Voilà plusieurs semaines que le jeune médecin était rentré de sa mésaventure avec son frère, il avait même eut le temps de revoir ce dernier lors de son passage chez eux, enfin chez lui, car la maison que Clay habitait au village des vainqueurs n’était autre que celle de son frère, pensée inoccupée par bien des Pacificateurs depuis que la tête de Julian était comme… Mise à prix. Le jumeau du chef des rebelles n’avait donc d’autre choix que de faire attention à ses arrières, même si le pire restait à venir, on pouvait dire que cette journée qui s’annonçait serait l’une de celles que l’on pouvait qualifier d’ « heureuse ». Voilà donc plusieurs semaines que le jeune homme n’avait pas revu sa meilleure amie, pourtant il avait dû passer à la pharmacie quelques fois, lorsqu’il manquait de certaines choses nécessaires aux soins qu’il prodiguait à certains habitants du District. Le soleil, bien rare dans ce secteur de Panem filtrait à travers les fenêtres de sa chambre. Autant le dire, Clay était en retard sur son programme bien qu’il ne fut pas si tard que cela. Jetant un coup d’œil à sa montre, il soupira, ses derniers jours répétaient un train-train bien trop présent, ou alors était-ce simplement dû au vide qu’avait à nouveau laissé son frère en partant l’autre jour… Aujourd’hui, il n’aurait pas besoin d’aller en forêt, il avait assez ramassé de baies et autres plantes la veille, et avait fait son inventaire concernant les médicaments qu’il lui restait. Fidèle à son métier, il ne refusait jamais de donner un coup de main aux habitants du District, ils étaient un peu comme sa famille, il se sacrifierait aussi bien pour eux que pour son frère ou ses proches. Après avoir observé une nouvelle fois sa montre, Clay s’enroula dans ses draps, bien qu’il ne fit pas très froid et poussa un long soupir, il avait encore un peu de temps devant lui avant de faire sa tournée des maisons. Son humeur semblait des plus changeantes, sans doute était-ce dû à la saison, l’éternelle Moisson approchait toujours à grand pas, et comme chaque année il serait grognon et inquiet pendant ces jours, et même ces semaines. Inquiet pour des enfants qu’il connaitrait forcément, car il connaissait un peu tout le monde à bien y réfléchir.

Les minutes passèrent, longues, interminables, et le jeune médecin finit enfin par s’échapper de son lit, pour se laver et s’habiller, prêt à faire sa tournée. Celle-ci lui prit moins de temps que d’habitude, car certains de ses patients étaient enfin remis sur pieds, chose qui ne faisait que mettre du baume à son cœur. C’était toujours un plaisir immense de voir un patient retrouver la forme, d’avoir réussi à sauver quelqu’un. Clay faisait un peu tout, passant du chirurgien au médecin ou encore à la sage-femme, ainsi, il lui était arrivé d’aider quelques femmes du District à mettre au monde, et ce fut toujours une joie immense de voir d’énormes sourires sur les visages, malgré le fait que dans Panem, faire un enfant revenait à poser son nom dans l’urne pour les Hunger Games. Dans ce genre de moment, personne ne pensait à cela, car le miracle de la vie était si beau, au fond. En y pensant, un fin sourire s’esquissa sur ses lèvres tandis qu’il rentrait enfin chez lui. Il s’était arrêté chez le boulanger, et s’était ramené du pain, il se contenterait de ça avec un morceau de charcuterie, il n’avait pas besoin de plus, et à vrai dire, ne ressentait pas vraiment la faim, pas lorsqu’il travaillait.

Une fois rentré chez lui, il posa ses affaires dans un coin, passa une main dans ses cheveux et grignota son premier pain avec un morceau de jambon, perdu dans ses pensées, ressassant ce qu’il devait faire l’après-midi, les patients qu’il lui restait à voir, et les éventuels imprévus. Ce fut finalement le bruit de la porte qui le sortit de sa léthargie, quelqu’un frappait chez lui. Pris d’une soudaine angoisse à l’idée qu’un Pacificateur vienne réellement frapper à sa porte, il se leva, méfiant. Il l’était de plus en plus ces derniers temps. Finalement, il ouvrit la porte, un peu timidement d’abord, puis franchement ensuite, sous la surprise. Débordé, il aurait presque oublié qu’il ne l’avait pas encore prévenu de son retour, et pour le coup, il se sentit extrêmement bête et stupide. Passant une main nerveuse dans ses cheveux il finit par pencher la tête sur le côté et offrit un sourire à la blonde.

« ‘Ria… ». Il se sentait encore plus stupide de ne savoir quoi dire comme ça. Il ouvrit la porte en un peu plus grand. « Entre je t’en prie. ». Laissant la jeune femme entrer il referma la porte après avoir observé l’extérieur, vérifiant que personne ne les surveillait.

Penaud et visiblement gêné il se tourna vers elle, se sentant coupable également. « Je suis désolé de ne pas être venu te voir plus tôt… Il… S’est passé beaucoup de chose. ». Baissant les yeux sur le sol, il avait oublié combien son cœur pouvait s’emballer en la présence de sa meilleure amie. Ils n’étaient pourtant pas réputés pour prendre de pincettes l’un envers l’autre, mais il s’était écoulé tant de jours, et il semblait tellement nerveux qu’il aurait été étonnant qu’il l’enlace dans ses bras.