it alls ends here
(alexiane & zoé)

♫  and the end is unknown, but i think i'am ready, as long as you're with me

Je ne peux pas. Je ne peux plus. Je voudrais que tout cela se termine. Une bonne fois pour toute.

Palpitations, tremblements, sueurs. Etat de choc. Je tremble. Mon corps tout entier tremble sans jamais s’arrêter. Je sens mon cœur prêt à exploser dans ma poitrine. Je me sens divaguer. Je me sens perdue. Je suis perdue. Mes yeux se posent sur tous les objets présents dans la pièce. Sur tout, mais pas sur elle. Je divague. Je distingue plus rien. J’ai l’impression de rêver. J’aimerais rêver. Je m’accroche fermement au téléphone. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin qu’on vienne s’occuper d’elle. Il faut que quelqu’un vienne la sauver. Il faut que quelqu’un la sorte d’ici. Il faut que quelqu’un l’enterre. N’importe quoi, mais qu’on l’emmène hors de cette pièce. J’arrive pas à appeler quelqu’un. J’arrive pas à distinguer les chiffres. Tout est flou. Les larmes obstruent ma vue. Tout ce que je vois, c’est le sang. Partout. Sur mes mains. Sur le sol, qui coule jusqu’à moi, m’encercle. J’ai peur. J’ai peur de ce qui va se passer ensuite. J’ai peur de moi. Finley. Nathan. Kirsen. Rory. Rhona. Zoé. Phoenix. Et à nouveau Zoé. Ils sont morts. Ils sont morts par ma faute, parce que j’ai pas su me contrôler. Zoé. J’ai été son bourreau jusqu’au bout. Une fois n’a pas été suffisant. Il a fallu que je recommence. Le même schéma. Elle, moi, un poignard. Son abdomen. Elle qui se vide de son sang. Mais cette fois, cette fois c’est la bonne. Le treize ne viendra pas la sauver. C’est réel. C’est encore plus réel que la première fois où je l’ai poignardée. Parce que cette fois, il n’a jamais été question de me battre pour ma vie.

Je frappe ma tête à plusieurs reprises contre le mur, tandis que les larmes ne s’arrêtent pas de couler. J’aimerais remonter le temps. J’aimerais oublier tout ça. J’aimerais oublier l’arène. Sa respiration se fait de plus en plus rare. Et je l’entends, dans un murmure qui m’achève. « Merci. » J’ose à peine croiser son regard. Merci. Merci pour quoi ? Pour être son bourreau ? Pour l’offrir à la mort pour la seconde fois, de la même façon que la première ? Merci. Ces mots résonnent dans ma tête. Merci. Peut-être qu’elle est soulagée. Elle l’est certainement. Zoé est apaisée. Mais je ne le suis pas. Elle part en paix, mais elle me laisse avec mes démons. Elle ne subira pas les cauchemars, elle ne reverra pas les images. Parce qu’elle est partie. Parce qu’elle part. Et je vais devoir apprendre à vivre avec ça. Cette fois, il n’y a pas de résurrection possible. Elle est morte. Je l’ai tuée.

Peut-être que je lui rends un service. Mais je signe surtout ma fin.

Je me lève et je m’approche d’elle. Je tremble, je peine à faire deux pas, mais j’avance. Je m’approche d’elle. Non, de son corps plutôt. Je reste immobile quelques instants. Je m’abaisse pour toucher son pouls. Plus de respiration. Plus rien. C’est fini. C’est fini, elle est morte. Son regard continue à me fixer. Je ferme ses paupières, je ne peux pas sentir son regard sur moi. Pas maintenant. « Je suis désolée. Je suis désolée, Zoé. » Elle ne m’entend pas, mais j’ai besoin de le dire. J’ai besoin de m’excuser pour tout le mal que je lui ai fait depuis toutes ces années. « Vraiment désolée. » Je regarde son corps, et je peine à réaliser qu’elle est vraiment morte. « Ça n’aurait pas dû tomber sur toi. » Je me souviens encore de Zoé, avant l’arène. Une gentille fille, trop gentille même. Incroyablement douce et amicale, même avec des gens qu’elle n’avait jamais rencontrée. Je me souviens de sa façon de lutter dans l’arène, pour rester elle-même. Elle y est parvenue, jusqu’à son dernier souffle. Elle n’a pas laissé le Capitole prendre l’emprise sur elle. Elle a résisté, alors qu’on lâchait prise les uns après les autres, moi la première. Elle est restée Zoé Alice Williams. Un rayon de soleil parmi l’horreur. Et puis … Et puis elle est devenue Erinys. Elle a perdu la tête, lentement, comme nous tous. Comme les survivants de cette boucherie. « Ça aurait dû être toi. » Elle aurait dû gagner. C’était la suite logique des choses. Elle aurait été celle qui s’en serait la mieux sortie. Celle qui a le moins changé, celle dont la reconstruction aurait été possible. « Ça n’aurait jamais dû être toi, Alexiane. Tu en as conscience. » J’en ai conscience mieux que quiconque. Ils sont tous morts autour de moi. Tous sans exception. Et je suis toujours là. Mais pas pour les bonnes raisons. Je suis toujours là. Morte à l’intérieur, mais bien vivante. « Regarde, Alexiane, encore quelqu’un qui perd la vie par ta faute. Combien t’en faudra-t-il encore avant que tu réalises que tu es un danger pour tout le monde ? » Je manque de tomber au sol, mais je me rattrape de justesse. Ma main se pose dans la mare formée par le sang de Zoé. J’y vois mon reflet. Celui de la meurtrière. Celui de celle qui a perdu la tête. Celui de celle qui ne pourra jamais se reconstruire. Je saisis le couteau qui a ôté la vie à Zoé. J’essuie mes mains contre mon t-shirt. Je la regarde une dernière fois. « Tu sais ce qu’il te reste à faire, Alexiane. » Oui. Oui, je le sais mieux que quiconque. Je serre ma prise autour du couteau. Je m’empêche de verser d’autres larmes. C’est fini pour elle. Et bientôt, ça le sera aussi pour moi. Je ferme les yeux. J’expire profondément.

Et j’enfonce le couteau dans mon ventre.

Je perds l’équilibre. Je lâche un cri de douleur. Mon corps heurte violemment le sol, mon souffle est coupé. Je brûle de l’intérieur, mon visage se déforme sous la douleur, je laisse à nouveau couler quelques larmes. Je lâche le couteau, je cherche à travers le sang qui se confond entre elle et moi, sa main. Je l’attrape. Je ferme les yeux.

Dès le départ, c’est de cette façon que tout aurait dû se finir.