Le soleil n'était pas encore levé, dehors la neige jonchait le sol sur quelques centimètres de hauteur, le froid piqua mes joues à peine la porte de ma maison de bois franchie. Heureusement, j'avais prévu de chauds habits et j'avais chaussé des bottes en fourrure et des gants pour que les extrémités de mon corps ne vinrent pas au bleu tout de suite. Mon arc et mon carquois rempli de flèches étaient installée, comme à leur habitude dans mon dos et j'avançais en faisant crisser la neige sous mon poids. Aujourd'hui je n'allais pas chasser, du moins pas tout de suite. J'avais d'abord besoin de me retrouver seule en compagnie de la seule nature. En cette saison, peu d'animaux sortaient, ayant migré ou étant en pleine hibernation depuis début novembre. La forêt n'était pas très loin de chez moi, à quelques minutes de route tout au plus et mon équilibre me permit de rester debout sans glisser sur le verglas que recouvrait la neige et puis enfin, j'arrivais à mon but. La forêt était recouverte de givre et de neige, les arbres défeuillés, on n'en voyait pas la fin. C'était ici que les plus jeunes apprenaient à chasser et que je commençais l'apprentissage de Coraline, ma plus jeune sœur, âgée d'à peine douze ans. Cette forêt ressemblait énormément au terrain de chasse, mais des rumeurs disaient que c'était aussi un point de ralliement pour les anti-capitole... les rebelles... Qui pouvaient-ils bien être ? Que préparaient-ils ? Seule ma famille m'empêchait de les rejoindre, sinon ce serait déjà fait car je voulais recouvrer ma liberté, celle de ma famille et celle de mes amis le plus vite possible. S'en était assez d'être dirigé par les pervers du capitole. Je m'enfonçait d'environ deux ou trois kilomètres dans la forêt puis m'arrêtait enfin, je m'assis dans la froideur de la neige, me couchais et regarda le ciel au milieu des branches. Il faisait froid, mais j'avais tellement besoin d'être seule et tranquille que celui-ci m'atteignait à peine, je n'y pensais pas, je me l'interdisais.

Je ne sais combien de temps je passais allongé dans la neige, mais des flocons se mirent à tomber doucement, dégringolant les branches et un flocon pur atteint ma joue. Mes doigts étaient engourdies et j'entrepris de me relever enfin. Cet endroit était magnifique par tous les temps, j'adorais passer mon temps en forêt. Alors un petit oiseau se mit à chanter au dessus de ma tête, la nature était loin d'être morte, elle était juste tombée dans un sommeil profond et dès le printemps elle se réveillerait pour laisser la place à de nouvelles feuilles et à de nouveaux animaux. Un bruissement de feuilles attira mon attention sur ma gauche. Je sortis immédiatement mon arc, le bandant d'une flèche. Un énorme sanglier broutait les écorces, accompagné de cinq petits. La scène était touchante et je ne m'imaginais pas devoir retirer leur mère aux petits. Je rangeais le tout dans mon dos et suivi les traces de mes pas dans la neige pour retrouver la sortie de la forêt, la marche réchauffant un peu mes pieds ensommeillés. J'atteignais l’orée de la forêt de neige quand il nouveau bruissement me fit me retourner, mais cette fois-ci vers ma droite en sortant d'un seul mouvement mon arc en chêne, taillé de mes initiales ainsi qu'un flèche au bout rouge, pour pouvoir mieux la retrouver et retrouver ma cible. Dans les feuillages, je pouvais voir quelqu'un. Qui était-ce ? Quelque du district ou quelqu'un de l'extérieur ? Était-ce Coraline ou encore l'un de mes frères ? Je ne pouvais définir la silhouette d'où j'étais, mais je gardais mon arc dans les mains au cas où. Le soleil commençait doucement à se lever au dessus de nos têtes et des oiseaux plus nombreux se mettaient à chanter.