YOU KICK UP THE LEAVES AND THE MAGIC IS LOST Ҩ « Well you need a blue sky holiday, the point is they laugh at what you say and I don't need no carryin' on ... You had a bad day, you're taking one down, you sing a sad song just to turn it around. You say you don't know, you tell me don't lie, you work at a smile and you go for a ride ; You had a bad day, the camera don't lie, you're coming back down and you really don't mind, you had a bad day »

Laciann Ҩ Thybalt

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Les journées d'hiver se suivaient et se ressemblaient dans le district cinq et dans tout Panem ; C'était une saison morose, dont on avait toujours hâte de sortir et que l'on espérait voir revenir le plus lentement possible. Pareille à l'époque qui précédait chaque moisson et rendait les gens tendus, l'hiver réveillait les inquiétudes et rendait méfiant. C'était une saison creuse, les récoltes ne donnaient rien et les troupeaux restaient dans le coin en attendant le retour des beaux jours pour retourner courir les pâturages ; Les abattoirs ne marchaient jamais à meilleure cadence, on faisait des réserves pour la saison à venir et une odeur de mort s'en dégageait du matin au soir. Personne n'aimait travailler aux abattoirs, mais pourtant beaucoup le faisaient car le salaire à lui seul réussissait à convaincre les plus désespérés ; Thybalt était dans ces moments là bien content que Magnus ait accumulé assez durant sa vie de vainqueur pour le laisser à l'abri du besoin pour un bon moment encore ... Travailler aux abattoirs il ne pourrait tout simplement pas, c'était au dessus de ses forces. Et pourtant, il savait bien que sans Magnus il n'aurait peut-être pas eut le choix, car il fallait être honnête il était peut-être futé et roi de la débrouillardise, il n'en demeurait pas moins que tout ce qu'il savait et tout ce qu'il avait appris au fil des années il le devait à Magnus et à personne d'autre ... Il lui avait transmis la passion pour son métier, et il lui avait par ailleurs après à ne pas considérer cela comme un métier à part entière mais comme un service rendu au titre de l'altruisme. L'altruisme, un rêve que l'on pouvait se permettre uniquement quand une rente de champion pouvait vous permettre d'accepter des gens qu'ils vous payent avec ce qu'ils avaient, que cela fusse un poule, un litre d'huile ou un petit sac de farine. Thybalt était peut-être un peu privilégié dans un sens, pas autant que les "grands" du district bien sûr mais il n'était pas parmi les plus à plaindre, et cela il en avait totalement conscience.
Ce jour là n'avait pas été très différent des autres journées d'hiver que Thybalt avait pu connaitre au district cinq, il n'avait même pas croisé grand monde hormis une femme venue comme plusieurs fois déjà pour tenter de faire soigner une toux qui ne la quittait plus depuis de nombreux mois déjà ... Le jeune homme en avait eut un pincement au coeur ; Il savait quel mal la rongeait désormais, il le savait puisque c'était plus ou moins le même qui avait emporté Magnus l'hiver précédent. Il se souvenait même encore de ce que son père adoptif lui avait dit à ce sujet « Y'a une chose contre laquelle ni toi ni moi ne pouvons rien faire gamin ... la vieillesse. » Mais comment expliqueriez-vous à une femme qui n'a qu'un seul espoir, celui de voir le dernier de ses petits-enfants survivre à sa dernière moisson l'été prochain, qu'elle ne le pourra peut-être pas ? C'était injuste, parfaitement injuste, et cela faisait partie de ces rares moments où le jeune homme réalisait que son métier avait aussi un gros revers de médaille.

