" - Oui... Oui ça peut-être une idée. Je pourrais faire croire que je t’emmènerais pour une mission officielle mais... Mais si ça venait à se découvrir, je perdrais mon travail... ".

Il semblait hésiter. Mais il n'hésiterait pas longtemps, Satine trouverait de quoi le persuader de l'aider. Les hommes restaient de hommes, pacificateurs ou simples habitants de districts ou même du capitole certainement. Ils restaient des hommes, et Satine savait ce qui dirigeait la vie et les actions d'un homme. Mais il sembla se ressaisir, comme si il rassemblait ses idées. Il la pointa alors du doigt, poing serré, le regard plein de détermination.

" - Mais je suis sûr que l'on trouvera une solution ! Ce ne sera pas pour tout de suite par contre... Ce sera long, laborieux et dangereux. Pour toi comme pour moi. Mais on peut réussir. Tu pourrais quitter le District 8... Mais comme je te l'ai dit ; pas tout de suite. ".

Satine se mordit l'intérieur des joues. Combien de temps encore devrait-elle vivre ici sans aucun espoir d'avenir ? Enfin, après tout, elle avait réussit à tenir jusqu'ici, non ? Elle survivrait le temps qu'il faudrait si à la fin, elle pouvait réaliser ses rêves.

Et lorsqu'elle lui demanda pourquoi, et qu'il lui répondit qu'il l'aidait parce qu'elle était jolie, Satine aurait pu éclater de rire. Les hommes... C'était clair que ce n'était pas la raison, et qu'il vire au rouge écarlate et tente de se justifier en bafouillant en était bien la preuve. Il semblait totalement à elle. Le pacificateur serait-il tombé amoureux de la petite couturière ? Il fallait le croire. En tout cas, cela y ressemblait bien. Et Satine l'espérait.

- C'est chez moi juste au dessus, là bas... Merci de m'avoir raccompagné... Et merci pour la veste...
" - Hmmm... Eh bien... Il n'y a pas de quoi. Je pouvais au moins faire ça... Et... De rien pour la veste... ".

Satine hésitait. Devait-elle lui dire de monter ? Elle n'en avait pas réellement envie, loin de là même. Il semblait suffisamment accroché pour le moment. Et si cela devait être long, autant tirer l'échéance au possible. Cela ne l’enchantait pas non plus il fallait dire. Il pouvait être très mignon, mais Satine préférait éviter autant qu'elle le pouvait. Elle avait du coucher quelque fois avec des gens qu'elle n'aimait pas réellement pour quelque chose en échange et son égo en prenait toujours un coup. Elle n'aimait pas faire cela, pas du tout, et si cela ne changeait rien au fait qu'elle était prête à se vendre, cela ne voulait pas dire qu'elle y prenait gout et qu'elle le faisait pour un rien. Non. Elle gardait sa fierté, même si parfois, c'était le seul moyen d'obtenir ce qu'elle voulait. Comme maintenant. Elle n'avait peut-être plus à se préoccuper de comment elle allait manger -d'ailleurs, elle se doutait que dorénavant Adonis veillerait un minimum à ce qu'elle ne meure pas de faim ou d'une maladie qu'elle n'aura pas pu soigner par manque de médicament- mais il lui restait à se peéoccuper de vivre. Et vivre au 8 pour elle ce n'était pas vivre mais survivre. Qu'avait-elle ici, de toute façon ? Pas réellement d'amis, plus de famille, plus personne qu'elle. Peu importait les moyens tant que la fin les justifiait. Satine aurait la place qu'elle méritait. A n'importe quel prix. satine enleva alors sa veste et la lui tendit en lui souriant timidement.

" - Je vais y aller... On commence tous les deux tôt, demain. J'ai hâte que la nuit soit passée pour pouvoir te revoir. C'est sûr, on ne pourra pas s'adresser la parole, il ne faudra rien laisser transparaitre de ce qui a pu se passer ce soir mais... Je garderais un œil sur toi. En espérant que tu ne te piques pas. ".

Garder un oeil sur elle ? Non, Satine avait toujours du mal à concevoir qu'il semble si amoureux... Enfin, pas qu'elle s'en plaignait, cela lui faciliterait la tâche. Mais un doute l'étreignit, et une pensée peu agréable. Oui, elle se servait de lui. Et même s'il était un pacificateur et que d'autres diraient que ce serait bien fait pour lui, Satine avait presque de la peine, sachant qu'il finirait peut-être par découvrir qu'elle ne l'approchait que par intérêt. Quelqu'un d'autre n'aurait pas mérité cela, mais elle se rassura en se disant que la plupart des habitants du district apprécieraient le fait qu'elle ait pu d'un moyen ou d'un autre, faire du mal à un pacificateur.

" - A demain Satine Jackson. Et je te promets de travailler sur mon projet de te faire quitter le District pour une vie meilleure... Enfin... Notre projet. Je veux vraiment que tu sois heureuse. Tu le mérites tellement. Je sais que beaucoup d'autres ici le mérite tout autant que toi. Mais c'est toi que je choisis. Toi et personne d'autre. ".

Satine lui sourit. Il semblait sincère, c'était à peine croyable. Oh, il en rajoutait surement, mais Satine voulait s'imaginer qu'il était sincère. Elle avait envie de croire à son miracle, et ne voulait pas penser au fait qu'il ajoutait surement beaucoup à la réalité. C'était trop beau pour être vrai, et Satine n'était pas un princesse de conte de fée. De toute façon, elle ne voulait pas l'être. Elle ne voulait pas être une de ces princesse a qui tout tomber déjà tout cuit. Non, elle avait travaillé, elle, pour mériter son rêve. Et elle n'imaginait pas réellement qu'un pacificateur puisse être son prince charmant. Elle aurait le temps de le trouver au Capitole, ou dans n'importe quel autre district où elle aurait une vie un peu plus décente qu'ici.

- A demain, Adonis Nightsprings...

Autant ne pas en rajouter dans le gnan-gnan. Satine lui offrit un dernier sourire, et un dernier geste de la main avant de se hâter à l'intérieur de chez elle. Ses mains tremblaient pour ouvrir la prote de chez elle. Sitôt arrivée, elle prit à peine le temps de changer, de se laisser tomber sur son lit et de se recouvrir de couvertures. Elle ne mit pas longtemps à s'endormir, sa journée l'avait épuisée, et sa rencontre avec Adonis avait apaisé son esprit. Elle s’inquiétait moins de ce qui lui arriverait le lendemain. Elle entrevoyait une lueur d'espoir, et elle s'y raccrochait...