Amanda n'avait pas pour habitude de se lier rapidement. Il lui fallait beaucoup de temps en général pour accorder sa confiance à quelqu'un. Parfois, elle se comportait envers les autres avec une froideur glaciale. Elle ne l'avouera certainement jamais, mais depuis qu'elle avait vue sa soeur de coeur partir pour les jeux; elle n'avait plus confiance en la vie. Ouais, quand son petit monde avait proprement volé en éclat elle avait cessée à tout jamais de croire en sa bonne étoile. Il y avait encore une goutte, une once infinitésimale d'espoir qui sommeillait au plus profond d'elle même, qu'elle réservait pour le futur. L'avenir, vaste trou noir rempli de rêves de changements dans l'esprit de la jeune fille. Mais à mesure que le temps passait et que sa situation misérable ne faisait qu'empirer de jours en jours, la perspective d'un retournement de veste de la part de cette putain d'existence semblai des plus dérisoires.
Pour la première fois depuis des lustres, elle se trouvait devant quelqu'un de bien. Une personne qui ne lui donnait pas envie de fuir à toutes jambes, qui ne lui inspirait aucune forme de danger ou de malhonnêteté. Elle sentait qu'avec cette jeune fille âgée de quelques années à peine de plus qu'elle, elle pouvait parler, ouvrir son coeur; sans la crainte perpétuelle pour elle ou sa famille. Avec le temps, Mandy' avait prit l'habitude de se méfier de tout. Chaque action bienveillante, sans arrière pensée, était à même d'éveiller son attention et de l'apeurer. Elle souhaitait s'accrocher à ce pauvre espoir, cette pitoyable espérance que demain serait merveilleux. Que c'était pour cette raison qu'elle se battait chaque jour, qu'elle affrontait le monde entier et que des marques sanglantes parsemaient son dos.
Alice eut un léger rire. Entendre quelqu'un rire, ce son si rare qui le plus souvent mourrait dans sa gorge en songeant aux Jeux, au monde qui en tournait pas rond et qui allait bien avoir raison d'elle un de ces jours. Non, la demoiselle ne riait pas beaucoup. Pourtant, cela ne lui sembla pas déplacée. Au fond, Amanda préférait voir rire son amie d'une situation désespérée qu'en pleurer.
"Wahou, bah dis donc ! Ces sales chien t'on bien fait chiez ma pauvre ! Moi de même il m'ont prit toute ma vie. Moi je ne crois pas au destin, je suis plutôt une personne qui ne crois ce qu'elle ne peut voir pour toucher. Bizarre hein ?"
La gamine fût impressionnée. Elle fût définitivement convaincue que la blondinette était une personne de confiance. Mais comment faisait-elle ? Désireuse d'instaurer une ambiance plus légère, elle se laissa gagner par la bonne humeur et se leva d'un bond. Elle était à présent rassasiée, réchauffée, à peu près propre depuis son petit saut dans le lac. Amanda se sentait revigorée, le petit coup de pouce de sa nouvelle alliée avait suffit pour lui redonner l'énergie dont elle avait besoin. D'un geste lasse, elle mit de côté la journée terrible qui venait de s'écouler. Elle ne voulait plus repenser à cet infâme Pacificateur qui n'avait pas hésité un seul instant à la traînée sur la place publique et à ... à ... C'était vraiment trop affreux, trop terrifiant, trop humiliant. La jeune fille avait crue voir son heure arrivée cette après-midi, et elle sentait qu'il s'en était fallut d'un cheveux que son coeur batte toujours après les dizaines de coups de fouet.
Elle ferma les yeux et fit le vide. Elle relayait la souffrance, la douleur, pour plus tard. Elle voulait s'amuse, profiter de l'insouciance défendue de son âge auquel elle n'avait quasiment jamais eut l'occasion de goûter. Elle enleva ses chaussures pour la deuxième fois, son T-shirt et piqua une tête dans les eaux noires du lac. Avec la nuit qui tombait, seul le feu d'Alice éclairait quelque chose. La forêt bruissait de milles bruits étrange alors qu'elle esquissait quelques brasses dans l'eau gelée en souriant comme une délurée.
"Vient !", s'écria t'elle.
Plus que tout, elle avait besoin de s'amuser un peu. Oui, ils n'y voyaient presque rien, oui, l'eau était glaciale, oui ... C'était complètement stupide. Et alors ?