Pour s'occuper, et profiter un peu de ce que les températures étaient relativement acceptables pour la saison, Thybalt avait passé la fin de l'après-midi à retourner la terre de son jardin et à cueillir ou soigner les rares plantes qui réussissaient à tenir durant l'hiver ; Pour la plupart il s'agissait d'herbes médicinales, ou destinées à diverses tisanes aux utilités plus que variées. Y'avait celle tout au bout du jardin aussi, aux vertus particulièrement relaxantes et dont Thybalt n'hésitait pas, parfois, à user pour sa propre consommation ... Faut bien tuer la solitude comme on dit. Et depuis que Magnus n'était plus là, la solitude, c'était presque devenue sa maitresse. Le dernier cadeau de Magnus c'était cette maison, celle dans laquelle il avait grandi mais qu'il aurait pourtant du quitter une fois son père mort ... Mais non, allez savoir comment ce vieux loup de me avait réussi à s'attirer assez les faveurs d'un pacificateur pour permettre à Thybalt d'y rester ensuite. Y'avait un paquet de choses que Thybalt ne connaissait pas à propos de son père adoptif, de nombreuses zones d'ombres dont il ne soupçonnait pas forcément l'existence, mais ce qui était certain c'était que le vieux avait toujours su avoir ce qu'il désirait sans pour autant devoir renoncer à ses idées ; Il n'aimait pas les pacificateurs, personne ne les aimait de toute manière, mais pourtant il avait réussi à ne pas se les mettre à dos. Et ça, c'était quelque chose que Thybalt lui avait beaucoup moins réussi, comme si sa seule attitude avait eut pour conséquence de taper sur les nerfs des toutous du Capitole.
Magnus, c'était encore une fois à lui qu'il pensait lorsque le cours de sa pensée fut interrompu par un bruit de portail qui grince et d'un pas qu'il aurait pu reconnaitre entre mille tant il l'avait entendu depuis son enfance. Un sourire mi-moqueur mi-intrépide se dessinant sur son visage par automatisme, il s'était à peine retourné que ce dont il était déjà certain se confirmait sous ses yeux, la voisine avait quitté sa maison pour venir s'aventurer dans son jardin ... Dans quel but ? C'était la seule question qui se posait encore, bien que le simple fait de venir l'enquiquiner un peu était bien souvent une raison valable à sa venue.

« Tiens, tiens, tiens ... Grand Val qui m'honore de sa présence en ce début de soirée d'hiver » Il avait toujours ce ton un peu moqueur lorsqu'il s'adressait à elle, mais il ne fallait pas non plus s'y tromper, ce n'était pas méchant venant de sa part. Disons simplement qu'asticoter la demoiselle était un passe-temps qui lui plaisait particulièrement, sans doute parce qu'elle démarrait toujours au quart de tour. « Et t'es venue sans tes affreuses bestioles ? C'est presque mon anniversaire ma parole ! » Ses affreuses bestioles, c'était là tout le point de discorde entre les deux jeunes gens, Thybalt s'étant pratiquement mis dans la tête que les moutons de la jeune femme avaient levé une vendetta contre lui et travaillaient dans l'ombre pour avoir sa peau. Si si, parfaitement.

Laciann, puisque c'était ainsi qu'elle se nommait, était sa voisine depuis aussi longtemps qu'il réussissait à s'en souvenir ... Oui, il était persuadé qu'elle avait toujours vécu ici, et pour cette raison elle faisait à ses yeux partie du décor au même titre que le reste du quartier. Oh ce n'était pas à prendre de façon péjorative hein, il y avait "faire partie du décor" pour parler d'un fissure dans un mur ou de mauvaise herbe qui repoussait toujours au même endroit, et il y avait "faire partie du décor" dans le sens de Laciann, c'est à dire avoir toujours été là, au point que lorsqu'elle n'y était plus y'avait comme un truc bizarre, un truc qui manquait. Mais enfin n'essayez pas de demander à Thybalt de vous expliquer cela, tout d'abord parce qu'il en serait bien capable et surtout parce qu'il préférait bien avaler sa langue plutôt que d'avouer que oui, Laciann faisait partie de son décor.

