Sûrement avait-on gobé notre mensonge, sinon nous aurions eu à répondre de nos actes. Mais il était clairement hors de question de dire la vérité au sujet de la gagnante des jeux. Alaric avait écopé d'une mise à pieds, et pour ma part, j'avais eu le droit à un séjour en isolement. Deux jours sans sortir de ma chambre d'infirmerie. Super. Enfin, quand on m'avait laissé sortir, j'avais dû expliquer les raisons de mon absence et de ma blessure à Catalina. Bien sûr, je ne lui avait pas non plus donné les bonnes, mais mieux valait éviter. Les sujets Alexiane, arme, ou tout autre chose en rapport avec l'arène étaient sensibles.
Et puis, le fait que Miléna était portée disparue... Enfin déclarée morte m'avait quelque peu chamboulée. J'avais besoin d'une figure d'autorité à laquelle me raccrocher. Même si je me plaignais d'elle, c'était pas si mal comme situation. Elle me servait de repère ici, et l'air de rien, j'avais beaucoup progressé grâce à elle. Je ressentais même... De la peine de savoir qu'elle était peut-être morte. Car non, je ne voulais pas y croire. J'avais entendu Cray leur crier dessus, il n'y avait pas de trace de son corps. Alors je ne voulais pas y croire non plus. J'allais devenir quoi moi si on m'enlevait mes repères ? Autant me rendre aveugle, le résultat final serait identique.
Machinalement, je triais ma nourriture, n'ayant pas tellement d'appétit. Je voulu même prendre de l'eau, seulement, la carafe se trouvait être vide. Je serai bien allée la remplir, seulement Catalina se proposa de le faire à ma place. Elle faisait même tout pour m'aider. « Laisse, je vais le faire sois pas ridicule. » je soupirais en grimaçant. Déjà que d'ordinaire, je n'aimais pas être inactive, mais le fait d'avoir ces béquilles était pire que tout, je ne pouvais rien faire sans avoir besoin d'assistance. La jeune fille du six était vraiment adorable avec moi, mais j'aurai aimer aller chercher l'eau, rien que pour me dégourdir la jambe. Et si quelqu'un s'était avisé de ricaner, il aurait prit un coup de béquille sur le coin du nez, ça l'aurait calmé. Ils m'agaçaient à toujours nous fixer de la sorte. Comme si nous étions des... Monstres de foire. « Merci... » soufflais-je à la brunette tandis qu'elle me tendais la carafe pleine. Seulement, elle sembla ailleurs l'espace d'un instant, fixant un point un peu plus loin. Elle fit même tomber la carafe, que je sauvais in extremis. « Hey attention. » maugréais-je en fronçant les sourcils. Je me retournais pour voir ce qui accaparait comme ça son attention. Ce qui la perturbait au point de la faire trembler de la sorte. Un sourire radieux s'afficha sur mon visage quand je l'aperçus. Zoé. Elle se dirigeait vers nous. C'était la première fois que je la voyais d'aussi près depuis les Jeux. Elle vint même nous rejoindre à la table. « Kathleen... Catalina... » dit la blonde qui n'avait pas l'air spécialement ravie de se trouver ici, et m'étais avis que notre compagnie y était pour quelque chose. Pour ma part, je ne trouvais même pas ça dérangeant. Après tout, Zoé et moi avions été alliées dans l'arène. Ma mort ne nous avait même pas laissé le temps de penser à nous entre-tuer. Une des rares choses bien selon moi. En revanche, je ne pouvais pas en dire autant de Catalina. Elle m'avait parlé de sa mort, de la blonde qui l'avait tuée. Au fur et à mesure, j'avais compris qu'il s'agissait de la jeune fille du quatre. « Zoé. » dis-je en acquiesçant poliment la tête, mon sourire toujours accroché au visage. J'aurai continué en demandant des nouvelles si mon regard n'avait pas été attiré par la jeune fille à ma droite, qui venait de se lever, probablement.... Plus perturbée que ce que je pensais par l'apparition de la blonde. Instinctivement, je lui attrapais le bras pour la retenir. Je ne voulais pas qu'elle... Qu'elle soit effrayée par la présence de Zoé. Elle n'avait pas raison de l'être, pas vrai ? Après tout, si elle était ici, c'est que les médecins avaient estimés qu'elle en était capable, et que par conséquent, elle saurait se contrôler.
