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 _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]

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_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Vide
MessageSujet: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeMer 19 Sep - 21:18

_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] 1348086375-2




“There’s six ways you misbehave. But I just need one to push you.”


Sur quels critères accorder sa confiance ? On est tentés d’ouvrir la porte à un visage familier, tendre la main à un proche dans le besoin, se rebeller pour sa propre chair. Après tout si ce n’est à eux qui peut confier sa survie aveuglément ? Mais de toutes les fourberies annoncées, l’inattendue viendra toujours de ceux que l’on croit connaitre. La vérité ? On ne peut s’en remettre à personne dans ce monde. Le plus vil des hommes est capable d’être aussi changeant que le plus saint. Il suffit qu’il y trouve profit. Raison honorable ou perfidie. On imagine les liens de l’amour et du sang inviolables par le prétexte qu’ils donnent. Votre meilleur ami, votre collègue, votre enfant, votre mère, votre frère. Même votre femme. Tous de potentiels traitres. Il vaut mieux la naïveté de ne pas y croire. Oh j’aurais aimé en être encore capable. Mais il y a bien longtemps que ce n’est plus le cas. Je me demande même si j’y ai déjà accordé du crédit. J’envie ceux qui n’ont jamais connu la trahison. Vers qui puis-je me tourner maintenant ? J’ai enduré les obstacles seul. Je m’en suis toujours sortit, ma fille est toujours en vie. Mais plus l’échéance de son éligibilité aux jeux approche et plus je deviens nerveux au moindre problème. Je devrais me réjouir. Mais je sens que quelque chose se profile, et j’ai bien peur que cette fois, c’est beaucoup trop gros pour moi.

Chaque année la même routine. Et comme chaque année le même affect de mes pensées alors que je me fraye un passage à travers la foule hétéroclite du Capitole. Toute cette agitation a eu raison de mon emploi du temps serré et de mon calme. Partout les rues fêtent encore le tribut vainqueur à grands coups de promotion exubérante. Sur les écrans géants, sur toutes les lèvres, parfois même en inspiration sur les tailleurs chics. Hier encore le district huit pleurait. Hier encore je pensais que ça aurait pu être Enora. Combien de temps encore la chance nous sourira-t-elle ? Et pourtant je suis là à fouler les pavés au milieu de tous ces clowns qui s’amusent de notre mauvaise fortune. Je passerais presque pour l’un des leurs en tenue civile et cette simple idée me répugne. Si je n’avais pas eu l’obligation de me présenter pour mon évaluation annuelle, je me serais bien passé de ce petit voyage. Être chef de district a ses avantages et ses inconvénients. Celui-ci en est un gros. Et si mon ancienneté dans le service me permet certains écarts, je n’échappe pas aux rapports obligatoires. Oui la confiance rayonne ici aussi. Et même un pacificateur avec une réputation comme la mienne se doit de renouveler son allégeance. Après tout, les tueurs sont les plus à craindre s’ils retournent leur veste.

Je lâche un profond soupire en pénétrant enfin dans le hall du centre de défense. J’ai réussis à rattraper mon retard qu’une hôtesse accueille avec un sourire refait. La contrefaçon haut perchée de sa voix me provoque une légère grimace bien vite masquée par un sourire faussement courtois. Je ne m’y ferais jamais. Cette atmosphère irrespirable pour ceux qui comme moi ont grandi à l’air des districts. Elle m’indique joyeusement un bureau du deuxième étage après avoir enregistré mon nom et je ne prends nullement la peine de la remercier. Qu’attend-on de moi ? J’ai répondu à ma convocation habituelle, j’ai remplis des papiers et brisé mes records sportifs de l’année passée. J’ai même omis de parler dans toute sa vérité de ma petite aventure d’il y a deux jours. Nightsprings m’en devra une sur ce coup là. Alors qu’attendent-ils de moi ? J’ai pour principe de ne m’attarder à la capitale, pas plus que je n’aime me mêler des affaires d’en haut. Et malgré ma position je n’abuse jamais de l’hospitalité du bureau central en prenant toujours le premier train pour le district huit. Non, s’ils m’ont demandé de rester, c’est que quelque chose cloche. Auraient-ils des soupçons ? Impossible, ils m’auraient cueillit dès mon arrivée. Une promotion peut-être ? J’ai expressément demandé à rester au huit. Non, c’est autre chose. Et ça ne me plait guère d’avoir à le découvrir.

***

La porte du bureau claque. Une brève poignée de main et quelques dernières recommandations. Alors un simple interrogatoire ? Ils auraient pu mettre n’importe qui sur l’affaire, mais c’est moi qu’ils veulent. Une soi-disant occasion en or suggérée par le chef du district un en personne. Je suppose que je dois voir ça comme une reconnaissance de mon efficacité. Je n’ai que très peu vu Hunter. J’ai plutôt eu l’occasion de constater son travail. S’il pense que je suis capable de soutirer des informations à un prisonnier dont il a arraché la langue, c’est placer trop d’espoirs en moi. Peut-être devrais-je m’en sentir chanceux ; après tout on m’a donné si peu d’informations sur la cible que je peux aisément déduire que ce qu’elle sait est de la plus grande importance. Si réussite il y a je pourrais m’en servir pour acheter un peu plus leur bénédiction. Alors pourquoi ai-je l’impression que cette mission a tout d’un plan foireux ? Je n’aime pas être ici. Je n’y ai pas mes marques ni mes subordonnés. Qui aime travailler à dépecer les brebis dans la gueule du loup ?

Mon cheminement jusqu’aux cellules est interminables. Plusieurs escaliers, un ascenseur, des postes de garde, rien à voir avec nos prisons de campagne. Je ne suis venu ici qu’une seule fois. A vrai dire j’aurais presque oublié que c’était en tant que simple civil. Je n’ai aucun souvenir de ces corridors grisâtres et pourtant ils me mettent mal à l’aise. De mauvaises images frôlent ma conscience, des ombres passées que j’aimerais éviter de me souvenir. Par chance la porte indiquée se présente à moi, gardée par deux pacificateurs plutôt costauds. Apparemment on ne voulait prendre aucun risque avec ce type-là. Je leur adresse un signe de tête, n’ayant pas besoin de m’annoncer qu’ils s’écartent en me laissant une clé, sûrement déjà prévenus de ma présence. Je m’introduis à l’intérieur et referme la porte, aussitôt plongé dans le noir. Une bonne vieille technique de torture est déjà à l’œuvre ici. Un sourire amusé se forme sur mes lèvres. Attention à tes yeux mon beau, ça risque de piquer un peu. Ma main cherche l’interrupteur à tâtons et le crépitement familier d’un néon se mettant en marche perce le silence de la pièce. Il n’y a aucun confort. Le béton est apparent sur les murs, le plafond bas renforce l’oppression de l’absence de fenêtre et une simple chaise habille le tout. Le grand luxe. Un bruit de chaînes attire mon regard. Il y a un homme enchaîné dans un coin de mur. Et ce constat est un euphémisme. Un rapide coup d’œil m’apprend que le sujet a les deux jambes réduit en miettes et d’autres multiples blessures. Je lève les yeux au ciel. Tout ce cirque de surveillance pour un pauvre bougre incapable de se trainer si tant est qu’il arrive à se sortir de ses entraves. Les paramètres de la situation m’arrachent un sourire crispé. Hunter, la fougue de la jeunesse. Bienvenue dans les sous-sols du Capitole mon cher Clay Kennedy-Fawkes. Ou du moins ce qu’il en reste. 28 ans. District sept. Capture basée sur des soupçons de trahison et son affiliation avec un grand nom de la rébellion, Julian Kennedy-Fawkes. Et pour cause, ils sont jumeaux. Voilà tout ce qu’on a daigné me fournir. En définitive on me demande de faire la baby-sitter d’un éclopé en le taquinant de temps en temps du bout d’un bâton dans l’espoir qu’il soit enclin à me dire des choses intéressantes. Je me masse les tempes, lâchant un soupire mesuré. A nous deux, comment vais-je te cuisiner pour passer le temps ?

Sans briser le silence je m’approche, m’accroupissant pour déverrouiller ses chaînes. J’attrape la chaise d’une main, prenant bien soin de la trainer sur le sol dans un bruit de ferraille assourdissant jusqu’à la positionner en face de lui. Je m’y assois à l’envers les bras sur le dossier, plantant mon regard dans le sien en sortant une cigarette –un des avantages du Capitole- que je cale entre mes lèvres. Alors pourquoi t’es là hein ? Qui t’as trahi pour que tu te retrouves cloué a un mur avec la gueule dans son jus ? Voilà ce que c’est d’accorder sa confiance. C’est ton frère hein ? Forcément que c’est ça. La vie t’as vraiment fait une blague douteuse en te donnant la même tronche qu’un rebelle. Si j’avais pas un minimum de retenue, je te rirais au nez. Je cesse de l’observer le temps d’allumer ma clope, tirant une longue bouffée. Torturer et interroger. Aucun problème. Mais passer après le travail laborieux d’un autre et manger les restes en espérant tomber sur un os, jamais je n’aurais pu espérer meilleur travail de chien du Capitole.

« Ydris Candria. On m’a refourgué ton cas sans préciser qu’il était désespéré. Voilà pour les présentations. »

Je lui fais un bref signe las de la main. J’espère qu’il lui reste encore suffisamment de répondant pour que ce ne soit pas totalement une perte de temps. Et vu les conditions dans lesquelles ils le retiennent, c’est déjà une chance qu’il ne soit pas froid comme un mort. Pinçant la cigarette entre mes lèvres j’hausse soudainement les sourcils, glissant une main dans la poche de ma veste pour en sortir une barre chocolatée. Je comptais la ramener à Enora pour lui faire goûter mais tant pis, j’en rachèterais une autre plus tard.

« Tiens mange-ça. J’voudrais pas qu’tu clamse sous ma garde et on a beaucoup de choses à se dire toi et moi. Des nouvelles assez mauvaises, Clay. Mais je suppose que tu les connais déjà. »

La barre chocolatée atterrie sur ses jambes et ma bouche s’étire en un large sarcasme. En vérité je m’amuse déjà alors que nous n’avons encore qu’à peine commencé. Il y a tellement de possibilités pour briser quelqu’un. Et je ne parle pas de ses rotules qui sont sans intérêt. Plus il me parlera et plus je trouverais l’unique moyen de le détruire. Plus il me parlera en pensant que je sais tout et plus j'apprendrais ce qu'on a voulut me cacher. C'est si risible. Il posera lui-même les pièges dans lesquels je le ferais tomber. En attendant je serais plaisant. J’agirais calmement presque comme un ami. Qu’il entre dans mon jeu ou non, ça ne changera rien.

Car personne ne mérite la confiance.

Il y a mille façons de briser un homme. Je n’ai besoin que d’une seule.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
DISTRICT 7
Clay L. Kennedy-Fawkes
△ correspondances : 617
△ points : 0
△ à Panem depuis le : 03/02/2012
△ humeur : Combattif
△ âge du personnage : 29 ans.


can you save me?
statut: C'est compliqué
relationships:


_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Vide
MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeJeu 20 Sep - 10:11



« RISE AND SHINE. ALWAYS. »


L’obscurité. Cela devait bien faire quatre jours au moins que les rayons du soleil manquaient. Si au début les choses se passaient plutôt bien, il était évident maintenant que cet endroit était bien pire que les chambres blanches sans fenêtres du Treize. Les ténèbres pouvaient rendre fous bien des hommes, et dans le fond, qui étais-je pour échapper à la règle ? S’accrocher à des images fictives ou des souvenirs n’aiderait pas à tenir des mois ou même des années dans cet enfer. Ils finiraient par dépérir, et s’effacer lentement pour ne laisser place qu’à un vide désarmant et angoissant. Alors la folie prendrait sans doute sa place, celle qui lui revenait de droit, si on en suivait la logique. Mais comment être sûr qu’il s’agissait de jours et non de semaines ? Dans un endroit tel que celui-là, il était rapide de perdre la notion du temps, rien ne pouvait permettre de comprendre l’heure que devaient afficher les aiguilles de toute la ville. Même pas les allées et venues des Pacificateurs. Rien n’aidait. Absolument rien. Et par-dessus tout, l’extrême solitude et l’angoisse de se retrouver face à soi-même. Qu’il était loin le District Sept, qu’elle était loin ma vie d’avant. Celle sans le moindre encombre ou presque, seule demeurait l’adrénaline lorsqu’il fallait sauver une vie, un habitant, et parfois même un Pacificateur. Bien que je ne les ais jamais aimé, il avait pourtant bien fallu que je les remette en état. Les balles perdues, les coupures et autres virus, il avait bien fallu m’y plier à ce moment-là, et on ne pouvait pas dire que les Pacificateurs de l’époque étaient d’aussi grands sournois que ceux qui arpentaient sûrement les rues à l’heure actuelle, ou même ceux du Capitole.