Here I lie forever Ҩ « Sorrow still remains. Will the water pull me down and wash it all away. Come and take me over. Welcome to the game. Will the current drag me down and carry me away. Suddenly the light begins to fade. Hopeless. I'm falling down Filthy. I can't wake up. I can not hold on. I will not let go. Worthless, it's over now Guilty there's no way out, I can not hold on. I will not let go. Silent I go under. I am not afraid. I can see the daylight shine and slowly drift away, safe to say it's over. Sink into the grave There is nothing left inside but I am wide awake. I can hear the devil call my name »

Thythy Ҩ Grand Val

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Il me fallait me rendre chez mon voisin Homens aujourd'hui. Dis comme ça, on pourrait presque se demander ce que j'allais y faire mais j'avais déjà tout calculer, il allait prendre cher le jeune homme à croire qu'il ... pourrait caresser mes petites brebis. Ce que je peux vous affirmer c'est qu'elles sont comme moi, elle ne l'aime pas tant que ça, pas autant que ce qu'il pense en tout cas, et elles le lui font savoir mais j'allais être sage aujourd'hui, je n’emmènerais que Thyblatou avec moi. C'était celui qui dès sa naissance avait adopté Thybalt comme s'il en était le père alors que ce ne pouvait être le cas, Homens n'avait pas pu engendré une de mes brebis. D'ailleurs cette pensée me fit sourire. Je sais, j'en connais certains qui seraient dégoûtés de penser à ça mais le visualiser dans cette situation, le pantalon baissé à l'arrière d'une brebis c'est tout simplement digne d'un don humoristique, il n'y a que dans mes délires les plus délirants que cette image serait possible. Mais là, je n'étais pas en train de délirer, je n'avais rien pris qui puisse me mettre dans un tel délire, même l'espace de quelques instants. De toute façon, nous étions en hiver, alors tout ce que je pourrais trouver de bien est soit enfouis sous la neige, soit encore à l'état de foetus plantaire. Il était encore tôt pour moi, 5 heures du matin, je me levais simplement pour prendre un petit déjeuner simple, une douche, avant de faire la traite de mes moutons. Il ne faisait pas très chaud dans la maison, le feu était presque éteint mais il restait quelques braises flamboyantes, il repartirait vite pour que la pièce retrouve une chaleur presque humaine. Il faut dire que la maison était vide depuis le départ de celle qui m'avait appris beaucoup de choses. Je sentais un grand vide en tout cas, comme si la moisson était venu reprendre son bien des années après. Mes parents n'étaient pas non plus là. Je sais, j'ai 28 ans et je vis encore chez mes parents, mais c'était là aussi que vivait ma grand-mère, autrement dit, c'est un peu la maison familiale et je me vois mal la quitter pour un autre endroit. Je suis dans le district 5 depuis longtemps et même si j'ai pu voir d'autres districts en toute illégalité, c'est ici chez moi et nul part ailleurs. Je dois vivre à côté de ce cher Thybalt Magnus Homens, soit disant guérisseur de son district, même si pour moi il mériterait plus de se faire appeler Charles Attends parce que je ne crois pas qu'il puisse faire quelques choses de vraiment positif pour ceux qui vont le voir. Moi au moins, je peux fournir de la laine et réchauffer mes compatriotes, lui, il ne sait pas les réchauffer, quoique, certaines clientes peu scrupuleuses sont sans doute venue le voir pour un lavage des parties intimes, enfin je dis ça, mais je ne sais pas, je ne fais que supposer. En même temps, je n'ai pas envie de vérifier cela, l'idée qu'il puisse le faire avec une de mes bêtes m’effraie assez déjà. Je me levais donc pour prendre ma douche tranquillement dans la salle de bain, un mince filet d'eau finissant de me réveiller. Vous allez peut être me faire remarquer que je n'ai pas enlevé mon pyjama mais c'est bien simple, je n'en porte pas alors je peux aller directement sous la douche sans le moindre soupçon. Après quelques minutes, me voilà donc toute propre, prête à faire ma journée de travail même si aujourd'hui, il n'y avait pas de promenade de prévue avec Thyblatou et les autres. Je me glissais dans mon peignoir favoris puis je prenais donc mon petit déjeuner, un oeuf au plat, aussi qu'un tranche de bacon grillée, et quelques tartines toastées ferraient l'affaire. C'est à ce moment là que j'ai entendu ma mère rentrer à la maison. Elle me salua par un baiser sur la joue droite avant qu'une petite discussion sans prétention se face entre nous deux. C'est là que j'ai pu voir le fossé qu'il y avait entre nous. Si durant mon adolescence cela allait depuis que j'étais devenue bergère, nous ne nous parlions plus vraiment, et cela était encore plus flagrant depuis que notre vieille n'était plus de ce monde malheureusement. Mais que voulez-vous, je vivais ma vie tranquillement, je jouais à la bergère, enfin si l'on veut parce que c'était mon métier que je prenais au sérieux mais il y avait une part de jeu dans tout ça. Quelle petite fille a toujours rêver de devenir bergère plus tard ? Je n'en connais pas énormément, en tout cas, ce n'est pas à cela que je me prédestinais même si je savais que j'avais de grande chance de le devenir.

