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 These violent delights have violent ends ღ JERINYS

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Zoé E. Williams
DISTRICT 4
Zoé E. Williams
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MessageSujet: These violent delights have violent ends ღ JERINYS   These violent delights have violent ends ღ  JERINYS Icon_minitimeDim 14 Oct - 13:48


'These violent delights have violent ends
And in their triumph die, like fire and powder
Which, as they kiss, consume'

W. Shakespeare

Noir. Froid. Humide. Pas un bruit.

S'il vous plaît, faites que ce soit un cauchemar, un simple cauchemar.

Noir comme un gouffre sans fond. Noir comme un four. Noir épais comme de la poix, qui m'environne, emplit le vide, emplit mes yeux, mes oreilles, ma gorge et mes poumons. Froid qui ronge, qui tiraille. Froid qui pétrifie et affaiblit, impitoyable et sournois. Froid qui me fait presque oublier la signification du mot 'chaleur'. Humidité permanente, glaçante. Humidité qui colle à la peau et fait glisser le sol. Humidité visqueuse, qui imprègne les murs et fait luire leurs anciennes tâches de sang.

Je vais bientôt me réveiller. Bientôt. Oui.

Conversations à mi-voix dont je ne comprends pas un mot. Doux tintement de clés, serrure qui grince. Pas ma serrure. La porte reste close. Odeur de paille moisie, de pourriture, de sang. Course furtive des rats dans le noir. Si je pouvais en attraper un, je le mangerais. 'Manger', c'était le mot à ne pas prononcer. Mon estomac proteste bruyamment. Quelle heure est-il ? Quel jour ? Quel mois ? Une femme crie. Je me bouche les oreilles. Ici, c'est chacun pour soi.

Il faut que je sorte d'ici ! Il faut que je sorte ! C'est une erreur, une horrible erreur ! Je n'ai rien à faire ici!

On ne me demande rien. Cela aurait peut-être rendu les choses plus faciles. Si on avait posé un couteau sur ma gorge, si on m'avait demandé des noms, des stratégies. On ne me demande rien et je ne sais pas ce qu'on attend de moi. J'ai tellement faim. Je ne me souviens même plus du goût du dernier repas. De la soupe. J'ai raclé le fond du bol et trouvé un navet ridicule, mal cuit. Je l'ai dévoré. J'aurais dû le garder.

« Laissez-moi sortir ! »

Cette fois, j'ai crié. Ma voix rauque ne porte pas bien loin. Je m'abîme les poings contre les barreaux en fer. On ne me laissera jamais sortir.
Soudain, la lumière. Une lumière aveuglante. Je me recroqueville en gémissant. La lumière me transperce les pupilles, trop violente. Moi qui l'appelais de toute ma volonté, je veux à présent qu'elle disparaisse. Je préfère encore le noir.

Même la lumière finit par s'éteindre. Soulagée, j'ouvre les yeux. Plus rien ne se passe. Plus rien.
Pas un bruit. Juste le son étouffé de gouttes d'eau qui s'écrasent sur la pierre, quelque part. Bruit agaçant, à me rendre folle. Je meurs de soif.

Pas un bruit. Pas un bruit. Je crois que je suis morte.


Je pensais connaître, connaître vraiment, la souffrance mentale. Cent fois, j'avais eu l'impression de devenir folle dans l'arène. Pourtant, ce n'était rien, absolument rien, à côté de ce que j'endurais à présent. J'ignorais depuis combien de temps j'étais enfermée, sans aucun contact humain, dans la prison souterraine du District 4. De temps en temps, on m'apportait de la nourriture. Jamais à des heures régulières. J'avais tellement faim que je dévorais tout : le pain rassis, la soupe trop claire, le morceau de fromage caoutchouteux. Mon estomac grondait sa faim, ma langue n'était plus qu'un vieux morceau de cuir desséché. Je ne voyais personne. Personne ne me parlait. Il n'y avait que le bruit des rats, et de temps en temps des autres prisonniers. Ma cellule était nue et vide. Le tas de paille qui me servait de couche puait la sueur et l'urine. Depuis combien de temps étais-je là ? Plusieurs semaines, sans doute. Les Jeux devaient être terminés. Chaque jour, je priais pour que Sagitta, ma chère Sagitta, mon amie, pratiquement ma soeur, ait survécu. Mais chaque jour, le doute grandissait dans mon esprit. Sagi était forte. Elle savait chasser. Mais les 23 autres voudraient l'éliminer. Avait-elle une chance de s'en sortir ? Et moi ? Qu'est-ce qu'on me voulait ? Me laisser enfermée, me laisser croupir dans ce cachot puant ? Sans doute pas. On m'avait capturée parce que j'avais tué un Pacificateur pour parler à Sagi, avant son départ pour les Jeux. On m'avait capturée parce que j'étais encore en vie, alors que j'aurais dû mourir dans l'arène. Ce n'était pas de ma faute ! Qui avait eu la bonne idée d'arracher mon pitoyable cadavre des mains de la Faucheuse pour en faire une sorte de morte vivante, hein ? Certainement pas moi.