A bien y réfléchir, qui étais-je ? Quelle était ma valeur à leurs yeux ? Ceux du Capitole, ceux d’Hunter ou encore ceux des rebelles ? Julian ne devait pas venir ici, il ne devait pas prendre la folle initiative d’espérer pouvoir me récupérer. Je lui avais moi-même demandé, je lui avais fais promettre, mais il était bien assez fou parfois pour se jeter bêtement dans la gueule du loup. Et s’il le faisait ? Tous mes efforts n’auraient servis à rien ? Aurais-je enduré autant de souffrance pour… Rien ? Ou pour mourir en finalité ? Qu’on ne s’y méprenne, je tenais à mon frère comme à la prunelle de mes yeux, je connaissais l’importance de son rôle et depuis son séjour dans l’arène, je n’avais de cesse de vouloir comprendre, ce que ça pouvait faire, à cause d’un sentiment de culpabilité. Je m’étais toujours juré de le protéger, et lorsque finalement son nom avait été tiré au sort, je n’avais pas bougé, incapable de faire un pas. On dit que les jumeaux sont capables de ressentir certaines choses entre eux. Que si l’un d’eux meurt ou souffre, l’autre peut le sentir aussi. L’adrénaline et la peur de l’arène, je l’avais bien senti pendant tous ces jours d’absences, la boule au ventre qu’il ne revienne jamais. Pourtant, Julian était bel et bien vivant, mais quel était le prix à payer pour avoir gagné un jeu composé uniquement de barbarie ? Les jeux… Ils devaient avoir commencé depuis des lustres, peut-être même étaient-ils terminés. Je n’avais pu être là pour ces jeunes, les encourager ou encore pour tenter vainement de les rassurer, certains d’entre eux avaient même dû se demander où était ce cher médecin qui se préoccupait tant des autres, avait-il fui ? Comme un lâche ? Ou avait-il rejoint une cause plus grande ? Personne n’était à même de le savoir, pas même… Moi. Et l’obscurité s’alourdit, constamment, rongeant l’âme à petit feu, dans le but de rendre fou, de faire céder. Mais n’était-ce pas un rayon de soleil qui traversait soudainement le plafond ?

Non, ce n’était qu’une illusion, mais se perdre dans celles-ci repoussait la réelle folie, permettait de survivre sans trop se perdre dans les méandres de sa conscience ou même de son inconscience. Le Capitole paierait, un jour, pour tout ceci, tous ces crimes odieux et malsains. J’en étais certains et m’accrochais même à cela. Tout le monde un jour finit par payer pour ses actes. M’accrochant cette lumière, je tentais désespérément de préserver mon âme, et de penser à autre chose que la douleur constante. Ils m’avaient jeté, comme un vulgaire sac de viande dans ce trou à rat. Il avait fallu retenir mes quelques larmes de douleur lorsqu’ils étaient venus me chercher dans l’autre cellule, après le « massacre ». Impossible de marcher, le cerveau lui-même n’arrivait plus à ordonner aux jambes de fonctionner, alors s’était immédiatement immiscer le début de l’angoisse, car l’instinct de survie était brimé. Sans jambes fonctionnelles on ne pouvait aller très loin, il n’y avait plus aucune solution de fuite. Ne restait que l’interminable attente. Attente de quoi ? Pourquoi viendraient-ils me chercher, eux, les rebelles ? Je n’avais été qu’une source d’ennuis pour le Treize depuis mon arrivée, je n’étais qu’une épine dans leurs pieds, alors j’avais fui une cage dorée pour me retrouver dans une autre, alors qu’en réalité je ne cherchais là que mon District. Je m’étais condamné, même si rien de tout cela ne serait arrivé si Julian n’avait pas été un chef, le chef. Je payais le prix de ma ressemblance et de notre lien du sang. Toutefois, il était intéressant de se rendre compte que le Capitole pouvait considérer ma vie, comme une sorte de menace. Dans le fond, n’auraient-ils pas peur que je rejoigne définitivement la cause de la rébellion ? Ils n’arrivent déjà pas à tuer un Kennedy-Fawkes, alors qu’en serait-il de deux ?


***

Le bruit d’une clé dans la serrure rouillée me tira rapidement de mes rêveries, m’offrant un retour brutal à la réalité qui était mienne et dont je cherchais à m’éloigner le plus possible depuis que je me trouvais dans la pièce. Assis à même le sol, je n’osais bouger d’un millimètre, car la douleur était toujours aussi vivace et le serait toujours, tant qu’aucun soin n’aurait été pratiqué. Les deux molosses de la veille ? Avant-veille ? De la dernière fois, arrivèrent, et je compris alors que j’avais rendez-vous avec quelqu’un, mais qui ? Hunter était-il de retour ? Ou était-ce quelqu’un d’autre ? La mort peut-être ? S’étaient-ils rendu compte que malgré ma « non-violence » je pouvais me montrer aussi têtu qu’une mule ? Il paraitrait que ce soit de famille… Me laissant attraper sans broncher, de toute façon que pouvais-je dire ou faire ? Je dus supporter une nouvelle fois cette vision d’horreur. Être trainé dans les couloirs beaucoup plus lumineux n’était pas franchement ragoutant, même pour un habitué de la misère des District. Serrant les dents, je me laissai trainer jusque dans une cellule que je connaissais bien, c’était la cellule. La toute première, celle prévue pour les massacres. Mon état devait être plus que déplorable, et l’odeur sordide de chaque pièce n’aidait pas à se sentir un minimum propre sur soi. Trainé de la sorte, je me rendais compte combien mes jambes avaient mal, j’avais l’impression d’avoir des ballons à la place des genoux, et la marque au fer rouge continuait de brûler ma peau à vif comme au premier jour. Non, vraiment, je détestais cet endroit. Le manque cruel de la forêt et de la lumière du jour se faisait de plus en plus sentir, même si je continuais de le cacher parfaitement. Enfin j’espérais.

Les deux gorilles me lâchèrent sans ménagement sur le sol, je ne pu retenir un grognement entre mes dents serrées et dus me faire violence pour ne pas hurler face à la douleur qui reprenait et tambourinait dans l’ensemble de mes jambes, faisant augmenter mon rythme cardiaque par la même occasion. Le bruit des chaines arriva jusqu’à mes oreilles, si bien que je n’eus même pas le temps de m’installer correctement, dans une position la « plus confortable » possible, celle qui était mienne quelques minutes plus tôt. Soufflant longuement, ils ne se firent pas prier pour les verrouiller et sortir de la pièce aussi rapidement qu’ils étaient entrés. A croire qu’ils avaient fait ça toute leur misérable vie. La porte se referma presque aussitôt, pour me laisser à nouveau dans le noir. Un long soupire s’échappa de mes lèvres tandis que j’essayais tant bien que mal de me redresser un minimum pour me mettre assis dans le coin. Je mis bien plusieurs minutes avant de réussir à m’adosser contre le mur, je positionnai mes jambes correctement en me mordant si fort la lèvre inférieure que j’aurai pu me l’arracher. Une fois en place, je soufflai à nouveau, attendant que la douleur ne daigne partir ou s’estomper après l’effort. Chaque mouvement devenait une véritable épreuve, comme si j’avais couru un marathon, et l’impression de n’être plus qu’un poids gagnait de plus en plus sa place au sein de mon esprit. J’attendis à nouveau, des secondes, peut-être même des minutes ou des heures, avant que le bourreau du jour (ou de la nuit) n’arrive. Fatigué, je daignais regarder la silhouette franchir le seuil de la porte jusqu’à ce cette dernière n’appuie sur l’interrupteur. Le bruit significatif d’un néon qui s’allume n’a pas le temps de parvenir jusqu’à mes tympans que la lumière se fait déjà horriblement éclatante dans la pièce, pourtant, la lumière n’était pas des plus fortes aux yeux de quelqu’un qui connaissait la lumière du jour. Fermant instinctivement les yeux en fronçant les sourcils, je mis plusieurs secondes avant de rouvrir doucement les paupières pour finalement les refermer, et ainsi de suite jusqu’à ce que mes prunelles se soient acclimatées à la lumière. S’avança alors un type que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam. Alors comme ça ils tentaient quelqu’un d’autre ? Baissant finalement les yeux, comme si le Pacificateur ne m’intéressait pas, je fus néanmoins surpris que celui-ci décide de déverrouiller les chaines qui m’entravaient. Arquant un sourcil, je relevai les yeux sur lui d’un air méfiant, alors d’après lui j’étais dans un si piteux état qu’il me jugeait incapable de me défendre ? Malheureusement c’était la triste réalité, mais tant qu’il y avait encore de la hargne, il y avait de l’espoir. A l’image de la lumière, le bruit assourdissant de la chaise trainée contre le sol eut le don de m’agacer, c’était un autre genre de Pacificateur, beaucoup plus… Calme qu’Hunter, un peu à mon image. Je me méfiais d’autant plus de ce genre de personnes car je mettais moi-même ce type de « petit jeu » en pratique. Cela promettait d’être intéressant.

Le laissant s’asseoir sans le quitter un seul instant des yeux, je récupérais mes poignets, me les massant légèrement pour ranimer un peu la circulation sanguine. Le plus dur dans toute cette histoire avec le manque de la nature ? C’était le fait de ne pouvoir se soigner. Nommer chacune de mes blessures dans ma tête était devenu un rituel, pour ne pas oublier les diagnostics et ainsi calculer les risques et les prendre en compte pour s’économiser au mieux. Mais je n’étais pas dupe pour autant, je connaissais ma fatigue, je savais mes forces diminuées par le manque de soleil, et le manque d’eau. Le manque de nourriture était un moindre problème, et même si mon estomac criait famine, j’avais fini par l’oublier. Je n’avais pas toujours vécu dans une maison de vainqueur au Sept. Je connaissais les dégâts de la faim. Quand la voix du Pacificateur résonna finalement dans la pièce, j’haussais un sourcil. Désespéré ? Pinçant les lèvres, je ne répondis rien, pas tout de suite, mais aussi incroyable que cela pouvait paraître, j’avais encore assez de force pour rester calme et réfléchi dans tout ce que je pourrais dire. L’homme, de son prénom Ydris, agit encore de façon intrigante. Recevant la barre chocolatée sur les jambes, je restai d’abord immobile, relevant les yeux sur lui comme s’il était un ovni ou une espèce encore plus dangereuse de Pacificateur. Dans quel but faisait-il ça ? C’était quoi la farce ? Face aux mots, je me surpris à esquisser un fin sourire puis j’attrapai la barre pour la poser à côté de moi, pour plus tard.

« Aucun risque que je ne meurs dans vos bras, la douleur me tient parfaitement éveillé. ». Nouveau petit sourire, avant de finalement rouler des yeux. « De mauvaises nouvelles ? Quoi ? Hunter a enfin compris que j’étais inutile pour ses plans ? Que je ne lui donnerais rien ? Pour moi ça sonne plutôt comme une bonne nouvelle. ». Je me tus un instant, réfléchissant, non, ce ne pouvait être ça. « Toutefois, je doute qu’il s’agisse de ce genre de nouvelles, il ne vous aurait pas envoyé ici sinon. Il tente juste d’autres méthodes. Parce que c’est comme ça que les Pacificateurs procèdent n’est-ce pas ? ».

Réfléchir, parler, passer le temps permettait de dissiper la douleur. Il suffisait d’occuper l’esprit pour avoir un peu de répit dans cet enfer. L’heure était donc à la réflexion, car je ne cessais de voir cette visite comme une sorte de défi. Que cherchait donc à faire Hunter à travers cet Ydris ?

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_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Vide
MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeLun 24 Sep - 22:37



« A sight like a ticket to drive you to hell. »


Un simple regard déclenche beaucoup de choses pour peu qu’on y attache de l’importance. Il y a dans ce double vide circulaire un gouffre béant comme une porte ouverte sur ce qu’on essaie de cacher. Inquisition, affection, haine, et toutes ces émotions spontanées. Ils auront beau s’obscurcir, tenter des jeux de miroir, nos yeux révèleront toujours ce que nous sommes. Là, ce reflet qui nous dévisage, est-il vraiment conforme à l’original ? Etre et paraitre, s’y perdre en essayant de devenir insondable. Il y a tant de regards que j’ai croisés. Analyser, décortiquer pour mieux réduire en miettes celui qui le lance. Telle est ma méthode. Un jeu de théâtre et de bluff, aux aléas de mon intuition et de mon expérience. Et pourtant je ne sais pas ce que je vois dans le mien. Il y a bien longtemps que j’ai cessé de m’y intéresser. Je me conforte dans l’idée que je m’en fais. Froid et dur. Mieux que quiconque je peux sonder les mécanismes des hommes qui ont quelque chose à cacher. Mieux que quiconque je peux les briser. Car je n’oublie pas, que je fus un jour à leur place.

