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 BILLIE&GALAAD

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BILLIE&GALAAD Vide
MessageSujet: BILLIE&GALAAD   BILLIE&GALAAD Icon_minitimeMar 25 Sep - 23:44

Le temps de l'insouciance était loin derrière moi, et quand je me réveillais, dans un noir complet, dans les sous-terrains du district treize, sur le vieux matelas qui me servait de lit, c'est uniquement une impression de déjà vu et une sensation de regret que je ressentis. J'avais fait de beaux rêves cette nuit là et pourtant, la réalité était revenue au grand galop, me faisant face comme jamais. J'avais une belle vie pourtant, ou en tout cas une vie que j'adorais puisque j'avais réussi à me faire la place que je souhaitais au Capitole, que je jouais à longueur de temps avec les gens, sans même avoir à avoir de regrets, etc ; mais ceci ne me suffisait plus de temps en temps. Le temps de mon enfance me manquait, ce temps où je n'avais pas à réfléchir à ce que je ferais demain, où mes 12 ans et la peur d'être appelé pour participer aux Hunger Games étaient ma seule préoccupation en plus de celle d'aller à l'école comme ma mère me le demandait. Bref, ce matin là, je ne me sentais pas dans mon assiette, et je sentais déjà que la journée n'allait pas aller en s'arrangeant, comme ces matins où on a l'impression qu'il vaudrait mieux pour nous de rester au lit toute la journée.

Néanmoins, je décidais de me lever et de me préparer. Ce n'est pas comme si j'avais le choix de toute façon. Je ne vivais plus dans le district deux et ici, les règles se devaient d'être respectées, ainsi qu'un timing assez serré. La veille, j'avais dû m’entraîner pendant plusieurs heures avec d'autres rebelles aux arts martiaux. Ce n'était pas moi qui choisissait mon emploi du temps, on me l'imposait. Je n'avais jamais aimé cette manière de faire. De toute façon, je n'aime pas tout ce que font les rebelles pour faire simple mais bon, je suis ma mission au pied de la lettre. Quinze minutes plus tard, j'étais en salle de rassemblement afin de recevoir mon emploi du temps de la journée. Une jeune femme s'occupa de me l'imprimer sur le poignet. Encore de l’entraînement, au moins pour la matinée. Et l'après-midi, je devais aller sur les ruines. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée. Peut-être que quelques rebelles étaient de retour d'une mission et qu'ils avaient besoin d'aide pour descendre les vivres dans les sous-terrains, ou quelque chose du genre... Peut-être qu'on avait besoin que je fouille les ruines, comme certains le faisaient de temps à autres dans l'espoir de retrouver... je ne sais trop quoi... Après tout, ceci faisait 75 ans que ces ruines existaient alors qu'est-ce qu'ils espéraient qu'on y trouve ? Tout avait déjà dû être découvert ! Je m'étais toujours dit qu'ils faisaient ça pour nous occuper, afin qu'on ne s'éparpille pas et qu'ils puissent nous garder sous contrôle. Enfin bon, je ne vais pas commencer à épiloguer sur mes idées anti-rebelles et sur à quel point je ne comprends pas leur façon de procéder car sinon croyez-moi, on n'en a pas fini !

Après avoir eu mon emploi du temps, je rejoignis la salle de restauration. Je pris ce qu'on accepta de me servir, une ration nettement inférieure à ce que j'avais pris l'habitude de consommer dans ma famille, mais à laquelle néanmoins, je m'étais habitué. Et après avoir mangé en compagnie d'une « amie » en un temps compté, je me dirigeais vers le camp d’entraînement. J'y passais plusieurs heures, apprenant de nouvelles techniques pour savoir me battre et survivre. Je connaissais déjà beaucoup de choses dans le domaine vu que j'avais grandi dans un district carrière mais bon... ce n'est jamais assez quand on se prétend rebelle. Il faut être au top de sa forme physique et morale pour pouvoir faire tomber le Capitole, ce même Capitole que je défendais pourtant corps et âme, même si ici, je m'en cachais. Au final, l'après-midi arriva rapidement, sans même que je ne m'en aperçoives. Je mangeais de nouveau avant de me rendre cette fois-ci vers mon activité de l'après-midi.

Les ruines étaient presque désertes, et en même temps, il le valait mieux car un hovercraft risquait à tout moment de passer au dessus de nos têtes et de nous repérer. Personnellement, je ne craignais pas grand chose de par mon statut mais il ne valait mieux pas tenter le diable tout de même. Le Capitole m'avait fourni les informations nécessaires pour connaître les allers et venues de l'avion, ainsi qu'une liste de cachettes desquelles celui-ci ne nous voyait pas. Voilà comment au final, j'étais protégé. On m'apprit finalement que c'était ma première hypothèse qui était la bonne. Des rebelles revenaient de mission, une sorte de mission terroriste en rapport avec la révolte. Ils avaient fait exploser plusieurs habitations de pacificateurs dans le district 11. Malheureusement, les nouvelles n'étaient pas très bonnes. Plusieurs de nos compagnons étaient blessés, plus ou moins gravement et il fallait de l'aide pour les ramener à l'intérieur, à l'abri et pour les soigner. J'allais devoir aider les infirmières, ce qui voulait dire que j'allais sans doute croiser Billie... D'ailleurs, il suffit que je penses à cela pour la voir arriver. Elle était toujours aussi magnifique et pourtant, je chassais tout aussitôt ces pensées de ma tête. C'était une rebelle... Je ne pouvais pas me permettre de penser cela !