Un bruit, au loin. Je me redressai, tendue. Allait-on enfin venir me chercher ? Allait-il enfin venir me chercher ? Jessie... Je ne comprenais plus rien. Il m'aimait. Il me l'avait avoué, au District 13. Il m'avait embrassée. Involontairement, je touchai mes lèvres, comme pour me rappeler cet instant, comme pour me convaincre qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. S'il m'aimait... Pourquoi alors avait-il fait cela ? Pourquoi avait-il disparu du District 13 ? Pourquoi n'avais-je que vu de la haine et de la cruauté dans son regard, le jour où il m'avait capturée avant de m'enfermer dans ce cachot ? Ce n'était plus le même Jessie. Plus mon Jess, mon meilleur ami. Ce Jess-là était bon. Gentil, honnête, travailleur. L'homme que j'avais vu, l'homme en uniforme de Pacificateur, ressemblait à Jess, mais ce n'était pas lui. C'était son corps. Mais pas son esprit.

Je m'assis en soupirant. J'avais sans douté rêvé. Il n'y avait personne. Personne. Le silence, soudain, devint insupportable. Alors, d'une voix enrouée, incertaine, je commençai à chanter.
« Méfiez-vous de la chanson des sirènes
Même si ça doit leur faire de la peine
Méfiez-vous de la chanson des sirènes
Vers le danger, leurs voix vous entraînent »

C'était une vieille berceuse de mon district. Un an plus tôt, je l'avais chanté pendant l'interview avec Caesar Flickerman. Je n'avais plus jamais chanté depuis.
« Méfiez-vous de la chanson des sirènes
Même si ça doit leur faire de la peine... »

La porte s'ouvrit. Je sursautai. Je ne l'avais pas entendu approcher. Il avait toujours eu le don de se déplacer silencieusement. Jessie. Vêtu de l'uniforme blanc des Pacificateurs. Ce n'était plus mon ami. A l'instant même où son regard croisa le mien, je sus que j'allais souffrir.
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MessageSujet: Re: These violent delights have violent ends ღ JERINYS   These violent delights have violent ends ღ  JERINYS Icon_minitimeJeu 14 Mar - 13:37

"Mec, j'te jure y'avait une de ces meufs hier! tu l'as vu aussi? Tu sais la blonde là, elle avait une mini robe bleue, un décolleté digne du capitol, une taille de mannequin ! Un cadeau tombé du ciel!... Ethan n'était pas le plus méchant de mes nouveaux potes pacificateurs, mais pour sûr, il était le plus bête. Il avait un espèce d'organe sexuel à la place du cerveau, et dès qu'une fille passait - même moche - il devenait fou. " Une beauté pure! Un diamant brut! Je n'avais jamais vu ça avant, Hanni, il faut que tu me croies... j'suis amoureux d'elle." Une légère grimace s'afficha sur mon visage, au moment où il prononçait mon nouveau prénom. "Le chef a dit qu'elle allait rejoindre l'équipe... comme t'es le second ici... je sais pas, il t'en a peut-être parlé? Tu connais pas son nom?" Il m'observa les yeux brillants, presque la larme à l'oeil. "Non. Désolé. Je suis au courant de rien." Evidement c'était un mensonge. J'avais toutes les informations qu'il voulait, mais pas forcément la tête à parler d'une potentielle nouvelle conquête avec lui. "C'est l'heure de ta visite chez Sephalia King." dis-je, en sachant qu'il me lâcherait tout de suite. Sephalia était une jeune femme de trente ans, originaire du district quatre et soupçonnée de rébellion. Il tourna les talons, attrapa son badge officiel de pacificateur et me laissa seul dans l'immense prison du district 4. Ca faisait bien trois mois maintenant, que Jessie Chase n'existait plus. Le capitol m'avait donné une nouvelle identité, une unique chance de survie, et désormais j'étais Hannibal Llewelyn, l'homme à la tronçonneuse comme mes camarades s'amusaient à me surnommer. Il n'y avait plus de gentillesse en moi. On m'avait prévenu que mes souvenirs étaient différents, que mes sentiments pour certaines personnes avaient changé, que j'allais avoir des doutes parfois, des impressions de déjà vu, des sensations de vide là où devrait se trouver d'autres émotions... Un lavage de cerveau banal, m'avait-on dit. Un bricolage de routine. Un peu comme une réinitialisation avant de pouvoir être revendu. J'étais un objet reformâté, en gros, mais ça ne me dérangeait même pas.