Ce que je vois dans le sien, n’est pas très différent de ce à quoi je m’attendais. Ou plutôt dépasse-t-il mes espérances. Ses yeux verts se sont délavés d’espoirs que même l’obscurité n’a su ronger. Peut-être est-il tout simplement de bonne trempe. Il vaut mieux pour lui. Il est encore loin du point de rupture mais pourtant si proche. S’il n’aurait plus d’autre choix que de ramper pour survivre, je suis certain qu’il tiendrait tant que je ne lui écraserais pas les doigts. Blackbird ne m’a pas laissé que des restes finalement, toutefois pas plus qu’un os à ronger. Mais avec le peu de matière fournie, je devrais me débrouiller sans problèmes. Après tout, il y a un élément qui me semble intéressant à exploiter. Et lui, que voyait-il dans son jumeau ? Je me demande ce que l’on ressent de contempler son visage sans miroir. Sont-ils identiques ? Sont-ils en bons termes ? Je me garderais bien de lui demander tout cela car nous ne sommes pas à la terrasse d’un café. Et pourtant ce fait de la nature m’intrigue. On dit que leurs destins sont toujours indéniablement liés. Sans-doute son frère est-il déjà au courant de sa captivité. Peut-être même est-il en chemin pour le sauver. Ou peut-être même n’en a-t-il rien à foutre. De ce que j’en imagine Mr. Chef des rebelles à sûrement d’autres choses à faire. Abandonnerait-il ses responsabilités dans une mission suicide ? Abandonnerait-il sa vie dans l’espoir de sauver celle de son frère ? Le désespoir amène bien des idées. L’amour familial encore plus. Je pourrais tout faire pour sauver Enora si elle se trouvait dans la situation de Clay. Mais son double est-il de cet acabit-là ? J’aurais dû mieux gérer mes devoirs. Poser plus de questions sur ce Julian. Mes théories sont bancales. Que je hais quand tout repose sur des suppositions. Mais si je veux arriver à mes fins il va falloir que j’ose malgré l’incertitude.

Au moins Hunter ne lui a pas coupé la langue, c’est déjà ça. Mais maintenant qu’il m’assaille de son flot que je devine acerbe, je regretterais presque. Que ne s’est-il rué sur la barre chocolatée pour m’offrir le répit du silence ! Il trouble ma réflexion de son bourdonnement de mots prémâchés de victime à persécuteur. Et pourtant je ne peux nier qu’il me plait. Son calme, ses petits sourires sûrs et ses gestes las. Il promet un minimum de challenge. Et il a raison de parler, l’heure n’est plus aux hésitations. Il est temps de lancer l’interrogatoire à ma façon.
Je lâche un profond soupire comme point final à son monologue en me levant de ma chaise. Ma cigarette à peine fumée vient choir sur le sol, achevée par mon pied. Je prends mon temps pour retirer ma veste et la poser soigneusement contre le dossier. Je décolle la crasse du sol du bout de ma chaussure distraitement en feintant l’hésitation, lâchant un nouveau soupire avant de m’accroupir à sa hauteur.

« Epargne-moi ce discours. Les pacificateurs pacifient et les rebelles se rebellent. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs sous les litres de sang et le pays de la joie éternelle n’existe pas. Tu agis selon ton rôle, j’agis selon le mien. Nous ne sommes pas aussi différents que tu sembles penser. Nous agissons en parfaits soldats de notre nature. Et l’un comme l’autre nous pensons être celui possédant la bonne. Oh et tu peux me tutoyer tout de suite puisque nous allons bientôt devenir très intimes toi et moi. »

Pour appuyer mon propos je lui tapote doucement l’épaule en souriant avant de planter mes doigts dans sa chair en fixant mon regard dans le sien. J’ai besoin d’en savoir plus sur vous. Laisse tes yeux te trahir. Je pose un doigt sur l’un de ses genoux en appuyant à peine, plus par sadisme que par réelle stratégie.

« Nous allons mettre un point au clair tout de suite Clay. J’ignore ce qu’Hunter espère de toi et la moindre information sur ses plans. Et si je n’en sais rien je ne suis pas idiot au point de ne pas me rendre compte qu’il se trame quelque chose de capital dont je pourrais tirer la satisfaction de ma curiosité et qui sait, peut-être même quelques instants de plaisir. Hunter est par ailleurs très occupé alors que je te parle, sinon je pense qu’il aurait voulu assister lui-même à ce que je suis censé œuvrer ici. Et même s’en charger en personne. »

Mes yeux ne trahissent pas mon mensonge. Je suis trop habitué à mentir, trop habitué à pervertir mes émotions. Oui Clay, je joue mon rôle à la perfection. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise nature. Peut-être étais-je quelqu’un de bien. Ou peut-être ai-je toujours été doué pour prétendre, prédestiné à chuter dans l’enfer pour en devenir l’un des tortionnaires. J’appuie un peu plus sur son genou en souriant toujours.

« Mais pour répondre à ta question sur ton utilité, je pense que tu avais déjà la réponse depuis longtemps. »

Je me redresse, continuant de le dévisager en soupirant encore. C’est vraiment regrettable qu’il ne soit pas capable de se lever, je déteste avoir à me baisser et je n’aime pas regarder les gens de haut. Nouveau soupir. Je pousse la chaise contre le mur dans un effroyable raclement pour ne pas lui laisser le temps de méditer à mes paroles avant de l’attraper par le col et de le soulever pour l’assoir de force sur la chaise. J’échappe un grognement. Les conditions inhumaines des cellules ne lui ont pas encore fait perdre suffisamment de poids pour que ce soit une partie de plaisir. Il fleure le sang encore frais malgré la coagulation de ses blessures. Tant pis s’il tâche mes vêtements, j’ai l’habitude des lavages difficiles.

Ses jambes pendent misérablement de son corps. Rien que cette position doit être inconfortable. Je n’ai même pas besoin d’en recourir à la violence physique. Celle des mots me convient mieux.

« Oui tu es inutile Clay. Ou plutôt tu l’es devenu dès l’instant où Hunter a mis la main sur ce qu’il désirait le plus. Tu n’as été qu’un pion sur son échiquier. Tout comme moi aujourd’hui. J’ai toutefois plus de chance que toi, en ma qualité de messager de mauvaise augure. Tu vois, encore une fois nous avons tous joué nos rôles à merveille. Toi l’appât, Hunter le bourreau, moi le charognard. Un piège bien mené, mais tu n’es pas la star du show. »

J’ai choisis de jouer le bluff. Si Hunter m’a demandé de me charger de lui c’est qu’il est important. Si on ne m’a dit que le strict minimum c’est qu’on ne veut pas me mettre dans la confidence mais dans ce cas, pourquoi me réclamer ? Hunter aurait pu s’en charger de nouveau. Ou bien Sergei. Non, je gage que si on m’a donné si peu d’informations, c’est que pour un pacificateur elles sont amplement suffisantes. Je ne vois qu’une manière évidente de faire réagir Clay. Et ces jours dans le noir coupé du monde seront bénéfiques à sa crédulité. Et s’il se contre-fous de son frère autant que celui-ci pourrait s’en foutre, qu’ai-je à y perdre ? Il n’a aucun moyen de savoir si je dis la vérité. Et s’il ne me croit pas et bien il finira par boire mes paroles. J’attrape son menton entre mes doigts, me penchant pour plonger mon regard dans le sien. J’articule lentement comme s’il était trop sonné pour être capable de comprendre. Je savoure chaque lettre. Le plaisir apparent enflammera sa colère.

« Mais si tu désires tellement voir Hunter, je pourrais aller le chercher quand il aura fini de s’occuper de Julian. »

Laisse-moi voir cette lueur-là dans tes yeux.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeMer 26 Sep - 10:39



« YOU’RE LYING. »


On disait que les yeux étaient le miroir de l’âme, mais comment deviner qu’un être puisse y attacher autant d’importance ? Il n’y avait aucun doute dans le fait que chaque pacificateur était différent des autres, tant certains étaient plus calmes et stratégiques, tant d’autres étaient beaucoup plus énergiques, impartiales et même irritables. Je ne saurais dire dans quelle catégorie je pouvais mettre l’homme qui se tenait dans la pièce, quasiment face à moi. Son calme était intriguant tant il ressemblait à ma façon de faire, celle que j’avais mise en place avec Hunter dans le but de le rendre dingue de colère. Il fallait donc doubler d’attention, mais avec la fatigue et la douleur constante, serait-il possible pour moi de tenir au maximum ? Et de ne pas me perdre dans mes propres jeux ?

La cicatrice brûlante dans mon dos serait là à jamais pour me rappeler de cette expérience maudite. Une expérience, si toutefois je sortais d’ici vivant, que je ne voudrais jamais réitérer. Oui, si je sortais d’ici, nul doute que je rentrerais bien sagement dans les souterrains du treize, m’égarant rapidement au Sept pour retrouver Callie et l’emmener avec moi. Il fallait que je me fasse une raison, après tout, jamais je ne pourrai récupérer cette vie antérieure, cette vie qui semblait déjà si loin. Hors de ma portée. Si la situation aurait pu faire craquer n’importe quel homme, je n’étais encore pas au bord du gouffre, même si je savais, et sentais que l’absence de lumière devenait de plus en plus dure, et que mes prunelles s’habituaient dangereusement à l’obscurité. Pourtant, le pacificateur en avait décidé autrement pour sa visite, et la lumière blafarde du néon était un supplice pour les yeux. Ce fut à ce moment-là que je compris comment ils avaient pu briser des hommes, les rendre assez claustrophobes pour qu’ils craquent et acceptent tout et n’importe quoi venant du Capitole, juste pour respirer à nouveau l’air frais, et revoir peut-être leurs familles une dernière fois. Qu’en était-il de moi ? Qu’espérais-je hormis vivre dans un coin reculé jusqu’à la fin de mes jours ? Vie que l’on ne me donnerait jamais, car le Capitole et les Rebelles se feraient toujours la guerre, jusqu’à ce que l’un des deux ne craque. La violence appelait toujours la violence. Un long soupir s’échappa de mes lèvres sèches tandis que je baissais les yeux, j’avais réussi à m’égarer dans mes songes le temps d’un instant, si bien que j’avais perdu le fil de la conversation. De quoi on parlait déjà ? Ah oui… J’émettais mes hypothèses, exact, et j’attendais une réponse. Toujours assis contre le mur, je ne bougeais pas d’un millimètre, de toute façon, je ne le pouvais pas vraiment, et ramper ne servirait à rien, la porte était verrouillée et je n’aurai jamais le temps de faire quelques « glissades » sur le sol que les deux lourdauds m’auraient déjà rattrapés par les pieds.

Je n’avais pas peur d’utiliser de sarcasmes, à bien y réfléchir je ne craignais même plus la mort, car ici, c’était tout bonnement l’enfer sur terre et chacun des prisonniers mourraient déjà à petit feu. Quel temps faisait-il dehors ? Quelle date affichait le calendrier ? Tout autant de questions sans réponses, ce qui avait le don de m’agacer de plus en plus, même si j’avais fini par laisser faire. Malgré tout, j’ignorais tout de ce qu’il pouvait bien se passer dehors, si les Hunger Games étaient terminés, si tous les District allaient bien, si certains ne s’étaient pas entretués. La seule chose dont j’étais certain, c’était que mon frère était toujours envie. S’il était mort je le saurais, ce serait comme perdre une partie de mon âme, une moitié. Et bien que je n’approuve pas toujours les décisions de Julian, je ferais toujours tout pour le protéger, et je savais qu’il ferait de même, sous ses airs de brute épaisse. Ressentait-il ma détresse d’ailleurs ? Ou encore ma lassitude ? Sentait-il la douleur ? Comme des picotements au niveau des genoux ? Je me posais à chaque fois la question, ce genre de ressentis nous n’en parlions jamais vraiment… Gardant le secret, mais le problème était qu’on ne savait jamais vraiment si l’un ou l’autre nous ressentions la même chose. Si nous partagions réellement et sincèrement les épreuves de l’un, comme de l’autre. Drôle de relation que celle de jumeaux. Ma seule consolation résidait peut-être dans le fait que jamais il ne viendrait me chercher. Enfin… Il s’agissait plutôt là d’un paradoxe, ma raison lui ordonnait de ne pas venir tandis que mon cœur craignait tout de même qu’il ne cherche pas à faire en sorte que je sorte vivant de ce traquenard. N’être que l’appât, j’étais bien conscient qu’il ne s’agissait que de ça, Hunter comptait sur une amnésie pour me rallier à leur cause et faire souffrir un maximum de personnes, en particulier Julian. Peut-être espérait-il même qu’on s’entretue ? Je n’en savais rien, mais son plan était des plus pervers, et ça me rendait malade, alors je résistais, du mieux que je pouvais pour ne pas perdre l’essence de mon âme, ni même ce que j’étais. J’étais Clay Kennedy-Fawkes, jumeau du chef des rebelles, médecin au District sept, et je sauvais des vies. La vie des pauvres habitants des District. Le sept était le plus éloigné des autres, celui dans lequel je n’aurai jamais eu de soucis si Julian n’avait pas proclamé haut et fort ses pensées de rébellion. Défier le Capitole était une sorte d’habitude, car même si je ne me positionnais jamais d’un côté ou de l’autre, j’avais aidé mon frère à plusieurs reprises, par bonté d’âme et toujours à cause de cette culpabilité. Celle de n’avoir pas bougé lorsque son nom avait été tiré au sort. Est-ce que cela faisait de moi un idiot ? Peut-être bien, ou peut-être pas, la famille comptait plus que tout le reste et plus que ma vie. Si Julian pouvait vivre à l’instar de moi, alors je donnerais ma vie sans hésiter. De toute façon, enfermé ici, elle n’était d’aucune valeur, cette vie. Sans soins je ne pouvais pas marcher, et il y aurait probablement besoin d’une rééducation. J’ignorais la réelle avancée du Capitole en matière de soins, je n’utilisais que quelques seringues et antibiotiques, tout le reste était fait avec les plantes et les moyens du bord. Je ne savais pas s’ils avaient la technologie suffisante pour refaire marcher un homme au bout de quelques semaines seulement. Mais à l’heure actuelle, avec ces genoux brisés, je ne ferai rien du tout, et la douleur serait là pendant de nombreuses semaines. Hunter avait plutôt bien choisi son coup, cette fois-ci…