Bref, la journée passa sans que je ne m'en aperçoive vraiment. Il faut dire que j'aimais passé du temps avec mes brebis mais bizarrement, il semblerait que la non-balade du jour manque à Thyblatou. Alors, je lui ai mis son collier spécifique, comme s'il était un chien et je suis partie mais il ne voulait pas venir avec moi. Parfois je ne le comprenais pas, lui le mouton le plus indépendant du troupeau, sans doute le plus intelligent, enfin sans doute, n'en faisait qu'à sa tête. Bref, je partais devant, j'avais à faire un petit tour chez Homens de toute façon, alors il me suivrait s'il en avait envie. Mais ce n'était pas le plus bizarre, je vous rassure. A peine étais-je sortie de chez moi que Thybalt me tint à peu près ce langage : « Tiens, tiens, tiens ... Grand Val qui m'honore de sa présence en ce début de soirée d'hiver » « Et t'es venue sans tes affreuses bestioles ? C'est presque mon anniversaire ma parole ! » Je le reconnaissais bien là dans ces propos, ce qui m'étonnait le plus c'était la rapidité à laquelle il avait dégainé ces quelques paroles. Il me surveillait ou quoi ? Il faut dire que nous étions arrivé en soirée, alors tout individu suspect dans sa propriété devait peut être l'inquiéter. Je n'étais pas du genre à faire peur, du moins, je ne pense pas mais on ne sait jamais.
" Tu devrais noter ce jour sur ton calendrier Thythy, c'est pas tout les jours que je viens te voir à l'improviste comme ça. D'ailleurs mes affreuses bestioles se languissent de ta prochaine visite à la bergerie. Pour ton anniversaire, si tu veux je t'offrirais mon mouton le plus affectueux, cela te ferra de la compagnie et ça te servira de tondeuse à gazon aussi très pratique, tu ne trouve pas ? "
Juste à ce moment là j'entendais un bêlement de mouton, mon petit Thyblatou venait d'arriver dans un parfait timing pour faire déchanter Homens.