En la voyant arriver, je ne pus m'échapper. J'avais pourtant pris l'habitude depuis plusieurs jours de la fuir, depuis qu'elle m'avait révélé la nature de ses sentiments pour moi, ou en tout cas, ce que j'avais pu comprendre vu que j'avais vite mis fin à la conversation en prétextant un truc idiot. C'était d'ailleurs la première fois que j'allais lui reparler depuis mais cette fois-ci, j'allais devoir y faire face. Elle s'approcha. J'en fis autant avant de lui dire : « Toi aussi tu es sur la mission ? » La question était un peu stupide même si après tout, elle aurait pu venir pour une toute autre raison, mais je n'avais pas voulu commencer à rentrer dans des choses trop personnelles. Je n'étais pas doué pour cela de toute façon, vu que je ne cessais de mentir afin d'arriver à mes fins. « Tu sais ce qu'on va devoir faire exactement ? » J'en avais déjà une petite idée mais des fois qu'elle puisse m'apporter un peu plus d'informations... Ne sait-on jamais... Et puis finalement, j'en vins à l'essentiel, sur un ton détaché, comme si cela n'avait pas été fait exprès : « Cela faisait un bail qu'on ne s'était pas parlé dis donc... »
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BILLIE&GALAAD Vide
MessageSujet: Re: BILLIE&GALAAD   BILLIE&GALAAD Icon_minitimeMer 3 Oct - 16:02





it's like a dark paradise



Kathleen est morte. Seule pensée cohérente qui est encore capable de percuter mon esprit avec suffisamment de force pour me faire réagir. Certes, ça ne fait que susciter de la douleur – une souffrance sans nom et horrible –, mais ce sont bien les uniques moments de la journée où je peux ressentir un semblant de vie. Mais, paradoxalement, je ne sais pas si je ne préfèrerai pas être morte. Triste à dire lorsqu'on sait combien j'ai pu me battre dans ma vie pour survivre. Mais, à quoi bon aujourd'hui ? Pourquoi me lever le matin si je ne peux pas croiser les yeux azurs de Kathleen ? Pourquoi rire à une plaisanterie si le sien ne peut pas faire écho au mien ? Je n'arrive plus à avancer. Pas sans elle. Réaction qui peut paraître, peut-être, disproportionnée. Car, pour les habitants du Treize, nous n'étions « que » des meilleures amies. Sauf qu'à mes yeux, elle était beaucoup plus qu'une simple meilleure amie. C'était plus. Tellement plus. Ma moitié, ma troisième sœur, mon alter-ego. Une espèce d'âme sœur au final. Quelqu'un qui fait toujours partie du décor de notre vie ; qui en est l'un des principaux acteurs et pas un banal figurant. Alors, si elle n'est plus sur scène, je n'arrive pas à cesser de penser à baisser le rideau. Terminer avec cette pièce sans importance, sans queue ni tête. Mourir dans les coulisses, ou dépérir sur scène. Voilà, ma vie, mon existence, depuis qu'on a osé me dire que Kathleen n'était plus. Définitivement partie. Sans moi.

Ce matin, je traine difficilement ma carcasse jusqu'à la salle de bains, plutôt étriquée, du centre de soins dans lequel j'étais de garde cette nuit. Si j'avais respecté mon emploi du temps – encore tatoué sur mon bras à cette heure –, j'aurai du me réveiller entre mes draps de ma chambre ; mais je n'arrive plus à dormir. Fermer les yeux pendant deux heures est déjà un exploit en soit. Déjà sujette à de longues crises d'insomnies, je suis désormais tout bonnement incapable de sombrer entre les bras de Morphée. Et, dans les rares cas où j'y parviens, épuisée, mon subconscient n'a de cesse de me tourmenter en jouant, encore et encore, inlassablement, des brides de souvenirs où ma meilleure amie est toujours présente. Sous mes paupières dansent les images de son visage enfantin, de son regard perdu, de son sourire moqueur. J'ôte mon tee-shirt d'un blanc immaculé, le dépose sur le rebord du lavabo, me saisis du gant de toilette accroché juste à côté et commence à me lever le haut du corps, d'un geste machinal, dénué de la moindre énergie. Je suis fatiguée. Que ce soit pour me lever, manger, ou n'importe quelle action pourtant d'une facilité déconcertante. Mon regard croise celui de mon reflet dans le miroir, et j'aurai presque du mal à me reconnaître. Mes cheveux blonds sont ternes ; mes yeux, autrefois pétillants de malice, sont dénués de la moindre lueur ; je crois que j'ai perdu quelques kilos, pourtant loin d'être superflus ; et de légères cernes sont marquées sous mes iris qui sont désormais plus proches du gris acier que de l'émeraude habituel. Je m'essuie brièvement et sors de la salle de bain jusqu'à l'armoire dans la salle de garde, en quête d'un tee-shirt neuf. Je l'enfile, vérifie que toute la paperasse est en ordre, et quitte la salle de garde pour me rendre à la salle de restauration. Si je n'éprouve plus le besoin de manger ou de manifester une quelconque envie de vivre, je ne peux néanmoins me résoudre à inquiéter mes sœurs ou Aiden. Ils seraient bien capables de me forcer à manger, ce que Rumer a d'ailleurs fait, la semaine dernière quand j'ai refusé d'avaler la moindre bouchée du repas dans mon assiette. Ce qui, entre parenthèses, me rappelle cruellement – encore une fois – le jour où j'en avais fait de même avec Kathleen. Kathleen. Toujours Kathleen. Je ne peux pas déconnecter mon esprit, l'en extraire, la ranger dans un coin reculé de mon subconscient. Elle est toujours là. Sur le lit, à côté des malades ; assise à côté de moi dans la salle de restauration ; s'entraînant avec d'autres soldats du Treize pendant que je me rends au centre de soin. Son souvenir est omniprésent. Je ne peux pas me résoudre à l'oublier. Pas plus que je ne peux surmonter son absence.