Ce fut finalement le geste d’Ydris qui m’obligea à relever à nouveau les yeux sur lui. Pour le coup je l’aurai presque oublié. L’observant se lever de son siège, je ne le quittais pas de mes prunelles vertes semi-éteintes. C’était le seul spectacle auquel j’avais droit, et bien que la lumière continue de faire rougir mes yeux, je ne voulais pas lui faire le plaisir de baisser la tête. J’étais peut-être dans un sale état mais je n’étais pas encore soumis. Jamais. Chacun des gestes lents du pacificateur furent soigneusement observés, si bien que je me serais cru dans l’une de ces scènes au ralentie, lorsqu’un tribut s’apprêtait à en tuer un autre. Les effets « spéciaux » de la chaine du Capitole savaient marquer les esprits. Qu’il était charmant de voir un homme s’accroupir pour mieux vous regarder. J’avais bien remarqué cet attrait pour les regards qu’avait cet Ydris, il plongeait souvent ses prunelles dans les vôtres, une tentative d’intimidation peut-être ? Toutefois, le discours de l’homme m’obligea à soupirer, pourquoi avaient-ils la mauvaise manie de croire que j’étais un rebelle ? Je ne l’avais proclamé nulle part. Arquant un sourcil, je pinçai les lèvres et répondis simplement : « Je n’ai pas le titre officiel de rebelle, ton supérieur a dû oublier de te dire que je n’étais qu’un simple habitant des district. Un habitant qui ressemble beaucoup trop au chef des rebelles, mais en suis-je un pour autant ? ». Je lui laissais là, tout le loisir de lire dans mes prunelles pour y découvrir la réponse. Moi-même j’ignorais ce que j’étais, mais je n’étais pas dans le camp du Capitole c’était évident, je n’étais pas non plus dans celui de Coin, j’étais dans celui du peuple. Que je le tutoie ? Soit, mais ce n’était pas dit qu’il allait aimer, car déjà un nouveau sourire apparaissait sur mes lèvres, un sourire narquois, histoire de tromper un peu les apparences. Sourire qui tomba au bon moment puisqu’Ydris se mit à me tapoter l’épaule. Quelle drôle d’image, on aurait dit deux copains hypocrites qui se saluaient et se conseillaient mutuellement. Image charmante jusqu’à ce que celui-ci resserre sa prise en guise de quoi ? D’avertissement ? Fronçant légèrement les sourcils, le sourire s’éclipsa pour laisser place à un regard mauvais, même si le pire restait à venir. Il n’eut pas besoin d’appuyer pour que la douleur se réveille et fasse tambouriner mon sang jusqu’à mes tempes. Me crispant, je bus les paroles du pacificateur avec méfiance, même si je ne pouvais m’empêcher d’y croire, Hunter était trop fier, s’il avait pu venir de lui-même il l’aurait fait, sauf s’il était plus malin que prévu. Les deux hypothèses étaient valables, ce qui me laissait perplexe quant à mon avenir. Pourtant, il y avait cette ressemblance de méthode avec Ydris que je ne pouvais nier, c’était justement cela qui me faisait penser qu’Hunter pouvait se montrer beaucoup plus malin, et peut-être beaucoup plus stratège que lors de notre rencontre en forêt. Lorsque la pression sur le genou se fit plus forte, je ne pus que laisser échapper un grognement en grimaçant de douleur. Il était horrible de se voir si fragile aux mains et aux yeux de son bourreau, qui n’avait pas besoin de se fouler pour faire mal. Sur l’instant, j’en voulus à la terre entière pour ça, d’abord à Hunter qui avait infligé ces souffrances là, puis indirectement à Julian, mais également à moi-même, peut-être que si j’avais pris sa place dans l’arène, je serais peut-être mort là-bas, lui serait toujours en vie et n’aurait peut-être pas eu toutes ces idées de rébellions. La violence était détestable. Quand il se redressa, libérant ainsi ma jambe de la douleur, je soufflai, comme si je venais de courir un marathon, en réalité j’avais plus ou moins retenu ma respiration. Puis, je desserrais lentement le poing, j’avais serré si fort que j’aurai pu me faire blanchir les jointures, mais resserrais les dents. Tout cela, juste avant de voir le Pacificateur se pencher vers moi pour me poser sans ménagement sur la chaise qu’il avait encore fait crisser sur le sol. Par réflexe, j’avais maintenu les poignets de l’homme qui me soulevait, au cas où celui-ci déciderait de m’étrangler, mais il n’en fut rien. J’aurai pu, moi-même, décider de serrer sa gorge pour qu’il ne me touche pas, et instinctivement j’avais cherché à le faire. Si je ne m’en étais pas encore rendu compte jusque là, rester enfermer mettait les gens sur le qui-vive, la souffrance poussait à cela, aussi, comme un dernier instinct de survie. L’animal blessé refusait qu’on le touche, et dans le fond, j’étais bel et bien cet animal qui ressentait à nouveau la douleur s’abattre dans mes jambes. Serrant toujours les dents, je ne pus cependant empêcher les grimaces de déformer les traits de mon visage, ni les grognements significatifs de douleur. J’arrivais toutefois à m’empêcher d’hurler, car je n’aimais pas faire ce plaisir là aux adeptes de la violence. A ceux qui se complaisaient dans les cris.

Être assis sur cette chaise relevait du supplice, car je n’avais aucun moyen de redresser mes jambes pour me donner une position plus confortable. Figé, comme électrisé sous le joug de la douleur envoyé par mon système nerveux, j’étais incapable de faire quoi que ce soit, mais je chercherais bien vite à redescendre, pour que ça s’arrête. J’étais beaucoup mieux par terre, et dans le fond c’était le comble de l’ironie. Les mots qui suivirent ne me plurent pas du tout, ce type était dangereux, beaucoup plus qu’Hunter avec ses armes, il usait d’autres choses, de choses qui pouvaient plus facilement briser quelqu’un, car enfermé ici bas, on pouvait facilement devenir crédule car l’on n’avait rien d’autre sur quoi s’accrocher hormis nos propres sentiments. Sentiments qui s’ébranlaient au fil des heures, des jours, ou des semaines. Toutes nos certitudes devenaient incertitudes. J’étais incapable de répondre quoi que ce soit, comme tétanisé face aux paroles, et à tout ce qui pouvait en découler. Il n’y avait pas de regard noir, car la douleur empêchait cela, plus d’once de défi dans le regard non plus, pour l’instant. Les idées s’entremêlaient, car Ydris ne mentait pas forcément, il ne faisait qu’évoquer à voix haute ce que je redoutais et pensais tout bas. Voilà peut-être pourquoi j’étais désarçonné, le temps de reprendre mes esprits et de remettre le flot de mes idées et convictions en place. Malheureusement, je n’en eus pas vraiment le temps, les secondes et les minutes défilaient de façon étrange, et dans le fond j’étais bel et bien sonné par tout ça, comme si d’avoir bougé de quelques centimètres équivalait à trois jours de marche et que vous étiez exténué et vidé. Je sentis néanmoins les doigts du pacificateur se poser sur mon menton, car cet abruti réveilla sûrement sans le savoir une autre douleur, celle provoquée par la dent manquante, qu’on avait arrachée quelques jours plus tôt. Mes prunelles ne se posèrent pas tout de suite dans celles de l’homme, je connaissais plus ou moins la technique et je refusais simplement de m’y perdre. Ce petit jeu dura à peine quelques secondes, car je dus bien me résoudre à regarder ailleurs, et je voulais juste qu’il me lâche. Il n’avait pas encore dit les derniers mots que la colère bouillonnait déjà en mon sein, je n’aimais pas user de la violence mais il ne fallait tout de même pas me pousser à bout, or, lorsque j’eus finalement osé le regarder dans les yeux, sourcils légèrement froncés, le mensonge fit déborder le vase…

Rapidement je lui lançai un regard noir, et me redressai juste assez pour l’attraper à la gorge, prêt à serrer. Je ne pouvais admettre pareille sottise, si Julian était dans de sale draps je le sentirais, or je ne ressentais rien à ce moment-là. « Tu mens. ». Je venais soudainement de retrouver la parole, mais n’avais pas encore parlé assez fort. Je le dis donc une seconde fois, de façon plus sèche. « Tu mens ! ». Oh, le pacificateur aurait sûrement assez de force pour m’envoyer voler et se défendre, mais je venais de me prouver à moi-même que j’avais encore assez de volonté pour faire mal, un minimum, si je le voulais. On ne touchait pas à mon frère.

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_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Vide
MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeLun 8 Oct - 22:10



« Congratulations on the mess you made of things. »


A quoi reconnait-on un Homme ?
Peut-on qualifier de la sorte ceux qui oppressent les autres ? Peut-on par la négative appeler Hommes ceux qui se tiennent pour ces mêmes autres ? Il n’y a aucun mode d’emploi à être un meneur. Peut-être est-ce pour cela que la plupart des gens sont des lâches. Courber l’échine et baisser les yeux, ramper de soumission pour garder son intégrité. Des moins que rien, des animaux qui espèrent garder le peu qu’ils ont sans avoir à choisir. En pensant être neutres ils se fourvoient dans le pire des statuts. Ils croient ne pas s’impliquer mais n’y échappent pas. Capitole. Coin. Si vous n’êtes pas avec eux, alors vous êtes contre eux. Cette règle semble avoir été oubliée par le plus grand nombre. La neutralité s’annule par le simple fait de cette décision. Si nos choix font ce que nous sommes, rampant, meurtrier, rebelle, qu’en est-il alors de notre statut originel ? A quoi différencie-t-on un Homme brisé d’un Homme encore capable de se battre ? On ne connait jamais vraiment les limites. On se pense encore aptes à tenir. Personne ne veut montrer ses faiblesses. Endurer, toujours, sans faillir. Jusqu’au à la rupture.
Pour ne jamais en ressortit indemne.

Que penserait Clay s’il savait qu’à son âge j’étais à sa place ? Que penserait-il si je lui disais que comme lui j’ai voulu ignorer les choses jusqu’au point de non-retour ? Comprendrait-il ce que j’essaie de lui inculquer ? Nous sommes semblables lui et moi bien qu’il pense sûrement le contraire. J’ai voulu vivre ma vie loin de toute implication. J’ai refusé de choisir un camp jusqu’au bout. Moi aussi on m’a brisé pendant de longues heures et j’ai résisté en pensant que les parois de mon monde étaient intactes. Mais j’ai ignoré l’essentiel. Il suffit juste de planter la folie dans un esprit et attendre pour qu’il se détruise de lui-même. Jusqu’à ce qu’il veuille mourir de sa propre main. Lorsque je regarde les murs de cette pièce sombre j’ai l’impression qu’il n’est plus le seul prisonnier. Lorsque je regarde le sang séché sur son visage je me demanderais presque si ce n’est pas mon propre reflet dans un miroir. Sa ténacité me rappelle à celle que j’ai abandonnée. Quelle est la bonne réponse ? L’Homme est-il celui qui a pris la main qui s’est tendue pour se redresser ou celui qui préfère ramper au sol de ses convictions en ignorant le gouffre qui l’encercle ? Tu es tellement fascinant Clay. Ce que je vois dans tes yeux est unique et pourtant tu n’es pas le premier que je suis chargé de réduire en charpie. Un seul mot a suffi à allumer quelque chose. Un seul mensonge et il a trahi son calme. C’était prévisible et à la fois inattendu. Peut-être me suis-je avancé trop vite à penser qu’il boirait mes paroles. Mais s’il l’avait fait alors les choses seraient devenues certainement moins intéressantes. Et après tout, ce n’est qu’une question de temps. Le bruit d’un esprit brisé est si caractéristique.