Un sourire inédit se calqua sur mon visage. Depuis combien de temps attendais-je ce moment déjà? J'étais enfin seul ici. Ce crétin d'Ethan était trop stupide pour se souvenir qu'il était interdit d'être seul pour garder l'entrée. C'était pourtant une règle stricte, mais il était trop bête pour refuser un de mes ordres. Et il avait bien fait. Une pulsion mauvaise secoua mon corps, s'infiltra dans mon cerveau. Une pulsion de mort.

Je descendis les marches qui menaient au cachot une par une, d'un pas lent, élégant. Ma démarche était déterminée, négative, froide, elle faisait peur. Le Jessie fragile, maladroit et naïf était invisible aujourd'hui. Grâce à moi, elle était désormais emprisonnée là où j'avais moi-même séjourné pendant mon adolescence. Je savais la sensation que ça faisait d'être obligé de respirer la moisissure, de manger la poussière et de dormir dans ses vieux vêtements souillés tant le sol était dur. Je connaissais cette impression malsaine qu'on ne sortirait jamais de là. J'avais déjà vécu ça, et rien ne me réjouissait plus, qu'elle goutte à ça aujourd'hui.

J'avais pris mes précautions. Le chef était en visite au capitole aujourd'hui, avec une équipe assez large de nos pacificateurs, pour régler l'histoire de cette femme dont parlait Ethan plus tôt. Quant à lui... je m'étais arrangé pour qu'il ne revienne pas de sitôt. J'avais payé la pseudo-rebelle pour qu'elle l'invite à passer la nuit chez elle. Je savais qu'il ne refuserait pas. Trois autres de l'équipe étaient en voyage au bout du district 4, chez les pauvres, là où j'habitais avant, où elle était ma voisine. Je les avais moi-même envoyé près de chez moi. Et j'espérais sincèrement que la famille de Zoé était encore en vie. Au moins, ça lui ferait un peu de visite entre ces murs humides. Même si elle ne pourrait les voir, elle entendrait au moins leur cris.. Le reste des pacificateurs avait eu droit à deux jours de congés subitement. Ce qui faisait que j'avais la prison entière pour moi. Moi, moi, et rien que moi... pour toute la journée. Et toute la nuit.

« Méfiez-vous de la chanson des sirènes
Même si ça doit leur faire de la peine
Méfiez-vous de la chanson des sirènes
Vers le danger, leurs voix vous entraînent »


Un air mélodieux s'éleva au moment où j'approchais ce qu'on pouvait clairement appeler sa cage. La chanson me fit l'effet d'une bombe. Un de ces vides, dont on m'avait parlé... Un vide insupportable, qui signifiait que d'une certaine manière, mon ancienne vie était reliée à cette berceuse. Quand l'avait-je entendue? Pourquoi avait-on choisi de supprimer cette comptine de mes souvenirs? Elle était sûrement liée à la rébellion, je n'en voyais pas d'autres explications...

« Méfiez-vous de la chanson des sirènes
Même si ça doit leur faire de la peine... »
reprit-elle d'une voix brisée.

C'était invivable. "TA GUEULE" hurlai-je avec rage en m'accrochant aux barreaux de sa prison. "TU LA FERMES TOUT DE SUITE!" J'observai son visage, ses yeux, son sourire inexistant. L'expression dans son regard ne me toucha même pas. Elle avait des creux dans les joues, dans les épaules, des cernes fades et creusées, une lueur morte dans les yeux, la peau poussiéreuse, les cheveux sales... elle était repoussante. Zoé avait perdu toute sa beauté, et ça me réjouissait. Elle était misérable.

J'ouvris le cadenas fermant sa porte d'un tour de clé. Je m'approchai d'elle.
J'attendais ce moment depuis deux mois, depuis que je l'avais choppé pendant la moisson. Deux mois s'étaient écoulés depuis le début des jeux et depuis qu'elle avait eu le culot de se pointer pour dire au revoir à Sagitta. Pas un pincement au coeur à l'annonce de ce prénom. C'était ma soeur pourtant, mais une haine violente se déportait maintenant contre elle. Mes doigts effleurèrent la peau sèche de mon ancienne amie. "Alors ma jolie... tu parles plus? T'es pas contente de me voir, j'ai même pas le droit à un bisou?" Je posai mes genoux au sol, pour être à sa hauteur. Après avoir caressé son bras, mes doigts touchèrent sa joue. Je déposai un baiser sur son front, doux, léger, dans l'unique but de lui faire peur.

Puis je me relevai. Sans rien dire, d'un ton toujours aussi froid. Du bout de ma chaussure, je poussai la jeune fille. "Lève toi. J'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer, barbie." ordonnai-je. J'imaginais déjà sa tête lorsque je lui annoncerai que sa chère meilleure amie bien plus jeune qu'elle était morte. De la même façon que nous étions tous les deux morts. Sauf qu'elle, ma gentille petite soeur, n'aurait pas la chance de revenir à la vie.
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