Je quitte le centre de soins, après avoir brièvement salué quelques guérisseurs qui commencent tout juste leurs journées. Je déambule dans les couloirs, comme à mon habitude depuis plusieurs semaines, sans réel but. Tout est machinal. Rien n'est réellement réfléchi et, encore moins, désiré. Je me contente d'exister, à défaut de vivre. On me tatoue mon nouvel emploi du temps sur mon avant-bras gauche. Je jette un coup d’œil indifférent aux lettres qui dansent presque sous mes yeux à cause de mon manque évident de sommeil. Comme souvent depuis qu'on a annoncé la mort de ma meilleure amie et que j'ai lentement commencé à sombrer, mon planning est loin d'être surchargé. Je suis, par ailleurs, exemptée de toutes consultations ou de soins pour la journée. On me demande juste de manger, une heure d'entraînement – le strict minimum certainement – puis, ce soir, je serai de sortie. Pour la première fois depuis six ans, je vais quitter les sous-terrains du Treize. Dans une autre situation, d'autres circonstances, je me réjouirai d'enfin pouvoir goûter de nouveau au soleil et humer l'air frais de l'extérieur. Mais je ne saurai pas en profiter en sachant pertinemment que ce n'est que de la pitié ; qu'on juge que j'ai bien besoin d'enfin accéder à quelque chose que j'ai longuement demandé avec acharnement. Juste de la pitié. Une chose que je tiens en horreur. Je hausse néanmoins les épaules, me saisis d'un plateau et fais silencieusement la queue pour me servir mon petit-déjeuner assez rudimentaire : une pomme, et un café – la seule chose qui m'aide à tenir le coup pour la journée –. Une seconde, je cherche mes sœurs ou Aiden du regard, sans grand résultat. Depuis un moment, nos emplois du temps ne concordent plus ; le mien n'est d'ailleurs pas basé sur les mêmes horaires que la grande majorité des habitants du Treize. J'ai – exceptionnellement – le droit de me lever plus tard que la normale, des horaires plus flexibles et moins surchargées. Pourtant, je ne ressens pas la moindre reconnaissance à leur égard. Juste... de la colère. C'est le Treize qui a envoyé Kathleen en mission suicide. Le Treize qui me l'a enlevée. Qui m'a arrachée une part de moi-même à laquelle je n'étais pas prête de renoncer. Paradoxalement, si j'en veux au District que j'ai si ardemment défendu depuis six longues années ; l'idée de rejoindre les soldats commence à germer dans mon esprit. Car, bien que leurs méthodes soient peu approuvées par les gens de l'extérieur, ils suivent le même objectif que l'unanimité de Panem : participer à la déchéance prématurée du Capitole. Le détruire. Pièce par pièce ou massivement. D'un grand coup fatal. Peu importe. Nous ne désirons que voir la tête de Snow tomber, celles de ce gouvernement tyrannique et le plus tôt sera le mieux. Sans aucun doute.

Je termine mon repas et quitte d'un pas relativement lent la salle de restauration. Voilà plusieurs semaines que je ne me suis pas rendue aux rassemblements des rebelles, pourtant assez nombreux depuis que le feu de la révolution a embrasé Panem. Je n'éprouve pas la moindre culpabilité de ne pas m'être montrée présente à ce qui nous tient tant à cœur à nous, brimés et marginaux pour afficher un franc mépris à l'encontre du Capitole. Ma matinée, comme le reste de ma journée, s'écoule aussi rapidement ; sans événement notable. Juste une succession de banalités, rendues encore plus banales car marquées par l'habitude. Je viens de terminer mon bref entraînement ; le temps de lancer quelques couteaux – en ce moment, je me cantonne davantage dans les domaines où je suis douée plutôt qu'à m'exercer là où je peux éprouver quelques difficultés – et, très brièvement, le temps de m'entraîner au corps à corps, l'un de mes principaux points faibles. D'un œil morne, je regarde la pendule qui affiche les cinq heures du soir, signe que j'ai passé une demi-heure supplémentaire à m'entraîner par rapport à ce qui était écrit. Depuis la mort de Kathleen – douleur muette –, je passe davantage de temps ici, besoin irrépressible de devenir plus forte ; sentiment encore plus fort qu'à ma défaite aux Hunger Games. Détermination farouche, semblable à un incendie qui persiste sous une pluie torrentielle. Lâchant un soupir, je laisse tomber l'arme que je serre étroitement dans ma main. Le choc de l'acier contre le sol résonne dans la salle, déserte à cette heure-ci pour une raison que j'ignore. Du moins, jusqu'à ce que, brutalement, je me rappelle de quelques informations – plus ou moins futiles – qu'Aiden avait laissé filtrer pendant nos déjeuners, peut-être pour enfin susciter mon intérêt. À propos de missions, dans les districts. Ceci explique cela. En outre, cela explique qu'on me demande de remonter à la surface ; pour accueillir les rebelles et, si besoin, soigner les blessés qu'on récoltera de ces missions. Je quitte la salle d'entraînement, sans grande conviction, néanmoins bien que ma démarche se fasse plus rapide. Car, j'aurai beau refuser de l'admettre, j'étais néanmoins – du moins, une partie de moi, aussi infime soit-elle – de revoir le soleil, plutôt que ces vulgaires néons blancs, lumière artificielle ô combien déprimante lorsqu'on avait un jour goûté aux délicieux rayons de soleil et à leur chaleur. Mon pas se fait plus pressée, jusqu'à rejoindre la poignée de rebelles, attroupée aux sorties du district qui nous mèneraient tout droit aux ruines du Treize qui, soixante-quinze ans auparavant, se dressait fièrement en plein air. Mais aujourd'hui n'existaient que de vagues vestiges, que tout Panem connaissait par cœur pour les voir fréquemment passer à la télévision, si peu glorieux ; message à peine masqué à l'encontre de chaque habitant, chaque rebelle : voyez ce que le Capitole peut faire. Dissuasion qui semblait bien futile à présent que la rébellion était en marche.