Pourtant sa réaction m’arrache un demi-sursaut. Je ne cherche même pas à fournir un revers de violence ni à me dégager au contact de ses doigts serrant légèrement ma trachée, me contentant de m’ancrer un peu plus dans son regard noir. J’en déduis donc qu’il a son frère en affection ne serais-ce qu’un peu pour rejeter mes paroles et cela confirme ma première hypothèse à son sujet. Bien. Je ne peux m’empêcher détirer un sourire. C’est admirable de le voir se battre encore malgré sa condition. Le voir s’accrocher désespérément. Ses espoirs causeront sa perte. Je vais l’enterrer dans son propre esprit.

Mon sourire s’étire encore et se déforme en une feinte grimace d’étouffement. Et je ne peux plus me retenir de rire. Je me paie ouvertement sa tête pour mieux le mettre hors de lui. Qu’il voit enfin ce qu’il s’entête à renier. Il n’est plus question de la mission que m’a confié Hunter, plus question que nous jouions aux questions-réponses. Je ne veux que le mener au désespoir pour qu’enfin il cesse son erreur. Il ne s’agit plus de rébellion. Je crois que le voir s’entêter me pousse petit à petit hors de moi et le constat de son effet sur mon calme envenime encore plus les choses. Pourquoi lui, pourquoi cette fois-ci les choses me semblent-elles différentes ? Est-ce parce que nous sommes dans les cellules du Capitole, est-ce parce que nous avons tous les deux quelque chose à perdre si nous échouons à nos rôles ? Est-ce parce que ces yeux dardant dans les miens me rappellent à des souvenirs que je préférerais oublier ? Non, ce n’est pas cela.
Je lâche un soupire, brisant le silence.

« Si tu n’es pas avec eux, tu es contre eux. En voulant rester neutre tu as choisis un camp malgré toi, celui de la chair à canon entre deux pouvoirs qui s’affrontent. En restant neutre, tu les as laissés choisir à ta place. »

Doucement je glisse une main dans ma poche, ne le quittant pas des yeux. J’en sors un couteau papillon que je fais glisser entre mes doigts avant de l’ouvrir d’un geste habile. Nouveau sourire et je fais courir la lame sur son poignet avant de la faire sauter dans ma main pour lui tendre le manche.

« Vas-y, prends-le. Tu ne seras pas persuasif dans ton état en me serrant simplement la gorge. Tue-moi, Clay. Reprend ton destin en main et tue-moi. »

Il n’a pas l’étoffe de la violence. J’en suis persuadé. Je parierais même qu’il la répugne. Et pourtant cette fois-ci il n’a pas pu se contrôler. C’est la brutalité qui régit ce monde Clay, la loi du plus fort. Ouvre les yeux.

« Tu penses que tu n’es pas brisé Clay ? Tu penses que tu peux encore tenir ? Jusqu’où crois-tu encore y arriver ? Où est la vérité quand tout s’écroule ? Jamais les choses ne redeviendront comme avant. Jamais tu ne pourras retourner à ton illusion de neutralité. Jamais tu ne reverras les tiens, jamais tu ne reverras ton quotidien. »

Je fais de nouveau glisser la lame sur son bras. Je n’essaie même pas de le blesser, ce simple contact froid et mon regard suffisent à appuyer mon propos.

« Comme toi j’ai cru être ni blanc ni noir. Ils m’ont brisé et j’ai compris, personne ne peut vivre en ignorant le conflit. Je ne sais pas qui tu étais avant de te retrouver ici mais je vais te dire qui je fus. Probablement comme toi, aussi volontaire à mener le bien de ce qui m’est cher, à renier le Capitole autant que le Treize. Et qui n’est pas ainsi ! Un simple citoyen de Panem qui ne demandait rien de plus que de vivre. »

Sans prévenir ma main vient elle aussi enserrer sa gorge, plaquant dans un bruit sourd sa tête contre le mur. J’approche mon visage de sien pour lui murmurer à l’oreille.

« J’ai tué ma propre femme parce qu’elle avait choisi un camp. Parce que ce simple choix mettait en danger tout ce que j’avais. Je n’ai rien fait pour la soutenir. J’ai simplement cherché à supprimer ce qui menaçait ce quotidien que j’aimais tant. Ce qui menaçait mon illusion. Alors ce jour-là j’ai compris. Ce Capitole que je sers, est un rôle qui s’est imposé. Si tu n’es pas avec eux, tu es contre eux Clay. Tu es aussi rebelle que je suis pacificateur. Nous sommes tous deux des Hommes qui se sont définis par nos actes mais surtout, nos absences d’actes. Je suis un meurtrier Clay. Et toi, qu’est-ce que tu es de plus à cet instant, qu’un misérable rampant ? Regarde-toi. Qu’est-ce que tu es prêt à faire pour espérer sauver ton précieux avenir ? Oublie le passé, il est déjà trop tard. Ce précieux frère qui t’a forcé à faire un choix malgré toi ? Qui t’as mis dans tout cela. Moi je te laisse le choix. Tue-moi, supprime la menace. Devient enfin ce que tu dois être. Un rebelle. »

Un énième sourire se dessine sur mes lèvres et je lâche sa gorge. J’attrape sa main pour plaquer le manche de l’arme au creux de sa paume, tordant son poignet et serrant mes doigts sur les siens pour lui faire fendre l’air d’un geste. Tu vois, rien de plus simple. En vérité tu n’as plus le pouvoir de décider. Car tu n’es plus rien. Même plus un être humain à cet instant. Tu penses que tu n’es pas brisé. Tu ne veux pas te laisser détruire. Tu penses résister et te battre encore mais moi tout ce que je vois c’est une mare de sang qui bois le moindre espoir. Si je te laissais partir tu referais les mêmes erreurs jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’à te féliciter du carnage que tu auras fait des choses. Tu dois toucher le fond Clay. Laisse-moi t’amener au désespoir. Et nous contemplerons ensemble ce qu’il restera de toi. Peut-être qu’à ce moment-là j’irais contre mes principes et je te dirais « bats-toi ». En attendant, tu dois croire à mon mensonge. Ouvre les yeux.

« Je vais te dire quelque chose Clay. Ce qui différencie un Homme d’un animal, c’est que l’Homme, est toujours capable de se tenir debout. Tu crois que je mens à propos de ton frère ? Es-tu certain de pouvoir faire confiance à ton esprit plus qu’à mes mots ? Le seul mensonge que je vois ici, c’est ton refus de voir que tu n’es plus rien. »

Je laisse son poignet, repliant le couteau pour le glisser dans la poche de sa chemise en l’accompagnant d’une petite tape à l’épaule. Je reste planté devant lui, ne prenant même plus la peine de le regarder.

« Tu es déjà brisé Clay. »

Mes pensées sont devenues un vrai bordel. Mes mots eux-mêmes sonnent à moitié confus à mes oreilles. J’aurais presque l’impression de l’aider, comme si je cherchais à faire la paix avec moi-même sur des choses qui m’échappent. Pourtant je ne veux que le faire plier. Oui, tout ça n’est que dans le seul but de le réduire en cendres. Alors Clay, montre-moi à quoi tu ressembles, quand tu cesses de pleurnicher. Montre-moi, pour que je puisse encore plus t’aider à tendre ta propre corde. Je n’aurais même pas besoin de te pousser dans le vide.

« Je me demande ce qu’il en est de Julian. »

Je suis perdu. Perdu dans mes choix. Mon rôle. Ce que je suis devenu. On n’en ressort jamais indemne. Même lorsqu’on est le bourreau. Je n’aurais pas dû jouer les choses ainsi. Je n’aurais pas dû émettre un semblant de pitié. A quoi reconnait-on un Homme ? Comment différencie-t-on un Homme brisé d’un Homme encore capable de se battre ?
Je ne suis même pas certain de la réponse.

Mais parfois, j’ai encore la sensation de ramper.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeVen 12 Oct - 10:00





« I’M NOT A KILLER. BUT I CAN WARM YOU. »



Etonnant comme la lumière pouvait agresser vos yeux, lorsque ceux-ci n’y étaient plus habitués. Etonnant comme elle pouvait faire couler quelques larmes qui ne signifiaient rien, juste que vous étiez clairement éblouis par ce maudit néon qui ne cessait de grésiller. Cela faisait des jours, peut-être même des semaines que je ne m’étais pas vu dans un miroir, s’il y en avait eu un ici, nul doute que le reflet dans la glace aurait été des plus terrifiants. La crasse se mêlait au sang séché, tandis que le sang frais pouvait encore salir le sol de cette pièce étriquée et d’habitude si sombre. De drôles de choses s’y passaient pourtant, deux hommes disposant de certains points communs. La ressemblance, je l’avais noté tout de suite, dès qu’il avait usé de calme pour me parler, mais aussi pour me pousser dans mes retranchements. Une technique que peu de gens utilisaient, car aujourd’hui, ils étaient, pour la majorité, avides de violence et de coups à la moindre parole de travers. Une ressemblance troublante qui ne cessait de torturer mon esprit. Etait-il réellement ce qu’il prétendait être ou est-ce que nous étions simplement le reflet d’un même genre d’homme, mais tous deux de chaque côté d’une ligne invisible et qui faisait notre unique différence ? Pourtant, mes doigts enserraient déjà sa gorge à la mention à Julian, je ne tolérais qu’on parle de lui ainsi, dans ma tête ça résonnait comme une menace, comme un immense mensonge. Si Julian était là, je le saurais, car je le sentirais dans mes trippes aussi fort que je ressentais la douleur vivace dans mes jambes mortes. Le demi-sursaut ne me fit pas sourciller car je lui lançais déjà un regard noir. Au fond de moi, je savais que tout ceci ne deviendrait plus qu’un mauvais réflexe par la suite. Je n’étais pas violent, et ne voulais pas l’être, mais que pouvait-on faire contre des réflexes contractés et développés en ces lieux ? C’était peut-être le but recherché, mais mon esprit embrumé ne me permettait plus de faire réellement la différence. Je ne cherchais pas à m’enfuir, car je ne pouvais pas, je ne cherchais pas à tuer, je menaçais.

Mais la menace semblait être vaine aux yeux du Pacificateur, car il riait déjà. Sourcils froncés je ne le quittais pas des yeux, bien que la réaction fut des plus surprenantes pour moi, et ne faisait qu’enfoncer un clou dans ce que je soupçonnais déjà. Dans cet état je n’étais plus pris au sérieux, je ne représentais même plus une réelle menace pour quiconque se trouvant ici. Face à ce constat, mes doigts se resserrèrent instinctivement sur la gorge d’Ydris. Qu’est-ce qui était si drôle ? Pourquoi ne me le faisais-tu pas partager ? Ton point de vue. Je serrais les dents en pinçant les lèvres, s’être rapproché pour l’attraper causait une immense douleur dans mon corps, mais je ne daignais lâcher prise. Si je le faisais, ce serait lui donner raison de rire et de se moquer de ma pauvre carcasse. Les prunelles vertes reprirent un peu de leur vivacité, sans doute n’était-ce qu’un simple élan d’adrénaline, pour le peu qu’il m’en restait encore, je ne saurais dire, et ne pouvais voir mon reflet dans le miroir, alors je me contentais de ses yeux, un éclair de défi dans les miens, il y en avait encore un peu. Il y en avait encore assez pour cette confrontation là qui n’avait rien à voir avec celle d’Hunter. Hunter n’était qu’un violent adepte de la torture physique et ne s’en lassait jamais. Ydris était différent. Il avait cette chose que je ne pouvais expliquer ou définir, il y avait… Cette foutue ressemblance. Celle du genre que je ne pouvais avoir avec mon jumeau, alors même que nous étions parfaitement semblables sur le plan physique. Oui, il y’avait définitivement quelque chose en ce pacificateur qui me dérangeait, et me troublait au point d’embrouiller un peu plus mon esprit malade. Quel est ton secret ?