Catalina semblait paniquée. Se pourrait-il que sa blonde de meurtrière soit Zoé ? Non. Quand même pas... « Laisse moi...Laisse moi tranquille. Non, lâche moi... » fit-elle en dévisageant l'ancienne tribut du quatre. « Hey... Ça va aller. » murmurais-je doucement pour la rassurer. Elle croisa alors mon regard, et je pu y distinguer toute sa détresse. « Je peux pas Kathleen... » murmura-t-elle dans une supplique. Je me mordis l'intérieur de la joue. Définitivement, il s'était passé quelque chose entre les deux. Je desserrai un peu ma poigne, et lui adressais un sourire rassurant. « S'il te plaît Cat. Tout va bien, okay ? Regarde où nous sommes. T'es en sécurité ici. » autour de nous, il y avait énormément de monde. Dont des infirmiers et des soldats. Si quelque chose venait à arriver, ils pourraient intervenir rapidement, ce que je ne souhaitais pas le moins du monde. Finalement, je lui lâchais le poignet et lui proposais ma main à la place. Se tenir les mains, c'était un drôle de rituel, mais j'étais sûre que ça l'aidait. « Je suis là. Tu sais que je laisserai rien t'arriver. » j'insistais en la fixant, cherchant à capter son regard pour la rassurer du mieux que je pouvais. Je ne voulais pas qu'elle se sente en danger uniquement à cause de la présence de Zoé. Et puis, j'étais sûre que cette dernière avait autant besoin de soutient que nous. Après tout, en quatre mois, on ne l'avait quasiment pas vue, et je doutais qu'elle ait eu beaucoup de contacts avec des gens qu'elle connaissait. Pour ma part, le fait d'avoir Catalina dans mon entourage m'aidait beaucoup. Nous étions liées elle et moi. Je crois même que c'est pour cette raison que je ne lui avait pas parlé de l'origine de ma blessure. Elle haïssait déjà bien assez Alexiane, alors inutile de lui donner une raison supplémentaire de le faire. Ça ne l'aurait pas aidé de savoir ce qu'elle m'avait fait. Finalement, quand Catalina fut de nouveau assise à mes côtés, je reportais mon attention sur Zoé, lui offrant un sourire des plus chalereux. « Ça me fait plaisir de te voir. Comment tu... te sens ? » lui demandais-je en affichant un léger sourire amical. J'allais lui demander comment elle allait, mais ça aurait été manquer de tact. Après tout, moi même, je ne pouvais prétendre aller bien. Personne ne pouvait aller bien après ce genre d'épreuve. Je supposais que Zoé ne faisait pas exception à la règle. »
Zoé E. Williams
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Sujet: Re: They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys Dim 22 Jan - 21:19
Gris. Tout était gris. Mes vêtements. Les murs. Le plafond. Les couvertures. Les essuies. J'étais tombée dans un monde morne, triste, sans couleurs. Un trou de lapins, un labyrinthe souterrain, une fosse commune que certains appelaient 'district'. Je ne serai jamais chez moi, ici. J'avais toujours vécu au grand air, dans mon district d'origine. Le vent, la pluie, le soleil... tout ça me manquait affreusement. J'étais toujours en vie, mais je ne vivais plus. La monotonie grisâtre de ma chambre me plongeait dans une sorte d'hébétude dont je parvenais difficilement à sortir. J'aurais tellement aimé faire quelque chose, rien que pour sortir de mon antre, de mes quelques mètres carrés. J'aurais tellement aimé servir à quelque chose, pour que les gens arrêtent de me regarder comme une paria. Au district Treize, la pitié n'existait pas. En un sens, c'était un soulagement. Je n'aurais pas supporté de voir des gens pleurer sur mon pauvre sort alors qu'ils ne comprennent rien de ce que j'ai vécu. Pourtant, c'était difficile de n'avoir personne à qui parler. Il y avait bien mon psychologue, mais il ne comptait pas vraiment. J'avais besoin d'une amie, de quelqu'un capable d'écouter mes discours échevelés sans s'enfuir, de quelqu'un qui pourrait me voir pleurer sans être dégoûté, de quelqu'un qui ne me considèrerait pas comme une pauvre folle sans avenir. J'en avais marre des regards méprisants lorsque j'éclatais en sanglots au beau milieu d'un couloir, des réprimandes parce que j'étais incapable de travailler, des remarques cruelles qu'on échangeait dans mon dos. Ces habitants du district Treize, étaient-ils vraiment aussi impitoyables ? Leurs coeurs étaient-ils aussi gris et durs que les murs ? Avaient-ils oublié comment sourire ? Et pourquoi, pourquoi m'avaient-ils sauvée ? Pas pour mes beaux yeux. Pour eux, je n'étais personne. Juste un pion de plus dans leur jeu. Un pion devenu inutile. Ils voulaient peut-être que je joue le rôle de tour, ou de cavalier, mais je n'étais que le fou, un triste fou qui encombre le plateau de jeu, un danger pour son propre camp. Ils voulaient que je les aide ? Je ne pouvais pas les aider, j'étais même incapable de m'aider moi-même. La révolution pouvait se passer de moi. Qu'ils aillent donc chercher un autre pauvre héros dans leur boîte à miracles, j'avais déjà assez fait, assez donné, assez souffert. Tant pis si je les décevais. Je n'étais pas là pour leur plaire ou pour jouer au caniche de Coin. Si j'en avais eu l'occasion, je me serais enfuie depuis longtemps, mais j'étais surveillée de près. Comme une criminelle. Ils savaient que je les détestais. Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas me faire confiance. J'avais déjà tué. Je pouvais recommencer. Ma haine était assez forte pour ça. Ils m'avaient rendu la vie par égoïsme, pas pour me faire plaisir. Ils m'avaient rendu la vie alors que je ne voulais que mourir. Ils m'avaient rendu la vie alors que j'étais déjà morte, et que je ne pouvais plus vivre. Un fantôme, voilà ce que j'étais. Incapable de mourir, ou de planter un couteau dans mon propre coeur, mais sans pour autant être en vie. Coincée dans le néant déprimant d'une demi-existence. Mon coeur, mon amour, ma joie : j'avais tout laissé là-bas, dans les ténèbres de la mort. Qu'est-ce que je faisais encore sur Terre ? Pourquoi l'un de ces adorateurs idiots de Coin n'avait-il pas encore eu l'idée de me tirer une balle dans la tête ? Ils m'avaient tous vu, pendant les Jeux. Ils m'avaient vu tuer, ils m'avaient vu mourir. A la télévision, ils avaient suivi la comédie grotesque qu'était devenue mon agonie sous les commentaires des présentateurs. Ne comprenaient-ils donc pas qu'après avoir vécu ça, personne ne peut être reconnaissant d'être encore en vie ? La honte, la honte me tuait à petit feu. Dans le regard des gens, je voyais qu'ils savaient. Ils savaient ce qu'on m'avait fait, ils l'avaient vu, et cela leur faisait peur. Cela les dégoûtait. Ils craignaient d'être contaminés par mon malheur, et ils s'écartaient de mon chemin. Est-ce que je méritais ce traitement, est-ce que je méritais d'être regardée comme une chose immonde, un extraterrestre, une bonne à rien ? Est-ce que je pouvais être condamnée pour leur avoir ouvert les yeux, pour leur avoir appris que vivre est plus difficile que mourir ?
Les docteurs s'étaient enfin mis d'accord. Permission de sortie accordée au petit monstre. Que la fête commence ! Allez-y, regardez-moi bien ! Je suis là pour ça. Votre bête de foire préférée. Je sais parler, aussi, oui, je sais même parler ! Et danser ! Et chanter ! Je mange avec des couverts ! Je me lave tous les jours ! Oui, mesdames et messieurs, le monstre est civilisé. Mais, attention, ne vous approchez pas trop. Le monstre mord parfois, et il a les dents aiguisées... . Pourquoi attirais-je tous les regards ? Ils n'avaient donc rien de mieux à faire ? J'étais leur seule source de distraction ? Ils étaient vraiment pitoyables... Pour la première fois, j'entrai dans le réfectoire, résistant à la tentation de raser les murs. J'allai chercher ma ration et décochai un regard noir à un soldat qui m'avait marché sur le pied. Il battit en retraite sans discuter. Il fallait que je trouve ma place, à présent. La deuxième table dans le coin gauche, m'avait-on dit. Je serrai les dents ; il fallait que je traverse la salle en diagonale pour y arriver. Mes mains tremblaient... Mais je devais être forte. Pas question de me laisser arrêter par une bande de vers de terre du Treize. Je baissai la tête, évitant ainsi de croiser le moindre regard. Cela m'aidait à me calmer, à ne pas lâcher mon plateau pour m'enfuir en courant. Enfin, ma table. Petite, presque vide. Parfait. Je lâchai un soupir. Puis je levai les yeux vers mes voisines de table et ma sérénité vola en éclats. Elles. Kathleen, et Catalina. Deux filles. Deux