J'arrive à l'extérieur et mon premier réflexe est de retenir mon souffle. Avant d'inspirer longuement l'air frais et ambiant de ce mois de septembre. Les rayons du soleil, quoique pâles, effleurent ma peau et parviennent à m'arracher l'un des rares sourires que je suis prête à esquisser depuis la mort de Kathleen. Kathleen. Douleur aussi silencieuse que fulgurante et mon regard se perd de nouveau dans des horizons trop lointains pour être saisis ; dans un passé trop vague pour être compris. Je passe une main fatiguée sur mes yeux anthracites où les cernes sont à peine visibles en dehors des sous-terrains du Treize. Je pense à Kathleen. Au regard que nous aurions échangé si elle avait été là, elle aussi. Puis, brusquement, quelques silhouettes se détachent du paysage presque désertique. Les soldats, revenus d'une énième mission risquée. Je repère immédiatement Aiden, sortis des sous-terrains pour prêter main forte comme moi, et mes poumons semblent soudainement se revigorer d'une bouffée d'air nouvelle. Depuis qu'on est venus m'apprendre pour ma meilleure amie, je crois avoir sombré dans la paranoïa, l'inquiétude la plus totale pour chacun de mes proches, à me demander si, chaque fois que je les vois, n'est pas la dernière. Mais Aiden est vivant. Pour cette fois. Parce qu'on ne l'a pas envoyé là-bas, avec tous les autres, aujourd'hui. Un des soldats s'appuie sur un camarade et semble boiter. D'une main presque experte, je m'attache rapidement mes cheveux blonds en un chignon négligé. Mes yeux semblent s'allumer d'une étincelle nouvelle car, la médecine est peut-être la seule chose capable d'éveiller un soupçon de vie dans ma carcasse désespérément vide. J'avance un pied, dans le but de m'avancer vers les nouveaux arrivants mais mon geste reste suspendu dans les airs.

Face à moi se tient Galaad Nightingale. Cette fois-ci, mon cœur ne bat pas la chamade comme il avait pris la fâcheuse habitude de le faire depuis que j'avais appris à connaître un tantinet le jeune homme. Je ne saurai pas même dire ce que j'éprouve à son égard. De la sympathie teintée d'attirance, comme auparavant. De la honte pour lui avoir avouer commencer à éprouver des sentiments plus qu'amicaux à son égard. Ou bien de la colère, pour être parti, comme un couard, sans une seule raison valable et pour m'avoir évitée depuis tout ce temps. Malgré la distance, j'arrive à intercepter son regard azur, comme la première fois où nos quatre prunelles se sont accrochées. J'ai soudainement envie de pleurer. Une chose que je n'ai pas réussi à faire depuis près d'un an. Depuis qu'on m'a avouée que mon père était mort depuis bien des années pendant que je croupissais dans les sous-terrains du Treize. Je n'ai pas même pu verser la moindre larme pour Kathleen alors que son décès est la chose la plus horrible qui me soit jamais arrivée ; l'évènement le plus tragique de ma vie ; pire encore que la sensation de désespoir qui m'avait envahie lorsque mon nom avait été pioché aux Hunger Games alors que je n'avais que treize ans et, supposément, toute la vie devant moi. Et, ce jour-là, j'ai senti mon cœur se fissurer, mon sourire se faner, mais pas la plus misérable larme tracer son sillon sur ma joue. Juste le vide. Un vide qui m'habite à chaque seconde de chaque jour depuis que la nouvelle m'est tombée dessus, comme une bombe. Boum. Et ma vie a volé en éclats. Et, croiser le regard de Galaad me rend si faible tout à coup. Me donne envie de m'écrouler au sol, d'enfin pouvoir hurler la lente agonie qui me submerge peu à peu. Ses yeux ont un pouvoir insoupçonnable sur moi, moi qui me tannais de n'avoir jamais été influencée par un seul homme dans ma vie. Mais Galaad est différent. Je le sais. Je le sens. Suffisamment tout du moins pour éveiller la jeune femme qui souffre, la gamine encore apeurée que j'ai toujours caché derrière des sourires intempestifs. Face à lui, je me sens plus démunie encore que devant n'importe lequel de mes adversaires, lors de mes Jeux. C'est pire encore que de devoir faire face à sa mort, sournoise, qui se profile, lentement mais surement, à l'horizon. Il me regarde ; je suffoque. Puis je me rappelle que je suis vide, alors je place un pied devant l'autre, j'avance. Je marche. Jusqu'à lui. Qui en fait de même. « Toi aussi tu es sur la mission ? » J'écarquille légèrement les yeux. Je m'attendais à tout, sauf à ça. Qu'il me parle, comme si rien ne s'était passé. Comme s'il ne m'avait pas abandonnée en plein milieu d'un couloir désert du Treize. Comme si, pendant son absence, je n'avais pas du endurer la mort de ma meilleure amie. Est-il seulement au courant que Kathleen est morte ? À moins qu'il ignore jusqu'à son identité. Cette idée m'est intolérable. Je refuse que ma meilleure amie sombre dans l'oubli. S'il le faut, je hurlerai son nom à tout bout de champ pour qu'on se souvienne d'elle. Pour toujours. Seulement, je le ferai lorsque ma gorge cessera de se serrer chaque fois que je pense à elle. Chaque fois que je pense à ses yeux bleus, étrangement similaires à ceux de Galaad. Je me noie.