Je ne le quittais des yeux un seul instant, mais mon expression de colère semblait se briser peu à peu. Comme si je m’accrochais à une espèce de bouée, ma main ne desserrait pas, restant figée et coincée. Dans le fond c’était peut-être une sorte d’appel à l’aide que j’ignorais, tel une volonté pour qu’il ne s’en aille pas, car la solitude pouvait effrayer bien des gens. Se retrouver seul face à soi-même. Je ne pouvais nier ses paroles, aussi agaçantes furent-elles. Je ne le pouvais pas car il avait parfaitement raison sur ce point. Être neutre revenait à prendre le risque de se faire bouffer par les deux camps, ou tout du moins se faire ronger à petit feu, d’années en années. Mais j’avais eu tant de « belles » années, perdu en pleine nature. Le District sept était le plus éloigné de tous, pas l’un des plus riches, mais pas l’un des plus pauvres non plus. Ce serait toujours ma maison, celle que je voulais inlassablement retrouver pour éviter d’avoir à choisir, ou éviter de faire face à une réalité beaucoup trop dérangeante à mes yeux. C’était ce qu’il s’était passé au Treize, c’était l’une des raisons pour laquelle j’avais fuis. Le treize ou ici, cela revenait au même, tout y était froid, et réglé. Personne n’était réellement libre de ses mouvements, cela ne valait pas une vie dans un district. Mais il avait fallu que mon jumeau choisisse un camp, il avait fallu une simple ressemblance pour être indéniablement tiré dans cette spirale dont je n’avais jamais voulu. Je ne répondis rien, tout simplement car aucun mot ne voulait sortir de ma bouche, la gorge nouée je n’avais rien à rétorquer à cela. L’expression de mon visage se détendit légèrement, de façon à peine perceptible, son sourire m’agaçait, j’avais envie de le cogner juste pour qu’il arrête de faire ça, d’agir comme s’il gagnait. C’était pourtant une méthode que je connaissais bien, et je me laissais prendre au jeu sans reprendre le dessus. Du moins pour l’instant. Le geste, je ne le vis pas, perdu dans une réflexion personnelle, et ce ne fut que lorsque je sentis la lame froide sur mon poignet que mes prunelles allèrent se figer sur l’objet en quittant les yeux du pacificateur.

Le silence menait la danse, et je n’étais pas prêt de le briser, j’analysais, les gestes, les regards et même les sourires, mais tout s’embrouillait, je n’arrivais pas à comprendre la manœuvre jusqu’à ce qu’il ne me tende le manche. Provocation. Mes yeux passèrent du manche à son regard, toujours ce même défi, ça ne marcherait pas, mais dans tous les cas j’étais perdant. Il ne se laisserait pas tuer, et même si je le faisais cela signait peut-être mon arrêt de mort, je ne reverrais plus le jour. Si je ne faisais rien, cela ne ferait que prouver ma non-violence, et lui donnerait tout autant de satisfaction. Echec et mat. Les mots me firent retrouver une expression de colère, je bouillonnais de l’intérieur, mais ne pouvais faire un choix, dans les deux cas je me condamnais. A ce moment très précis je me mis à le haïr de toutes mes forces, je me mis même à repenser à ma vie, je voulais l’empêcher de sourire. Pouvais-tu seulement lire toutes ces contradictions dans mon regard ? Tout ce mal qui ronge ? Alors les paroles s’abattirent sur moi sans que je ne fasse rien, je ne prenais toujours pas le manche, et ne lâchais toujours pas sa gorge. Mes sourcils retrouvèrent une position normale, tandis que tout ce en quoi je croyais s’effondrait comme un château de cartes. Il allait là où je ne voulais pas qu’il entre, la porte interdite d’un for intérieur. De par son geste, il venait de briser les dernières défenses, lisant comme dans un livre ouvert. Où avait été ma faille ? Celle de la non-violence qui prouvait une gentillesse beaucoup trop élevée pour un seul homme ? Quelle était-elle, cette faille ? Je pinçai les lèvres, prêt à me les mordre, car les mots prononcés étaient ceux que je ne voulais pas entendre. Mes doigts se resserrèrent un peu plus, je ne supportais pas ça. Je ne voulais pas m’entendre dire que jamais je ne retrouverais ce que j’avais perdu, car mon espoir n’était plus que ça.

La lame glissait contre mon bras, menaçante et pourtant indolore. Mais malgré tout, tentatrice. Je pourrai lui trancher la gorge pour l’obliger à se taire, mais j’étais médecin, je ne pouvais pas faire ça. Un combat intérieur qui ne cessait de me torturer. Qu’est-ce qui était bon ou mauvais ? Quelle cause était juste au final ? Je ne pouvais détacher mes prunelles des siennes, et la douleur dans mes jambes était si forte que du sang chaud devait déjà rouler sur le sol à cause de la position assise. L’expression de mon visage changea du tout au tout, elle s’était radoucie, car je buvais tellement ses paroles et me battais tellement contre moi-même, de l’intérieur, que je ne voulais entendre que des mots extérieurs. La peine et la tristesse se lisait sur mes traits à présent, simple moment de faiblesse parce qu’il venait de passer la carapace. Il venait de passer à travers la brèche du mur pour n’y laisser qu’un combat sans queue ni tête. Cependant, disait-il la vérité ? A propos de lui ? Etait-ce là son « secret » ? Ses prunelles me disaient que oui, il ne mentait pas là-dessus, ou alors étais-je réellement désespéré au point d’y croire ? Mais la donne changea sans prévenir. En une fraction de seconde je sentis mon crâne heurter violemment le mur derrière moi, et ses doigts enserrer ma propre gorge. Face à ce geste inattendu, j’avais resserré les miens avant de relâcher de moitié, surpris par l’action. Je grognai en heurtant le mur, déstabilisé mais ne retrouvai pas la colère, pas pour l’instant, car il n’y avait plus que de la tristesse, et de l’angoisse. Mon rythme cardiaque s’était à nouveau emballé, résonnant jusqu’à mes tempes, faisant grésiller mes tympans. Mes yeux se reposèrent dans les siens avant qu’il ne se rapproche trop près, j’étais à sa merci, perdu, incapable de dire ou faire quoi que ce soit. Même mes doigts ne serraient plus sa gorge, pourtant je la tenais encore, je la sentais vibrer alors qu’il parlait. Des larmes voulaient rouler sur mes joues, mais je les en empêchais, il ne fallait pas lever les yeux vers la lumière, sinon je ne pourrai les retenir, alors je me contentais d’observer le mur d’en face, la respiration saccadée car gêner par ses doigts, et je continuais de boire ses mots, mais avec effroi cette fois.

La violence me répugnait, comment pouvait-on tuer sa propre femme parce qu’elle avait choisi ? C’était comme me demander d’assassiner mon frère parce qu’il m’avait obligé à choisir sans même le savoir. Ca n’avait pas de sens. Je refusais de serrer le manche de cette chose, mais la pression fut tellement forte que je n’eus d’autre choix que de suivre le geste. A cet instant la colère remonta, mais je venais de lâcher sa gorge, tout comme il l’avait fait. Je lançai un nouveau regard noir, car je n’étais pas d’accord avec la suite de ses paroles. Pas vis-à-vis de l’Homme et de l’animal. Après tout ceci, et malgré mes hésitations et mon combat intérieur, je reprenais la parole. Avant, je le laissai placer le couteau dans la poche de ma chemise, sans broncher ni même bouger, me contentant de le scruter. Seulement après cela, je répondis.

« Ce qui différencie l’Homme d’un animal, ce n’est pas ça pour moi. L’Homme est le seul à avoir le choix. Tuer sa proie ou choisir de ne pas le faire. ».

Oui, je continuais de penser qu’il mentait pour mon frère, mais je ne pouvais être sûr de rien, car il avait déjà insufflé sa « folie » dans ma tête. Je ne contredis pas la suite, j’étais déjà brisé et je le savais. Il faudrait vivre avec, c’était sûrement cela le secret. Et je ne serais plus jamais le même après ça, j’en étais bien conscient, mais comme j’ignorais quand viendrait l’heure de ma sortie de ce trou à rat, je préférais avouer la vérité à demi-mots. Un soupire s’échappa de mes lèvres, mais je souris légèrement, et ce sourire, bien qu’il ne me regarde plus, était perceptible dans ma voix.

« Oui, peut-être bien… Ou peut-être que non. Qui peut réellement savoir ? ».

Lorsqu’Ydris remit Julian sur le tapis, j’avais déjà attrapé doucement le couteau papillon dans ma main. Je ne cherchais pas à tuer non. Je menaçais. C’est ainsi qu’à peine les paroles prononcées par le Pacificateur, je lançais la lame. Celle-ci siffla l’air et effleura l’épaule du Pacificateur, déchirant le vêtement au passage, effleurant probablement la peau. Oh, j’avais parfaitement visé. D’un air distant, j’observais la lame s’écraser contre le mur d’en face et tomber au sol. Je ne tuais pas, je menaçais de le faire. Un jour ou l’autre. On ne parlait pas de Julian de cette façon. Et dans mes yeux, il le lirait, il le verrait... Ce changement grandissant.


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_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Vide
MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeVen 19 Oct - 10:48





« Don't you worry, in the end, we all go to hell. »


Face à face avec moi-même, face au cadrant.
Ma tête est une horloge. Le temps s’écoule. Implacable. A cœur ouvert, seconde après seconde tel le sang dans mes artères. Il pulse jusqu’au bout de mes doigts le tic-tac insolant. L’horloge tourne et pourtant en un instant tout peut s’arrêter. Tout peut basculer. L’aiguille faire un bond à hier comme si c’était le fil normal des choses. Parfois elle peut suivre son court en nous laissant derrière. J’ai peur de ce que je vois dans le miroir. Peur de ce que je suis devenu. La vérité c’est que je ne reconnais plus un seul de mes traits. Tant de choses ont changées. J’ai raté le coche, loupé le tournant. Je traine mon corps comme celui d’un inconnu. Je marche gauchement dans mes pas en équilibriste sur le fil de ma propre conscience. La vérité c’est que je ne sais plus de quel côté je me trouve. J’ai vu des gens perdre la raison sous mes mots, sans jamais me demander moi-même si je n’étais pas du versant de la folie. On dit qu’un homme aliéné est le plus apte à rendre les autres ainsi. Si c’est le cas alors comment savoir lequel d’entre nous est saint d’esprit ? Parfois j’ai l’impression que ces quarante-trois années me pèsent comme un siècle. Encore si jeune mais pourtant si vieux pour ce monde. Lorsqu’il n’y a plus personne d’avisé pour vous conseiller et que les débutants reposent sur vos paroles, vous réalisez que c’est maintenant vous l’ancien. Je ne me sens pas la personne qu’il faut pour assumer ce rôle. Je ne me sens pas moi-même. Je ne me comprends plus moi-même. Lorsque je me regarde, c’est avec le recul d’un étranger. Ma tête est une horloge, mais mon temps s’est écoulé.

J’ai été laissé derrière.

Il y avait cet homme au district huit. C’était il y a plusieurs années déjà. Mais pas assez pour que ce souvenir s’altère. C’était une des premières bavures que j’eus à réprimer. Il y avait cet homme et ses deux enfants. Tous deux en âge de participer à la moisson. Tous deux suffisamment malchanceux pour être les élus du mauvais sort. Alors au milieu de la foule un murmure horrifié. Le père lui, n’éleva mot. Mais lorsque la porte se rouvrit sur le temps écoulé de leurs adieux, il n’y avait plus que l’irréparable. Il avait choisi. Préféré les tuer lui-même que de les voir s’entre-déchirer pour le Capitole. Il pleurait. Il s’est laissé faire sans réagir. Nous étions trois à l’emmener, on me chargea de son interrogatoire. Ce fut mon premier ordre de torture. Mais on n’eut pas à me pousser. J’ai massacré cet homme. Sitôt la porte fermée je me suis jeté sur lui jusqu’à rendre son visage méconnaissable. Je le haïssais. Je voulais sa mort pour avoir abandonné. Avoir ôté la vie de sang-froid à ce qu’il avait de plus cher. J’ai senti la fin venir pour lui, le glas à travers le sang entre mes doigts. J’ai reçu un blâme ce jour-là pour avoir dépassé les limites. Mais ce n’est pas ça qui m’a fait réfléchir, ce n’est pas ma condition de pacificateur qui m’avait fait agir ainsi. Mais ma condition d’homme. Cet homme avait fait le pire choix pour protéger sa famille.

Le même choix que le mien.

Je n’ai pas réagi à l’acte de Clay. Je n’ai même pas frissonné de sentir le contact trop bien connu du métal effleurant ma chair. Une égratignure en guise d’avertissement, comme pour me confirmer de nouveau que j’attaque le point sensible. Plus je le regarde et plus cette ressemblance me dérange. Cette lueur dans ses yeux, ce mouvement imperceptible de sa mâchoire pour ne pas me laisser entrevoir le spectacle de sa rage. Il continue de lutter et pourtant je le sens arrivé au point de non-retour. Il n’est plus dans le déni de sa condition. Mais il a raison, comment savoir ? Comment être certain avec quelqu’un comme Clay ? Quelqu’un comme moi ? Une chose est sûre, il a compris ce qu’il est capable de faire. Jusqu’où il peut aller pour ce qui compte. Pour son confort, pour son bonheur, pour son district, pour une fille, pour son frère. Il tuera pour protéger cet idéal.