Au village des vainqueurs du cinquième district quatre maisons étaient occupées ; Magnus ayant été le premier gagnant du district, lors de la vingt-sixième édition des hunger games, il avait vécu un temps seul dans le village avant d'être rejoint par la grand-mère de Laciann cinq ans plus tard. Il avait fallut ensuite attendre trente ans avant que ke village ne compte un habitant de plus, puis deux : Alecto et Salem avaient gagné les jeux l'un à la suite de l'autre, lors des éditions soixante-et-une et soixante-deux, mettant fin à une sorte de malédiction qui voulait que les années précédentes les deux tributs du cinquième district périssent relativement vite dans l'arène, lors de la ruée à la Corne d'Abondance ou peu de temps après cela. Finalement Thybalt avait donc rapidement été rejoint par des personnes de son âge au village, et il n'avait pas su alors s'il devait se sentir chanceux d'avoir lui-même échappé toute sa vie à la Moisson ou bien au contraire s'il devait se sentir fautif de toujours conserver cette part d'innocence que seuls ceux qui avaient été envoyés à l'arène perdaient, et perdaient à jamais. Parfois Alecto avait toujours les yeux dans le vague et l'air de cauchemarder éveillé, parfois Salem n'était plus seulement sur la défensive mais carrément hargneuse ... et à chaque fois Thybalt avait le même réflexe, celui de ne rien dire, de faire celui qui ne voyait rien. Il n'avait jamais osé questionner Magnus à propos de son expérience durant les jeux, tout comme il savait qu'il ne questionnerait jamais Alecto, et encore moins Salem à ce sujet ... Les concernant il avait de toute manière pu voir les choses de lui-même sur son poste de télévision, puisque comme tous les habitants de Panem, fils de gagnant ou non il était obligé de les regarder, et d'affronter la mort tout en sachant que pour deux enfants de son district elle était réelle. Tout cela il avait appris à s'en détacher, après avoir atteint dix-huit ans et échappé aux hunger games de façon définitive il avait fait en sorte de regarder cela comme si ce n'était pas réel, et sa cgance avait été que pendant dix ans n'avaient été tirés au sort que des enfants qu'il ne connaissait pas, ou alors vaguement de vue ... c'était plus facile. Jusqu'à l'an dernier.
L'an dernier le district cinq avait fait partie de ces districts victime de l'expiation. Ils n'avaient pas cédé un garçon et une fille, mais deux garçons et deux filles ... Deux chances de plus de voir un gagnant revenir ? Non, seulement deux familles endeuillées de plus, seulement quatre adolescents envoyés à la mort pour le plaisir d'une minorité, pour continuer à faire marcher ces jeux du cirque modernes. Et parmi eux il y avait Luna, seize ans ; Thybalt s'était lié d'amitié avec la mère de Luna voilà plusieurs années, peu de temps après que le père de la fillette ne soit exécuté pour ses activités à la solde des rebelles. A cette femme il ne restait plus que sa fille, et chaque année les douze ans de l'enfant elle se rendait malade des semaines à l'avance à l'idée que sa chair et son sang puisse être envoyée à la mort. Chaque année Thybalt les accompagnait le jour de la moisson, chaque année il tenait la main de la mère dans la sienne en attendant que les noms soit tirés au sort, chaque année il les raccompagnait ensuite toutes les deux chez elle ... Mais pas l'année dernière. L'année dernière Luna avait été tirée au sort, avec une dénommée Kristen, et deux garçons qu'il ne connaissait que vaguement de vue, Elliot et James, et sa mère avait manquer s'évanouir en voyant sa petite fille monter sur l'estrade en tentant de rester digne. Lune était morte le sixième jour, elle était la dernière des tributs du cinquième district à avoir survécu, une journée seulement avant que les jeux ne trouvent leur gagnante. Et cette année la moisson allait à nouveau planer sur le village des gagnants, car la fille de Salem venait d'atteindre ses douze ans, et quand reviendrait l'été Pixie devrait à son tour prendre place dans les rangs des enfants en sursis sur la place de la mairie. Voilà pourquoi peu importait que l'hiver soit rude ou non cette année, au village des gagnants on avait pas envie de le voir se terminer, et on savait qu'il en serait ainsi pendant les huit prochaines années, dans le meilleur des cas.

C'était à tout cela que Thybalt pensait de façon décousue lorsque le fil de ses pensées avait été interrompu par l'arrivée à l'improviste de Laciann Grand Val, fille de gagnante tout comme lui était fils de gagnant, et caractère de chien tout comme lui aussi malheureusement. Comme à son habitude Thybalt l'avait accueilli de son air moqueur, presque narquois, celui qu'il ne pouvait s'empêcher d'adopter envers la jeune femme tant elle avait le don de se montrer encore plus exaspérante que lui quand elle le voulait. Et croyez-bien que pour être plus fatiguant que Thybalt il fallait déjà franchement y mettre du sien. Pourquoi était-elle là d'ailleurs ? C'était ce que notre jeune homme n'avait pu résister à lui demander lorsqu'elle était arrivée à sa hauteur et l'avait fixé de son air faussement innocent, mais naturellement fourbe.