démons qui peuplaient mes cauchemars. C'était impossible. Non, non, elles ne pouvaient pas être là, devant moi. Kathleen me sourit. Elle était tombée sur sa tête ? Sinon, elle aurait plutôt hurlé de peur. Ou de haine. Elle ne savait donc pas que j'avais tué son amie ? « Zoé. » Pourquoi, parmi tous les mots qu'elle pouvait dire, avait-elle choisi ce nom ? Mon ancien prénom... Instinctivement, je posai mes mains sur mon ventre. Le couteau... je pouvais encore le sentir. Je pouvais encore sentir la brûlure. Non, pas Zoé, je ne pouvais pas penser à Zoé ! Elle avait souffert, trop souffert. Elle n'était plus moi. C'était fini. Il n'y avait plus de couteau. Je me rendis compte que je tremblais, sans pouvoir me contrôler. Mes mains étaient crispées sur mon ventre. Le couteau... Il ne partirait jamais.Non... Murmurai-je, perdue. Zoé...Prononcer ce nom était presque douloureux. ... elle est morte, vous ne le saviez pas ?Je regardai Kathleen, hésitante, confuse. L'autre l'a tuée. Pendant la finale. Elle avait une chance de rentrer au district 4... Mais l'autre l'a tuée. Pendant la finale. Elle l'a tuée. Zoé est morte. Je perdais les pédales. Je ne contrôlais plus rien. Mes pensées tourbillonnaient. Je fermai les yeux et me mordis la lèvre, très fort. Il fallait que je me concentre... Il fallait que je... Erinys. Soulagée, je me raccrochai à ce nom familier. C'est moi. Erinys. C'est comme ça que je m'appelle. Elles devaient avoir compris maintenant, non ? Je lançai un regard incertain à Kathleen, comme un enfant qui a besoin d'être rassuré. L'autre fille s'était levée. Catalina. Celle que j'avais... « Laisse moi...Laisse moi tranquille. Non, lâche moi... » Kathleen répondit quelque chose, sans doute pour la rassurer, mais je n'entendais que les paroles de Catalina, encore et encore. C'était Kathleen qui la retenait, mais c'était à moi qu'elle parlait. « Je peux pas Kathleen... » Murmura-t-elle. « S'il te plaît Cat. Tout va bien, okay ? Regarde où nous sommes. T'es en sécurité ici. Je suis là. Tu sais que je laisserai rien t'arriver. » Je les entendais, mais je ne les comprenais pas. J'étais ailleurs, hors du monde, dans un endroit où personne ne pouvait me faire du mal. « Ça me fait plaisir de te voir. Comment tu... te sens ? » Je mis quelques instants à réaliser qu'elle me parlait. Je... pas bien. Bafouillai-je. J'étouffe ici. Qu'est-ce que je faisais ? Qu'est-ce que j'étais en train de dire ? Pourquoi parlais-je à cette fille, déjà ? Et pourquoi était-elle tellement gentille ? Pas normal, ce n'était pas normal... Qu'est-ce qu'elle voulait ? Pourquoi me posait-elle cette question ? Comment pourrais-je me sentir bien? Chuchotai-je pour moi-même. Comment pourrais-je aller bien?! Cette fois, j'avais élevé la voix. Toi! Je pointai un doigt accusateur vers Kathleen. Tu étais mon amie, mon alliée ! Et tu es MORTE ! Je l'ai entendu, j'ai vu ton visage dans le ciel ! Et je t'ai pleurée ! Je crevais de tristesse pendant que tu étais ici, au Treize, et que tu avais droit à trois repas par jours et à un lit bien chaud! Toute ma fureur et ma peine, tout ce que j'emmagasinais depuis quatre mois, sortait d'un coup. La colère me contrôlait, me possédait. Et toi... Cette fois, c'est Catalina que je regardai. Son visage, la peur que j'y lisais... C'est ce qui acheva de me rendre folle. JE T'AI TUEE ! JE T'AI TUEE ET J'ETAIS HEUREUSE, HEUREUSE PARCE QUE C'ETAIT TOI QUI MOURRAIT ET QUE J'ETAIS TOUJOURS EN VIE ! J'AI PLANTE LE COUTEAU DANS TON VENTRE ET JE T'AI REGARDEE MOURIR! Je me rendis compte que j'hurlais, et que tout le monde me regardait, mais je m'en fichais. Ils pouvaient tous crever… crever… Aussi rapidement qu'elle était venue, ma colère se dissipa. Je me tassai sur ma chaise, retenant à grand-peine les larmes qui me piquaient les yeux. Et pourtant... vous êtes là... Ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? Dites-moi que ce n'est pas possible. Je les suppliais presque. Je ne savais plus quoi faire. J'étais perdue, définitivement, irrévocablement.
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Sujet: Re: They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys
They don't care about us - Kathleen&Catalina&Erinys