Et c’est par là que tout commencera.

Suis-je toujours aussi certain de vouloir le mener sur le chemin de la violence ? Comment éclipser ces doutes qui m’assaillent ? Je m’approche calmement de lui, l’agrippant par le col des deux mains pour l’obliger à se redresser de la chaise. Mais avant que je n’ai le temps de faire un seul geste, la porte s’ouvre avec un grincement et brise le silence de notre jeu de regards à peine naissant. Je fais volte-face, tellement surprit du caractère incongru de l’intrusion dans ma petite œuvre que j’en relâche Clay qui s’écroule comme désarticulé qu’il est. Sans un mot j’agrippe prestement ma veste, masquant la légère trace de sang sur mon épaule. Au passage je ramasse le couteau que je glisse dans ma poche, claquant la porte avec un dernier coup d’œil vers le détenu. A peine dehors, l’un des gardiens me traine à quelques mètres dans le couloir. Je peux lire l’urgence sur son visage et cette constatation provoque chez moi un tourment soudain. Il n’est que le messager. Mais le messager de mots que je ne sais si je crains ou espérait.

Le temps nous a rattrapés. Il joue contre nous.

Il y a toujours eus des révoltes. Et il y en aura toujours. Que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’oppressés ou d’avides de pouvoir. Pourtant à mesure que les lèvres du garde bougent je sens quelque chose changer. Je n’écoute presque plus ses instructions, ni son ton acerbe de patriote du capitole. Il n’y a plus que cette voix en moi. Cette voix longtemps endormie. Celle laissée derrière. « C’est en train d’arriver. » Elle continue de répéter. De plus en plus fort. « Enfin. Ça arrive enfin. » J’aimerai lui dire de se taire, supprimer ce tressaillement traitre de mes lèvres. J’ai envie de rire. Hurler de rire de la coïncidence de ce moment. Il a fallu que le Treize se réveille maintenant. Maintenant alors qu’Enora va sur sa dernière année d’éligibilité. Maintenant alors qu’il ne reste plus qu’un an à tenir. Maintenant alors que tout peut aller pour le mieux. Qu’adviendra-t-il si cette graine de révolte à peine germée dans le district douze parvient jusqu’au district huit ? Qu’adviendra-t-il si les rues ne sont plus sûres, si des maisons tombent sous les assauts et que je sois contraint de me battre sur mon propre terrain ? Si je dois me battre contre des collègues ? Des voisins ? Et même Enora ? Je connais ma fille. Je la connais trop bien pour savoir qu’elle serait capable de ce genre de choix. Elle me hait tellement que l’avidité du combat ne serait pas un problème. Qu’adviendra-t-il si elle meurt de la main de ceux qui sont censés être des sauveurs ? Et si je ne suis pas là pour la protéger ? Et si je ne peux la protéger mais ordonné de l’arrêter comme pour sa défunte mère ? Je le sais, je le crains, elle est sa digne fille. Quelle décision puis-je prendre ? Celle de rester un soldat du Capitole faussement fidèle ou celle d’enfin renouer avec ce moi que le temps m’a volé ? Et pourquoi vais-je aussi loin dans mes craintes alors que cette révolution est encore jeune, encore maitrisable ? Est-ce parce que je crois que ce simple district sous le contrôle du Treize est le signe annonciateur d’autres émules ? Est-ce parce que pour la première fois je vois l’incertitude dans les yeux de quelqu’un qui pourtant croit dur comme fer à la toute-puissance du Capitole ? Le garde a cessé de parler, stoppé net par le ton glacial et impératif de ma voix. A vouloir la faire fermer à cette voix intérieure j’ai prononcé ces mots à voix haute et le couloir résonne encore de ma ferveur. Il s’est raidit, s’excuse d’avoir oublié où était sa place. Il m’adresse un signe de tête humble, jetant la faute sur le caractère important de la situation. Avec un regard dur je mets fin à ses braillements et lui tourne le dos. Il y aura toujours des gens pour courber devant l’autorité et d’autres pour refuser de plier quitte à casser. Comme Clay. Comme moi. Je ne plierais pas au nom de ce face à face avec moi-même, face à ce cadrant qui me rappelle que le temps continue de s’écouler.

Sitôt la porte de la cellule refermée je m’y adosse, me laissant glisser contre le battant. Face à face. Dans cette position je dois sûrement ressembler à une pâle symétrie de l’homme que je torturais encore quelques minutes auparavant. Je me masse la nuque, l’ignorant complétement comme pour chasser cette énième pensée de nos similitudes. Ma main se glisse à l’intérieur de ma veste pour en sortir une flasque métallique. Je la débouche d’un coup sec et bois une gorgée d’alcool, m’essuyant la bouche avant de replonger mon visage vers le sol. Le tourment de mon esprit me donne la migraine. Et si cette fois c’était la bonne ? Si la rébellion embrasait tout Panem au point que plus personne ne puisse l’arrêter ? Et si au contraire le Capitole l’étouffait dans l’œuf en rasant le district douze ? Quel choix dois-je faire ? Quel camp trahir pour ne pas être accusé de trahison si l’une ou l’autre de ces deux fins arrive ? Quelle solution est la meilleure pour continuer de protéger ce qui m’est cher dans l’ombre ? J’aimerai me dédoubler, avancer le temps pour connaitre l’issue. Si je ne fais pas de choix, je prends le risque de tout perdre. Ne pas faire de choix est déjà un choix en soit. Après tout n’est-ce pas ce que j’ai dit à Clay ? Un choix, oui, mais lequel ? Je me redresse d’un bond, dévorant l’espace qui nous sépare en quelques secondes, mes doigts se refermant et mon bras se pliant avant de décrocher à Clay un violent crochet du droit qui envoie son visage sur le côté. J’attrape la chaise, l’écrasant contre le mur au-dessus de sa tête. Elle vole presque en éclats, l’assise se détachant alors que trois des pieds se brisent.

« Maintenant tu vas m’écouter attentivement Clay. »

Je le pousse dos contre le sol, m’agenouillant à côté de lui. Dévissant ma flasque d’une main je verse une partie du contenu sur son visage blessé sans scrupules. L’alcool risque d’être fortement désagréable sur ses blessures mais il aura au moins le bénéfice de les purifier. Je verse le reste sur ses blessures aux genoux au travers de son jeans déchiré. Je remets la flasque dans ma poche intérieure, sortant le couteau papillon que je plante dans le tissu de l’une des manches de sa chemise au niveau de son épaule. Je glisse mes doigts dans l’entaille, achevant de la déchirer d’un coup sec, stoppant mon action pour plonger mon regard dans le sien.

« On a le choix, c’est bien ça le problème. Même à terre on a toujours le choix, même brisé, on a toujours le choix. Tuer où être tué. Ce choix fondamental est le seul qui importe vraiment. Mais méfies-toi de tes décisions Clay. Le choix que tu feras pour protéger ce qui t’es cher, sera sûrement le pire. Les protéger ou les tuer. Te sacrifier ou les voir mourir. »

Je tire sur sa manche brusquement, la retirant de son bras et la déchirant en deux morceaux. Je baisse la tête vers l’un de ses genoux, attrapant l’un des pieds de bois de la chaise. Je le fracasse contre le sol pour le briser de nouveau, plaçant les fragments de chaque côté de sa rotule avant de faire une attelle grâce aux bouts de tissu. Je relève les yeux vers lui.

« Je ne sais rien de toi ni de ton frère. Je ne sais rien mais pourtant je comprends tout. »

Ma lame va se planter dans sa deuxième manche et je répète l’opération pour son second genou. Je teste la résistance de mes pansements de fortune, vérifiant qu’ils ne sont pas trop serrés. Une fois fait je lui tends le couteau, cette fois sans aucune animosité.

« Si un jour tu choisis de tuer, soit sûr de ton choix Clay. On fait souvent les mauvais choix en pensant protéger les gens qui nous importent. Ta pire erreur, sera de te croire suffisamment fort. »

Je lui décroche un nouveau coup de poing, suivit d’un deuxième puis d’un troisième.
Et moi, est-ce que j’ai fait un choix ? Je ne sais plus comment réagir. Je suis pris entre plusieurs sentiments. Je ne sais pas de quel côté de la folie je me trouve. Je ne sais plus si c’est une corde de potence que je tends vers lui ou ma main.

Face à face avec moi-même, l’aiguille sonne la révolution.


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Clay L. Kennedy-Fawkes
DISTRICT 7
Clay L. Kennedy-Fawkes
△ correspondances : 617
△ points : 0
△ à Panem depuis le : 03/02/2012
△ humeur : Combattif
△ âge du personnage : 29 ans.


can you save me?
statut: C'est compliqué
relationships:


_SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Vide
MessageSujet: Re: _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris]   _SIX WAYS TO MISBEHAVIOUR [Clay&Ydris] Icon_minitimeLun 22 Oct - 10:44





« I’M ALREADY IN. DON’T KNOW IF IT’S THE SAME ABOUT YOU. »


Un éclair de détermination, un soupçon de crainte rajouté à une douleur ardente. Où était le point de non-retour ? Où était cette barrière invisible lorsque vous passiez de l’état de brisé à celui de résolu ? N’était-ce dans le fond qu’un mensonge, cette détermination dans vos yeux, ce sursaut dans votre poitrine vous ordonnant de lancer l’arme blanche ? Qu’il était facile de passer d’une loque à un combattant à cause de simples mots. Facile en apparence, en réalité, cette envie il fallait bel et bien aller la chercher au fond de ses tripes. Ce besoin de protéger ses proches coûte que coûte, et de montrer à l’assaillant que jamais vous ne laisseriez arriver quoi que ce soit, que vous préféreriez mourir plutôt que de voir l’un de vos proches souffrir comme vous souffrez actuellement. Sans doute était-ce une action plus que suicidaire, voire masochiste, mais l’amour fraternel ou l’amour tout court pouvait vous faire faire bien des choses. Peut-être que la personne protégée ne saurait jamais les actions menées ici, peut-être même ne saurait-elle jamais combien vous avez pu vous raccrocher à des images, qui s’effritaient avec l’obscurité. Mais au moins, vous faisiez ce qu’il fallait, pour vous, alors vous continuiez de survivre. Même brisé.

J’entendrais les battements de mon cœur à plus d’un kilomètre tant celui-ci soulève ma poitrine violemment. Les battements résonnent jusqu’à mes tempes, me donnant l’impression que des veines vont exploser. La lumière est toujours aussi désagréable, révélant un peu plus mes prunelles injectées de sang, aussi bien à cause de la fatigue que du manque de lumière. Si l’on me donnait un miroir, je ne le prendrais pas, car la vue ne serait pas des plus plaisantes, et je préfère ignorer mon état général. La vue sur mes jambes douloureuses suffit déjà à imaginer le reste. Pourtant, malgré la douleur je me suis redressé le temps d’envoyer la lame, frôler l’épaule du pacificateur, tel un avertissement. Un second, lorsque l’on mentionnait mon frère. J’avais beau lui en vouloir, à ce jumeau, pour m’avoir entrainé là-dedans, il restait mon sang, et ce lien ne pouvait être ignoré. Surtout pas par moi. Ydris avait libéré quelque chose. Un réflexe encore méconnu, ou un trait de caractère qui avait trop longtemps été mis de côté, et qui avait fini par être refoulé car la vie jusqu’à maintenant m’avait toujours été des plus agréables. Bien que ma gentillesse fut toujours là, j’étais résolu à ne plus jamais me laisser faire, pas après tout cela. Ils m’avaient brisé, et continuaient de le faire jours après jours. Chacun des mots du pacificateur en face de moi ne faisait qu’accentuer cette cassure, minutes après minutes, secondes après secondes. Si Hunter attendait de moi un black out dont j’ignorais encore la finalité, je ne le lui avais toujours pas donné, et j’étais là depuis combien de temps déjà ? Une semaine ? Peut-être trois ? Ou juste quelques jours ? Le silence semblait être de nouveau de la partie, et je ne faisais rien pour le rompre, me contentant d’observer, la lueur du changement passant dans mes yeux fatigués. Combien d’heures de sommeil avais-je à mon actif ? Je n’en avais aucune idée, mais je savais que c’était très peu. Peut-être même qu’une infection commençait à pointer le bout de son nez, rongeant sûrement mon être depuis plusieurs heures, sans que je ne le décèle réellement, car le médecin en moi n’avait rien à quoi se raccrocher de ce côté-là. Être à la place du patient n’aidait pas un médecin à savoir ce qui causait le mal. Les jambes étaient une certitude, la marque dans le dos également, sans parler de la cicatrisation en pleine mâchoire. Si un jour on m’avait dit que j’aurai des ennuis, j’aurais peut-être pris plus de précautions dans ma forêt.