« Tu devrais noter ce jour sur ton calendrier Thythy, c'est pas tout les jours que je viens te voir à l'improviste comme ça. D'ailleurs mes affreuses bestioles se languissent de ta prochaine visite à la bergerie. » Sans même pouvoir s'en empêcher Thybalt avait levé les yeux au ciel en guise de première réponse aux paroles de Laciann ; Cette façon qu'elle avait de toujours le prendre au mot, c'était d'un fatiguant. Croisant les bras d'un air boudeur, il n'avait pas pu s'empêcher de prendre la mouche lorsqu'elle avait considéré avec un certain amusement sa situation vis-à-vis des affreuses bestioles qu'elle élevait. « Et moi je me languis de les avoir cuites à point dans mon assiette. Tu sais quoi m'offrir pour mon anniversaire comme ça ... oublie pas de le marquer sur ton calendrier aussi. » Le paradoxe en fin de compte était de savoir que Thybalt n'avait pas de véritable date d'anniversaire. Puisqu'il était un enfant trouvé, et puisqu'il n'avait aucun souvenir de ce qui avait bien pu lui arriver avant que Magnus ne le découvre pieds nus, débraillé et couvert de boue dans la forêt, il ne savait forcément pas non plus quand au juste il était né. Mais le problème avait vite été réglé le jour où Magnus avait décrété que le jour où il avait trouvé Thybalt dans la forêt serait le jour de son anniversaire. L'anniversaire justement, Laciann semblait ne pas en avoir fini à ce sujet « Pour ton anniversaire, si tu veux je t'offrirais mon mouton le plus affectueux, cela te ferra de la compagnie et ça te servira de tondeuse à gazon aussi très pratique, tu ne trouve pas ? » La grimace de dégoût qui était apparue sur le visage de Thybalt en guise de réponse à la jeune femme se transforma instantanément en crispation lorsque derrière elle se fit entendre un bêlement approbateur. Quelques secondes plus tard un mouton au regard que Thybalt interprétait comme de l'hostilité pure passait le portail devant sa maison et trottinait jusqu'à s'arrêter à deux mètres à peine d'eux. « Fais déguerpir ton satané gigot sur pattes de mon jardin ... dis lui de partir ! » Un nouveau bêlement désapprobateur eut pour effet de le faire lâcher Laciann du regard pour poser plus longuement ses yeux sur l'animal ; Il avait cette tâche blanche sur une de ses pattes et l’œil aussi fourbe que sa propriétaire, ce n'était pas n'importe lequel de ses moutons. « Tu réalises qu'il finira sans doute en sauce dans un banquet du Capitole ? J'en reviens pas que t'es osé donner un nom à cet animal de malheur, tu l'as dressé pour m'emmerder celui-là avoue ! »

Thybalt avait conscience d'être totalement irrationnel, il ne pensait même pas réellement qu'un mouton quel qu'il soit puisse constituer un quelconque danger pour lui. Il était sérieux lorsqu'il disait que ce n'était rien de plus pour lui qu'un morceau de viande en devenir. Mais celui-là, celui-là c'était différent ... Il venait en permanence trainer autour de la maison de Thybalt, il mâchouillait les fleurs, il piétinait l'herbe, et il avait même déjà mordu le jeune homme en guise de représailles un jour où il avait voulu le faire dégage de son jardin à coups de pieds. Ce mouton avait un côté emmerdeur de première, et il avait fallut que Laciann s'amuse à lui donner un nom en rapport avec le sien. Thyblatou, Thybalt aurait sans doute pu se rouler par terre tant la chose était ridicule, si tenté que cela n'ait pas eut pour objet de se foutre ouvertement de lui. Quoi qu'il en soit tout cela ne répondait pas à son questionnement de départ, Thybalt ne savait toujours pas ce que la Grand Val venait faire chez lui, outre lui pomper son oxygène et lui taper sur le système nerveux.