Je tente de reprendre contenance. Je hausse les épaules en guise de réponse, prête à lui tourner le dos, comme il l'avait si bien fait avec moi, sans un regard en arrière, sans un regret ; juste, l'oublier. Et cesser de constater douloureusement que mon cœur continue de s'emballer lorsque mes pensées se tournent vers lui. « Tu sais ce qu'on va devoir faire exactement ? » J'arque un sourcil et lui indique d'un vague geste de main les soldats qui s'entassent désormais autour de nous, blessés pour la plupart. Brusquement, mon regard s'accroche sur eux, de nouveau perdu dans les limbes de mon esprit meurtri. Dans un espoir aussi vain que désespéré, je tente de discerner chaque visage de chaque rebelle. Comme chaque fois qu'une équipe rentre de mission, je prie intérieurement – inutilement et sottement, certes – que Kathleen fasse partie du voyage de retour, trouvée dans un District, ramenée chez nous. Mais, comme à chaque fois, la déception est si forte qu'elle en devient douloureuse lorsque je dois me rendre à l'évidence : elle n'est pas revenue. Elle ne reviendra pas. J'ancre de nouveau mes yeux dans ceux de mon vis-à-vis et tente d'afficher un détachement apparent, en lâchant une remarque teintée d'ironie : « On doit aider et soigner les soldats. Simple comme mission, non ? » Mais ma voix enrouée doit bien trahir mon malaise. Finalement, il daigne en venir au sujet qu'il a si longtemps tenté d'esquiver : « Cela faisait un bail qu'on ne s'était pas parlé dis donc... », dit-il d'un ton détaché. Je fronce les sourcils de mécontentement. Je me retiens de lui crier les pires insanités du monde. Parce qu'il m'a abandonnée. Parce qu'il semble mettre un point d'honneur à oublier ma confidence. Parce que c'est un coup supplémentaire contre ma fierté. Parce que j'aurai voulu qu'il soit présent pour moi. Je m'éloigne, lui tourne le dos et commence à m'avancer vers les soldats qui, pour certains, semblent souffrir le martyr. Je sais qu'il me suit, à l'entente de ses pas qui font écho aux miens et parce qu'il est obligé d'aider les guérisseurs – dont moi –. « Et tu sais ce qui est assez drôle ? » Je demande ça d'un ton presque aussi détaché que le sien, comme si je m'apprêtais à lui faire part d'une plaisanterie qu'on m'avait racontée dans la journée. Je me retourne brutalement vers lui, le regard brillant d'une lueur éteinte depuis un moment : le défi, l'arrogance, la rancune. « Ça fait tout aussi longtemps que tu prends soin de m'ignorer. », j'assène froidement avant de retourner vaquer à mes préoccupations. Je me saisis du bras sanguinolent d'un soldat, l’ausculte une poignée de minutes puis demande à l'infirmière qui passe à côté de nous à ce moment-là de lui administrer des calmants avant qu'on ne commence l'opération. Je passe au suivant, mon regard survole chaque visage sauf celui de Galaad. Surtout pas celui de Galaad. Sous peine de flancher une nouvelle fois. Et je ne peux pas me le permettre. Pas maintenant où certains risquent d'avoir besoin de moi et de mes compétences en médecine. Je continue cependant, ma voix plus enrouée qu'à l'habitude, parce que frappée par l'émotion. « Et il s'en est passé des choses, depuis. » Murmure lointain. Voix presque rêveuse. Regard absent. Esprit pris dans le cercle vicieux des souvenirs. Depuis, j'ai retrouvé mes sœurs, on m'a enfin nommée guérisseuse – et plus aspirante –, j'envisage de m'enrôler chez les soldats. Et Kathleen est morte. Inévitablement. Fatalement. Soudain, je me rends compte qu'il ignore énormément de choses à mon sujet. La grande globalité de qui je suis. Ou, plutôt, de qui j'étais. Il ne sait pas d'où je viens, quel est mon district d'origine, si j'ai de la famille. C'est à peine s'il connait mon nom, plutôt que le pseudonyme dont on m'affuble au Treize depuis ma mort aux Hunger Games. Tiens, ça aussi il l'ignore : qu'il est en train de parler à une morte. Et, jamais cette pensée ne m'a semblé aussi véridique. Parce que je suis morte, au fond. Sinon, comment expliquer l'abysse qui m'habite ? Un cadavre au milieu des mourants. C'est tout ce que je suis, ici et maintenant.


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BILLIE&GALAAD Vide
MessageSujet: Re: BILLIE&GALAAD   BILLIE&GALAAD Icon_minitimeSam 20 Oct - 0:04

Dès mes premières paroles, je compris au regard de la jeune femme que je n'aurais jamais dû. J'avais beau me tenir à une distance encore raisonnable d'elle, je sentais l'expression de ses yeux posés sur moi. C'était un regard à la fois étonné, étonné que j'ose lui parler après tout ce temps, et plein de mépris, sans doute car elle m'en voulait de l'avoir esquiver depuis la fameuse conversation. Je ne pouvais pas entendre ses pensées mais j'avais depuis bien longtemps appris à lire dans l'esprit des gens et à ressentir le moindre de leur sentiment. C'était d'ailleurs une des choses qui faisait ma force, mais aussi une des choses qui faisait mon caractère trop perdus entre deux côtés totalement opposés. Ce regard qu'elle m'imposa me fit un pincement au cœur, un sentiment que je ne ressentais pas d'ordinaire. Je me serais presque demander pourquoi si je n'avais pas déjà réfléchi longuement à la question durant les dernières semaines. Et bien oui, que croyez-vous ? J'ai beau être un grand manipulateur et tout ce que vous voulez de négatif, j'ai tout de même un cœur, même s'il reste caché au fond de moi et que je ne montrerais jamais à quiconque ce qui est réellement à l'intérieur. Bref, je fis mine de ne rien remarquer, gardant mon ton naturellement détaché et mon visage qui ne marquait pas grandes expressions. Elle finit par me hausser les épaules, sans doute pour m'indiquer que ma question était effectivement stupide, que je n'aurais pas dû la poser mais en même temps, je ne savais pas vraiment comment démarrer la conversation autrement. C'était une action délicate, même pour moi qui était pourtant un expert dans le domaine. Face à Billie, j'étais décontenancé de l'intérieur, je perdais mes repères et j'en arrivais presque à perdre certains côtés de l'image que je me donnais. Avec elle, le vrai moi avait tendance à refaire surface et c'est ceci qui me faisait peur. Je n'avais aucune envie d'échouer ma mission d'infiltration pour une fille, ni pour aucune autre raison d'ailleurs mais encore moins pour quelqu'un quoi ; et pour ceci, il ne fallait pas que je prennes le risque de perdre ma couverture.