La détermination si vivace de mes prunelles s’éteignait lentement, au fur et à mesure que le silence plombait un peu plus l’ambiance. La fatigue reprenait son droit à chaque fois que l’adrénaline effectuait un sursaut. C’était dans ce genre de moment qu’un torturé comprenait tout le mal qui avait pu être fait à son corps, mais aussi à son mental. On disait bien que tout n’était qu’une question de mental, mais lorsque celui-ci souffrait autant que le reste, que restait-il ? J’étais bien loin de connaître les tourments du pacificateur en face de moi. J’ignorais que lui aussi avait su trouver des ressemblances, et que celles-ci lui étaient aussi insupportables qu’elles pouvaient l’être pour moi. Bien que… Contrairement à lui, je n’avais encore jamais tué de mes propres mains. Je sauvais des vies, et non l’inverse, même si la donne avait changé avec Hunter, ce jour-là, en forêt. J’avais cherché à tuer, uniquement en guise de défense, comme aurait pu le faire un animal apeuré. Oh ce jour-là je n’avais pas compris ce qui m’arrivait, même si je m’y étais attendu depuis quelques jours déjà, comme si j’avais senti que ma vie allait bientôt basculer. Ydris avait raison, tout de même, sans choisir je m’étais rangé dans le camp de la chair à canon, qui prenait pour des actes commis par d’autres. Aujourd’hui, on cherchait à m’user comme cobaye pour faire mal à quelqu’un d’autre, quelqu’un jugé de plus dangereux. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que même si certains traits de caractère n’étaient pas là, ils risquaient de les réveiller. N’était pas un Kennedy-Fawkes qui veut. Ce genre de chose était sûrement dans les gênes. Julian était devenu ce qu’il était à cause de l’arène. Qu’adviendrait-il de moi une fois sorti d’ici ?

J’avais évoqué l’aspect incertain, n’avouant qu’à demi-mots ma condition d’homme brisé, car je le sentais au fond de moi. La brisure était palpable, et mon corps arrivait à bout. Je ne supplierais pas. Jamais. Il s’agissait bien là de quelque chose que je ne voudrais faire, même au bord des larmes et de l’épuisement final, je ne lâcherais jamais un quelconque « s’il vous plait », ou encore un « je vous en prie ». Peu importerait l’envie de le dire, ma gorge ne pourrait cracher ces mots à la figure d’un des bourreaux. J’étais peut-être au bord du gouffre mais je n’en perdais pas ma fierté pour autant. Sans un mot, je posais à nouveau mes yeux sur sa silhouette, non pas que j’ai baissé la tête ou autre, je m’étais simplement perdu dans mes pensées une énième fois. Je cherchais sans doute des images, qui ne venaient plus. Je le vis se rapprocher calmement, et je ne sourcillai pas. Je me sentis tirer de la chaise, comme la première fois lorsqu’il m’avait lâché sur celle-ci comme un vulgaire sac de sable. Seul un grognement s’échappa de mes lèvres, ainsi qu’une légère grimace. Je ne fis rien pour l’en empêcher, comme si j’attendais un peu plus le spectacle de la connerie humaine. De quelle violence allait-il bien pouvoir utiliser maintenant qu’il avait franchi le mur de mes pensées, de ce que j’étais ? Maintenant qu’il était entré, plus rien ne pouvait lui échapper, alors à quoi bon se fatiguer ? La douleur devint électrique, à peine les pieds furent obligés de toucher le sol dans leur position normale. Instinctivement, je cherchais tout de même à poser la main sur le dossier de la chaise, juste au cas où. Encore une fois, cherchait-on à me montrer l’horreur de ma condition de torturé ? Une carcasse qui ne pouvait même plus faire un pas ou tenir debout sans que ça ne soit un supplice. La grimace sur mon visage se fit plus grande tandis que je fermais les yeux et crispait la mâchoire. Ce fut à ce moment précis que la porte de la cellule s’ouvrit dans un fracas, m’obligeant à rouvrir les yeux. Ma tête se tourna légèrement vers la silhouette, mais à peine Ydris m’eut-il lâché que je m’effondrais à terre dans un cri de douleur. La main sur le dossier n’avait servi à rien. La respiration saccadée, le cœur battant la chamade, voilà que j’étais presque allongé par terre, aux pieds de la chaise. Le pacificateur s’agitait, prenant sa veste et ramassant la lame un peu plus loin. Encore électrisé par la douleur, je pouvais sentir mon corps trembler, par réflexe, ce n’était pas voulu, puis la porte se claqua en un dernier coup d’œil. Celui-ci fut lourd de reproches, il m’avait lâché.

Le silence s’installa à nouveau, et le néon grésillait toujours. Que pouvait-il bien se passer ? Sur le moment je crus sincèrement que Julian avait fini par venir me chercher, et la peur s’insinua rapidement dans mes veines. Et si cet abruti s’était fait chopper ? Et s’il était… Non. Je secouai la tête, essayant de me redresser légèrement pour mettre mes jambes correctement et arrêter cette douleur qui était fatigante à force. J’étais fatigué. L’envie de fermer les yeux et de rester là, étendu pendant de longues heures était plus que tentant. A force de vivre assis par terre, le béton devenait aussi confortable que n’importe quelle autre chose. Vous en oubliiez le confort d’un matelas, même de fortune. Sans parler de la nourriture. Tremblant et angoissé, je me souvins de la barre de chocolat. Je n’avais rien avalé depuis… Un long moment. Certains habitants des districts savaient mieux gérer la faim que d’autres, mais en constatant mon état de fatigue actuel, je décidai de la récupérer. Je devais conserver un minimum de force. Me redressant, je me penchai assez pour récupérer la barre entre mes doigts. Je n’avais aucune notion du temps, des secondes ou même des minutes, tout comme j’ignorais si Ydris reviendrait. La faim avait été coupée par l’apparition du garde et toutes les interrogations qu’il venait d’emmener dans la pièce avec lui, mais je ne pouvais pas me permettre de perdre du temps. Libérant la barre de son emballage, je croquais dedans, en prenant soin de ne pas réveiller la toute première blessure lors de mon arrivée ici. Hunter avait peut-être récupéré une molaire, mais ce serait la seule. J’utilisai donc l’autre côté. Ce n’était certes pas de la viande mais l’effet était le même. Je laissai mes doutes de côté, il fallait que je mange pour tenir, et cela ne pouvait pas être en rapport avec Julian, non, il ne pouvait pas m’avoir fait ça. Non.

En à peine deux minutes, la nourriture avait été engloutie, personne n’était là pour me voir, et je ne pouvais pas juger de la vitesse à laquelle j’avais avalé cette barre. La fatigue était toujours là mais je sentais mon estomac se calmer, bien qu’il fût un peu retourné par tous ces évènements. J’étais brisé, cassé, et il faudrait que je vive avec, alors… Je glissai le papier dans la poche de mon jean, et essayait de récupérer une position un peu plus convenable quand la porte de la cellule s’ouvrit à nouveau à la volée, me faisant sursauter par la même occasion. J’allais finir par crever d’une crise cardiaque. A en juger par l’attitude du pacificateur lorsqu’il eut fermé la porte, ce n’était pas une bonne nouvelle pour lui. A moins qu’il s’agisse d’une comédie, je sus à cet instant qu’il ne s’agissait pas de Julian, il n’avait pas été capturé. La flasque d’alcool, ne fit que le confirmer et je sentis mon cœur se soulager un peu. Baissant la tête vers le sol, j’eus tout juste le temps de relever les yeux qu’il avait déjà foncé sur moi. Je sentis ma tête partir violemment sur le côté à cause du choc. Il n’y avait pas été de main morte. Mes jambes se remirent à trembler sous la violence du coup, et j’aurai presque pu sentir ma pommette se briser à nouveau sous les os de la main d’Ydris. Sonné, ne m’étant pas attendu à une attaque aussi rapide, j’avais également légèrement basculé de côté, me retrouvant presque à plat ventre sur le sol humide et crasseux. Passant ma main sur ma joue et mâchoire douloureuse, j’essayais de constater les dégâts, si je m’en sortais sans œil au beurre noir j’aurais de la chance. Le bruit qui suivit, je ne le compris pas tout de suite, ce ne fut qu’en entendant les morceaux tomber sur le sol que je compris qu’il s’agissait là de la chaise. L’instinct de survie s’enclenchait à nouveau, persuadé qu’il allait en finir, que j’avais fais quelque chose d’irréparable, ou d’involontaire. Il allait me planter et j’allais crever pour de bon… Je cherchai à protéger ma tête quand la voix du pacificateur résonna à nouveau dans la cellule. En un claquement de doigts je me retrouvai sur le dos, observant le plafond, cherchant toujours à me protéger d’une quelconque manière. Je ne voulais plus l’écouter. Encore sonné par le coup, la vue brouillée, je ne sentis que le liquide venir brûler mon visage. Me demandant ce qui m’arrivait, j’essayais de me protéger en mettant les mains au dessus de mon visage. La brûlure était vivace, sans parler de celle dans mon dos qui s’était réveillée avec le choc. Je perdais la notion de l’environnement après avoir perdu celle du temps, tout allait beaucoup trop vite pour moi. Lorsque l’alcool atterrit sur mes genoux, je ne pus retenir des grognements et quelques cris de douleur. Serrant les poings je me demandais toujours à quoi il jouait. Le plus improbable se jouait là sous mes yeux. Complètement paumé et tétanisé, j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Figé par la douleur que m’envoyait mon système nerveux. J’avais mal partout, et je sursautai en voyant la lame s’abattre près de mon épaule, mais tout ce qu’il fit, c’est retirer l’une de mes manches. Tremblant de long en large à cause de la douleur, je n’arrivai à mettre un mot sur ce qu’il se passait. Je ne comprenais pas…

Les paroles franchissent à nouveau le seuil de mes oreilles, et je l’observe de la même manière que lorsque j’ai découvert qu’il avait brisé mes défenses et qu’il avait passé le mur que je m’étais construit. Les yeux ronds comme des billes, je cherchai encore à comprendre, mais rien n’y faisait, pourquoi me disait-il ça finalement ? Ouvrant légèrement la bouche, aucun son ne sortait tellement les choses étaient… Insensées. Que s’était-il passé dans le couloir ? Que se passait-il tout court ? L’observant comme s’il était devenu complètement fou, je ne compris le but de la manœuvre que lorsque je sentis le maintien et la douleur au niveau de mon genou gauche. Serrant les dents et les poings, je manquai de lui envoyer une droite tellement ça faisait mal, mais me retins de justesse. Je soufflai si vite que c’était comme si je venais de courir un marathon, et tout s’embrouillait dans ma tête, j’allais devenir cinglé. Pourquoi faisait-il cela ?

« Pourquoi … ? ». Oui, pourquoi, les actes ne me laissaient pas le temps de poser ma question. Et il enchainait si vite que… Fronçant légèrement les sourcils, je restai bouche bée. Il comprenait quoi ? Je le laissai faire avec la seconde manche, trop obnubilé par l’absence de réponse. « Pourquoi tu fais ça ? ». Je serrai à nouveau les dents, secoué par la douleur, mais je savais que c’était pour un bien cette fois. C’était justement ça que je ne comprenais pas.

Toujours allongé sur le sol, je n’étais plus qu’un corps secoué par quelques spasmes provoqués par les effluves de douleur. Sur le moment j’aurai aimé qu’on en finisse, et qu’il me plante réellement avec un des morceaux de la chaise, pour que cette souffrance se taise enfin, mais j’étais toujours vivant. Il me tendit à nouveau la lame, que je pris sans hésiter cette fois et que je rangeai rapidement dans la poche de mon jean. Je ne me croirais jamais suffisamment fort pour tuer, je savais au fond de moi que j’en serai capable mais je ne comptais pas le faire de si tôt sauf si c’était pour m’échapper d’ici. Je soufflai, encore secoué et m’apprêtais, aussi surprenant que cela puisse être, à le remercier pour ça, mais cet abruti se remit à frapper. Je me pris un énième coup de poing en pleine figure, puis un autre, encore et encore. Tremblant et toujours sonné, je décidai de puiser encore dans mes forces pour me redresser violemment et lui rendre une droite avant de retomber allongé sur le sol en une grimace et un couinement. « color=firebrick]Ca suffit.[/color] ». Mes prunelles s’égaraient sur le plafond, et les larmes roulaient sur mes joues car je n’avais vu que sur le néon dont la lumière jaillissait toujours. J’avais mal partout. « Pourquoi tu as fais ça ? ». Je ne bougeai plus d’un millimètre, c’était comme si Ydris n’arrivait pas à savoir ce qu’il voulait…


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