La réponse à mes paroles qui suivirent ne fut pas plus fructueuse et réjouissante. Je devais me contenter d'un geste de sa si belle main qui me montrait les soldats qui arrivaient petit à petit. Ils étaient de plus en plus nombreux mais à vrai dire, je m'en souciais guère. Tout ce qui m'importait à ce moment précis était d'avoir un peu plus d'attention venant de la belle blonde qui se tenait en face de moi. J'avais envie qu'elle me parle, même si c'était pour qu'on se dispute ou pour qu'elle me dise tout ce qu'elle avait sur le cœur. Après tout, elle en avait totalement le droit, même si j'estimais que j'avais moi aussi mes excuses, genre que j'avais besoin de temps pour réfléchir et tout le tralala qui va avec. Je vis bientôt son regard me quitter pour se concentrer sur les blessés. On était là pour cela après tout mais quand même... Je n'arrivais pas à comprendre. Il y a quelques semaines, elle m'annonçait qu'elle avait des sentiments un peu plus qu'amicaux à mon égard et là, elle me rendait juste la monnaie de ma pièce en m'ignorant presque. C'était pas comme ça que le monde était censé fonctionner non ? Enfin bon, qu'est-ce que je connais à l'amour ? Rien du tout. Je n'ai jamais éprouvé un tel sentiment pour quiconque, pas même pour ma famille alors... Je n'avais en tête que l'image que je ne voulais bien m'en donner. Et à présent, tout ce que je pensais de l'amour, c'est que la jeune femme n'aurait jamais dû m'en vouloir. Oui, oui, je suis égoïste, vous avez le droit de le dire ! Mais bientôt, mon « voeu » se réalisa et des mots sortirent de la bouche de Billie. Des paroles ironiques, tout ce que je méritais sans doute, mais bon, c'était toujours mieux que rien ou que des gestes. Cette fois-ci, ce fut à mon tour de hausser les épaules. Je ne voyais pas trop en quoi je pouvais aider et soigner les soldats mais bon, si on m'avait assigné à ce poste, c'est sans doute parce qu'on pensait que je pourrais avoir une certaine utilité. A priori, c'était à moi de trouver laquelle maintenant. J'aurais bien rétorqué que pour elle, oui ça devait être simple vu la nature de son statut de guérisseuse mais pour moi, qui n'avait en soi que des capacités de soldats ou la force des bras et de la tête, ce n'était pas le cas. Néanmoins, je n'en fis rien. La situation était déjà assez compliquée et tendue comme ça, je n'avais aucune envie d'en rajouter une couche ! Je ne rajoutais donc rien, en me contentant de partir sur le sujet qui fâche, ce qui au final n'était peut-être pas une très bonne idée.

La miss fronça bientôt les sourcils. Oui, c'était de ma faute si on ne s'était pas parlé, et c'est moi qui osait amener le sujet sur le tapis mais bon... C'est du Galaad tout craché ça, on ne peut pas m'en vouloir pour ça quand même ?! Billie s'engagea vers les premiers blessés, commençant à en ausculter un. Je la suivis, comme un petit chien, vu que de toute façon, je ne savais pas vraiment quoi faire d'autre. Peut-être que je pourrais lui servir d'assistant si jamais elle avait besoin, ou aider à porter les blessés... Enfin peu importe du moment qu'on ne me voyait pas rien faire, sans quoi je risquais d'avoir des problèmes avec la hiérarchie des rebelles. Peu après, elle me demanda si je savais ce qui était drôle. Je sentis tout de suite que ces quelques mots ne présageaient rien de bon mais je tentais quand même un faible « non ?! ». Je n'étais pas très convaincu de ce qu'elle souhaitait entendre mais je le su très rapidement vu qu'avec un ton que je compris comme rempli de haine. Elle me regarda droit dans les yeux et s'était retournée brutalement. Elle me retourna alors en pleine figure l'ignorance dont j'avais fait preuve envers elle pendant tout ce temps. Et là, bien que je sentais son ton déraillé, comme si elle n'était vraiment pas bien intérieurement, je n'hésitais pas une seconde à lui répondre sur la défensive. « Tu ne crois pas que j'avais des raisons ? Que j'avais besoin d'un peu de temps après ce que tu m'as dit la dernière fois ? » Je ne savais pas vraiment comment lui expliquer, ni comment agir envers elle. Je ne savais même pas s'il fallait que je sois en colére ou que je fondes en excuse. Dans les deux cas, ce n'était pas moi qui agirait mais ma façade car au fond de moi, je n'avais aucune envie de m'expliquer. J'avais juste envie que les choses ne soient pas compliquées, qu'on fasse comme si de rien n'était, qu'on s'en foute de tout... Qu'est-ce qui était mieux pour ma couverture ? « Je voudrais bien m'excuser mais franchement, est-ce que je le dois ? Désolé si ça t'a fait du mal mais tu peux comprendre que ça m'a fait un choc d'apprendre pour... » pour ses sentiments... Elle comprendrait sans doute très bien que ce je voulais dire et en tout cas je l'espérais car j'étais tout bonnement incapable de finir ma phrase. Je n'aimais pas employer des mots comme ça...

Tout le monde pouvait nous regarder. Tout le monde pouvait nous entendre. C'était pourquoi je pris soin de ne pas crier, je me contentais de parler sur le ton qui s'imposait. Je crois que j'avais de la colère en moi, et en même temps, il y avait autre chose qui faisait que je ne pouvais pas en vouloir à Billie, de l'attachement ou autre sentiment que je ne pouvais pas définir. La jeune femme ne m'adressa plus aucun regard, se focalisant sur ses patients et moi, j'étais toujours là à la suivre, à ne rien faire. Et bientôt, elle m'indiqua que bien des choses s'étaient passées en ces quelques semaines. Des choses dont je n'étais pas au courant bien évidemment vu que j'étais bien le dernier à me soucier des problèmes des autres ou de la vie des autres tout court d'ailleurs. Je n'étais vraiment pas du genre à écouter les ragots ni rien... Néanmoins, je compris à sa voix que cette fois-ci, il y avait vraiment quelque chose qui clochait et cela ne pouvait pas résulter uniquement de notre conversation. Il y avait forcément autre chose... Et c'est à ce moment là que je commençais à m'en vouloir de ne pas avoir été là et à comprendre pourquoi elle m'en voulait également. « Tu veux en parler ? » Je m'attendais déjà à une réponse négative de sa part. Pourquoi voudrait-elle se confier à moi alors qu'elle avait sans aucun doute des amis beaucoup plus proches avec qui elle pouvait parler plus facilement ? « Tu sais, je ne suis peut-être pas l'homme parfait, même loin de là, mais je sais écouter. » Ou en tout cas, l'homme pour qui je me faisais passer savait écouter car moi, je ne savais même pas moi-même si c'était le cas où non. J'avais tellement pris l'habitude d'être quelqu'un d'autre qu'au final, j'en étais au point de me demander si je ne m'étais pas perdu en cours de route... « Je ne peux pas effacer tout ce qui s'est passé. Je ne peux pas revenir en arrière. Mais en tout cas, je suis là maintenant... »
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MessageSujet: Re: BILLIE&GALAAD   BILLIE&GALAAD Icon_minitimeJeu 22 Nov - 22:58


J'avais placé beaucoup trop d'espoir en Galaad en bien trop peu de temps ; et cette confiance aveugle que je plaçais en un parfait inconnu m'avait été renvoyée en pleine figure lorsque, lui avouant enfin ce qui me tourmentait depuis quelques semaines, je l'avais vu me tourner le dos et m'éviter jusqu'alors. Depuis la mort de Kathleen – ô douleur –, je n'ai même plus la force de faire semblant. De prétexter que tout va bien dans le meilleur des mondes parce que ce n'est pas le cas. J'ai perdu une partie de moi lorsqu'elle est partie, définitivement. Sortie de ma vie, fatalement. J'ai conscience d'être devenue extrêmement irritable, comme bien trop exigeante avec des personnes qui ont pour seule prétention de tenter de m'aider à surmonter pareil cataclysme. Une bombe qui est venue tout ravager dans ma vie. Mais, curieusement, le soutient que j'attendais le plus ; ce n'était si celui de mes sœurs, ni d'Aiden, mon ami d'enfance. Non, je m'étais surprise à rêver de deux yeux bleus plongés dans les miens, de deux bras qui seront venus m'enlacer et auraient patiemment attendu que ces larmes que je garde pour moi depuis si longtemps finissent de couler. En dépit de tout, de son abandon incontestable, j'avais désespérément attendu le soutient de Galaad. Mais il n'est jamais venu. Au lieu de quoi, il m'a laissée dans un recoin reculé de son passé, comme au fin fond d'un couloir abandonné du Treize ; je suis persuadée qu'il nous a déjà oubliés, moi et nos quelques instants de complicité. Juste, trotte dans mon esprit, la déclaration maladroite que j'ai bien pu lui faire avant qu'il ne détale comme un lapin. Seulement, réside dans mon cœur, la honte mêlée à la douleur d'avoir été ainsi rejetée. Sans le moindre ménagement. Et, le voilà, juste en face de moi, à espérer que je trace un trait sur ces dernières semaines passées à s'éviter ? Je ne peux pas passer l'éponge. Je ne suis pas comme ça. Ne le suis plus. J'ai l'impression tenace que le temps s'égraine lentement, et qu'à chaque grain qui s'écoule de cet immense sablier, on m'ôte un minime fragment de mon âme. Puis un autre. Et encore un. Et ce manège ne cessera pas tant que ma carcasse ne sera pas désespérément vide. Et ça me tue. Lentement, doucement. Encore une fois. Peut-être la dernière. Peut-être seulement la première. Je ne sais plus. Je ne vis plus. J'ai un pied de chaque côté de la barrière que j'ai entièrement traversé il y a six ans. Cette corde de funambule sur laquelle j'avais désespérément essayé de garder l'équilibre pendant mes Jeux, sachant pourtant pertinemment que, d'une minute à l'autre, je risquais de tomber et de m'écraser lamentablement au sol. Pauvre petite chose.

Du coin de l’œil, j'intercepte le geste de Galaad qui hausse finalement des épaules, et je me retiens bien de me retourner pour lui intimer un peu plus de respect pour les blessés. Les soigner, avec attention et précaution. Pas avec nonchalance et indifférence. S'inquiéter, leur parler. Et non pas les ignorer, comme il l'avait déjà si bien fait. Je n'ai pas même la force de me remettre en cause, de constater que je suis totalement injuste à son égard, simplement guidée par mes sentiments, ma rancœur nouvelle ; seule sensation qui parvient à combattre la douleur muette qui enserre ma poitrine. Tandis que je m'attelais à ausculter l'un des soldats, j'eus tout le loisir de constater que le brun me suivait. J'inspire imperceptiblement une longue bouffée d'air, plus pour me donner contenance que pour revigorer mes poumons obstrués depuis des semaines. J'essaie de rester maître de moi-même, de ne pas succomber à la colère qui veut s'emparer de mon être lorsqu'il constate à voix haute que nous ne nous étions pas parlés depuis longtemps. Je le trouve cruel, à me rappeler qu'il est parti, m'a abandonnée, même lors des moments critiques qui s'annonçaient par la suite. Pas le moins du monde présent pour m'aider à me réhabituer à la présence constante de mes sœurs à mes côtés, et encore moins à tenter de surmonter la mort inattendue de ma meilleure amie. Souvent, je me surprends à désirer qu'un autre ait pris sa place, qu'un autre ait trouvé la mort là où elle a expiré son dernier souffle et je songe qu'aujourd'hui, nous serions toutes les deux en train de rire pour un rien ; je me demande même si je n'aurai pas été prête à envoyer Galaad face à une mort certaine, simplement pour préserver celle que je considérais comme ma moitié, littéralement mon âme sœur. Aussitôt, la culpabilité et la honte me ramènent sur terre et me rappellent que j'aurais beau trouvé cela injuste, rien ; rien ne me rendra Kathleen. Et pourtant... Pourtant, quand il ose souffler « non ?! », je me plais à penser qu'il aurait très bien pu aller à la place de mon amie. Parce que le sort, loin de nous êtres favorable, s'est toujours acharné sur nous. Qu'a-t-il fait, à Galaad ? Lui a-t-il arraché une personne chère à son cœur, l'a-t-il propulsé au devant de sa mort avec pour seule consolation de se dire qu'il pourra rejoindre ces personnes qu'il chérissait tant mais qui sont parties trop tôt ? Une bouffée de rage me gagne à l'idée qu'il ait connu une vie des plus banales, sans drame ni larmes. Injuste. Irrémédiablement et irrévocablement injuste. L'envie de hurler est forte, la nuit, lorsque j'entends encore les échos du rire de Kath, dans le silence de plomb qui règne en maître dans la salle de garde – où je dors plus que dans ma propre chambre depuis peu –.

Je me sais à fleur de peau ces derniers temps, agressive, même. Je ne culpabilise même plus de blesser autrui par des paroles un peu trop tranchantes ; je sais qu'on me le pardonnera, parce qu'on murmure que je n'ai toujours pas fait mon deuil, qu'il me faut du temps, que c'est normal. Sauf qu'ils ne comprennent pas, ces autres, que je ne ferai jamais mon deuil ; mais ils laissent passer alors, je ne fais pas le moindre effort. « Tu ne crois pas que j'avais des raisons ? Que j'avais besoin d'un peu de temps après ce que tu m'as dit la dernière fois ? » Le soldat que j'ausculte depuis tout à l'heure semble tendre l'oreille, la curiosité peut-être piquée au vif parce ce qui ressemble, de près comme de loin, à une scène de ménage venant chambouler le quotidien d'un couple. Sauf que je sais pertinemment que Galaad et moi ne formerons jamais un couple ; pour la simple et bonne raison qu'il fuit toutes responsabilités que ça implique, ou du moins ces responsabilités-là avec moi. Mes doigts tremblent légèrement, sous le coup de l'émotion, de la colère surtout. Il n'a pas le droit de se faire passer pour la victime. Pas après tout ce que j'ai enduré. Pas alors que c'est moi qui peinais à trouver le sommeil, tourmentée par des yeux trop bleus que je ne pouvais même plus croiser dans les couloirs sans qu'il ne s'enfuit en courant deux minutes plus tard. Je pince les lèvres, tentant vainement de me concentrer sur la blessure du soldat que je panse, à son bras. « Je voudrais bien m'excuser mais franchement, est-ce que je le dois ? Désolé si ça t'a fait du mal mais tu peux comprendre que ça m'a fait un choc d'apprendre pour... » Un sourire amer vient déformer mes lèvres blêmes, il se refuse même à le dire à voix haute. Et je me demande comment j'ai pu songer, même une seconde, qu'il partage ce qui commençait tout juste à poindre dans mon cœur. Je ne l'aimais pas à la déraison, je n'étais pas encore éperdument amoureuse de lui mais, au fond de moi, une voix me soufflait que j'aurai très bien pu finir par l'être. Je me retourne vers lui, le regard criant de douleur, de rancune aussi. La rancune, toujours. « Arrête de me faire passer pour la méchante ; tu avais besoin de temps, moi j'avais besoin de toi. », j'assène avant de passer à un autre patient tandis que je viens de finir de panser la blessure du soldat un peu trop curieux. Et je m'en fous, que lui ou un autre interprète mal mes paroles. Ça n'a plus aucune importance, tout est fichu. Tout est perdu. « Tu veux en parler ? », ose-t-il me demander lorsque je lui avoue, à demi-mots, qu'il y a des évènements où j'aurai eu besoin de son appui. « Tu sais, je ne suis peut-être pas l'homme parfait, même loin de là, mais je sais écouter. » Je jette un regard critique sur l'un des soldats, paisiblement installé en face de moi, ne semblant ni souffrir, ni être blessé, attendant simplement sagement que lui autorise de vaquer à ses occupations ; il est jeune, ne doit être guère plus vieux que moi. Je lui souris doucement – et je ne sais même pas si ça ressemble encore à un sourire – avant de lui signaler, d'un bref geste de tête, qu'il peut immédiatement porter aide aux guérisseurs et se charger d'apporter les blessés graves jusqu'au centre de soins tant qu'on peut les bouger. Enfin seule avec Galaad, toujours posté derrière moi, je me retourne vers lui : « Si tu écoutes aussi bien que tu fuis, alors oui, tu dois être une oreille des plus attentives. » Et pourtant, les piques un brin acides ne sont pas là pour le blesser ou le rejeter, juste pour lui rappeler que ses actions d'aujourd'hui n'effaceront pas son manque de réaction d'hier. Et puis, surtout, pour me souvenir que je ne dois pas lui pardonner aussi facilement. Même si l'envie y est. « Je ne peux pas effacer tout ce qui s'est passé. Je ne peux pas revenir en arrière. Mais en tout cas, je suis là maintenant... » Ma voix tremble un peu lorsque je réponds : « Oui, mais pour combien de temps ? » Je le regarde droit dans les yeux, perds un instant tous mes moyens comme ma voix. J'entrouvre les lèvres, prête à tout lui déballer. À commencer par Avalon et Rumer, mes deux sœurs qui me croyaient mortes et que j'ai finalement retrouvé ; de Kathleen qui est partie, et une part de moi avec elle ; de mes crises d'insomnie qui se font de plus en plus fréquentes, de ces Hunger Games qui reviennent me hanter de nouveau, six ans après la fin de tout. Horrible cercle vicieux dans lequel je suis ballotée de gauche à droite sans pouvoir rien n'y faire ; impuissante pour toujours devant les drames qui viennent perturber mon existence depuis ma naissance. Et, avant même que le moindre mot ne franchisse mes lèvres, je me résorbe, encore trop méfiante, encore trop blessée qu'il m'ait laissée. « Tu ne pourras pas comprendre. » Et, comme si ça ne suffisait pas, je rajoute : « Tu ne me connais pas. » Car il a beau connaître la Billie que je suis aujourd'hui – où plutôt : que j'étais encore il y a peu – ; il ne sait rien de ma vie, telle qu'elle était au Neuf, de mes ambitions, de mes rêves et, encore moins, mes tourments. Je tourne les talons, prête à retourner m'occuper des blessés mais, surtout : prête à oublier Galaad et ce sentiment de confiance qui, de nouveau, vient s'insinuer dans mon être alors qu'une voix perfide me souffle l'horrible mot de trahison.


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